A noter : alors que l'excellent et vieil ami de Marine Le Pen, Josette Brenterch et Cyprien Luraghi Jacques Fornès, militant frontiste de très longue date dans le Finistère et le Morbihan, brocanteur de profession et fan de l'émission Affaire conclue, me harcelait tout comme ses complices de la bande Luraghi en 2012, il était aussi en relation avec un employé de la mairie de Drancy qui me lisait régulièrement sur mon ancien blog "Un petit coucou" chez OverBlog.
Jean-Christophe Lagarde, affaibli par des affaires judiciaires, quitte ses fonctions de président de l’UDI
« Je ne suis pas en situation de présider efficacement notre mouvement politique », explique M. Lagarde dans une lettre adressée mercredi aux militants centristes, mettant en cause une « déferlante judiciaire soigneusement préparée » contre lui.
Poursuivi par la justice dans plusieurs affaires, il n’est plus en capacité de rester à son poste. Jean-Christophe Lagarde a annoncé aux adhérents de son parti, mercredi 19 octobre, qu’il quittait la présidence de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), dans un courrier consulté par l’Agence France-Presse. Cette décision est « douloureuse pour moi, mais nécessaire pour nous tous », car « je ne suis pas en situation de présider efficacement notre mouvement politique », explique-t-il dans cette lettre, mettant en cause une « déferlante judiciaire (…) soigneusement préparée » contre lui.
« Je ne peux plus m’exprimer en public pour porter notre message, nos idées, notre projet, comme je le fais à vos côtés depuis huit ans », ajoute l’ex-chef de file du parti centriste, âgé de 54 ans. Mardi, il a réuni le bureau national, qui a approuvé cette décision, ainsi que celle de « convoquer un congrès anticipé qui aura la charge d’élire un nouveau président, le 10 décembre ».
Battu aux élections législatives de juin par l’« insoumise » Raquel Garrido dans la 5e circonscription de la Seine-Saint-Denis après quatre mandats successifs de député, M. Lagarde s’était rapidement mis en retrait de ses fonctions à la tête de l’UDI ; il avait délégué la présidence au sénateur des Hauts-de-Seine Hervé Marseille, sans toutefois quitter formellement son poste. D’ici au 10 décembre, c’est M. Marseille qui exercera « la pleine responsabilité de notre mouvement », précise M. Lagarde.
Un an de prison requis contre lui dans une affaire d’emploi fictif
L’ancien parlementaire est soupçonné d’avoir octroyé un emploi fictif d’assistante parlementaire à sa belle-mère, Monique Escolier-Lavail, entre mai 2009 et août 2010, et de lui avoir ainsi versé plus de 39 000 euros de salaires en échange de son aide pour écrire un livre sur les petites et moyennes entreprises – un ouvrage qui n’a jamais paru.
Le 3 octobre, le Parquet national financier a requis contre lui un an d’emprisonnement avec sursis, assorti d’une privation des droits civiques de cinq ans. Le jugement sera rendu le 7 décembre.
Par ailleurs, M. Lagarde a été placé en garde à vue au début de septembre, et l’un de ses anciens collaborateurs a été mis en examen, dans l’enquête sur les fausses accusations du magazine Le Point ayant visé, pendant la campagne législative, les députés de La France insoumise Raquel Garrido et Alexis Corbière.
En mars 2021, le patron de l’UDI avait en outre été placé en garde à vue après la découverte de plusieurs armes à son domicile par des policiers, appelés pour un différend familial. « Je réclamerai justice » de ces « multiples accusations injustes et injustifiées », ajoute M. Lagarde dans son courrier.
Quelques jours avant sa démission, dans la nuit du 14 au 15 octobre, il a été élu adjoint à la mairie de Drancy, après deux tentatives infructueuses pour cause d’invalidations du scrutin. Edile de la commune de 2001 à 2017, il a vu depuis son épouse, Aude Lagarde, lui succéder.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Christophe_Lagarde
- Les Hypocrisies françaises, Le Cherche midi éditeur, 2008 [présentation en ligne [archive]]
- Mandats locaux actuels :
- Conseiller municipal de Drancy
- Conseiller territorial de l'Établissement public territorial Paris Terres d'Envol
- Anciens mandats locaux:
- 20/03/1989 - 18/06/1995 : membre du conseil municipal de Drancy (Seine-Saint-Denis)
- 19/06/1995 - 18/03/2001 : membre du conseil municipal de Drancy (Seine-Saint-Denis)
- 16/03/1998 - 17/12/2002 : membre du conseil régional d'Île-de-France
- 19/03/2001 - 02/01/2003 : membre du conseil général de la Seine-Saint-Denis
- 17/03/2001 - 02/09/2017 : maire de Drancy (Seine-Saint-Denis)
- Anciens mandats nationaux:
- Député de la cinquième circonscription de la Seine-Saint-Denis élu le , réélu le , réélu le , réélu le
- 19/06/2002 - 19/06/2007 : secrétaire de la commission des Lois à l'Assemblée nationale
- 01/12/2006 - 19/06/2007 : vice-président de l'Assemblée nationale
- 16/11/2010 - 19/06/2012 : vice-président de l'Assemblée nationale
- 20/06/2007 - 19/06/2012 : vice-président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale
- 28/06/2017 - 21/06/2022 : membre de la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale
- Partis politiques :
- Président de l'UDF de la Seine-Saint-Denis en 2004
- 19/06/2007 - 2012 : Membre de Les Centristes - Le Nouveau Centre
- 17/05/2008 - 2012 : Président exécutif du Nouveau centre
- 10/2012 - 11/2014 : Secrétaire général de l'UDI
- Président de Force européenne démocrate (depuis )
- Président de l'UDI (depuis le )
- Deux autres députés, Bruno Bourg-Broc et Roland Chassain, membres de l'UMP, votent également contre lors de ce scrutin mais ont déclaré a posteriori avoir voulu voter pour.
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Jean-Christophe Lagarde
Cet article possède un paronyme, voir Jean-Jacques Lagarde.
Pour les articles homonymes, voir Lagarde.
Jean-Christophe Lagarde | |
Jean-Christophe Lagarde en 2015. | |
Fonctions | |
---|---|
Président de l'Union des démocrates et indépendants | |
En fonction depuis le (7 ans, 11 mois et 9 jours) |
|
Élection | |
Réélection | |
Prédécesseur | Yves Jégo (intérim) Jean-Louis Borloo |
Président du groupe UDI et indépendants à l'Assemblée nationale | |
– (4 ans, 6 mois et 24 jours) |
|
Avec | Franck Riester (2017-2018) |
Législature | XVe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Stéphane Demilly |
Successeur | dissolution du groupe |
Député français | |
– (20 ans et 2 jours) |
|
Élection | 16 juin 2002 |
Réélection | 17 juin 2007 17 juin 2012 18 juin 2017 |
Circonscription | 5e de la Seine-Saint-Denis |
Législature | XIIe, XIIIe, XIVe et XVe (Cinquième République) |
Groupe politique | UDF (2002-2007) NC (2007-2012) UDI (2012-2017) LC (2017) UDI (2017-2022) |
Prédécesseur | Bernard Birsinger |
Successeur | Raquel Garrido |
Maire de Drancy | |
– (16 ans, 5 mois et 16 jours) |
|
Élection | 11 mars 2001 |
Réélection | 16 mars 2008 30 mars 2014 |
Prédécesseur | Gilbert Conte |
Successeur | Aude Lagarde |
Conseiller général de la Seine-Saint-Denis | |
– (1 an, 9 mois et 14 jours) |
|
Élection | 18 mars 2001 |
Circonscription | Canton du Bourget |
Prédécesseur | Jacques Gonzalez |
Successeur | Vincent Capo-Canellas |
Conseiller régional d'Île-de-France | |
– (4 ans, 9 mois et 2 jours) |
|
Élection | 20 mars 1998 |
Président | Jean-Paul Huchon |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Châtellerault (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | UDF-CDS (1990-1995) UDF-FD (1995-1998) UDF (1998-2007) NC (2007-2012) UDI-FED (depuis 2012) |
Profession | Attaché de direction |
modifier |
Jean-Christophe Lagarde, né le à Châtellerault (Vienne), est un homme politique français.
Il est maire de Drancy de 2001 à 2017 et député de la 5e circonscription de la Seine-Saint-Denis de 2002 à 2022.
Membre de l’UDF et soutien de François Bayrou pendant la campagne présidentielle de 2007, il rejoint ensuite le Nouveau Centre, puis fonde en 2012 le parti de centre droit Force européenne démocrate. Il rejoint en parallèle l'Union des démocrates et indépendants (UDI), lancée par Jean-Louis Borloo et dont il devient président en 2014.
Situation personnelle
Après sa scolarité dans les écoles de Drancy, il est surveillant dans plusieurs collèges du département, dont Drancy, pendant ses études en histoire ; il obtient une licence d'histoire. Il a été assistant parlementaire de Marc-Philippe Daubresse, député du Nord dans les années 901.
Famille et origines
Sa famille s'installe à Drancy en 1970. Son père est informaticien et sa mère secrétaire2. Il est marié avec Aude Lavail-Lagarde, ancienne militante de l'UDF du Languedoc3, élue conseillère départementale de Seine Saint-Denis en 2015 qui lui succède à la mairie de Drancy en 4.
Carrière politique
Débuts et conseiller municipal
Il s'engage en politique en 1987 en militant pour la campagne présidentielle de Raymond Barre5, en 1989 il est élu conseiller municipal de Drancy sur la liste d'union RPR/UDF. Il fait campagne pour la liste de Simone Veil aux élections européennes de 19896. En 1990, il adhère au Centre des démocrates sociaux. La même année, il devient président des Jeunes démocrates sociaux (JDS) de la Seine-Saint-Denis et délaisse ses études d'histoire7. Il rencontre François Bayrou lors d'un congrès dans les Pyrénées en 1991[réf. nécessaire].
Candidat de l'union UDF/RPR aux élections législatives de 1993 et de 1997 dans la cinquième circonscription de la Seine Saint-Denis, il est battu au premier tour par le député sortant Jean-Claude Gayssot.
Pendant les élections municipales de 1995, il est tête de liste de l'union de l'opposition à Drancy et met, pour la première fois de l'histoire locale, le maire sortant Maurice Nilès en ballotage, figure historique du Parti communiste français, résistant, ancien député et maire de la ville depuis trente-six ans. Celui-ci est cependant réélu.
Il est élu président national des JDS en 1996 puis des Jeunes UDF et conseiller régional d'Île-de-France en 1998 et le reste jusqu'en 2001.
Maire de Drancy et député
Jean-Christophe Lagarde remporte les élections municipales de la ville de Drancy du dès le premier tour après 66 ans de gestion communiste dans une des villes de la ceinture rouge. Il est élu un an plus tard lors des élections législatives député dans la cinquième circonscription de la Seine-Saint-Denis, par 22 voix de majorité. Il gagne alors une circonscription ancrée à gauche depuis plus de 70 ans. À cette période, il fait partie du groupe UDF.
À l'automne 2005, il analyse les émeutes des banlieues8 en ciblant les conséquences de "ghettoïsation" d'une partie des Français. Son analyse, divergeant de celle de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, lui vaut l'opprobre de l'UMP : Éric Raoult disant de lui qu'il est un « Sarkozy de l'UDF dans le 9-3 », et Roger Karoutchi, patron de l'UMP d'Île-de-France déclarant « C'est un sectaire qui est en train de mal tourner »2.
Le , il devient le plus jeune vice-président de l'Assemblée nationale.
Porte-parole de François Bayrou lors de la campagne présidentielle de 2007, il affirme ses divergences en esquissant un rapprochement avec Ségolène Royal. Après le premier tour de l'élection présidentielle, il prend ses distances avec lui et se présente en candidat libre, après avoir refusé d'appeler à voter pour Nicolas Sarkozy. Lors des élections législatives de 2007, Jean-Christophe Lagarde se représente sans étiquette (ses documents de campagne feront mention des deux communes de sa circonscription Bobigny et Drancy en guise de tendance politique) pour un second mandat tout en étant investi sans l'avoir demandé par l'UDF[réf. nécessaire]. Il est réélu au second tour le avec 59,87 % des voix.
Deux jours après son élection, il annonce son adhésion au groupe Nouveau Centre, composé d'anciens parlementaires UDF qui avaient soutenu Nicolas Sarkozy entre les deux tours des présidentielles9,10. Pourtant, le , il signe, avec 16 autres personnalités politiques de tous bords, l'« Appel du » pour une vigilance républicaine lancé par l'hebdomadaire Marianne11. À la suite du refus de la loi rétroactive à l’Assemblée nationale, et sur proposition de Jean-Christophe Lagarde, le Nouveau Centre fait alliance avec le Fetia Api (financement : 870 000 d’euros pour le Nouveau Centre et 30 000 euros pour le Fetia Api). Le Fetia Api (« Nouvelle étoile ») est un parti politique de la Polynésie française, proche de l'UDF puis du Nouveau Centre qui le soutient (afin notamment de pouvoir bénéficier du financement public des partis politiques, plus aisé pour les partis qui se présentent outre-mer)12.
En 2008, lors des élections municipales, Jean-Christophe Lagarde remporte à nouveau dès le premier tour la ville de Drancy avec 69,5 % des voix et emporte 42 sièges des 49 qui composent le conseil municipal13.
Membre du groupe d'études sur le problème du Tibet de l'Assemblée nationale14, il est élu vice-président de l'Assemblée nationale le , en remplacement de Maurice Leroy, nommé ministre de la Ville dans le gouvernement Fillon 3, jusqu'à la fin de la mandature en . Il est vice-président du groupe d'amitié France-Qatar à l'Assemblée nationale de 2007 à 201215.
Le , alors qu'il s'était déjà montré hostile à la candidature du président de son parti Hervé Morin, il annonce son soutien à Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de la même année en cosignant une tribune dans Le Figaro avec d'autres parlementaires du Nouveau Centre et les ministres Maurice Leroy et François Sauvadet.
Candidat aux élections législatives de juin 2012 dans la cinquième circonscription de la Seine Saint-Denis (Bobigny, Drancy, Le Bourget), il est réélu le pour un troisième mandat par 56,73 % des suffrages exprimés. Il est élu le porte-parole du nouveau groupe centriste UDI présidé par Jean-Louis Borloo à l'Assemblée nationale avant le lancement de ce parti à ce nom.
Le , il annonce qu'il brigue un troisième mandat à la mairie de Drancy. Il est réélu avec 75,06 % des suffrages exprimés, lors du premier tour du , et sa liste remporte 45 sièges sur les 49 que compte le conseil municipal.
Le , il annonce son intention de démissionner de son mandat de maire de Drancy afin de se conformer à la loi sur le cumul des mandats et de proposer son épouse Aude Lagarde, sixième adjointe chargée des affaires sociales et des personnes âgées, pour lui succèder16. Le il est réélu pour un quatrième mandat de député. Ainsi qu'il l'avait annoncé, Aude Lagarde est élue maire le 4. Il parraine la candidature de François Fillon (LR) pour l'élection présidentielle de 201717. Cette même année, il est candidat à sa propre réélection lors des élections législatives de 2017, qu'il remporte.
Candidat à sa réélection lors des élections législatives de 2022, il est largement battu lors du deuxième tour18. Moins d'un mois plus tard, les 8 et , il est élu adjoint à la maire de Drancy, sa femme, et chargé des grands projets19, mais son élection est par deux fois invalidée20. Il est finalement élu à ce mandat de maire-adjoint par le conseil municipal du , et bénéficie à ce titre d'une indemnisation mensuelle de 3 878,99 €, cumulable avec son allocation-chômage d’ancien député21
Président de l'UDI
Jean-Christophe Lagarde a été numéro deux du Nouveau Centre en devenant président exécutif du nouveau parti centriste lors du congrès de Nîmes du . Il quitte cette fonction en même temps que le parti, en 201222. Le , afin de débloquer la construction d'un parti centriste à partir du groupe parlementaire UDI, Jean-Christophe Lagarde annonce la création d'un nouveau parti de centre-droit, baptisé Force européenne démocrate23. Il participe alors à la mise en place du parti, l'Union des démocrates et indépendants.
Le , il annonce dans Le Journal du dimanche sa candidature à la présidence de l'UDI, rejoignant une course qui oppose déjà Jean-Christophe Fromantin, Yves Jégo (avec Chantal Jouanno) et Hervé Morin. Il déclare que « le centre n'est pas le milieu, la moyenne, la synthèse mais un autre chemin, une alternative pour notre pays » et entend « conquérir le pouvoir » en portant un « Centre conquérant »24.
Il arrive en tête du premier tour, devançant Hervé Morin (35,9% contre 31,5%), et obtient pour le second le soutien d'Yves Jégo, arrivé troisième avec 21,5 % des voix25. La Seine-Saint-Denis et en particulier sa ville de Drancy lui apportent un soutien massif. Son département compte 2 192 votants (dont 1 377 pour Drancy), loin devant les Hauts-de-Seine avec 1 193 voix26. Il remporte le second tour et devient alors président de l'UDI27.
Le , il est désigné vice-président du Parti démocrate européen28.
Il figure symboliquement en dernière place de la liste de la Seine-Saint-Denis Les Républicains-UDI-MoDem conduite par Bruno Beschizza, dont la cheffe de file régionale est Valérie Pécresse, lors des élections régionales de 201529.
Il soutient Alain Juppé, à titre personnel, dès le premier tour de la primaire française de la droite et du centre de 2016, tandis que le Nouveau Centre, autre composante de l'UDI qu'il préside, soutient François Fillon pour le second tour30,31. Après la victoire de François Fillon, il intègre, au sein de l'organigramme de l'équipe de campagne de ce dernier, son Conseil stratégique aux relations avec les partis32. Il suspend le soutien de l'UDI le à la suite de l'annonce de la convocation du candidat par les juges d'instruction en vue d'une probable mise en examen dans le cadre de l'affaire Fillon33. En , il dit ne plus vouloir d'alliance entre l'UDI et LR en cas d'élection de Laurent Wauquiez à la tête de LR34.
En , Jean-Christophe Lagarde est désigné pour conduire la liste UDI aux élections européennes de 201935. Cette liste, Les Européens, obtient 566 057 voix (2,50 % des suffrages) et aucun élu au Parlement européen36.
Affaibli par des ennuis judiciaires, Jean-Christophe Lagarde a annoncé, le , qu'il quittait ses fonctions de président de l’UDI, l’élection de son successeur étant prévue le suivant 37,38.
Positionnement politique
Fiscalité
Fin , il relaie à l'Assemblée nationale, avec des députés LR, un amendement portant sur la fiscalité des entrepôts et fourni par le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises39,40,41.
En , il prend position contre la taxe sur les GAFA de Bruno Le Maire42, annonçant que le monopole de Google, Facebook et Amazon leur permettra de répercuter la taxe sur les PME et les artisans, ce qui se confirme en à la suite de la décision prise par Amazon43.
Institutions
Il estime que la baisse des dotations de l'État aux collectivités mise en place sous la présidence de François Hollande (11 milliards d’euros en trois ans) représente un « effort [...] trop violent sur un délai trop court, alors qu’il aurait pu être supérieur sur un temps plus long »5. En Ile-de-France, il est pour la suppression des départements, dont les compétences scolaires reviendraient à la Région et les compétences sociales aux établissements publics territoriaux, qui doivent selon lui devenir des « établissements publics classiques »5.
International
Jean-Christophe Lagarde est pro-européen. Cependant, il n'approuve pas le cinquième élargissement de l'Union européenne contre lequel il vote en , risquant, selon lui, de rendre l'Union européenne moins gouvernablenote 1,44,45. Pour les mêmes raisons, il s'oppose à la ratification du traité de Lisbonne en considérant qu'on « ne pourra pas poursuivre la construction européenne et l'intégration politique avec plus de 27 pays : l'Europe va être paralysée avec les institutions actuelles »46. Lors du référendum sur le traité établissant une constitution pour l'Europe en 2005, Jean Christophe Lagarde fait campagne pour le « non », dénonçant la fin de la volonté fédéraliste européenne et jugeant le texte trop timoré, privilégiant une Europe uniquement économique contre la création d'une Europe politique47. En 2018, il prend position pour la création d'une politique migratoire commune dirigée par un « Ministère européen des migrations » : Celui-ci serait doté d'une administration fédérale de garde-côtes et de garde-frontières et serait en gestion du droit d'asile à l'échelle européenne48. Le , il conteste le veto de la Commission européenne sur le projet de fusion Alstom-Siemens, reprochant à l'UE de ne pas protéger ses entreprises et ses salariés de la concurrence mondiale, notamment chinoise49.
En , Jean-Christophe Lagarde s'inquiète des conséquences d'un retrait des troupes américaines en Syrie pour les Kurdes50. En , en tant que président du groupe d’études de l’Assemblée nationale sur les Kurdes, il écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron51 pour lui demander d’anticiper un éventuel retrait des troupes américaines, puis, en , à la suite de l'offensive de l'armée turque dans le nord de la Syrie, il demande des sanctions financières contre la Turquie : « il faut cesser d'être frileux par rapport à la Turquie [...] il y a bien eu une réaction lorsque la Russie a envahi une partie de l'Ukraine et de la Crimée [...] l'Union européenne a des moyens de faire pression sur la Turquie : 50% des exportions de la Turquie vont vers l'Europe, soit 84 milliards d'euros »52.
Numérique
En 2017, il alerte contre l'ingérence numérique du Cloud Act qui contraint les firmes américaines à fournir des données stockées sur leurs serveurs situés en Europe53.
En 2018, il prend position pour la création d'un règlement européen sur la valorisation des données personnelles obligeant les opérateurs du numérique à rémunérer les utilisateurs dont ils collectent les données42.
Société
Il s'est prononcé en faveur de la légalisation du cannabis, estimant que cela poserait certes « des problèmes de santé publique, qui se posent de toute façon même avec la prohibition » mais que « les gains en termes de sécurité publique seraient considérables, car on pourrait ainsi éviter que se constituent à tous niveaux les mafias de la drogue »54.
En 2004, il a voté contre la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques55, parlant la veille des régionales une manipulation électoraliste, les cas problématiques étant peu nombreux. Dans son livre Les Hypocrisies françaises, Jean-Christophe Lagarde estime que l'État doit « trouver la place de l'islam en France ».
En 2007, il instaure la gratuité de la restauration scolaire dans la communauté de communes Le Bourget-Drancy en Seine Saint-Denis et dépose dans le même temps une proposition de loi pour généraliser la mesure dans toute la France56.
En 2013, Jean-Christophe Lagarde vote en faveur du projet de loi sur le mariage homosexuel57.
Controverses
Affaires judiciaires
Après plusieurs procédures lancées en 2010 alors qu'était pressentie son entrée au gouvernement58, il est condamné en à 5 000 euros d’amende pour attribution illégale de marché public, dans le cadre confidentiel d’une procédure de plaider-coupable à Paris59. En 2013, l'association de soutien à son action municipale rembourse 51 712 euros à la municipalité de Drancy pour des frais qu’elle avait indûment engagés au profit de l’association, ce qui lui permet d'éteindre les poursuites59.
Le , il est relaxé des poursuites pour favoritisme dont il faisait l'objet dans un dossier d'attribution de marché public accordé à un architecte pour la tribune du stade Guy-Môquet, à Drancy60. Le jugement est confirmé par la cour d'appel de Paris le 61.
En , des perquisitions sont menées à son domicile dans une enquête pour détournement de fonds publics dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet national financier (PNF) à la suite d'une plainte déposée en par Hacène Chibane, conseiller municipal d'opposition à la mairie de Drancy, qui s'interrogeait sur l'activité d'assistante parlementaire de son épouse, Aude Lavail-Lagarde, entre 2002 et 201462. Il est également soupçonné d'avoir octroyé un emploi fictif d'assistante parlementaire à sa belle-mère, Monique Escolier-Lavail, entre et , et lui avoir versé à ce titre plus de 39 000 euros de salaires en échange de l'écriture d'un livre sur les PME qui n'a finalement jamais été publié63. Le jugement de cette affaire est prévu pour au tribunal correctionnel de Paris64. Le , le PNF requiert à l'encontre de Jean-Christophe Lagarde un an d'emprisonnement avec sursis, assorti d'une privation de ses droits civiques de cinq ans. Le jugement est attendu pour le prochain63.
Le , il est placé en garde à vue pour détention d'armes65. Ses proches auraient signalé une tentative de suicide66.
Le , il est condamné pour procédure abusive contre un conseiller municipal d'opposition de Drancy67.
Le , une plainte pour abus de confiance est déposée contre lui par Aziz Zemouri, journaliste du Point, qui estime s'être fait manipuler pour publier un article à charge contre Raquel Garrido, candidate de La France insoumise, opposée à Jean-Christophe Lagarde durant les élections législatives de 2022 en Seine-Saint-Denis68,69. Jean-Christophe Lagarde est placé en garde à vue le suivant dans le cadre de cette affaire, ainsi que l'un de ses anciens collaborateurs70,71,63.
Polémiques
Clientélisme et communautarisme
En , dans un article titré « Quand le maire se félicite d'avoir menti… », le site du Parisien a publié une déclaration où Jean-Christophe Lagarde reconnaissait avoir caché la construction d'une mosquée à Drancy, pour éviter des tensions72. L'intéressé est revenu sur le sujet en 2008, dans son ouvrage Les Hypocrisies françaises (Le Cherche midi), où il argumente sur la nécessité pour l'État de « trouver la place de l'islam en France », afin d'éviter que cette religion ne soit une arme aux mains d'États étrangers, et dénonce ce qu’il appelle « les blocages et les illogismes de la société française ». Il a affirmé en 2010 qu'il n'avait pas « caché » la construction de la mosquée, mais « simplement voulu éviter d'en faire un symbole ou un sujet de polémique. […] Ayant tenu la presse à l'écart […], je me suis attiré ce titre vengeur et fallacieux du Parisien car ils n'avaient pas aimé ne pas être les premiers informés73. »
Fin , un numéro de l'émission télévisée Pièces à conviction dénonce la gestion de la ville de Drancy par Jean-Christophe et Aude Lagarde. Selon le conseiller municipal d'opposition Hacène Chibane, les associations sont pour les deux maires « le bras armé pour tenir la ville », au moyen de subventions74. Ces pratiques auraient selon ses opposants également été constatées dans la mairie voisine de Bobigny (passée à l'UDI après une domination communiste de plusieurs décennies), afin de renforcer l'assise électorale de Jean-Christophe Lagarde75.
Le , Jean-Christophe Lagarde publie un communiqué de presse en réponse au journal Le Point après la publication d’un dossier consacré au « communautarisme » illustré par la photographie du député. Il utilise alors une citation du ministre de la propagande nazi, Joseph Goebbels, en mentionnant clairement le nom de son auteur76,77.
Début 2020, il est l'objet d'un livre de la journaliste de l'AFP Ève Szeftel, intitulé Le Maire et les Barbares, une enquête sur le clientélisme à Bobigny qui le met en cause. Selon elle, le député aurait eu recours à des méthodes clientélistes, impliquant des personnes condamnées par la justice ou des responsables religieux78. L'intéressé s'en défend79.
Autres
Le , il estime qu'avec son indemnité de député de 7 209,74 euros brut mensuels hors avantages (5 400 euros d'indemnité parlementaire) rapportée au nombre d'heures par semaine et aux week-ends travaillés, il gagne moins que le salaire moyen des Français qui s'élève à 2 957 euros bruts par mois80,81.
Le dimanche 21 novembre 2021, invité en direct dans une émission matinale de France Info, Jean Christophe Lagarde tient des propos très virulents concernant Éric Zemmour et finit par lâcher « Se foutre du monde au point de dire 'je suis un RPR', Monsieur Zemmour, si Monsieur Pasqua était là, il te filerait une balle dans la tête ». Ces propos diffusés en direct, sont d'abord tweetés puis supprimés par France Info qui invoque une entorse aux valeurs du débat politique82. Jean-Christophe Lagarde a rapidement dit regretter son « expression totalement inappropriée »83. De nombreuses voix ont condamné ses propos84. Éric Ciotti les qualifie de « monstrueux » : « une déclaration d'une violence inouïe qui mérite des sanctions exemplaires »85. Pour Bernard Carayon, « le débat politique atteint une violence intolérable. Celle des mots annonce celle des actes. Et qu’un centriste, le comble, prête au défunt Charles Pasqua des intentions de meurtre est insupportable »86. Éric Zemmour n’aurait pas l’intention de porter plainte87.
Publication
Détail des mandats et fonctions
Notes et références
Notes
Références
- Ressources relatives à la vie publique
- :
- Site officiel [archive]
Liens externes
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_gang_des_barbares
Affaire du gang des barbares
« L'Affaire Ilan Halimi » redirige ici. Ne pas confondre avec L'Affaire Sarah Halimi.
Pour les articles homonymes, voir L'Affaire Halimi et Halimi.
Affaire du gang des barbares | |
Titre | Affaire du gang des barbares |
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Fait reproché | Enlèvement, séquestration, torture, antisémitisme et assassinat |
Pays | France |
Date | |
Nombre de victimes | 1 |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée |
modifier |
L’affaire du gang des barbares (également appelée affaire Ilan Halimi ou affaire Halimi) désigne les événements liés à la mort d'Ilan Halimi, enlevé dans la région parisienne puis séquestré et torturé en par un groupe d'une vingtaine de personnes se faisant appeler le « gang des barbares », dirigé par Youssouf Fofana. Leur choix se porte sur Ilan Halimi, car, du fait de son appartenance à la communauté juive, il est censé
L'affaire suscite une vive émotion en France, y compris au plus haut niveau de l'État, du fait de l'antisémitisme des auteurs du crime et des conditions de séquestration et de mort d'Halimi. Le procès se déroule d'avril à , selon les règles de publicité restreinte puisque deux des accusés étaient mineurs au moment des faits ; il y a appel en 2010. Le retentissement médiatique est énorme et plusieurs livres en relation avec cette affaire sont publiés, ainsi que plusieurs adaptations au cinéma. L'affaire attire également l'attention internationale où elle figure comme un exemple d'antisémitisme en France.
Enlèvement
Faits
Contexte et circonstances
Naissance |
---|
12e arrondissement de Paris
Décès |
---|
14e arrondissement de Paris
Sépulture | |
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Nom dans la langue maternelle |
Ilan Jacques Élie Halimi |
Nationalité | |
Activité |
Religion |
Judaïsme |
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Ilan Halimi, de son nom de naissance Ilan Jacques Élie Halimi1, fils aîné d'une famille juive marocaine2, né le , est un vendeur travaillant dans un magasin de téléphonie mobile du boulevard Voltaire à Paris.
Le soir du vendredi 2006, après avoir dîné chez sa mère, il rejoint en voiture Yalda dite aussi « Emma », jeune fille qui l'a ouvertement dragué dans son magasin, une semaine plus tôt, et l'a rappelé pour passer une soirée avec lui3.
Après avoir pris un verre ensemble porte d'Orléans, il pense la raccompagner chez elle dans la banlieue sud de Paris vers Sceaux (Hauts-de-Seine). Ilan Halimi, à peine sorti de son véhicule, est roué de coups par des individus qui tentent d'appliquer un chiffon imbibé d'éther sur son visage. Alors qu'il se débat et appelle à l'aide, ils « l’assomment et le jettent dans le coffre d’un 4X4 », le menottent et lui couvrent les yeux et la bouche ensanglantés de ruban adhésif3,4,5.
Le 21 janvier 2006 au petit matin, sa petite amie Stéphanie Yin, d'origine asiatique, avec qui il vit, cherche vainement la voiture d'Ilan et, inquiète, téléphone à ses amis et la famille Halimi6. Ce même jour, Youssouf Fofana adresse un courriel envoyé d'un cybercafé d'Arcueil à la famille Halimi, qui réclame 450 000 euros en échange de la libération d’Ilan Halimi, assorti d'une photographie du jeune homme yeux bandés, journal du jour dans les mains et pistolet pointé sur la tempe7. « La famille prévient alors la police, et la brigade criminelle, l'unité d'élite de la police judiciaire de Paris, se saisit de l’enquête »3.
Semaines suivantes
Durant les semaines qui suivent, Halimi est le plus souvent laissé dans un peignoir de bain ou dénudé sur le sol dans la rudesse de l'hiver, attaché, le visage scotché (« complètement momifié »), le plus souvent nourri à la paille de boissons, torturé par plusieurs geôliers à tour de rôle pendant 24 jours, d'abord dans un appartement vide et non chauffé rue Serge-Prokofiev d'une HLM de la cité Pierre-Plate à Bagneux (Hauts-de-Seine) puis dans une cave de l'immeuble mise à disposition par le concierge7,8,5.
Durant ce calvaire, Didier Halimi, son père, reçoit des coups de téléphone, des messages, des mails, en tout 6009 à 7005appels des ravisseurs, souvent insoutenables, dont des menaces de mutilation, où les revendications sont mouvantes. Les policiers lui dictent toutes les réponses pour temporiser afin d'essayer de localiser les ravisseurs9. Durant la séquestration d'Ilan Halimi, elle demande également à ses parents de garder le silence sur cette affaire, de ne pas demander d'aide pour payer la rançon de leur fils, ni de montrer sa photographie à des personnes qui pourraient fournir des informations10. Quand la police autorise enfin Didier Halimi à déposer une rançon contre son fils, les malfaiteurs lui donnent plusieurs consignes et rendez-vous le menant jusqu'à Bruxelles où le père ne trouve encore personne pour l'échange7.
Ses ravisseurs, qui furent surnommés le « gang des barbares », voulaient obtenir une rançon pour sa libération. Le groupe était composé d'une vingtaine de personnes qui gravitaient autour d'un chef, Youssouf Fofana. Toutefois, les enquêteurs, évoquant plusieurs déplacements en Côte d'Ivoire de Youssouf Fofana durant le rapt, ont avancé l'hypothèse d'un autre chef. Son avocat a déclaré, sans autres précisions : « Il [est] parti deux fois en Côte d'Ivoire sur vingt et un jours [durant le rapt] […] il n'était peut-être pas le seul à diriger les choses » et « Je ne suis pas convaincu qu'il puisse parler librement tant que d'autres personnes sont dehors »11.
De jolies jeunes filles étaient utilisées comme appâts pour attirer les victimes dans un guet-apens. Ilan Halimi ne serait pas la première victime du gang : il y aurait eu cinq tentatives d'approche avant lui, mais toutes auraient échoué7.
Le motif de ce crime est crapuleux et antisémite : il s'agissait d’enlever un Juif « parce qu’ils sont bourrés de thunes »12, selon Youssouf Fofana, et d'extorquer de l'argent à la famille de la victime, toujours « supposée riche car juive », alors que le salaire d'Ilan Halimi n'était que de 1 200 euros mensuels et que sa famille est modeste13. Lorsque les ravisseurs se sont rendu compte que la famille (le père, Didier Halimi, gérant deux boutiques de vêtements, la mère Ruth, secrétaire) ne disposait pas de la somme exigée — dont le montant a varié de 5 000 à 450 000 voire 500 000 euros de 2006 —, ils ont chargé un rabbin choisi au hasard dans l'annuaire téléphonique de récolter l'argent dans « sa communauté » pour payer la rançon14,13,9.
Laissés souvent sans nouvelle de leur « cerveau », Youssouf Fofana, qui exige d'Abidjan de ses acolytes une « photo gore avec du sang, qui marque les esprits » ou change souvent de directives, les geôliers s'impatientent et deviennent brutaux avec leur prisonnier4.
Le 12 février 2006, ses geôliers reçoivent l'ordre de préparer Ilan Halimi pour sa libération ; on nettoie son corps toujours menotté, pour effacer les « preuves d'ADN », on rase ses cheveux ; dans la nuit du 12 au 13, Youssouf Fofana le prend sur son dos, enveloppé nu d'un drap, pour le charger dans le coffre d'une voiture volée7,4.
Découvert nu, tondu, bâillonné, menotté, défiguré, le corps brûlé et agonisant, le , le long des voies ferrées du RER C à Sainte-Geneviève-des-Bois dans le département de l'Essonne, Ilan Halimi meurt peu de temps après son transfert à l'hôpital15,13,12.
Autopsie
L'autopsie réalisée le à l'hôpital d'Évry (Essonne) révèle des « brûlures » sur 80 % du corps, de multiples « hématomes et contusions », « une plaie à la joue » faite au cutter et « deux plaies à l'arme blanche sous la gorge »16. Mais le médecin légiste conclut : « Aucun des coups n'est mortel. » Ce n'est donc pas un coup isolé qui a provoqué la mort, mais l'ensemble des violences et tortures subies pendant les trois semaines de séquestration. Contrairement à des rumeurs ayant couru au moment des faits, aucune trace de violence sexuelle ni de mutilation n'a été décelée à l'autopsie17. Il apparaît aussi que le froid (l'enlèvement s'est passé fin janvier) et la faim ont contribué à l'affaiblissement de la victime.
Sépulture
Ilan Halimi est inhumé en février 2007 au cimetière Har HaMenuhot (Mont des Répits) dans le quartier de Guivat Shaoul à Jérusalem Ouest en Israël, dans une section spéciale, après l'exhumation et le transfert de sa dépouille via un vol d'El Al, du cimetière parisien de Pantin en France où il avait été initialement enterré18,19. Ses deux enterrements sont espacés d'exactement une année, selon le calendrier hébraïque20.
Sur sa pierre tombale est désormais écrit13 :
« Ilan Jacques Halimi, torturé et assassiné en France parce qu’il était juif à l’âge de 23 ans ».
Antisémitisme
À la date du , la circonstance aggravante d'antisémitisme a été retenue par les juges d'instruction. Le quotidien Le Monde du publie des informations en faveur d'une interprétation antisémite de l'affaire, après des interrogatoires de certains prévenus. Les préjugés antisémites de la bande de Bagneux apparaissent dans les auditions de ses membres. D'après Youssouf Fofana, ils ont visé la communauté juive à cause de la richesse présumée de ses membres. Néanmoins, la bande avait d'abord visé des personnes non juives et c'était au terme de deux échecs qu'elle avait l'idée de cibler un juif en pensant que celui-ci aurait de l'argent ou du moins une communauté prête à en réunir21.
Youssouf Fofana nie avoir eu des motivations antisémites. Plusieurs autres membres se sont défendus d'être antisémites22 et certains se sont contentés de déclarer lors des interrogatoires qu'« un juif, c'est riche »23, ce qui n'était notamment pas le cas d'Ilan Halimi, issu d'une famille modeste.
Un officier de police a signalé que les membres du groupe ne sont pas connus comme extrémistes. Les juges chargés du dossier ont toutefois retenu l'antisémitisme comme circonstance aggravante du crime pour deux des prévenus, Youssouf Fofana et Jean-Christophe G.
Dans le livre intitulé 24 jours : la vérité sur la mort d'Ilan Halimi, (2009), co-écrit avec Émilie Frèche, Ruth Halimi, la mère de la victime, affirme que la police n'a jamais soupçonné que les ravisseurs de son fils de 23 ans le tueraient, en partie parce qu'elle niait le caractère antisémite du crime, sur lequel pourtant, la famille Halimi attirait son attention : « [la police] n'a pas compris le profil du gang... Ils pensaient avoir affaire à des bandits classiques »10,3. Cet aspect est exposé comme un déni et également développé dans le documentaire L’Assassinat d’Ilan Halimi de Ben Isaak13,3.
Dans son livre Affaire Halimi. Du crime crapuleux au meurtre antisémite (2014), Gilles Antonowicz, avocat d'un des membres du gang, soutient que les médias et certains experts (Didier Lapeyronnie) ont exagérément présenté l'antisémitisme comme étant l'une des motivations principales des membres du groupe24,25.
Le philosophe Adrien Barrot, interrogé à propos de cette affaire, considère que « l’antisémitisme revêt une dimension intrinsèquement crapuleuse »3.
Me Francis Szpiner a rappelé qu'Ilan Halimi a été enfermé et torturé puis, pour effacer toute trace, il a été douché, tondu, tué puis brûlé : « le processus de la mort d'Ilan Halimi ne peut que renvoyer à la mémoire juive qui est celle de l'exécution des juifs » par les Nazis3.
Motivation religieuse et politique
Lors de perquisitions, il a été trouvé chez les ravisseurs des documents de soutien au Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens, ainsi que du matériel de propagande salafiste26. Au téléphone, un ravisseur avait récité une sourate du Coran à la famille d'Ilan Halimi27.
Enquête policière
Alors que ni les médias ni le public ne sont mis au courant de l'enlèvement, l'enquête policière dure trois semaines et mobilise jusqu'à 400 policiers. Choisissant une méthode comportant des risques, les enquêteurs de la PJ ne préviennent pas non plus les commissariats de cette affaire et ne diffusent pas la photographie de Fofana, qu'ils possèdent28.
François Jaspart, alors patron de la Police judiciaire parisienne, reconnaîtra que ses équipes n'ont pas eu affaire aux professionnels qu'ils s'étaient imaginés mais à de petites frappes, des bras-cassés, « à des gens immatures, irrationnels et changeant sans cesse d'avis »5.
Gilles Antonowicz dans son ouvrage met en cause le travail de la brigade criminelle du quai des Orfèvres, s'étonnant notamment que celle-ci ait interrompu les négociations avec les ravisseurs et parlant d'« incurie policière »29. Lors du procès, Didier Halimi, le père de la victime, dénoncera également les méthodes employées par la brigade criminelle : « On en est arrivé là à cause de la police, elle a pris un chemin qui n'était pas le bon »28.
Ainsi, la mère de la victime, Ruth Halimi, apprend la mort de son fils dans le journal gratuit 20 minutes13.
Youssouf Fofana
Youssouf Fofana (né le dans le 12e arrondissement de Paris) est le « cerveau des barbares » autoproclamé, surnommé lors de cette affaire « le Boss » ou « Django »7. Il est le cinquième enfant d'une fratrie de sept. Sa mère, Fatouma, était femme au foyer et le décrit comme « un enfant sage, obéissant et respectueux [...], bien élevé comme tous les enfants d'Afrique »5. Il va à l'école maternelle près du marché d'Aligre et voit une orthophoniste pour son bégaiement qui le complexe5. En 198930 ou 19945, les Fofana emménagent dans une grande HLM à Bagneux, cité du Prunier-Hardy. La scolarité de Youssouf, au collège Joliot-Curie de Bagneux, a été catastrophique. Il n'a pas réussi à obtenir son BEP de comptabilité au lycée professionnel de Montrouge31.
Dès l'âge de seize ans, il accumule les petits délits (13 sur sa fiche de police) et est condamné cinq fois entre 2000 et 2003 pour vols, violences volontaires, deux braquages et agression d'un policier. Il aurait déjà passé quatre années en prison pour faits divers dont vol et résistance aux forces de l'ordre32. Il est donc bien connu des services de la Police nationale (outrages et rébellions) et d'Interpol. Depuis 1995, il est suivi par la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ) mais manque fréquemment ses rendez-vous obligatoires relevant d'une mesure judiciaire5. Son père sait que Youssouf a fait trois ans de prison après sa majorité mais il en a oublié la raison, et déplore qu'il n'ait « pas compris qu'il fallait changer et travailler honnêtement après ». Youssouf habitait à la maison, comme les autres enfants, mais ne rangeait jamais rien et n'aidait pas financièrement ses parents, contrairement à son cadet Mamadou. Aux yeux du père, Youssouf est « très croyant » : « Il fait la prière cinq fois par jour et va à la mosquée de Bagneux, mais par contre il ne travaille pas, et moi, ça m'énerve. Ça me fait mal. Moi, je suis vieux, je me lève tous les jours à six heures et Youssouf, lui, ne fait pas d'efforts »31. De ses six frères et sœurs, un a déjà été condamné à de la prison ferme.
Il a été arrêté dans la nuit du 22 au à Abidjan par les gendarmes ivoiriens. Ses avocats ont essayé, sans succès, de s'opposer à son extradition en arguant de sa nationalité ivoirienne. Il a finalement été extradé le 4 mars33.
Fofana a reconnu avoir prémédité l'enlèvement d'Halimi depuis , lors d'un séjour en prison, l'avoir séquestré, lui avoir porté plusieurs coups de poignard, et avoir donné l'ordre de le « saigner » car ne pouvant plus le garder. Il se serait ravisé et aurait ordonné qu'on le « lave » (à l'acide, afin d'effacer toute trace d'ADN), cependant, il nie l'avoir tué et charge ses complices sur ce point34. Trois jours après la mort d'Ilan Halimi, alors qu'il se trouvait encore à Abidjan, il a appelé le père de la victime pour lui demander s'il était content et l'insulter7. Il appellera également la petite amie d'Ilan Halimi, pour la menacer.[réf. nécessaire]
En , Youssouf Fofana contacte son avocat Me Philippe Missamou et lui demande de lui servir d'intermédiaire auprès des maisons d'édition pour publier un livre relatant ses mémoires sur l'affaire35.
Le , une enquête pour « outrage à magistrat » est ordonnée à son encontre, à la suite d'un courrier menaçant et insultant qu'il avait envoyé à la juge d'instruction Corinne Goetzmann. Il sera condamné pour ces faits à une année de prison30,36.
En 2012, Fofana se filme à l'intérieur de la prison de Clairvaux et poste sur YouTube une quinzaine de vidéos où il développe une rhétorique antisémite et islamiste qui lui vaudra sept ans supplémentaires pour apologie du terrorisme8. Il est aussi connu pour faire du prosélytisme islamique en détention8.
Fofana a été incarcéré dans plusieurs établissements de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris et de Lille. Il a notamment fréquenté les établissements pénitentiaires de Villepinte, Amiens, Compiègne, Lille-Sequedin, Moulins-Yzeure37, Bois d'Arcy et Alençon où son agression d'un surveillant de l'administration pénitentiaire à l'aide d'un stylo38, le , a entraîné sa condamnation à 3 ans supplémentaires39.
Il est considéré comme un détenu ingérable du fait des nombreuses pathologies mentales dont il souffre. Il est peu respecté et mal considéré par ses codétenus, qui le méprisent[réf. nécessaire].
En 2017, il est condamné à dix années de prison supplémentaires, assorties d'une période de sûreté des deux tiers pour tentatives d'extorsion de fonds et menaces de mort remontant à 2002-2005, à l'époque où, à travers des courriers menaçants, il se faisait passer pour un messager du Front de libération de la Palestine ou pour un collecteur d'impôt révolutionnaire d'Armata Corsa, pour tenter de racketer des milliers d'euros à plus de quarante personnes notables dont des PDG de grandes entreprises, des notaires, des médecins et notamment Rony Brauman ou Jérôme Clément9,30.
« Au cours de sa détention, il s'est pacsé avec une détenue de la prison de Rennes, condamnée dans la même affaire... Seulement, depuis que la jeune femme a été libérée, elle ne lui aurait plus donné de nouvelles. Youssouf Fofana reçoit néanmoins du courrier de la part de certaines admiratrices »8.
Arrestation
Youssouf Fofana, qui s'est réfugié en Côte d'Ivoire le , revendique une prétendue nationalité ivoirienne pour s'opposer à son extradition vers la France. Visé par un mandat d'arrêt international, il est arrêté à Abidjan le et incarcéré à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA). Youssouf Fofana s'était attaché les services de cinq avocats ivoiriens qui avançaient que ce Français né en France avait la double nationalité, son père étant ivoirien. Si ce fait avait été avéré, cela aurait effectivement bloqué l'extradition, la Côte d'Ivoire n'extradant pas ses ressortissants. Selon Francis Szpiner, l'avocat de la famille de la victime, il s'agit d'« une affaire très simple » : Youssouf Fofana, né dans l'Hexagone, ne s'est jamais « prévalu » de la nationalité ivoirienne, c'est « un citoyen français. Il est entré en Côte d'Ivoire avec un passeport français. Il était muni d'un visa, ce que tout étranger fait lorsqu'il veut rentrer dans un pays, et c'est donc un Français qui est en fuite ».
Le , la justice ivoirienne autorise l'extradition vers la France du principal suspect dans l'affaire du « gang de Bagneux ». Aucun recours n'est possible sur la décision judiciaire rendue par la chambre d'accusation d'Abidjan, réunie à huis clos. L'extradition devient exécutoire lorsque le président ivoirien Laurent Gbagbo signe le décret. La France affrète alors un Airbus A31040 avec une dizaine de gendarmes pour rapatrier Youssouf Fofana sous très haute sécurité.
À son arrivée, Youssouf Fofana est aussitôt mis en examen pour « association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration en bande organisée avec actes de tortures et de barbarie, assassinat » avec circonstance aggravante de faits commis « en raison de l'appartenance de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » par les juges Corinne Goetzmann et Baudoin Thouvenot. Une « fois emprisonné, il signe des lettres à la gloire de la Palestine et contre le « capitalisme juif », des « Allah Akar » en en-tête »7.
Captivité
Après le procès, Youssouf Fofana est emprisonné dans le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe (prison la plus sécurisée du pays) et fait figure de détenu incontrôlable, ayant notamment agressé des surveillants en et , faits pour lesquels il est condamné à quatre ans de prison supplémentaires8.
Suites de l'affaire Halimi : Le Maire et les barbares
En février 2020, Eve Szeftel, journaliste à l'AFP, publie chez Albin Michel Le maire et les barbares41, une enquête révélant les liens entre certains protagonistes de l'affaire Halimi et la municipalité UDI de Bobigny, ville-préfecture de la Seine-Saint-Denis. En effet, en juin 2014, trois mois après la victoire de l'UDI aux élections municipales, un tract anonyme révèle que la nouvelle municipalité a embauché la compagne de Jean-Christophe Soumbou, condamné à 18 ans de prison pour l'enlèvement et la séquestration d'Ilan Halimi, comme chargée de mission "politiques urbaines". L'affaire de l'embauche de Lynda B. est rendue publique par Marianne en juillet 201442. Intriguée par la réaction de la mairie qui, au lieu d'écarter la jeune femme, par ailleurs condamnée dans une sordide affaire de violences43, fait bloc derrière elle, la journaliste décide d'explorer plus avant les liens entre le pouvoir et le gang des Barbares et en particulier la proximité de certains collaborateurs du maire avec Jean-Christophe Soumbou, dit « Craps », qui a grandi à Bobigny dans la cité Paul-Eluard. Lors d'un procès lié au tract anonyme, en octobre 2015, le directeur de l'urbanisme à la mairie de Bobigny affirme ainsi publiquement que « Craps » est son ami et que c'est la raison pour laquelle sa femme est protégée42. En enquêtant, la journaliste découvre que Jean-Christophe Soumbou avait recruté deux complices de Bobigny pour mener à bien l'enlèvement d'Ilan Halimi, qui n'ont jamais été inquiétés par la justice et que l'un de ces complices, Yassine N., appartient à une famille très influente à Bobigny. Ainsi, le frère aîné de Yassine N. a obtenu des faveurs de la municipalité, dont un effacement de dette locative, qui lui a permis d'ouvrir une salle de sport islamiste dans la cité Paul-Eluard43.
Dans le dernier chapitre du Maire et les barbares, qui s'intitule « L'affaire Halimi n'est pas finie », la journaliste de l'AFP tente de faire la lumière sur certaines zones d'ombre de l'affaire et réévalue le rôle de Jean-Christophe Soumbou (et de « l'équipe de Bobigny ») au sein du gang des Barbares. Se replongeant dans le dossier d'instruction, elle découvre que Youssouf Fofana craignait « Craps », qu'il appelait aussi son « copain Crim », et qu'en son absence, c'était ce dernier qui dirigeait le gang, avec l'aide de Samir Aït Abdelmalek à Bagneux. Des questions se posent aussi sur l'assassinat d'Ilan Halimi, dont Youssouf Fofana a nié être l'auteur lors de sa garde-à-vue en Côte d'Ivoire, affirmant avoir remis l'otage à « Craps » et à l'un de ses complices44,45. D'ailleurs, l'enquête a établi que le téléphone de Jean-Christophe Soumbou bornait dans la zone du crime la nuit où Ilan Halimi a été assassiné, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), et la journaliste s'interroge sur la raison pour laquelle cet élément à charge n'a pas été pris en compte.
Sorour Arbabzadeh
Enfance et rencontre avec Fofana
Sorour Arbabzadeh46, dite « Yalda » ou « Emma » ou « Nour », a servi d'appât pour piéger Ilan Halimi le 2006. D'origine iranienne, elle est arrivée en France à l'âge de 11 ans en 1998. Sa mère, infirmière, est réfugiée politique et son père est décédé dans un accident de voiture en Iran.
Emma est instable et immature. En 2001, à l'âge de 14 ans, elle a été violée par trois garçons, mais sa mère a retiré sa plainte après avoir appris que sa fille aurait été consentante selon les déclarations des trois auteurs. Suivie par un juge pour enfants de Bobigny et des éducateurs spécialisés, elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises. Élève de seconde à l'internat de Thiais, dans le Val-de Marne, multi-redoublante, elle est considérée comme une élève médiocre. Après avoir rencontré Fofana (une « bête de meuf », la qualifie-t-il5) et être devenue la maîtresse de plusieurs voyous du gang des barbares (ce qu'elle a toujours nié), il lui aurait déclaré : « Avec toi, je peux faire des merveilles », avant de lui montrer les boutiques « juives » du boulevard Voltaire, à Paris. Séductrice et influençable, Emma « aime plaire », ont affirmé les experts psychiatres. Avec le chef de clan dominateur, elle s'est sentie « valorisée ».
Dans l'affaire Ilan Halimi
Arbabzadeh a reconnu avoir servi d'« appât » pour amener Halimi dans leur repaire. Elle a également reconnu avoir été conduite en voiture par Youssouf Fofana (qu'elle appelle « Oussama ») boulevard Voltaire à Paris, s'être rendue dans la boutique de téléphonie où travaillait Ilan Halimi, l'avoir trouvé « mignon » et lui avoir demandé son numéro de téléphone qu'elle remet à Fofana qui l'attend dehors ; celui-ci lui dit : « Avec toi, je sens que je peux faire de bonnes affaires. Vu ton physique, tous les garçons tomberont dans le panneau »4. Elle fixe ensuite rendez-vous à Ilan Halimi à Sceaux dans le sud de Paris et avant de l'entraîner à Bagneux où « deux ou trois gros bras », dont Fofana, ont maîtrisé Ilan Halimi avant de le séquestrer. Elle rapporte aux enquêteurs ce témoignage à propos de Youssouf Fofana : « D'après lui, les Juifs étaient les rois, car ils bouffaient l'argent de l'État et lui, comme il était noir, était considéré comme un esclave par l'État. » Persuadée par lui qu'ils sont tous deux dans la même galère4, elle déclare aussi : « Youssouf, il explique tellement bien les choses qu'on dirait qu'il n'y a rien de grave. »
Lorsque la juge d'instruction lui demande : « Avez-vous conscience que c'est vous et bien vous seule qui avez choisi la victime ? » Elle répond : « Oui. » La femme, qui dément avoir été la petite amie de Fofana (comme il l'affirme), nie avoir touché de l'argent (malgré la promesse de 3 000 à 5 000 euros) pour avoir participé à la séquestration d'Ilan Halimi. En revanche, elle a bénéficié d'une nuit d'hôtel 3 étoiles (108 euros), payée par Fofana en remerciement, pour elle et son ami Samir, le soir de l'enlèvement.
Dès son incarcération, Sorour Arbabzadeh subit un avortement et elle fera en prison plusieurs tentatives de suicide8. En , elle est hospitalisée pour une tentative de suicide dans sa cellule de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne)47. Elle avait été mise en examen pour « complicité[pas clair][réf. nécessaire] » et « association de malfaiteurs ».
En , Emma écrit aux parents de la victime pour leur confier son sentiment de culpabilité, assurant : « Je souffre tellement de vous avoir fait autant de mal. » Pendant son procès, les proches du jeune supplicié espéraient qu'elle autoriserait la levée des mesures de publicité restreinte auxquelles était soumise l'audience parce qu'Arbabzadeh était mineure à l'époque des faits. Mais son avocate, Me Dominique Attias, a signifié un refus : « Les débats, qui seront sûrement extrêmement douloureux, doivent se dérouler dans la sérénité48. » Aux enquêteurs, puis aux psychiatres, l'adolescente a tenté d'expliquer, sans émotion particulière, pourquoi elle s'est retrouvée à jouer un rôle de premier plan dans le rapt d'Ilan Halimi pour « rendre service » — et contre la promesse de 5 000 euros.
En , Sorour Arbabzadeh est condamnée en première instance à 9 ans d'emprisonnement, peine confirmée en appel. Elle est alors incarcérée à la prison pour femmes de Versailles.
Dans l'affaire Gonçalves
Deux mois plus tard, certaines de ses codétenues de Versailles rapportent à l'administration pénitentiaire qu'elle bénéficierait d'un traitement de faveur dans l'obtention d'un poste de travail avantageux au sein de la prison. Le ministère de la Justice saisit l'inspection générale des services pénitentiaires, qui découvre que la jeune femme a obtenu bien plus qu'un poste de travail avantageux. Deux personnes qu'elle aurait séduites et qui lui auraient fait passer colis et puces téléphoniques sont mises en cause. Il s'agit de l'un des surveillants et du directeur de la maison d'arrêt, Florent Gonçalves.
Ce dernier reconnaît devant la justice s'être épris de la jeune femme qui, notamment, lui a envoyé des photographies suggestives et qu'il surnomme « Fleur d'Orient » sur Facebook, et avoir eu deux relations sexuelles avec elle, avant qu'elle ne soit transférée à la maison d'arrêt de Fresnes pour le procès en appel du « gang des barbares »49. Florent Gonçalves est révoqué du corps des directeurs des services pénitentiaires en , et condamné à un an de prison ferme50,51. La jeune femme est condamnée à un an de prison dont quatre mois fermes51.
À Fresnes, elle est reconnue coupable de recel et est condamnée en correctionnelle à huit mois de prison ferme, assortis de quatre mois avec sursis8.
En , Sorour Arbabzadeh est libérée en conditionnelle, après près de six ans passés en détention52.
Autres membres du gang
- Christophe Martin-Vallet : Christophe Martin-Vallet, dit « Mocko », féru d'informatique, aurait suggéré l'idée des rapts et aurait organisé les opérations de séduction des rabatteuses. Il aurait également amené Emma (Sorour Arbabzadeh) à son rendez-vous avec la victime et l'aurait reconduite une fois la victime capturée53,54. Il est également accusé de viol avec Fofana, par un des « appâts ». Il aurait participé à six tentatives d'enlèvement.
- Jean-Christophe G. : Jean-Christophe G., dit « JC », « Zigo », mineur au moment des faits, violent, ce serait lui qui aurait torturé Ilan Halimi, lui aurait écrasé un joint sur le front et lui aurait donné des gifles et des coups de manche à balai. Il fut exclu en classe de quatrième du collège Béranger à Paris, et avait déjà été interpellé pour vol de lecteur MP3 et possession de cannabis. Il aurait acheté quelques provisions (protéines liquides, pailles et ciseaux). « Au bout de trois ou quatre jours, on l'a nettoyé car il devait être remis en liberté. Je lui ai découpé ses vêtements aux ciseaux et je les ai mis à la poubelle »7. Il témoigne : « La victime a sans doute fait du bruit ou gémi, et comme je fumais un joint, j'ai appuyé un court instant ma cigarette au milieu de son front. J'ai ensuite écrasé mon mégot au sol. »[réf. nécessaire] « Je lui ai mis des coups au visage pour le faire taire», et des coups de balai dans les jambes »7.
- Samir Aït Abdelmalek : Samir Aït Abdelmalek, dit « Smiler », père de trois enfants, déjà condamné pour des affaires de drogue et de vol de voiture, aurait fourni l'appartement de la séquestration à Bagneux, avant qu'Ilan Halimi ne soit séquestré dans la chaufferie de l'immeuble[réf. nécessaire]. Samir est aussi considéré comme le bras droit de Youssouf Fofana qu'il connaissait depuis dix ans. Il aurait fourni l'acide utilisé pour « nettoyer » la victime et lui aurait donné un coup de cutter. Il était prévu qu'il touche 1 500 euros pour ses prestations. Dans le procès-verbal du de son interrogatoire par la brigade criminelle de Paris, Samir Aït Abdelmalek déclare à propos d'un des actes de torture8 (destiné à produire une image) : « J'ai sorti la lame de cutter et après qu'il a mangé et bu, j'ai cherché un endroit où lui mettre un coup de cutter pour que ça saigne sans lui faire trop mal. Je ne voulais pas toucher à l'adhésif qui l'empêchait de hurler. Sans prévenir Ilan pour qu'il ne stresse pas, je lui ai mis un coup de cutter sur cinq ou six centimètres sur la joue gauche. Malgré le sparadrap, cela a saigné vite dans sa barbe qui n'avait pas été rasée. » À propos de la mort d'Ilan Halimi sur le bord d'une ligne de chemin de fer, le policier qui interroge le jeune homme poursuit : « À ce moment, m'a-t-il expliqué, Ilan avait réussi à relever son bandage sur les yeux. Du coup, Youssouf avec un couteau lui a mis un coup dans la gorge vers la carotide puis un coup de l'autre côté de la gorge. Ensuite il a essayé de lui couper le bas de la nuque. Puis il lui a mis un coup de couteau dans le flanc. Il avait sûrement dû revenir avec un bidon d'essence car il m'a dit qu'il avait utilisé un bidon pour asperger Ilan avec ce combustible et l'a incendié sur place. À ce moment il m'a dit : « Cela a fait une grande flamme et je suis parti. »
- Yahia Touré Kaba : Yahia Touré Kaba, alias « Yaks », analphabète, aurait été geôlier deux semaines et demie. Il aurait coupé les cheveux de la victime et fourni deux autres amis pour sa relève, « Fabrice » et « Baba ». Il a témoigné en expliquant à propos de l'otage : « Il pissait dans une bouteille et faisait caca dans un sac en plastique. »[réf. nécessaire] Il serait impliqué dans une précédente tentative d'enlèvement.
- Fabrice Polygone : étudiant en BTS, il aurait été geôlier pendant toute la séquestration, et aurait aussi aidé à couper les cheveux de la victime. Il explique ce qui s'est passé la veille de la mort d'Ilan Halimi : « Dos contre le mur, jambes un peu repliées vers le torse, il était en peignoir. J'ai vu nettement des traces d'éraflure ou de frottement sur le côté gauche de son torse, un peu partout, vers les côtes, le cou, la poitrine. Ça ne saignait pas. » « Nabil, Zigo et moi, on devait le laver avec de l'eau, du gel douche qui se trouvait sur place et des gants de toilette. Je lui ai coupé les cheveux. Zigo et Nabil ont trouvé que ce n'était pas assez court et ils ont essayé de lui raser les cheveux avec un rasoir mécanique à deux lames, noir ou bleu. »
- Jérôme Ribeiro : Jérôme Ribeiro, alias « Coup de Tête », issu d'une famille de six frères et sœurs, n'avait plus de travail depuis la mi-. Il était manutentionnaire intérimaire. Soupçonné d'avoir participé à l'élaboration du projet d'enlèvement, « il était plus qu'un geôlier », selon une source judiciaire. Son témoignage aurait permis aux enquêteurs de remonter à d'autres membres du gang. Il a quitté le groupe à la fin du mois de . Des autocollants antisémites et des documents à la gloire des nazis ont été découverts dans l'appartement où il avait vécu. Il déclare : « Il [Fofana] m'a demandé si je voulais me faire beaucoup d'argent, j'ai répondu oui. Il m'a indiqué qu'il suffirait de garder trois jours un homme. »[réf. nécessaire] Il a été impliqué dans une autre tentative d'enlèvement : chargé de brûler un véhicule pour faire diversion, il se brûlera au cou et au visage.
- Giri Oussivo N'Gazi : ami de Jérôme, il aurait été geôlier.
- Francis Oussivo N'Gazi : il aurait lui aussi été geôlier et aurait fourni son appartement pour les réunions de groupe. Il est voisin de l'appartement des Fofana. Il aurait également fourni d'autres « filles-appâts » à Youssouf Fofana dans une autre affaire.
- Nabil Moustafa : Nabil Moustafa, alias « Bilna », livreur de pizzas et footballeur, aurait été geôlier et aurait amené Cédric dans le groupe. Il témoigne : « Lorsque j'ai soulevé sa couverture, j'ai vu des taches de sang sur son pyjama avec des trous, au niveau des jambes et du ventre. Quand on l'a déshabillé, j'ai vu des plaques rouges sur son ventre (…), ça ressemblait un peu à des brûlures. »[réf. nécessaire] « On a dit qu'on en avait assez. Le boss a réfléchi et il a décidé qu'il n'y avait plus que ce soir-là, que l'autre devait dégager. »[réf. nécessaire] Il serait également impliqué dans une autre tentative d'enlèvement.
- Cédric Birot Saint-Yves : Cédric Birot Saint-Yves, alias « Babas », ami de Nabil, aurait été geôlier. Il déclare : « Dès le premier jour, j'ai pu constater que l'otage présentait des traces de brûlure par mégots au niveau des côtes et du dos. » Les coups auraient débuté après un premier échec de remise de rançon. « Tous les quatre, Nabil, Yahia, Jérôme et moi, nous lui avons mis des tartes quand il gémissait pour avoir des cigarettes (…) Il m'est arrivé aussi de lui mettre de petits coups de balai sur les jambes, cuisses ou mollets. » Il est mis en examen pour séquestration, actes de torture et de barbarie. Le , il est condamné par le tribunal de Créteil à cinq mois d'emprisonnement ferme pour avoir utilisé un téléphone portable dans l'enceinte de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) où il était incarcéré. Sa sœur cadette s'est vu infliger une peine de deux mois avec sursis pour lui avoir fait passer la puce électronique.
- Gilles Serrurier : Àgé de 39 ans au moment des faits, il était le gardien de l'immeuble où fut séquestré Ilan Halimi. Il a prêté aux bourreaux l'appartement, ou du moins la chaufferie où ils ont torturé la victime, en leur remettant les clefs8. Ancien enfant de la DDASS, endetté par un divorce selon un locataire55, père de deux enfants, il aurait notamment remis les clefs de la chaufferie à Samir. Il est incarcéré pour « complicité de séquestration en bande organisée ».
- Jean-Christophe Soumbou : Jean-Christophe Soumbou, alias « Marc », alias « Crim », alias « Craps » : ancien codétenu de Youssouf Fofana, il fait un séjour à la prison de Nanterre, où il était incarcéré pour vol avec violence56. De corpulence musclée, il se rendra le sous la pression exercée par la police sur son entourage. Il reconnaît avoir recruté deux hommes de main et fourni la voiture utilisée pour enlever la victime. Refusant de dévoiler le nom de ses deux complices, au motif que cela le mettrait en danger, lui et sa famille, ceux-ci ne seront pas arrêtés. Il a été placé en garde à vue après sa déposition. Il est également impliqué dans d'autres tentatives d'enlèvement, aux côtés de Youssouf Fofana, dont celle, ultra-violente, de Michaël D., en janvier 2006, qui a été laissé pour mort7. C'est après ce nouvel échec qu'il décide de reprendre les choses en main et de recruter, en vue du prochain coup, une équipe de « gros bras ». D'après la journaliste Eve Szeftel, il aurait été libéré en juillet 2019.
- Franco Louise : Ancien champion de France de boxe thaïlandaise à 23 ans57, il n'est pas poursuivi dans l'affaire Halimi à proprement parler.
- Almane Diallo : Almane Diallo ou Alhassane, prêteur sur gages, soupçonné d'avoir pu servir d'intermédiaire dans le cas où une remise d'argent aurait été organisée. Il a été une des premières personnes arrêtées et mises en détention provisoire dans l'affaire.
- Jérémy Pastisson : Il aurait participé à plusieurs tentatives d'enlèvement — dont une échouera grâce à l'intervention des voisins : le , Mickael Douïeb est menotté et attaqué à coups de barre de fer, et insulté parce que juif. Le véhicule de Pastisson aurait servi à transporter Ilan Halimi.
- Yassine N. : Il serait un homme de main recruté par Jean-Christophe Soumbou. Ami d'enfance de ce dernier, il s'est rendu à la police le 10 avril 2006, le même jour que Soumbou, mais il a été remis en liberté faute de preuves suffisantes, « Craps » ayant assuré qu'il était étranger à toute cette affaire.
- Tiffenn Gouret : Àgée de 19 ans, elle aurait fourni des « appâts » à Fofana qu'elle admire. C'est aussi l'ex-petite amie de Jean-Christophe G., et une amie d'Emma/Yalda (Sorour Arbabzadeh) car elles ont été scolarisées dans le même foyer éducatif à Bagneux. Elle mettra Emma en contact avec Fofana, qu'elle coachera pour son rôle d'appât4. Elle recueille les confessions d'Emma après que cette dernière a attiré Ilan Halimi dans le guet-apens. Elle déclare : « j'ai fait ça pour rendre service » [à Youssouf Fofana]. Lors d'une autre tentative d'enlèvement, elle fournira directement les coordonnées et les habitudes d'un de ses camarades. Après l'enlèvement, elle conseillera à Emma de se teindre les cheveux. Elle lui répète que « ce n'est pas grave ».
- Audrey Lorleach : Audrey Lorleach, dite « Léa » ou « Natacha », aurait servi auparavant d'« appât ». Jeune étudiante en assistance médicale, elle est la petite amie clandestine de Jérôme Ribeiro. À la recherche d'un plan pour gagner de l'argent, ce dernier la présente à Youssouf Fofana qui la recrute pour servir d'appât. Ses deux tentatives pour aguicher des jeunes hommes n'aboutissent pas, et Fofana, non sans avoir insisté, abandonnera l'idée de recourir à ses services. Mise au courant de l'enlèvement d'Ilan Halimi par son ami Jérôme, elle ne se signale à la police que deux jours après l'annonce de la mort du jeune homme et la publication de son portrait-robot. Elle est très amie avec Muriel Izouard qui l'a poussée à se dénoncer. Elle recouvre la liberté après neuf mois de détention provisoire.
- Sabrina Fontaine : elle serait impliquée dans une tentative d'enlèvement ayant eu lieu en . Elle est interpellée peu après le passage d'un véhicule de police qui met la tentative d'enlèvement en échec.
- Ruth : présentée par Tiffen Gouret à Fofana, et âgée de 15 ans au moment des faits supposés, elle aurait aussi servi d'appât ; avec l'argent versé par Fofana (80 euros) pour avoir obtenu un numéro de téléphone, elle se serait acheté des bottes.
- Sarah : elle aussi aurait servi d'appât et aurait tenté (en vain) de séduire une proie rencontrée par Alexandra Sissilia au Queen.
Autres personnes impliquées
- Alcino Ribeiro : père de Jérôme Ribeiro, ce maçon de 52 ans, tout comme la belle-mère de Jérôme, sont accusés, par Leila Appolinaire, de les avoir dissuadés de parler, en leur conseillant de faire profil bas. Alcino Ribeiro a comparu libre au procès. Le procureur a requis une peine ferme symbolique à son encontre, « parce que c'est le seul adulte qui avait une autorité, qui savait, mais qui n'a rien dit »[réf. nécessaire].
- Christine G. : gardienne d'immeuble, c'est la compagne d'Alcino Ribeiro. Elle est aussi accusée de n'avoir pas dénoncé les faits.
- Murielle Izouard : amie d'Audrey Lorleach, elle ne semble pas faire partie des opérations mais a été inculpée de « non-dénonciation de crime ». Elle s'est indignée des aveux de son amie et lorsqu'elle a reconnu le portrait-robot d'Audrey dans les journaux, elle l'a immédiatement alertée. « Je n'ai rien dit, car je n'y croyais pas. » En revanche, elle a poussé Audrey à se dénoncer. Admissible à l'écrit au concours de gardien de la paix, elle n'a pas pu passer l'oral, ayant été mise en examen pendant cette période. Incarcérée provisoirement, le juge des libertés a ordonné sa libération.
- Leila Appolinaire : petite amie régulière de Jérôme Ribeiro, elle fut mise au courant des faits, mais les parents de Jérôme l'auraient dissuadée de les dénoncer pour que Jérôme ne soit pas le seul à porter le chapeau.
- Alexandra Sissilia : elle aurait servi d'appât précédemment et a déclaré avoir été violée par Youssouf Fofana, Christophe Martin et Jérôme Ribeiro — une instruction sur cette agression a été ouverte par le parquet de Paris en et sera conclue par un non-lieu. Elle aurait été impliquée dans une autre tentative violente d'enlèvement, sur Michael D., le , qui aurait échoué grâce à des passants. Elle n'aurait plus agi pour le groupe à partir de cette date. Elle a également été mise en détention provisoire.
- Isabelle Mensah : confidente de Yalda (Sorour Arbabzadeh), âgée de 18 ans au moment des faits, et dans le même lycée que Tiffen Gouret, était au courant des faits mais ne les a pas dénoncés. Elle témoigne : « Pour moi, c'est un truc de malade. J'y ai cru, mais je ne réalisais pas58. »
Dans son livre paru en 2009, Ruth Halimi, la mère de la victime, déplore le grand nombre de mis en cause : « Parce que vingt-neuf personnes savaient et qu'aucune n'a sauvé Ilan. Parce que des parents, pour protéger leur fils des démêlés judiciaires, ont sacrifié le mien... Vingt-neuf personnes, c'est beaucoup »9.
Procès
Le procès des 27 accusés (18 hommes et 9 femmes) s'ouvre le à la cour d'assises spéciale pour mineurs du Palais de justice de Paris. La plupart d'entre eux sont accusés d'enlèvement et séquestration en bande organisée, actes de tortures et de barbarie, et assassinat avec, pour sept d'entre eux (six hommes et une femme) l'accusation d'« association de malfaiteurs en vue de commettre un meurtre avec préméditation en raison de l'appartenance ou la non appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion », autrement dit la circonstance aggravante d'antisémitisme59.
Dès la première audience, Youssouf Fofana se livre à des provocations. Il arrive tout sourire et lance, le doigt en l'air, un « Allah vaincra ». Lorsqu'on lui demande son identité et sa date de naissance, il répond « arabe africain islamiste salafiste » et donne le à Sainte-Geneviève-des-Bois, date et lieu de la mort de sa victime Ilan Halimi. La cour siège à huis clos vu la « sensibilité » du dossier et le procès est tenu selon les règles de publicité restreinte60, car certains des accusés étaient mineurs au moment des faits61.
Témoignant à la barre, Ruth Halimi, mère de la victime, s’est « dite "effarée" par le comportement des accusés dans le box depuis l’ouverture (du) procès. Leurs sourires, leurs attitudes décontractées, et certaines évidences qu’ils nient encore »28.
Youssouf Fofana est reconnu comme l'organisateur qui a emmené Halimi dans le coffre d'une voiture volée jusqu'à un bois près de Sainte-Geneviève-des-Bois, le long d'une voie ferrée, lui a tranché la gorge et aspergé de white spirit avant de l'incendier et le laisser sur place. Une policière explique à la barre qu'Halimi est parvenu à s'extirper du véhicule en feu et ramper jusqu'à la voie ferrée62. Fofana est condamné le à la peine maximale en droit français pour ce crime, soit la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans. Il décide de faire appel de cette condamnation mais se rétracte finalement peu après, cette condamnation à perpétuité devenant définitive63. Les autres verdicts vont de 18 ans de prison ferme à l'acquittement.
Procès en appel
À la demande de Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux, le parquet fait appel pour les condamnations inférieures aux réquisitions de l'avocat général64 soit 17 sur 27. Le procès en appel a lieu à Créteil, devant la cour d'assises des mineurs, du au . La cour prononce des peines allant de 8 mois de prison à 18 ans de réclusion (dont 7 peines aggravées de 1 à 2 ans de prison supplémentaires) ainsi qu'un acquittement65.
Nom | Réquisitoire
() |
Verdict en 1re instance66 () | À l'issue du 1er procès | Verdict définitif |
---|---|---|---|---|
Youssouf Fofana | Perpétuité avec 22 ans de sûreté | Perpétuité avec 22 ans de sûreté | Décision définitive | Perpétuité avec 22 ans de sûreté |
Samir Aït Abdelmalek | 20 ans de prison | 15 ans de prison | Appel du parquet | 18 ans de prison |
Jean Christophe Soumbou | 20 ans de prison | 18 ans de prison | Appel du parquet | 18 ans de prison |
Jean Christophe G.69 | 15 ans de prison70 | 15 ans de prison | Décision définitive | 15 ans de prison |
Nabil Moustafa | 13 ans de prison | 13 ans de prison | Appel du parquet | 14 ans de prison |
Sorour Arbabzadeh | 10-12 ans de prison72 | 9 ans de prison | Appel du parquet | 9 ans de prison |
Cédric Birot Saint-Yves | 12 ans de prison | 11 ans de prison | Appel du parquet | 12 ans de prison |
Fabrice Polygone | 12 ans de prison | 11 ans de prison | Appel du parquet | 12 ans de prison |
Yayia Touré Kaba | 12 ans de prison | 11 ans de prison | Appel du parquet | 11 ans de prison |
Jérôme Ribeiro | 12 ans de prison73 | 10 ans de prison | Appel du parquet | 10 ans de prison |
Tifenn Gourret | 10 ans de prison | 9 ans de prison | Appel du parquet | 11 ans de prison |
Gilles Serrurier | 10 ans de prison | 9 ans de prison | Appel du parquet | 10 ans de prison |
Franco Louise | 8-10 ans de prison | 5 ans de prison | Appel du parquet | 5 ans de prison |
Christophe Martin-Vallet | 8-10 ans de prison | 10 ans de prison | Décision définitive | 10 ans de prison |
Alexandra Sisilia | 8-10 ans de prison | 8 ans de prison | Décision définitive | 8 ans de prison |
Francis Oussivo N'Gazi | 6-8 ans de prison | 7 ans de prison | Décision définitive | 7 ans de prison |
Guiri Oussivo N'Gazi | 5-7 ans de prison | 6 ans de prison | Décision définitive | 6 ans de prison |
Jérémy Pastisson | 5-7 ans de prison | 3 ans de prison | Appel du parquet | 3 ans de prison |
Sabrina Fontaine | 5 ans de prison | 3 ans de prison | ? | ? |
Alcino Ribeiro | 1 an ferme | 8 mois de prison | Appel du parquet | 8 mois de prison |
Alhassane D | 5 ans de prison avec sursis | Acquitté | Appel du parquet | Acquitté |
Kamel F. | 5 ans de prison avec sursis | Acquitté | Décision définitive | Décision définitive |
Audrey Lorleach | 3 ans de prison,
dont 28 mois de sursis |
2 ans de prison,
dont 16 mois avec sursis |
? | ? |
Isabelle Mensah | 18 mois de prison avec sursis | 6 mois de prison avec sursis | Décision définitive | Décision définitive |
Christine G. | 1 an de prison avec sursis | 6 mois de prison avec sursis | Décision définitive | Décision définitive |
Leila Appolinaire | Acquittement | 6 mois de prison avec sursis | Décision définitive | Décision définitive |
Muriel Izouard | Acquittement | Acquittée | Décision définitive | Décision définitive |
En 2014, 80 % des inculpés sont libres13 et en 2016, soit dix ans après le crime, presque tous les autres membres du gang ont recouvré leur liberté8.
En 2019, à la suite de la libération de Jean Christophe Soumbou74 tous les membres du gang sont libres sauf Youssouf Fofana et son bras droit Samir Aït Abdelmalek.
Réactions
L'écho dans les médias et les réactions politiques ont été rapides et indignées. L'idée d'un développement de l'antisémitisme en France a longtemps été évoquée. Cette circonstance aggravante d'antisémitisme a été retenue par les deux juges chargés de l'instruction du dossier75.
Réactions politiques
De nombreuses associations et personnalités politiques condamnent ce meurtre. Le mardi , lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy déclare que, bien que ce meurtre ait eu pour motivation première l'extorsion d'argent, le choix d'une cible juive dénote un « antisémitisme par amalgame ». Julien Dray, élu du Parti socialiste, considère que ce meurtre est dû à un climat d'antisémitisme que, selon lui, Dieudonné a contribué à créer. Celui-ci, qui poursuit Julien Dray en diffamation, est débouté par le tribunal correctionnel de Paris le 76.
Le jeudi , une cérémonie est organisée à la mémoire d'Ilan Halimi à la synagogue de la Victoire à Paris en présence notamment de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin. Une manifestation est organisée le dimanche à l'appel de différentes associations dont la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), SOS Racisme, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui appellent à une mobilisation de tous les Français77. Le gouvernement est représenté par Nicolas Sarkozy, Philippe Douste-Blazy et Catherine Colonna. Les principaux partis démocratiques français (UDF, UMP, PS, Les Verts) participent à cette manifestation.
Le MRAP retire son soutien à cette manifestation en raison de la présence annoncée du Front national et du Mouvement pour la France,
car, pour cette association, cela met « en lumière le caractère ambigu
de cette manifestation et son instrumentalisation politique »78. Interviewé par le journal 20 minutes à ce sujet, le vice-président de SOS Racisme, Patrick Klugman,
déclare que de la part du MRAP « cet argument est crapuleux » et qu'il
« n'est pas nouveau qu'il y a un malaise au sein de ce mouvement sur les
questions de l'antisémitisme ».
En février 2006, après le meurtre d'Ilan Halimi, le militant anticolonialiste Kémi Séba menace, dans un courrier adressé à des associations juives, de s'en prendre physiquement aux rabbins français si ces organisations ont « l'envie d'effleurer ne serait-ce qu'un seul [des] cheveux » de Youssouf Fofana.
Réactions publiques
Dès le soir du verdict, des voix s'élèvent pour le contester79,80.
L'avocat Patrick Klugman critique le choix comme avocat général de Philippe Bilger dont il note : « [Ce] choix n'était certainement pas innocent. On lui concédera volontiers d'immenses qualités sans pour autant ignorer qu'il est l'un des plus farouches adversaires de la loi Gayssot »81. Dans un article publié par Le Nouvel Observateur le , l'avocat Francis Szpiner qualifie l'avocat général, dont le père fut collaborateur, de « traître génétique », d'où la demande du procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, au bâtonnier de Paris, Christian Charrière-Bournazel, d'engager des poursuites disciplinaires à l'encontre de Francis Szpiner82. Cette procédure disciplinaire conclut que le terme employé contrevient au principe de délicatesse posé par le code de déontologie des avocats ; cette analyse sera confirmée judiciairement (Cour de cassation, Civ. 1re, no 13-19.284)83.
Les avocats des accusés critiquent Me Szpiner : « Comment admettre que ce même avocat se soit targué pendant toute l'audience et lors de sa plaidoirie du fait qu'il ferait changer la loi, pour imposer une audience publique [en appel] ? » Une proposition de loi, permettant aux cours d'assises de choisir entre un procès privé et un procès public lorsque des mineurs sont en cause, a été déposée le par Jack Lang (PS) et par François Baroin (UMP), alors que la publicité restreinte est obligatoire si des mineurs sont jugés, sauf si ces accusés y renoncent84.
Retentissement médiatique et culturel
Le retentissement médiatique est énorme en France comme à l'étranger. En juillet 2017, le Washington Post établit un rapprochement entre cette affaire et celle de Sarah Halimi (une homonyme) en avril 2017 85,86.
Plusieurs livres en relation avec cette affaire sont rapidement publiés en France :
- 24 jours : la vérité sur la mort d'Ilan Halimi (2009) dont les auteurs sont Ruth Halimi, mère de la victime, et Émilie Frèche ;
- Le gang des barbares : Chronique d’un fiasco policier (2009) d’Alexandre Levy ;
- L'affaire du gang des barbares (2010) d'Elsa Vigoureux, journaliste au Nouvel Observateur ;
- Tout, tout de suite (2012) de Morgan Sportès ;
- Affaire Halimi. Du crime crapuleux au meurtre antisémite. Histoire d’une dérive (2014) de Gilles Antonowicz.
Au cinéma, plusieurs films ont adapté cette affaire :
- 2014 : 24 jours d'Alexandre Arcady87 ;
- 2016 : Tout, tout de suite de Richard Berry, adaptation du roman du même nom ;
- 2016 : Éperdument de Pierre Godeau, qui s'inspire de la relation ultérieure entre Sorour Arbabzadeh et Florent Gonçalves.
Des documentaires évoquent l'affaire Halimi :
- L’Assassinat d’Ilan Halimi (2014) de Ben Izaak13,3 ;
- « Sarah et les autres » (2021) d'Alexandre Arcady88.
Plusieurs chansons rendent hommage à Ilan Halimi :
- Ça fait mal, de Frédéric Lerner ;
- Lettre à Ilan, du rappeur Lasko L'alchimiste avec Vida et Miss Rosy.
Une émission de radio revient sur cette affaire :
- France Inter, Affaires sensibles, émission du (rediffusion du ) présentée par Fabrice Drouelle : « Ilan Halimi victime du "Gang des Barbares" », avec comme invitée Elsa Vigoureux89.
Hommages
En hommage à Ilan Halimi, un jardin est rebaptisé en son nom en 2011, rue de Fécamp dans le 12e arrondissement de Paris.
Une plaque est également posée à sa mémoire au départ d'un sentier de la forêt de Jérusalem, dans les monts de Judée, cette partie de la forêt étant rebaptisée « forêt Ilan Halimi ».
Une stèle commémorant Ilan Halimi est érigée en 2011 dans le parc Richelieu à Bagneux. Elle est brisée en 2015, rapidement remplacée puis à nouveau profanée en , « couverte d'inscriptions antisémites et d'insultes » et arrachée19. Cette profanation est condamnée par de nombreuses personnalités politiques90,91.
L'arbre planté en 2006 à la mémoire d'Halimi, à l'endroit où le supplicié avait été retrouvé en train d'agoniser à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), devenu lieu de recueillement, est scié à sa base ; remplacé par un arbre plus jeune pour le dixième anniversaire de son assassinat, il est retrouvé trois ans plus tard également tranché, lors des préparatifs de la cérémonie commémorative prévue à l'occasion du treizième anniversaire de sa disparition92,19.
La dépouille d'Ilan Halimi est désormais enterrée à Jérusalem où sa sœur dit qu'ici, « personne ne pourra aller salir sa tombe (…) Il est en paix »13.
Un prix Ilan Halimi est créé, devenu une distinction nationale en 2018, « pour toucher nos consciences, pour lutter contre l'oubli mais aussi montrer des actes d'espérance » face à l'antisémitisme93. En 2022, Jean Castex (Premier ministre) et les ministres Elisabeth Moreno (Diversité et égalité des chances), et Jean-Michel Blanquer (Education nationale) remettent ce prix aux élèves de trois établissements en récompense pour leurs initiatives en faveur de la tolérance : collège Toulouse-Lautrec de Toulouse (Haute-Garonne), Ecole de la deuxième chance de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et lycée professionnel Sévigné de Gap (Hautes-Alpes)93 .
Plaque de la forêt Ilan Halimi, à l'ouest de Jérusalem.
Plaque du jardin Ilan-Halimi.
Entrée du jardin Ilan Halimi, rue de Fécamp à Paris
Notes et références
- « Jean Castex remet le prix Ilan Halimi pour «montrer des actes d'espérance» » [archive], sur MSN, (consulté le )
Annexes
Documentaires télévisés
- « L'affaire du Gang des Barbares (l'enlèvement d'Ilan Halimi) » en 2006-2007 dans Secrets d'actualité du 22 octobre 2006 sur M6.
- « Le gang des barbares » le dans Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers sur W9.
- « Le gang des barbares » le dans Affaires criminelles sur NT1.
- « Le gang des barbares » dans 90' enquêtes du 26 octobre 2010 sur TMC.
- « Youssouf Fofana, le cerveau du gang des barbares » le 13 novembre 2011 dans l'émission Faites entrer l'accusé, présenté par Frédérique Lantieri sur France 2.
- « Affaire Ilan Halimi : Le gang des barbares » (premier reportage) le dans Chroniques criminelles sur NT1.
- « Le Gang des barbares » (premier reportage) de la « Spéciale : ils ont fait trembler Paris » le dans Crimes sur NRJ 12.
- « Affaire Ilan Halimi, le gang des barbares » le dans Enlèvements sur C8.
Bibliographie
- Émilie Frèche, La Mort d'un pote, Éditions du Panama, 2006 (ISBN 978-2-7557-0189-0).
- Adrien Barrot, Si c'est un juif. [archive] Réflexions sur la mort d'Ilan Halimi, éd. Michalon, Paris, 2007.
- Alexandre Lévy, Le Gang des barbares : chronique d'un fiasco policier, éd. Hachette, Paris, 2009 (ISBN 978-2-01-237262-7).
- David Mascré, Des barbares dans la cité. Réflexions autour du meurtre d'Ilan Halimi, Éditions de l'Infini, Reims, 2009 (ISBN 978-2-918011-05-7).
- Émilie Frèche et Ruth Halimi, 24 jours, la vérité sur la mort d'Ilan Halimi, éditions du Seuil, Paris, 2009.
- Jérôme Deneubourg, Affaire Ilan Halimi. Les clefs du procès, Éditions du Cygne, Paris, 2009 (ISBN 978-2-84924-133-2). [1] [archive]
- Elsa Vigoureux, L'Affaire du gang des barbares, éditions Flammarion, Paris, 2010 (ISBN 978-2-08-124027-8).
- Morgan Sportès, Tout, tout de suite, éditions Fayard, Paris, 2011 (ISBN 9782213634340).
- Gilles Antonowicz, L'Affaire Halimi. Du crime crapuleux au meurtre antisémite. Histoire d'une dérive, Nicolas Eybalin, , 208 p. (ISBN 9782366650518, lire en ligne [archive])
- Eve Szeftel, Le maire et les barbares, Albin Michel, 2020, 288 p.
Articles connexes
- Emmanuel Ludot et Isabelle Coutant-Peyre, avocats ayant plaidé lors du procès.
- Liste d'affaires criminelles françaises
- Affaire Sarah Halimi
- Affaire Sébastien Selam
- Meurtre de Mireille Knoll
Liens externes
- Jacques Bellefroid, « Lettre à Georges Sebbag à propos des “Barbarians” et de la mort d'Ilan Halimi » [archive], .
- Ilan Halimi, le canari dans la mine [archive], ouvrage collectif sous la direction de Yaël König, coédition Yago/Primo-Europe.org, 2006 et 2009.
- Archive INA, journal télévisé de France 2 du 17 février 2006, durée : 1 minute et 55 secondes [archive]
- Archive INA, journal télévisé de France 2 du 17 février 2006, durée : 2 minutes et 6 secondes [archive]
- Archive INA, journal télévisé de France 2 du 22 février 2006, durée : 1 minute et 43 secondes [archive]
- Archive INA, journal télévisé de France 2 du 23 février 2006, durée : 2 minutes et 14 secondes [archive]
- Archive INA, journal télévisé de France 2 du 25 février 2006, durée : 2 minutes et 22 secondes [archive]
- Archive INA, journal télévisé de France 2 du 25 février 2006, durée : 1 minute et 28 secondes [archive]
- Archive INA, journal télévisé de France 2 du 26 février 2006, durée : 1 minute et 22 secondes [archive]
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