Mes lecteurs les plus assidus le savent depuis longtemps s’ils n’ont
la mémoire trop courte, car il m’est arrivé de l’évoquer dans des écrits
publics : la soirée du 7 janvier 2005 est pour moi tout à fait
mémorable.
En effet, ce soir-là, j’ai eu l’honneur et l’avantage de me faire
huer par toute une assemblée d’extrême-gauchistes, ceux de Brest à peu
près tous réunis dans le même amphithéâtre pour une conférence-débat sur
les paradis fiscaux. J’avais eu le malheur de prendre la parole pour
citer Denis Robert, son ouvrage « La Boîte noire », et poursuivre sur
les mafias et la corruption. J’ai même dû prononcer les mots
« fonctionnaires corrompus ». Or, toute la « gauche radicale » brestoise
était bien présente. Le lynchage a été immédiat. J’ai terminé ma petite
allocution sous les cris et sifflets des valeureux militants
prétendument « antifascistes ». A la suite de quoi j’ai fait une très
mauvaise rencontre – encore un ami et complice de Josette Brenterch,
bien entendu.
Depuis, j’évite de bouger ou m’exprimer un 7 janvier, je ne prends
plus le risque de m’exposer comme je l’ai fait ce jour-là, je l’ai payé
beaucoup trop cher : en quelques mois, j’ai définitivement perdu les
quelques libertés qui pouvaient encore me rester hors Internet,
c’est-à-dire que j’ai dû me résoudre à ne plus jamais sortir de chez moi
pour pouvoir me maintenir en vie.
Je m’étais donc juré de rester totalement silencieuse pour la journée
anniversaire du 7 janvier 2015, alors que bouillonnait en moi l’envie
de hurler toute la douleur de ces dix années d’enfer au point de menacer
dangereusement de faire sauter tous mes verrous. Les mots naissaient
dans mon esprit, formant des phrases qui s’allongeaient et
s’enchaînaient les unes après les autres, j’aurais bien pu ne pas
retenir mes doigts sur le clavier, je n’en avais plus la moindre envie.
J’étais même tout à coup déterminée à marquer cet anniversaire de la
publication adéquate, quitte à repasser au tribunal quelques mois plus
tard. Bref, j’en étais encore très torturée, mais après tout, c’est
peut-être normal, j’ai quand même eu affaire à un spécialiste ès
manipulations qui m’a notamment traitée par injonctions paradoxales.
Puis il s’est passé ce qui s’est passé.
Fin de mes tergiversations.
Chapeau l’artiste.
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