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lundi 31 août 2015

Des statistiques de Justinpetitcoucou au mois d'août 2015


http://justinpetitcoucou.unblog.fr/2015/08/31/des-statistiques-de-justinpetitcoucou-pour-le-mois-daout-2015/

Nous venons de voir les statistiques de Petitcoucou pour le mois d’août 2015.

Voici celles de Justinpetitcoucou, pas moins instructives :


graph_month justin 9


Ce graphe des statistiques « basiques » montre comme pour Petitcoucou une belle pointe le 3 août, puis d’autres plus discrètes le 8 août, puis le 11 août, du 14 au 19 août, surtout les 17 et 19 août, le 22 août et le 26 août, avant la reprise de grosses pointes du 27 au 30 août 2015.

Voici le détail des visites :


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Le statistiques « avancées » du blog montrent des visites réelles assez différentes de celles présentées dans le graphe des statistiques « basiques », avec de grands nombres de visites les 3 et 4 août 2015, surtout le 3 août, puis à nouveau le 26 août, mais pas les derniers jours du mois :


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31/08/2015 8 7 5
30/08/2015 16 16 13
29/08/2015 10 8 6
28/08/2015 15 12 10
27/08/2015 12 11 9
26/08/2015 23 20 17
25/08/2015 9 9 8
24/08/2015 13 13 12
23/08/2015 6 6 4
22/08/2015 11 11 11
21/08/2015 13 13 8
20/08/2015 7 7 5
19/08/2015 5 5 5
18/08/2015 14 13 12
17/08/2015 14 10 9
16/08/2015 9 9 8
15/08/2015 9 9 8
14/08/2015 13 13 11
13/08/2015 6 6 6
12/08/2015 10 9 5
11/08/2015 17 17 15
10/08/2015 10 9 6
09/08/2015 6 6 4
08/08/2015 13 12 9
07/08/2015 9 9 7
06/08/2015 7 6 4
05/08/2015 7 7 6
04/08/2015 25 25 21
03/08/2015 54 53 46
02/08/2015 5 4 3
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Des statistiques du Petitcoucou pour le mois d'août 2015


http://petitcoucou.unblog.fr/2015/08/31/des-statistiques-du-petitcoucou-pour-le-mois-daout-2015/

Depuis que les cyberdélinquants de la bande de Cyprien Luraghi ont commencé à me jouer les Chinois de Thaïlande le 25 juillet de l’année dernière, je publie régulièrement de mes statistiques de blog attestant de ce phénomène et quelques autres.

Voici donc celles du jour, donnant aussi un bon aperçu de celles du mois d’août 2015 :


graph_month 36


Apparaissent nettement sur ce graphe des statistiques « basiques » trois belles pointes, les 3, 16 et 25 août, ainsi qu’une remontée des clics du Chinois à compter du 17 août 2015 après quelques jours d’accalmie.

Le détail de ces visites pour aujourd’hui montre l’intérêt de mes lecteurs pour les tout derniers articles que j’ai publiés, ce qui est tout à fait normal tant qu’ils portent comme ceux-ci sur un sujet d’actualité faisant couler beaucoup d’encre :


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Les statistiques « avancées » mettent en évidence de grands nombres de visites réelles les 3 août, puis 17 et 18 août, et enfin ces derniers jours, mais dans ce dernier cas cela n’a rien d’étonnant, comme nous l’avons déjà fait observer plus haut :


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31/08/2015 47 45 34
30/08/2015 37 32 30
29/08/2015 40 32 30
28/08/2015 43 37 33
27/08/2015 37 34 28
26/08/2015 32 31 26
25/08/2015 32 32 26
24/08/2015 38 34 29
23/08/2015 30 30 22
22/08/2015 31 30 18
21/08/2015 22 22 18
20/08/2015 34 32 31
19/08/2015 28 26 22
18/08/2015 64 60 56
17/08/2015 42 38 35
16/08/2015 27 25 20
15/08/2015 27 27 20
14/08/2015 32 29 23
13/08/2015 28 28 24
12/08/2015 20 20 16
11/08/2015 31 31 25
10/08/2015 30 27 24
09/08/2015 35 32 25
08/08/2015 22 22 19
07/08/2015 28 27 24
06/08/2015 31 29 23
05/08/2015 24 18 19
04/08/2015 37 32 21
03/08/2015 58 54 46
02/08/2015 26 25 21
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Chantage contre le roi du Maroc : la risée ou la curée?

Les journalistes n’avaient semble-t-il pas écrit une ligne du livre qu’ils préparaient sur le roi du Maroc et son entourage, mais seulement réuni informations et documents.

Selon les extraits de leurs discussions avec l’émissaire du roi publiés ce dimanche dans le Journal du Dimanche, ils ont dû lui en montrer avant de signer une transaction jeudi, 27 août.

Donnant sa version des faits dans une interview publiée dans la soirée par Le Monde, Eric Laurent dit avoir maintenant envie d’écrire ce livre et de le sortir.

Reste qu’il reconnaît s’être réellement engagé à ne jamais partager ses informations avec qui que ce soit en l’échange d’un million d’euros et sa consoeur de même, ce qui est une vraie trahison de leurs sources et tout à fait crapuleux à l’égard de celles-ci.


http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/08/30/des-enregistrements-semblent-confirmer-le-chantage-de-deux-journalistes-envers-le-roi-du-maroc_4740488_1653578.html

Des enregistrements semblent confirmer le chantage de deux journalistes envers le roi du Maroc


Le Monde.fr avec AFP | 30.08.2015 à 08h28

En l'échange de trois millions d'euros, les deux journalistes auraient accepté de ne pas publier un ouvrage à charge contre le roi du Maroc.

Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le royaume du Maroc. Et des enregistrements clandestins de conversations entre le journaliste Eric Laurent – mis en examen samedi avec sa collègue Catherine Graciet  –, et un avocat du royaume chérifien, publiés dimanche 30 août par le Journal du dimanche, semblent aller dans ce sens. Le journaliste français y réclamerait trois millions d’euros en échange de la non-publication d’un ouvrage à charge contre le roi du Maroc.

« Je veux trois. – Trois quoi, Trois mille ?, interroge l’avocat. – Non, trois millions. – Trois millions de dirhams ? – Non, trois millions d’euros », aurait déclaré Eric Laurent lors de la première rencontre avec l’avocat, qui a enregistré l’échange avec son téléphone, dans un palace parisien le 11 août.

Lire aussi : Le Maroc entre stupeur et réjouissance devant « l’affaire des journalistes français »

Après la première rencontre, le Maroc porte plainte, et la deuxième se fait sous la surveillance de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), mais c’est toujours l’avocat marocain qui effectue les enregistrements à l’insu des journalistes.

Une lettre engageant à « renoncer à la publication » signée


Il y résume la situation : « vous et madame Graciet, [êtes] disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », rapporte le JDD. A la demande de l’avocat, le journaliste assure que sa co-auteure Catherine Graciet sait pour « les trois millions ».

L’hebdomadaire évoque la troisième rencontre et la méfiance de la journaliste, présente pour la première fois, qui fait changer le lieu de rendez-vous et demande à l’avocat de ranger son téléphone, alors posé sur la table.

Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le roi du Maroc, en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros », et réclament une avance. L’avocat leur aurait remis une enveloppe de 40 000 euros chacun et la journaliste rédige alors un protocole manuscrit. A leur sortie du palace où a lieu la réunion les deux journalistes sont interpellés. Il ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi pour chantage et extorsion de fonds et laissés libres sous contrôle judiciaire.

Les journalistes « piégés » selon leur avocat


Selon une source proche du dossier, Eric Laurent a reconnu durant sa garde à vue, entamée jeudi soir, avoir formulé une offre de 3, puis 2 millions d’euros au Maroc pour le renoncement de la publication de leur livre.

L’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a confirmé vendredi soir l’existence d’un « deal financier », dans un « contexte très troublant ». « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet, et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place », a-t-il déclaré à l’AFP. Pour lui, « c’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages ». « Il y a dans cette affaire une logique de stratagème qui s’est mise en place », a-t-il jugé et « l’instruction devra déterminer le rôle de chacun ».

L’avocat d’Eric Laurent, William Bourdon, qui a également reconnu auprès de l’AFP l’existence d’un « accord financier », a réfuté tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant un « traquenard » et une « manipulation » des autorités marocaines.


http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Chantage-contre-le-roi-du-Maroc-le-JDD-revele-des-enregistrements-748547

Chantage contre le roi du Maroc : le JDD révèle des enregistrements


ENQUETE – Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes mis en examen samedi de « chantage et d’extorsion de fonds ». Le roi du Maroc est partie civile. Extraits. 

Mohammed VI 
A paraitre dans leJDD
Chantage contre le roi du Maroc : la risée ou la curée ? dans Corruption blank Le roi du Maroc aurait été victime de chantage par deux journalistes français. (Reuters)
 
Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en flagrant délit pour chantage sur le roi du Maroc. Dans leurs poches, une  enveloppe, de 40.000 euros… « en petites coupures de 100 euros », à leur demande.  Dans leur poche encore, une lettre manuscrite à l’encre pas encore sèche scellant un « accord » pour « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc », en « contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ». Le JDD a eu accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet (elle n’était là qu’au dernier rendez-vous) ont scellé ce « pacte » qui leur vaut aujourd’hui d’être mis en examen pour « chantage et extorsion de fonds » et placés sous contrôle judiciaire. Récit d’une folle entreprise.

« Je veux 3″


Éric Laurent et Catherine Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretien, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes co-signent au Seuil Le roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.

Le 23 juillet dernier, Eric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur de cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Eric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Montceau. L’avocat a, dans sa poche, un Iphone en mode enregistrement. Eric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consoeur, « qui est mordante »…  La bande est entre les mains de la police qui a dû en booster le son… « Vous voulez quoi? » demande l’avocat.

- Je veux 3.
- Trois quoi, Trois mille? interroge l’avocat.
- Non, 3 millions.
- Trois millions de dirhams?
- Non, 3 millions d’euros ».

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Laurent Valdiguié – Le Journal du Dimanche

samedi 29 août 2015


http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Maroc-un-biscuit-a-deux-millions-pour-les-journalistes-soupconnes-de-faire-chanter-Mohamed-VI-748581

Chantage contre le roi du Maroc : un « biscuit » à deux millions pour les journalistes


Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes mis en examen hier pour « chantage et extorsion de fonds ». Le roi du Maroc est partie civile. Les avocats d’Éric Laurent et de Catherine Graciet crient au « traquenard ». 

Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en flagrant délit. Dans leurs poches, une enveloppe de 40 000 euros… « en petites coupures de 100 euros », à leur demande. Dans leur poche encore, une lettre manuscrite à l’encre pas encore sèche scellant un « accord » pour « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc », en « contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ». Le JDD a eu accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet (elle n’était là qu’au dernier rendez-vous) ont scellé ce « pacte » qui leur vaut aujourd’hui d’être mis en examen pour « chantage et extorsion de fonds » et placés sous contrôle judiciaire. Récit d’une folle entreprise.

Deux journalistes qui connaissent bien le Maroc


Éric Laurent et Catherine ­Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretiens, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, Le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes cosignent au Seuil Le Roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On n’est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.

Le 23 juillet, Éric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur du cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Éric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Monceau. L’avocat a dans sa poche un iPhone en mode enregistrement. Éric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consœur, « qui est mordante »… La bande est entre les mains de la police, qui a dû en booster le son…

« Vous voulez quoi? » demande l’avocat.
– Je veux trois.
– Trois quoi, Trois mille?, interroge l’avocat.
– Non, trois millions.
– Trois millions de dirhams?
– Non, trois millions d’euros. »

L’enregistrement décrypté, l’avocat marocain rentre à Rabat. « Cela paraissait énorme comme demande, et au départ, nous avons même envisagé un piège tendu… Il a donc été décidé au plus haut niveau de déposer plainte à Paris », confie un avocat français du dossier. « Cela semblait d’entrée hallucinant, avec tous les ingrédients du chantage et de l’extorsion de fonds », tonne Me Éric Dupond-Moretti, un des défenseurs du Maroc.

Des policiers en planque pour le deuxième rendez-vous


Le 20 août, la plainte est sur le bureau du procureur de Paris, François Molins, qui découvre « une affaire d’État », avec un dossier de « chantage, extorsion de fonds, et association de malfaiteurs ». Le procureur saisit sur-le-champ la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Il y a urgence. Le lendemain, l’avocat marocain a un deuxième rendez-vous avec Éric Laurent au bar du Royal Monceau.

Cette fois-ci, les policiers sont en planque autour de la table, et disposent même d’images prises par les caméras de surveillance de l’hôtel. « Le parquet a préféré, puisqu’il s’agissait d’écouter un journaliste, que ce soit l’avocat qui enregistre, et pas la police », indique une source judiciaire. L’avocat, cette fois-ci, place son iPhone sur la table. Du coup, la conversation est « nette »… Après les préliminaires sur la météo, les liaisons aériennes avec le Maroc, et la Normandie où Éric Laurent a une maison, l’avocat récapitule leur précédente conversation, telle qu’il en a rendu compte, dit-il, à Rabat : « Vous avez des informations très importantes, très sensibles, et qui peuvent avoir un impact important sur le Maroc et sont de nature à déstabiliser le régime de Sa Majesté […] et [dit] que vous étiez, vous et madame Graciet, disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », résume l’avocat. Réponse d’Éric Laurent sur la bande : « Définitivement, exactement. » Le marché est clair. « Personne ne veut, ne souhaite qu’un deuxième livre paraisse », embraye l’avocat. Il réclame ensuite des « garanties » de « Mme Graciet ». « Vous pouvez les avoir », lui répond son interlocuteur. L’avocat sollicite alors « un biscuit », c’est-à-dire des éléments un peu concrets sur la nature des « infos » gênantes que pourraient avoir les journalistes. La conversation s’éternise sur des sujets plus ou moins sensibles liés au Maroc, les relations de François Hollande avec le régime, l’affaire HSBC… Rien de très « explosif ». Les deux hommes tournent autour du pot. L’objectif de l’avocat, ce jour-là, est de cerner l’implication de la coauteure d’Éric Laurent. Il insiste : « Elle sait qu’on se voit? », « Elle est au courant des détails », assure le journaliste, qui confirme aussi qu’elle sait pour « les trois millions ». « J’ai besoin de savoir ce qu’elle a en tête, réclame l’avocat, dans quel état d’esprit elle est, et avoir la certitude que si on accepte les termes de votre proposition… » Éric Laurent enchaîne : « C’est très clair, elle vous dira elle-même… » L’avocat insiste ensuite pour « juger sur pièces », et pour que les « choses aillent vite », il réaffirme qu’il n’a « pas le mandat » pour discuter du « montant aujourd’hui » : « Je l’aurai quand vous m’aurez remis les éléments que je pourrai partager soit physiquement soit verbalement. » En clair, il veut voir des documents, « pas nécessairement repartir avec »… « Ensuite, on parlera de vos chiffres », dit-il. Éric Laurent promet qu’en cas d’accord, sa coauteure, qui a pour « passion l’équitation », « se consacrera à l’équitation en même temps qu’elle écrira une biographie historique. […] On en a discuté, elle a dit que si vous arrivez à un accord elle arrête tout, le livre, les articles, les interventions publiques »… Éric Laurent glisse même en partant qu’il peut tout aussi bien faire « Le Roi prédateur ou ‘Une affaire de famille’ tous les deux ou trois ans… » Une phrase lourde de sous-entendus.

Une avance contre une garantie


Sur la base de cet enregistrement et du rapport des policiers, le procureur ouvre le 26 août une information judiciaire et trois juges d’instruction sont désignés, dont Isabelle Rich-Flament. Elle va coordonner l’opération de flagrant délit du jeudi 27 août.

Le rendez-vous a été pris à 11 heures avec Catherine Graciet, Éric Laurent au Peninsula, un hôtel de luxe de l’avenue ­Kleber, où l’avocat marocain a une chambre. Les trois se retrouvent au bar. Puis Catherine Graciet, après avoir refusé que le rendez-vous ait lieu dans la chambre de l’avocat, propose de changer d’endroit et d’aller plutôt au Raphael, l’hôtel en face. Prudente. Discrètement, les policiers en planque suivent. Une fois au nouveau bar, l’avocat place une nouvelle fois son iPhone sur la table. La jeune femme lui demandera de le ranger. Prudente encore. Il s’exécute, et place l’appareil dans sa poche. Du coup, la conversation est moins « nette »… Elle va pourtant durer jusqu’à 16 heures. Par étapes. Dans un premier temps, les journalistes ont imaginé la création d’un trust à l’étranger pour toucher les fonds. La journaliste confie qu’elle dispose d’un rapport de la DGSE, les services secrets français, sur Mohammed VI, « lors de ses venues en France ». De son côté, l’avocat réclame « une garantie », c’est-à-dire un papier signé de leur main. Eux, veulent « une avance ». L’avocat leur propose « un million et demi d’euros », et ils transigent finalement « à deux », « un chacun », après avoir mis en avant l’à-valoir important qu’ils devront rembourser à leur éditeur…

L’avocat s’absente cinquante minutes pour, dit-il, « discuter avec son client », et retourne dans sa chambre du Peninsula. Selon nos sources, c’est avec les policiers et la juge, informés de l’avancement des discussions, que se décide la suite de ce mauvais polar. Pour leur « avance », les deux journalistes ont exigé des « petites coupures, pas de billets de 500 euros ». La juge donne son feu vert. Quand il revient au bar du Raphael, qui est resté sous surveillance discrète de la police, l’avocat a deux enveloppes de 40.000 euros chacune.


Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire » sur le roi du Maroc, « en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ».

Le protocole recopié en trois exemplaires


De son côté, Catherine Graciet a recopié, à la main, en trois exemplaires, un protocole dont le JDD a une copie : les deux journalistes prennent l’engagement de « ne plus rien écrire » sur le royaume du Maroc, « directement ou indirectement »… et de ne « partager en aucune façon les documents et informations » en leur possession. « La somme de deux millions d’euros leur sera versée » selon « des modalités que nous fixerons », signent-ils. Catherine Graciet précise même qu’elle a travaillé à un documentaire pour France 3… qui sera diffusé « après le présent accord », pour s’assurer que sa diffusion postérieure ne le rendra pas caduc. Prudente encore. Les signataires admettent avoir touché, ce jour, une « avance de 80 000 euros ». « Ma cliente est allée au rendez-vous pour voir, en tant que journaliste », confie son avocat Me Éric Moutet, qui dément « tous chantage et extorsion de fonds »… Ce jeudi, il est presque 16 heures. L’avocat marocain ressort seul du Raphael. Les deux journalistes, pendant quelques minutes, finiront leurs verres, et… se croiront riches. Une fortune bien éphémère. À leur sortie du Raphael, ce n’est pas une limousine qui les attendait, mais des voitures de police.

Laurent Valdiguié – Le Journal du Dimanche

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dimanche 30 août 2015


http://www.bfmtv.com/societe/exclusif-soupcons-de-chantage-du-maroc-la-lettre-contractuelle-signee-par-les-journalistes-910647.html

EXCLUSIF – Soupçons de chantage du Maroc: la lettre contractuelle signée par les journalistes


29/08/2015 à 12h33

BFMTV s’est procuré le contrat signé entre les journalistes mis en examen et le Maroc. Dans cette lettre manuscrite, Catherine Graciet et Eric Laurent s’engagent à « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc » en contrepartie « du versement de la somme de 2 millions d’euros ».


Le document a été versé au dossier d’instruction. BFMTV s’est procuré en exclusivité la lettre contractuelle signée par les deux journalistes soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc avec des informations supposées gênantes.

Vendredi, l’avocat de la journaliste Catherine Graciet, Eric Moutet, avait confirmé qu’un « deal financier » avait bien eu lieu dans un « contexte très troublant » et avait évoqué « un piège » dans lequel serait tombé sa cliente.

80.000 euros d’avance


Dans cette lettre manuscrite, écrite le 27 août dernier par la journaliste Catherine Graciet au bar de l’Hôtel Raphael à Paris, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc » et à « ne plus jamais s’exprimer publiquement sur ce pays directement ou indirectement ou par personnes interposées », « ni à faire quelques révélations (…) sur ce sujet ».

Les journalistes s’engagent également à « ne partager en aucune façon les documents et informations en (leur) possession avec qui que ce soit ». En contrepartie du silence des deux journalistes, le Maroc s’engage à verser « la somme de deux millions d’euros ». « Nous confirmons avoir reçu à ce jour une avance de 80.000 euros », écrit encore Catherine Graciet dans le document signé de sa main.

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Document BFMTV –

Lettre signée en trois exemplaires


Cette lettre, qui a été versée au dossier d’instruction, a été signée pendant le rendez-vous entre les journalistes et le représentant du Maroc, jeudi, à l’issue duquel Catherine Graciet et Eric Laurent ont été interpellés et placés en garde à vue.

Selon nos informations, ce rendez-vous avait été initialement prévu à l’hôtel Peninsula à Paris, organisé main dans la main avec la police. Mais Catherine Graciet, méfiante, aurait demandé à changer d’hôtel. Les journalistes et le représentant du Maroc se seraient alors installés au bar de l’Hôtel Raphael, situé en face du Peninsula.

Un « piège » selon l’avocat des journalistes


Pendant ce rendez-vous, les journalistes auraient dans un premier temps refusé de signer le document, avant de se laisser convaincre et de le signer en trois exemplaires. Une partie de la conversation a été enregistrée avec un smartphone.

Pour l’avocat de Catherine Graciet, Me Éric Moutet, il y a bien eu un « deal financier », dans un « contexte très troublant ». « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place », a-t-il estimé vendredi soir. Il a également évoqué « un piège » dans lequel serait tombée sa cliente.

Par C. P. avec Dominique Rizet



http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/08/30/eric-laurent-et-le-roi-du-maroc-c-est-une-tentation-pas-un-chantage_4740788_3212.html

Entretien
 

Eric Laurent et le roi du Maroc : « C’est une tentation, pas un chantage »


Propos recueillis par Charlotte Bozonnet et Serge Michel

Le Monde.fr Le 30.08.2015 à 20h59 • Mis à jour le 30.08.2015 à 21h17

Eric Laurent, journaliste et auteur français accusé de chantage par la monarchie marocaine.

Le journaliste Eric Laurent a été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds dans la nuit du 28 au 29 août. Avec sa consoeur Catherine Graciet, il est soupçonné d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc, Mohammed IV, en menaçant de publier un livre à charge contre la famille royale. M. Laurent donne pour la première fois, au Monde, sa version des faits.

Selon Eric Dupont-Moretti, avocat de Rabat, les deux journalistes français ont proposé à un collaborateur du roi du Maroc de renoncer, contre rémunération, à la parution d’un livre contenant des informations gênantes pour le royaume. Ils auraient formulé une offre de trois, puis deux millions d’euros.

« Le Palais a alors décidé de porter plainte auprès du parquet de Paris. Les policiers ont décidé d’organiser un flagrant délit », a assuré Me Dupond-Moretti, qui a révélé l’affaire, jeudi.

Une version que semble corroborer des extraits d’enregistrements dont des retranscriptions ont été publiées par le Journal du dimanche. C’est l’un des envoyé du royaume chérifien, un avocat, qui a négocié avec les journalistes lors de trois rencontres dans des hôtels parisiens.

Tout en reconnaissant l’existence de la transaction, Eric Laurent assure au contraire qu’elle lui a été « proposée » par un émissaire de Mohammed VI, et qu’il l’a acceptée à la fois pour des raisons personnelles, et pour ne pas « déstabiliser le Maroc ». Il assure aujourd’hui avoir l’intention de terminer et de publier l’ouvrage.

Le déroulé des faits exposé par les avocats du Royaume est à la fois très complet et accablant. Qu’avez-vous à y ajouter ou à retrancher ?

Eric Laurent : Je vais retrancher énormément de choses. Mais je vais faire un premier commentaire sur la totale indécence de la part de l’avocat du royaume, Me Dupond-Moretti, qui a dépassé toutes les limites en matière non seulement de présomption d’innocence mais aussi en matière de déformation ou même d’invention des faits.

Le 23 juillet, d’après lui, j’appelle le secrétariat particulier du roi. Jusqu’ici c’est exact. Je demande à parler à Mounir El Majidi, qui est le secrétaire de Mohamed VI. C’est encore exact. Selon lui, je déclare préparer un livre explosif, un brûlot et c’est trois millions [pour ne pas le publier, NDLR].

Je mets au défi Dupond-Moretti et le Maroc de produire le moindre élément attestant cela. Je n’ai jamais tenu ces propos. Il n’y a jamais eu de tentative de chantage. J’ai appelé Mounir El Majidi pour une raison très simple : dans ce livre que nous avions en préparation, il y avait des éléments concernant la famille royale que nous voulions croiser avec le Palais. Au lieu de cela, le lendemain, j’ai reçu un appel d’un homme qui s’appelle Hicham Naciri, qui est un avocat du Palais, que je ne connaissais pas. Il me dit : « Je suis mandaté par le Palais, est-ce que ça peut attendre quelques jours, je pars au Japon. » Nous nous retrouvons le 11 août à sa demande, c’est lui qui fixe le lieu, au Royal Montceau [hôtel parisien de luxe, NDLR].

A ce moment-là, qui formule la demande d’argent ?

« On pourrait peut-être envisager une rémunération, une transaction, en contrepartie d’un retrait écrit »
 
Il n’y a pas de formulation de demande d’argent. Je lui explique que nous préparons un livre, que c’est la raison pour laquelle nous voulions voir M. Majidi, un livre sur la famille royale avec un certain nombre de sujets sensibles concernant la succession d’Hassan II. Il me dit : « C’est pas vraiment un livre qu’on souhaite voir sortir ». Je lui dis : « Ah bon, ça c’est autre chose ».

Et là, on voit très bien dans les procès-verbaux tirés des enregistrements : il n’y a aucune demande de ma part. Il y a encore moins de menace de chantage. Nulle part. A un moment donné, il me dit : « On pourrait peut-être envisager une rémunération, une transaction, en contrepartie d’un retrait écrit ». C’est lui qui m’amène à cette idée. A aucun moment il n’y a dans ces enregistrements une volonté de ma part de faire chanter le roi du Maroc à travers un de ses avocats. Puis ses questions vont porter sur un autre problème, celui des sources. Il va insister tout au long des réunions suivantes pour que nous livrions nos sources. Bien sûr, nous refusons. Je refuse. Ma co-auteure, que je consulte, refuse aussi.

A quel moment est-il question d’argent, alors ?

Au moment de la première rencontre, il amène cette idée. Et là, je dis, mais sans y croire : « Si vraiment on arrête de faire le livre, étant donné le sujet, écoutez… trois [millions d’euros] ». Il dit : « Ok mais il me faut les sources ». Je ne suis pas venu avec l’idée d’une transaction. Je suis venu avec l’idée d’une interview.

Qu’est-ce qui vous amène à accepter d’entrer en matière sur une transaction ?

D’abord le sujet. Il est extrêmement sensible, très délicat. J’ai exercé ce métier pendant 30 ans et j’avoue que là, j’en ai un peu assez. C’est un sujet très complexe concernant la famille royale et certains comportements. Donc je me dis : après tout, on n’a pas envie, quelles que soient les réserves que l’on peut avoir sur la monarchie, que s’instaure une république islamique. S’il propose une transaction, pourquoi pas.

Votre avocat a également parlé d’une situation personnelle difficile…

Ma femme est extrêmement malade. C’est une situation personnelle très dure. Elle a un cancer généralisé. Son état s’aggrave de jour en jour malgré les opérations, des chimiothérapies très lourdes.

Donc, si on résume : vous souhaitiez rencontrer M. Naciri pour une interview et vous ressortez avec un accord de principe sur une transaction financière ?

Je ne ressors avec rien. C’est une suggestion qui m’est faite. Mais il n’y a pas d’accord. Je suis surtout tellement étonné. Je me dis : « Quelle étrange démarche », car la démarche venait de lui. En même temps, je suis un peu sur la réserve, surtout parce qu’il insiste sur la possibilité d’avoir accès aux sources. Je suis tellement peu dans l’état d’esprit d’un chantage que lors du deuxième entretien avec lui, le 23 août, il a son téléphone posé sur la table.

J’ai appris ensuite qu’il enregistrait notre conversation et j’ai vu dans le JDD des extraits tronqués. C’est lui qui me demande : pour combien, si nous arrivons à un accord ? Si j’avais eu la volonté d’exercer un chantage, la première des choses aurait été de lui demander d’arrêter son portable, de sortir la batterie, de le mettre ailleurs. A aucun moment, il n’y a de ma part un seul mot qui relève du chantage.

Qu’est-ce que vous vous dites lors du deuxième rendez-vous, le 23 août ?

« Ils ont voulu me faire tomber, me discréditer professionnellement »
 
C’est un rendez-vous qui me laisse perplexe parce que je vois un personnage qui commence à reformuler tout ce que nous avions échangé la semaine précédente, y compris cette somme de 3 millions d’euros, qu’il met dans ma bouche. Je suis un peu stupéfait, me disant qu’il doit y avoir quelque chose.

Immédiatement, il enchaîne avec une pression ininterrompue sur les sources : « Si nous passons un accord, il faut que nous puissions identifier vos sources ». Je lui dis que c’est impossible, que je ne mettrai pas en danger des gens qui ont accepté de me parler. Il insistera là-dessus jusqu’à la troisième et dernière réunion. Ils ont voulu me faire tomber, me discréditer professionnellement et éventuellement avoir accès à nos sources, ce qui aurait permis de couper certaines têtes.

Comment se fait-il que vous n’ayez pas un instant pensé que le Palais allait utiliser cette discussion contre vous ?

Si j’étais arrivé avec cet état d’esprit consistant à quémander de l’argent en échange de la non-publication, j’aurais été bien plus méfiant. Mais comme je venais simplement pour avoir la possibilité de rencontrer Mounir Madjidi, et croiser des informations, je n’ai pas vu le coup venir. Cette proposition a été glissée insidieusement par mon interlocuteur : « transaction », « abandon », « accord écrit », ces mots ont été habilement introduits lors du premier rendez-vous.

Tout au long de ces entretiens, votre co-auteure était au courant des termes de ces discussions ?

Elle était au courant. Je la tenais informée de tout, après chaque rencontre. Elle ne peut pas prétendre [le contraire]

La défense de Catherine Graciet est de dire que c’est vous qui avez tout organisé…

C’est bien dommage, parce que c’est faux. Je veux bien avoir organisé des choses. Si j’avais tout organisé, il faudrait de sa part un total aveuglement – pour ne pas dire plus – pour rédiger le texte de l’accord et le signer. Et moi, j’aurais été le meilleur des amis de lui proposer la moitié après avoir tout organisé seul.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu de ce livre ?

Le livre porte à la fois sur l’héritage de Hassan II et les affrontements au sein de la famille royale concernant cet héritage. Avec de nombreuses péripéties. Il y avait aussi des choses concernant le train de vie dispendieux – pour ne pas dire plus – de cette famille, avec un certain nombre de dérives.

Ces informations étaient de nature à faire tomber la monarchie ?

Tomber, non. Ebranler, oui. Quand vous êtes un sujet marocain, et que vous découvrez cette réalité sur le roi, sa famille, son entourage, dans un affairisme ambiant, vous êtes profondément troublé. Je pense que ça aurait érodé la confiance relative que l’on peut encore avoir envers le monarque.

Quand avez-vous commencé votre enquête ?

On a signé en janvier [avec les éditions du Seuil], on a commencé en mars car je devais finir un autre livre.

Avez-vous toujours eu l’intention de publier ce livre ?

« Quelles seront les conséquences ? »
 
Nous avions signé un contrat avec un éditeur ! Du début à la fin, notre intention était de faire un livre. Sauf qu’il y a eu ces conversations avec ce personnage qui propose un accord, qui dit qu’il faudrait s’engager à ne plus publier sur le Maroc. Je me dis pourquoi pas. Mais il ne s’agit pas de chantage. Ca n’a jamais existé.

Chantage ou non, vous étiez d’accord pour un accord financier dont l’objectif était la non publication de votre enquête ?

Oui, bien sûr. Cette enquête me faisait peur. On se disait « quelles seront les conséquences ? » La proposition que l’on m’a faite me paraissait être un compromis.

Votre co-auteure s’est ralliée aux même arguments ?

Soyons clair : du début à la fin, Catherine Graciet a tout approuvé. Avant cette réunion, nous préparions les choses ensemble. Donc aller dire aujourd’hui que j’ai tout mené en solitaire, c’est absurde.

Ces informations explosives, vous les avez réunies ensemble ?

Ensemble. Elle en obtenu certaines, j’en ai obtenu d’autres. Nous avions des sources différentes, que nous avons croisées. Nous étions embarrassants pour le Maroc, et notre livre précédent, Le roi prédateur, est vraiment resté en travers de la gorge du roi. L’idée d’en voir sortir un autre leur était absolument insupportable. Et surtout, ils se demandaient sur quoi nous nous étions basés, sur qui nous nous étions appuyés pour avoir ces renseignements. L’accès aux sources a été une condition et un moyen de pression constant sur nous.

Votre avocat parle d’un zêle disproportionné de la justice française dans cette affaire? Comment l’avez-vous perçu ?

« J’ai eu l’impression d’être dans une situation à la Ben Barka » 

J’ai dit aux policiers en arrivant que j’étais choqué que l’appareil policier et judiciaire français soit mobilisé pareillement pour satisfaire un souverain étranger dont on connaît les pratiques. Les enquêteurs m’ont répondu : « On n’est pas dupe, il y a des marionnettistes au dessus de nous, mais nous sommes obligés de faire notre travail ». Ce sont leurs mots. Quand l’arrestation a eu lieu, la voiture de la police a emprunté le périphérique et l’on se dirigeait vers Orly. Et là, j’étais inquiet, j’ai demandé où nous allions. J’ai eu l’impression d’être dans une situation à la Ben Barka [opposant marocain enlevé le 29 octobre 1965 à Paris et dont le corps n’a jamais été retrouvé, NDLR].

Au fond, le Maroc passe son temps à utiliser le territoire français pour ses coups tordus. Autrefois pour y éliminer physiquement ses opposants, désormais pour discréditer professionnellement ceux qui sont critiques envers le régime et ses dérives. J’ai cru que j’allais être embarqué dans un avion et me retrouver au Maroc. Quant à la juge, elle a été correcte. La mise en examen est l’aboutissement logique de ce qui précède, même si c’est un cadeau au souverain marocain.

Vous êtes libre de vos mouvements ?

Le parquet a demandé l’interdiction de sortie du territoire et un contrôle judiciaire tous les huit jours. La juge a décidé de me laisser mon passeport et d’un contrôle judiciaire tous les quinze jours. Avec interdiction de parler à ma co-auteure. Outre l’emballement policier et judiciaire, avec trois juges d’instruction, il y a l’emballement médiatique, qui a contribué à nous discréditer très vite en produisant des extraits tronqués, détachés de leur contexte. Nous étions encore dans la voiture de la police que tout filtrait déjà sur les chaînes d’infos, sans nuance et sans présomption d’innocence, qui n’a jamais existé dans cette affaire. La seule voix relayée constamment a été celle de Me Dupont Moretti, avec des propos choquants et délirants.

Votre livre d’entretien avec Hassan II, en 1993, a-t-il donné lieu à une transaction financière?

Ah non, absolument pas. A l’époque j’étais éditeur chez Plon, et j’avais un contrat d’auteur pour ce livre. Je n’ai pas reçu d’argent de Hassan II, c’est lui qui en a reçu ! Il a réclamé ses droits d’auteur, pour une fondation, et les a obtenus. Si jamais il y avait eu affairisme de ma part, jamais je n’aurais écrit Le roi prédateur quelques années plus tard.

Vous négociez une transaction financière en échange de la non publication d’un livre. Avez vous conscience d’avoir en cela porté préjudice à l’ensemble de la profession ?

« C’est une tentation, pas un chantage »
 
Non, pas du tout. Je pense que j’ai fait des livres qui ne souffrent pas la moindre critique éthique et déontologique. Et là en l’occurrence, il y avait à la fois le sujet qui était explosif, il y avait la proposition qui m’a été faite et la situation dans laquelle j’étais. Je me suis dit qu’un livre de plus ou de moins, cela n’enlèverait rien à ma satisfaction personnelle. Comme je n’avais pas l’esprit de vindicte, j’ai dit… voilà. C’est une tentation, pas un chantage.

Vous avez dit quoi?

Je me suis dis après tout, pourquoi pas, passons à autre chose. Je veux bien prendre des risques mais j’étais vraiment dans un état psychologique où je n’avais pas l’énergie nécessaire pour aller jusqu’au bout. Je vous l’ai dit, ce sujet m’effrayait. Et j’ai d’autres centres d’intérêt. Déstabiliser un régime à travers un ouvrage dans un contexte géopolitique très particulier, cela ne me paraissait pas une bonne idée. Mon interlocuteur est arrivé au bon moment. Il a su exploiter cela. Puis il m’a piégé. Vous pouvez ne pas le croire, mais c’est lui qui m’a piégé.

Pour vous, cela ne va pas à l’encontre de la déontologie journalistique ?

Ce qui serait allé à l’encontre de la déontologie, cela aurait été, de dire : j’ai ces éléments, et je vais vraiment vous demander de me payer, sinon je les publie et cela sera très douloureux pour vous. Ce qui n’a jamais été le cas.

Cela met-il un terme de votre carrière d’auteur ?

Je ne sais pas. J’ai un livre qui sort dans huit jours chez Flammarion sur les pratiques et dérives du système financier. Je prends là aussi des risques, il y a des informations sensibles. C’est la preuve que je suis encore capable d’en obtenir et d’en publier.

Le livre, finalement, vous allez le sortir ou pas?

Je vais être franc. Je serais maintenant vraiment partisan de le sortir, et j’en aurais très envie. Pour l’instant, nous ne pouvons pas nous rencontrer avec ma co-auteure, je ne sais pas si elle veut continuer cette collaboration, mais j’ai l’intention de le sortir, bien sûr.

DOCUMENT RTL – L’avocat d’Éric Laurent, le journaliste soupçonné d’avoir fait chanter le roi du Maroc, affirme que le monarque était volontairement entré dans des discussions financières avec son client.


La page de l’émission : RTL Week-end

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Chantage contre le roi du Maroc : « Un coup monté », selon l’avocat d’un journaliste Crédit Image : FADEL SENNA / AFP Crédit Média : Nicolas Burnens

par Nicolas Burnens , James Abbott publié le 30/08/2015 à 09:35 mis à jour le 30/08/2015 à 10:22

Une longue bataille juridique commence pour les deux journalistes français, mis en examen samedi 29 août  pour chantage et extorsion de fonds. Ils auraient essayé de faire chanter le roi du Maroc, Mohamed VI. Éric Laurent et Catherine Graciet reconnaissent avoir cherché un accord financier, mais en toute légalité. Leurs avocats s’insurgent contre un coup monté, un traquenard. Maître William Bourdon, l’avocat d’Éric Laurent est particulièrement remonté.

« On est extrêmement loin de ce qui est indispensable pour caractériser, selon le termes du code pénal français, une logique de chantage et d’extorsion de fonds, c’est à dire des pressions, des menaces, de l’intimidation », regrette l’avocat.
On est dans un coup monté (…) nous le démontrerons
William Bourdon, avocat d’Éric Laurent
« Affirmer qu’Éric Laurent aurait initié cette discussion est totalement inexact, poursuit l’avocat. Il y a eu au fil de la discussion, dans un climat très cordial, des échanges concernant un accord un accord financier donc on est très loin de ce que l’on entend. »

L’avocat n’hésite pas à parler d’une « logique de grave désinformation ». « On est dans un coup monté qui a bénéficié de l’apport d’un homme qui était une situation difficile, qui a accepté d’entrer dans ces discussions financières, affirme-t-il. C’est ce qui a permis cette mise en scène, nous le démontrerons. La seule décision qui s’impose pour Éric Laurent est un non lieu. »


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JamesAbbott1234
par


http://www.lepoint.fr/justice/chantage-presume-au-maroc-un-enregistrement-accablant-30-08-2015-1960359_2386.php

Chantage présumé au Maroc : un enregistrement accablant


Les reporters Éric Laurent et Catherine Graciet sont soupçonnés d’avoir fait chanter le roi du Maroc. Ils auraient réclamé trois millions d’euros.


(avec AFP)

Publié le 30/08/2015 à 08:47 – Modifié le 30/08/2015 à 12:56 | Le Point.fr

Les deux journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet sont soupçonnés d'avoir fait chanter le roi du Maroc.
Les deux journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet sont soupçonnés d’avoir fait chanter le roi du Maroc.Copyright (c) 1998 Hewlett-Packard Company©FADEL SENNA

« Je veux trois…, trois millions d’euros », aurait déclaré Éric Laurent, l’un des deux journalistes français soupçonnés d’avoir fait chanter le royaume du Maroc, dans des enregistrements clandestins révélés dimanche par le JDD. « Je veux trois. – Trois quoi, trois mille ? interroge l’avocat. – Non, trois millions. – Trois millions de dirhams ? – Non, trois millions d’euros », aurait déclaré Éric Laurent lors de la première rencontre avec l’avocat du royaume chérifien qui a enregistré l’échange avec son téléphone, dans un palace parisien le 11 août.

Le Maroc porte plainte après la première rencontre, la deuxième se fait sous la surveillance de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), mais c’est toujours l’avocat marocain qui effectue les enregistrements à l’insu des journalistes. On l’entend résumer la situation « vous et madame Graciet [êtes] disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage et, de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », raconte le JDD. À la demande de l’avocat, le journaliste assure que sa coauteur Catherine Graciet sait pour « les trois millions ».

Ils réclament une avance


L’hebdomadaire évoque la troisième rencontre et la méfiance de la journaliste, présente pour la première fois, qui fait changer le lieu de rendez-vous et demande à l’avocat de ranger son téléphone, alors posé sur la table. Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le roi du Maroc, en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros », et réclament une avance.

L’avocat leur aurait remis une enveloppe de 40 000 euros chacun et la journaliste rédige alors un protocole manuscrit. À leur sortie du palace où a lieu la réunion, les deux journalistes sont interpellés. Ils ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi pour chantage et extorsion de fonds et laissés libres sous contrôle judiciaire. « C’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages », a affirmé de son côté le conseil de Catherine Graciet. « Un traquenard », résume William Bourdon, qui dénonce une « opération politique » de Rabat contre deux journalistes critiques, « dont l’enquête est de nature à révéler de lourds secrets ».

« Contournement de procédure »


L’enregistrement de ces entretiens constitue un « contournement de procédure », s’est insurgé dimanche l’avocat de Catherine Graciet, pour qui il revenait aux enquêteurs de s’en charger. « C’est un contournement de procédure. Quand on demande à un avocat de faire des écoutes sauvages à la place de la police, il y a un problème », a affirmé Me Éric Moutet . « Je ne peux que dénoncer cette pratique de recollement des preuves se faisant de manière aussi déloyale, voire totalement illégale », affirme-t-il dans un communiqué. L’avocat se « réserve donc la possibilité de déposer toute requête en nullité de la procédure relative à ces écoutes sauvages ».

Pour Laurent Fabius, cette affaire « est un mauvais film. Cela ne secoue pas du tout les relations entre nos deux pays (…), c’est une affaire de droit commun. » « La coopération marche très bien, on a eu l’an dernier une difficulté, mais les choses sont rentrées dans l’ordre », a précisé le ministre des Affaires étrangères. Cette affaire survient alors que le président français François Hollande doit effectuer une visite officielle au Maroc à la mi-septembre afin de sceller la réconciliation entre les deux pays après une brouille diplomatico-judiciaire qui a duré près d’un an. Le réchauffement bilatéral s’est traduit par la signature il y a quelques mois d’une nouvelle convention d’entraide judiciaire, qui a suscité l’inquiétude des organisations de défense des droits de l’homme.


http://www.liberation.fr/monde/2015/08/28/un-roi-un-livre-et-des-ennuis_1371465

Un roi, un livre et des ennuis


Emmanuel FANSTEN , Luc MATHIEU et Anna RAVIX Correspondante à Rabat 28 août 2015 à 19:46
Une affiche représentant Mohammed VI, à Agadir, le 10 décembre 2013. 
Une affiche représentant Mohammed VI, à Agadir, le 10 décembre 2013.  (Photo Amr Abdallah Dalsh. Reuters)

DÉCRYPTAGE

Maroc. Deux journalistes français ont été placés en garde à vue à Paris, accusés d’avoir voulu extorquer 3 millions d’euros à Mohammed VI.


Tentative d’extorsion ou coup monté ? La question agite le landerneau politico-médiatique depuis que deux journalistes français sont accusés d’avoir fait chanter le roi du Maroc. Auteurs de plusieurs livres, Eric Laurent et Catherine Graciet auraient demandé à l’entourage de Mohammed VI trois millions d’euros contre le retrait d’un ouvrage compromettant pour le régime. Interpellés jeudi, ils étaient toujours en garde à vue au siège de la PJ parisienne vendredi.

 

Que s’est-il passé ?


Le 23 juillet, Eric Laurent contacte le cabinet royal marocain pour solliciter un entretien avec un représentant du Palais. Le journaliste, qui dit préparer un livre, explique avoir «des choses importantes à demander». Jusqu’ici, rien d’incroyable : les éditions du Seuil confirment l’existence de cet ouvrage consacré à «M6», dont la sortie était prévue début 2016.

Le 11 août, une première rencontre est organisée à Paris avec un avocat marocain proche du régime. C’est là qu’Eric Laurent aurait proposé à son interlocuteur de ne pas publier le livre en échange de trois millions d’euros. La réaction marocaine ne se fait pas attendre : dix jours plus tard, une plainte est déposée pour le compte du roi au parquet de Paris, qui ouvre aussitôt une enquête préliminaire et confie les investigations à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Les policiers vont alors organiser un nouveau rendez-vous afin de piéger le suspect. Sans se douter que la rencontre est enregistrée, le journaliste réitère son offre auprès de l’émissaire marocain. Une preuve suffisante pour le parquet, qui ouvre dans la foulée une information judiciaire pour tentative d’extorsion de fonds et tentative de chantage, confiée à trois juges d’instruction parisiens.

A ce stade de l’enquête, plusieurs éléments accablent Eric Laurent mais rien ne permet de mouiller sa coauteure, Catherine Graciet. Les policiers veulent en avoir le cœur net. Quelques jours plus tard, un ultime rendez-vous est fixé dans un hôtel parisien en compagnie des deux journalistes.

Ce jour-là, selon une source proche du dossier, il y a bien une «remise et acceptation d’une somme d’argent». Le tandem aurait accepté de se partager deux millions d’euros avec une avance reçue de 80 000 euros. «Les deux journalistes ont en outre signé un contrat dans lequel ils s’engagent à ne pas publier leur livre», précise Me Eric Dupond-Moretti, avocat du Maroc, qui dénonce un «racket digne de voyous».

Aussitôt interpellés à leur sortie de l’hôtel, les deux journalistes ont été placés en garde à vue dans les locaux de la BRDP. Sur leurs motivations, Me Dupond-Moretti reste des plus énigmatiques : «D’après les éléments dont nous disposons, nous pouvons penser que les deux auteurs ont été instrumentalisés par un groupe, un mouvement terroriste, pour déstabiliser le régime», explique-t-il, évoquant des «implications géopolitiques immenses». «On est dans l’ordre du fantasme le plus absolu», a réagi de son côté Me Eric Moutet, avocat de Catherine Graciet, expliquant que sa cliente avait le «sentiment d’un vrai coup monté».

Qui sont les journalistes suspectés ?


Titulaire d’une maîtrise de droit, Eric Laurent, 68 ans, est un auteur prolifique. Depuis 1984, il a publié une vingtaine d’ouvrages, sans compter des thrillers signés Philip Kramer. Ses livres sont le plus souvent présentés comme des enquêtes révélant les «secrets» et «mensonges» qui sous-tendent une actualité, en général géopolitique. Dans cette veine, il a écrit Guerre du Golfe, le dossier secret (Orban, 1991) avec Pierre Salinger, Le grand mensonge, le dossier noir de la vache folle (Plon, 2001) ou Guerre au Kosovo, le dossier secret (Plon, 1999). Celui qui fut directeur de collection chez Plon se fera surtout connaître après les attentats du 11 septembre 2001, grâce à deux livres consacrés à la famille Bush, et à un troisième, centré sur les attaques elles-mêmes : la Face cachée du 11-Septembre (Plon, 2004). Un titre largement repris par les complotistes qui refusent la thèse d’un attentat planifié et exécuté par Al Qaeda.

Eric Laurent ne va pas aussi loin. Mais lors de passages à la télé, il laisse planer le doute, affirmant par exemple que des agents israéliens auraient applaudi alors qu’ils assistaient à New York à l’effondrement des tours, sans affirmer pour autant que le Mossad savait que des attaques auraient lieu. «Il n’est pas dans un délire à la Thierry Meyssan. Il est plus habile, il reste à la lisière du complotisme. Mais au final, il ne fait rien d’autre que malaxer des informations connues avec des clichés et des lieux communs pour tenter de démontrer ses thèses», explique un ancien membre des services de renseignements, spécialiste du jihadisme.

Chroniqueur sur France Culture, Eric Laurent pratique aussi à l’occasion les hagiographies de puissants. Il a ainsi publié en 1999 les Chemins de ma vie (Plon), un recueil d’entretiens avec celui qui était alors président de Côte-d’Ivoire, Henry Konan Bédié. Il a aussi publié deux titres consacrés à Hassan II lorsqu’il était roi du Maroc : la Mémoire d’un roi (Plon, 1993) et le Génie de la modération. Réflexions sur les vérités de l’islam (Plon, 2000).

D’après un bon connaisseur des arcanes du pouvoir marocain, Eric Laurent aurait tenté de convaincre Mohammed VI, fils et successeur d’Hassan II, de se livrer au même exercice. Mais le monarque aurait fait traîner avant de refuser. En 2012, Eric Laurent publie finalement avec Catherine Graciet le Roi prédateur. Main basse sur le Maroc (Le Seuil). Mohammed VI y est dépeint en prédateur économique, aspirant la fortune du royaume au profit d’une petite oligarchie. Jugé par le ministère marocain de la Communication «diffamatoire et sans preuves», l’ouvrage a été interdit au Maroc.

Journaliste moins controversée, Catherine Graciet a travaillé entre 2004 et 2007 pour le Journal hebdomadaire, une revue marocaine indépendante critique à l’égard du pouvoir, avant d’intégrer l’équipe de Bakchich, un site d’enquête français. Elle a publié en parallèle deux livres sur le Maghreb avec Nicolas Beau, un ancien du Canard enchaîné. En 2013, elle sort, sous son seul nom, Sarkozy-Kadhafi. Histoire secrète d’une trahison (Le Seuil). L’ouvrage accrédite la thèse d’un financement de Sarkozy par l’ancien régime libyen, sans toutefois apporter de preuve.

Comment cette affaire est-elle perçue au Maroc ?


A Rabat, les autorités du royaume n’ont pas réagi officiellement à l’arrestation des deux journalistes français, laissant le soin à Eric Dupond- Moretti de commenter l’affaire. Plusieurs médias marocains ont en revanche relayé l’information. Au quotidien généraliste la Vie éco, c’est l’indignation : «Eric Laurent se présentait comme écrivain et grand reporter. On lui découvre aujourd’hui un autre titre : grand maître chanteur», écrit le journal avant de conclure, mystérieux : «Il existe des mercenaires de la plume auxquels font probablement appel les milieux français hostiles à ce Maroc qui les dérange par ses positions toujours transparentes et légalistes. Maintenant que ces milieux sont démasqués, on comprend mieux comment s’organisent épisodiquement ces campagnes médiatiques acharnées contre le Maroc, ses institutions et son roi.» Ambiance.

L’histoire des enquêtes journalistiques françaises sur le royaume marocain est mouvementée, depuis qu’en 1990, l’écrivain Gilles Perrault a publié chez Gallimard Notre ami le roi, qui documente la répression et l’autoritarisme du régime d’Hassan II. Le livre est encore aujourd’hui interdit au Maroc. Gilles Perrault se souvient que le royaume avait monté en France une opération secrète pour empêcher sa parution : «Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Basri, est allé voir Pierre Joxe [son homologue français à l’époque, ndlr] et lui a dit : « Nous sommes informés qu’un livre doit paraître chez Gallimard, de Gilles Perrault, il va beaucoup nuire aux relations franco-marocaines. Il ne faut pas qu’il paraisse, nous sommes prêts bien entendu à dédommager les éditeurs et l’auteur »», raconte l’écrivain.

Plus récemment, en septembre 2014, l’éditeur parisien Nouveau Monde publie le livre-enquête d’un journaliste marocain, Mohammed VI, derrière les masques, qui décrit la monarchie et les élites gravitant autour comme les acteurs d’un régime autoritaire. L’ouvrage est interdit à la vente au Maroc. Son auteur, Omar Brouksy, ancien correspondant de l’AFP, a connu Catherine Graciet, avec qui il travaillait au Journal hebdomadaire. «Ça ne lui ressemble pas, s’étonne-t-il. C’est une journaliste sérieuse et rigoureuse, pas une débutante. Si les faits qui lui sont reprochés sont avérés, ça serait très décevant, et déplorable pour la profession.» 

Emmanuel FANSTEN, Luc MATHIEU et Anna RAVIX Correspondante à Rabat 

dimanche 30 août 2015

Des visites de Montigny-le-Bretonneux pour Petitcoucou

http://petitcoucou.unblog.fr/2015/08/30/des-visites-de-montigny-le-bretonneux-pour-petitcoucou/


Curieusement, j’en ai plusieurs.

Dernière capture de l’une de ces visites, ce soir :


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J’ai aussi celle-ci, qui est venue presque quotidiennement avec Firefox jusqu’au 27 août 2015 à 17h25, puis s’est bizarrement abstenue de toute consultation durant plus de 48 heures, jusqu’au 30 août 2015 à 0h07, et a alors dévoré tous mes articles de ces derniers jours :


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Salut, les criminels !

samedi 29 août 2015

Le journaliste Eric Laurent aurait cherché un "accord financier" avec le Maroc

Je ris toujours autant…

Je livrerais bien mon témoignage, mais bon… moi aussi j’ai quelques frais, voyez-vous… les frais d’avocat que Momo me laisse supporter seule contre ses terroristes Josette Brenterch, Pascal Edouard Cyprien Luraghi, Jean-Marc Donnadieu et autres, par exemple… alors, je me tâte…


http://www.lepoint.fr/justice/maroc-le-journaliste-eric-laurent-concede-un-accord-financier-29-08-2015-1960301_2386.php

Maroc : le journaliste Éric Laurent concède un « accord financier »


Le journaliste réfute tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant au contraire un « traquenard » et une « manipulation » de la part de Rabat.


Source AFP

Publié le 29/08/2015 à 18:34 – Modifié le 29/08/2015 à 18:44 | Le Point.fr

Le journaliste Éric Laurent a concédé avoir cherché un « accord financier » avec le Maroc autour de son livre, mais a réfuté tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant au contraire un « traquenard » et une « manipulation » de Rabat.
Le journaliste Éric Laurent a concédé avoir cherché un « accord financier » avec le Maroc autour de son livre, mais a réfuté tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant au contraire un « traquenard » et une « manipulation » de Rabat.AFP©FADEL SENNA

Le journaliste Éric Laurent a concédé avoir cherché un « accord financier » avec le Maroc autour de son livre, mais a réfuté tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant au contraire un « traquenard » et une « manipulation » de Rabat, selon une déclaration samedi à l’AFP. « Éric Laurent reconnaît et assume, pour des raisons qui tiennent à un contexte personnel difficile, avoir consenti à rechercher un accord financier dans des conditions totalement étrangères à un chantage ou une extorsion de fonds », a déclaré son avocat, Me William Bourdon. « Rien dans le dossier n’établit [...] que l’un ou l’autre des journalistes aurait initié une discussion de nature financière et pas plus n’aurait exigé un paiement en contrepartie de la renonciation à publier le livre », a ajouté le défenseur d’Éric Laurent.
 

« Une opération de désinformation ahurissante »


Ce dernier a été mis en examen, dans la nuit de vendredi à samedi, comme sa consoeur Catherine Graciet, pour chantage et extorsion de fonds. Tous deux sont soupçonnés d’avoir exigé trois, puis deux millions d’euros du Maroc en échange de l’abandon de leur projet de livre et d’informations compromettantes sur la royauté. William Bourdon dénonce « l’opération de désinformation ahurissante menée depuis 48 heures par l’avocat de Rabat », une « tentative de manipulation de l’opinion publique [qui] n’est que le prolongement d’une première manipulation, soit le traquenard ourdi par Me Naciri, émissaire du roi, pour piéger les journalistes ».

« Ce dossier apparaît aujourd’hui comme une opération politique de Rabat pour mettre en scène de façon opportuniste sa victimisation dans des conditions de complaisance qui ne laissent pas à poser question », a ajouté l’avocat, pour qui « le zèle des agents français apparaît hors hors norme, illustré par la désignation de trois juges d’instruction, d’évidence hors de proportion avec les faits ». « On a voulu aussi diaboliser, discréditer les seuls journalistes qui aujourd’hui dénoncent les dérives de la monarchie chérifienne et dont l’enquête est de nature à révéler de lourds secrets », poursuit-il. « Un non-lieu sera demandé en temps et en heure et rapidement des actes de nature à établir les conditions dans lesquelles a été conçu, élaboré, et avec quels appuis ce coup monté », a conclu l’avocat.


http://www.lexpress.fr/actualite/societe/qui-sont-les-deux-francais-accuses-de-faire-chanter-le-roi-du-maroc_1710441.html

Qui sont les deux Français accusés de faire chanter le roi du Maroc?


Par LEXPRESS.fr , publié le 28/08/2015 à 16:09 , mis à jour le 29/08/2015 à 07:12

Les deux journalistes français Eric Laurent (à gauche) et Catherine Graciet (à droite) sont tous les deux accusés d'avoir fait chanter le roi du Maroc (captures d'écran Youtube).
Les deux journalistes français Eric Laurent (à gauche) et Catherine Graciet (à droite) sont tous les deux accusés d’avoir fait chanter le roi du Maroc (captures d’écran Youtube). Youtube / TV5Monde & Journalisme UCP

Les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet sont accusés d’avoir fait chanter Mohammed VI en proposant de ne pas publier leur livre contre de l’argent. Ils ont été présentés à un juge d’instruction vendredi soir pour une éventuelle mise en examen.


La nature des suspects comme celle de la victime présumée surprend: d’un côté, deux journalistes français, de l’autre, le souverain d’un pays en personne. Cet étrange attelage est pourtant celui du scandale présumé de chantage révélé jeudi par RTL. Eric Laurent et Catherine Graciet sont soupçonnés d’avoir demandé à Mohammed VI trois millions d’euros en échange de la non-publication d’un livre à charge. Ils sont arrivés vendredi soir au palais de justice de Paris pour être présentés au juge d’instruction, en vue de leur éventuelle mise en examen. L’avocat de Catherine Graciet affirme que les journalistes ont été « piégés » par des « enregistrements sauvages ».

>> Lire aussi: Les derniers éléments de l’enquête sur l’affaire du chantage

 

Eric Laurent


A 68 ans, Eric Laurent a longtemps été grand reporter à France Culture où il s’occupait des questions de géopolitique. Selon la biographie publiée sur son blog, il a couvert un certain nombre de conflits à l’étranger parmi lesquels la guerre israélo-arabe de 1973 ou l’occupation soviétique de l’Afghanistan en 1979. Tout au long de sa carrière, il a publié plusieurs ouvrages d’enquête, sur le 11 septembre ou le pétrole par exemple.

L’écrivain a surtout beaucoup écrit sur le Maroc: un entretien avec le roi Hassan II, père de l’actuel souverain, en 1993 et un livre déjà à charge contre Mohammed VI, Le Roi prédateur, en 2012. Ecrit avec la même Catherine Graciet mise en cause aujourd’hui, le brûlot dénonce l’enrichissement du roi au détriment de son peuple. « Mohammed VI, lui, n’a aucun intérêt pour la chose publique et pas la moindre fibre politique. Seules comptent les affaires », critiquait Eric Laurent dans les colonnes de L’Express.

Ce livre lui a valu l’inimitié des autorités marocaines, qui ont interdit la diffusion du journal espagnol El Pais qui en a publié les bonnes feuilles. Dans une critique, Le Monde résumait l’oeuvre ainsi: « Certes, le réquisitoire de ce livre est brut, les témoignages souvent anonymes, et les faits parfois approximatifs faute d’accès direct aux sources. Mais l’ampleur de la prédation économique ainsi décrite [...] ne peut que choquer ».

Eric Laurent est également le père de Samuel Laurent, « consultant international » autoproclamé. Ce dernier, qui a écrit plusieurs ouvrages sur le djihad et le terrorisme, a été vertement critiqué par Libération, qui lui reproche ses approximations et ses analyses erronées.

Catherine Graciet


La journaliste est décrite comme une spécialiste du Maghreb. Selon le Huffington Post, elle travaille en tant qu’indépendante mais a notamment collaboré au Journal Hebdomadaire du Maroc. Outre le livre écrit avec Eric Laurent sur le Royaume, elle s’est intéressée à la Libye et à la Tunisie. Elle a notamment écrit sur le clan des Ben Ali, qu’elle accusait de « dérive mafieuse » auprès de 20 Minutes.

Son co-auteur, Nicolas Beau, s’est d’ailleurs étonné auprès de l’AFP des accusations portées à son encontre. « Je suis sous le choc [...] Je savais que Catherine avait ce projet. Si les faits sont avérés c’est très surprenant de la part de Catherine. Elle n’a pas le profil pour ce type de délit. »


http://tempsreel.nouvelobs.com/medias/20150828.OBS4896/eric-laurent-idole-des-complotistes-et-maitre-chanteur-presume-du-roi-du-maroc.html

Éric Laurent, idole des complotistes et maître-chanteur présumé du roi du Maroc

L' Obs
Publié le 28-08-2015 à 19h57

Selon l’avocat de la monarchie marocaine, le journaliste et écrivain menaçait Mohammed VI de publier un livre compromettant s’il ne recevait pas 3 millions d’euros.


Eric Laurent à Paris, en octobre 2007. (POUZET/SIPA) 
Eric Laurent à Paris, en octobre 2007. (POUZET/SIPA)

« Racket digne de voyous », « d’une audace folle » : l’avocat français du Maroc, Eric Dupont-Moretti, n’avait pas de mots assez durs dans les médias quelques heures après l’arrestation d’Eric Laurent et Catherine Graciet. Accusés d’avoir réclamé 3 millions d’euros à la monarchie marocaine en échange de la non-publication d’une enquête à charge, le duo de journalistes est tombé dans les bras de la police à la sortie d’un hôtel parisien jeudi 27 août, après avoir chacun accepté une enveloppe de 40.000 euros. Ils sont toujours en garde à vue ce vendredi.
 
« Tout cela sent le coup monté », a réagi de son côté l’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, joint par « Le Monde ». On attend encore la version des suspects.

Un long passif avec le Maroc


Eric Laurent, 68 ans, est loin d’être un inconnu au Maroc. Sous l’étiquette du « Figaro », il était venu dès 1993 interviewer le roi Hassan II, publiant un livre d’entretiens intitulé « Mémoire d’un roi », « le seul ouvrage du genre sur l’ancien souverain », rappelle « Jeune Afrique », « réalisé en bonne entente avec le palais ». Il reste aujourd’hui l’un des rares grands reporters à avoir pu approcher d’aussi près la cour royale marocaine.

Le journaliste Eric Laurent aurait cherché un

En 2012, les deux journalistes sortent un livre sur son successeur Mohammed VI, au ton bien différent : « Le Roi prédateur » (Le Seuil) est une attaque en règle du système « M6″, son obsession pour le « business », sa vision clientéliste de l’économie, sa cupidité. En plein « printemps arabe », l’ouvrage, partagé « sous le manteau » des réseaux sociaux, fait l’effet d’une bombe, et est censuré – de même qu’est interdit le quotidien « El Pais » qui en publiait les « bonnes feuilles ».

Ce vendredi, la presse marocaine se réjouissait presque unanimement de l’arrestation des deux journalistes. Pour Samir Chaouki, directeur de publication des « Eco », cité par « Aujourd’hui Le Maroc », l’affaire « met à nu certains plumitifs occidentaux qui essaient de s’enrichir indûment sur le dos de certains pays comme le Maroc qu’ils croient être une république bananière ».

Idole des complotistes…


Tout au long de ses différentes vies, Eric Laurent a toujours été fasciné par les « trous noirs » de la géopolitique. Ce diplômé de Berkeley en Californie (droit et sciences de la communication), selon sa biographie personnelle, a constamment malmené la « version officielle » des événements : il couvrira pour Radio France la guerre du Kippour en 1973, la guerre d’Afghanistan en 1979 et celle du Liban en 1982, et connaît ses premiers grands succès avec des ouvrages sur la Guerre du Golfe et le Kosovo.

J’ai découvert à l’occasion du premier choc pétrolier de 1973 que le monde n’aime pas affronter la réalité », écrit-il dans « La face cachée du pétrole », en 2006.

Il confesse sa fascination pour les faces sombres de l’humanité, qu’il révèle dans ses enquêtes : « L’univers du pétrole est exactement de la même couleur que le liquide tant convoité : noir, exacerbant les penchants les plus sombres de la nature humaine. Il suscite les convoitises, attise les passions, provoque trahisons et affrontements meurtriers, conduit aux manipulations les plus éhontées. » (ibid.)

Deux ans auparavant, avec « La face cachée du 11 septembre« , Eric Laurent avait accédé à une célébrité nationale en devenant le porte-étendard des théoriciens du complot : les opérations suicides contre le World Trade Center et le Pentagone auraient-elles été planifiées aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite, avec la complicité de la famille royale ? Qu’est-il arrivé aux homonymes saoudiens des kamikazes qui s’entraînaient sur des bases américaines ? Pourquoi trois princes saoudiens sont-ils morts accidentellement à quelques jours d’intervalle en 2002 ?

Bien aidé par Thierry Ardisson, qui l’invitera à quatre reprises dans son émission « Tout le monde en parle », Eric Laurent signe un des best-sellers de l’année 2004 en France… Et un livre de chevet de la « conspirosphère » qui est alors en pleine éclosion sur Internet.

… et auteur de thrillers


Quand les complots réels ne lui suffisent plus, il lui arrive aussi d’en imaginer. En 2013, il publie un livre étrange entre fiction et réalité, « La Conspiration Wao Yen », thriller décrivant un pacte entre la Chine et le Moyen-Orient censé provoquer l’effondrement de l’Occident sur fond d’impérialisme énergétique.

Sous le pseudonyme de Philip Kramer, Eric Laurent s’est adonné pendant de nombreuses années à son autre violon d’Ingres, l’écriture de romans d’espionnage apocalyptiques dans lesquels son héros fétiche, Seth Colton, déjoue les plus terrifiantes machinations, avec explosions de sous-marins nucléaires, sectes insondables et Armaggedons en pagaille.

Voici la façon dont « Le Fleuve des abysses », paru en 2003, était relaté dans « Le Nouvel Observateur » :

14307546 dans Crime

« La canicule meurtrière du mois d’août, à qui la faute ? A des écologistes fous qui traficotent le fond des océans pour détériorer le climat et débarrasser la terre de son surplus de population. Heureusement que veille Seth Colton, le preux chevalier en lutte contre les terrorismes. Est-ce raisonnable pour Eric Laurent, journaliste et enquêteur politique fort respecté, de faire ainsi joujou, sans trop y croire, avec de telles james-bonderies ? Du moins il nous instruit et nous amuse. C’est déjà très bien. » (Le Nouvel Observateur, 23 octobre 2013)

Ce goût pour le catastrophisme s’était aussi révélé dans une vaste enquête journalistique sur le syndrome de Kreutzfeld-Jacob (« Le Grand mensonge : le dossier noir de la vache folle »), où il reprend notamment les sombres projections de  »250.000 morts au cours des prochaines années ».

Le flou entre les différents genres – récit, enquête, essai, document – se retrouve de façon encore plus controversée chez son fils, le « consultant international » Samuel Laurent, spécialiste des réseaux djihadistes, dont le travail avait été brocardé dans les grandes largeurs par un article de « Libération » en décembre dernier. Détail accablant : l’éditeur admettait que le fait d’avoir publié son père deux ans plus tôt  »avait joué » dans la publication du brûlot  »Al-Qaida en France ».

Que contient le livre à paraître ?


Catherine Graciet, également placée en garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, est moins connue sur la scène de l’investigation. Désormais « freelance », cette pure spécialiste du Maghreb a travaillé au Maroc de 2004 à 2007 pour un titre indépendant, « Le Journal hebdomadaire », et a publié quatre ouvrages depuis 2006.

14307532 dans Folie

Critique du régime marocain comme de la présidence Ben Ali (« La Régente de Carthage – Main basse sur la Tunisie », 2009), elle est également l’auteur du livre « Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une liaison » (2013), dans lequel un ancien responsable politique libyen donne du crédit aux accusations de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par le régime Kadhafi. Les Editions du Seuil ont par ailleurs confirmé qu’elle préparait avec Eric Laurent un nouveau livre sur Mohammed VI, « pour une sortie en janvier-février ».

« Je suis sous le choc. [...] Je savais que Catherine avait ce projet (de livre). Si les faits sont avérés, c’est très surprenant de la part de Catherine. Elle n’a pas le profil pour ce type de délit », a réagi auprès de l’AFP le journaliste Nicolas Beau, ancien du « Canard enchaîné » qui a cosigné deux livres avec elle. « A l’époque » du livre « La régente de Carthage », confie-t-il à « Arrêt sur images », « on avait reçu une proposition pour ne pas le publier. On en avait rigolé. »

Restent deux questions. Primo, comment expliquer une telle naïveté de deux journalistes si au fait des rouages de la monarchie marocaine ? Secundo, le livre à paraître sera-t-il publié un jour, et que contient-il ? D’après Eric Dupont-Moretti, « il n’y a rien à dire » sur l’ouvrage. Il ne comporterait aucune révélation fracassante. Connaissant ses deux auteurs, ce serait bien la première fois.

T.V.