Selon les extraits de leurs discussions avec l’émissaire du roi publiés ce dimanche dans le Journal du Dimanche, ils ont dû lui en montrer avant de signer une transaction jeudi, 27 août.
Donnant sa version des faits dans une interview publiée dans la soirée par Le Monde, Eric Laurent dit avoir maintenant envie d’écrire ce livre et de le sortir.
Reste qu’il reconnaît s’être réellement engagé à ne jamais partager ses informations avec qui que ce soit en l’échange d’un million d’euros et sa consoeur de même, ce qui est une vraie trahison de leurs sources et tout à fait crapuleux à l’égard de celles-ci.
http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/08/30/des-enregistrements-semblent-confirmer-le-chantage-de-deux-journalistes-envers-le-roi-du-maroc_4740488_1653578.html
Des enregistrements semblent confirmer le chantage de deux journalistes envers le roi du Maroc
Le Monde.fr avec AFP | 30.08.2015 à 08h28
Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le royaume du Maroc. Et des enregistrements clandestins de conversations entre le journaliste Eric Laurent – mis en examen samedi avec sa collègue Catherine Graciet –, et un avocat du royaume chérifien, publiés dimanche 30 août par le Journal du dimanche, semblent aller dans ce sens. Le journaliste français y réclamerait trois millions d’euros en échange de la non-publication d’un ouvrage à charge contre le roi du Maroc.
« Je veux trois. – Trois quoi, Trois mille ?, interroge l’avocat. – Non, trois millions. – Trois millions de dirhams ? – Non, trois millions d’euros », aurait déclaré Eric Laurent lors de la première rencontre avec l’avocat, qui a enregistré l’échange avec son téléphone, dans un palace parisien le 11 août.
Lire aussi : Le Maroc entre stupeur et réjouissance devant « l’affaire des journalistes français »
Après la première rencontre, le Maroc porte plainte, et la deuxième se fait sous la surveillance de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), mais c’est toujours l’avocat marocain qui effectue les enregistrements à l’insu des journalistes.
Une lettre engageant à « renoncer à la publication » signée
Il y résume la situation : « vous et madame Graciet, [êtes] disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », rapporte le JDD. A la demande de l’avocat, le journaliste assure que sa co-auteure Catherine Graciet sait pour « les trois millions ».
L’hebdomadaire évoque la troisième rencontre et la méfiance de la journaliste, présente pour la première fois, qui fait changer le lieu de rendez-vous et demande à l’avocat de ranger son téléphone, alors posé sur la table.
Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le roi du Maroc, en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros », et réclament une avance. L’avocat leur aurait remis une enveloppe de 40 000 euros chacun et la journaliste rédige alors un protocole manuscrit. A leur sortie du palace où a lieu la réunion les deux journalistes sont interpellés. Il ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi pour chantage et extorsion de fonds et laissés libres sous contrôle judiciaire.
Les journalistes « piégés » selon leur avocat
Selon une source proche du dossier, Eric Laurent a reconnu durant sa garde à vue, entamée jeudi soir, avoir formulé une offre de 3, puis 2 millions d’euros au Maroc pour le renoncement de la publication de leur livre.
L’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a confirmé vendredi soir l’existence d’un « deal financier », dans un « contexte très troublant ». « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet, et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place », a-t-il déclaré à l’AFP. Pour lui, « c’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages ». « Il y a dans cette affaire une logique de stratagème qui s’est mise en place », a-t-il jugé et « l’instruction devra déterminer le rôle de chacun ».
L’avocat d’Eric Laurent, William Bourdon, qui a également reconnu auprès de l’AFP l’existence d’un « accord financier », a réfuté tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant un « traquenard » et une « manipulation » des autorités marocaines.
http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Chantage-contre-le-roi-du-Maroc-le-JDD-revele-des-enregistrements-748547
Chantage contre le roi du Maroc : le JDD révèle des enregistrements
ENQUETE – Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes mis en examen samedi de « chantage et d’extorsion de fonds ». Le roi du Maroc est partie civile. Extraits.
A paraitre dans leJDD
Le roi du Maroc aurait été victime de chantage par deux journalistes français. (Reuters)
Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en flagrant délit pour chantage sur le roi du Maroc.
Dans leurs poches, une enveloppe, de 40.000 euros… « en petites
coupures de 100 euros », à leur demande. Dans leur poche encore, une
lettre manuscrite à l’encre pas encore sèche scellant un « accord » pour
« ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc », en « contrepartie du
versement de la somme de deux millions d’euros ». Le JDD a eu
accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances
avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine
Graciet (elle n’était là qu’au dernier rendez-vous) ont scellé ce
« pacte » qui leur vaut aujourd’hui d’être mis en examen pour « chantage et extorsion de fonds » et placés sous contrôle judiciaire. Récit d’une folle entreprise.
Éric Laurent et Catherine Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretien, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes co-signent au Seuil Le roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.
Le 23 juillet dernier, Eric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur de cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Eric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Montceau. L’avocat a, dans sa poche, un Iphone en mode enregistrement. Eric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consoeur, « qui est mordante »… La bande est entre les mains de la police qui a dû en booster le son… « Vous voulez quoi? » demande l’avocat.
- Je veux 3.
- Trois quoi, Trois mille? interroge l’avocat.
- Non, 3 millions.
- Trois millions de dirhams?
- Non, 3 millions d’euros ».
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Laurent Valdiguié – Le Journal du Dimanche« Je veux 3″
Éric Laurent et Catherine Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretien, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes co-signent au Seuil Le roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.
Le 23 juillet dernier, Eric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur de cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Eric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Montceau. L’avocat a, dans sa poche, un Iphone en mode enregistrement. Eric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consoeur, « qui est mordante »… La bande est entre les mains de la police qui a dû en booster le son… « Vous voulez quoi? » demande l’avocat.
- Je veux 3.
- Trois quoi, Trois mille? interroge l’avocat.
- Non, 3 millions.
- Trois millions de dirhams?
- Non, 3 millions d’euros ».
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samedi 29 août 2015
http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Maroc-un-biscuit-a-deux-millions-pour-les-journalistes-soupconnes-de-faire-chanter-Mohamed-VI-748581
Chantage contre le roi du Maroc : un « biscuit » à deux millions pour les journalistes
Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes mis en examen hier pour « chantage et extorsion de fonds ». Le roi du Maroc est partie civile. Les avocats d’Éric Laurent et de Catherine Graciet crient au « traquenard ».
Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en
flagrant délit. Dans leurs poches, une enveloppe de 40 000 euros… « en
petites coupures de 100 euros », à leur demande. Dans leur poche encore,
une lettre manuscrite à l’encre pas encore sèche scellant un « accord »
pour « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc », en « contrepartie
du versement de la somme de deux millions d’euros ». Le JDD a eu
accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances
avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine
Graciet (elle n’était là qu’au dernier rendez-vous) ont scellé ce
« pacte » qui leur vaut aujourd’hui d’être mis en examen pour « chantage et extorsion de fonds » et placés sous contrôle judiciaire. Récit d’une folle entreprise.
Éric Laurent et Catherine Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretiens, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, Le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes cosignent au Seuil Le Roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On n’est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.
Le 23 juillet, Éric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur du cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Éric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Monceau. L’avocat a dans sa poche un iPhone en mode enregistrement. Éric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consœur, « qui est mordante »… La bande est entre les mains de la police, qui a dû en booster le son…
« Vous voulez quoi? » demande l’avocat.
– Je veux trois.
– Trois quoi, Trois mille?, interroge l’avocat.
– Non, trois millions.
– Trois millions de dirhams?
– Non, trois millions d’euros. »
L’enregistrement décrypté, l’avocat marocain rentre à Rabat. « Cela paraissait énorme comme demande, et au départ, nous avons même envisagé un piège tendu… Il a donc été décidé au plus haut niveau de déposer plainte à Paris », confie un avocat français du dossier. « Cela semblait d’entrée hallucinant, avec tous les ingrédients du chantage et de l’extorsion de fonds », tonne Me Éric Dupond-Moretti, un des défenseurs du Maroc.
Le 20 août, la plainte est sur le bureau du procureur de Paris, François Molins, qui découvre « une affaire d’État », avec un dossier de « chantage, extorsion de fonds, et association de malfaiteurs ». Le procureur saisit sur-le-champ la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Il y a urgence. Le lendemain, l’avocat marocain a un deuxième rendez-vous avec Éric Laurent au bar du Royal Monceau.
Cette fois-ci, les policiers sont en planque autour de la table, et disposent même d’images prises par les caméras de surveillance de l’hôtel. « Le parquet a préféré, puisqu’il s’agissait d’écouter un journaliste, que ce soit l’avocat qui enregistre, et pas la police », indique une source judiciaire. L’avocat, cette fois-ci, place son iPhone sur la table. Du coup, la conversation est « nette »… Après les préliminaires sur la météo, les liaisons aériennes avec le Maroc, et la Normandie où Éric Laurent a une maison, l’avocat récapitule leur précédente conversation, telle qu’il en a rendu compte, dit-il, à Rabat : « Vous avez des informations très importantes, très sensibles, et qui peuvent avoir un impact important sur le Maroc et sont de nature à déstabiliser le régime de Sa Majesté […] et [dit] que vous étiez, vous et madame Graciet, disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », résume l’avocat. Réponse d’Éric Laurent sur la bande : « Définitivement, exactement. » Le marché est clair. « Personne ne veut, ne souhaite qu’un deuxième livre paraisse », embraye l’avocat. Il réclame ensuite des « garanties » de « Mme Graciet ». « Vous pouvez les avoir », lui répond son interlocuteur. L’avocat sollicite alors « un biscuit », c’est-à-dire des éléments un peu concrets sur la nature des « infos » gênantes que pourraient avoir les journalistes. La conversation s’éternise sur des sujets plus ou moins sensibles liés au Maroc, les relations de François Hollande avec le régime, l’affaire HSBC… Rien de très « explosif ». Les deux hommes tournent autour du pot. L’objectif de l’avocat, ce jour-là, est de cerner l’implication de la coauteure d’Éric Laurent. Il insiste : « Elle sait qu’on se voit? », « Elle est au courant des détails », assure le journaliste, qui confirme aussi qu’elle sait pour « les trois millions ». « J’ai besoin de savoir ce qu’elle a en tête, réclame l’avocat, dans quel état d’esprit elle est, et avoir la certitude que si on accepte les termes de votre proposition… » Éric Laurent enchaîne : « C’est très clair, elle vous dira elle-même… » L’avocat insiste ensuite pour « juger sur pièces », et pour que les « choses aillent vite », il réaffirme qu’il n’a « pas le mandat » pour discuter du « montant aujourd’hui » : « Je l’aurai quand vous m’aurez remis les éléments que je pourrai partager soit physiquement soit verbalement. » En clair, il veut voir des documents, « pas nécessairement repartir avec »… « Ensuite, on parlera de vos chiffres », dit-il. Éric Laurent promet qu’en cas d’accord, sa coauteure, qui a pour « passion l’équitation », « se consacrera à l’équitation en même temps qu’elle écrira une biographie historique. […] On en a discuté, elle a dit que si vous arrivez à un accord elle arrête tout, le livre, les articles, les interventions publiques »… Éric Laurent glisse même en partant qu’il peut tout aussi bien faire « Le Roi prédateur ou ‘Une affaire de famille’ tous les deux ou trois ans… » Une phrase lourde de sous-entendus.
Sur la base de cet enregistrement et du rapport des policiers, le procureur ouvre le 26 août une information judiciaire et trois juges d’instruction sont désignés, dont Isabelle Rich-Flament. Elle va coordonner l’opération de flagrant délit du jeudi 27 août.
Le rendez-vous a été pris à 11 heures avec Catherine Graciet, Éric Laurent au Peninsula, un hôtel de luxe de l’avenue Kleber, où l’avocat marocain a une chambre. Les trois se retrouvent au bar. Puis Catherine Graciet, après avoir refusé que le rendez-vous ait lieu dans la chambre de l’avocat, propose de changer d’endroit et d’aller plutôt au Raphael, l’hôtel en face. Prudente. Discrètement, les policiers en planque suivent. Une fois au nouveau bar, l’avocat place une nouvelle fois son iPhone sur la table. La jeune femme lui demandera de le ranger. Prudente encore. Il s’exécute, et place l’appareil dans sa poche. Du coup, la conversation est moins « nette »… Elle va pourtant durer jusqu’à 16 heures. Par étapes. Dans un premier temps, les journalistes ont imaginé la création d’un trust à l’étranger pour toucher les fonds. La journaliste confie qu’elle dispose d’un rapport de la DGSE, les services secrets français, sur Mohammed VI, « lors de ses venues en France ». De son côté, l’avocat réclame « une garantie », c’est-à-dire un papier signé de leur main. Eux, veulent « une avance ». L’avocat leur propose « un million et demi d’euros », et ils transigent finalement « à deux », « un chacun », après avoir mis en avant l’à-valoir important qu’ils devront rembourser à leur éditeur…
L’avocat s’absente cinquante minutes pour, dit-il, « discuter avec son client », et retourne dans sa chambre du Peninsula. Selon nos sources, c’est avec les policiers et la juge, informés de l’avancement des discussions, que se décide la suite de ce mauvais polar. Pour leur « avance », les deux journalistes ont exigé des « petites coupures, pas de billets de 500 euros ». La juge donne son feu vert. Quand il revient au bar du Raphael, qui est resté sous surveillance discrète de la police, l’avocat a deux enveloppes de 40.000 euros chacune.
Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire » sur le roi du Maroc, « en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ».
De son côté, Catherine Graciet a recopié, à la main, en trois exemplaires, un protocole dont le JDD a une copie : les deux journalistes prennent l’engagement de « ne plus rien écrire » sur le royaume du Maroc, « directement ou indirectement »… et de ne « partager en aucune façon les documents et informations » en leur possession. « La somme de deux millions d’euros leur sera versée » selon « des modalités que nous fixerons », signent-ils. Catherine Graciet précise même qu’elle a travaillé à un documentaire pour France 3… qui sera diffusé « après le présent accord », pour s’assurer que sa diffusion postérieure ne le rendra pas caduc. Prudente encore. Les signataires admettent avoir touché, ce jour, une « avance de 80 000 euros ». « Ma cliente est allée au rendez-vous pour voir, en tant que journaliste », confie son avocat Me Éric Moutet, qui dément « tous chantage et extorsion de fonds »… Ce jeudi, il est presque 16 heures. L’avocat marocain ressort seul du Raphael. Les deux journalistes, pendant quelques minutes, finiront leurs verres, et… se croiront riches. Une fortune bien éphémère. À leur sortie du Raphael, ce n’est pas une limousine qui les attendait, mais des voitures de police.
Deux journalistes qui connaissent bien le Maroc
Éric Laurent et Catherine Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretiens, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, Le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes cosignent au Seuil Le Roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On n’est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.
Le 23 juillet, Éric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur du cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Éric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Monceau. L’avocat a dans sa poche un iPhone en mode enregistrement. Éric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consœur, « qui est mordante »… La bande est entre les mains de la police, qui a dû en booster le son…
« Vous voulez quoi? » demande l’avocat.
– Je veux trois.
– Trois quoi, Trois mille?, interroge l’avocat.
– Non, trois millions.
– Trois millions de dirhams?
– Non, trois millions d’euros. »
L’enregistrement décrypté, l’avocat marocain rentre à Rabat. « Cela paraissait énorme comme demande, et au départ, nous avons même envisagé un piège tendu… Il a donc été décidé au plus haut niveau de déposer plainte à Paris », confie un avocat français du dossier. « Cela semblait d’entrée hallucinant, avec tous les ingrédients du chantage et de l’extorsion de fonds », tonne Me Éric Dupond-Moretti, un des défenseurs du Maroc.
Des policiers en planque pour le deuxième rendez-vous
Le 20 août, la plainte est sur le bureau du procureur de Paris, François Molins, qui découvre « une affaire d’État », avec un dossier de « chantage, extorsion de fonds, et association de malfaiteurs ». Le procureur saisit sur-le-champ la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Il y a urgence. Le lendemain, l’avocat marocain a un deuxième rendez-vous avec Éric Laurent au bar du Royal Monceau.
Cette fois-ci, les policiers sont en planque autour de la table, et disposent même d’images prises par les caméras de surveillance de l’hôtel. « Le parquet a préféré, puisqu’il s’agissait d’écouter un journaliste, que ce soit l’avocat qui enregistre, et pas la police », indique une source judiciaire. L’avocat, cette fois-ci, place son iPhone sur la table. Du coup, la conversation est « nette »… Après les préliminaires sur la météo, les liaisons aériennes avec le Maroc, et la Normandie où Éric Laurent a une maison, l’avocat récapitule leur précédente conversation, telle qu’il en a rendu compte, dit-il, à Rabat : « Vous avez des informations très importantes, très sensibles, et qui peuvent avoir un impact important sur le Maroc et sont de nature à déstabiliser le régime de Sa Majesté […] et [dit] que vous étiez, vous et madame Graciet, disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », résume l’avocat. Réponse d’Éric Laurent sur la bande : « Définitivement, exactement. » Le marché est clair. « Personne ne veut, ne souhaite qu’un deuxième livre paraisse », embraye l’avocat. Il réclame ensuite des « garanties » de « Mme Graciet ». « Vous pouvez les avoir », lui répond son interlocuteur. L’avocat sollicite alors « un biscuit », c’est-à-dire des éléments un peu concrets sur la nature des « infos » gênantes que pourraient avoir les journalistes. La conversation s’éternise sur des sujets plus ou moins sensibles liés au Maroc, les relations de François Hollande avec le régime, l’affaire HSBC… Rien de très « explosif ». Les deux hommes tournent autour du pot. L’objectif de l’avocat, ce jour-là, est de cerner l’implication de la coauteure d’Éric Laurent. Il insiste : « Elle sait qu’on se voit? », « Elle est au courant des détails », assure le journaliste, qui confirme aussi qu’elle sait pour « les trois millions ». « J’ai besoin de savoir ce qu’elle a en tête, réclame l’avocat, dans quel état d’esprit elle est, et avoir la certitude que si on accepte les termes de votre proposition… » Éric Laurent enchaîne : « C’est très clair, elle vous dira elle-même… » L’avocat insiste ensuite pour « juger sur pièces », et pour que les « choses aillent vite », il réaffirme qu’il n’a « pas le mandat » pour discuter du « montant aujourd’hui » : « Je l’aurai quand vous m’aurez remis les éléments que je pourrai partager soit physiquement soit verbalement. » En clair, il veut voir des documents, « pas nécessairement repartir avec »… « Ensuite, on parlera de vos chiffres », dit-il. Éric Laurent promet qu’en cas d’accord, sa coauteure, qui a pour « passion l’équitation », « se consacrera à l’équitation en même temps qu’elle écrira une biographie historique. […] On en a discuté, elle a dit que si vous arrivez à un accord elle arrête tout, le livre, les articles, les interventions publiques »… Éric Laurent glisse même en partant qu’il peut tout aussi bien faire « Le Roi prédateur ou ‘Une affaire de famille’ tous les deux ou trois ans… » Une phrase lourde de sous-entendus.
Une avance contre une garantie
Sur la base de cet enregistrement et du rapport des policiers, le procureur ouvre le 26 août une information judiciaire et trois juges d’instruction sont désignés, dont Isabelle Rich-Flament. Elle va coordonner l’opération de flagrant délit du jeudi 27 août.
Le rendez-vous a été pris à 11 heures avec Catherine Graciet, Éric Laurent au Peninsula, un hôtel de luxe de l’avenue Kleber, où l’avocat marocain a une chambre. Les trois se retrouvent au bar. Puis Catherine Graciet, après avoir refusé que le rendez-vous ait lieu dans la chambre de l’avocat, propose de changer d’endroit et d’aller plutôt au Raphael, l’hôtel en face. Prudente. Discrètement, les policiers en planque suivent. Une fois au nouveau bar, l’avocat place une nouvelle fois son iPhone sur la table. La jeune femme lui demandera de le ranger. Prudente encore. Il s’exécute, et place l’appareil dans sa poche. Du coup, la conversation est moins « nette »… Elle va pourtant durer jusqu’à 16 heures. Par étapes. Dans un premier temps, les journalistes ont imaginé la création d’un trust à l’étranger pour toucher les fonds. La journaliste confie qu’elle dispose d’un rapport de la DGSE, les services secrets français, sur Mohammed VI, « lors de ses venues en France ». De son côté, l’avocat réclame « une garantie », c’est-à-dire un papier signé de leur main. Eux, veulent « une avance ». L’avocat leur propose « un million et demi d’euros », et ils transigent finalement « à deux », « un chacun », après avoir mis en avant l’à-valoir important qu’ils devront rembourser à leur éditeur…
L’avocat s’absente cinquante minutes pour, dit-il, « discuter avec son client », et retourne dans sa chambre du Peninsula. Selon nos sources, c’est avec les policiers et la juge, informés de l’avancement des discussions, que se décide la suite de ce mauvais polar. Pour leur « avance », les deux journalistes ont exigé des « petites coupures, pas de billets de 500 euros ». La juge donne son feu vert. Quand il revient au bar du Raphael, qui est resté sous surveillance discrète de la police, l’avocat a deux enveloppes de 40.000 euros chacune.
Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire » sur le roi du Maroc, « en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ».
Le protocole recopié en trois exemplaires
De son côté, Catherine Graciet a recopié, à la main, en trois exemplaires, un protocole dont le JDD a une copie : les deux journalistes prennent l’engagement de « ne plus rien écrire » sur le royaume du Maroc, « directement ou indirectement »… et de ne « partager en aucune façon les documents et informations » en leur possession. « La somme de deux millions d’euros leur sera versée » selon « des modalités que nous fixerons », signent-ils. Catherine Graciet précise même qu’elle a travaillé à un documentaire pour France 3… qui sera diffusé « après le présent accord », pour s’assurer que sa diffusion postérieure ne le rendra pas caduc. Prudente encore. Les signataires admettent avoir touché, ce jour, une « avance de 80 000 euros ». « Ma cliente est allée au rendez-vous pour voir, en tant que journaliste », confie son avocat Me Éric Moutet, qui dément « tous chantage et extorsion de fonds »… Ce jeudi, il est presque 16 heures. L’avocat marocain ressort seul du Raphael. Les deux journalistes, pendant quelques minutes, finiront leurs verres, et… se croiront riches. Une fortune bien éphémère. À leur sortie du Raphael, ce n’est pas une limousine qui les attendait, mais des voitures de police.
Une longue bataille juridique commence pour les deux journalistes français, mis en examen samedi 29 août pour chantage et extorsion de fonds. Ils auraient essayé de faire chanter le roi du Maroc, Mohamed VI. Éric Laurent et Catherine Graciet reconnaissent avoir cherché un accord financier, mais en toute légalité. Leurs avocats s’insurgent contre un coup monté, un traquenard. Maître William Bourdon, l’avocat d’Éric Laurent est particulièrement remonté.
« On est extrêmement loin de ce qui est indispensable pour caractériser, selon le termes du code pénal français, une logique de chantage et d’extorsion de fonds, c’est à dire des pressions, des menaces, de l’intimidation », regrette l’avocat.
On est dans un coup monté (…) nous le démontrerons« Affirmer qu’Éric Laurent aurait initié cette discussion est totalement inexact, poursuit l’avocat. Il y a eu au fil de la discussion, dans un climat très cordial, des échanges concernant un accord un accord financier donc on est très loin de ce que l’on entend. »
William Bourdon, avocat d’Éric Laurent
L’avocat n’hésite pas à parler d’une « logique de grave désinformation ». « On est dans un coup monté qui a bénéficié de l’apport d’un homme qui était une situation difficile, qui a accepté d’entrer dans ces discussions financières, affirme-t-il. C’est ce qui a permis cette mise en scène, nous le démontrerons. La seule décision qui s’impose pour Éric Laurent est un non lieu. »
- Roi du Maroc : le journaliste Eric Laurent concède un « accord financier » mais réfute tout « chantage »
- Chantage contre le roi du Maroc : les deux journalistes avaient promis de ne plus jamais écrire sur le royaume
- Les deux journalistes soupçonnés de chantage contre le roi du Maroc mis en examen
- Le roi du Maroc victime de chantage : « C’est extrêmement glauque », dit l’avocat Éric Dupond-Moretti
- Deux journalistes français interpellés pour avoir fait du chantage au roi du Maroc
Tentative d’extorsion ou coup monté ? La question agite le landerneau politico-médiatique depuis que deux journalistes français sont accusés d’avoir fait chanter le roi du Maroc. Auteurs de plusieurs livres, Eric Laurent et Catherine Graciet auraient demandé à l’entourage de Mohammed VI trois millions d’euros contre le retrait d’un ouvrage compromettant pour le régime. Interpellés jeudi, ils étaient toujours en garde à vue au siège de la PJ parisienne vendredi.
Que s’est-il passé ?
Le 23 juillet, Eric Laurent contacte le cabinet royal marocain pour solliciter un entretien avec un représentant du Palais. Le journaliste, qui dit préparer un livre, explique avoir «des choses importantes à demander». Jusqu’ici, rien d’incroyable : les éditions du Seuil confirment l’existence de cet ouvrage consacré à «M6», dont la sortie était prévue début 2016.
Le 11 août, une première rencontre est organisée à Paris avec un avocat marocain proche du régime. C’est là qu’Eric Laurent aurait proposé à son interlocuteur de ne pas publier le livre en échange de trois millions d’euros. La réaction marocaine ne se fait pas attendre : dix jours plus tard, une plainte est déposée pour le compte du roi au parquet de Paris, qui ouvre aussitôt une enquête préliminaire et confie les investigations à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Les policiers vont alors organiser un nouveau rendez-vous afin de piéger le suspect. Sans se douter que la rencontre est enregistrée, le journaliste réitère son offre auprès de l’émissaire marocain. Une preuve suffisante pour le parquet, qui ouvre dans la foulée une information judiciaire pour tentative d’extorsion de fonds et tentative de chantage, confiée à trois juges d’instruction parisiens.
A ce stade de l’enquête, plusieurs éléments accablent Eric Laurent mais rien ne permet de mouiller sa coauteure, Catherine Graciet. Les policiers veulent en avoir le cœur net. Quelques jours plus tard, un ultime rendez-vous est fixé dans un hôtel parisien en compagnie des deux journalistes.
Ce jour-là, selon une source proche du dossier, il y a bien une «remise et acceptation d’une somme d’argent». Le tandem aurait accepté de se partager deux millions d’euros avec une avance reçue de 80 000 euros. «Les deux journalistes ont en outre signé un contrat dans lequel ils s’engagent à ne pas publier leur livre», précise Me Eric Dupond-Moretti, avocat du Maroc, qui dénonce un «racket digne de voyous».
Aussitôt interpellés à leur sortie de l’hôtel, les deux journalistes ont été placés en garde à vue dans les locaux de la BRDP. Sur leurs motivations, Me Dupond-Moretti reste des plus énigmatiques : «D’après les éléments dont nous disposons, nous pouvons penser que les deux auteurs ont été instrumentalisés par un groupe, un mouvement terroriste, pour déstabiliser le régime», explique-t-il, évoquant des «implications géopolitiques immenses». «On est dans l’ordre du fantasme le plus absolu», a réagi de son côté Me Eric Moutet, avocat de Catherine Graciet, expliquant que sa cliente avait le «sentiment d’un vrai coup monté».
Qui sont les journalistes suspectés ?
Titulaire d’une maîtrise de droit, Eric Laurent, 68 ans, est un auteur prolifique. Depuis 1984, il a publié une vingtaine d’ouvrages, sans compter des thrillers signés Philip Kramer. Ses livres sont le plus souvent présentés comme des enquêtes révélant les «secrets» et «mensonges» qui sous-tendent une actualité, en général géopolitique. Dans cette veine, il a écrit Guerre du Golfe, le dossier secret (Orban, 1991) avec Pierre Salinger, Le grand mensonge, le dossier noir de la vache folle (Plon, 2001) ou Guerre au Kosovo, le dossier secret (Plon, 1999). Celui qui fut directeur de collection chez Plon se fera surtout connaître après les attentats du 11 septembre 2001, grâce à deux livres consacrés à la famille Bush, et à un troisième, centré sur les attaques elles-mêmes : la Face cachée du 11-Septembre (Plon, 2004). Un titre largement repris par les complotistes qui refusent la thèse d’un attentat planifié et exécuté par Al Qaeda.
Eric Laurent ne va pas aussi loin. Mais lors de passages à la télé, il laisse planer le doute, affirmant par exemple que des agents israéliens auraient applaudi alors qu’ils assistaient à New York à l’effondrement des tours, sans affirmer pour autant que le Mossad savait que des attaques auraient lieu. «Il n’est pas dans un délire à la Thierry Meyssan. Il est plus habile, il reste à la lisière du complotisme. Mais au final, il ne fait rien d’autre que malaxer des informations connues avec des clichés et des lieux communs pour tenter de démontrer ses thèses», explique un ancien membre des services de renseignements, spécialiste du jihadisme.
Chroniqueur sur France Culture, Eric Laurent pratique aussi à l’occasion les hagiographies de puissants. Il a ainsi publié en 1999 les Chemins de ma vie (Plon), un recueil d’entretiens avec celui qui était alors président de Côte-d’Ivoire, Henry Konan Bédié. Il a aussi publié deux titres consacrés à Hassan II lorsqu’il était roi du Maroc : la Mémoire d’un roi (Plon, 1993) et le Génie de la modération. Réflexions sur les vérités de l’islam (Plon, 2000).
D’après un bon connaisseur des arcanes du pouvoir marocain, Eric Laurent aurait tenté de convaincre Mohammed VI, fils et successeur d’Hassan II, de se livrer au même exercice. Mais le monarque aurait fait traîner avant de refuser. En 2012, Eric Laurent publie finalement avec Catherine Graciet le Roi prédateur. Main basse sur le Maroc (Le Seuil). Mohammed VI y est dépeint en prédateur économique, aspirant la fortune du royaume au profit d’une petite oligarchie. Jugé par le ministère marocain de la Communication «diffamatoire et sans preuves», l’ouvrage a été interdit au Maroc.
Journaliste moins controversée, Catherine Graciet a travaillé entre 2004 et 2007 pour le Journal hebdomadaire, une revue marocaine indépendante critique à l’égard du pouvoir, avant d’intégrer l’équipe de Bakchich, un site d’enquête français. Elle a publié en parallèle deux livres sur le Maghreb avec Nicolas Beau, un ancien du Canard enchaîné. En 2013, elle sort, sous son seul nom, Sarkozy-Kadhafi. Histoire secrète d’une trahison (Le Seuil). L’ouvrage accrédite la thèse d’un financement de Sarkozy par l’ancien régime libyen, sans toutefois apporter de preuve.
Comment cette affaire est-elle perçue au Maroc ?
A Rabat, les autorités du royaume n’ont pas réagi officiellement à l’arrestation des deux journalistes français, laissant le soin à Eric Dupond- Moretti de commenter l’affaire. Plusieurs médias marocains ont en revanche relayé l’information. Au quotidien généraliste la Vie éco, c’est l’indignation : «Eric Laurent se présentait comme écrivain et grand reporter. On lui découvre aujourd’hui un autre titre : grand maître chanteur», écrit le journal avant de conclure, mystérieux : «Il existe des mercenaires de la plume auxquels font probablement appel les milieux français hostiles à ce Maroc qui les dérange par ses positions toujours transparentes et légalistes. Maintenant que ces milieux sont démasqués, on comprend mieux comment s’organisent épisodiquement ces campagnes médiatiques acharnées contre le Maroc, ses institutions et son roi.» Ambiance.
L’histoire des enquêtes journalistiques françaises sur le royaume marocain est mouvementée, depuis qu’en 1990, l’écrivain Gilles Perrault a publié chez Gallimard Notre ami le roi, qui documente la répression et l’autoritarisme du régime d’Hassan II. Le livre est encore aujourd’hui interdit au Maroc. Gilles Perrault se souvient que le royaume avait monté en France une opération secrète pour empêcher sa parution : «Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Basri, est allé voir Pierre Joxe [son homologue français à l’époque, ndlr] et lui a dit : « Nous sommes informés qu’un livre doit paraître chez Gallimard, de Gilles Perrault, il va beaucoup nuire aux relations franco-marocaines. Il ne faut pas qu’il paraisse, nous sommes prêts bien entendu à dédommager les éditeurs et l’auteur »», raconte l’écrivain.
Plus récemment, en septembre 2014, l’éditeur parisien Nouveau Monde publie le livre-enquête d’un journaliste marocain, Mohammed VI, derrière les masques, qui décrit la monarchie et les élites gravitant autour comme les acteurs d’un régime autoritaire. L’ouvrage est interdit à la vente au Maroc. Son auteur, Omar Brouksy, ancien correspondant de l’AFP, a connu Catherine Graciet, avec qui il travaillait au Journal hebdomadaire. «Ça ne lui ressemble pas, s’étonne-t-il. C’est une journaliste sérieuse et rigoureuse, pas une débutante. Si les faits qui lui sont reprochés sont avérés, ça serait très décevant, et déplorable pour la profession.»
Emmanuel FANSTEN, Luc MATHIEU et Anna RAVIX Correspondante à Rabat
Au Roi Mohammed VI d'appliquer la charia islamique aujourd'hui pour éviter sa mort et la mort des marocains par ces punitions d'ALLAH séisme plus 6 tsunami les inondations les foudres grêlon les tornades tempête de neige apocalyptique météorite grondement Sayha les virus arrêt cardiaque les accidents de la route de train crash d'avion naufrage et aux marocains d'appliquer le Coran a 100% si la fin du monde pour éviter l'enfer merci.
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