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samedi 27 mai 2017

Nous n'avons pas entendu le camarade Mélenchon sur le cas Ferrand





Tout juste une de ses proches, la camarade Raquel Garrido, a-t-elle servi hier aux journalistes de BFMTV un discours facile sur une accumulation de richesses immorale.

Qui donc appelle-t-elle l’électeur à dégager par les urnes ? Elle est d’accord avec le Premier ministre, dit-elle…


https://www.marianne.net/debattons/editos/edouard-philippe-aux-electeurs-de-bretagne-degagez-moi-richard-ferrand

Edouard Philippe aux électeurs de Bretagne : dégagez Ferrand pour moi svp


Publié le 26/05/2017 à 16:50

Hervé Nathan

Directeur adjoint de la rédaction


Pour le Premier ministre, c’est aux électeurs de Bretagne, et non au gouvernement, de régler « l’affaire » Richard Ferrand lors des législatives. Pas de démission du ministre, donc, même si la prochaine loi sur la moralisation de la vie politique doit interdire le genre de pratiques révélées par le Canard enchaîné !

Heureusement qu’en France, il y a de temps en temps des élections. Cela permet aux responsables politiques de s’en remettre au peuple pour dire ce qu’il faut faire, quand soi-même on ne sait plus quoi faire. « Vox populi, vox dei » (la voie du peuple est celle des dieux), disaient les Anciens. L’aphorisme a beau avoir deux mille ans d’âge, il est repris sans vergogne par le gouvernement d’Emmanuel Macron, qui semblait pourtant adopter une vision plus moderne de la démocratie, et de la justice.

Que penser en effet de la déclaration d’Edouard Philippe à propos de « l’affaire Richard Ferrand », dont le Canard enchaîné révèle cette semaine qu’en 2011 son épouse a monté une société civile immobilière pour réaliser une affaire avec la Mutuelle de Bretagne dont Richard Ferrand était à l’époque directeur général ? « Il n’y a pas de procédure juridictionnelle en cours, il n’y a donc pas une affaire, il y a un débat. Ce débat, il est politique et il sera tranché par ceux qui sont les plus à mêmes et les mieux à même de trancher les débats politique, qui sont les électeurs et les citoyens français », a dit le Premier ministre ce vendredi 26 mai. Et d’ajouter : « Les électeurs de la circonscription dans laquelle Richard Ferrand se présente pourront dans deux semaines dire si, comme moi, ils ont confiance en Richard Ferrand, et ce sera le juge de paix, celui que personne ne peut dépasser en démocratie ».

L’argument de l’onction du suffrage universel qui laverait tous les péchés

Voici les citoyens de la 6e circonscription du Finistère, centrée sur la ville de Châteaulin, enjoints d’être tout à la fois procureurs, juges d’instruction et juges du siège de leur député puisqu’ils ont le choix entre le garder (à l’Assemblée, donc au gouvernement) ou de le « dégager ». La manœuvre qui qui consiste à recourir à une soi-disant justice « populaire » par l’intermédiaire d’un scrutin politique, n’est pas vraiment glorieuse et a peu à voir avec la justice. L’argument de l’onction du suffrage universel qui laverait tous les péchés avait été maintes fois utilisé pour lustrer des politiques pas très reluisants, à commencer par les époux Balkany, régulièrement réélus à leurs postes dans leur bonne ville de Levallois-Perret, bien arrosée par leurs soins, malgré leurs multiples affaires. Certes, il n’y a pour l’heure aucune action et le parquet financier ne s’est pas jeté sur l’affaire. Mais François Hollande s’était bien mordu les doigts d’avoir attendu que les juges se bougent pour se séparer de Jérôme Cahuzac. On entend aussi les avocats de Ferrand jurer que la faute (éventuelle) à lui reprocher serait bénigne puisqu’il ne s’agirait pas d’argent public. Une assertion dont on se demande ce qu’en pensent les cotisants de la Mutuelle de Bretagne…

Le ministre breton passera donc les 11 et 18 juin prochains devant un jury de plusieurs dizaines de milliers d’électeurs chargés de lever ou de baisser le pouce pour mettre à mort un coupable ou en faire un héros, comme au temps des jeux du cirque. Rassurez-vous bonnes gens, il semble que le risque électoral soit faible, au vu du score local d’Emmanuel Macron. Mais sait-on jamais : si la tête de Ferrand devait tomber (politiquement) sur le sable, alors « Vae Victis ! » (malheur aux vaincus ! ), le président de la République dont Ferrand est un des plus proches compagnons d’armes en tirerait immédiatement les conséquences, en le démettant de ses fonctions de ministre. Emmanuel Macron et Edouard Philippe pourraient alors se laver les mains de l’affaire, comme le fit Ponce Pilate. Décidément, la référence à l’Antique est furieusement tendance en ce moment…

« Ne pas se placer dans des situations qui seraient légales mais contestées«

Droit dans ses bottes, le Premier ministre est néanmoins lézardé de contradictions, puisqu’il explique « en même temps » que « tout l’objectif du gouvernement dans la loi (sur la moralisation de la vie politique) que nous sommes en train de préparer, c’est justement de proposer des règles extrêmement strictes qui permettront à l’ensemble des parlementaires, et en vérité à l’ensemble de ceux qui exercent des responsabilités publiques, de ne pas se placer dans des situations qui seraient légales mais contestées« . Si on lit bien le français, cette dernière proposition s’adapterait clairement au cas de Richard Ferrand ! Et ce, d’autant plus qu’Edouard Philippe a publié le 25 mai une circulaire enjoignant tous les ministres de lui faire part « de tout intérêt antérieur à ces cinq ans susceptible d’influencer ou de paraître influencer une décision publique à laquelle vous serez associé ». Là encore, comment ne pas penser à Richard Ferrand ?

Résumons : le Premier ministre estime qu’il ne peut rien faire puisqu’il n’y a pas de poursuites contre le ministre de la Cohésion des territoires, mais que la loi future devrait probablement interdire à son ministre d’être élu ou de gouverner. Le problème, c’est que Richard Ferrand est un personnage d’un poids politique presque aussi lourd que le Premier ministre lui-même, puisqu’il fut le premier député PS à rejoindre l’aventure En Marche, et l’un des architectes de la victoire présidentielle… Un psychanalyste conclurait que le subconscient du Premier ministre impuissant, allié à son surmoi, appelle tout simplement les électeurs du Finistère à « dégager » Richard Ferrand du paysage politique, quoi qu’il affirme penser le contraire. Ce qui constitue le propre du déni…


Le procureur de Brest renonce à poursuivre Ferrand


Le 26.05.2017 à 17h30

Les faits dénoncés par le Canard Enchaîné sur une affaire immobilière concernant la compagne de Richard Ferrand ne constituent pas une infraction et à ce titre ne permettent pas d’ouvrir une enquête, a annoncé ce vendredi le procureur de la République de Brest.

Dans un communiqué, le procureur Eric Mathais dit avoir
« procédé à une analyse juridique pour déterminer s’il devait se saisir et diligenter une éventuelle enquête ». « Au terme de celle-ci », conclut-il, « il apparaît qu’en l’état, aucun des faits relatés n’est susceptible de relever d’une ou plusieurs qualifications pénales permettant d’ouvrir une enquête préliminaire ».


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