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vendredi 13 mai 2016

Attentats du 13 novembre : le point sur l'enquête au 13 mai 2016


Plusieurs journaux publient aujourd’hui des bilans des enquêtes générées par les attentats islamistes de ces dernières années, notamment ceux du 13 novembre dernier à Paris.

Le Parisien fait également des révélations sur la traque d’Abdelhamid Abaaoud.


http://www.20minutes.fr/societe/1844351-20160513-attentats-13-novembre-six-mois-apres-attaques-point-enquete

Attentats du 13 novembre: Six mois après les attaques, le point sur l’enquête


POLICE Le commando qui a frappé la France le 13 novembre a-t-il été entièrement démantelé?…

Paris, le 13 novembre 2011. Un terroriste s'est fait exploser au restaurant Le Comptoir Voltaire.
Paris, le 13 novembre 2011. Un terroriste s’est fait exploser au restaurant Le Comptoir Voltaire. – KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Florence Floux
    • Publié le 13.05.2016 à 07:05
    • Mis à jour le 13.05.2016 à 08:58

« Nous allons mener le combat, il sera impitoyable. » François Hollande a fait la promesse solennelle le soir des attentats du 13 novembre de faire la chasse aux terroristes qui avaient frappé la France à Paris et Saint-Denis. Six mois plus tard, l’enquête qui a montré de fortes ramifications du commando en Belgique, a considérablement progressé malgré les attaques qui ont également endeuillé Bruxelles. 20 Minutes fait le point sur les avancées des investigations.

>> A lire aussi : >> A lire aussi: Le réseau de la terreur en infographie

Cela n’aura échappé à personne, le suspect numéro 1 des attentats de Paris, Salah Abdeslam, est aujourd’hui en prison en France, à Fleury (Essonne) plus exactement. Arrêté le 18 mars à Molenbeek, en Belgique, Salah Abdeslam a été transféré le 27 avril et placé à l’isolement au sein de la maison d’arrêt. Il attend actuellement d’être entendu par un juge d’instruction le 20 mai prochain. Son avocat français, Frank Berton, avait indiqué à son arrivée en France que Salah Abdeslam a assuré au juge antiterroriste qui l’a interrogé qu’il allait « s’exprimer ultérieurement ».

En lien avec le commando du Stade de France


Cet homme de 31 ans devra répondre à de nombreuses interrogations. Notamment sur son rôle de « chauffeur » du commando qui a frappé le Stade de France, à Saint-Denis. Il aurait déposé les trois hommes avant de partir pour une destination actuellement inconnue. La voiture avait été retrouvée le lendemain dans le 18e arrondissement de la capitale, où Daesh a revendiqué un attentat qui n’a pas eu lieu. Sans compter que son frère Brahim Abdeslam, faisait partie des kamikazes du 13 novembre, et que Salah Abdeslam connaissait Abdelhamid Abaaoud, « cerveau » présumé des attentats.

Mohamed Abrini, le « 11e homme de Paris » comme il a été surnommé, a également été arrêté en Belgique. Le 8 avril, ce suspect de 31 ans, ami d’enfance de Salah Abdeslam a été interpellé en compagnie d’Osama Krayem. Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir participé aux attentats de Bruxelles. C’est la raison pour laquelle Mohamed Abrini se trouve actuellement en prison en Belgique, où les enquêteurs ont de nombreuses questions à lui poser. Mais celui qui a été vu plusieurs fois en compagnie de Salah Abdeslam lors de trajets entre Paris et la capitale belge dans les jours qui ont précédé le 13 novembre devra également en répondre auprès de l’instruction française.

La Belgique au premier plan


Les avancées de l’enquête sur les attaques qu’a connues Bruxelles ont également permis d’en savoir davantage sur les équipes qui ont préparé celles de Paris. Notamment l’identité de l’artificier qui a préparé les ceintures explosives. Najim Laachraoui aurait ainsi confectionné les explosifs des équipes de Paris et de Bruxelles avant de se faire sauter à l’aéroport de Zaventem le 22 mars. Il y était accompagné de Mohamed Abrini, le fameux « homme au chapeau » des images de vidéosurveillance. Le magazine en ligne de Daesh, Dabiq, l’a par ailleurs confirmé.

Najim Laachraoui n’aurait pas uniquement joué le rôle d’artificier, dans la préparation des attentats de Paris. Des sms auraient été échangés le soir du 13 novembre entre le commando du Bataclan et ce jeune Belge de 25 ans ainsi que Mohamed Belkaïd, mort lors d’une perquisition à Forest, en Belgique, dans laquelle le fugitif Salah Abdeslam est parvenu à prendre la fuite. Notamment le sms « C’est parti, on commence », envoyé d’un mobile retrouvé dans une poubelle à l’entrée de la salle de concert parisienne.

Laachraoui et Belkaïd auraient aussi versé de l’argent à Hasna Aït Boulahcen pour qu’elle trouve un logement à son cousin Abdelhamid Abaaoud après le 13 novembre. C’est avec ces 750 euros que la jeune femme a loué l’appartement de la rue Corbillon, à Saint-Denis, où elle, son cousin et un complicetrouveront la mort lors de l’assaut du Raid le 18 novembre.

Le logeur et les chauffeurs


Ce qui nous amène à Jawad Bendaoud, le logeur de Saint-Denis, largement moqué sur la Toile pour ses propos le 18 novembre face à la caméra de BFM TV. « J’étais pas au courant que c’étaient des terroristes, moi. (…) On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service, Monsieur. » Après ces quelques mots, Jawad Bendaoud est menotté et emmené par les policiers. Il est ensuite mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et détention en bande organisée d’explosifs et d’armes en relation avec une entreprise terroriste. Il clame depuis son innocence depuis la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) où il a été placé à l’isolement.

D’autres complices présumés de Salah Abdeslam, qui l’auraient notamment aidé dans sa cavale, ont également été arrêtés et mis en examen en Belgique. C’est le cas de Hamza Attou et Mohamed Amri, qui sont venus chercher Salah Abdeslam à Paris le soir du 13 novembre pour le ramener en Belgique, où il a ensuite disparu avant d’être logé et interpellé le 18 mars à Molenbeek.

La « cellule Abaaoud » a-t-elle pour autant été démantelée ? Le « cerveau » présumé du 13 novembre se serait vanté d’être arrivé en France avec 90 individus prêts à passer à l’action, un peu partout en Ile-de-France.


http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/05/13/01016-20160513ARTFIG00034-attentats-du-13-novembre-o-en-est-l-enquete.php

Attentats du 13 novembre : où en est l’enquête ?

 

Des policiers lors de l'intervention à Saint-Denis, le 18 novembre dernier.
 
VIDÉO – Il y a six mois, jour pour jour, la France subissait la pire attaque de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. 130 personnes sont mortes, 351 blessées. Le pays vit depuis en état d’urgence. Le Figaro fait le point sur les avancées de l’enquête et les zones d’ombre qui demeurent.

Les avancées

 

Le 27 avril, la police escorte Salah Abdeslam à la prison de Fleury-Merogis (Essonne).
 
• L’arrestation de Salah Abdeslam le 18 mars. Après quatre mois de traque, le dixième homme des commandos de Paris a été retrouvé dans un appartement au cœur du quartier de Molenbeek à Bruxelles. Cette arrestation a donné un sérieux coup à la cellule terroriste franco-belge qui a froidement abattu 130 personnes et fait 351 blessés le 13 novembre dernier au cours de trois opérations suicides coordonnées. Mais ce coup de filet n’a pas permis d’empêcher la même cellule djihadiste de commettre, quatre jours plus tard, un double attentat dans la capitale belge faisant 32 morts. Seul rescapé des commandos, Abdeslam, remis aux autorités françaises fin avril, a été notamment inculpé pour assassinats à caractère terroriste. Si son avocat français Frank Berton, a assuré que son client «a des choses à dire», les familles des victimes ne s’attendent pas à ce qu’il dise la vérité. Son procès ne devrait pas avoir lieu avant au moins trois ans.

• Un réseau djihadiste tentaculaire mis à jour. Kamikazes, soutiens, logisticiens, organisateurs…À ce stade, les enquêteurs ont identifié une quarantaine de personnes dans le réseau franco-belge à l’œuvre derrière les tueries de Paris et Bruxelles. Une vingtaine de suspects ont été mis en examen ou inculpés, pour la plupart en Belgique, base arrière de cette nébuleuse terroriste liée au groupe État islamique qui a revendiqué les attentats.

L’un d’entre eux, Mohamed Abrini, intéresse autant la justice belge que française. Surnommé l’«homme au chapeau», il a reconnu être le troisième homme qui accompagnait les deux kamikazes de l’aéroport de Zaventem à Bruxelles, le 22 mars. Il est aussi mis en cause dans les attaques du 13 novembre: deux jours avant, il a été filmé en compagnie de Salah Abdeslam dans une station-service de l’Oise, au nord de la capitale. Les deux hommes circulaient dans une voiture qui a ensuite été utilisée pour convoyer des membres des commandos.

Les zones d’ombre


Si l’enquête progresse, de nombreuses questions demeurent. Qui a donné le feu vert pour frapper Paris? Comment ont été recrutés les assaillants? Qui a fourni les armes? Qui sont les commanditaires? L’identification du ou des cerveaux des attentats reste une priorité pour les enquêteurs.

• Le belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, tué lors de l’assaut du Raid à Saint-Denis le 18 novembre, cinq jours après les attentats, est considéré comme le coordinateur des attaques du 13 novembre. Ces derniers mois, son nom est également apparu dans plusieurs autres affaires, (Verviers, Thalys, Villejuif etc…) aidant les enquêteurs à mieux cerner son mode opératoire.

• Un certain «Abou Ahmad» intéresse aussi de près les enquêteurs. Membre de Daech, il est soupçonné d’avoir recruté, depuis la Syrie, deux des kamikazes du Stade de France, ainsi que deux djihadistes, un Algérien et un Pakistanais, arrêtés en Autriche en décembre dernier dans un centre de réfugiés et probablement missionnés pour participer aussi aux tueries de Paris.

• Le rôle joué par Fabien Clain reste encore assez flou. Depuis Raqqa en Syrie, sa voix sinistre avait revendiqué les attentats du 13 novembre 2015. Son nom apparaît dans d’autres dossiers de terrorisme: condamné en 2009 pour avoir animé la filière d’Artigat qui acheminait des candidats au djihad en Irak, il est également soupçonné d’avoir téléguidé Sid Ahmed Ghlam, l’auteur présumé de l’attentat avorté de Villejuif.

(Avec AFP)

http://www.leparisien.fr/faits-divers/traque-d-abaaoud-revelations-sur-un-echec-13-05-2016-5791671.php

Traque d’Abaaoud : révélations sur un échec


LE FAIT DU JOUR. Abdelhamid Abaaoud était sur les radars des services secrets des pays occidentaux bien avant les attentats du 13 novembre. Une course contre la montre s’était engagée pour l’empêcher de nuire.


Enquête réalisée par TIMOTHÉE BOUTRY, ÉRIC PELLETIER ET THIBAULT RAISSE | 13 Mai 2016, 00h00 | MAJ : 13 Mai 2016, 08h09
Exclusif
 
Abdelhamid Abaaoud.
Abdelhamid Abaaoud. (AFP.)

Six mois, jour pour jour, se sont écoulés depuis les attentats du 13 novembre. Le recul du temps permet aujourd’hui de mesurer la frontière ténue séparant la réussite de l’échec en matière de lutte antiterroriste.

Au cours de l’année 2015, Abdelhamid Abaaoud, Belgo-Marocain de 28 ans, a été identifié comme l’une des principales menaces visant l’Europe. De Raqqa, en Syrie, à Paris, la traque de ce chef opérationnel de Daech a mobilisé les services secrets d’une dizaine de pays européens, avec l’appui de la CIA américaine et, ponctuellement, du Mossad israélien. Le nom d’Abaaoud a d’ailleurs été régulièrement évoqué au sein d’un groupe d’enquête ultra-confidentiel sur les djihadistes en Syrie et en Irak, baptisé JIT Levant.

Selon nos informations, les signaux d’alerte obtenus à l’été sur son activisme décidèrent même François Hollande à modifier la stratégie militaire française. En septembre, l’armée de l’air bombardait son repaire de Deir ez-Zor, en Syrie, au nom de la « légitime défense ».

Pendant ce temps, le terroriste était déterminé à rentrer en Europe quitte à se jeter dans une rivière en Bulgarie ou à louer les services d’une call-girl belge pour se fondre dans la masse des touristes. Le 13 novembre, contre toute attente, Abaaoud se trouve à Paris à la tête de plusieurs commandos de tueurs. Malgré les moyens déployés, cette bataille clandestine a été perdue. Le terroriste a été manqué, de peu, à Athènes.

Des informations exclusives obtenues dans le monde du renseignement français et international, recoupées par les écoutes auxquelles nous avons eu accès, complétées par des documents judiciaires belges et français, permettent de dévoiler les secrets de cette course contre la montre, entre avancées et désillusions. Et, au-delà des polémiques, de comprendre les raisons d’un échec qui marquera durablement l’antiterrorisme européen.

2013 : des allers-retours entre la Syrie et la Belgique
 
Abdelhamid Abaaoud n’est encore qu’un djihadiste de second rang, un petit délinquant originaire du quartier de Molenbeek, à Bruxelles. Personne ne l’a vu quitter le pays, mais les services turcs ont retrouvé trace de son passage à Istanbul le 9 mars 2013. Abaaoud, narcissique et violent, se met en scène sur les réseaux sociaux, appelant les francophones à combattre Bachar al-Assad.

Un triste épisode lui vaut au début de l’année 2014 la une des médias belges, dans un contexte d’inquiétude grandissante face à la montée du péril djihadiste. Le combattant est rentré à Bruxelles pour « enlever » son petit frère Younes, un ado qu’il a conduit dans le chaos syrien. Syrie-Belgique-Belgique-Syrie : cet aller-retour réalisé sans être inquiété constitue une première faille, sans conséquences, dans les écrans radars européens.

Mars 2014 : premières alertes des services français
 
Attentats du 13 novembre : le point sur l'enquête au 13 mai 2016 dans Corruption
Syrie, mars 2014. La DGSE et la DGSI, les services extérieurs et intérieurs français, repèrent Abaaoud sur cette vidéo. Il apparaît au volant d’un pick-up tractant des cadavres. (D.R.)

La DGSE et la DGSI (services extérieurs et intérieurs français) repèrent le Belge sur une vidéo où on le voit hilare, tractant des cadavres derrière un pick-up. Il est identifié comme un cadre de la katibat (bataillon) Al-Battar. A ce jour, une soixantaine de ses combattants, dont certains originaires de Trappes (Yvelines), ont été identifiés. Abdelhamid Abaaoud refait parler de lui deux mois plus tard lorsque, pour la première fois, un djihadiste de retour du front irako-syrien réussit à frapper l’Europe. Le 24 mai, Mehdi Nemmouche attaque le Musée juif de Bruxelles (4 morts). Or, l’enquête prouve qu’Abaaoud était en relation téléphonique avec lui grâce à un numéro turc.

De Paris à Washington, les spécialistes de l’antiterrorisme comprennent que le jeune islamiste joue désormais dans la cour des grands. La menace se précise. Abaaoud est pisté jusqu’à sa nouvelle résidence Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie. Des renseignements font même état d’un déplacement en Irak.

Janvier 2015 : « Les enfants sont arrivés », tout bascule à Verviers
 
 dans Crime
Verviers (Belgique), le 15 janvier 2015. Deux djihadistes meurent lors du démantèlement d’une cellule terroriste prête à passer à l’action. Les enquêteurs réussissent à identifier le cerveau de l’opération : Abaaoud. (AP/Franck Augstein.)

Les mots restent codés mais les intentions sont claires : « Les enfants sont arrivés grâce à Dieu. Ils sont à la maison. » Depuis la mi-novembre en Belgique, la sûreté de l’Etat est sur les dents : elle surveille un groupe terroriste en train de se constituer. Les écoutes tournent à plein. L’homme chargé de la logistique rend compte à son chef, un certain Omar, installé à l’étranger et qui répond sur des numéros turcs puis grecs. Ce dernier cherche à tout prix à rejoindre ses troupes en Belgique. En vain. Dans une écoute datée du 17 décembre 2014, un proche d’Omar raconte ainsi comment ils ont échoué à se rendre à l’Ouest, en traversant la frontière bulgare : « Il s’est passé un problème au niveau de la rivière. Les Bulgares ont lâché de l’eau. On a essayé. On a dû revenir, tu vois ? »

Qui est le mystérieux Omar ? Il se trahit lui-même en téléphonant à son frère, Yassine, incarcéré à la prison d’Oudenaarde. Le 6 janvier 2015, la sûreté de l’Etat belge informe le parquet fédéral de l’identification formelle d’Abdelhamid Abaaoud. Les choses s’accélèrent avec le retour de deux djihadistes de Syrie. Le 15 janvier, ils sont cernés dans un appartement de Verviers puis tués lors de l’assaut lancé en urgence par les forces d’intervention. Un attentat imminent vient d’être déjoué.

Il faut remonter au plus vite jusqu’au cerveau de l’opération : Abaaoud, caché dans l’anonymat d’Athènes, une métropole de 3 millions d’habitants. Une tâche d’autant plus ardue que son portable a cessé d’émettre. Cependant, les recoupements téléphoniques réalisés avec l’appui de la CIA permettent de repérer ses deux planques, rue Asteropis et rue Chomatianou.

17 janvier 2015 : la DGSE intervient à Athènes
 
 dans Folie
Février 2015. Dans une interview à « Dabiq », l’organe de propagande de Daech, Abaaoud raconte comment il a échappé aux services secrets. (D.R.)

L’épisode est connu de quelques très rares initiés. Selon des sources concordantes, la DGSE dépêche une équipe pour retrouver sa trace. Ces spécialistes de la clandestinité le manquent de peu. Tout comme la police grecque, qui perquisitionne ses deux appartements, le 17 janvier, deux jours après l’assaut de Verviers. Mais, outre Abaaoud, absent, un autre suspect réussit à échapper à la justice dans des conditions rocambolesques. Ce dernier est arrêté mais, aussi incroyable que cela paraisse, il parvient à berner les enquêteurs grâce à des faux papiers syriens au nom de « Mohamed Mohamed ». Il est relâché ! Son identité véritable est aujourd’hui connue : il s’agit de Walid Hamam, djihadiste français originaire de Trappes, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen.

Des trois comploteurs présumés d’Athènes, un seul, Omar Damache, se trouve aujourd’hui sous les verrous : il est actuellement jugé à Bruxelles. Au cours de la perquisition, outre l’ADN d’Abaaoud sur un mur, les enquêteurs mettent la main sur un élément capital : un ordinateur Toshiba, dans lequel figurent des plans d’attaque d’aéroport. Abaaoud n’est plus seulement le recruteur de ses débuts. Il fomente des attaques d’ampleur allant, selon certaines sources, chercher des volontaires jusqu’au Liban. Pour les services français, il représente « une menace pour l’Europe ».

Eté 2015 : alertes en série
 
L’ombre du chef opérationnel des commandos de Daech devient de plus en plus pesante. Plusieurs informateurs confient aux services occidentaux la montée en puissance du Belge, adoubé responsable des « opérations extérieures » de l’organisation. Preuve de son importance, dès février, il fanfaronne dans une interview à Dabiq, l’organe de propagande de l’organisation terroriste : « Allah a aveuglé leur vision et j’ai pu partir et rejoindre le Sham [Syrie], alors que j’étais pourchassé par tant d’agences de renseignement. »

A Paris, tous les signaux sont au rouge. Plusieurs témoignages concordants de djihadistes arrêtés viennent en effet confirmer la détermination d’Abaaoud. L’information la plus alarmante tombe le 13 août, lorsqu’un certain Reda H. raconte les coulisses des attaques en préparation. « Il m’a juste dit de choisir une cible facile, un concert par exemple, là où il y a du monde. Il m’a précisé que le mieux, après, c’était d’attendre les forces d’intervention sur place et de mourir en combattant avec des otages. » Scénario qui se concrétisera, trois mois plus tard, jour pour jour, au Bataclan. « Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela va arriver très bientôt. Là-bas, c’était une véritable usine et ils cherchent vraiment à frapper en France ou en Europe », poursuit Reda H. Ce dernier raconte même comment les espions de Daech tentent d’échapper aux contrôles en évitant les vols directs. Ils font généralement escale en République tchèque. C’est le parcours que tente d’emprunter un proche d’Abaaoud, Tyler Vilus, en juillet 2015. Mais à Istanbul, celui-ci attire l’attention des policiers turcs, intrigués par le passeport suédois qu’il présente. Un faux. Lors de son arrestation, on trouve sur lui un numéro… Celui d’Abaaoud. Les services français voient aussi sa main derrière le projet d’attaque d’une église à Villejuif (Val-de-Marne), en avril, puis dans celle du Thalys Bruxelles-Paris, le 21 août. Le danger qu’il représente provoque un changement radical de la doctrine française.

Septembre 2015 : des frappes contre les sanctuaires d’Abaaoud
 
 dans LCR - NPA
Le 27 septembre 2015. Des Rafale décollent pour bombarder Deirez-Zor (Syrie), le camp d’entraînement d’Abaaoud. Mais celui-ci aurait été à ce moment-là en Grèce. (Ecpad/Armée de l’air.)


Jusqu’alors, au sein du gouvernement, la ligne du Quai d’Orsay prévalait. Affaiblir militairement l’organisation terroriste en frappant ses bases en Syrie revenait, selon Laurent Fabius, à remettre en selle le régime honni d’Assad. Mais, au cours de l’été, François Hollande est avisé des desseins d’Abaaoud par les ministres de l’Intérieur et de la Défense. Cette fois, le président de la République annonce que la France agira, non plus seulement en Irak au sein de la coalition, mais de manière autonome en Syrie*. Le 27 septembre, les avions français visent le camp d’entraînement d’Abaaoud à Deir ez-Zor, sur l’Euphrate, et à Raqqa, son port d’attache. « Nous n’avons cependant jamais disposé de ses coordonnées GPS précises, seule condition pour le cibler lui », nuance une source gouvernementale.

« Nous frappons Daech en Syrie car cette organisation terroriste prépare les attentats vers la France depuis la Syrie depuis ces sanctuaires [...]. Nous agissons donc en légitime défense », déclare à l’époque le Premier ministre, Manuel Valls.

Abaaoud échappe à la fureur du ciel. En ce mois de septembre, il se trouve de nouveau en Grèce. Il a fait étape sur l’île de Leros, face aux côtes turques. C’est en tout cas l’information transmise par les services marocains à leurs homologues français après les attaques du 13 novembre. Comment Abaaoud est-il revenu dans l’espace Schengen ? Cela reste un mystère. Mais il est venu préparer l’arrivée des commandos de Daech infiltrés parmi les réfugiés. Les premiers tueurs rentrent en Europe le 20 septembre, d’autres le 3 octobre.

13 novembre 2015 : la tragédie de Paris
 
 dans Luraghi
Paris (XIe), le 13 novembre. Les terroristes frappent notamment le Bataclan. Abaaoud sera abattu cinq jours plus tard, dans sa planque de Saint-Denis. (LP/Olivier Corsan.)

Le 13 novembre, Abaaoud conduit les attaques de Paris, avant d’être abattu par le Raid, dans sa planque de Saint-Denis, cinq jours plus tard. « Nous l’avions bien identifié, alors même qu’il ne s’agit pas d’un de nos ressortissants. Mais personne ne l’a vu sortir de Syrie ni entrer en Europe. Nous, pas plus que nos partenaires », reconnaissait, au lendemain de la tragédie, une source de haut niveau au sein du ministère de la Défense, marquée par cet « échec ». « Jamais les informations collectées auprès de sources humaines ou par des moyens techniques n’ont fait état d’un retour d’Abaaoud », se défend-on dans les milieux du contre-terrorisme européen.

* Voir, à ce propos, « les Guerres du président », de David Revault d’Allonnes (Seuil).



Un troublant incident dans un aéroport
Et si Abdelhamid Abaaoud avait profité d’une incroyable bévue ? Alors que le nom du terroriste figurait dans la liste des « foreign fighters » (combattants étrangers) depuis 2013, et que son arrestation était devenue l’obsession de nombreux services occidentaux, le Belgo-Marocain a été impliqué dans un incident, dans un pays européen, vraisemblablement la Grèce, qu’il cherchait à quitter. C’est ce que laisse entendre une écoute téléphonique qui lui est attribuée, dévoilée lors du procès de la cellule de Verviers, actuellement jugée à Bruxelles (Belgique). Le 2 janvier 2015, peu après 20 heures, on y entend Abaaoud raconter à l’un de ses complices présumés comment il a été refoulé d’un aéroport, sans précision de lieu, ni de date. Avant d’ajouter : « Ils ont su que ce n’était pas moi (NDLR : sur ses papiers). » Dans une interview au magazine de Daech, Abaaoud s’est vanté d’avoir été contrôlé par un officier qui, ne l’ayant pas reconnu, l’avait laissé libre. Par la suite, le terroriste avait même imaginé faire venir une call-girl pour jouer les faux touristes à l’aéroport et ainsi duper les contrôles.


La galaxie dhihadiste

SIX MOIS APRES LES ATTENTATS
Paris, 13 novembre 2015

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