Le témoignage de Michel est exemplaire au sens où ces abus restent à peu près partout largement ignorés du public et de la population concernée, sauf de manière très parcellaire par ceux qui en sont directement victimes mais n’osent parler par peur des représailles et sont autant terrorisés par ce qu’ils ont déjà subi que par ces menaces de violences encore plus grandes.
En psychiatrie, la violence des « soignants », arbitraire, ne connaît en effet strictement aucune limite et peut s’abattre sur n’importe qui, aucun procès contradictoire n’étant nécessaire pour être brutalement et arbitrairement condamné à l’enfermement dans un hôpital psychiatrique.
Je me répète un peu mais c’est bien ce qui domine tout ce secteur de « soins » prétendument médicaux qu’il conviendrait peut-être de sortir complètement de l’hôpital : violence, arbitraire, terreur.
En conséquence, effectivement, c’est l’omerta… un verrou à faire sauter de toute urgence…
samedi 18 décembre 2021
par Charlotte Perry
Michel G.: « Nous n’imaginions pas l’ampleur de ce qui se passait dans ce service psychiatrique. »
Diagnostiquée schizophrène à l’âge de dix-sept ans, la fille de Michel est d’abord traitée par psychothérapie. À mesure que la maladie se chronicise, l’état de santé mentale de la jeune fille se dégrade avec des épisodes violents. Elle est alors placée en service de suite dans un hôpital psychiatrique pour être prise en charge sur le long terme.
Bénévole à l’Unafam Rhône-Alpes (l’Union nationale des familles et amis de malades psychiques), Michel décide de tirer la sonnette d’alarme auprès de l’association car il ne parvient pas à avoir d’explications auprès des médecins psychiatres concernant la prise en charge de sa fille qui lui paraît totalement aberrante : placée seize mois en chambre d’isolement, contentionnée à de nombreuses reprises au motif d’accès de violence, elle ne peut recevoir de visite pendant sept mois. Des décisions que les soignants justifient auprès de Michel par le fait que l’état de santé de la jeune fille le nécessiterait.
Le médecin chef ne voulait pas de psychologue, pas d’assistant social dans son service, pas d’activités pour les malades. Et donc c’était pratiquement que des cachets, et puis contention et isolement.
Appuyé par l’Unafam national, Michel tente alors de prendre contact avec d’autres familles de patients. Des situations similaires à celle de sa fille sont révélées mais les familles refusent de témoigner, craignant des représailles sur leurs proches de la part du personnel soignant.
Il alerte alors le Contrôleur Général des Lieux de Privations de Liberté par courrier en lui décrivant sa situation. Son témoignage déclenche une visite du CGLPL qui révèlera tout un système sécuritaire, avec un service entier dédié aux chambres d’isolement (46 au total), l’absence de prescriptions médicales pour les recours aux mesures privatives de liberté, des locaux vétustes, des patients enfermés pendant de longues périodes dans leurs chambres, un personnel en sous-effectif sans aucun respect pour les droits des patients.
C’est vraiment le Contrôleur Général qui a constaté ce qui se passait. Nous n’imaginions pas que c’était à ce point. On savait des bribes, mais on savait très peu de choses en fait. On ne s’était pas du tout rendu compte de l’ampleur de ce qui se passait. Il y avait une omerta.
Suite à la visite du CGLPL, un audit a été mené dans cet hôpital psychiatrique et les pratiques totalement revues. Les lois Santé de 2016, puis le nouvel article de 2020, ont permis de mieux encadrer les recours à l’isolement et à la contention. Mais dans les faits, le manque chronique de personnel et des habitudes profondément ancrées mènent toujours à de nombreux abus dans bien des services psychiatriques.
- Céline IlaRéalisatrice
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