Et papa, il prend sa retraite ? Il serait quand même grand temps qu'il cesse de sévir.
Diane Chatelet : "On peut faire de Lyon une place importante dans le marché de l'art"
Rencontre avec une Lyonnaise, passionnée d'art et de mobiliers anciens, qui n'a pas fini de nous surprendre.
Experte en mobilier et marchande d'art généraliste, Diane Chatelet est depuis plusieurs années dans la lumière par sa participation, en qualité d'acheteuse, dans l'émission Affaire Conclue. Pourtant, c'est bien souvent dans l'ombre des greniers et autres déballages que cette passionnée, à la curiosité insatiable et avide de culture, déniche ses plus beaux trésors.
Comment est né votre goût pour les objets anciens et les œuvres d'art ?
C'est une question intéressante à laquelle, je ne saurai répondre (rires)
! Il y a le débat de l'inné et de l'acquis. Mes parents ont toujours
été sensibles aux antiquités, au beau de façon générale. C'est vrai que
je suis arrivée dans une famille où il y avait cette influence, mais
j'ai des frères et sœurs qui ne sont absolument pas dans le même milieu
que le mien. Peut-être que j'avais de naissance cette appétence. Je
crois que c'est très lié aux émotions que cela véhicule. Déjà à l'âge de
10 ans, je demandais à ma mère de m'inscrire au musée des Beaux-Arts de
Lyon dans les cours du mercredi après-midi dédiés aux enfants. Et dès
le collège, après avoir voulue être égyptologue, je disais toujours à
mes amis que j'allais devenir commissaire-priseur.
Vous avez d'ailleurs étudié le droit, la fiscalité du marché
de l'art à Lyon 3 et l'histoire de l'art à l'Ecole du Louvre. Mais vous
avez dévié de cet objectif en ouvrant finalement votre boutique
Impossible Gallery. Pourquoi ce changement de cap ?
De façon très naturelle, je me suis orientée dans ce type de formation
académique. Je n'avais que cet univers en tête ; tous les week-ends
j'allais aux puces, dès 7 heures du matin "au cul du camion" pour
dénicher la bonne affaire, un trésor.... Et puis j'ai travaillé pour une
fondation suisse (avec laquelle Diane continue de collaborer en qualité de courtier, ndlr)
pour des acquisitions d'œuvres d'art et cela m'a complètement
transportée ! J'ai découvert alors un autre type de métier. J'ai
travaillé aussi dans des galeries spécialisées en art moderne et
contemporain, pour une exposition de design à Shangai et pour Régis
Mathieu, un restaurateur de lustres qui fait beaucoup de chantiers à
vocation patrimoniale. C'était là également de nouvelles facettes. Mais
ça commençait à faire beaucoup, j'attendais ma première fille et j'ai eu
envie d'être plus autonome. J'avais de plus en plus de commandes de
particuliers et je me suis lancée !
La particularité d'Impossible Gallery est de ne pas être
cantonnée dans une période ou un type d'objets, contrairement aux
boutiques traditionnelles beaucoup plus spécialisées.
Ce qui m'intéressait, c'est d'avoir un lieu dans lequel je puisse faire un melting-pot
d'objets, de meubles, de peintures qui a priori n'auraient peut-être
pas été voué à se marier. Les boutiques sont en général spécialisées, on
reste dans sa zone de confort, on a du mal à franchir les frontières
des époques et des styles. Même pour un particulier, c'est difficile
d'oser mixer une console Louis XV avec une applique du 20è siècle très
moderne. Et moi, c'est le genre de mélanges qui m'attire énormément et
je suis toujours à la quête de la perle rare, du vase Renaissance au
tableau de Rubens, laissé dans un coin recouvert de poussière (rires). C'est
un milieu où l'on est aussi passionné par les gens. J'adore les
rencontres, discuter avec les personnes de la façon dont elles ont eu un
objet, l'histoire derrière...
Le grand public vous connaît depuis fin 2018 par la célèbre émission de France 2, Affaire conclue. Je crois que vous aviez envoyé une lettre de motivation pour rejoindre les acheteurs.
Je regardais cette émission que je trouvais hyper intéressante et qui
entrait dans mon cœur de cible. Un jour, je l'ai montrée à mon mari qui
m'a tout de suite dit de postuler. Alors que je ne connaissais personne
dans l'univers audiovisuel, j'ai envoyé mon CV et une lettre de
motivation pour décrire ce que je pouvais apporter au programme, sans
savoir qu'à l'époque il y avait une campagne de recrutement pour étoffer
l'équipe. Dès le lendemain, on m'a appelée et dix jours plus tard, je
faisais ma première émission. J'ai été d'ailleurs très bien accueillie
par les autres acheteurs.
Diane Chatelet © Lyon Femmes
Votre participation à Affaire conclue a-t-elle transformé votre carrière ?
Cette émission offre à tous les marchands qui y figurent, une visibilité
que nous n'aurions pas et qu'il ait impossible d'avoir autrement.
Quotidiennement, Affaire Conclue touche, peu ou proue, deux
millions de téléspectateurs. C'est colossal ! Aucun marchand ne peut
espérer toucher autant de personnes. C'est une visibilité incomparable.
Et lorsque on est dans le salon de quelqu'un de manière récurrente,
c'est plus simple pour lui de nous appeler et de nous proposer un objet.
On a déjà cette confiance qui est acquise.
Vous avez d'ailleurs depuis ouvert votre boutique dans le
célèbre marché d'antiquaires Paul Bert Serpette de Saint-Ouen, un lieu
unique au monde qui draine une clientèle internationale très importante.
Oui, mais je viens de fermer cette boutique (rires) car j'ai
d'autres projets ! Je ne peux pas parler de tout, mais j'ai une très
forte volonté de revenir à Lyon ! J'y ai toujours ma famille, ma
belle-famille, beaucoup d'amis et je vais peut-être ouvrir une boutique,
voire plus grand.... On a quand même un cadre de vie extraordinaire à
Lyon et il y fait bon vivre. Mais ce qui me chagrine, c'est la
disparition de certains marchands et antiquaires. Notamment rue
Auguste-Comte (dans le 2è arrondissement, ndlr), on a plus la
Cité des antiquaires... Je suis pourtant sûre que Lyon et les Lyonnais
sont intéressés par les antiquités et les œuvres d'art. Il n'y a qu'à
voir les Puces du Canal (situées à Villeurbanne, ndlr) qui sont
de plus en plus fréquentées. Je pense juste qu'il faut redynamiser le
secteur, influer un peu de vent nouveau et je suis certaine qu'on peut
faire de Lyon, vue sa position géographique et son patrimoine, une place
importante dans le marché de l'art.
Propos recueillis par D.S.
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