Né Ahmed Djouhri le 18 février 1959 à Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, Alexandre Djouhri fait partie des natifs du Verseau qui n’ont pas du tout aimé la pleine lune du 9 février dernier.
Voir ici :
http://petitcoucou.unblog.fr/2020/02/16/9-fevrier-2020-une-pleine-lune-sensationnelle-anti-menteurs/
Et ci-dessous le compte rendu de son premier interrogatoire dans l’affaire libyenne, mercredi.
Très fâché avec des juges qui cherchent à lui extorquer quelques confidences sur sa vie privée, il n’a trouvé que des méchancetés à leur jeter à la figure et son avocat lui en a fait retirer pour les calmer.
Il n’a qu’à leur parler de moi, ils seront contents.
https://www.lepoint.fr/justice/exclusif-affaire-libyenne-ce-qu-alexandre-djouhri-a-dit-aux-juges-22-02-2020-2363929_2386.php
EXCLUSIF. Affaire libyenne : ce qu’Alexandre Djouhri a dit aux juges
VIDÉO. Lors de son premier interrogatoire, le 19 février, l’homme d’affaires, que la justice cherchait à entendre depuis des années, a dénoncé un « kidnapping judiciaire ».
Par Marc Leplongeon
Modifié le 22/02/2020 à 15:10 – Publié le 22/02/2020 à 10:04 | Le Point.fr
Pour son premier interrogatoire face aux juges, Alexandre Djouhri aura fait en sorte que ses réponses – « C’est faux », « Je l’ai appris par la presse », « Des mensonges » – ne permettent en rien d’assembler les pièces du « puzzle » que constitue sa vie. Détenu à Fresnes depuis fin janvier et son extradition en provenance de Londres, l’homme d’affaires, considéré par les enquêteurs comme la clé de l’énigme libyenne, passé par les réseaux de Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, a enfin été entendu par la justice.
L’homme avait mis en place depuis des années une stratégie d’évitement, consistant, comme il l’avait confié à l’ancien député Alain Marsaud en 2015, à fuir la France ou à ne venir discrètement qu’en fin de semaine : « Parce que s’ils [les policiers, NDLR] me font une gardave [garde à vue, NDLR], ils la feront pas le week-end. »
Ce premier interrogatoire, qui s’est tenu dans la plus grande discrétion le 19 février dernier devant Aude Buresi et Marc Sommerer, a surtout été l’occasion pour les juges et Alexandre Djouhri de mesurer le rapport de force. Ce dernier réfutant la moindre assertion des magistrats – même devant l’évidence –, refusant de donner des indications sur son patrimoine ou l’état de ses affaires, et se permettant quelques sorties dont il a le secret : « Je sais qu’un complot médiatico-politico-judiciaire s’est mis en œuvre et je ne veux pas y participer. J’ai à faire à la face obscure de la justice », a-t-il expliqué.
Badge « Airbus »
Sur le fond de l’affaire, point de révélations. Les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 n’ont pas été abordés à ce stade et feront l’objet d’une audition ultérieure. Les juges sont en revanche longuement revenus sur le rôle joué par Alexandre Djouhri dans l’obtention par Airbus de contrats juteux signés avec la Libye en juillet 2006. « Je n’ai pas joué le rôle d’intermédiaire ou de consultant pour Airbus. J’ai juste fait en sorte que Bechir Saleh [l'ancien président d'un fonds d'investissement libyen gérant plusieurs milliards de dollars, NDLR] choisisse Airbus contre Boeing », a assuré Alexandre Djouhri.
Lequel poursuit : « Cela consistait à lui dire qu’il serait en sécurité et que la Libye serait soutenue par la France pour retrouver sa place dans le concert des nations […] Après le règlement des indemnités pour les victimes du DC-10 d’UTA [un attentat ayant fait 170 morts, dont 54 Français en 1989, NDLR] pour aller de l’avant, il fallait acheter français. Il ne fallait pas laisser Boeing passer. » Le contrat se signera au Salon aéronautique de Farnborough en juillet 2006, en présence de Bechir Saleh. Une transaction pour laquelle Alexandre Djouhri jure aujourd’hui ne pas avoir touché de commission, ni en son nom ni en faveur du dignitaire libyen.
Et qu’importe si des photos le montrent sur place, un badge « Airbus » accroché au veston – « Je n’ai pas fait attention », dit-il – ou si des anciens cadres dirigeants du groupe d’aviation, comme Marwan Lahoud, ont fait état devant les enquêteurs de pressions amicales venues de l’Élysée en 2009 : « En sortant du bureau de Claude Guéant, il m’a très poliment indiqué qu’Alexandre Djouhri prétendait qu’on lui devait de l’argent. Claude Guéant me demandait de regarder », raconte l’ancien directeur général du groupe.
« Il est incorruptible, Bechir »
La question d’éventuelles commissions sur ces contrats libyens de 2006 intéresse particulièrement les enquêteurs, qui y voient une possible contrepartie. Selon eux, Alexandre Djouhri se cacherait en effet derrière le virement de 500 000 euros adressé à Claude Guéant en 2008, et que ce dernier a justifié par la vente de deux toiles flamandes à un obscur avocat malaisien – les toiles ne vaudraient en réalité, après expertise, pas plus de 40 000 euros. Interrogé, Alexandre Djouhri a déclaré avoir appris cette affaire par la presse et a nié que Claude Guéant ait pu intervenir en sa faveur auprès d’Airbus et d’EADS en 2006.
Il a rejeté, de la même façon, l’idée que Bechir Saleh ait pu, lui aussi, toucher une commission sur les contrats : « Il n’a pas besoin de commissions. Il est multimilliardaire. Il gère des centaines de milliards. C’est comme si, vous, vous vouliez corrompre Bill Gates. Il est incorruptible, Bechir. » Si l’apporteur d’affaires admet avoir parfois pris en charge certains frais pour le compte du président du fonds libyen, c’est parce que « c’est un ami ». « Ce sont les us et coutumes de la culture bédouine », ose Alexandre Djouhri, avant de poursuivre : « C’est une relation d’amitié, de fraternité. Ce n’est pas une relation de business. »
Un patrimoine très opaque
Alexandre Djouhri n’a pas davantage voulu s’expliquer sur son patrimoine qui, selon des documents bancaires d’UBS aux mains des juges, représentait 50 millions d’euros en 2006. « C’est faux, ils ont menti. » Et l’intermédiaire de jurer ne pas avoir le nez sur sa fortune : « Je ne sais pas, franchement. Je ne m’occupe de rien […] Peut-être maximum un million d’euros […] Quand j’ai besoin d’argent, j’appelle des amis qui me donnent de l’argent. Ils s’en foutent. C’est une autre culture. » L’argent ? « Je marche dessus, répond-il aux magistrats. Ce n’est pas important. Ça n’a jamais été ma motivation. »
L’homme d’affaires reste également sans explication plausible sur ces 465 000 euros de diamants acquis en 2011, et qui semblent avoir disparu : « J’ai dû en faire cadeau. Vous me demandez à qui ? C’est vieux. C’est ma vie privée quand même ! » Et les juges de se moquer gentiment de lui : « [Les cadeaux], c’est une tradition bédouine ? » « C’est une tradition universelle », rétorque Djouhri, qui s’est opposé, le 20 janvier dernier, à ce que UBS transmette ses relevés bancaires à la justice française : « Ce n’est pas moi qui décide, c’est mon avocat suisse. »
Guéant ? « On s’appelait pour se raconter des bêtises »
L’homme est brièvement revenu sur ses amitiés politiques : « J’aime bien que les gens s’entendent. J’aime bien que Nicolas Sarkozy s’entende bien avec Dominique de Villepin. Ce sont deux hommes d’État, deux vrais patriotes qui agissent pour le bien de notre pays. » Un Nicolas Sarkozy avec qui il dit avoir commencé à entretenir des relations amicales dans les années 2000. « C’est bonjour, bonsoir, tu fais du vélo ? […] C’est surtout à partir de 2006 que j’ai commencé à le fréquenter, à échanger sur lui, au sujet de la géopolitique, de ses relations avec Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo. On parlait aussi de foot, de vélo. Je fais beaucoup de vélo. »
Guéant ? « Un ami », lui aussi. « On déjeunait, on dînait, on s’appelait pour se raconter des bêtises », dit Djouhri. Lequel voit dans les procédures entamées à son encontre une véritable injustice : « Je fais l’objet d’un kidnapping judiciaire. »
Lire aussi Affaire libyenne : tournant ou impasse ?
Un complot politique visant à anéantir Nicolas Sarkozy
Mais c’est lorsqu’il dépeint un complot politique visant à anéantir Nicolas Sarkozy que l’homme d’affaires se fait le plus prolixe. Selon lui, « il y a un monsieur qui s’appelle Ziad Takieddine qui essaye de faire perdre Nicolas Sarkozy dans sa campagne de 2012. Il fallait coûte que coûte l’abattre avec un pseudo financement qui serait venu de Libye. Ensuite on fabrique un PNF [Parquet national financier, NDLR] en 2014 qui devient juste le glaive de la justice, et non plus le glaive et la balance. Le PNF est créé pour détruire la droite ».
Alors que les magistrats lui font remarquer que le PNF a été créé à la suite de l’affaire Cahuzac, un ministre de gauche, Djouhri répond qu’il s’agit d’un « subterfuge. Vous savez très bien que c’est M. Bauer avec Valls et Hollande qui ont orchestré tout cela. Le PNF a été créé dans le but de détenir un pouvoir coercitif sur tous ceux qui ne pensent pas comme eux. C’est l’exécutif qui commande […] Après la création du PNF, tout s’accélère. Il n’y a que les hommes politiques de droite qui se retrouvent poursuivis [une affirmation fausse, NDLR]. Ceux de gauche n’avaient plus d’idées, le Parti socialiste est mort. »
Et Djouhri de s’exaspérer auprès des juges de cette arène judiciaire, après avoir lui-même lancé la joute verbale : « Si je suis incarcéré, c’est parce que cela vous fait bien plaisir. » Avant, aussitôt, de regretter son propos : « Sur les conseils de mon avocat, je retire ce que je viens de dire. »
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https://www.lepoint.fr/politique/info-le-point-affaire-libyenne-thierry-gaubert-mis-en-examen-03-02-2020-2361032_20.php
INFO LE POINT. Affaire libyenne : Thierry Gaubert mis en examen
INFO LE POINT. Après un jour et demi de garde à vue, l’ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy a été mis en examen le 31 janvier pour association de malfaiteurs.
Par Marc Leplongeon
Modifié le 03/02/2020 à 19:28 – Publié le 03/02/2020 à 18:09 | Le Point.fr
Cascade de rebondissements dans l’affaire libyenne. Après l’extradition et la mise en examen d’Alexandre Djouhri
vendredi dernier pour, entre autres, faux et usage de faux, corruption
active, complicité de détournement de fonds publics et blanchiment de
fraude fiscale, c’est au tour de Thierry Gaubert de connaître de nouveaux démêlés avec la justice. Selon nos informations, l’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy au ministère du Budget en 1994 et à la mairie de Neuilly a été mis en examen le 31 janvier pour association de malfaiteurs.
Jusqu’à présent, aucune personne concernée par cette enquête à tiroirs, qui dure maintenant depuis huit ans, n’avait été mise en examen pour ce chef de prévention. Un réquisitoire supplétif a été accordé fin janvier aux juges d’instruction pour pouvoir enquêter sur ces faits qui, selon le Code pénal, répondent à « tout groupement formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou plusieurs crimes ou d’un ou plusieurs délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement ». Un délit particulièrement fourre-tout et qui permet de ratisser large.
Lire aussi Affaire libyenne : tournant ou impasse ?
Cette mise en examen fait suite à un article de Mediapart, publié début décembre, selon lequel Thierry Gaubert aurait reçu, en février 2006 de la part de la société Rossfield, 440 000 euros versés sur un compte offshore. Or, selon le site d’information en ligne, Rossfield appartient à l’intermédiaire Ziad Takieddine et n’aurait été « alimentée que par de l’argent du régime de Kadhafi », à hauteur de 6 millions d’euros en 2006.
Lors d’une audience devant le tribunal correctionnel en décembre dernier, pour fraude fiscale et blanchiment aggravé, Thierry Gaubert n’avait pas eu à s’expliquer sur le lien entre l’argent qu’il avait reçu de Takieddine et la Libye de Mouammar Kadhafi. Mais il avait justifié ce virement par des opérations immobilières en Colombie, où Thierry Gaubert possédait une splendide villa qu’il avait dissimulée au fisc.
Fin janvier, les policiers qui enquêtent sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ont donc tenu à entendre Thierry Gaubert. Ce dernier a assuré qu’il n’avait jamais su que l’argent viré par Ziad Takieddine était d’origine libyenne. L’argent est arrivé en 2006 sur son trust offshore, Cactus, dont il ne possédait même pas les relevés bancaires, a-t-il plaidé, concédant avoir retiré en liquide, en plusieurs fois, une somme totale de 180 000 euros entre 2006 et 2007.
Ces retraits en cash alimentent de nombreux soupçons. Alors que lui assure n’avoir utilisé cet argent que pour financer son train de vie, les enquêteurs cherchent à savoir si ces espèces n’ont pas servi à alimenter la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Plusieurs témoins ont en effet indiqué que des espèces avaient circulé au QG de campagne.
Une thèse qui paraît peu crédible aux yeux d’une source proche de Thierry Gaubert : « On parle de quelques dizaines de milliers d’euros, on ne finance pas une campagne avec ça. » Contacté, l’avocat de l’ancien homme politique, Me Esclatine, prédit l’abandon des charges : « On accuse Thierry Gaubert d’un financement politique comme dans l’affaire Karachi et, comme dans l’affaire Karachi, ce sera abandonné à l’audience. »
De nouveau auditionné mi-janvier, Ziad Takieddine a répété, quant à lui, qu’il s’agissait d’opérations immobilières et qu’il n’y « avait aucun lien avec la Libye », précise son avocate, Me Élise Arfi, qui conclut : « Il n’y avait pas un compte pour la Libye, un compte pour la Colombie, un pour le Liban. L’argent est fongible. » De nouvelles révélations devraient en tout cas avoir lieu dans les prochains jours alors que les enquêteurs tentent d’éplucher l’intégralité des flux financiers issus des comptes en banque détenus par Rossfield, la société de Ziad Takieddine, dans plusieurs pays à travers le monde, dont le Liban.
Jusqu’à présent, aucune personne concernée par cette enquête à tiroirs, qui dure maintenant depuis huit ans, n’avait été mise en examen pour ce chef de prévention. Un réquisitoire supplétif a été accordé fin janvier aux juges d’instruction pour pouvoir enquêter sur ces faits qui, selon le Code pénal, répondent à « tout groupement formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou plusieurs crimes ou d’un ou plusieurs délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement ». Un délit particulièrement fourre-tout et qui permet de ratisser large.
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Association de malfaiteurs
Cette mise en examen fait suite à un article de Mediapart, publié début décembre, selon lequel Thierry Gaubert aurait reçu, en février 2006 de la part de la société Rossfield, 440 000 euros versés sur un compte offshore. Or, selon le site d’information en ligne, Rossfield appartient à l’intermédiaire Ziad Takieddine et n’aurait été « alimentée que par de l’argent du régime de Kadhafi », à hauteur de 6 millions d’euros en 2006.
Lors d’une audience devant le tribunal correctionnel en décembre dernier, pour fraude fiscale et blanchiment aggravé, Thierry Gaubert n’avait pas eu à s’expliquer sur le lien entre l’argent qu’il avait reçu de Takieddine et la Libye de Mouammar Kadhafi. Mais il avait justifié ce virement par des opérations immobilières en Colombie, où Thierry Gaubert possédait une splendide villa qu’il avait dissimulée au fisc.
Des retraits en cash
Fin janvier, les policiers qui enquêtent sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ont donc tenu à entendre Thierry Gaubert. Ce dernier a assuré qu’il n’avait jamais su que l’argent viré par Ziad Takieddine était d’origine libyenne. L’argent est arrivé en 2006 sur son trust offshore, Cactus, dont il ne possédait même pas les relevés bancaires, a-t-il plaidé, concédant avoir retiré en liquide, en plusieurs fois, une somme totale de 180 000 euros entre 2006 et 2007.
Ces retraits en cash alimentent de nombreux soupçons. Alors que lui assure n’avoir utilisé cet argent que pour financer son train de vie, les enquêteurs cherchent à savoir si ces espèces n’ont pas servi à alimenter la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Plusieurs témoins ont en effet indiqué que des espèces avaient circulé au QG de campagne.
« Ce sera abandonné à l’audience »
Une thèse qui paraît peu crédible aux yeux d’une source proche de Thierry Gaubert : « On parle de quelques dizaines de milliers d’euros, on ne finance pas une campagne avec ça. » Contacté, l’avocat de l’ancien homme politique, Me Esclatine, prédit l’abandon des charges : « On accuse Thierry Gaubert d’un financement politique comme dans l’affaire Karachi et, comme dans l’affaire Karachi, ce sera abandonné à l’audience. »
De nouveau auditionné mi-janvier, Ziad Takieddine a répété, quant à lui, qu’il s’agissait d’opérations immobilières et qu’il n’y « avait aucun lien avec la Libye », précise son avocate, Me Élise Arfi, qui conclut : « Il n’y avait pas un compte pour la Libye, un compte pour la Colombie, un pour le Liban. L’argent est fongible. » De nouvelles révélations devraient en tout cas avoir lieu dans les prochains jours alors que les enquêteurs tentent d’éplucher l’intégralité des flux financiers issus des comptes en banque détenus par Rossfield, la société de Ziad Takieddine, dans plusieurs pays à travers le monde, dont le Liban.
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