Chloé* ne souhaite toujours porter plainte contre Damien Abad, mais entend bien apporter, par son témoignage, son soutien à la plaignante ayant déposé plainte fin juin pour « tentative de viol » à l’encontre de l’ancien ministre des solidarités. 

Selon « Mediapart », qui avait alors recueilli le témoignage de Chloé, la jeune femme de 41 ans vient d’être entendue ce lundi 16 janvier « pendant trois heures » par des policiers de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Cette audition intervient dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte en juin envers Damien Abad. Accusé de « viol » par Chloé et de « tentative de viol » par la plaignante, il a été écarté du nouveau gouvernement Borne, mais conteste les faits.

Une tentative de viol remontant à 2010 

En plus de son témoignage accordé à « Mediapart », Chloé avait adressé un courrier en mai 2022 à l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, dans lequel elle faisait part de « faits de viol concernant Damien Abad » qu’elle aurait subis en 2010.

À « Mediapart » Chloé racontait avoir rencontré le député européen et conseiller régional de Rhône-Alpes le 7 août 2010. Les deux sont alors invités à un mariage d’amis communs et passent la soirée à discuter politique. Ils décident de garder contact sur Facebook, surtout pour des raisons professionnelles – en tout cas du côté de Chloé. 

Très vite, Damien Abad se serait montré « lourd » et insistant, proposant régulièrement à Chloé de prendre un verre avec elle à Paris, tandis que cette dernière lui aurait signifié qu'elle ne « voulai[t] pas sortir avec lui ». À l’automne 2010, les deux se retrouvent finalement dans un restaurant parisien, puis continuent leur soirée dans un bar du IXe arrondissement de la capitale. Damien Abad aurait servi une coupe de champagne à Chloé, qui n’a ensuite plus de souvenirs de la soirée. Jusqu’au lendemain, où la jeune femme explique s’être réveillée « en sous-vêtements », « dans une chambre d’hôtel proche du bar », « en état de choc et de dégoût profond » et avec la sensation d’avoir été droguée par le politicien.

Par la suite, ses proches expliquent l’avoir trouvée changée. Après avoir quitté la chambre d’hôtel en hâte, sans confronter Damien Abad, elle finira par passer une seconde soirée avec lui le 26 février 2011 pour, dit-elle, se « convaincre, fort naïvement, que l’épisode de l’hôtel n’avait pas existé ». Elle affirme avoir définitivement cessé de le fréquenter par la suite, et avoir cherché à enfouir en elle cette histoire, même si le sentiment d’avoir été violée persiste.

Mais c’est « en voyant qu’il [Damien Abad, ndlr] pouvait devenir ministre » que Chloé se serait finalement décidée à rendre cette affaire publique, comme en témoignait son ami Étienne à « Mediapart ». En avril 2020, dans le sillage du mouvement #MeToo, la jeune femme relate les faits qu’elle aurait subi dans un tweet. Plus récemment, le 27 avril dernier, elle a décidé de confronter Damien Abad dans un long message où elle l’accusait d’avoir violé et « détruit » des femmes ; ce à quoi l’actuel ministre a répondu par deux points d’interrogation.

« Je le fais pour apporter ma contribution à l’enquête » 

Si Chloé se refuse toujours pour le moment à porter plainte, elle souhaite que son témoignage puisse aider la plaignante. « « Je sais que seulement 1 % des viols sont condamnés en France et qu’il y a un fort risque qu’il n’ait jamais à répondre de ce qu’il nous a fait. Mais je le fais pour apporter ma contribution à l’enquête », relate-t-elle à Mediapart.

 « Je ne connais pas [la plaignante], mais je ne peux pas décemment la “laisser tomber” alors qu’elle a eu le courage de se lancer dans une procédure judiciaire. Mon récit, mes témoins, les preuves que je peux apporter peuvent conforter les siens », ajoute-t-elle dans ce nouvel article de « Mediapart ». 

*Le prénom a été changé.