Son « gentil troll » David Doucet, rédacteur en chef des
Inrocks, vient d’être licencié pour faute grave tout comme son collègue rédacteur en chef adjoint de l’hebdomadaire, et
c’est bien normal quand on sait tout ce que l’on a appris ces derniers
temps, d’abord sur la Ligue du LOL, puis sur certains agissements au
sein de leur rédaction, allant apparemment jusqu’à des piratages
informatiques.
Publiera-t-il un nouvel article pour les défendre aussi sur la question de ces piratages informatiques ?
L’avenir dira s’il souhaite comme pour le trollage et autres « blagues » faites à des femmes multiplier les prises de position publiques en leur faveur.
En effet, il a déjà donné une interview très éloquente à ce sujet au mois de septembre dernier, d’où il ressort assez clairement et piteusement qu’il préfère violer l’intimité de la vie privée d’ingénieurs informaticiens tout à fait sérieux et compétents, ou soutenir les malades mentaux qui le font, comme les cybercriminels Pascal Edouard Cyprien Luraghi, Jean-Marc Donnadieu et autres « déconnologues » patentés, plutôt que de faire un vrai travail d’investigation journalistique.
Une vague d’attentats islamistes particulièrement meurtriers semant panique et terreur à travers le pays, c’est tellement plus fendard que de neutraliser cette poignée d’assassins…
https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement/ligue-du-lol/ligue-du-lol-deux-journalistes-des-inrocks-licencies-pour-faute-grave_3213089.html
David Doucet, rédacteur en chef de l’hebdomadaire, et F., rédacteur en chef adjoint, ont été notifiés de leur licenciement dans le courant de la semaine. Ils avaient été mis à pied après la publication, le 8 février, d’un article de « Libération ».
Deux journalistes des Inrockuptibles mis en cause dans l’affaire de la « Ligue du LOL » ont été licenciés pour « faute grave », a appris franceinfo de source proche de la direction de l’hebdomadaire, confirmant une information de Libération. David Doucet, rédacteur en chef, et F., rédacteur en chef adjoint, ont été notifiés de leur licenciement dans la semaine. Ils avaient déjà été mis à pied après la publication, le 8 février, d’un article de « Libération ».
Selon Libération, la direction des Inrocks justifie ces licenciements par l’impact négatif sur « l’image » du journal et par la « crédibilité journalistique » des deux intéressés au sein de la rédaction. La direction reproche également à ses deux employés des comportements non-professionnels dans l’exercice de leur fonction hiérarchique. De nombreux agissements ont notamment été détaillés dans un article de Mediapart (article payant) à la mi-février.
Peu après les révélations concernant la « Ligue du LOL », David Doucet avait publié des excuses publiques sur Twitter. « Cette libération de la parole m’a surtout fait prendre conscience que je comptais parmi les bourreaux. (…) Je mesure aujourd’hui la dégueulasserie de mes actes et je n’ai pas d’excuses pour cela », avait-il posté le 10 février.
https://www.inaglobal.fr/numerique/article/les-journalistes-ont-besoin-des-hackeurs-10271
En France il n’y a pas énormément de journalistes qui comprennent et maîtrisent Internet
Dans la presse anglo-saxonne, on a des journalistes qui maîtrisent la matière première qu’ils traitent dans le domaine informatique. Alors qu’en France il n’y a pas énormément de journalistes qui comprennent et maîtrisent Internet.
Publiera-t-il un nouvel article pour les défendre aussi sur la question de ces piratages informatiques ?
L’avenir dira s’il souhaite comme pour le trollage et autres « blagues » faites à des femmes multiplier les prises de position publiques en leur faveur.
En effet, il a déjà donné une interview très éloquente à ce sujet au mois de septembre dernier, d’où il ressort assez clairement et piteusement qu’il préfère violer l’intimité de la vie privée d’ingénieurs informaticiens tout à fait sérieux et compétents, ou soutenir les malades mentaux qui le font, comme les cybercriminels Pascal Edouard Cyprien Luraghi, Jean-Marc Donnadieu et autres « déconnologues » patentés, plutôt que de faire un vrai travail d’investigation journalistique.
Une vague d’attentats islamistes particulièrement meurtriers semant panique et terreur à travers le pays, c’est tellement plus fendard que de neutraliser cette poignée d’assassins…
https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement/ligue-du-lol/ligue-du-lol-deux-journalistes-des-inrocks-licencies-pour-faute-grave_3213089.html
« Ligue du LOL » : deux journalistes des « Inrocks » licenciés pour faute grave
David Doucet, rédacteur en chef de l’hebdomadaire, et F., rédacteur en chef adjoint, ont été notifiés de leur licenciement dans le courant de la semaine. Ils avaient été mis à pied après la publication, le 8 février, d’un article de « Libération ».
Deux journalistes des Inrockuptibles mis en cause dans l’affaire de la « Ligue du LOL » ont été licenciés pour « faute grave », a appris franceinfo de source proche de la direction de l’hebdomadaire, confirmant une information de Libération. David Doucet, rédacteur en chef, et F., rédacteur en chef adjoint, ont été notifiés de leur licenciement dans la semaine. Ils avaient déjà été mis à pied après la publication, le 8 février, d’un article de « Libération ».
Selon Libération, la direction des Inrocks justifie ces licenciements par l’impact négatif sur « l’image » du journal et par la « crédibilité journalistique » des deux intéressés au sein de la rédaction. La direction reproche également à ses deux employés des comportements non-professionnels dans l’exercice de leur fonction hiérarchique. De nombreux agissements ont notamment été détaillés dans un article de Mediapart (article payant) à la mi-février.
Peu après les révélations concernant la « Ligue du LOL », David Doucet avait publié des excuses publiques sur Twitter. « Cette libération de la parole m’a surtout fait prendre conscience que je comptais parmi les bourreaux. (…) Je mesure aujourd’hui la dégueulasserie de mes actes et je n’ai pas d’excuses pour cela », avait-il posté le 10 février.
https://www.inaglobal.fr/numerique/article/les-journalistes-ont-besoin-des-hackeurs-10271
« Les journalistes ont besoin des hackeurs »
Article par Vincent BRESSON • Publié le 14.09.2018 • Mis à jour le 27.02.2019
Les outils numériques apportent aux rédactions une aide précieuse dans la collecte d’informations. Les hackeurs, bidouilleurs informatiques, s’inscrivent parfois dans un travail journalistique. Entretien avec Jean-Marc Manach, journaliste d’investigation sur les liens entre hackeurs et journalistes.
Comment expliquer le rapprochement entre journalistes et hackeurs ces dernières années ?
Jean-Marc Manach : Il y a 20 ans quand j’ai commencé le
journalisme sur Internet j’ai tout de suite compris que les hackeurs
étaient du côté de la solution et pas du problème. C’est grâce à des
hackeurs et sous leur influence que j’ai développé à la fois des
compétences en matière de sécurité informatique et d’investigation en
ligne. J’ai pu commencer à aborder l’état d’esprit, la façon de
travailler sur Internet : chercher des failles de sécurité, trouver des
solutions, expérimenter, bidouiller et apprendre de mes erreurs.
Cela reste un phénomène minoritaire, mais il y a de plus en plus de
journalistes qui arrêtent de considérer qu’un hackeur c’est un criminel
qui met des masques d’Anonymous et des gants pour ne pas laisser ses
empreintes digitales sur un ordinateur.
Sur Google Images, quand vous tapez « hackeur », le résultat est
caricatural et méprisant à un point ! Depuis l’affaire Snowden, ce qui a
changé c’est qu’un nombre non négligeable de journalistes commence à
comprendre qu’il faut sortir de la caricature. Le problème c’est qu’une
majorité d’entre eux continue néanmoins à propager cette image. Mais
avec l’essor du data journalisme, de plus en plus de journalistes
comprennent qu’il faut travailler avec des développeurs, et avoir des
compétences en informatique et en code. Ils découvrent que les hackeurs
et les développeurs ne sont pas uniquement des ingénieurs
informaticiens, et qu’on a besoin d’eux.
Pendant longtemps, Internet était considéré comme un problème et on
ressent encore les effets de cette représentation. On voyait ça comme
quelque chose de compliqué, de technique. Donc les gens et pas seulement
les journalistes, avaient peur d’Internet et des hackeurs qui, dans
l’imaginaire collectif, sont des gens qui maîtrisent Internet.
Que cherchent les journalistes en sollicitant des hackeurs ? Que cherche le hacker réalisant un travail journalistique ?
Jean-Marc Manach : Je ne sais pas si les hackeurs ont besoin
des journalistes. Par contre, les journalistes ont besoin des hackeurs.
Qu’est-ce qu’un journaliste peut y gagner ? D’abord une meilleure
compréhension du fonctionnement d’Internet, donc, de la façon d’y
trouver des informations, de les recouper et de repérer les bons outils.
Je me souviens des premiers cours que je donnais à des journalistes,
ils ne savaient pas si l’information qu’ils cherchaient était disponible
sur Internet. Ils étaient complètement perdus. Alors que si
l’information existe, je peux la trouver. C’est moi qui contrôle
l’ordinateur. C’est moi qui suis aux commandes. La majorité des
utilisateurs sont contrôlés par leurs ordinateurs qui les empêchent de
faire des choses avec des « logiciels privateurs »,
selon l’expression de Richard Stallman. Car quand vous n’avez pas le
droit d’examiner le code source d’un logiciel, ce qui est le cas de
Windows par exemple, vous êtes contrôlés par le logiciel.
Le journaliste peut donc gagner de l’aisance dans sa façon de
travailler, avec plus d’outils et plus de pouvoir. Et je ne vous parle
même pas en termes de protection des sources. Si vous êtes journaliste
d’investigation, vous avez le devoir de protéger vos sources. Et pour
pouvoir le faire, il faut savoir comment fonctionne un ordinateur,
comment fonctionne Internet. Ça ne sert à rien d’acheter une porte
blindée si vous laissez la fenêtre ouverte. Le problème, c’est que la
majeure partie des gens pense qu’il suffit d’installer un antivirus ou
un logiciel de chiffrement pour pouvoir protéger ses sources. Alors que
vous risquez de faire des erreurs si vous ne maîtrisez pas le
fonctionnement de vos terminaux et d’Internet. On peut avoir un faux
sentiment de sécurité. Donc un hacker a énormément de choses à apporter
aux journalistes.
Pourquoi certains hackeurs comme Bluetouff avec le site
reflets.info ou l’équipe de ThinkerView se lancent-ils dans un travail
journalistique ?
Jean-Marc Manach : Reflet.info est parti d’une discussion
entre Kitetoa et Bluetouff [respectivement Antoine
Champagne, journaliste, et Olivier Laurelli, hackeur, NDLR], qui
constataient un vide dans le paysage médiatique français sur les sujets
qu’ils traitent. Constat avec lequel j’étais et je suis toujours
d’accord.
ThinkerView, c’est pareil. Ils sont partis de l’idée que la majeure
partie des journalistes se contentent de « servir de la soupe ». Ce
n’est pas en faisant des interviews pendant trois minutes qui vont être
coupées pour passer aux JT de 20 h qu’on va comprendre un phénomène. Sur
ThinkerView, une interview prend souvent une heure. Ils prennent le
temps de poser des questions. Si la réponse ne suffit pas, elle sera
posée à nouveau. Dans les deux cas ils n’ont pas besoin de journalistes.
ThinkerView est animé par quelqu’un qui n’est pas journaliste. Antoine
Champagne, c’est un journaliste qui s’est associé avec un hackeur parce
qu’il pensait qu’il y avait un vide sur la question d’Internet.
Dans la presse anglo-saxonne, on a des journalistes qui maîtrisent la matière première qu’ils traitent dans le domaine informatique. Alors qu’en France il n’y a pas énormément de journalistes qui comprennent et maîtrisent Internet.
Peut-on parler d’une spécificité française dans les relations entre journalistes et hackeurs ?
Jean-Marc Manach : La spécificité réside dans l’histoire du CCCF (le
Chaos Computer Club France). À la fin des années 1980, les services de
renseignements américains découvrent que quatre hackeurs allemands sont
payés par le KGB pour espionner les ordinateurs de l’OTAN. Ils sont
arrêtés. Et là c’est un séisme dans le monde du renseignement
occidental. On est en pleine guerre froide et les services de
renseignements découvrent que des « adulescents », petits génies de
l’Internet, peuvent travailler pour le KGB. Donc ça change la donne en
matière de contre-espionnage. Et la DST, le service de contre-espionnage
français, ne trouve rien de mieux à faire que créer le CCCF pour
attirer les jeunes hackeurs français et éviter qu’ils ne se retrouvent
dans les griffes du KGB. Plus personne en France ne va se définir comme
hackeur ou se réclamer du hacking, car c’est prendre le risque d’avoir les services de renseignements aux fesses.
La spécificité française c’est donc ça : le mot hackeur est devenu
tabou. Il a fallu attendre 2007 pour qu’un premier festival utilise le
mot « hackeur » en France : le Hacker Space Festival. Mais ce mot a été
tabou pendant près de 20 ans. À cause de ce qui s’est passé avec le
CCCF. C’est ce qui fait qu’on a cette imagerie populaire du hackeur
comme un criminel.
Quand le mot hackeur est utilisé dans les médias, c’est pour
définir des comportements criminels Cent pour cent des djihadistes se
réclament de l’islam. Ça ne veut pas dire que 100 % des musulmans sont
des terroristes. C’est la même chose avec les hackeurs. La
quasi-totalité des hackeurs sont bien intentionnés. Ce ne sont pas des
délinquants, ils ne font pas des choses hors-la-loi. Si depuis l’affaire
Snowden, la tendance a un peu évolué, aujourd’hui encore, la majeure
partie du temps, quand le mot hackeur est utilisé dans les médias c’est
pour définir des comportements délinquants ou criminels. C’est une
aberration totale !
Il y a un autre congrès de sécurité informatique en France, le SSTIC. C’était organisé [à l’origine] dans l’enceinte même d’une caserne militaire, à l’École des transmissions
à Rennes. Aux États-Unis les colloques de hackeurs s’organisaient dans
des hôtels à Las Vegas et ils avaient un jeu : d’identifier qui était
l’agent du FBI ou de la NSA. En Allemagne, le Chaos Communication Camp
était organisé dans d’anciennes bases militaires de la RDA, avec un
esprit de contre-culture. En France, la moitié des gens était en
uniforme. Il y a une sorte de consanguinité avec l’armée ou la police.
Et du coup, peu de journalistes ont eu l’occasion de discuter avec les
hackeurs de manière sérieuse en France.
Existe-t-il une prise de conscience en matière de sécurité informatique au sein des journalistes ?
Jean-Marc Manach : Le premier site que j’ai créé pour
expliquer comment sécuriser ses conversations sur Internet, j’ai dû le
concevoir en 1999 ou 2000. Nous sommes en 2018, Edward Snowden est sorti
du bois en 2013 et il a fallu attendre l’année dernière pour que
l’École supérieure de journalisme de Lille me demande de former
l’ensemble de sa promo de première année. L’an passé, une étude, basée
sur un questionnaire envoyé aux 14 écoles reconnues par la profession, a
révélé
que, sur les 11 répondants, 4 proposaient une « sensibilisation »
théorique à travers des cours non spécifiques, 4 des conférences de
quelques heures, et 3 (CFJ, ESJ et EJDG) des formations d’au moins deux
voire quatre jours. Cinq ans après le début des révélations Snowden,
c’est juste hallucinant ! Cette formation devrait être un prérequis dans
toutes les écoles de journalisme. Mais aussi dans les écoles de
médecine, d’ingénieurs … Il y a de nombreux métiers soumis au droit de
réserve et où l’on doit protéger des données.
Concernant les rédactions, avant les révélations d’Edward Snowden,
aucune ne m’avait demandé de dispenser des formations internes. Depuis,
ça a dû arriver deux fois dans des petites rédactions, il y en a une qui
m’a donné deux heures et l’autre une matinée … Ça fait des années que
sur les catalogues de formation continue pour les journalistes, il y a
des formations à la sécurité informatique, mais aucune rédaction ne les
achète. Mais ce qui a un petit peu changé, c’est que les journalistes,
d’eux-mêmes, apprennent. L’information est aujourd’hui disponible.
Quelle en est la cause, selon vous ?
Jean-Marc Manach : « Faites ce que je dis, pas ce que
fais. » Beaucoup de journalistes se scandalisent sur les révélations
d’Edward Snowden sans comprendre de quoi il retourne exactement, et pour
autant, ils ne vont pas faire l’effort d’apprendre à se protéger. C’est
de l’inconscience totale, de la paresse intellectuelle, de la faute
professionnelle. Je ne dis pas que tous les journalistes devraient
apprendre. Tous n’ont pas vocation à faire de l’investigation et donc
intérêt à savoir protéger leurs sources.
Mais depuis les révélations Snowden ou Cambridge Analytica,
notamment, des journalistes dénoncent la surveillance de masse, le fait
qu’Internet soit du capitalisme de surveillance … Les médias écrivent
là-dessus. Par contre, prendre le temps d’apprendre à protéger ses
sources et donc à faire face à ces technologies de surveillance, ils ne
le font pas. C’est une forme d’hypocrisie.
Quelles formes peut prendre le rapprochement entre les hackeurs et les journalistes ?
Jean-Marc Manach : Aux États-Unis, le New York Times a
recruté quelqu’un pour sécuriser les communications de ses
journalistes. En France, certaines rédactions ont embauché des
data-journalistes, des gens qui avaient des compétences en matière de
journalisme et de code, pour traiter les données. Mais ce ne sont
généralement pas des hackeurs au sens « sécurité informatique » ou de
quelqu’un qui va pouvoir développer un logiciel.
Deux exemples. Le projet OWNI,
c’était un média français qui a été pionnier du data-journalisme en
France. On y avait cassé (physiquement) le mur entre les développeurs et
les journalistes. Nous y avions des développeurs, des journalistes, des
graphistes et nous travaillions ensemble. On a vraiment « hacké »
l’information.
L’autre exemple c’est celui de Nicolas Kayser-Bril, lui aussi
pionnier du data-journalisme. Quand il est parti d’OWNI, il s’est fait
un nom. Il a été approché par un certain nombre de rédactions. Il
voulait bien travailler avec celles-ci, mais il avait besoin pour cela
d’un développeur et d’un graphiste, et les rédactions ont dit non. Elles
voulaient un journaliste qui soit bon en code, bon en graphisme et bon
en journalisme. Je connais un certain nombre de data-journalistes qui
ont été recrutés dans de grandes rédactions mais qui en sont partis
parce qu’on leur demandait de tout faire, même et y compris des
camemberts, sur des sujets pas très intéressants et sans réelle
plus-value « data ». Ils ne pouvaient pas faire des choses aussi
intéressantes que ce qu’on faisait à OWNI où l’on avait ces trois
compétences-là.
Sur certains sites américains il est possible d’envoyer à la
rédaction des informations chiffrées. En France, pourquoi si peu de
médias le font-ils ?
Jean-Marc Manach : En France, Mediapart le fait mais sans
passer par SecureDrop, qui est le système de référence dans ce domaine
depuis les révélations Snowden. C’est un logiciel qui a été conçu pour
permettre aux lanceurs d’alerte de contacter de manière sécurisée et
anonyme des rédactions. Ça a été fait pour que quelqu’un qui travaille
dans les services de renseignements puisse contacter anonymement un
journaliste pour envoyer des informations. Un peu moins d’une centaine
de médias l’utilisent. Pour la plupart, ils sont américains. Quand l’un
des principaux développeurs de SecureDrop a approché les rédactions en
France pour leur proposer de l’installer, bénévolement ou contre une
petite somme d’argent, ils ont refusé.
Après, il y a des journalistes au Monde ou à Libération
notamment, qui indiquent dans leurs profils Twitter ou sur leur site
personnel comment les contacter sur Signal, mais ce sont des initiatives
individuelles. Aux États-Unis, dans de plus en plus de médias, les
journalistes précisent leur numéro sur Signal ou WhatsApp à côté de leur
signature, avec leur nom. Ça devient la norme aux États-Unis. En
France, pas du tout.
Certains hackeurs créent leur propre site internet
indépendant, d’autres travaillent par intermittence avec journalistes.
Vous avez fait les deux. Entre ces deux options, quelle est la plus
intéressante pour délivrer la meilleure information possible ?
Jean-Marc Manach : J’ai deux réponses à ça. La première,
c’est comme si vous me demandiez ce que peuvent faire les médecins pour
améliorer le journalisme, ce que peuvent faire les policiers pour
améliorer le journalisme… Je ne sais pas si les hackeurs, les médecins
et les policiers veulent améliorer le journalisme, mais ils peuvent y
contribuer en aidant les journalistes à améliorer leurs compétences dans
leurs domaines respectifs : quand un journaliste ou un média écrit une
ânerie il faut lui expliquer. Il faut arrêter la désinformation. Tout
citoyen doit contribuer au fait qu’on ait de moins en moins de fake news. Ce n’est pas seulement un travail de journalistes. On a besoin de personnes qui s’y connaissent mieux que nous.
La deuxième, et c’en est la parfaite illustration, c’est quand Le Monde a fait une une
expliquant que la DGSE surveillait l’intégralité des communications en
France. À l’époque, j’avais cherché à savoir comment la DGSE aurait pu
le faire, parce que vu le maillage décentralisé des télécommunications
en France ça me semblait extrêmement complexe à mettre en œuvre. J’avais
contacté des ingénieurs, des informaticiens, des hackeurs qui
travaillaient au cœur des réseaux internet et je leur ai demandé ce
qu’ils en pensaient, et si c’était possible.
Une des réponses qui m’a été faite, c’est que techniquement et
financièrement, c’était inenvisageable, il aurait fallu installer des
dizaines de milliers de logiciels espions partout en France. Ce qui
aurait coûté des milliards d’euros. Et quand je leur ai demandé :
« pourquoi n’avez-vous pas réagi quand il y a eu la une du Monde
qui racontait ça ? Pourquoi attendez-vous que je vous pose la question,
et pourquoi ne dites-vous pas que c’est faux ? ». La réponse qui m’a été
faite, c’est qu’ils avaient tellement l’habitude que les médias
racontent n’importent quoi en matière d’Internet qu’ils ne réagissent
même plus. Le problème c’est aussi ça.
Donc je ne sais pas dans quelle mesure il y a des hackeurs qui
veulent changer les médias, même s’il existe des mouvements comme Cryptoparty,
qui vont essayer d’expliquer aux gens comment sécuriser leurs
communications. Mais ça reste une minorité, tout comme du côté des
policiers ou des médecins … Tout le monde se plaint des médias sans
s’impliquer pour autant. Alors que les journalistes ont besoin que les
gens qui s’y connaissent mieux qu’eux les aident à comprendre et
maîtriser les sujets dont ils parlent, afin de pouvoir les
contextualiser et les remettre en perspective, tant pour les profanes
que pour les experts.
–
Crédit photo : Capture d’écran d’un entretien sur la chaine Youtube de ThinkerView, avec l’aimable autorisation de ThinkerView.
Crédit photo : Capture d’écran d’un entretien sur la chaine Youtube de ThinkerView, avec l’aimable autorisation de ThinkerView.
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