A noter :
Il a commis son massacre de femmes un 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, également une date fétiche pour ses divers « cadeaux » pour le psychopathe Pascal Edouard Cyprien Luraghi.
Par ailleurs, il avait changé de nom et retenu le prénom de Marc pour sa nouvelle identité.
Or, le psychopathe Jean-Marc Donnadieu se fait lui aussi appeler Marc de préférence à Jean-Marc, qu’il déteste.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_L%C3%A9pine
Marc Lépine
MontréalDécès |
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Montréal
Nationalité |
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Victimes |
14
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Marc Lépine, né Gamil Gharbi (ou Gamil Rodrigue Liass Gharbi) le 26 octobre 1964 à Montréal au Québec, et mort dans cette même province le 6 décembre 1989 (à 25 ans), est l’auteur de la tuerie de l’École polytechnique de Montréal survenue le 6 décembre 1989. Ce jour-là, il abat quatorze femmes, dont treize étudiantes et une secrétaire et fait 14 blessés, dont dix femmes. Il se suicide ensuite, laissant une lettre1 dans laquelle il explique son acte par des motifs antiféministes.
Sommaire
- 1 Biographie
- 2 Mise en valeur de Marc Lépine comme un héros
- 3 Film Polytechnique
- 4 Notes et références
- 5 Voir aussi
- 6 Articles connexes
- 7 Liens externes
Biographie
Marc Lépine est né d’une mère québécoise, Monique Lépine2, et d’un père algérien, Rachid Liass Gharbi. Alors que Marc a sept ans, ses parents se séparent et celui-ci vit ensuite avec sa mère. En 1978, il remplace son nom de Gamil Gharbi par celui de Marc Lépine notamment, selon sa mère, « parce qu’il en avait marre de se faire traiter d’Arabe par d’autres ados »3.
Durant l’hiver 1980-1981, il tente d’entrer dans les Forces armées canadiennes, mais, selon sa lettre de suicide, il n’est pas admis en raison de son attitude « antisociale ».
Il commence ses études collégiales en sciences pures en 1982, mais change après la première année pour un programme de technologie de l’électronique, qu’il abandonne au dernier semestre sans donner d’explication4,5,6. Lépine est admis à l’École polytechnique de Montréal en 1986, à la condition qu’il complète deux cours supplémentaires au collège. Il en complète un des deux durant l’hiver 19897,8,9.
La brève biographie que la police a publiée de lui après les événements le décrit comme un être intelligent, mais troublé10.
Mise en valeur de Marc Lépine comme un héros
Les motivations antiféministes de Marc Lépine ont été à plusieurs reprises présentées comme un modèle pour une supposée défense des droits des hommes. Le militant masculiniste Peter Zohrab affirme par exemple en 2002 que « la solution de Marc Lépine pourrait devenir la voie du futur11 » et des blogs québécois ont pu parler du 6 décembre, date de la tuerie, comme de la « Saint-Marc12 ». Une admiration dans les milieux masculinistes québécois a également été mise de l’avant dans le documentaire La Domination masculine (2009), où un intervenant parle notamment de la tuerie comme d’une « grosse erreur sur le plan tactique ». Le réalisateur du film, Patric Jean, doit d’ailleurs annuler en 2009 sa venue au Québec sous la menace de groupes masculinistes12.
De façon plus générale, la militante féministe Mélissa Blais relève dans les articles de l’époque plusieurs mentions d’une sympathie pour Marc Lépine, par exemple dans un groupe d’aide pour les hommes violents13. Sur un plus long terme, la mémoire de Marc Lépine a aussi pu être commémorée, au cours des années 1990, par des militaires du Régiment aéroporté canadien basé à Petawawa11.
Le nom de Marc Lépine a enfin déjà été cité en modèle pour des menaces d’attaques antiféministes. Au Québec, Donald Doyle menace ainsi en 2005 des groupes de femmes de « finir le travail » de Lépine et en 2006 Mario Morin bloque à Montréal le pont Jacques-Cartier et s’identifie à Lépine en menaçant de faire exploser des centres jeunesse11. Aux États-Unis, la référence est également citée en 2014 pour menacer l’Utah State University du « plus grand massacre de l’histoire américaine » si la féministe Anita Sarkeesian n’annule pas sa venue14.
Film Polytechnique
Article détaillé : Polytechnique (film).
La tuerie de l’École polytechnique de Montréal a fait l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par Denis Villeneuve et sortie en salles le 6 février 2009. Marc Lépine – le tueur dans le film – est incarné par l’acteur Maxim Gaudette.
Notes et références
- ↑ Lettre de suicide de Lépine [archive]
- ↑ http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/livres/200810/23/01-32299-la-mere-de-marc-lepine-fait-la-paix-avec-ses-demons.php [archive]
- ↑ http://www.lactualite.com/societe/entrevue-avec-la-15e-victime-de-polytechnique-monique-lepine/ [archive]
- ↑ (en) Rod McDonnell, Elizabeth Thompson, Andrew McIntosh et William Marsden, « Killer’s father beat him as a child; A brutal man who didn’t seem to have any control of his emotions », The Gazette, 9 décembre 1989, A1.
- ↑ (en) Greg =Weston et Jack Aubin, « The making of a massacre: The Marc Lepine story Part II », Ottawa Citizen, 8 février 1990, A1.
- ↑ Suzanne Colpron, « Marc Lépine était un premier de classe », La Presse, 9 décembre 1989
- ↑ (en) Teresa K. Sourour, Report of Coroner’s Investigation, 1991 (lire en ligne [archive]).
- ↑ (en)Walter Buchignani, « Amid the tragedy, miracles of survival », The Gazette, 8 décembre 1989, A3.
- ↑ (en) Heidi Rathjen et Charles Montpetit, December 6th: From the Montreal Massacre to Gun Control, Toronto, McClelland & Stewart, 1999 (ISBN 978-0-7710-6125-7).
- ↑ (en) Wendy Hui Kyong Chun, « Unbearable Witness: towards a Politics of Listening », Journal of Feminist Cultural Studies, vol. 11, no 1, 1999, p. 112–149
- ↑ a b et c Mélissa Blais, « Plongée dans l’imaginaire antiféministe : Marc Lépine, héros et martyr ? », Sisyphe.org, 7 décembre 2007 (lire en ligne [archive])
- ↑ a et b Anabelle Nicoud, « Des disciples de Marc Lépine font fuir un réalisateur », La Presse, 12 novembre 2009 (lire en ligne [archive])
- ↑ Mélissa Blais, Entre la folie d’un seul homme et la violence faite aux femmes : La mémoire collective du 6 décembre 1989. Mémoire en histoire à l’université du Québec à Montréal, Montréal, 2007 (lire en ligne [archive])
- ↑ Alex Hern, « Feminist games critic cancels talk after terror threat », The Guardian, 15 octobre 2014 (lire en ligne [archive])
Voir aussi
Bibliographie
- Élise Fontenaille-N’Diaye, L’homme qui haïssait les femmes (roman), éditions Grasset, 2011 (ISBN 978-2-246-77591-1)
Articles connexes
- Tuerie de l’École polytechnique de Montréal
- Polytechnique (film)
- École polytechnique de Montréal
- Fusillade au collège Dawson
- Tueur de masse canadien
- Tuerie en milieu scolaire
- Gynécide
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tuerie_de_l%27%C3%89cole_polytechnique_de_Montr%C3%A9al
Tuerie de l’École polytechnique de Montréal
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Tuerie de l’École polytechnique de Montréal | |||
Plaque sur le mur extérieur de l’École polytechnique commémorant les 14 victimes de la tuerie. | |||
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Localisation | École polytechnique de Montréal | ||
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Cible | les femmes étudiantes de l’école polytechnique de Montréal | ||
Coordonnées | 45° 30′ 17″ nord, 73° 36′ 46″ ouest | ||
Date | 6 décembre 1989 ~16h (UTC-5) |
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Type | Tuerie en milieu scolaire Meurtre-suicide Fusillade Tuerie de masse Crime de haine Féminicide |
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Morts | 15 (dont le tireur) | ||
Blessés | 14 | ||
Auteurs | Marc Lépine | ||
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La tuerie de l’École polytechnique est une tuerie en milieu scolaire à caractère misogyne qui a eu lieu le 6 décembre 1989 à l’École polytechnique de Montréal, au Québec (Canada). Marc Lépine (né Gamil Gharbi), âgé de vingt-cinq ans, ouvre le feu sur vingt-huit personnes, tuant quatorze femmes et blessant quatorze autres personnes (10 femmes et 4 hommes), avant de se suicider. Les crimes ont été perpétrés en moins de vingt minutes à l’aide d’une carabine obtenue légalement1,2. Il s’agit de la tuerie en milieu scolaire la plus meurtrière de l’histoire du Canada.
Sommaire
Déroulement
Le 6 décembre 1989, peu après seize heures, Marc Lépine arrive à l’École polytechnique de Montréal armé d’une carabine et d’un couteau1. Il connaissait les lieux, il y avait été vu au moins sept fois la semaine précédant l’événement.
Lépine s’est assis plusieurs minutes dans le bureau d’enregistrement situé au deuxième étage. Il a été aperçu fouillant dans un sac en plastique, ne parlant à personne, même lorsqu’un membre du personnel lui a offert son aide. Il a quitté le bureau et a ensuite été vu dans d’autres parties du bâtiment, avant d’entrer dans une classe d’ingénierie mécanique au deuxième étage. Cette classe était composée, vers 17 h 10, d’environ soixante étudiants1. Après s’être approché de l’étudiant qui effectuait une présentation, il demande à tout le monde d’arrêter ce qu’ils faisaient. Puis, il ordonne aux hommes et aux femmes de se séparer en deux groupes distincts de chaque côté de la salle. Croyant à une blague, personne ne bouge sur le moment, jusqu’à ce que Lépine tire un coup de feu au plafond3.
Il sépare alors les neuf femmes de la cinquantaine d’hommes présents et ordonne à ceux-ci de partir4. Il demande ensuite aux femmes restantes si elles savaient ou non pourquoi elles étaient là, et lorsqu’une d’elles répond « non », il réplique : « Je combats le féminisme. » L’étudiante Nathalie Provost répond :
« Écoutez, nous sommes juste des femmes étudiant l’ingénierie, pas forcément des féministes prêtes à marcher dans les rues criant que nous sommes contre les hommes, juste des étudiantes cherchant à mener une vie normale. »
Ce à quoi Lépine rétorqua :
« Vous êtes des femmes, vous allez devenir des ingénieures. Vous n’êtes toutes qu’un tas de féministes, je hais les féministes. »
Il ouvre ensuite le feu sur les étudiantes de gauche à droite, en tue six et en blesse trois, dont Nathalie Provost1,5. Avant de quitter la salle, il écrit le mot « shit » deux fois sur le projet d’un étudiant4.
Lépine continue son attaque dans le couloir du deuxième étage et blesse trois étudiants avant d’entrer dans une autre salle, où il tente, à deux reprises, de tuer une étudiante. Conscient qu’il est arrivé à court de munitions, il entre dans l’escalier de secours pour recharger son arme. Il retourne ensuite vers la salle qu’il avait quittée, mais les étudiants avaient déjà bloqué la porte. Ne parvenant pas à la déverrouiller malgré ses trois coups tirés sur celle-ci, il se déplace le long du couloir, tirant sur ceux qu’il croise. Il blesse une personne avant de se rendre vers le bureau du Service financier, où il tue une femme d’une balle tirée à travers la vitre de la porte qu’elle venait juste de verrouiller1.
Il se rend ensuite dans la cafétéria du premier étage, dans laquelle une centaine de personnes sont rassemblées. Les employés de la cafétéria ont fermé la grille des cuisines de sorte que la plupart des étudiants (certains n’étant même pas de Polytechnique) n’avaient pas d’autre choix que de courir la longueur de la cafétéria vers les sorties, une ligne de visée parfaite pour Lépine. Une femme joue la morte sur le plancher et il tire sur la femme à côté de celle-ci.
La foule se disperse après qu’il a tué une femme se trouvant près de la cuisine et blessé un autre étudiant. Puis, en entrant dans une pièce de stockage, Lépine tue deux femmes qui s’y étaient réfugiées. Il ordonne par la suite à des étudiants cachés sous une table de se montrer. Ceux-ci acceptent et sont ainsi épargnés1.
Extérieur de l’École polytechnique de Montréal.
La salle de classe du troisième étage de l’École polytechnique où l’attaque se termina.
Selon le rapport du coroner, il lui restait encore 60 balles dans la boîte qu’il avait transportée6. Lépine venait de tuer quatorze jeunes femmes, douze étudiantes en ingénierie, une étudiante infirmière et une employée de l’université, et de blesser quatorze autres personnes, dont dix femmes1,2.
Victimes
Nef pour quatorze reines de Rose-Marie E. Goulet, place du
6-Décembre-1989, mémorial marquant la tuerie de Polytechnique, situé
dans le quartier Côte-des-Neiges/Notre-Dame-de-Grâce à Montréal.
- Geneviève Bergeron (née en 1968), étudiante en génie civil.
- Hélène Colgan (née en 1966), étudiante en génie mécanique.
- Nathalie Croteau (née en 1966), étudiante en génie mécanique.
- Barbara Daigneault (née en 1967), étudiante en génie mécanique.
- Anne-Marie Edward (née en 1968), étudiante en génie chimique.
- Maud Haviernick (née en 1960), étudiante en génie des matériaux.
- Barbara Klucznik-Widajewicz (née en 1958), étudiante infirmière.
- Maryse Laganière (née en 1964), employée au département des finances.
- Maryse Leclair (née en 1966), étudiante en génie des matériaux.
- Anne-Marie Lemay (née en 1967), étudiante en génie mécanique.
- Sonia Pelletier (née en 1961), étudiante en génie mécanique.
- Michèle Richard (née en 1968), étudiante en génie des matériaux.
- Annie St-Arneault (née en 1966), étudiante en génie mécanique.
- Annie Turcotte (née en 1969), étudiante en génie des matériaux.
Au moins quatre personnes se sont suicidées à la suite de cet événement7.
Tireur
Article détaillé : Marc Lépine.
Né d’une mère québécoise et d’un père algérien, Marc Lépine a été victime de sévices physiques perpétrés par son père durant son enfance.
Armes du crime
Lépine avait acheté le 21 novembre 1989 une carabine dans un magasin de Montréal prétextant au vendeur vouloir l’utiliser pour la chasse au petit gibier8. Il possédait aussi sur lui, le jour du drame, un couteau de chasse dont il a fait usage.
Lettre d’adieu
La poche interne de la veste de Marc Lépine contenait sa lettre de suicide ainsi que deux autres lettres destinées à des amis, toutes datées du jour du massacre1. Des détails concernant cette lettre ont été révélés par la police deux jours après les événements9,10, mais le texte complet n’a pas été divulgué. Les médias ont essayé, en vertu d’une loi canadienne, de forcer la police à diffuser cette lettre, sans succès11. Un an après le massacre, un communiqué de trois pages concernant Marc Lépine a été divulgué à la journaliste et féministe Francine Pelletier. Il spécifiait que la lettre de suicide de Lépine revendiquait des motifs politiques à ses actes et accusait les féministes d’avoir ruiné sa vie5. La lettre comprenait une liste de dix-neuf femmes québécoises, considérées comme féministes, qu’il voulait présumément tuer, mais n’aurait pas eu le temps12. La liste incluait Francine Pelletier elle-même, tout comme une politicienne, une personnalité télévisuelle, une leader d’opinion et six autres policiers qui avaient attiré l’attention de Lépine en jouant dans la même équipe de volley ball13.
La lettre (sans la liste de femmes) a finalement été publiée dans le journal La Presse, dans lequel Pelletier était alors éditorialiste14. Lépine avait écrit qu’il se considérait comme rationnel et qu’il tenait les féministes responsables d’avoir ruiné sa vie. Il mettait en exergue les raisons de l’attaque, comme la colère envers les féministes qui cherchaient à « conserver les avantages des femmes [...] tout en s’accaparant de ceux des hommes15. » Il mentionnait aussi Denis Lortie, membre des Forces armées canadiennes qui a tué trois fonctionnaires et en a blessé treize autres dans une attaque à main armée à l’Assemblée nationale du Québec, le 7 mai 198416. Le texte de la lettre est maintenant disponible17.
Intervention policière
Dans les jours suivants, l’intervention policière a été critiquée par des survivantes. « Certains étudiants ont déploré la lenteur de l’intervention policière. D’autres se sont rendu compte que les policiers étaient aussi effrayés qu’eux », déclare Claude Hamel, un psychologue de l’Université de Montréal qui a rencontré plusieurs des étudiants en état de choc.
« Nous avons attendu pendant 20 minutes, cachés dans la salle des ordinateurs du deuxième étage, raconte une étudiante en génie mécanique de troisième année qui a perdu quelques-unes de ses amies dans la fusillade. Après avoir entendu une trentaine de coups de feu, j’ai réalisé qu’aucun policier n’était encore entré dans l’immeuble et que nous allions devoir nous défendre par nous-mêmes. Ensuite, nous sommes sortis de l’immeuble et aucun policier n’y était encore entré. Ils étaient tous postés à l’extérieur, blottis près des murs avec leurs armes à feu. »
L’escouade d’intervention tactique, communément appelé le GTI (groupe tactique d’intervention), est arrivée à l’école environ une heure après que Lépine se fut suicidé18.
Lysiane Gagnon, chroniqueuse à La Presse, a critiqué le silence du service de police de la communauté urbaine de Montréal (SPCUM), aujourd’hui appelé service de police de la Ville de Montréal.
« Trente-six jours ont passé depuis le massacre de Poly, et toujours pas de nouvelle de la police. Ni le directeur, Alain Saint-Germain, ni même un officier supérieur de la police de la CUM n’ont encore daigné faire rapport au public sur l’intervention policière à Poly, écrit-elle. Les étapes de l’intervention policière — la première alerte, les décisions qui ont suivi, la façon dont elles ont été exécutées, le nombre d’officiers impliqués, etc. — sont inscrites dans les registres, et on aurait pu les sortir dès le lendemain du drame19. »
Le 25 janvier 1990, Saint-Germain a reconnu que plusieurs « lacunes » et « défaillances » ont marqué l’intervention policière le soir de la tuerie dans un rapport qu’il a présenté au comité exécutif de la Communauté urbaine de Montréal (CUM). « Un paquet de gens ont voulu bien faire, mais avec le recul, on se demande pourquoi certaines choses n’ont pas été faites », a dit Saint-Germain, en précisant que « les policiers auraient pu entrer à l’intérieur plus rapidement. »
Le rapport, qui contient les conclusions de l’enquête interne du SPCUM, indique que la fusillade a éclaté à 17 h 12, dans un local du deuxième étage de Polytechnique. Le premier appel au centre d’urgence de la police a été reçu à 17 h 14. Trois minutes et demie plus tard, l’appel est transmis à deux auto-patrouilles, qui arrivent sur les lieux à 17 h 23. C’est à 17 h 28, soit cinq minutes après l’arrivée des policiers, que Lépine se suicide. Et c’est à 17 h 37, soit neuf minutes après que tout eut été terminé, que la police et les ambulanciers entrent dans Polytechnique.
Le rapport indique donc qu’il s’est passé 14 minutes entre l’arrivée des policiers et la décision d’investir l’immeuble. Et que pendant les cinq minutes suivant l’arrivée de la police, Lépine a continué à semer la mort dans les locaux de Poly. Saint-Germain est cependant d’avis qu’il était impossible pour la police d’intervenir assez vite pour sauver ne serait-ce qu’une vie. Le rapport révèle également que l’opération policière a été mal coordonnée et qu’il y a eu plusieurs lacunes au plan de la communication, de la supervision et de la sécurité.
Ainsi, lorsque l’appel a été transmis aux policiers, les lieux du drame ont été mal localisés, même si la préposée à la répartition avait la bonne adresse. Résultat : les deux premiers véhicules de police dépêchés vers la Poly se sont d’abord rendus à la résidence des étudiantes20.
Dans son rapport d’investigation, la coroner Theresa Z. Sourour s’est montrée elle aussi très critique envers l’intervention policière. La coroner écrit que Lépine avait encore 60 balles en sa possession quand il a décidé de se suicider plutôt que de faire d’autres victimes. « Grâce à Dieu, il a décidé lui-même que c’en était assez », écrit la Dr. À ce moment-là, « aucun assaut des forces policières n’était en cours ou en préparation de façon évidente », souligne-t-elle.
La coroner ne peut arriver à la conclusion que les 14 décès étaient tous inévitables en raison des délais entourant l’intervention des policiers et des premiers secours, contredisant ainsi les conclusions du SPCUM. Elle note qu’à 17 h 27, 22 policiers venus dans 14 véhicules différents sont en attente de renfort. À cause de problèmes de communications entre eux, ces policiers n’étaient pas au courant des effectifs déjà présents. « Pendant tout ce délai, l’intervention policière consiste à assurer un périmètre de sécurité et à évacuer la foule », écrit-elle.
Le rapport de la coroner révèle aussi que les policiers présents sur place n’ont établi aucun lien effectif avec le service de sécurité de l’école afin d’obtenir des précisions sur l’état de la situation, la géographie des lieux et le nombre de personnes à l’intérieur du bâtiment21. « Pour les intervenants, cet événement, aussi malheureux soit-il, n’est pas exceptionnel. En effet, une agression armée par une seule personne est en soi un événement auquel fait face régulièrement le SPCUM », écrit la coroner22.
Jacques Duchesneau, alors directeur de la division du crime organisé, est l’un des policiers sur les lieux le soir du drame. « Est-ce que j’aurais pu faire davantage ? Est-ce que j’aurais pu sauver des vies ? », s’interroge encore Duchesneau, vingt ans plus tard23.
Rapport du groupe De Coster
En juillet 1990, le ministre de la Sécurité publique, Sam Elkas, a formé un groupe de travail présidé par le comptable Robert De Coster, ex-président et directeur général de la Régie de l’assurance automobile du Québec, afin d’examiner les questions soulevées dans le rapport de la coroner Sourour.
Les autres membres du groupe sont Mario Bilodeau, avocat en droit criminel, Renaud Leroux, spécialisé en médecine d’urgence, Serge Cossette, ingénieur, attaché au ministère québécois des Communications, Pierre Lapointe, médecin spécialisé en mesures d’urgence et de désastres, et en soins intensifs.
La décision du ministre se veut une réponse à une pétition déposée à l’Assemblée nationale, deux mois plus tôt, par un groupe de parents des victimes qui réclamaient une enquête publique pour faire toute la lumière sur la tragédie24.
Le rapport de 415 pages, comprenant 140 recommandations, du groupe De Coster a ajouté sa voix aux critiques à l’égard du SPCUM. « La valse hésitation s’installe au sujet du commandement de l’opération » durant les cinq premières minutes suivant l’arrivée des premiers policiers sur les lieux, dit le rapport. « Pour tous ceux qui observent la scène, étudiants, professeurs, et autres, un constat unanime se dégage : la confusion règne chez les policiers », lit-on.
« La lenteur à investir les lieux constitue, à notre avis, le point faible de l’ensemble des interventions à l’École Polytechnique », dit le groupe, avant d’ajouter : « Le temps utilisé pour réagir n’a pas contribué à augmenter le nombre de personnes atteintes par les projectiles de son arme. » […]
« Le groupe se refuse encore d’accepter, en principe, que toute intervention était inutile et qu’on ne pouvait rien faire pour les victimes. Il est trop facile de soulager sa conscience en ignorant les souffrances endurées par toutes les victimes et les séquelles physiques et psychologiques de celles qui ont survécu. »
Le groupe De Coster qualifie la gestion de l’événement par le SPCUM « d’autocratique et monolithique ». Il résume ainsi la liste de ses reproches :
« Aucune coordination ni même de concertation ; aucun échange d’information ou de consultation avec les autres intervenants. Aucun signe d’application d’un plan de mesures d’urgence.
C’est dans ce contexte par exemple que la SPCUM a arbitrairement maintenu à l’écart les quelque trente pompiers qui auraient pu rendre de précieux services, comme secouristes, aux services médicaux débordés, lit-on. Les services médicaux se sont plaints amèrement de la priorité que la SPCUM a accordée à la sécurisation de la preuve pour fins d’enquête. Cette attitude a eu pour effet de gêner l’intervention prioritaire des services médicaux et d’ajouter à l’anarchie.
Les proches des victimes reprochent amèrement à la SPCUM la très grande difficulté qu’ils ont eu à obtenir la moindre information sur le sort de leurs filles, peut-on lire également. Ils se révoltent aussi de la manière dont ils ont été traités dans le processus d’identification des victimes. L’attente allant jusqu’à six heures (21 :30 à 3 :30 du matin) est totalement inacceptable aux proches rassemblés dans une salle commune en attendant qu’on identifie leurs victimes. »
Le groupe n’épargne pas non plus les services médicaux. La performance d’Urgences-Santé est sévèrement critiquée. Le syndicat d’Urgences-Santé se voit reproché d’accorder la priorité aux intérêts et au confort de ses membres au détriment de la vocation première de l’organisme : sauver des vies.
Le rapport conclut par ailleurs que la répétition d’un tel événement donnerait lieu au même cafouillis et la réponse des spécialistes de la santé serait tout aussi déficiente, seize mois après la tragédie25.
Rapport Malouf
Dans son rapport d’inspection sur le SPCUM, le juge Albert Malouf consacre un chapitre à l’intervention policière survenue de la soirée du 6 décembre 1989.
Malouf fait quelques commentaires à l’égard de la lettre du directeur Saint-Germain du 23 mai 1990 adressée au président du comité exécutif de la CUM, Michel Hamelin, dans laquelle il s’efforce d’identifier les lacunes de l’intervention policière.
« L’une de ces lacunes est que les policiers s’étaient conditionnés à répondre à un appel de prise d’otages et suivaient la directive de ne faire aucune intervention pour libérer l’otage ou les otages sans autorisation préalable du commandant de l’opération. La directive 620-18 mentionne toutefois que dans des circonstances exceptionnelles les policiers peuvent prendre l’initiative d’une intervention sans y avoir été autorisés par le commandant de l’opération. Monsieur Germain note dans son diagnostic des lacunes de l’intervention policière que cette partie de la directive n’a pas été retenue.
En réalité, certains des premiers intervenants présents sur le terrain – comme le directeur de la Région nord et quelques patrouilleurs – ont entendu des coups de feu et ont reconnu que cette prise d’otage – si c’en était une – prenait une tournure exceptionnelle qui réclamait une intervention immédiate. Malheureusement, les officiers du District 31 qui ont pris le commandement de l’opération n’ont pas pris note de la dimension exceptionnelle de l’événement qui permettait un écart par rapport à la directive 620-18. »
Le juge Malouf critique aussi le rapport de rétroaction du directeur du District 31, Jacques Lessard. « Le rapport de rétroaction évite difficilement de présenter une description qui amoindrit les carences de l’opération », écrit-il. Ainsi la chronologie présentée dans le rapport « raccourcit les délais d’intervention », « omet de mentionner des faits importants » et « présente des événements qui n’ont pas été notés par aucune des autres personnes qui se sont penchées sur cette tragédie. »
Réactions
Funérailles
Le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal déclarent alors trois jours de deuil national26. Des funérailles communes pour neuf des quatorze femmes assassinées se déroulent à la basilique Notre-Dame de Montréal le 11 décembre 1989. La gouverneure générale du Canada Jeanne Sauvé, le premier ministre du Canada Brian Mulroney, le premier ministre du Québec Robert Bourassa et le maire de Montréal Jean Doré assistent à celles-ci, tout comme des milliers d’autres personnes en deuil27.
À la recherche d’une raison
Mémorial au parc Minto à Ottawa.
Le sexe des victimes de Lépine, les paroles de ce dernier durant la tuerie de même que sa lettre d’adieu ont fait que cet événement a été qualifié par beaucoup de groupes féministes, ainsi que d’officiels, comme étant une attaque antiféministe28,16,29,30,31.
Le massacre a profondément troublé les Québécois. Le gouvernement, craignant qu’un débat large à propos de cette tuerie cause de la douleur aux familles et mène à un accroissement de la violence antiféministe5, ne demande pas d’enquête publique sur le drame32. Les médias, des personnalités du monde universitaire, des organisations de défenses des femmes et les familles des victimes ont protesté contre cette décision et ont dénoncé le manque d’informations livrées au public5,4,33. Malgré cela, la lettre de suicide de Marc Lépine, ainsi que le rapport de police détaillé des événements, n’ont jamais été publiés officiellement34 (bien que le rapport de police a été utilisé par le coroner pour son propre rapport1,35).
Sa mère s’est demandée plus tard si l’attaque n’était pas dirigée contre elle, ayant travaillé après sa séparation d’avec le père de Lépine36. D’autres personnes, notamment la journaliste Barbara Frum, ont questionné les motivations politiques de Lépine en disant que la population « diminuait » la tragédie « en suggérant qu’il s’agissait simplement d’un acte contre un groupe »37.
Beth Alber, Marker of Change, mémorial à Vancouver consiste en quatorze bancs ressemblant à des cercueils.
Une théorie différente avance que les violences qu’il a subies durant son enfance l’ont mené à se victimiser relativement aux défaites de sa vie39. D’autres ont effectué une analyse plus large, voyant les actions de Lépine comme le résultat de changements sociaux qui ont augmenté la pauvreté et l’isolement des individus40. Notons que l’intérêt de Lépine pour les films d’action suggère que la violence dans les médias ait pu influencer ses gestes4.
Le 16 septembre 2006, trois jours après la fusillade au collège Dawson, la chroniqueuse du journal quotidien canadien Globe and Mail Jan Wong soulève une controverse en publiant un article laissant entendre que Marc Lépine, ainsi que les auteurs des tueries scolaires du collège Dawson et de l’Université Concordia, ont pu être aliénés à la société québécoise parce qu’ils n’étaient pas des « pures laines » québécois41. Le Conseil de presse du Québec a, par la suite, blâmé la journaliste pour cet article42.
Contrôle des armes à feu
Article détaillé : Registre canadien des armes à feu.
Le massacre a remis sur la scène publique le mouvement pour le contrôle des armes à feu au Canada. Heidi Rathjen, une femme qui était dans une salle de classe épargnée par Lépine lors de la fusillade, a organisé, avec Wendy Cukier, la Coalition pour le contrôle des armes (Coalition for Gun Control)43. Susan et Jim Edwards, les parents de l’une des victimes, s’y sont également fortement impliqués44. Leurs actions, jointes à celles d’autres intervenants, ont mené à l’adoption, en 1995, de la loi sur les armes à feu (projet de loi C-68), qui met en place des mesures plus strictes relatives aux armes présentes sur le territoire canadien43.
Ces mesures impliquent de nouvelles conditions concernant l’entraînement des propriétaires d’armes à feu, un profilage des demandeurs, de nouvelles règles sur l’entreposage des armes à feu et des munitions ainsi qu’un programme d’enregistrement de toutes les armes à feu, le Registre canadien des armes à feu. Depuis sa mise en application, ce programme d’enregistrement est fortement controversé et donne lieu à des débats partisans, certaines critiques affirmant que cette action politique, initiée par le gouvernement libéral de Jean Chrétien, est onéreuse et inapplicable45.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a repoussé la date limite pour l’enregistrement et a amendé la loi afin d’éliminer les amendes en cas de non-respect de celui-ci. Le gouvernement a justifié cette amendement en affirmant qu’un renforcement du mandat ciblerait les chasseurs et tireurs sportifs plutôt que les criminels. Cette position a été critiquée et le soutien au programme d’enregistrement s’est intensifié à la suite d’autres tueries en milieu scolaire telles la fusillade au collège Dawson46 (qui a fait 2 morts, dont le tueur, en 2006) et celle de Virginia Tech47,48, aux États-Unis (qui fut bien plus meurtrière).
Commémoration
Quatorze faisceaux lumineux représentant les 14 victimes sont installés sur le Mont Royal.
Pour la cérémonie commémorative des 25 ans de la tuerie, la ville de Montréal confie l’aspect technique de la cérémonie à Moment Factory, une entreprise spécialisée dans la conception et la production d’environnements multimédias. L’entreprise montréalaise installe sur l’esplanade du Mont Royal quatorze faisceaux lumineux représentant les 14 victimes de ce massacre. Les faisceaux lumineux tournés vers le ciel s’illuminaient peu après seize heures, heure à laquelle Marc Lépine commettait les assassinats 25 ans plus tôt49.
L’anniversaire de la tuerie est devenu la journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.
Notes et références
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Voir aussi
Bibliographie
- Marie Chalouh et Louise Malette (dir.), Polytechnique, 6 décembre, Montréal, éditions du Remue-Ménage, 1990, 190 p. (ISBN 2890910962)
- (en) Heidi Rathjen et Charles Montpetit, December 6th: From the Montreal Massacre to Gun Control, Toronto, McClelland & Stewart, 1999, 211 p. (ISBN 0-7710-6125-0)
- (en) Peter Eglin et Stephen Hester, The Montreal Massacre: A Story of Membership Categorization Analysis, Waterloo (Ontario), Wilfred Laurier University Press, 2003, 158 p. (ISBN 0-88920-422-5)
- Thérèse Lamartine, Soudoyer Dieu (roman), éditions JCL, Chicoutimi, 2009 (ISBN 978-2-89431-404-3)
- Élise Fontenaille, L’homme qui haïssait les femmes (roman), éditions Grasset, 2011 (ISBN 978-2-246-77591-1)
- Élaine Audet, Sel et sang de la mémoire. Polytechnique, 6 décembre 1989 (poésie), éditions Sisyphe, Montréal, 2009 (ISBN 978-2-923456-13-3)
- QUÉBEC, ministère de la Sécurité publique du Québec, « La tragédie du 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique de Montréal », Robert De Coster, prés., Groupe de travail De Coster, Montréal, Bibliothèque Nationale, 1990. 6 vol.
- Malouf, Albert, « Rapport de l’inspection de l’administration du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal, de ses activités et celles de ses membres, Ministère de la sécurité publique, 1994
Articles connexes
- Articles généraux
- Tueries au Québec
- Autres
- Polytechnique (film basé sur la tuerie de Montréal)
- Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes
Liens externes
- Documentaire Au-delà du 6 décembre à ONF.ca [archive]
- Tuerie de l’École polytechnique de Montréal [archive] sur L’Encyclopédie canadienne
- (en) Crime Library [archive]
- Autre point de vue sur l’anniversaire de polytechnique [archive]
- CBC Digital Archives [archive]
- Crime Library [archive]
- Coroner’s Report on the massacre [archive] (PDF)
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