Adel Kermiche, 19 ans, connu des services antiterroristes, est l’un des deux assassins du père Hamel le 26 juillet dernier dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, une ville dont il était lui-même originaire.
Abattu par la police quelques minutes plus tard, son compte Telegram s’est remis à émettre une semaine après sa mort.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20160726.OBS5358/saint-etienne-du-rouvray-adel-k-n-avait-plus-d-amis-on-le-fuyait.html
Saint-Etienne-du-Rouvray : Adel Kermiche n’avait « plus d’amis, on le fuyait »
Adel Kermiche fait bien partie des deux assaillants. C’est lui qui portait un bracelet électronique. Ceux qui étaient avec lui en classe, disent que c’était « un bouffon ». Reportage.
La menace est partout, les habitants de Saint-Etienne-Du-Rouvray le savaient bien. Lointaine et proche à la fois, ils la voyaient dans leurs écrans de télé. Abstraite, difforme, spectaculaire, effrayante. Mardi 26 juillet, elle a pris forme au beau milieu de leurs vies, à l’heure de la messe.
En vrai, vers 9h30. Deux jeunes, dont l’un est un enfant du pays, scolarisé dans la ville, sont venus égorger le prêtre, prendre en otage quatre autres personnes, en blessant une grièvement. Saint-Etienne-Du-Rouvray et ses quelques 28.000 habitants tétanisés par l’effroi, s’est comme liquéfiée.
Attaque d’une église près de Rouen, le prêtre tué : ce que l’on sait
« Cela veut dire qu’ils sont là, partout »
D’un coup, plus un bruit, plus une âme dans les rues. Ils ont fermé fenêtres et portes, retenu leur souffle, attendu, « comme si c’était la guerre et qu’on ne sait pas ce qu’on va devenir », raconte une habitante, en face de la mairie. Les policiers ont tué les deux assaillants. « Des morts comme ceux-là, à Saint-Etienne-du-Rouvray… », les gens n’en reviennent pas. Et du côté des français d’oringine algérienne, le choc fait écho à de mauvais souvenirs fuis il y a plusieurs décennies:
« Un prêtre égorgé dans une église, ça rappelle les années sombres de l’Algérie ».
Antoine, la quarantaine, venait de garer son scooter Vespa rouge sur le parking face à l’église, pour faire une course à la « coop’ ». Un policier s’est jeté sur lui, le plaquant au sol. « Il voulait me protéger, j’ai tout de suite compris que c’était un attentat, chez nous, ici ». Il a vu une femme courir avec sa petite fille accrochée au bout de sa main.« Elle a crié, elle aussi, stupéfaite et effrayée, ‘un attentat !?’ Nous avons été mis à l’abri, et on nous a dit que vers 14 heures, si on voulait, on pouvait aller parler avec la cellule psychologique. »
Antoine a souri pour remercier, et puis il est rentré chez lui. Quatre heures après les faits, il répète en boucle :« J’ai eu chaud quand même… Cela veut dire qu’ils sont là, partout, dans notre dos, dans nos maisons, dans nos vies, cachés, et qu’ils peuvent surgir et tout détruire. »
Saint-Etienne-du-Rouvray : le frère du mineur interpellé avait rejoint la Syrie en 2015Des trottoirs remplis de journalistes
Un retraité d’origine italienne, arrivé dans les années 1940 en France, passe devant chez lui. Il dit à Antoine que « tout le monde aurait pu s’y trouver ». Son beau-frère, « il va tous les jours à la messe. Aujourd’hui, exceptionnellement, il n’a pas pu. Parce qu’il est dresseur de chien, et qu’il fallait qu’il travaille ce matin ».
Des dizaines de fonctionnaires de police ont investi la petite ville. Et puis les trottoirs se sont remplis au fil des minutes de journalistes venus de toute la France, avec micros, caméras, camions et paraboles.
Les gens les ont rejoints autour de la mairie, comme attirés par les médias. La presse « qui déforme » comme ils disent, mais qui, en fabriquant ses images, fait écran aussi.
Saint-Etienne-du-Rouvray : qui est Adel Kermiche, l’un des deux assaillants de l’église
« On s’est tout de suite dit que c’était Adel Kermiche »
A peine une heure après les faits, la jeunesse des quartiers de Saint-Etienne-du-Rouvray lâchait un nom : « On s’est tout de suite dit que c’était Adel Kermiche », raconte Abdel, 22 ans.
« Parce qu’on connaissait son histoire, sa tentative de départ en Syrie, et tout le reste. »
Le reste, sa vie minable et sans lendemain, où « il a cru qu’il y avait de la lumière dans les ténèbres. En vérité, Adel, il avait un caillou dans le crâne. C’était un faible d’esprit qui n’a jamais rien réussi ». Et la rumeur s’est vite confirmée.Adel Kermiche fait bien partie des deux assaillants. C’est lui qui portait un bracelet électronique. Deuxième d’une fratrie de trois enfants, dont le plus âgé est handicapé, Adel Kermiche est fils d’un couple d’origine algérienne. Il a fréquenté l’école primaire et le collège Paul Eluard du coin. Ceux qui étaient avec lui en classe, disent que c’était « un bouffon », qui « n’accrochait pas aux apprentissages ».
Saint-Etienne-du-Rouvray : « Ils l’ont obligé à se mettre à genoux’ », raconte sœur Danièle
« Il était influençable, vraiment »
Adel Kermiche a grandi dans une famille qui s’en sortait sans se plaindre, logeant dans une petite maison mitoyenne près du parc Maurice Thorez. A la maison, le père, âgé, restait entre ses murs. La mère, elle, était connue des gens du quartier. Une femme « agréable », « tranquille », »pas pratiquante », qui n’a « jamais même porté un petit foulard sur la tête ».
Amir, qui a connu Adel petit, dit que « cette femme s’est battu pour retenir son fils, mais rien n’y a fait ». Tout le monde pense qu’il a fait une « mauvaise rencontre », que c’était « facile avec lui de l’emmener dans n’importe quoi », parce qu’il « n’avait certes pas un mauvais fond, mais il était influençable, vraiment », poursuit Amir. Il a voulu partir en Syrie deux fois en 2015, les autorités turques l’ont intercepté et livré à la France.
Adel Kermiche s’est retrouvé en prison jusqu’en mars 2016 où il a été placé sous bracelet électronique. Quand il est rentré à Saint-Etienne-du-Rouvray, « des fidèles au courant de son histoire lui ont demandé de cesser de venir à la mosquée, il a continué malgré tout ».
« Personne n’adhérait à ses conneries »
Abdel, un de ses camarades du collège, raconte qu’Adel Kermiche n’avait alors « plus d’amis, on le fuyait, personne n’adhérait à ses conneries… Il était dans un autre monde, il parlait des frères musulmans tués à l’autre bout de la planète, alors qu’il ne connaissait rien à la religion ».
Et il y a trois semaines, au moment de l’Aïd, Amir l’a croisé pour la dernière fois. Il était en djellabah devant la mosquée, et s’apprêtait à aller au supermarché « faire des achats pour les familles syriennes ».
Adel Kermiche a voulu qu’Amir lui donne son numéro de téléphone « pour qu’on se voit, mais j’ai pas voulu, moi ». Amir a demandé à Adel Kermiche s’il allait mieux, « parce qu’il avait l’air un peu posé, peut-être changé ». Mais le jeune homme, qui a égorgé ce matin le prêtre de la petite ville où il a grandi, a répondu à Amir que non. Rien ne changeait. « Qu’il s’apprêtait à repartir ».
Elsa Vigoureux
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/07/26/01016-20160726ARTFIG00340-les-voisins-de-la-famille-kermiche-sous-le-choc.php
«Fou», «ordinaire», les mots des voisins d’Adel Kermiche
- Par Delphine de Mallevoüe
- Mis à jour le 27/07/2016 à 14:20
- Publié le 26/07/2016 à 22:08
De notre envoyée spéciale
La zone pavillonnaire, si calme d’ordinaire, est en ébullition. Les voisins sortent voir le dispositif policier, d’autres se cloîtrent derrière leurs volets. C’est ici, rue Nikola Tesla, à Saint-Etienne du Rouvray, qu’Adel Kermiche, auteur de l’attentat qui a coûté la vie au père Jacques Hamel, habitait avec ses parents. Mardi, au soir du drame, l’accès au pavillon est barré par des véhicules de police, les perquisitions sont en cours.
«C’est la honte!, s’exclame Farida, une mère de famille du quartier, d’origine algérienne. D’égorger comme ça, c’est incroyable, on n’a jamais vu ça. Ces gens ne sont pas des musulmans, qui ne tueraient pas un chat. Ce sont des drogués, une secte. Ils vendent de la drogue la journée et ils tuent le soir». Près de la maison familiale du jeune homme de 19 ans, les avis du voisinage sont partagés. Une voisine immédiate dit qu’«il était fou, il parlait tout seul, il disait n’importe quoi». Pour Emmeline, 26 ans, sa famille était «ordinaire, normale», et «lui aussi». Choquée par l’attentat, la jeune femme licenciée en psychologie, enceinte de 9 mois, dit pourtant ne pas être inquiète. «C’est surtout ma famille qui est paniquée, ils m’ont tous appelée toute la journée» . La jeune femme habite juste à côté mais dit n’avoir «jamais rien remarqué de spécial».
«Il était stagiaire BAFA, il était adorable avec les enfants, il se comportait bien»
Bodri est plus disert. Ce jeune homme de 23 ans, assistant d’administration dans un club local de fitness, habite lui aussi tout à côté du pavillon d’Adel Kermiche. Il a «grandi avec lui», raconte-il en le définissant «comme un petit frère», et a même travaillé un temps avec lui. Ils étaient animateurs dans un centre aéré de Saint-Etienne du Rouvray, fin 2015. «Je l’épaulais, il était stagiaire BAFA, il était adorable avec les enfants, il se comportait bien. Il était polyvalent, s’occupait des ateliers manuels et de danse, et il était force de propositions pour organiser des grands jeux». Bodri n’a «jamais remarqué aucun signe de radicalisation». Il portait une barbe très courte, pas de djelaba.
»» À lire aussi: Suivez en direct l’évolution de la situation après l’attentat à Saint-Étienne-du-Rouvray
«Hier soir encore (la veille de l’attentat, NDLR), je l’ai croisé sur le parking ici. Il était habillé en jean, il souriait, il était content, normal», souligne-t-il en précisant qu’il ignorait que le jeune homme portait un bracelet électronique. «On partageait le même goût pour la musique, de la variété, des musiques urbaines, il aimait le mannequinat car il était très beau gosse. Mais c’était un mec posé, qui ne draguait pas les filles». Bodri ne savait pas qu’«il voulait partir en Syrie, il ne parlait jamais de ça, je ne connaissais pas du tout ce côté-là de lui». Au pire de ce qu’il a pu constater, c’est qu’«Adel commençait à traîner avec des mecs des quartiers». «Je suis choqué, ajoute-t-il, car cet attentat est atroce mais c’était une bonne personne, avec une famille qui a des valeurs». Selon lui, Adel Kermiche aurait deux sœurs, qui ont toutes deux quitté le nid familial, dont une médecin.
«Vous verrez qu’ils tueront aussi des imams!»
Mardi soir, dans le centre ville de Saint-Etienne du Rouvray, le périmètre de sécurité, encore très important, se réduisait un peu pour permettre aux habitants d’aller et venir. Près de l’église, on apercevait des tentes blanches qui barraient toute vue sur les lieux du massacre. Une bougie à la main, Farida et Nicole, des riveraines de ce quartier, demandaient aux forces de l’ordre l’autorisation d’aller la déposer dans l’édifice. Refus formel, aucun accès avec l’enquête des policiers de l’identité judiciaire. «On va aller se recueillir vers la mairie, ce n’est pas grave», dit Farida, encore sous le choc. «C’est répugnant, c’est sauvage, on ne trouve pas les mots. Mes filles sont effondrées, elles ont trop de peine pour ce pauvre prêtre, si âgé. Etre égorgé…». Pour elle, ce sont «des criminels qui veulent nous mettre à genoux», qui tuent indifféremment «enfants et hommes d’église». «Vous verrez qu’ils tueront aussi des imams!». Nicole, athée, est épouvantée. «S’en prendre à un prêtre… Mais qu’on respecte la religion de France comme toutes les autres, quoi!».
La zone pavillonnaire, si calme d’ordinaire, est en ébullition. Les voisins sortent voir le dispositif policier, d’autres se cloîtrent derrière leurs volets. C’est ici, rue Nikola Tesla, à Saint-Etienne du Rouvray, qu’Adel Kermiche, auteur de l’attentat qui a coûté la vie au père Jacques Hamel, habitait avec ses parents. Mardi, au soir du drame, l’accès au pavillon est barré par des véhicules de police, les perquisitions sont en cours.
«C’est la honte!, s’exclame Farida, une mère de famille du quartier, d’origine algérienne. D’égorger comme ça, c’est incroyable, on n’a jamais vu ça. Ces gens ne sont pas des musulmans, qui ne tueraient pas un chat. Ce sont des drogués, une secte. Ils vendent de la drogue la journée et ils tuent le soir». Près de la maison familiale du jeune homme de 19 ans, les avis du voisinage sont partagés. Une voisine immédiate dit qu’«il était fou, il parlait tout seul, il disait n’importe quoi». Pour Emmeline, 26 ans, sa famille était «ordinaire, normale», et «lui aussi». Choquée par l’attentat, la jeune femme licenciée en psychologie, enceinte de 9 mois, dit pourtant ne pas être inquiète. «C’est surtout ma famille qui est paniquée, ils m’ont tous appelée toute la journée» . La jeune femme habite juste à côté mais dit n’avoir «jamais rien remarqué de spécial».
«Il était stagiaire BAFA, il était adorable avec les enfants, il se comportait bien»
Bodri est plus disert. Ce jeune homme de 23 ans, assistant d’administration dans un club local de fitness, habite lui aussi tout à côté du pavillon d’Adel Kermiche. Il a «grandi avec lui», raconte-il en le définissant «comme un petit frère», et a même travaillé un temps avec lui. Ils étaient animateurs dans un centre aéré de Saint-Etienne du Rouvray, fin 2015. «Je l’épaulais, il était stagiaire BAFA, il était adorable avec les enfants, il se comportait bien. Il était polyvalent, s’occupait des ateliers manuels et de danse, et il était force de propositions pour organiser des grands jeux». Bodri n’a «jamais remarqué aucun signe de radicalisation». Il portait une barbe très courte, pas de djelaba.
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«Hier soir encore (la veille de l’attentat, NDLR), je l’ai croisé sur le parking ici. Il était habillé en jean, il souriait, il était content, normal», souligne-t-il en précisant qu’il ignorait que le jeune homme portait un bracelet électronique. «On partageait le même goût pour la musique, de la variété, des musiques urbaines, il aimait le mannequinat car il était très beau gosse. Mais c’était un mec posé, qui ne draguait pas les filles». Bodri ne savait pas qu’«il voulait partir en Syrie, il ne parlait jamais de ça, je ne connaissais pas du tout ce côté-là de lui». Au pire de ce qu’il a pu constater, c’est qu’«Adel commençait à traîner avec des mecs des quartiers». «Je suis choqué, ajoute-t-il, car cet attentat est atroce mais c’était une bonne personne, avec une famille qui a des valeurs». Selon lui, Adel Kermiche aurait deux sœurs, qui ont toutes deux quitté le nid familial, dont une médecin.
«Vous verrez qu’ils tueront aussi des imams!»
Mardi soir, dans le centre ville de Saint-Etienne du Rouvray, le périmètre de sécurité, encore très important, se réduisait un peu pour permettre aux habitants d’aller et venir. Près de l’église, on apercevait des tentes blanches qui barraient toute vue sur les lieux du massacre. Une bougie à la main, Farida et Nicole, des riveraines de ce quartier, demandaient aux forces de l’ordre l’autorisation d’aller la déposer dans l’édifice. Refus formel, aucun accès avec l’enquête des policiers de l’identité judiciaire. «On va aller se recueillir vers la mairie, ce n’est pas grave», dit Farida, encore sous le choc. «C’est répugnant, c’est sauvage, on ne trouve pas les mots. Mes filles sont effondrées, elles ont trop de peine pour ce pauvre prêtre, si âgé. Etre égorgé…». Pour elle, ce sont «des criminels qui veulent nous mettre à genoux», qui tuent indifféremment «enfants et hommes d’église». «Vous verrez qu’ils tueront aussi des imams!». Nicole, athée, est épouvantée. «S’en prendre à un prêtre… Mais qu’on respecte la religion de France comme toutes les autres, quoi!».
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- Qui était le père Jacques Hamel égorgé dans son église près de Rouen?
- auteur – Sa biographie
http://www.linfo.re/france/faits-divers/698802-prete-egorge-adel-kermiche-etait-fou-les-langues-se-delient-a-saint-etienne-du-rouvray
Prêtre égorgé : Adel Kermiche était « fou », les langues se délient à Saint-Étienne-du-Rouvray
LINFO.RE – créé le 27.07.2016 à 18h00 – mis à jour le 27.07.2016 à 19h10- La rédaction
Adel Kermiche, 19 ans, connu des services antiterroristes est le premier terroriste identifié de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. Certains de ses voisins le décrivent comme un homme « fou » d’autres le trouvait « adorable ».
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L’un des deux auteurs de l’attaque menée mardi contre une église française, dans laquelle un prêtre de 86 ans a été égorgé, a été « formellement identifié » comme étant Adel Kermiche. Un jeune homme de 19 ans qui avait essayé par deux fois de se rendre en Syrie, avant d’être placé sous surveillance électronique. Son intention était connue. « On savait qu’il voulait aller en Syrie« , a d’ailleurs témoigné un voisin de la famille à Saint-Etienne de Rouvray.
Adel Kermiche, son portrait contradictoire
Un voisin habitant à côté du pavillon d’Adel Kermiche le défini « comme un petit frère« . Ils ont d’ailleurs travaillé ensemble. Ils étaient animateurs dans un centre aéré de Saint-Etienne du Rouvray, fin 2015. « Je l’épaulais, il était stagiaire BAFA, il était adorable avec les enfants, il se comportait bien« . Il assure n’avoir « jamais remarqué aucun signe de radicalisation« . Une autre voisine parle pourtant d’un fou : « il parlait tout seul, il disait n’importe quoi« , raconte-t-elle. « Il ne nous parlait jamais« , a confié un autre voisin de la famille du jeune homme. « Je ne suis pas étonné, il m’en parlait tout le temps« , a déclaré sur RTL un adolescent qui a assuré faire partie de ses connaissances. « Il parlait d’islam, qu’il allait faire des trucs comme ça. Il m’a dit ’je vais aller faire une église’ il y a deux mois. Je l’ai pas cru, il disait beaucoup de choses« .
La radicalisation d’Adel Kermiche était connue de tous
Certains amis ou voisins affirment que la transformation d’Adel Kermiche en tueur djihadiste est tout sauf une surprise. Un homme s’est confié au Parisien : « Un gars assez dingue pour faire ça, il n’y avait que lui. On ne le supportait plus« , raconte-t-il. Puis il poursuit : « En septembre dernier, il était venu au quartier où l’on était une quinzaine autour d’un barbecue. Il ne parlait que de Syrie, et de son rêve de tuer des soldats de Bachar…« . Adel Kermiche n’aurait rien caché sur ses intentions. Un voisin raconte comment sa sœur, ses parents et lui-même avaient tenté de le raisonner. « Il ne parlait que de religion. (…) Je lui disais d’arrêter ça, que s’il avait besoin de se confier à quelqu’un de confiance hors du cercle familial, j’étais là« , a-t-il expliqué. « Mais il était comme dans une bulle« , affirme ce voisin.
Face à ce terrible drame, les habitants du quartier vivent dans le doute. « Aux infos, ils n’arrêtent pas de dire qu’il y aurait d’autres jeunes radicalisés comme lui dans la région… Alors comment on fait ? On ne laisse plus sortir ses enfants ?« , s’interroge une habitante.
http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/07/27/saint-etienne-du-rouvray-pourquoi-l-un-des-auteurs-de-l-attentat-a-ete-remis-en-liberte-en-mars_4975134_1653578.html
Saint-Etienne-du-Rouvray : pourquoi l’un des auteurs de l’attentat avait été remis en liberté
LE MONDE | 27.07.2016 à 06h34 • Mis à jour le 27.07.2016 à 15h32 | Par Simon Piel et Soren Seelow
Pourquoi Adel Kermiche, 19 ans, identifié comme l’un des meurtriers du père Jacques Hamel dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, mardi 25 juillet, a-t-il été remis en liberté le 18 mars, après dix mois de détention provisoire ? Le Monde a obtenu les pièces du débat judiciaire qui a opposé les juges d’instruction et le parquet de Paris. A l’époque, le jeune homme est mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » depuis mars 2015 pour avoir tenté de rejoindre les groupes djihadistes en Syrie. D’abord placé sous contrôle judiciaire, il a été incarcéré en mai 2015 après une deuxième tentative de départ.
Lire la totalité de notre enquête (abonnés) : Adel Kermiche, entre troubles mentaux et folie djihadistele parcours chaotique d’un des deux tueurs
Une enquête de personnalité est ordonnée par la juge d’instruction chargée du dossier d’Adel Kermiche. Elle débute en octobre 2015, et la magistrate en reçoit les conclusions en février. Le jeune homme a connu un parcours chaotique. Il est suivi depuis qu’il a 6 ans et a été régulièrement hospitalisé pour des troubles psychologiques. Lors de l’enquête, il évoque ses projets professionnels : il espère devenir aide médico-psychologique. Sa famille assure qu’il dispose de plusieurs possibilités d’emploi comme animateur dans un centre de loisirs municipal. « Je suis un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance (…) Je ne suis pas extrémiste », insiste-t-il, avant de préciser faire deux prières par jour, n’étant « pas réveillé » pour celle du matin.
Lire aussi : Qui sont les auteurs de l’attentat contre l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray ?
« Déterminé à entamer des démarches d’insertion »
En prison, Adel Kermiche a partagé la cellule d’un Saoudien et fait la connaissance d’un jeune Français ayant passé dix-huit mois dans les troupes de l’EI. Il vit mal son incarcération. Il assure à la magistrate qu’il regrette ses envies de départ : « J’ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier. »
La juge, qui veut croire à un avenir possible pour ce jeune homme perturbé, motive son ordonnance par le fait qu’il aurait « pris conscience de ses erreurs », qu’il a eu des « idées suicidaires » durant son incarcération, qu’il serait « déterminé à entamer des démarches d’insertion » et que sa famille semble disposée à lui apporter « encadrement » et « accompagnement ».
L’enquête réalisée sur la faisabilité de placement sous bracelet électronique précise que ses parents « avouent qu’ils préfèrent savoir leur fils incarcéré et vivant que libre et en route pour la Syrie. S’ils acceptent de l’accueillir, c’est parce qu’ils pensent sincèrement qu’il sait s’être trompé et qu’il ne tentera plus de partir ».
« Risque très important de renouvellement des faits »
Le parquet est peu sensible à ces arguments et fait appel de l’ordonnance du juge, qu’il juge « peu convaincante ». Dans son réquisitoire, il estime que les contraintes prévues par le contrôle judiciaire « s’avèrent parfaitement illusoires au vu du contexte du dossier ». « Dans ces conditions, et quoiqu’il fasse état d’une erreur et réclame une seconde chance, il existe un risque très important de renouvellement des faits en cas de remise en liberté », insiste le ministère public.
La chambre de l’instruction ne suit pas l’appel du parquet. Adel Kermiche sort de prison. Il est assigné à résidence chez ses parents et équipé d’un bracelet électronique. Les modalités de son contrôle judiciaire lui interdisent de quitter le département, l’obligent à se soumettre à une prise en charge psychologique et ne l’autorisent à quitter le domicile familial qu’entre 8 h 30 à 12 h 30 en semaine, période durant laquelle il a commis, mardi, son attentat dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray.
Lire aussi : Prêtre tué à Saint-Etienne-du-Rouvray : ce que l’on sait
- Simon Piel
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http://www.morandinisante.com/article-sante-356695-pretre-egorge-adel-kermiche-hospitalise-a-rouen-dans-un-service-specialise-dans-la-psychopathologie.html
Prêtre égorgé: Adel Kermiche hospitalisé à Rouen dans un service spécialisé dans la psychopathologie
Le Monde révèle les principaux éléments du dossier d’Adel Kermiche, 19 ans l’un des deux meurtriers du prêtre égorgé le 26 juillet dans l’église de Saint-Etienne-du Rouvray .
Durant son incarcération, une enquête de personnalité a été réalisée (entre octobre 2015 et février 2016). La justice apprend dès lors que de 6 à 13 ans, Adel Kermiche a été suivi dans un centre médico-psychologique.
« Hyperactif » il suit un « traitement médicamenteux ». À l’école primaire, ses instituteurs pointent du doigt son comportement troublant. « Ange ou démon ? Selon les jours… Quelquefois enfant modèle, (…) le plus souvent agressif, énervé et pas en état de travailler. »
Les « difficultés » s’accentuent durant l’adolescence : il est exclu de son collège en classe de cinquième pour des « troubles du comportement ». Il est alors hospitalisé à Rouen dans un service spécialisé dans la psychopathologie de l’adolescence ; par la suite il sera suivi à l’hôpital de jour de Saint-Etienne-du-Rouvray. Il a alors 12 ans.
Il devient « ingérable sur le groupe » au point qu’il faut parfois « le contenir dans une pièce fermée », il est même placé durant quinze jours en milieu fermé dans l’unité psychiatrique du centre hospitalier spécialisé du Rouvray. Puis il intègre, à l’âge de 13 ans, un institut thérapeutique et pédagogique.
Deux ans plus tard, il retrouvera une scolarité normale, en classe de quatrième. Mais en raison de « problèmes relationnels », il est renvoyé quelques jours de son lycée en 2013, ce qu’il vit comme une injustice.
Une de ses professeurs rapporte là encore des troubles du comportement accompagnés de « violences physiques et verbales envers ses camarades » ainsi qu’un « comportement physique provocateur », tout en constatant un « niveau scolaire supérieur » aux autres élèves. Sa scolarité s’arrêtera à l’âge de 16 ans. « J’ai l’impression de ne pas arriver à concrétiser mes projets. J’essaye de m’insérer, de travailler, d’avoir une copine, mais à chaque fois il y a une difficulté, et c’est éprouvant », confiera-t-il à l’enquêteur de personnalité.
En 2015, il n’est plus suivi par l’institut thérapeutique et pédagogique pour la première fois depuis cinq ans et qu’il est au chômage. Il fait la connaissance d’Adel Bouaoun et se radicalise en moins de deux mois. « Il m’a dit que c’était mieux, beaucoup mieux qu’ici où il n’y a pas de travail, que c’était plus facile là-bas », racontera-t-il au juge.
Incarcéré depuis 10 mois à la suite d’une deuxième tentative de rejoindre la Syrie, la magistrate qui suit son dossier ordonne, le 18 mars dernier, son placement sous contrôle judiciaire.
Elle motive son ordonnance par le fait qu’il aurait « pris conscience de ses erreurs », qu’il a eu des « idées suicidaires » durant son incarcération.
Adel Kermiche sort de prison et est assigné à résidence chez ses parents, équipé d’un bracelet électronique. Son contrôle judiciaire lui interdit de quitter le département de la Seine-Maritime et il doit se soumettre à une prise en charge psychologique. Il a l’autorisation de quitter le domicile familial qu’entre 8 h 30 et 12 h 30 en semaine. Une messe était célébrée, dans la matinée du 26 juillet, en l’église de Saint-Etienne du Rouvray. Il passe à l’acte .
Saint-Etienne-du-Rouvray : Le témoignage… par morandini
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/07/28/01016-20160728ARTFIG00251-adel-bouaoun-compagnon-de-radicalisation-et-mentor-d-adel-kermiche.php
Adel Bouaoun, compagnon de radicalisation et «mentor» d’Adel Kermiche?
- Par lefigaro.fr
- Mis à jour le 28/07/2016 à 18:10
- Publié le 28/07/2016 à 17:39
Cet homme de 26 ans a rejoint la Syrie avec la carte d’identité d’Adel Kermiche en 2015. Les enquêteurs se demandent quelle a pu être son influence sur l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray. Son frère est actuellement entendu par la police.
Adel Bouaoun était-il «le mentor» d’Adel Kermiche, l’un des deux assassins du père Jacques Hamel? C’est une des questions que se posent actuellement les enquêteurs. Les
deux jeunes étaient proches, vivaient tous les deux à
Saint-Etienne-du-Rouvray et partageaient la même envie de rejoindre les
terres du djihad. Le premier, âgé de 26 ans, est parvenu à rejoindre la
Syrie en mars 2015, tandis que le second a, par deux fois, été arrêté à
temps en Allemagne puis en Turquie.
Tout commence au début de l’année 2015. Adel Bouaoun et Adel Kermiche se rencontrent pour la première fois à la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le plus âgé aurait initié le plus jeune à la propagande de Daech. «J’ai fini par avoir le même mode de pensée que lui, il s’est collé sur moi», racontera Kermiche devant le juge un peu plus tard. «Il m’a retourné le cerveau, enfin, on s’est retourné le cerveau ensemble», selon des propos rapportés par une source proche de l’enquête et cités dans Le Monde. À en croire son audition, c’est même Adel Bouaoun qui l’aurait incité à partir et qui lui aurait fourni sur Facebook un itinéraire pour rejoindre la Syrie. «Il m’a dit que c’était mieux, beaucoup mieux qu’ici où il n’y a pas de travail, que c’était plus facile là-bas», dit Kermiche au juge.
Ainsi, le tueur du prêtre Jacques Hamel aurait été influencé. Une version contestée par l’entourage d’Adel Bouaoun. Interrogée par Libération, la mère du jeune homme pense au contraire que c’est Kermiche qui a entraîné son fils vers la Syrie. Le 20 mars, celui-ci parvient à rejoindre la zone irako-syrienne avec la carte d’identité de son nouvel ami Kermiche. Arrivé sur place, il poste ce message enthousiaste sur Facebook, relayé sur La Tribune de Genève:«Je suis arriver sain et sauf les policier me traquait dans toute leurope mai allah les a aveugler et jai traverser la frontiere de la syrie en courant al hamdoulilah (…) Si jaurai eter bloquer en france j’aurai commis de bon meurrtre contre vous habitant de lenfer» (sic).
Impuissants, ses parents avaient vu leur fils se radicaliser. Interrogé en mai 2015 par le quotidien suisse, son père décrit un changement très rapide, juste après les événements de Charlie Hebdo. Des connaissances évoquent aussi ses penchants radicaux: «Il était dingue. Dans le bus, il hurlait des Allaouh Akbar», se souvient un proche interrogé par Le Parisien. Même s’il se disait religieux, «il achetait de la vodka qu’il buvait pure, puis pétait les plombs. Une autre fois, il gueulait qu’il fallait faire le djihad».
Depuis son départ, l’apprenti djihadiste donnerait peu de nouvelles à sa famille et montre des signes de vie via ses comptes Facebook et Twitter. Selon Le Parisien, il n’hésiterait pas à poster des photos de lui, fusil d’assaut en main. Il se vante aussi de pouvoir combattre pendant le ramadan et se ferait appeler «Adel Abu Younes». Le dernier message reçu par son père date d’il y a 10 jours. Message dans lequel il disait, en substance, qu’il ne serait peut-être plus là «dans une semaine», selon un proche de la famille.
Les enquêteurs se demandent quelle influence a pu avoir Bouaoun dans cette affaire. Son petit frère, né en Algérie et âgé de 16 ans, est d’ailleurs entendu par la police depuis mardi.
Tout commence au début de l’année 2015. Adel Bouaoun et Adel Kermiche se rencontrent pour la première fois à la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le plus âgé aurait initié le plus jeune à la propagande de Daech. «J’ai fini par avoir le même mode de pensée que lui, il s’est collé sur moi», racontera Kermiche devant le juge un peu plus tard. «Il m’a retourné le cerveau, enfin, on s’est retourné le cerveau ensemble», selon des propos rapportés par une source proche de l’enquête et cités dans Le Monde. À en croire son audition, c’est même Adel Bouaoun qui l’aurait incité à partir et qui lui aurait fourni sur Facebook un itinéraire pour rejoindre la Syrie. «Il m’a dit que c’était mieux, beaucoup mieux qu’ici où il n’y a pas de travail, que c’était plus facile là-bas», dit Kermiche au juge.
Un changement après l’attentat à Charlie Hebdo
Ainsi, le tueur du prêtre Jacques Hamel aurait été influencé. Une version contestée par l’entourage d’Adel Bouaoun. Interrogée par Libération, la mère du jeune homme pense au contraire que c’est Kermiche qui a entraîné son fils vers la Syrie. Le 20 mars, celui-ci parvient à rejoindre la zone irako-syrienne avec la carte d’identité de son nouvel ami Kermiche. Arrivé sur place, il poste ce message enthousiaste sur Facebook, relayé sur La Tribune de Genève:«Je suis arriver sain et sauf les policier me traquait dans toute leurope mai allah les a aveugler et jai traverser la frontiere de la syrie en courant al hamdoulilah (…) Si jaurai eter bloquer en france j’aurai commis de bon meurrtre contre vous habitant de lenfer» (sic).
Impuissants, ses parents avaient vu leur fils se radicaliser. Interrogé en mai 2015 par le quotidien suisse, son père décrit un changement très rapide, juste après les événements de Charlie Hebdo. Des connaissances évoquent aussi ses penchants radicaux: «Il était dingue. Dans le bus, il hurlait des Allaouh Akbar», se souvient un proche interrogé par Le Parisien. Même s’il se disait religieux, «il achetait de la vodka qu’il buvait pure, puis pétait les plombs. Une autre fois, il gueulait qu’il fallait faire le djihad».
Depuis son départ, l’apprenti djihadiste donnerait peu de nouvelles à sa famille et montre des signes de vie via ses comptes Facebook et Twitter. Selon Le Parisien, il n’hésiterait pas à poster des photos de lui, fusil d’assaut en main. Il se vante aussi de pouvoir combattre pendant le ramadan et se ferait appeler «Adel Abu Younes». Le dernier message reçu par son père date d’il y a 10 jours. Message dans lequel il disait, en substance, qu’il ne serait peut-être plus là «dans une semaine», selon un proche de la famille.
Les enquêteurs se demandent quelle influence a pu avoir Bouaoun dans cette affaire. Son petit frère, né en Algérie et âgé de 16 ans, est d’ailleurs entendu par la police depuis mardi.
- journaliste – Sa biographie
http://rmc.bfmtv.com/emission/kader-proche-d-adel-kermiche-c-est-adel-bouaoun-qui-lui-a-lave-la-tete-1020726.html
Kader, proche d’Adel Kermiche: « C’est Adel Bouaoun qui lui a lavé la tête »
29/07/2016 à 07h28
TEMOIGNAGE RMC – Adel Kermiche et Adel Bouaoun se sont rencontrés devant la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray au début de l’année 2015. Ils font partie d’une petite cellule de mineurs et jeunes adultes radicalisés prêts à partir en Syrie rejoindre les rangs de Daesh. Parmi eux, il y avait Kader. Si aujourd’hui il dit avoir tourné la page, il se souvient très bien des deux hommes.
L’enquête sur l’attentat de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray
avance. Trois jours après cette attaque, au cours de laquelle le père
Jacques Hamel a été assassiné, deux hommes sont sous les radars de
l’antiterrorisme: Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean,
qui avaient tenté de rejoindre la Syrie et prêté allégeance au groupe
Etat islamique. Ces deux individus se sont rencontrés en début d’année
dernière près de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray et faisaient
partie d’une même cellule de jeunes radicalisés.
Dans cette cellule, il y avait aussi Kader (prénom d’emprunt). Signalé en janvier 2015 par son établissement scolaire après avoir revendiqué le droit de dire qu’il « trouve ça bien les attentats de la semaine passée » (ceux de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher, ndrl), il a connu Adel Bouaoun au collège. Après ces attentats, les deux jeunes se sont rapidement radicalisés comme il en témoigne ce vendredi sur RMC.
« Adel Bouaoun essayait de faire un petit groupe, assure-t-il. Il était en contact avec plusieurs personnes, dont Adel Kermiche. Il y avait un autre mec avec qui il allait souvent à la mosquée. Il y avait aussi une jeune fille qui a essayé de partir en Syrie mais s’est fait arrêter en Belgique ». D’après Kader, Adel Bouaoun « parlait toujours de la face cachée d’internet ». « Il était obsédé par Daesh », souligne-t-il encore.
Toujours d’après le jeune homme, Adel Bouaoun et Adel Kermiche se voyaient souvent depuis janvier 2015. Ils fréquentaient ensemble la mosquée de Petit Quevilly et avaient prévu de partir ensemble en Syrie en mars 2015. « Adel Bouaoun s’était rasé les cheveux avant de partir en Syrie pour correspondre à la photo de la carte d’identité d’Adel Kermiche« , révèle Kader. Et d’ajouter: « J’ai vu comment sa mère (celle de Bouaoun, ndlr) a réagi quand elle a découvert qu’il était parti en Syrie. Elle était effondrée… J’étais triste pour elle. »
Si aujourd’hui Kader dit avoir tourné la page grâce à son père, il affirme avoir croisé Adel Kermiche il y a trois mois dans le bus. « Il avait toujours son comportement un petit peu bizarre, comme avant. Je lui ai dit ‘Alors tu comptes partir une troisième fois en Syrie’. Il m’a répondu en rigolant: ‘Non, ça ne sera pas la peine’ ». Mais Adel Kermiche lui demande avec insistance comment contacter Adel Bouaoun, son modèle, car celui-ci a réussi à rejoindre la Syrie en mars 2015 au moment où lui a été interpellé en Turquie.
« Il voulait sûrement essayer de planifier quelques chose ensemble », croit savoir Kader qui certifie: « C’est Adel Bouaoun qui lui a lavé la tête dès le début. J’en suis sûr et certain car c’est quelqu’un de manipulateur. Moi je suis tombé un petit peu dans le panneau aussi. Mais heureusement j’ai rencontré les bonnes personnes qui m’ont aidé… Heureusement je l’ai évité… » Car, rapidement, Kader sent qu’il « commence à se perdre et à se laisser emporter par Adel Bouaoun ».
En plus de son père qui « heureusement » lui « parle », il se fait suivre par les Services Territoriaux Educatifs de Milieu Ouvert et rencontre une éducatrice qui le « raisonne »: « Elle m’a dit ce qui se passait là-bas. Je suis vraiment content de ne pas être tombé dans le même trou qu’eux ». Si Kader a gardé quelques temps le contact avec Adel Bouaoun après son arrivé en Syrie, aujourd’hui, il dit avoir supprimé toutes les conversations sur Facebook. Et quand il a découvert l’attentat à la télévision mardi, il assure avoir immédiatement pensé à Adel Kermiche.
« Il était obsédé par Daesh »
Dans cette cellule, il y avait aussi Kader (prénom d’emprunt). Signalé en janvier 2015 par son établissement scolaire après avoir revendiqué le droit de dire qu’il « trouve ça bien les attentats de la semaine passée » (ceux de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher, ndrl), il a connu Adel Bouaoun au collège. Après ces attentats, les deux jeunes se sont rapidement radicalisés comme il en témoigne ce vendredi sur RMC.
« Adel Bouaoun essayait de faire un petit groupe, assure-t-il. Il était en contact avec plusieurs personnes, dont Adel Kermiche. Il y avait un autre mec avec qui il allait souvent à la mosquée. Il y avait aussi une jeune fille qui a essayé de partir en Syrie mais s’est fait arrêter en Belgique ». D’après Kader, Adel Bouaoun « parlait toujours de la face cachée d’internet ». « Il était obsédé par Daesh », souligne-t-il encore.
Il a croisé Kermiche il y a trois mois
Toujours d’après le jeune homme, Adel Bouaoun et Adel Kermiche se voyaient souvent depuis janvier 2015. Ils fréquentaient ensemble la mosquée de Petit Quevilly et avaient prévu de partir ensemble en Syrie en mars 2015. « Adel Bouaoun s’était rasé les cheveux avant de partir en Syrie pour correspondre à la photo de la carte d’identité d’Adel Kermiche« , révèle Kader. Et d’ajouter: « J’ai vu comment sa mère (celle de Bouaoun, ndlr) a réagi quand elle a découvert qu’il était parti en Syrie. Elle était effondrée… J’étais triste pour elle. »
Si aujourd’hui Kader dit avoir tourné la page grâce à son père, il affirme avoir croisé Adel Kermiche il y a trois mois dans le bus. « Il avait toujours son comportement un petit peu bizarre, comme avant. Je lui ai dit ‘Alors tu comptes partir une troisième fois en Syrie’. Il m’a répondu en rigolant: ‘Non, ça ne sera pas la peine’ ». Mais Adel Kermiche lui demande avec insistance comment contacter Adel Bouaoun, son modèle, car celui-ci a réussi à rejoindre la Syrie en mars 2015 au moment où lui a été interpellé en Turquie.
« Heureusement j’ai rencontré les bonnes personnes »
« Il voulait sûrement essayer de planifier quelques chose ensemble », croit savoir Kader qui certifie: « C’est Adel Bouaoun qui lui a lavé la tête dès le début. J’en suis sûr et certain car c’est quelqu’un de manipulateur. Moi je suis tombé un petit peu dans le panneau aussi. Mais heureusement j’ai rencontré les bonnes personnes qui m’ont aidé… Heureusement je l’ai évité… » Car, rapidement, Kader sent qu’il « commence à se perdre et à se laisser emporter par Adel Bouaoun ».
En plus de son père qui « heureusement » lui « parle », il se fait suivre par les Services Territoriaux Educatifs de Milieu Ouvert et rencontre une éducatrice qui le « raisonne »: « Elle m’a dit ce qui se passait là-bas. Je suis vraiment content de ne pas être tombé dans le même trou qu’eux ». Si Kader a gardé quelques temps le contact avec Adel Bouaoun après son arrivé en Syrie, aujourd’hui, il dit avoir supprimé toutes les conversations sur Facebook. Et quand il a découvert l’attentat à la télévision mardi, il assure avoir immédiatement pensé à Adel Kermiche.
Par Maxime Ricard avec Marion Dubreuil
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/07/29/le-juge-d-application-des-peines-au-c-ur-des-accusations_4976440_4355770.html
Saint-Etienne-de-Rouvray : qui a décidé de la remise en liberté d’Adel Kermiche ?
LE MONDE | 29.07.2016 à 18h16 • Mis à jour le 01.08.2016 à 16h31 | Par Les Décodeurs
(Une version de cet article contenant des erreurs factuelles importantes a été brièvement mise en ligne vendredi 29 juillet. Nous nous en excusons une nouvelle fois auprès de nos lecteurs. En voici une version rectifiée.)
Fallait-il remettre Adel Kermiche en liberté ? C’est la question posée par certains à la suite de l’annonce du procureur de la République de Paris, François Molins, révélant que l’auteur de l’assassinat du prêtre Jacques Hamel, à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), était en liberté conditionnelle sous surveillance électronique.
Relâché en mars, au bout de dix mois de détention provisoire après sa deuxième tentative de départ pour la Syrie, le djihadiste de 19 ans résidait au domicile de ses parents, équipé d’un bracelet électronique. C’est lors d’une permission de sortie qu’il a commis la prise d’otages dans l’église de la ville, en banlieue de Rouen, blessant grièvement un homme et tuant l’auxiliaire du curé de la paroisse. Immédiatement, sur les réseaux sociaux, certains se sont empressés d’accuser la justice d’avoir mal travaillé, d’avoir relâché un homme dangereux et, donc, d’être responsable de l’attaque.
Détention provisoire
Dans les accusations, le juge d’application des peines est cité à plusieurs reprises. Le juge d’application des peines intervient à la suite d’une condamnation et supervise l’exécution de la peine et ses modalités. Il peut décider d’aménager la peine grâce au recours à la surveillance électronique. Mais dans l’affaire de Saint-Etienne-du-Rouvray, une instruction était toujours en cours : il n’y avait donc pas encore eu de condamnation, ni de peine.
C’est donc un juge d’instruction spécialisé dans la lutte antiterroriste qui a été saisi. Le juge d’instruction peut ordonner de placer en détention provisoire la personne mise en examen le temps de l’information judiciaire. Ce qui avait été fait à la suite du retour d’Adel Kermiche de Turquie, d’où il cherchait à passer en Syrie. Cette demande doit être émise auprès du juge des libertés et de la détention, qui accorde ou refuse la demande du juge d’instruction.
La détention provisoire permet de garantir que le mis en examen reste à disposition de la justice, de mettre fin à l’infraction ou encore de préserver l’ordre public. Dans une procédure antiterroriste comme dans toute autre, la détention provisoire n’est pas la règle mais « l’exception » : pour la prononcer, le juge doit prendre en compte plusieurs facteurs, notamment le risque existant à laisser une personne en liberté. Ce dernier point est le plus délicat. Comment évaluer avec certitude qu’un individu n’enfreindra pas à nouveau la loi, et ne représentera en aucun cas un danger pour lui-même ou pour autrui ?
Au bout de plusieurs mois de détention provisoire d’Adel Kermiche, le juge d’instruction a décidé sa remise en liberté. Il l’avait toutefois assortie de l’obligation du port d’un bracelet électronique, donc d’horaires de « sortie » de son domicile (une sortie à d’autres horaires déclenchant une alerte).
Décision collective
Y a-t-il eu manquement dans la décision ? C’est ce que pense Manuel Valls aujourd’hui. Le premier ministre a reconnu un « échec », espérant que les dossiers « d’une très grande complexité » seront traités « compte tenu des pratiques de dissimulation très poussées des djihadistes ».
Néanmoins, la décision de sortir Adel Kermiche de détention provisoire n’a pas été prise définitivement par un juge seul. Le juge d’instruction peut être le seul décisionnaire lorsqu’il s’agit de mettre fin à une mise en examen, mais dans le cas de la détention provisoire, sa prolongation ou sa suspension impliquent nécessairement le juge des libertés et de la détention.
Pendant les dix mois d’incarcération temporaire, une enquête de personnalité a été menée pour tenter de déterminer les risques de départ et le niveau de danger de l’accusé. Puis la décision du juge d’instruction de mettre Adel Kermiche en liberté surveillée a été prise.
Cette fois également, la décision n’appartenait pas au seul juge d’instruction. Chacune de ses décisions peut en effet être contestée et une procédure d’appel peut se mettre en place pour tenter de la modifier ou de l’annuler. C’est ce qui s’est passé pour Adel Kermiche : le parquet antiterroriste de Paris a fait appel, estimant peu crédible la « rédemption » de l’accusé.
La chambre de l’instruction spécialisée dans le crime organisé et le terrorisme de la cour d’appel de Paris a alors étudié le dossier avant de confirmer la décision de remise en liberté sous surveillance électronique. Au total, quatre magistrats ont donc participé à l’analyse du cas d’Adel Kermiche.
Lire : Saint-Etienne-du-Rouvray : pourquoi l’un des auteurs de l’attentat avait été remis en liberté
- Les Décodeurs
Journaliste au Monde
http://www.lejdd.fr/Societe/Adel-Kermiche-enfant-maudit-de-Saint-Etienne-du-Rouvray-800077
Adel Kermiche, enfant maudit de Saint-Étienne-du-Rouvray
Ville ouvrière, solidaire par son histoire, Saint-Étienne-du-Rouvray a vu grandir Adel Kermiche un des assassins du père Hamel. Un gamin « pas méchant mais compliqué », que sa famille, malgré ses efforts, n’a pu retenir.
Paru dans leJDD Ville ouvrière, solidaire par son histoire, Saint-Étienne-du-Rouvray a vu grandir l’assassin du père Hamel. (Sipa)
Ce fut comme un retour à la vie. L’instant zéro. Mardi, après l’assassinat dans son église du père Jacques Hamel,
l’émotion d’Hubert Wulfranc redonna une lueur d’humanité aux écrans de
télévision. Les épaisses lunettes du maire de Saint-Étienne-du-Rouvray
ne parvenaient pas à masquer ses larmes ; sa grosse moustache gauloise,
les tremblements de sa voix.
La vidéo a fait le tour des médias et des records de « partage » sur le Net. « Je n’ai pas réfléchi, raconte-t-il dans son bureau, au premier étage de sa mairie pavoisée de noir. Après toute cette horreur, j’ai pensé que cela ne devait pas se reproduire et j’ai dit ce qui m’est venu spontanément. Il faut que l’on soit les derniers à pleurer. »
Communiste comme son grand-père Jules, qui a accroché en 1936 le drapeau rouge sur la cheminée des Papeteries de la Chapelle, «Il faut que l’on soit les derniers à pleurer» Hubert Wulfranc a hérité en 2002 d’une ville aux mains du parti depuis plus de quarante ans. L’idée qu’un jeune de 19 ans, enfant stéphanais comme lui, se soit transformé en soldat de Daech lui est insupportable. Et pourtant… Avant de pénétrer mardi vers 9h30 dans l’église du centre-ville, Adel Kermiche a laissé un enregistrement de son serment d’allégeance à l’organisation État islamique (EI). C’est lui qui, avec son complice Abdel Malik Petitjean, a tranché la gorge d’un prêtre de 85 ans célébrant la messe devant trois religieuses et un couple de vieux paroissiens. Sans la vivacité de sœur Danielle qui s’est échappée pour prévenir, le carnage aurait été plus grand encore. Les deux tueurs ont été abattus sur le parvis de l’église par les policiers de la BRI.
Lire aussi : Adel Kermiche, 19 ans : ce que l’on sait du premier tueur de Saint-Etienne-du-Rouvray
Deux jours après le drame, l’hommage aux victimes organisé dans le parc Youri-Gagarine a rassemblé quelque 3.000 personnes, habitants de toutes confessions venus en famille. Hubert Wulfranc insiste alors sur la prochaine rentrée scolaire. Réflexe d’enseignant en lycée professionnel? « C’est un moment collectif, et puis c’est nos gamins, tout ça. Chacun doit se demander ce qu’il fait du sien. » Adel Kermiche aurait pu être dans la classe d’Hubert Wulfranc. Un élève médiocre au regard du parcours de ses frères et sœurs, l’aînée chirurgienne, une autre cadre sociale, un frère ingénieur en informatique, le dernier titulaire d’un bac pro…
Saint-Étienne n’est pas une petite bourgade et son église, trompeuse, n’est que le vestige d’une France agricole disparue. Avec ses 28.000 habitants, c’est une banlieue populaire gangrenée par le chômage des jeunes (45%) et le trafic de drogue. Les grands ensembles y ont poussé dans les années 1970 comme des champignons sur les anciens bidonvilles. Les Normands venus de la campagne et les immigrés ont découvert ensemble les salles de bains et le confort moderne. « De cette histoire est née une véritable solidarité », raconte Michèle Ernis, conseillère municipale Ensemble! Saint-Étienne, désormais, c’est un centre-ville vieillissant et un plateau qui abrite deux quartiers difficiles dont le Château-Blanc, où a grandi Adel. Après deux plans de rénovation urbaine, les grandes barres ont été détruites et la ville a repris forme humaine.
Les Kermiche vivent aujourd’hui dans un petit pavillon mitoyen d’une rue tranquille. Une famille avec un joli parcours. Le grand-père maternel, maçon arrivé dans les années 1960, a fait venir sa femme et a élevé ses enfants en Normandie. Nacera, la mère d’Adel, a élevé ses cinq enfants tout en s’engageant dans la vie associative, notamment la Confédération syndicale des familles, proche de la mairie et très active dans les quartiers. Puis elle a repris des études pour devenir institutrice. Elle enseigne aujourd’hui dans un lycée professionnel. Sans les difficultés d’Adel, la vie aurait été paisible…
Selon d’anciens camarades d’école, le garçon a toujours eu des difficultés psychologiques et aurait bénéficié d’un suivi dès l’enfance. Sans être un délinquant, il traînait avec des petits voyous de la cité. « Un gamin pas méchant mais compliqué » «Un gamin pas méchant mais compliqué», raconte un voisin. Puis est venue la « radicalisation ». Depuis deux ans, la famille vit un enfer. Deux fois, il a fallu aller chercher Adel lorsqu’il a tenté de se rendre en Syrie, en mars et mai 2015. Il est alors mis en examen et placé en détention provisoire. Selon les informations publiées par Le Monde, il partage sa cellule de Fleury-Mérogis avec un Saoudien et fréquente un jeune Français revenu du djihad. Sa famille accepte de le reprendre à la maison pendant son aménagement de peine et son placement sous bracelet électronique. « Elle a demandé de l’aide aux pouvoirs publics mais n’en a pas trouvé. Elle s’est sentie seule », confie une relation.
Lire aussi : « Tu prends un couteau, tu vas dans une église » : quand Adel Kermiche dispensait ses conseils
Et puis il y a eu l’affaire « Adel Bouaoun », un copain de quartier parti en Syrie avec les papiers d’Adel. Farid, le père de Bouaoun, a porté plainte contre Adel, lui reprochant d’avoir « retourné le cerveau » de son fils. Les Kermiche avaient plutôt le sentiment du contraire. « Nous avons dû intervenir », explique Mohammed Karabila, le président de l’association de la mosquée Yahya. « Les Kermiche ne fréquentaient pas la mosquée, mais nous avions monté une structure pour suivre les jeunes en risque de radicalisation, alors nous avons suivi le dossier. » Faute de moyens et de subventions, l’association a renoncé à cette initiative. Mardi, alors que le quartier était bouclé par la police, le jeune frère Bouaoun a été interpellé et placé en garde à vue pour avoir violé le périmètre de sécurité autour de la maison des Kermiche…
Vendredi, Abdellatif Hmito, l’imam d’Oissel, choisi pour son érudition et sa maîtrise parfaite du français, a dit le prêche à la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray – l’imam remplaçant celui en congés ne parlant pas le français… Hmito, qui use à volonté de la formule « liberté, égalité, fraternité », est plus conforme à l’esprit républicain. Depuis l’assassinat, les représentants de la communauté musulmane ont multiplié les signes de soutien à leurs frères catholiques. L’association des musulmans de Saint-Étienne du Rouvray, qui a accroché l’inscription « Mosquée en deuil », a invité vendredi deux prêtres à venir s’exprimer avant la prière devant les fidèles. Les familles musulmanes, elles, se sont déplacées en nombre pour déposer des gerbes et des bougies devant la mairie, devant l’église et lors de la manifestation du parc Gagarine.
La mosquée Yahya a pu être construite grâce à l’aide des prêtres de la paroisse, et notamment du père Jacques Hamel. Le terrain qui avait été acheté ne disposait pas d’accès à la rue. La paroisse a cédé à vil prix une bande de terrain pour lever le handicap. « Heureusement que les catholiques étaient là, car la mairie n’a pas été très coopérative », raconte l’un des représentants du culte. Une porte, tout un symbole, relie les deux communautés. Elle n’est restée qu’entre-ouverte pendant la cérémonie de vendredi, sans que personne ose réellement la pousser. Les catholiques invités à la mosquée sont restés de leur côté du mur. Certains déploraient « les femmes voilées de noir » et ces hommes avec de « si longues barbes ». Les musulmans, sans doute en raison de la présence des médias, sont venus moins nombreux que d’habitude. La mort de Jacques Hamel a fait bouger les lignes, mais timidement.
Dans son bureau du centre-ville, Hubert Wulfranc ne cache pas sa distance vis-à-vis de la religion. Fier de l’élan de fraternité qui s’est manifesté dans sa ville, il sait sa fragilité. « Il y a avait plusieurs milliers de personnes dans les rues, mais je sais aussi qu’il faut s’adresser à tous ceux qui sont restés chez eux, quelles que soient leurs croyances. » L’élu, s’il a choisi le parti des ouvriers, sait que celui des religieux se développe très vite. Quand il tracte sur les marchés, il voit que des femmes se dérobent de plus en plus souvent lorsqu’il veut les embrasser. « J’ai mes vieilles pierres », explique ce passionné de préhistoire, « sans doute ma façon à moi de répondre aux questions que tout homme se pose. »
La vidéo a fait le tour des médias et des records de « partage » sur le Net. « Je n’ai pas réfléchi, raconte-t-il dans son bureau, au premier étage de sa mairie pavoisée de noir. Après toute cette horreur, j’ai pensé que cela ne devait pas se reproduire et j’ai dit ce qui m’est venu spontanément. Il faut que l’on soit les derniers à pleurer. »
D’enfant stéphanais à soldat de Daech
Communiste comme son grand-père Jules, qui a accroché en 1936 le drapeau rouge sur la cheminée des Papeteries de la Chapelle, «Il faut que l’on soit les derniers à pleurer» Hubert Wulfranc a hérité en 2002 d’une ville aux mains du parti depuis plus de quarante ans. L’idée qu’un jeune de 19 ans, enfant stéphanais comme lui, se soit transformé en soldat de Daech lui est insupportable. Et pourtant… Avant de pénétrer mardi vers 9h30 dans l’église du centre-ville, Adel Kermiche a laissé un enregistrement de son serment d’allégeance à l’organisation État islamique (EI). C’est lui qui, avec son complice Abdel Malik Petitjean, a tranché la gorge d’un prêtre de 85 ans célébrant la messe devant trois religieuses et un couple de vieux paroissiens. Sans la vivacité de sœur Danielle qui s’est échappée pour prévenir, le carnage aurait été plus grand encore. Les deux tueurs ont été abattus sur le parvis de l’église par les policiers de la BRI.
Lire aussi : Adel Kermiche, 19 ans : ce que l’on sait du premier tueur de Saint-Etienne-du-Rouvray
Deux jours après le drame, l’hommage aux victimes organisé dans le parc Youri-Gagarine a rassemblé quelque 3.000 personnes, habitants de toutes confessions venus en famille. Hubert Wulfranc insiste alors sur la prochaine rentrée scolaire. Réflexe d’enseignant en lycée professionnel? « C’est un moment collectif, et puis c’est nos gamins, tout ça. Chacun doit se demander ce qu’il fait du sien. » Adel Kermiche aurait pu être dans la classe d’Hubert Wulfranc. Un élève médiocre au regard du parcours de ses frères et sœurs, l’aînée chirurgienne, une autre cadre sociale, un frère ingénieur en informatique, le dernier titulaire d’un bac pro…
Une famille avec un joli parcours
Saint-Étienne n’est pas une petite bourgade et son église, trompeuse, n’est que le vestige d’une France agricole disparue. Avec ses 28.000 habitants, c’est une banlieue populaire gangrenée par le chômage des jeunes (45%) et le trafic de drogue. Les grands ensembles y ont poussé dans les années 1970 comme des champignons sur les anciens bidonvilles. Les Normands venus de la campagne et les immigrés ont découvert ensemble les salles de bains et le confort moderne. « De cette histoire est née une véritable solidarité », raconte Michèle Ernis, conseillère municipale Ensemble! Saint-Étienne, désormais, c’est un centre-ville vieillissant et un plateau qui abrite deux quartiers difficiles dont le Château-Blanc, où a grandi Adel. Après deux plans de rénovation urbaine, les grandes barres ont été détruites et la ville a repris forme humaine.
Les Kermiche vivent aujourd’hui dans un petit pavillon mitoyen d’une rue tranquille. Une famille avec un joli parcours. Le grand-père maternel, maçon arrivé dans les années 1960, a fait venir sa femme et a élevé ses enfants en Normandie. Nacera, la mère d’Adel, a élevé ses cinq enfants tout en s’engageant dans la vie associative, notamment la Confédération syndicale des familles, proche de la mairie et très active dans les quartiers. Puis elle a repris des études pour devenir institutrice. Elle enseigne aujourd’hui dans un lycée professionnel. Sans les difficultés d’Adel, la vie aurait été paisible…
Selon d’anciens camarades d’école, le garçon a toujours eu des difficultés psychologiques et aurait bénéficié d’un suivi dès l’enfance. Sans être un délinquant, il traînait avec des petits voyous de la cité. « Un gamin pas méchant mais compliqué » «Un gamin pas méchant mais compliqué», raconte un voisin. Puis est venue la « radicalisation ». Depuis deux ans, la famille vit un enfer. Deux fois, il a fallu aller chercher Adel lorsqu’il a tenté de se rendre en Syrie, en mars et mai 2015. Il est alors mis en examen et placé en détention provisoire. Selon les informations publiées par Le Monde, il partage sa cellule de Fleury-Mérogis avec un Saoudien et fréquente un jeune Français revenu du djihad. Sa famille accepte de le reprendre à la maison pendant son aménagement de peine et son placement sous bracelet électronique. « Elle a demandé de l’aide aux pouvoirs publics mais n’en a pas trouvé. Elle s’est sentie seule », confie une relation.
Lire aussi : « Tu prends un couteau, tu vas dans une église » : quand Adel Kermiche dispensait ses conseils
Soutien aux catholiques
Et puis il y a eu l’affaire « Adel Bouaoun », un copain de quartier parti en Syrie avec les papiers d’Adel. Farid, le père de Bouaoun, a porté plainte contre Adel, lui reprochant d’avoir « retourné le cerveau » de son fils. Les Kermiche avaient plutôt le sentiment du contraire. « Nous avons dû intervenir », explique Mohammed Karabila, le président de l’association de la mosquée Yahya. « Les Kermiche ne fréquentaient pas la mosquée, mais nous avions monté une structure pour suivre les jeunes en risque de radicalisation, alors nous avons suivi le dossier. » Faute de moyens et de subventions, l’association a renoncé à cette initiative. Mardi, alors que le quartier était bouclé par la police, le jeune frère Bouaoun a été interpellé et placé en garde à vue pour avoir violé le périmètre de sécurité autour de la maison des Kermiche…
Vendredi, Abdellatif Hmito, l’imam d’Oissel, choisi pour son érudition et sa maîtrise parfaite du français, a dit le prêche à la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray – l’imam remplaçant celui en congés ne parlant pas le français… Hmito, qui use à volonté de la formule « liberté, égalité, fraternité », est plus conforme à l’esprit républicain. Depuis l’assassinat, les représentants de la communauté musulmane ont multiplié les signes de soutien à leurs frères catholiques. L’association des musulmans de Saint-Étienne du Rouvray, qui a accroché l’inscription « Mosquée en deuil », a invité vendredi deux prêtres à venir s’exprimer avant la prière devant les fidèles. Les familles musulmanes, elles, se sont déplacées en nombre pour déposer des gerbes et des bougies devant la mairie, devant l’église et lors de la manifestation du parc Gagarine.
Les lignes bougent
La mosquée Yahya a pu être construite grâce à l’aide des prêtres de la paroisse, et notamment du père Jacques Hamel. Le terrain qui avait été acheté ne disposait pas d’accès à la rue. La paroisse a cédé à vil prix une bande de terrain pour lever le handicap. « Heureusement que les catholiques étaient là, car la mairie n’a pas été très coopérative », raconte l’un des représentants du culte. Une porte, tout un symbole, relie les deux communautés. Elle n’est restée qu’entre-ouverte pendant la cérémonie de vendredi, sans que personne ose réellement la pousser. Les catholiques invités à la mosquée sont restés de leur côté du mur. Certains déploraient « les femmes voilées de noir » et ces hommes avec de « si longues barbes ». Les musulmans, sans doute en raison de la présence des médias, sont venus moins nombreux que d’habitude. La mort de Jacques Hamel a fait bouger les lignes, mais timidement.
Dans son bureau du centre-ville, Hubert Wulfranc ne cache pas sa distance vis-à-vis de la religion. Fier de l’élan de fraternité qui s’est manifesté dans sa ville, il sait sa fragilité. « Il y a avait plusieurs milliers de personnes dans les rues, mais je sais aussi qu’il faut s’adresser à tous ceux qui sont restés chez eux, quelles que soient leurs croyances. » L’élu, s’il a choisi le parti des ouvriers, sait que celui des religieux se développe très vite. Quand il tracte sur les marchés, il voit que des femmes se dérobent de plus en plus souvent lorsqu’il veut les embrasser. « J’ai mes vieilles pierres », explique ce passionné de préhistoire, « sans doute ma façon à moi de répondre aux questions que tout homme se pose. »
http://rmc.bfmtv.com/emission/enquete-rmc-saint-etienne-du-rouvray-qui-sont-les-hommes-qui-ont-influence-adel-kermiche-1022270.html
Saint-Etienne-du-Rouvray: qui sont les hommes qui ont influencé Adel Kermiche
03/08/2016 à 07h08
ENQUÊTE RMC – Une semaine après l’attaque de l’église de Saint-Étienne du Rouvray, RMC a eu accès à la chaîne Telegram du jeune terroriste. Sur cette chaîne, Adel Kermiche a laissé des dizaines de messages audio depuis début juin dans lesquels il évoque notamment son passage en prison, où il a suivi les enseignements d’un prédicateur mauritanien et de son co-détenu.
Formellement identifié comme l’un des terroristes de l’attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), Adel Kermiche,
19 ans, avait tenté par deux fois en 2015 de gagner la Syrie et avait
été l’objet d’une fiche S. C’est pour ces faits que le jeune homme a
passé près d’un an en détention provisoire à Fleury-Mérogis, de mai 2015 à mars 2016. Plus précisément, Adel Kermiche est sorti de prison le 22 mars. Selon Le Monde,
la juge à l’époque estime que le jeune détenu a pris conscience de ses
erreurs et qu’il est déterminé à entamer des démarches d’insertion.
Et pourtant, selon nos informations, c’est bien en prison que l’idéologie jihadiste d’Adel Kermiche s’est durcie encore un peu plus. Tout d’abord parce qu’il est placé en détention à Fleury-Mérogis, l’un des plus grand centre pénitentiaire d’Europe où sont incarcérés de nombreux Français de retour de Syrie mais aussi des détenus très radicalisés. Lorsque Adel Kermiche y est incarcéré, il a tout juste 18 ans. Il s’agit de son premier passage en prison.
A son arrivée, le jeune homme a toujours les mêmes convictions radicales. Pour preuve, selon nos informations, en janvier 2016, il reçoit un nouveau réfrigérateur pour sa cellule. Une livraison qui le rend furieux car il estime que ce réfrigérateur, déjà utilisé par un autre détenu, est impropre parce qu’il a notamment contenu du porc. Furieux Adel Kermiche aurait alors menacé le surveillant pénitentiaire en lui lançant: « Vous n’êtes pas musulman, vous acceptez les lois des mécréants, vous allez voir ».
En prison, Adel Kermiche va aussi étudier les enseignements d’un prédicateur mauritanien bien connu des milieux radicaux. Le jeune homme en parle très souvent dans des messages audio laissés sur sa chaîne Telegram (une messagerie cryptée très prisée des jihadistes, ndlr), chaîne Telegram à laquelle nous avons eu accès. Dans ces messages, on comprend que le jeune homme voit ce prédicateur mauritanien comme un savant. Il assure aussi avoir pu lui parler par téléphone à sa sortie de prison. Plus précisément, Adel Kermiche affirme qu’il l’a appelé plusieurs fois pour avoir des réponses à des questions. Le prédicateur, qui parle français, lui aurait répondu à chaque fois et l’aurait donc inspiré.
Sur les messages audio laissés sur Telegram, Adel Kermiche parle aussi de son co-détenu à Fleury-Mérogis. Selon nos informations, il semblerait que ce soit cet homme de 32 ans qui l’aurait entraîné encore un peu plus vers l’idéologie jihadiste. Originaire d’Amiens, suivi de près depuis 2005, il est très connu des services de renseignements, Après plusieurs séjours en prison, cet homme est un radical. Ainsi, selon nos informations, en détention, il refuse de parler aux femmes, menace souvent les surveillants pénitentiaires. Mais selon une note, « il inquiète bien moins que d’autres ».
Cet homme va partager la cellule d’Adel Kermiche à partir de novembre 2015. Dans les messages audio qu’Adel Kermiche laisse sur Telegram, il le désigne comme son « cheikh », son « guide », un homme avec qui, dit-il, « il a la chance de pouvoir étudier chaque jour ». De plus, toujours selon nos informations, cet homme a organisé des réunions au cœur de la prison et donné des cours à d’autres détenus, des cours suivis par des Français revenus de Syrie notamment. Le co-détenu d’Adel Kermiche est sorti de prison le 18 mars dernier, après quatre mois de détention provisoire.
Et pourtant, selon nos informations, c’est bien en prison que l’idéologie jihadiste d’Adel Kermiche s’est durcie encore un peu plus. Tout d’abord parce qu’il est placé en détention à Fleury-Mérogis, l’un des plus grand centre pénitentiaire d’Europe où sont incarcérés de nombreux Français de retour de Syrie mais aussi des détenus très radicalisés. Lorsque Adel Kermiche y est incarcéré, il a tout juste 18 ans. Il s’agit de son premier passage en prison.
Inspiré par un prédicateur mauritanien
A son arrivée, le jeune homme a toujours les mêmes convictions radicales. Pour preuve, selon nos informations, en janvier 2016, il reçoit un nouveau réfrigérateur pour sa cellule. Une livraison qui le rend furieux car il estime que ce réfrigérateur, déjà utilisé par un autre détenu, est impropre parce qu’il a notamment contenu du porc. Furieux Adel Kermiche aurait alors menacé le surveillant pénitentiaire en lui lançant: « Vous n’êtes pas musulman, vous acceptez les lois des mécréants, vous allez voir ».
En prison, Adel Kermiche va aussi étudier les enseignements d’un prédicateur mauritanien bien connu des milieux radicaux. Le jeune homme en parle très souvent dans des messages audio laissés sur sa chaîne Telegram (une messagerie cryptée très prisée des jihadistes, ndlr), chaîne Telegram à laquelle nous avons eu accès. Dans ces messages, on comprend que le jeune homme voit ce prédicateur mauritanien comme un savant. Il assure aussi avoir pu lui parler par téléphone à sa sortie de prison. Plus précisément, Adel Kermiche affirme qu’il l’a appelé plusieurs fois pour avoir des réponses à des questions. Le prédicateur, qui parle français, lui aurait répondu à chaque fois et l’aurait donc inspiré.
Le rôle clé de son co-détenu, son « cheikh »
Sur les messages audio laissés sur Telegram, Adel Kermiche parle aussi de son co-détenu à Fleury-Mérogis. Selon nos informations, il semblerait que ce soit cet homme de 32 ans qui l’aurait entraîné encore un peu plus vers l’idéologie jihadiste. Originaire d’Amiens, suivi de près depuis 2005, il est très connu des services de renseignements, Après plusieurs séjours en prison, cet homme est un radical. Ainsi, selon nos informations, en détention, il refuse de parler aux femmes, menace souvent les surveillants pénitentiaires. Mais selon une note, « il inquiète bien moins que d’autres ».
Cet homme va partager la cellule d’Adel Kermiche à partir de novembre 2015. Dans les messages audio qu’Adel Kermiche laisse sur Telegram, il le désigne comme son « cheikh », son « guide », un homme avec qui, dit-il, « il a la chance de pouvoir étudier chaque jour ». De plus, toujours selon nos informations, cet homme a organisé des réunions au cœur de la prison et donné des cours à d’autres détenus, des cours suivis par des Français revenus de Syrie notamment. Le co-détenu d’Adel Kermiche est sorti de prison le 18 mars dernier, après quatre mois de détention provisoire.
Par M.R avec Céline Martelet
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20160728.OBS5469/drague-et-terreur-la-vie-sans-entraves-d-adel-kermiche-sur-les-reseaux-sociaux.html
Drague et terreur : la vie sans entraves d’Adel Kermiche sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, le jeune homme mélangeait les appels au djihad et la drague virtuelle. Pratiquement jusqu’au jour même de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray.
Libéré en mars 2016 et placé sous bracelet électronique après 10 mois de détention, Adel Kermiche avait semble-t-il réussi à convaincre la justice française qu’il avait « pris conscience de ses erreurs » et qu’il était déterminé à entamer des démarches d’insertion », selon « Le Monde« , qui a obtenu les pièces du débat judiciaire.
Pourtant, le jeune homme, moins d’un an après avoir échoué pour la deuxième fois à rejoindre les rangs de l’Etat islamique en Syrie, était loin d’avoir abandonné le djihadisme. Sur les réseaux sociaux, publics et cryptés, il continuait de diffuser la propagande du groupe terroriste… et se distinguait également par son empressement auprès de la gente féminine.
Sur Telegram, Adel Kermiche évoquait depuis plusieurs semaines son projet d’attentat et avait appelé, juste avant de passer à l’acte, la petite communauté de djihadistes qui le suivait à « partager en masse » les images de l’attaque sanglante de Saint-Etienne-du-Rouvray. Abattu par la BRI de Rouen, il n’a probablement pas réussi à les transmettre.
Al-Baghdadi en photo de profil
Son dernier compte Twitter, accessible à ses seuls abonnés, avait été ouvert en mai 2016, quelques semaines seulement après sa libération. Et Adel Kermiche ne semblait pas craindre la surveillance de son activité par les renseignements français.
Le djihadiste affichait la couleur : une photo d’Abou Bakr
al-Baghdadi lors de sa première apparition publique à Mossoul (Irak) en
juillet 2014 et un drapeau de l’Etat islamique pour illustrer son compte
Twitter. Très loin donc du profil de repenti présenté à la justice
française.
(Plus 48 heures après l’attentat, Twitter n’a toujours pas fermé le compte du terroriste – Capture d’écran « L’Obs »)
(Capture d’écran – L’Obs)
Les seules mentions de son compte sur le réseau social sont pourtant peu glorieuses pour celui qui avait choisi la kunia – nom de guerre - »Abu Jayyed al-Hanafi » : quelques recadrages théologiques et une mise en garde adressée par une internaute à ses « soeurs » contre celui qu’elle désigne comme un dragueur.
Selon nos informations, Adel Kermiche avait plutôt mauvaise réputation. Dans le petit milieu de l’islam radical, il était connu pour ses demandes en mariage à répétition depuis sa sortie de prison en mars 2016 et pour avoir répudié son épouse très peu de temps après leur union devant témoins.
Auprès de « L’Obs », une des connaissances d’Adel Kermiche évoque le comportement « impudique » de l’ex-épouse pour justifier ce divorce express. « Elle sortait dehors sans voile et parlait aux hommes », assure-t-il. En réalité, celui qui rêvait de partir en Syrie était surtout soupçonné de briser les unions une fois consommées.
Adel Kermiche s’y affichait souriant, en tenue de sport, promettant le mariage à cette quasi inconnue et lui assurant qu’elle était la « femme de sa vie ». La photo ressemble à celles qu’on trouve sur les sites de rencontre mais il s’agit bien du visage de celui qui a participé à l’exécution du prêtre Jacques Hamel, moins d’une semaine plus tard.
Un autre compte Twitter ouvert sous pseudo en juillet 2014, le montre, entre autres, posant dans une voiture de luxe. Ces photos remontent à huit mois seulement avant sa première tentative de départ en Syrie et n’indiquent aucun signe de radicalisation.
Sur Facebook, il utilisait également différents pseudos comme « Abu AbdAllah » ou « Adel Ouzou » pour communiquer. Mais seul un ancien compte non alimenté depuis 2011 subsistait sous le nom d’Adel Kermiche et affichait plusieurs photos du terroriste, encore jeune adolescent. Le compte a été fermé dans la soirée de mercredi.
Mais c’est sur la messagerie cryptée Telegram qu’Adel Kermiche avait annoncé son intention de commettre un attentat. Depuis plusieurs semaines, le djihadiste détaillait son projet meurtrier dans un groupe de discussion, suivi par environ 200 personnes, via des enregistrements audio « aux allures de journal intime de propagande », note « L’Express » qui a eu accès à son contenu.
Doit-on regretter que Telegram échappe aux renseignements ?
Le jeune homme se lançait dans de longs monologues de propagande et vantait notamment les « idées » d’un « guide spirituel » rencontré lors de son incarcération à Fleury-Mérogis entre mai 2015 et mars 2016.
Le 25 juillet, la veille de l’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, Adel Kermiche promettait des »des gros trucs » et demandait à « tous ses frères et soeurs » de partager le contenu du groupe de discussion privé qu’il avait créé : »Je vous préviendrai à l’avance, trois quatre minutes avant et quand le truc arrivera, il faudra le partager direct. »
Son dernier message est daté du 26 juillet à 8h30 : »Partager ce qui va suivre », écrit Adel Kermiche sur Telegram. Moins d’une heure plus tard, lui et son complice Abdel-Malik Petitjean pénètrent dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray et assassinent Jacques Hamel avant d’être abattus.
Lucas Burel
(Plus 48 heures après l’attentat, Twitter n’a toujours pas fermé le compte du terroriste – Capture d’écran « L’Obs »)
« Si tous les kouffars (mécréants, NDLR) étaient à ma portée, je les égorgerais tous, fussent-ils un milliard », écrit le terroriste sur sa page, qui mélange discussions personnelles, appels au djihad et images de propagande de l’Etat islamique.
(Capture d’écran – L’Obs)
Mauvaise réputation
Les seules mentions de son compte sur le réseau social sont pourtant peu glorieuses pour celui qui avait choisi la kunia – nom de guerre - »Abu Jayyed al-Hanafi » : quelques recadrages théologiques et une mise en garde adressée par une internaute à ses « soeurs » contre celui qu’elle désigne comme un dragueur.
« Les soeurs faites bien attention à vous », avertit la jeune femme.
Selon nos informations, Adel Kermiche avait plutôt mauvaise réputation. Dans le petit milieu de l’islam radical, il était connu pour ses demandes en mariage à répétition depuis sa sortie de prison en mars 2016 et pour avoir répudié son épouse très peu de temps après leur union devant témoins.
Auprès de « L’Obs », une des connaissances d’Adel Kermiche évoque le comportement « impudique » de l’ex-épouse pour justifier ce divorce express. « Elle sortait dehors sans voile et parlait aux hommes », assure-t-il. En réalité, celui qui rêvait de partir en Syrie était surtout soupçonné de briser les unions une fois consommées.
« Un mec complètement taré », selon une jeune femme qui affirme à « l’Obs » avoir été harcelée » par tous les moyens possibles » pendant près de 5 ans.
Et quelques jours à peine avant l’attentat contre l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, Adel Kermiche semblait toujours autant occupé par ses activités de drague virtuelle. Il avait encore envoyé une photo de lui – que « l’Obs » a pu consulter - à une femme rencontrée dans le bus.Adel Kermiche s’y affichait souriant, en tenue de sport, promettant le mariage à cette quasi inconnue et lui assurant qu’elle était la « femme de sa vie ». La photo ressemble à celles qu’on trouve sur les sites de rencontre mais il s’agit bien du visage de celui qui a participé à l’exécution du prêtre Jacques Hamel, moins d’une semaine plus tard.
Un autre compte Twitter ouvert sous pseudo en juillet 2014, le montre, entre autres, posant dans une voiture de luxe. Ces photos remontent à huit mois seulement avant sa première tentative de départ en Syrie et n’indiquent aucun signe de radicalisation.
Sur Facebook, il utilisait également différents pseudos comme « Abu AbdAllah » ou « Adel Ouzou » pour communiquer. Mais seul un ancien compte non alimenté depuis 2011 subsistait sous le nom d’Adel Kermiche et affichait plusieurs photos du terroriste, encore jeune adolescent. Le compte a été fermé dans la soirée de mercredi.
« Partagez en masse »
Mais c’est sur la messagerie cryptée Telegram qu’Adel Kermiche avait annoncé son intention de commettre un attentat. Depuis plusieurs semaines, le djihadiste détaillait son projet meurtrier dans un groupe de discussion, suivi par environ 200 personnes, via des enregistrements audio « aux allures de journal intime de propagande », note « L’Express » qui a eu accès à son contenu.
Doit-on regretter que Telegram échappe aux renseignements ?
Le jeune homme se lançait dans de longs monologues de propagande et vantait notamment les « idées » d’un « guide spirituel » rencontré lors de son incarcération à Fleury-Mérogis entre mai 2015 et mars 2016.
Le 25 juillet, la veille de l’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, Adel Kermiche promettait des »des gros trucs » et demandait à « tous ses frères et soeurs » de partager le contenu du groupe de discussion privé qu’il avait créé : »Je vous préviendrai à l’avance, trois quatre minutes avant et quand le truc arrivera, il faudra le partager direct. »
Son dernier message est daté du 26 juillet à 8h30 : »Partager ce qui va suivre », écrit Adel Kermiche sur Telegram. Moins d’une heure plus tard, lui et son complice Abdel-Malik Petitjean pénètrent dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray et assassinent Jacques Hamel avant d’être abattus.
Lucas Burel
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-terroriste-adel-kermiche-est-mort-mais-son-telegram-s-est-remis-a-parler_1818355.html
Le terroriste Adel Kermiche est mort, mais son Telegram s’est remis à parler
Par Victor Garcia, Claire Hache et Jérémie Pham-Lê, publié le 03/08/2016 à 16:44 , mis à jour à 16:54
La chaîne privée Telegram de l’auteur de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray a subitement émis de nouveaux messages mardi soir, à 21h51. Les enquêteurs cherchent en parallèle à identifier une personne « qui aurait eu une influence » sur le projet d’attentat.
[EXCLUSIF] Adel Kermiche, co-auteur de l’attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray, a été abattu par les policiers mardi 26 juillet sur le parvis de l’église. Depuis, sa chaîne privée sur l’application chiffrée Telegram, où il avait diffusé de nombreux enregistrements audio et fait part de ses projets morbides, était restée silencieuse.
LIRE AUSSI >> « Tu vas dans une église, tu fais un carnage »: l’enregistrement glaçant de Kermiche
Mais mardi soir, une semaine après l’attentat, elle s’est remise à émettre. A 21h51, une personne non-identifiée prend brièvement possession du canal privé et parvient à publier plusieurs documents, que L’Express a pu consulter. Les messages ne restent en ligne que dix minutes avant d’être supprimés.
Un nouveau message audio glaçant
D’abord trois photos: un cliché de Khaled Kelkal, terroriste islamiste algérien et membre du GIA impliqué dans les attentats de 1995. Une capture d’écran de la vidéo de revendication d’Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, l’autre assassin de l’église. Enfin, un portrait de Larossi Aballa, le terroriste qui a tué deux policiers à Magnanville en juin dernier, issu de la vidéo morbide tournée au domicile de ses victimes. Les clichés sont suivis de la mention « Qu’Allah bénisse les lions solitaires ».
Plus troublant encore, un message audio de moins de deux minutes achève la séquence. Un homme, dont la voix ne correspond pas à celle d’Adel Kermiche, s’exprime dans un français sans accent. Il félicite chaleureusement ses « frères » pour les « opérations » menées en France.
S’il est difficile d’accorder un quelconque crédit au message proféré, son auteur laisse entendre qu’il se trouve en zone de guerre. « On s’est habitué au sang, on s’est habitué à la guerre, on s’est habitué à beaucoup de choses », détaille-t-il notamment. L’homme ajoute qu’ »ici, des soeurs, des enfants et des hommes » se réjouissent des attentats. En fond sonore, un brouhaha de voix de plusieurs autres personnes est perceptible.
Sur la piste d’un complice virtuel
Ces documents posent de nombreuses questions. Car sur une chaîne privée Telegram, les abonnés sont cantonnés au rôle d’observateurs et ne peuvent en aucun cas émettre des messages. Seul l’administrateur peut publier – dans ce cas, Adel Kermiche. A moins que ce dernier ait nommé, avant sa mort, un ou plusieurs « co-administrateurs ». Autre possibilité: le tueur pourrait avoir donné les clefs de l’ensemble de son compte Telegram. Reste à savoir qui a supprimé les messages dix minutes plus tard et pour quelles raisons.
La réactivation de cette chaîne Telegram confirme en tout cas que Kermiche n’était pas seulement en contact avec Abdel Malik Petitjean, mais avec une, voire plusieurs personnes. Contactée par L’Express, une source proche du dossier confirme que les enquêteurs ont mis en évidence, si ce n’est un commanditaire, au moins un interlocuteur susceptible d’avoir exercé « une influence réelle dans le passage à l’acte« .
« Cet individu aurait agi de façon 100% virtuelle. Il a été repéré sur une discussion Telegram extraite de l’ordinateur de Petitjean », explique notre source. A ce stade, impossible de savoir s’il s’agit de l’homme qui s’exprime dans le dernier message audio.
Deux guides spirituels au coeur des enregistrements
Avant sa mort, Adel Kermiche ne cachait pas avoir été influencé par des guides spirituels. Dans les messages audio de son canal, il mentionne deux cheikhs. Le premier serait un « savant » mauritanien connu des milieux djihadistes avec qui il aurait longuement discuté, notamment par téléphone. « Allah l’a mis sur ma route à un moment où j’étais assez éprouvé. Quand j’ai des questions, je l’appelle », déclame le terroriste.
L’autre, raconte Kermiche, était son « co-détenu » et « professeur particulier » rencontré en prison, comme précédemment indiqué par L’Express. Selon RMC, il pourrait s’agir d’un Saoudien de 32 ans, libéré le 18 mars. Quelques jours après l’attaque de l’église, Adel Kermiche confiait dans l’un de ses enregistrements avoir « rendu visite à son cheikh », sans qu’on comprenne lequel.
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