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mercredi 27 mars 2019
Procès de Laurent Dejean à Toulouse : un accusé à la limite de l'aveu
Ce matin, les questions serrées du président n’ont pas déstabilisé Laurent Dejean qui n’a semble-t-il rien livré de nouveau.
Jusqu’à ce moment particulier :
Laurent Dejean avait-il l’habitude de se promener la nuit ? Plusieurs témoins le disent. « Pas
quand je travaillais, monsieur le président. Je ne suis pas du matin,
j’ai du mal à me réveiller. Je ne me promenais pas la nuit, seul« .
« Vous n’êtes pas un coucou régulier, non plus, monsieur Dejean« , rétorque le président.
Du tac au tac, l’accusé lui répond : »Je ne suis pas un criminel, monsieur le juge. Absence de preuves et vice de forme : c’est dramatique, cette cour d’assises« .
Jean-Marc Donnadieu aussi, le mot « coucou » lui fait de l’effet :
Procès du meurtrier présumé de Patricia Bouchon : Laurent Dejean confronté à ses incohérences
Laurent Dejean, au moment de son interpellation.
Mercredi 27 mars 2019, 10ème jour du procès devant la cour d’assises
de Haute-Garonne de Laurent Dejean, l’accusé est de plus en plus poussé
dans ses retranchements. Mensonges, versions diverses et variées,
incohérences : chaque élément du dossier est à nouveau passé au crible.
Par Marie Martin Publié le 27/03/2019 à 12:34 Mis à jour le 27/03/2019 à 13:47
Le président l’annonce d’emblée, à l’ouverture de l’audience : il
souhaite revenir longuement sur des questions évoquées la veille. Et
notamment la Clio blanche
de Laurent Dejean.Sitôt passée l’audition de l’enquêteur de
personnalité auprès du tribunal de grande instance de Toulouse, de
laquelle on n’a rien appris de nouveau sur l’accusé, le président
interroge à nouveau Laurent Dejean. Et il a de nombreuses questions.
Il revient tout d’abord sur le témoignage-clé de Nicolas Gelis,
qui aperçoit, le 14 février 2011, Patricia Bouchon qui court sur la
route de Fronton puis croise une Clio blanche première génération, à
l’arrêt, feux éteints et débordant sur la ligne blanche. Et la question
est on ne peut plus claire :
« Est-ce que c’était la vôtre, monsieur
Dejean ? »
« Non« , répond l’accusé. « Je n’ai jamais eu de Clio grise« .
« Est-ce que c’était vous, ce jour-là, monsieur Dejean ? »
« Mais non ! Ce n’est pas moi, monsieur le juge. Le jour des faits, je dormais. Je me levais à 6 heures« .
Mais les dénégations ne suffisent plus, ce mercredi 27 mars 2019. Le
président insiste. Cette Clio ressemble beaucoup à celle que possédait
Laurent Dejean et que décrivent ses proches.
Idem pour le portrait-robot.
Laurent Dejean avait-il l’habitude de se promener la nuit ? Plusieurs témoins le disent. « Pas
quand je travaillais, monsieur le président. Je ne suis pas du matin,
j’ai du mal à me réveiller. Je ne me promenais pas la nuit, seul« .
« Vous n’êtes pas un coucou régulier, non plus, monsieur Dejean« , rétorque le président.
Du tac au tac, l’accusé lui répond : »Je ne suis pas un criminel, monsieur le juge. Absence de preuves et vice de forme : c’est dramatique, cette cour d’assises« .
Mercredi 27 mars 2019, les psychiatres qui ont examiné ou expertisé
Laurent Dejean sont venus expliquer aux jurés de quelle pathologie
souffrait Laurent Dejean, jugé par la cour d’assises de Haute-Garonne
depuis le 14 mars pour le meurtre de la joggeuse de Bouloc, Patricia
Bouchon.
Par Marie Martin Publié le 27/03/2019 à 17:34 Mis à jour le 27/03/2019 à 17:42
L’enfance de Laurent Dejean a été, selon ses propres termes, heureuse
et aimante. Mais la mort de son père, alors que lui est âgé de 17 ans,
marque le début des premiers troubles.
Il était le dernier d’une fratrie de trois, le seul garçon, et la
relation avec le père semble avoir été privilégiée. Son père cédait à
ses caprices, raconte le docteur Robert Franck, le psychiatre qui l’a
rencontré deux fois à la prison de Seysses, près de Toulouse.
Mais sa mère, elle, ne cède pas et refuse d’accéder aux demandes de
son fils, financières surtout. La frustration provoque des colères chez
Laurent Dejean qui s’en prend verbalement à sa mère.
Il est en échec scolaire, a arrêté plusieurs formations et peine à
trouver son indépendance. Lui décrit des relations familiales
harmonieuses mais sa mère ne supporte plus ses crises et fait intervenir
la mairie et les services sociaux pour lui trouver un logement.
Selon le psychiatre, Laurent Dejean idéalise les relations et les
souvenirs, non par déni mais dans l’intention de se présenter sous un
bon jour. Et cette attitude semble prouver que la pathologie n’était pas
sévère.
C’est là que des troubles de la persécution émergent : Laurent Dejean
entend des voix. Neuf jours après la disparition de Patricia Bouchon,
un ami s’en inquiète et l’emmène chez une médecin-psychiatre libérale.
Elle lui prescrit un arrêt de travail d’un mois et des médicaments type
anxiolytique et antidépresseurs.
Plus tard, lors d’hospitalisation voire d’internement contraint, des
élements de persécution et d’hallucination sont évoqués dans le dossier
médical consulté par le docteur Franck.
Les traitements stabilisent l’état de santé de Laurent Dejean mais
problème, il continue à être un gros consommateur de cannabis, dont on
sait qu’il influe sur la psychose, en compliquant l’efficacité des
traitements et en majorant les phénomènes hallucinatoires. « Sans cannabis, il serait peut-être resté « border line », c’est-à-dire à la frontière de la folie mais pas schizophrène« .
L’accusé a connu plusieurs épisodes de décompensation : « la réalité devient insupportable« , explique Robert Franck. « on invente quelque chose pour y échapper, pour changer cette réalité« . Des voix, en l’occurrence…
Y a-t-il eu des signes précurseurs du délire schizophrénique qui le touche en 2011 et 2012 ? Au moment des faits, « il a peut-être déjà des troubles mais qui n’abolissent pas son discernement puisqu’il va travailler« , poursuit l’expert-psychiatre. Tout au plus une « altération » de ce discernement.
Jeudi 28 mars, 11ème jour du procès de Laurent Dejean, l’audience sera consacrée aux plaidoiries.
Meurtre de Patricia Bouchon : les «bizarreries» de l’accusé
>Faits divers|Armelle Parion, notre correspondante à Toulouse (Haute-Garonne)| 27 mars 2019, 21h50 | MAJ : 27 mars 2019, 21h53 |0
Laurent Dejean nie toujours avoir tué Patricia Bouchon le 14 février 2011 à Bouloc. AFP/Manon Billing
Devant la cour d’assises de Toulouse, les experts ont détaillé la
personnalité trouble de Laurent Dejean, accusé du meurtre de Patricia
Bouchon, tuée à Bouloc, le 14 février 2011.
Une personnalité fragile. Capable de passer à l’acte. Voilà la description faites par les experts psychiatres de Laurent Dejean, accusé du meurtre de Patricia Bouchon, à Bouloc, le 14 février 2011. Un meurtre qu’il nie depuis le début de son procès devant la cour d’assises de Haute-Garonne à Toulouse.
Les experts détaillent : Laurent Dejean a été « très affecté par la
mort de son père, alors qu’il avait 17 ans ». Sa scolarité est
laborieuse et il ne mènera à bout ni son CAP de plâtrier, ni ses
apprentissages de boulanger et de miroitier. Il décroche un emploi de
plaquiste en 2010, mais démissionne en juillet 2011, car il n’est « pas
bien dans sa tête ». Depuis, il n’a plus eu d’activité, a été placé sous
curatelle et touche l’allocation pour adultes handicapés.
Un homme colérique et jaloux
Le Centre communal d’action sociale est intervenu à plusieurs
reprises pour suggérer à Laurent Dejean de quitter l’appartement de sa
mère, qui se plaint de son comportement violent. Sa seule relation
amoureuse sérieuse, de 2004 à 2006, avec une certaine Natacha, révèle
une personnalité colérique et jalouse. Elle le quitte après qu’il a levé
la main sur elle. Lors d’un épisode délirant, en 2012, qui aura pour
conséquence son hospitalisation d’office, Laurent Dejean a crevé deux
fois les pneus d’une voisine, qu’il accuse de lui avoir jeté un sort
vaudou.
L’expertise psychiatrique montre que le jeune homme, hospitalisé à
plusieurs reprises, souffre de schizophrénie paranoïde. Mais selon les
experts, rien ne prouve que sa psychose était active au moment des faits
qui lui sont reprochés.
Quelques jours après le meurtre de Patricia Bouchon, il se rend chez
une psychiatre, lui confie son sentiment d’être persécuté au travail, et
sera arrêté un mois. « Je n’ai pas d’argument pour dire que son trouble
mental l’a amené à commettre ce crime. S’il l’a fait, ce n’était pas
parce que son discernement était aboli. Mais il n’a pas toujours eu tout
son discernement », a expliqué le psychiatre Roger Franc. Le
psychologue Alain Penin relève pour sa part des « bizarreries
comportementales » chez l’accusé, depuis ses quinze ans, âge auquel il a
commencé à consommer régulièrement du cannabis et autres psychotropes.
Curieuses déclarations en garde à vue
Après avoir enfin reconnu mardi qu’il possédait bien à l’époque des
faits une Clio blanche, une voiture décrite par un témoin la nuit des
faits, Laurent Dejean a nié farouchement mercredi être le conducteur
croisé par le livreur Nicolas Gélis cette nuit-là. Il a reconnu qu’il
portait un bonnet, comme sur le portrait-robot établi, et avoir parfois
transporté du matériel dans son véhicule, confirmant un élément donné
par le témoin clé et corroboré par neuf autres témoins
Confus dans ses explications, Laurent Dejean nie aussi connaître la
buse dans lequel le corps de Patricia Bouchon a été dissimulé et
retrouvé seulement plus d’un mois après. Autre élément troublant pointé
par Me Lena Baro, avocate de la famille Bouchon : l’accusé a déclaré
lors de sa garde à vue en 2014, avoir remarqué en passant sur la route
départementale surplombant le chemin de terre, où a eu lieu le meurtre,
qu’il manquait deux cailloux de Garonne. « Je ne sais pas qui a enlevé
ce caillou, mais il aurait pu être une arme, donc j’ai avoué », se
justifie Laurent Dejean, tout en martelant toujours son innocence.
Déstabilisant.
Le réquisitoire est désormais très attendu ce jeudi.
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