Attention, les gars, l’un devient fou à cause d’un
moustique et l’autre finit traqué comme le bandit qu’il est, puis
supplicié jusqu’à la fin du monde…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nimrod
Nimrod
Cette page contient des caractères spéciaux ou non latins. Si certains
caractères de cet article s’affichent mal (carrés vides, points
d’interrogation…), consultez la
page d’aide Unicode.
Nimrud ou
Nimrod,
Nemrod (en
arabe نمرود du verbe
tamarada, et qui signifie « se rebeller », en
hébreu נִמְרוֹד du verbe
maradh, qui dérive du verbe
mered, qui signifie également « se rebeller ») est un personnage
biblique du livre de la
Genèse. Le nom de
Nimrod peut signifier également « celui qui a dompté le tigre », en partant de la signification arabe de
Nimr, « tigre » et
Rawad, « dompter ».
Nimrod dans la Bible
Récit biblique
Dans la
Genèse, Nimrod est présenté comme un fils de
Koush1, lui-même fils aîné de
Cham et petit-fils de
Noé. Nimrod est le premier héros sur la terre, et le premier roi après le
Déluge. Il est décrit comme un « chasseur héroïque devant
Dieu »
2. La ville de
Babel, au pays de
Shinar, est une capitale de son royaume. En
Assyrie, Nimrod a fondé
Ninive,
Kalkhu et
Résen.
Interprétation et tradition juive puis chrétienne
Le titre de « chasseur devant Dieu », donné à Nimrod, est peut-être péjoratif. En effet, le mot hébreu
liphné,
« à la face de », peut signifier « contre » ou « en opposition avec ».
Bien que, dans ce cas, certains spécialistes prêtent à la préposition
hébraïque le sens favorable, « en face de », les
Targoumim juifs, ainsi que les
Antiquités juives de l’historien
Flavius Josèphe, mais aussi le contexte du chapitre 10 de la
Genèse lui-même laissent entendre que Nimrud était un puissant chasseur qui provoquait Dieu.
Selon les traditions juive et chrétienne, Nimrod, le « roi-chasseur » régnant sur les descendants de
Noé, eut l’idée de construire à
Babel (
Babylone)
une tour assez haute pour que son sommet atteigne le ciel, et
rassemblant tous les hommes en opposition avec l’ordre Divin donné à Noé
et à ses fils de remplir la terre (Genèse 9:1).
[réf. nécessaire]
Nimrod était le fils-époux de
Sémiramis[réf. nécessaire],
la déification et le culte voué à ce couple incestueux sont traces de
la naissance du mythe de la Mère et de l’Enfant commun à de très
nombreuses religions.
Nimrod meurt d’une façon humiliante. Un moustique s’est introduit dans son nez, provoquant d’atroces migraines
[réf. nécessaire].
Il demande à tous les passants de lui donner une tape sur le crâne dans
l’espoir de faire tomber le moustique. C’est ainsi que celui qui se
prenait pour un Dieu meurt victime d’un moustique. Dans le
Talmud, la mort du « méchant
Titus » qui a détruit le
Temple de Jérusalem est décrite par un
midrash identique. Selon les sources juives, Nimrod a été tué après avoir été provoqué en duel par
Esaü, frère de
Jacob[réf. nécessaire].
L’opinion juive traditionnelle considère que la construction de Babel et de la
tour de Babel
débuta sous sa direction. Josèphe écrivit : « [Nimrud] peu à peu,
transforme l’état de choses en une tyrannie. Il estimait que le seul
moyen de détacher les hommes de la crainte de Dieu, c’était qu’ils s’en
remissent toujours à sa propre puissance. Il promet de les défendre
contre une seconde punition de Dieu qui veut inonder la terre : il
construira une tour assez haute pour que les eaux ne puissent s’élever
jusqu’à elle et il vengera même la mort de leurs pères. Le peuple était
tout disposé à suivre les avis de [Nimrod], considérant l’obéissance à
Dieu comme une servitude ; ils se mirent à édifier la tour […] ; elle
s’éleva plus vite qu’on eût supposé. » —
Antiquités judaïques,
I, 114, 115 (
IV, 2, 3).
Archéologiquement parlant, la
Tour de Babel a été restaurée par Nabuchodonosor au
VIe siècle avant notre ère, plus de 1 000 années après l’existence de Nimrod selon la Bible.
[réf. nécessaire]
Étant un des plus anciens rois d’
Assyrie,
puissant chasseur, inaugurateur des guerres, il fut aussi un des
premiers à regrouper les hommes en tribus et à construire des cités (
Babylone et
Ninive sont les plus importantes)
[réf. nécessaire].
Nimrod appartient également au domaine légendaire arabe et persan
[réf. nécessaire].
Déification
Selon
Alexandre Hislop, pasteur protestant du
XIXe siècle,
après la mort de Nimrod, les Babyloniens se sentirent poussés à
l’honorer grandement en tant que fondateur, bâtisseur et premier roi de
leur ville, et comme organisateur de l’Empire babylonien initial.
D’après la tradition, Nimrod mourut de mort violente. Puisque le dieu
Mardouk
(Merodak) était tenu pour le fondateur de Babylone, Hislop a émis
l’hypothèse que Mardouk représente Nimrod déifié. De même, il en
rapproche la figure des divinités méditerranéennes et orientales
Bacchus-
Dionysos, voire
Cupidon et
Mithra archétypes antiques de l’Enfant Divin à la mort tragique.
Nimrod dans d’autres ouvrages
- Il est possible de voir en Nimrod, un personnage repris dans Les Mille et Une Nuits, mentionné dans L’Histoire du Portefaix avec les jeunes filles, Histoire de Zobéida, la première adolescente.
Cette dernière, à la suite de quelques mésaventures, échoue dans une
cité où les personnages ont été changés en statues de pierre noire. Seul
le fils du roi, converti à la religion d’Allah et de son Prophète par
son éducatrice, a survécu à la punition qui a frappé la ville. En effet,
ses habitants étaient des mages qui vénéraient « le terrible Nardoun »,
roi des Géants rebelles à Dieu, tout comme Nimrod.
- Dans l’Enfer, Dante
fait de Nimrod l’un des gardiens du Puits aux Géants, se trouvant au
fond du huitième cercle de l’enfer. Ce puits est le passage vers le 9e cercle
et terme de l’enfer. En voyant Dante et Virgile approcher, Nimrod leur
crie ces paroles mystérieuses : « Raphél mai amèche zabi almi », mots
vraisemblablement inventés par Dante pour retranscrire le mélange des
langues (arabes et hébraïques) à Babylone, Nimrod étant celui qui causa
la perte du langage unique et la division des hommes.
- Nimrod est un personnage majeur de la franc-maçonnerie. Dans son encyclopédie maçonnique, Albert Mackey écrit que Nimrod fut l’un des fondateurs de la franc-maçonnerie.
- Dans La Fin de Satan de Victor Hugo,
Nimrod est représenté comme un tyran qui tentera d’atteindre les cieux
après avoir conquis et ravagé la Terre. Il construit une grande cage, y
accroche quatre aigles et au-dessus d’eux quatre carcasses de lions, et
s’envole vers les cieux. Au bout de plusieurs jours de vols, il bande
son arc et tire une flèche, « Et la terre entendit un long coup de
tonnerre »3.
Nimrod retombe mort sur Terre. « Auprès de lui gisait sa flèche
retombée. La pointe, qui s’était enfoncée au ciel bleu, Était teinte de
sang. Avait-il blessé Dieu ? »3
- Friedrich Nietzsche, dans ses Dithyrambes de Dionysos, qualifie son Zarathoustra de « cruel Nemrod », dans Entre Oiseaux de proie.4
- Lucrèce Nemrod est un personnage féminin créé par l’écrivain Bernard Werber apparu dans Le Père de nos pères, L’Ultime Secret et Le Rire du cyclope.
Articles connexes
Bibliographie
- Alexandre Hislop, Les deux babylones, 1889
Notes et références
Sur les autres projets Wikimedia :
- ↑ Genèse 10,8–10,10.
- ↑ En allemand : http://bitflow.dyndns.org/german/MartinLuther/Von_Der_Babylonischen_Gefangenschaft_Der_Kirche.html [archive]
- ↑ a et b Victor Hugo, La Fin de Satan.
- ↑ Friedrich Nietzsche, « Dithyrambes de Dionysos », {{Article}} : paramètre «
périodique
» manquant, 1892, https://fr.wikisource.org/wiki/Dithyrambes_de_Dionysos#cite_note-1 [archive]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loki
Loki
Loki | |
|
Dieu de la mythologie nordique |
Loki tel que représenté dans le manuscrit MS NKS 1867 4° du XVIIIe siècle. | |
Caractéristiques |
Autre(s) nom(s) |
Loptr, Hveðrungr |
Fonction principale |
Dieu fripon |
Équivalent(s) par syncrétisme |
Syrdon (mythologie ossète)
Prométhée et Typhon (mythologie grecque)
Amiran (mythologie géorgienne)
Lucifer (religions abrahamiques)
Seth (Mythologie égyptienne). |
Culte |
Région de culte |
Scandinavie |
Mentionné dans |
Edda poétique
Edda de Snorri
- Gylfaginning 20, 33, 34, 42, 44-47, 49-51
- Skáldskaparmál 1, 8, 16, 33, 35, 39Note 1
Ynglingatal 7, 32
Sörla þáttr (en)
Poème runique norvégien 13 |
Famille |
Père |
Farbauti |
Mère |
Laufey |
Fratrie |
Býleist et Helblindi
« Frère de sang » d’Odin. |
Premier conjoint |
Sigyn |
• Enfant(s) |
Nari et/ou Narfi |
Deuxième conjoint |
Angrboda |
• Enfant(s) |
Fenrir, Jörmungand et Hel |
Troisième conjoint |
Svadilfari |
• Enfant(s) |
Sleipnir |
Quatrième conjoint |
Inconnue |
• Enfant(s) |
Vali |
Symboles |
Attribut(s) |
Feu et vent ? |
modifier |
Loki (aussi appelé
Loptr et
Hveðrungr) est le dieu de la discorde dans la
mythologie nordique. Il est le fils du
géant Farbauti et de
Laufey. Loki est le père de plusieurs monstres ; le serpent
Jörmungand, le loup
Fenrir, et la déesse du monde des morts
Hel. Il est également le parent du cheval d’
Odin à huit jambes
Sleipnir. Malgré ses origines, il est accueilli dans le panthéon divin des
Ases par
Odin.
Loki est capable de métamorphose, et il est aussi impulsif et
irresponsable que malin et rusé. Les Ases ont souvent recours à lui pour
régler des problèmes, alors que bien souvent c’est Loki lui-même qui en
est la cause. De nature fondamentalement négative et traître, sa
jalousie l’amène à causer la mort du dieu
Baldr.
Furieux, les Ases le punissent en l’attachant avec les entrailles d’un
de ses fils sous un serpent dont le venin goutte sur son visage. Il en
sera ainsi jusqu’à la fin prophétique du monde, le
Ragnarök, où Loki se libèrera et mènera les
géants à l’assaut contre les dieux et les hommes. Loki et son dieu opposé,
Heimdall, s’entretueront pendant la bataille.
La nature changeante et ambiguë de Loki est sujette à débats chez les
spécialistes quant à son rôle dans le panthéon divin, et il a été
comparé à divers personnages d’autres mythologies. Loki est un dieu récurrent et célèbre qui a survécu dans le folklore moderne d’
Europe du Nord, et son personnage est référencé et source d’inspiration dans de nombreuses œuvres de la culture moderne.
Noms
Étymologie
L’étymologie du nom « Loki » est discutée. Elle pourrait être apparentée au
vieux norrois lúka, signifiant « proche »
1. Une autre origine possible serait le verbe du
germanique commun *lukijan,
désignant l’action de fermer un anneau ou, par extension, de voyager
par des chemins sinueux. Ce dernier sens pourrait être adapté pour le
nom d’un dieu escroc
[réf. nécessaire]. La
Fibule de Nordendorf datée du
VIIe siècle porte une inscription runique de dieux germaniques dont
Logaþore, proche des termes du
vieil anglais logþor ou
logþer qui signifient « malicieux » ce qui correspond à la nature de Loki. S’appuyant sur ces éléments, le linguiste
Jean Haudry avance que le nom Loki serait une
hypocoristique de Logaþore, qu’il faudrait interpréter comme « celui qui dépasse la flamme »
2, mais cette interprétation n’est pas entièrement acceptée
3.
Plusieurs sources primaires désignent Loki sous le nom de Loptr
Note 2. En vieux norrois
loptr signifie « air »
4 ou « vent »
5,6.
Loki est également nommé Hveðrungr
Note 3 dont l’étymologie est incertaine. Il signifie peut être « hurleur »
7 ou « écumant »
8. Ce nom est également rapproché à
hvida qui signifie « coup de vent », associant Loki au vent immatériel
[réf. nécessaire].
Kenningar
Le
kenning (au pluriel,
kenningar) est une
figure de style propre à la poésie scandinave qui consiste à remplacer un mot, ou le nom d’un personnage ou d’une créature par une
périphrase. Le chapitre 16 de la partie
Skáldskaparmál de l’
Edda en prose de
Snorri Sturluson révèle les
kenningar qui peuvent désigner Loki et qui font référence à sa famille, sa nature ou aux mythes qui lui sont associés ;
« Fils de Farbauti et de Laufey, de Nál ; le frère de Byleistr, de Helblindi ; le père de Vanargandr, de Jörmungandr, de Hel, et Nari, d’Áli ; le parent, l’oncle paternel, le compagnon de route et de siège d’Óðinn et des Ases, le visiteur et l’ornement du coffre de Geirröđr, le voleur des géants, du bouc, du collier des Brísingar, des Pommes d’Iðunn ; le parent de Sleipnir, Mari de Sigyn ; l’ennemi des dieux ; le dévastateur de la chevelure de Sif ; l’artisan de malheur ; l’Ase malin ; le diffamateur et le trompeur des dieux ; le ráðbaniNote 4 de Baldr ; l’Ase lié ; l’ennemi obstiné de Heimdallr et de Skadi. »
—
Skáldskaparmál, chapitre 16 (traduction de
Georges Dumézil)
9,10
Le chapitre 33 du
Gylfaginning
propose les kenningar « calomniateur des Ases », « initiateur des
tromperies », « honte de tous les dieux et de tous les hommes ». On lit
également « père du Loup », « artisan de malheur », « corneille du mal »
et « fils de Laufey » dans
Lokasenna 10, 41, 43, 52. « Fils de Laufey » apparaît également dans
Þrymskviða 18 et 20. Loki est appelé « frère de Býleist » dans
Völuspá 51 et
Hyndluljóð 40. La strophe 7 du poème scaldique
Haustlǫng désigne Loki par le kenning « charge des bras de Sigyn ».
Parallèlement, un kenning pour le dieu Heimdall est « ennemi de Loki » d’après le chapitre 8 du
Skaldskaparmal10. « Fils/fille de Hveðrungr » sont des kenningar servant à désigner respectivement Fenrir et Hel dans
Völuspá 55 et
Ynglingatal 32
7.
Parenté et filiation
Loki est le fils du
géant Fárbauti et de
LaufeyNote 5. Ses deux frères sont
Býleist et
Helblindi.
Les sources primaires ne mentionnent ces personnages qu’en raison de
leur parenté à Loki ; autrement nous ne disposons d’aucune information
sur eux. D’après le poème eddique
Lokasenna 9, le dieu Odin et Loki ont fait un pacte de sang ce qui a permis de l’intégrer dans le panthéon des
Ases.
Loki est le parent de plusieurs créatures spectaculaires. Métamorphosé en jument, il engendra avec l’étalon
Svadilfari le cheval à huit jambes
Sleipnir, qui devient le monture d’Odin. Le chapitre 34 de la
Gylfaginning de l’
Edda de Snorri raconte que Loki a procréé trois enfants monstrueux avec la géante
Angrboda : le loup
Fenrir, le serpent de Midgard
Jörmungand et
Hel, qui sont élevés à
Jötunheim.
Comme les prophéties racontent que ceux-ci causeront le malheur des
dieux, ces derniers décident de s’en débarrasser. Odin jette alors
Jörmungand dans la mer et envoie Hel dans
Niflheim, le monde des morts, dont elle devient la gardienne. Le loup Fenrir est quant à lui enchaîné
11. Angrboda est également mentionnée comme mère de Fenrir dans le poème eddique
Hyndluljóð 40.
Hyndluljóð évoque à la strophe 41 un mythe énigmatique où Loki
mange le cœur brûlé d’une femme sorcière ou géante, et en tombe
enceinte d’un monstre
9,12. Le poème eddique
Lokasenna
évoque aux strophes 23 et 33 la métamorphose de Loki en femme féconde
qui aurait enfanté ; nous ignorons les mythes auxquels ces strophes font
référence
13, mais la seconde pourrait être une référence à Sleipnir
14.
Lokasenna 40 mentionne également que Loki aurait eu un fils de la femme du dieu
Týr, toutefois aucun mythe préservé ne le confirme, et nous ne connaissons pas de femme pour Týr
15.
Loki est cependant marié à la déesse Asyne
Sigyn qui selon l’
Edda de Snorri lui donna un fils «
Nari ou Narfi ». Loki a également un autre fils,
Vali, dont la mère n’est pas mentionnée. Ceci est contradictoire avec l’épilogue en prose de la
Lokasenna où Nari et Narfi sont deux fils distincts de Loki.
Nature
Dans la partie
Gylfaginning de l’
Edda de Snorri, Loki est décrit au chapitre 33 comme suit :
« Loki est beau et splendide d’apparence, mauvais de
caractère, très changeant dans son comportement. Plus que les autres
êtres, il possédait cette sagesse qui est appelée rouerie, ainsi que les
ruses permettant d’accomplir toutes choses. Il mettait constamment les
dieux dans les plus grandes difficultés, mais il les tirait souvent
d’affaire à l’aide de subterfuges. »
—
Gylfaginning, chapitre 33
16
Loki est compté parmi les
Ases bien qu’il n’ait aucun lien de parenté avec eux ; il a été accepté dans la famille par
Odin. Il apparaît dans de nombreux mythes comme compagnon de route pour Odin et pour
Thor.
Il sert en quelque sorte de bouffon pour les dieux, qui l’utilisent
comme messager et semblent le considérer comme un inférieur. Malgré son
ingéniosité, sa nature impulsive conduit à ce qu’il soit la cause de
problèmes et de malheurs, qu’il est contraint de réparer sous la menace
des autres dieux, ce qu’il réussit grâce à sa ruse et ses tromperies.
Loki est un observateur curieux et détient le don de métamorphose,
changeant sa forme parfois en saumon, en cheval, en oiseau, en phoque ou
encore en mouche. Il peut également changer de sexe, se métamorphosant
en jument ou en femme. Loki est foncièrement amoral, traître, injurieux
et menteur, des qualités qu’il utilise pour sauver sa peau ou simplement
par plaisir. Il s’amuse de farces perverses qui le mettent souvent dans
des situations délicates, et il se révèle mauvais joueur. Finalement,
sa nature négative et haineuse culmine dans sa part dans le meurtre
gratuit du dieu
Baldr.
Il ne se soucie pas des répercussions de ses actes, et finit traqué
comme un bandit; il est finalement puni jusqu’à la fin du monde
prophétique, le
Ragnarök, où, libéré, il mènera les géants et forces du mal contre les dieux
17.
Mythes
Les récits nordiques proviennent de sources éparses avec peu
d’informations chronologiques, ainsi les différents mythes mentionnés
dans cette section n’ont pas volonté à être présentés de manière
chronologique, excepté les mythes qui possèdent un repère de temps
indéniable, comme la première rencontre entre Loki et Odin, forcément au
début, et le
Ragnarök
à la fin. L’organisation des mythes présentée ci-dessous s’appuie
néanmoins en partie sur la chronologie théorique proposée par le
spécialiste
Viktor Rydberg dans
Investigations sur la Mythologie germanique, Volume II (1889)
18.
Origine
Loki est le fils des géants
Farbauti et
Laufey, toutefois il fait partie du panthéon des Ases. Dans le poème eddique
Lokasenna,
à la strophe 9, Loki rappelle brièvement (et énigmatiquement) les
circonstances de son adoption par les Ases, lorsqu’Odin et lui se sont
liés par une fraternité sacrée, le rite du
fóstbroedralag, un rite que se retrouve également dans le cycle héroïque de
Sigurd19.
- Loci qvaþ:
- 9.
- «Mantv þat, Oþinn!
- er við i ardaga
- blendom bloþi saman:
- a/lvi bergia
- leztv eigi mvndo,
- nema ocr veri baþom borit?»20
|
- Loki dit :
- 9.
- « Te rappelles-tu, Ódinn,
- Quand autrefois, nous deux
- Mêlâmes ensemble notre sang ?
- Boire de la bière,
- Tu déclaras que tu ne le ferais pas
- Si elle ne nous était offerte à tous deux. »19
|
|
La forge des attributs divins
Au chapitre 35
Note 6 du
Skáldskaparmál de l’
Edda de Snorri le farceur Loki coupe la chevelure de la déesse
Sif, épouse de
Thor,
pendant son sommeil. Lorsque Thor menace Loki de le broyer, ce dernier
propose de récupérer chez les nains une chevelure d’or. Alors les nains
fils d’Ivaldi fabriquent pour les dieux la chevelure de Sif ainsi que le bateau
Skidbladnir pour
Freyr et la lance d’
Odin,
Gungnir. Ensuite, Loki parie sa tête avec les nains
Brokk et son frère
Eitri
qu’ils ne pourraient fabriquer des objets aussi précieux. À la forge,
Eitri demande à Brokk d’actionner le soufflet sans s’arrêter avant qu’il
n’ait retiré l’objet qu’il a fabriqué. Afin de gagner son pari, Loki
métamorphosé en mouche vient piquer Brokk pour le distraire mais ce
dernier continue à actionner le soufflet jusqu’au bout, et le forgeron
retire du fourneau le verrat aux soies d’or
Gullinbursti
pour Freyr. Pour le second objet, Eitri place de l’or dans le fourneau
et Brokk ne cède pas aux piqures de Loki avant qu’Eitri ne retire du
fourneau un anneau d’or appelé
Draupnir,
pour Odin. Ensuite Eitri place du fer dans le fourneau en exigeant à
Brokk de ne pas arrêter d’actionner le soufflet sinon tout serait gâché.
Mais Loki en mouche le pique entre les paupières jusqu’au sang, alors
Brokk s’arrête un court instant, et il en a fallu de peu pour que tout
soit gâché. Ils sortent du fourneau le marteau
Mjöllnir
pour Thor, mais à cause de Loki le manche du marteau est trop court.
Brokk et Loki présentent les objets aux Ases pour qu’ils décident
lesquels sont les plus précieux. Les Ases décident que le marteau est la
plus grande protection possible contre les géants du givre. Ainsi le
nain a gagné le pari pour la tête de Loki. Ce dernier essaye alors de
s’échapper grâce à ses chaussures qui lui permettent de courir à travers
les airs et la mer, mais Thor le rattrape pour qu’il honore son
engagement. Afin de sauver sa peau, Loki déclare qu’il avait mis sa tête
en gage et non pas son cou. Finalement, le nain Brokk se contente de
lui coudre les lèvres
21.
Intrigues avec les géants
Chez Útgarða-Loki
Les chapitres 44 à 47 de la
Gylfaginning racontent la légende de Thor, Loki et
Thjálfi chez le roi géant
Útgarða-Loki.
Au chapitre 44, Thor et Loki sont reçus par un paysan pour la nuit. Les
boucs de Thor servent de repas mais Thjálfi, le fils du paysan, casse
un os pour récupérer la moelle. Le lendemain matin, Thor bénit les
restes des boucs qui ressuscitent, mais l’un d’entre eux boite. Furieux
il accuse les paysans d’avoir cassé un os. Terrifiés ils acceptent de
lui donner en compensation leurs deux enfants comme servants, Thjálfi et
Roskva. Au chapitre 45, les quatre protagonistes marchent vers
Jötunheim,
et se reposent une nuit dans une grande maison. Ils découvrent le
lendemain matin que la maison était en fait le gant du géant
Skrymir,
qui propose de les accompagner. L’arrogance et les moqueries de Skrymir
sur leur petite taille énervent Thor à plusieurs reprises, mais ses
grands coups de marteau font tellement peu d’effet contre le géant que
ce dernier semble à peine les remarquer, demandant par exemple si un
gland lui est tombé sur la tête. Skrymir leur indique ensuite la route
pour atteindre le fort d’
Utgard où réside le géant
Útgarða-Loki
et il conseille les compagnons de bien s’y tenir car les géants sont
très puissants. Au chapitre 46 les compagnons arrivent à l’immense fort
d’Utgard et se présentent au roi Útgarða-Loki qui en se moquant de leur
petite taille leur demande s’ils ont quelconque talent supérieur aux
autres hommes. Loki répond qu’il mange plus vite qu’aucun autre. Il se
mesure alors à un certain
Logi
qui le défait au jeu puisque Loki n’a mangé que la viande alors que
Logi a mangé les os également. Thjálfi affirme qu’il est plus rapide que
tous les hommes, mais il perd sa course contre un garçonnet nommé Hugi.
Thor déclare qu’il est bon buveur, mais il peine à baisser le niveau
d’une corne à boire après trois traits. Riant de sa faiblesse,
Útgarða-Loki propose à Thor de tenter de soulever son chat, mais le dieu
parvient difficilement à soulever une de ses pattes. Furieux des
moqueries du roi, Thor demande que quelqu’un se mesure à lui en lutte.
Le roi le fait alors combattre sa vieille nourrice Elli qui réussit à
mettre Thor sur un genou. Au chapitre 47 on lit que le lendemain matin
le roi les accompagne à la sortie du royaume et demande à Thor s’il
avait déjà rencontré d’adversaire plus puissant, ce à quoi Thor répond
qu’il a effectivement subit un grand déshonneur. Alors Útgarða-Loki lui
explique les illusions visuelles qu’il leur ont fait subir. Il avoue
qu’il était le géant Skrymir et que ses coups de marteau l’ont en fait
raté et ont créé trois vallées profondes. Loki s’était battu contre le
feu sauvage, et Thjálfi contre son esprit. La corne que Thor but était
reliée à l’océan et le dieu but tellement qu’il a créé les marées, le
chat était en fait le serpent de Midgard que Thor a quand même réussit à
soulever, et enfin la vieille qu’il combattit était en fait une
personnification de la vieillesse. Tous les témoins furent impressionnés
et terrifiés par les prouesses des trois compagnons, qui excédaient
largement leurs attentes. Furieux Thor brandit son marteau pour frapper
le géant mais celui-ci disparait ainsi que son fort
22.
Le poème eddique
Hymiskviða,
à la strophe 37, attribue à Loki la responsabilité de la boiterie du
bouc, mais la strophe suivante mentionne la compensation des deux
enfants d’un géant, ce qui est plus en accord avec le récit du
Gylfaginning23. Aux strophes 60 et 62 du poème eddique
Lokasenna, Loki se moque de la rencontre de Thor avec Skrymir
24.
Chez Geirröd
Le chapitre 18
Note 7 du
Skáldskaparmál raconte qu’un jour, Loki s’amuse à voler sous la forme de faucon qui appartient à
Frigg. Il vole par curiosité dans la demeure du géant
Geirröd
et se pose sur une lucarne pour observer la halle. Voyant l’oiseau,
Geirröd ordonne qu’on lui amène. Loki reste posé s’amusant des
difficultés du serviteur à grimper jusqu’à lui, mais lorsqu’il décide de
s’envoler il réalise que ses pattes restent collées. Loki est capturé
et Geirröd soupçonne sa véritable nature d’humain, mais le dieu ne
l’avouant pas le géant l’enferme dans un coffre pendant trois mois
jusqu’à ce que Loki lui révèle son identité et pour racheter sa vie il
lui jure d’attirer Thor dans son domaine mais sans son marteau Mjöllnir
ni ses autres attributs puissants. Lorsque Thor et Loki arrivent dans la
halle de Geirröd en tant qu’invités, les géants tentent de tuer Thor
mais ce dernier parvient malgré tout à en sortir victorieux, massacrant
Geirröd et ses deux filles
25.
L’expédition de Thor chez Geirröd est également raconté dans le poème scaldique
Þórsdrápa qui est vraisemblablement la source de
Snorri Sturluson qui en cite des strophes. Toutefois dans le poème, Thor visite Geirröd accompagné de son valet
Thjálfi
et non de Loki. Loki est tout de même indiqué comme l’instigateur de
l’expédition et est qualifié de « grand menteur » dès la première
strophe
26.
Vol de Mjöllnir
Le mythe burlesque du vol du marteau de Thor est raconté dans le poème eddique
Þrymskviða. Thor se réveille et constate la disparition de son marteau
Mjöllnir. Loki s’envole alors le chercher dans le monde des géants, et rencontre le géant
Þrymr qui déclare l’avoir pris, et ne le rendrait qu’en échange de la main de la déesse
Freyja. Loki retourne en informer Thor, et Freyja furieuse refuse de se donner au géant. Le dieu
Heimdall
propose de travestir Thor en mariée pour tromper le géant, ce qu’il
fait alors non sans réticences. Loki l’accompagne déguisé en servante.
Les deux dieux sont accueillis à un banquet du géant qui est trompé par
le subterfuge. Le géant remarque quelques éléments étranges dans la
façon d’agir de son épouse ; elle mange et boit beaucoup plus que l’on
s’attendrait. Loki déguisé explique que c’est parce qu’elle a voyagé
huit nuits de suite sans manger dans son empressement de prendre sa
main. Þrymr demande ensuite pourquoi elle a des yeux aussi enragés. Loki
répond que c’est parce qu’elle n’a pas dormi pendant huit nuits dans
son empressement pour prendre sa main. Þrymr ordonne qu’on lui apporte
le marteau pour consacrer la fiancée, alors Thor s’en empare, jette son
déguisement et tue Þrymr avant de massacrer toute sa famille
27.
Si le thème du poème émane sans doute d’un mythe authentique, cette version rédigée au
XIIIe siècle, sans doute par
Snorri Sturluson,
trahit son christianisme par son ton évidemment satirique, amusé de la
goinfrerie et de la brutalité de Thor, sans toutefois être méprisant
28.
Le géant maître-bâtisseur et Sleipnir
Loki en jument séduit l’étalon Svaðilfari alors que le géant
maître-bâtisseur tente de le retenir. Illustration de Dorothy Hardy
(1909).
Au chapitre 42 de la
Gylfaginning, un
maître-bâtisseur
se présente aux dieux et propose de leur construire une forteresse pour
Ásgard en seulement trois semestres, ce qui les protégera des géants.
Il demande alors comme payement la déesse
Freyja,
le Soleil et la Lune à condition qu’il réussisse son exploit. Les dieux
acceptent, pensant qu’il ne réussirait pas. Mais l’étranger, avec
l’aide de son étalon
Svadilfari,
entame la construction à une vitesse impressionnante. Inquiets qu’il
réussisse sa prouesse, les dieux tiennent conseil et forcent Loki à
empêcher l’étranger de finir son travail à temps. Loki se transforme en
jument en rut pour distraire le cheval de l’étranger l’empêchant par ce
biais d’accomplir à temps son ouvrage. Pris de fureur, le
maître-bâtisseur révèle sa véritable identité de géant. Les dieux
invoquent Thor qui lui fracasse le crâne avec son marteau. Loki fut
néanmoins fécondé par l’étalon, et engendre le cheval à huit pattes
Sleipnir, qui devient la monture d’Odin
29.
L’enlèvement d’Idunn
Il s’envola avec elle, pommes magiques et tout, illustration d’
Elmer Boyd Smith (1902).
Le premier chapitre de la partie
Skáldskaparmál de l’
Edda de Snorri raconte l’enlèvement d’
Idunn. Odin, Loki et
Hœnir
voyagent loin de chez eux et capturent un bœuf pour le manger, mais
étrangement la viande ne cuit pas. Un aigle perché sur un chêne
au-dessus d’eux leur explique qu’il en est la cause et propose de
laisser se faire la cuisson si les dieux lui permettent d’en manger tout
son soûl. Ils acceptent, et le bœuf cuit, l’aigle emporte une grande
partie de la viande. Alors Loki en colère frappe l’aigle avec une perche
mais la perche reste accrochée à ses mains et au dos de l’oiseau qui
s’envole. Saisi par la douleur, Loki supplie l’aigle de le relâcher, et
ce dernier accepte à la seule condition que Loki attire la déesse Idunn
et ses pommes hors d’
Ásgard.
Libéré, Loki emmène alors Idunn dans un bois hors d’Ásgard, sous le
prétexte qu’il a trouvé d’autres pommes remarquables. Il lui recommande
d’emporter ses propres pommes pour les comparer. Le géant
Thjazi sous la forme d’un aigle s’empare d’Idunn et l’emporte chez lui à
Thrymheim.
Privés de ses pommes de jouvence, les Ases vieillissent rapidement. Ils
tiennent conseil et comprennent qu’elle a été vue pour la dernière fois
sortant d’Ásgard avec Loki. Ils le menacent alors des pires supplices
s’il ne retrouve pas Idunn. Apeuré, Loki promet de la ramener et réclame
à
Freyja son plumage de faucon. Loki s’envole alors vers le Nord à
Jötunheim
pour la demeure de Thjazi où il retrouve Idunn seule, Thjazi étant
sorti. Loki la transforme en noix afin de la porter dans ses serres et
il la ramène vers Ásgard. Lorsque Thjazi rentre et constate la
disparition d’Idunn, il prend sa forme d’aigle et se lance à leur
poursuite. Les Ases voient alors Loki arriver vers eux avec la noix,
poursuivi par un aigle, et comprennent la situation. Dès que Loki
franchit l’enceinte d’Ásgard, les Ases enflamment les copeaux qui
brûlent les plumes de l’aigle. Il tuent ensuite le géant au sol. Alors,
Skadi,
la fille du géant, marche vers Ásgard pour venger son père. Les Ases
lui proposent comme compensation de choisir n’importe quel mari d’entre
eux mais en ne regardant que leurs pieds. Elle choisit alors le dieu
Njörd bien qu’elle ait espéré tomber sur
Baldr.
L’autre clause était de parvenir à la faire rire. Loki attache une
corde à la barbe d’une chèvre et l’autre bout à ses propres bourses, et
chacun tire tour à tour, ce qui fait rire la géante
30.
Les strophes 2 à 13 du poème scaldique
Haustlǫng racontent le même mythe en s’arrêtant à la mort de Thjazi, mais ne précisent pas la métamorphose d’Idunn en noix
31.
Snorri Sturluson a utilisé ce poème comme source pour son récit, et il
le cite dans son œuvre. À la strophe 50 du poème eddique
Lokasenna, Loki fait allusion à son rôle dans la mort du géant
32.
L’or d’Andvari
Dans le poème eddique héroïque
Reginsmál, on apprend que
Regin élève
Sigurd et lui raconte l’histoire de l’or d’
Andvari. Ce mythe est également raconté dans la
Völsunga saga et au chapitre 39
Note 8 du
Skáldskaparmál,
avec peu de variations. Regin explique qu’Odin, Hoenir et Loki arrivent
à une cascade et Loki tue avec une pierre une loutre qui mangeait un
saumon. Loki se vante alors de sa double prise. Cette loutre n’est autre
que
Ótr métamorphosé, le frère de Reginn et de
Fafnir, fils de
Hreidmarr.
Le soir même, les dieux se logent chez Hreidmarr avec leur butin.
Hreidmarr et ses fils s’emparent des dieux et demandent en réparation
assez d’or pour remplir et recouvrir la peau de la loutre. Loki est
envoyé pour récupérer l’or, et il capture le nain Andvari métamorphosé
en brochet. Loki exige l’or d’Andvari qui le lui donne. Le nain
dissimule tout de même un anneau mais Loki le voit et lui prend, alors
Andvari prononce la malédiction sur l’or. Les Ases remplissent ensuite
la peau de la loutre et la recouvrent d’or. Hreidmarr voit qu’un poil de
moustache dépasse, et donc Odin place l’anneau d’Andvari pour le
recouvrir. Loki informe Hreidmarr de la malédiction sur l’or, et annonce
la trame du cycle de Sigurd
33,34.
Vol du collier des Brísingar
Il existe plusieurs allusions au mythe du vol par Loki du
collier des Brísingar qui appartient à la déesse
Freyja. Dans le poème scaldique
Haustlǫng 9, et dans
Skáldskaparmál 16, un kenning pour désigner Loki est « voleur du collier des Brísingar ». Le poème scaldique
Húsdrápa préservé en partie dans le
Skáldskaparmál, mentionne que Loki a volé l’objet précieux à Freyja. Celle-ci demande à
Heimdall
de le retrouver et ils découvrent que Loki en est le voleur. S’ensuit
un combat entre les deux dieux métamorphosés en phoques, où Heimdall
triomphe.
Dans le texte
évhémériste Sörla þáttr rédigé au
XIVe siècle,
Freyja est la maîtresse favorite du roi Odin. Elle désire un collier
fabriqué par des nains, qui lui donnent à condition qu’elle passe une
nuit d’amour avec chacun d’entre eux, ce qu’elle fait. Un certain Loki
est au courant du marché scandaleux et en informe Odin qui ordonne de
ravir le collier à Freyja. Alors il lui vole métamorphosé en mouche
pendant qu’elle dort. Lorsque Freyja réclame le collier à Odin, il lui
rend à la seule condition qu’elle provoque une guerre éternelle entre
deux rois, ce qu’elle réussit au troisième essai. Cette guerre se
termine finalement avec l’avènement du christianisme.
Meurtre de Baldr
Représentation de Loki incitant Höd à tuer Baldr dans le manuscrit islandais du
XVIIIe siècle
NKS 1867 4to.
Le chapitre 49 de la
Gylfaginning raconte que
Baldr, l’un des fils d’Odin, rêve de sa mort prochaine ce qui inquiète les Ases. Sa mère
Frigg
fait alors jurer à chaque élément de ne jamais faire de mal à son fils.
Ainsi les Ases s’amusent à honorer Baldr en lançant vers lui des objets
qui conséquemment ne lui font aucun mal. Ceci déplaisant à Loki
35, il prend l’apparence d’une femme et obtient l’aveu de Frigg qu’elle n’a pas demandé de serment au
gui, tant cette pousse lui paraissait inoffensive. Loki recueille alors le rameau de gui, et incite le dieu aveugle
Höd,
frère de Baldr, de le lancer contre lui pour se joindre à l’activité.
Loki guide le jet de Höd, et le rameau transperce Baldr et le tue devant
la stupéfaction des Ases. Le dieu
Hermód se porte alors volontaire pour voyager au monde des morts pour demander à la gardienne
Hel
de leur rendre Baldr. Celle-ci accepte à condition que toutes choses au
monde le pleurent. Les Ases envoient donc des messagers à travers les
mondes pour leur demander de pleurer la mort de Baldr, mais ils
confrontent une géante appelée
Thokk, qui est en fait Loki déguisé, qui refuse de le pleurer, empêchant ainsi Baldr de revenir des morts
36.
Le poème eddique
Baldrs draumar raconte le meurtre de Baldr par Höd, mais le rôle de Loki n’y est pas mentionné. De même, le poème
Völuspá aux strophes 31 à 34 évoque ce meurtre sans impliquer Loki, toutefois la strophe 35 mentionne la punition de Loki (cf.
infra). Dans le poème eddique
Lokasenna, Loki se vante d’avoir causé la mort de Baldr :
- Loci qvaþ:
- 17.
- «Enn vill þv, Frigg!
- at ec fleiri telia
- mina meinstafi:
- ec þvi red,
- er þv riþa serat
- siþan Baldr at sa/lom.»37
|
- Loki dit :
- 28.
- « Veux-tu encore, Frigg,
- Que je prononce d’autres
- De mes charmes maléfiques ?
- Je suis la cause
- Que tu ne verras plus
- Baldr revenir à la salle. »38
|
|
Le
poème runique norvégien offre un moyen mnémotechnique pour mémoriser les runes, Loki est associé à la rune
Berkanan (bouleau) et on lit à la strophe 13 : « Ruse à Loki valut misère »
39. Il s’agit peut être d’une référence à son rôle dans le meurtre de Baldr
[réf. nécessaire].
Querelle de Loki
Loki se querellant avec les dieux, illustration de
Lorenz Frølich (1895).
Dans le poème eddique
Lokasenna,
le dieu malin Loki profère des insultes à l’encontre des principaux
Ases lors d’un banquet. Le prologue en prose raconte que le géant
Ægir tient un banquet pour tous les Ases. Loki est énervé par la louange des domestiques du géant,
Eldir et
Fimafeng,
ainsi il tue le second et se fait chasser du banquet par les Ases. En
revenant, Loki croise Eldir et le poème commence à cet instant. Eldir
lui informe que les dieux parlent de leurs prouesses et ne parlent pas
de Loki en bien. Dès la strophe 3, Loki précise ses intentions pour la
suite :
- Loci qvaþ:
- 3.
- «Inn scal ganga
- Egiss hallir i
- a þat svmbl at siá;
- ioll oc áfo
- fori ec asa sonom
- oc blend ec þeim sva meini mioþ.»37
|
- Loki dit :
- 3.
- « Faut que j’entre
- Dans la halle d’Aegir
- pour voir ce banquet ;
- Discorde et dissension
- J’apporte aux fils des Ases
- Et mêlerai maléfices à leur hydromel. »38
|
|
Entré dans la halle qui est devenue silencieuse à son arrivée, Loki
exige à boire et Odin lui permet de s’assoir pour le calmer. S’ensuit un
échange verbal entre Loki et les principaux dieux, où Loki les insulte
et les nargue tour à tour. Beaucoup de mythes sont rappelés dans le
poème, et d’autres qui ne nous sont pas parvenus. À la strophe 57, Thor,
qui était absent, arrive au banquet et menace Loki, « être abject », de
le tuer avec son marteau. Après un bref échange, Loki se résigne à
partir car il sait que Thor le frapperait, puis il maudit Ægir.
L’épilogue en prose raconte alors la capture et la punition de Loki par
les Ases
40.
Capture et supplice
Au chapitre 50 de la
Gylfaginning, les dieux, excédés par le
meurtre de Baldr, décident de rechercher Loki, qui s’était caché sur une
montagne. Il s’y construit une maison dotée de quatre portes, une sur
chaque façade, afin de pouvoir surveiller toutes les directions. Le
jour, il se transforme parfois en saumon dans les cascades de la rivière
Fránangr. Réfléchissant à la manière dont les Ases pourraient
l’attraper sous sa forme de poisson, il invente le premier filet de
pêche avec des fibres de lin. Il voit alors les Ases s’approcher, il
jette le filet au feu avant de bondir dans la rivière.
Kvasir
entre en premier dans la maison et en voyant les cendres laissés par le
filet il comprend son utilité pour pêcher les poissons, ainsi les Ases
en fabriquent un à leur tour. Les Ases se divisent en deux groupes et
remontent la rivière, finissant ainsi par capturer Loki. Thor attrape
Loki par la queue, et depuis les saumons sont minces à l’arrière. Les
Ases emmènent Loki dans une caverne, ainsi que ses fils
Narfi (ou Nari) et
Vali.
Ils métamorphosent Vali en loup qui déchire son frère Narfi, et avec
les boyaux de ce dernier ils attachent Loki à trois pierres.
Skaði place un serpent au-dessus de lui, de manière à ce que le venin coule sur son visage.
Sigyn,
la femme de Loki, recueille le venin dans une cuvette. Toutefois,
lorsqu’elle vide la cuvette pleine, du venin coule sur le visage de Loki
ce qui le fait se tordre de douleur et causer les tremblements de
terre. Loki restera ainsi jusqu’au
Ragnarök41.
L’épilogue du poème eddique
Lokasenna raconte en moins de détails le supplice de Loki. Une différence notable avec la
Gylfaginning est que dans ce poème les deux fils de Loki sont Nari et Narfi, et Vali n’y est pas mentionné
42.
À la strophe 49 de ce poème, Skaði annonce à Loki qu’il sera entravé
par les entrailles de son fils sur un rocher. Le supplice de Loki est
également mentionné par la
völva (prophétesse) à la strophe 35 du poème
Völuspá, où Sigyn est décrite siégeant à ses côtés :
- 35.
- Hapt sá hon liggja
- undir hvera lundi
- lægjarnlíki
- Loka áþekkjan;
- þar sitr Sigyn
- þeygi um sínum
- ver vel glýjuð.
- Vituð ér enn eða hvat ?43
|
- 35.
- Elle vitNote 9, enchaîné
- Sous HveralundrNote 10,
- Un fourbe de forme
- Semblable à Loki ;
- Là, siège Sigyn,
- Bien que, du lot de son mari,
- Elle ne soit point remplie d’allégresse.
- En savez-vous davantage ? – ou quoi 44?
|
|
-
-
-
Le Châtiment de Loki (1900), de Louis Huard.
-
Ragnarök
Le chapitre 51 du
Gylfaginning raconte en détail les évènements de la fin du monde prophétique du
Ragnarök. Le monde sera ravagé par les guerres et un hiver de trois ans, le
Fimbulvetr. Toutes les chaînes se briseront, ainsi le loup
Fenrir et Loki seront libérés, et le serpent
Jörmungand dévastera les terres. Les géants et Loki accompagné du cortège des morts de Hel combattront les dieux sur la plaine de
Vigrid. Presque tous périront. Fenrir engloutira Odin avant d’être tué par
Vidar, Jörmungand et Thor s’entretueront, et Loki combattra le dieu Heimdall et ils s’entretueront également. Le géant du feu
Surt enflammera le monde, avant qu’il renaisse des flammes
45.
Le poème eddique
Völuspá
raconte également les évènements du Ragnarök, et a servi de source pour
Snorri Sturluson. Le poème précise à la strophe 51 que Loki arrivera de
l’est sur un bateau
46, ce qui contraste avec la
Gylfaginning qui mentionne également un bateau,
Naglfar, mais c’est le géant
Hrym qui le gouvernera
45.
Témoignages archéologiques
Fibule de Nordendorf I
La
fibule de Nordendorf I est une fibule d’argent de 13 cm découverte en 1843 vers
Nordendorf, au sud de l’
Allemagne et datée de la première moitié du
VIIe siècle. Cette pièce figure une inscription runique qui semble mentionner des noms de dieux
47. On lit :
- logaþore
- wodan
- wigiþonar
Si
wodan et
wigiþonar sont vraisemblablement les noms
alémaniques des dieux Odin et Thor,
logaþore pose problème. Certains spécialistes ont proposé
Lódur et Loki, mais aucune conclusion satisfaisante n’a été trouvée
48,3.
Détail de la croix de Gosforth.
Croix de Gosforth
La
croix de Gosforth, retrouvée en
Cumbrie (Angleterre), et datée de la première moitié du
Xe siècle,
présente un mélange d’iconographies chrétienne et païenne. Une image
sur la face ouest représente certainement Loki enchaîné et protégé par
Sigyn du venin d’un serpent
49,50. Cette scène fait écho à une autre représentation de la sculpture, celle du
Christ sur sa croix assisté par
Marie-Madeleine51.
Il s’agit là d’un exemple de syncrétisme entre la religion païenne
nordique et le christianisme ; ici des mythes païens ont servi à établir
des concepts chrétiens à une population christianisée et certainement
versée en légendes nordiques
52.
Croix de Kirkby Stephen
Le personnage attaché de la pierre de Kirkby Stephen.
Une croix fragmentée de la fin du
Xe siècle, retrouvée à
Kirkby Stephen en Cumbrie, porte une figure entravée dotée de cornes et d’une barbe. Ce personnage est parfois pensé représenter Loki
53. La pierre, découverte en 1870, est en
grès
jaune pâle ; elle est aujourd’hui placée à l’entrée de l’église de
Kirkby Stephen. Une pierre portant des gravures similaires, découverte à
Gainford, dans le nord de l’Angleterre, est abritée à la
cathédrale de Durham54.
Pierre de Snaptun
La pierre de Snaptun porte une représentation probable de Loki.
Au printemps 1950, une pierre plate semi-circulaire portant, gravé un
visage moustachu, fut retrouvée sur une plage proche de Snaptun, au
Danemark. Les gravures de la pierre, une
stéatite de
Norvège ou de
Suède,
ont été datées aux environs de l’an Mil. Le personnage moustachu fut
identifié grâce aux cicatrices figurant sur ses lèvres, en référence à
un conte du
Skáldskaparmál, une section de l’Edda poétique, où les
fils d’Ivaldi, des nains, cousent ensemble les lèvres de Loki
55.
La pierre de Snaptun est une pierre d’âtre ; le museau du
soufflet
se plaçait dans le trou situé à l’avant de la pierre, et l’air produit
par le soufflet poussait la flamme à travers l’orifice supérieur. La
pierre protégeait ainsi le soufflet de la chaleur du feu et d’une
exposition directe aux flammes. D’après Hans Jørgen Madsen, la pierre de
Snaptun est « la plus belle pierre d’âtre ouvragée connue ». La pierre,
qui pourrait suggérer une connexion entre Loki et la forge ou les
flammes, est aujourd’hui exposée au
musée Moesgård, près d’
Århus au Danemark
55.
Théories
Loki est une divinité complexe qui se laisse difficilement ramener à un seul élément explicatif. Si les philologues du
XIXe siècle
sont enclins à mettre en avant des explications naturalistes aux
nombreuses indications notamment folkloriques d’une divinité du feu, Jan
de Vries propose une théorie de « trickster » (de fourbe, d’escroc),
puis Georges Dumézil, tout en rappelant les éléments naturalistes,
préfère mettre en avant un type psychologique « mal né contestataire ».
Pour Rudolf Simek, il s’agit de « la figure la plus complexe, mais aussi
la plus négative du panthéon germanique »
56.
Jean Haudry avance que la mythologie de Loki ne peut être comprise que
par la duplicité fondamentale du feu, puis de l’image héritée de la
« parole de feu » car la parole elle-même est ambiguë, ce qui explique
son rôle de satiriste, puis finalement de messager, d’être en marge qui
peut tromper et persifler.
Éléments naturalistes
Des spécialistes ont longtemps cherché une fonction pour Loki, et
Jacob Grimm
en a fait un dieu du feu, ce qui a été repris par plusieurs
spécialistes, le feu étant comme Loki ; ambivalent, bénéfique ou
destructeur. Cette association est également issue de la proximité
linguistique avec le mot
logi (« feu »). Mais les mythes n’associent pas particulièrement Loki à un élément.
Georges Dumézil
note tout de même que le feu est parfois associé à Loki dans les
proverbes et expressions qui ont survécu à l’époque moderne. Le vent est
également parfois associé à Loki, et un de ses autres noms, Lopt,
signifie « air » en
vieux norrois57.
Sophus Bugge estime en 1888 que Loki est dérivé de
Lucifer (« Luki-fer ») de la
mythologie chrétienne, une théorie qui n’est plus acceptée aujourd’hui. En revanche, il n’est pas exclu que Loki ait été assimilé au
diable
par les populations nordiques christianisées. Le diable est, selon son
nom grec, « celui qui divise », et la proximité de Loki avec le feu ne
pouvait que favoriser ce rapprochement
58.
Rudolf Simek estime que Loki n’a rien à voir avec le feu, ni avec aucun autre élément
59.
Le mal né contestataire
Dans sa monographie de Loki (1933),
Jan de Vries propose une nouvelle théorie qui présente le dieu nordique comme un
trickster, un fripon fourbe et parfois dangereux. Georges Dumézil, dans son ouvrage
Loki
(1948, 1986), développe largement cette interprétation psychologique et
sociale, présentant Loki comme un de ces « êtres « en marge », de
naissance inférieure, traités en inférieurs, incomplètement adoptés par
la société et se détachant eux-mêmes de la société »
60. Il avance également que cette figure est une figure héritée de la période commune
proto-indo-européenne et trouve des équivalents en termes de personnalité dans le farceur semi-divin
Syrdon de la
mythologie ossète (et
caucasienne en général) et le personnage irlandais
Bricriu.
En effet, comme Loki, Syrdon est indirectement responsable de la mort
d’un personnage héroïque quasi-immortel en poussant un autre à l’acte,
et s’est même métamorphosé en femme pour obtenir des informations sur le
point faible de sa victime. Bricriu est, lui, un semeur de zizanie. Il
établit ainsi un personnage divin de satiriste qui utilise une partie de
ses dons « à ruser, à tromper, à intriguer, et aussi […] à persifler, à
nuire, à haïr »
61.
Dumézil reconnaît, néanmoins, l’importance des « vêtements
naturalistes » de Loki, mais préfère les considérer comme symboliques.
Le feu de la parole-qualifiante
Dans son étude de Loki (1988),
Jean Haudry affirme qu’il faut reconsidérer la présence du feu, « presque omniprésent dans sa mythologie »
62 et amène une nouvelle comparaison avec le dieu du feu indien
Agni, dont l’une des désignations est la « qualification des seigneurs »
63.
Cette qualification est, dès le départ, ambiguë, aussi bien louange que
calomnie. La parole, pareille au feu, est caractérisée par sa duplicité
fondamentale. Le feu passant constamment du monde des ténèbres à la
lumière
58,
la parole peut être bienfaisante ou dangereuse. Loki, comme Agni,
assume également un rôle de messager, d’éclaireur et de compagnon.
Haudry reconstruit ainsi une notion héritée de « parole de feu » qui
permet une réinterprétation de la mythologie du dieu nordique, tant dans
ses aspects naturalistes, que dans le type de mal né contestaire,
persifleur, dont l’apparition, dans les sociétés traditionnelles est
particulièrement redoutée: la médisance et la satire pouvant avoir des
effets destructeurs.
C’est en tant que personnage subversif, qui pousse les dieux au
parjure, que Loki joue un rôle décisif dans le Ragnarök, car
l’énonciation de la vérité, l’ordre moral, l’ordre social et l’ordre du
monde sont homologues
64. Il correspond alors au démon indien Kali, celui qui provoque le dernier âge du monde, le
Kali Yuga65.
Une divinité complexe
Les auteurs de synthèses comme
Régis Boyer
ou Rudolf Simek préfèrent mettre en avant la complexité de la divinité.
Boyer souligne son aspect « intelligent, mais amoral, aimant à faire le
mal pour s’amuser », un « tissu de traits contradictoires »
66.
Le mythe de la punition de Loki a également été comparé à ceux du
Titan grec
Prométhée (un voleur du feu), du géant
Typhon et du géant du Caucase
Amiran59.
Folklore et survivances modernes
Axel Olrik a publié deux articles dans la revue
Danske Studier, l’un en 1908 et l’autre en 1909, regroupés sous le même titre de
Loki i nyere Folkeoverlevering
(« Survivances de Loki dans le folklore moderne »), où il note de
nombreux proverbes, expressions et gestes rituels qui se référent à
Loki, ainsi que des contes et récits populaires qui le mettent en scène,
dans plusieurs pays et régions d’
Europe du Nord ; les
pays scandinaves, l’
Islande, les
Îles Féroé, l’
Angleterre et les
Shetland. Une ballade des Îles Féroé recueillie au
XIXe siècle
implique également Odin et Hœnir, et son caractère païen était tel
qu’il était interdit de la raconter au moment de sa rédaction. La
plupart des récits modernes mettent en scène un Loki malin voir cruel,
parfois étourdi. Au
XVIIIe siècle en Telemarken (sud de la Norvège), Lokje était un mauvais esprit parfois associé au diable
67.
Des expressions incluent au Danemark « porter des lettres de Lokke »
(mentir), en Norvège « Lokje bat ses enfants » (lorsqu’un feu pétille
fort). Un proverbe islandais est « Loki et Thor marchent longtemps, les
orages n’en finissent pas » (
Leingi geingr Loki ok Þór, léttir ei hríðum). Certains termes modernes tirent leur étymologie de Loki. En Islande,
Lokabrenna désigne la canicule, et
Lokasjóðr (« bourse de Loki ») les plantes qu’on appelle ailleurs « monnaie de Judas »
67.
En 1898, le
clergyman Robt M. Kennley raconte que pendant son enfance en
Lincolnshire (Angleterre), il apporta de la
quinine
a un enfant malade et observa sa grand-mère frapper un à un avec son
marteau trois fers de cheval cloués au pied du lit de l’enfant et
récitant
67 :
- Feyther, Son and Holy Ghoast
- naale the divil to this poast;
- with this mall Oi throice dew knowk
- one for God an’ one for Wod an’ one for Lok !
|
- Père, Fils et Saint-Esprit,
- clouez le diable à ce poteau !
- Avec ce marteau je frappe trois fois :
- une pour Dieu, une pour Wod [Odin], une pour Lok !
|
|
Dans les œuvres modernes
Opéras
C’est un personnage, sous la graphie « Loge », de
L’Anneau du Nibelung de
Richard Wagner : il est physiquement présent dans
L’Or du Rhin, et Wotan l’invoque à la fin de
La Walkyrie.
Littérature et bandes dessinées
Loki apparaît dans de nombreux romans de fantasy, dont
Le masque de Loki (en) (1990) de
Roger Zelazny, la trilogie
Everworld (1999-2001) de
Katherine Alice Applegate,
American Gods (2001) de
Neil Gaiman, et les séries
Amos Daragon (2003-2007) de
Bryan Perro et
Arielle Queen (2006-) de
Michel J. Lévesque
Loki est un personnage
Marvel Comics (première apparition en 1949 dans
Venus,
no 6)
68. C’est également le nom du héros du manga et de l’animé
Matantei Loki Ragnarok (en) et de
Fairy Tail. Il apparait aussi dans
Thorgal dans les tomes 29 à 32. Il apparait également dans la bande-dessinée Mythos.
Dans la série de livres «Gaïg», de Dynah Psyché, Loki est un Pookah, c’est-à-dire un lutin des bois farceur.
Cinéma et télévision
Loki apparaît ou a inspiré des personnages dans de nombreuses œuvres de cinéma et de télévision
69.
Dans le film
The Mask (1994), le masque est censé être celui du dieu Loki, qui apparaît en personne dans la suite
Le Fils du Mask (2005) où il est interprété par
Alan Cumming. Loki est également un ange de la mort interprété par
Matt Damon dans le film
Dogma (1999). Le personnage
Marvel Comics Loki est interprété par
Tom Hiddleston dans le film
Thor (2011) ainsi que dans
The Avengers (2012) et
Thor : Le Monde des ténèbres (2013).
Dans la série de science-fiction
Stargate SG-1 (1997-2007),
Loki est un extra-terrestre de la race des
Asgards, antagoniste des autres Asgards.
Dans la série fantastique
Supernatural,
Saison 5, épisode 19 : Une réunion de dieux païens à laquelle le dieu
Loki est présent (il s’avérera que ce n’était qu’un usurpateur qui
utilisait la ruse et la métamorphose pour se faire passer pour tel).
Dans la deuxième saison de
Lost Girl, Bo apprend par Ryan (une Fée de l’Ombre) qu’il est un Loki
[Quoi ?].
Jeux vidéo
Loki est régulièrement référencé dans les
jeux vidéo,
où il apparait sous différentes graphies soit en tant que véritable
dieu nordique, soit en tant que personnage ou unité inventé qui porte
son nom et s’inspire de sa nature. Parmi ces jeux on compte
Valkyrie Profile (1999),
Rune (2000),
Age of Mythology (2002),
World of Warcraft (2004),
Loki (2007),
Too Human (2008),
StarCraft II (2010),
The Binding of Isaac (2011),
Divina (2012) et
SMITE (2014)
Annexes
Notes
- ↑ Dans l’Edda
traduite en français par Dillmann (1991) Loki apparait dans les
chapitres 1, 4, 5 et 6. La numérotation des chapitres y est différente
que dans la version originale car sa traduction n’inclut que les
principaux passages en prose. Nous préciserons dans le corps de
l’article par le moyen de notes le numéro de chapitre correspondant de
la traduction de Dillman.
- ↑ Dans les poèmes eddiques Lokasenna 6, 19, Hyndluljóð 41, Fjölsvinnsmál 26, les poèmes scaldiques Haustlöng 8 et Þórsdrápa 1, et au chapitre 32 de la Gylfaginning
- ↑ Dans Völuspá 55 et Ynglingatal 32.
- ↑ « ráðbani » désigne celui qui tue par conseil9.
- ↑ La nature exacte de Laufey (géante ou déesse?) est incertaine.
- ↑ Dans l’Edda traduite par Dillmann (1991), ce passage est au chapitre 5.
- ↑ Dans l’Edda traduite par Dillmann (1991), ce passage est au chapitre 4.
- ↑ Dans l’Edda traduite par Dillmann (1991), ce passage est au chapitre 6.
- ↑ Dans la Völuspá, la völva se désigne à la troisième personne.
- ↑ « Hveralundr » pose problème, il pourrait signifier « arbre à chaudrons » ou « bosquet des sources chaudes »44.
Références
- ↑ Simek 2007, p. 195.
- ↑ Jean Haudry, Loki, Naramsama, Nairyo.Sanha, le feu de la « parole-qualifiante » , Etudes Indo-européennes, p. 110-111 et p. 124-125, 1988
- ↑ a et b Simek 2007, p. 191.
- ↑ Simek 2007, p. 197.
- ↑ Boyer 1992, p. 474.
- ↑ Sturluson 1991, p. 170.
- ↑ a et b Simek 2007, p. 166.
- ↑ Boyer 1992, p. 547.
- ↑ a, b et c Dumézil 1986, p. 53.
- ↑ a et b (en) « Skáldskaparmál » [archive], sur http://www.sacred-texts.com [archive] (consulté le 9 août 2011)
- ↑ Sturluson 1991, p. 61-65.
- ↑ Boyer 1992, p. 616.
- ↑ Dumézil 1986, p. 52.
- ↑ Boyer 1992, p. 481.
- ↑ Boyer 1992, p. 483.
- ↑ Sturluson 1991, p. 61.
- ↑ Dumézil 1986, p. 128-129.
- ↑ (en) Viktor Rydberg, Investigations into Germanic Mythology, Volume II : Translated and Annotated by William P. Reaves, 2010, 628 p. (lire en ligne [archive]), p. 375-426
- ↑ a et b Boyer 1992, p. 475.
- ↑ (is) « Lokasenna » [archive], sur http://etext.old.no/ [archive] (consulté le 10 août 2011)
- ↑ Sturluson 1991, p. 117-119.
- ↑ Sturluson 1991, p. 77-87.
- ↑ Dumézil 1986, p. 32.
- ↑ Boyer 1992, p. 488.
- ↑ Sturluson 1991, p. 115-116.
- ↑ Sturluson 1991, p. 199-200.
- ↑ Boyer 1992, p. 438-445.
- ↑ Boyer 1992, p. 437.
- ↑ Sturluson 1991, p. 73-75.
- ↑ Sturluson 1991, p. 105-108
- ↑ Dumézil 1986, p. 18.
- ↑ Dumézil 1986, p. 16.
- ↑ Boyer 1992, p. 242-244.
- ↑ Sturluson 1991, p. 119-120.
- ↑ Certains spécialistes, dont Eugen Mogk, ont contesté le rôle de Loki dans le meurtre de Baldr. En effet, ce rôle n’est décrit précisément que chez Snorri Sturluson
(Mogk considérait Snorri plus comme un créateur qu’un témoin de mythes
nordiques), les poèmes eddiques étant évasifs selon eux, et la version
fortement évhémériste du meurtre de Baldr par Höd dans la Gesta Danorum de Saxo Grammaticus
ne mentionne même pas Loki. Georges Dumézil a toutefois défendu que le
mythe tel qu’il est décrit par Snorri est bien un témoignage sérieux
d’une des versions connues à l’époque. Il assure que les mentions
évasives du meurtre de Baldr ne contestent pas le rôle de Loki, au
contraire, et rajoute que la Gesta Danorum qui reproduit de
nombreux autres mythes nordiques ne mentionne Loki nulle part, mais par
contre Loki est remplacé dans sa fonction par un Gevarus qui conseille à
Höd sur la manière de tuer l’invincible Baldr ( ref. Dumézil, 1986,
p.102-117)
- ↑ Sturluson 1991, p. 89-93.
- ↑ a et b (is) « Lokasenna » [archive], sur http://etext.old.no/ [archive] (consulté le 12 août 2011)
- ↑ a et b Boyer 1992, p. 480.
- ↑ Boyer 1992, p. 622.
- ↑ Boyer 1992, p. 472-489
- ↑ Sturluson 1991, p. 93-94.
- ↑ Sturluson 1991, p. 186.
- ↑ (is) « Völuspá » [archive], sur http://etext.old.no/ [archive] (consulté le 28 juin 2011)
- ↑ a et b Boyer 1992, p. 541.
- ↑ a et b Sturluson 1991, p. 95-97.
- ↑ Boyer 1992, p. 545
- ↑ Simek 2007, p. 235.
- ↑ Simek 2007, p. 236.
- ↑ Bailey 2000, p. 19.
- ↑ Dumézil 1986, p. 48.
- ↑ Bailey 2000, p. 21.
- ↑ Bailey 2000, p. 22.
- ↑ Orchard 1997, p. 105.
- ↑ Calverley (1899:218).
- ↑ a et b Madsen (1990:180).
- ↑ Rudolf Simek, Lexikon der germanischen Mythologie
- ↑ Dumézil 1986, p. 130-132.
- ↑ a et b Haudry 1988, p. 120
- ↑ a et b Simek 2007, p. 196.
- ↑ Dumézil 1986, p. 215
- ↑ Dumézil 1986, p. 216
- ↑ Haudry 1988, p. 100
- ↑ Haudry 1988, p. 101
- ↑ Haudry 1988, p. 127
- ↑ Haudry 1988, p. 128
- ↑ Régis Boyer, L’Edda poétique, Fayard, coll. « L’Espace intérieur », 1992, (ISBN 2-213-02725-0)
- ↑ a, b et c Dumézil 1986, p. 53-59
- ↑ (en) « Loki » [archive], sur marvel.com (consulté le 29 août 2011)
- ↑ (en) « Loki (personnage) » [archive], sur IMDB (consulté le 30 août 2011)
Bibliographie
Sur les autres projets Wikimedia :
- Loki, sur Wikimedia Commons
: publication utilisée pour la rédaction de cet article.
Traductions annotées de sources primaires
- Régis Boyer, La Saga de Sigurdr ou la parole donnée, Les Éditions du Cerf, 1989, 292 p. (ISBN 2-204-03170-4)
- Régis Boyer, L’Edda Poétique, Fayard, 1992, 685 p. (ISBN 2-213-02725-0)
- Snorri Sturluson, L’Edda : traduit, introduit et annoté par François-Xavier Dillmann, Gallimard, 1991, 319 p. (ISBN 2-07-072114-0)
Études spécialisées
- Georges Dumézil, Loki, Paris, Flammarion, coll. « Nouvelle bibliothèque scientifique », 1986 (1re éd. 1948), 259 p. (ISBN 2-08-081342-0, présentation en ligne)
- Jean Haudry, « Loki, Naramsama, Nairyo.Sanha, le feu de la « parole-qualifiante » », Études Indo-européennes, 1988, p. 99-130
- Bernard Mezzadri, « Les brocards de Loki et la toile d’Arachné », Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens, vol. 13, no 13, 1998, p. 439-450 (lire en ligne)
- (da) Axel Olrik, « Loki i nyere Folkeoverlevering 1-2 », Danske Studier, 1908-1909
- (en) Jan de Vries, The problem of Loki, Folklore Fellow Communication 110, 1933
Études généralistes
- (en) Richard Bailey, « Scandinavian Myth on Viking-age Sculpture in England », Old Norse Myths, Litterature and Society, 2000, p. 15-23 (lire en ligne)
- Régis Boyer, Yggdrasill : La religion des anciens Scandinaves, Paris, Payot, 1992, 249 p. (ISBN 2-228-88469-3)
- Georges Dumézil, Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne, Gallimard, 2000, 376 p. (ISBN 978-2070755868)
- Patrick Guelpa, Dieux & mythes nordiques, Septentrion, 2009, 265 p. (ISBN 978-2-7574-0120-0, lire en ligne)
- (en) Andy Orchard, Dictionary of Norse Myth and Legend, Cassell, 1997, 223 p. (ISBN 0-304-34520-2)
- (en) Rudolf Simek, Dictionary of Northern Mythology : Translated by Angela Hall, Cambridge, 2007, 424 p. (ISBN 978-0-85991-513-7)