Des coups médiatiques pour faire pression sur l’Etat et ses différentes victimes en vue d’en obtenir ce qu’il veut, c’est bien ce qu’il a toujours fait avec plus ou moins de succès. Il réitère à chaque fois le chantage qu’à l’adolescence il a fait à son père pour en obtenir son émancipation.
https://www.ladepeche.fr/2019/05/10/prise-dotages-de-blagnac-letrange-recit-de-yanis-le-soldat-des-gilets-jaunes,8191710.php
Prise d’otages de Blagnac : l’étrange récit de Yanis, le «soldat des Gilets jaunes»
Yanis, 17 ans, a été interpellé par le Raid. Photo DDM, Nathalie Saint-Affre
Publié le 10/05/2019 à 07:21 , mis à jour à 07:26
l’essentiel
Accusé d’avoir séquestré quatre otages dans un bureau de tabac à Blagnac, Yanis, 17 ans, dit avoir agi en tant que soldat recruté par une obscure milice des Gilets jaunes. Il a été mis en examen et écroué ce jeudi soir.
Yanis, 17ans, accusé d’avoir séquestré avec une arme des otages dans un bureau de tabac, à Blagnac, le 7 mai, a été présenté au palais de justice de Toulouse, ce jeudi 9 mai. Accompagné de son avocat Me Eric Mouton, il a été mis en examen notamment pour « séquestration avec arme et menaces de mort ». Il encourt jusqu’à 10 ans de prison. Hier soir, il a été écroué dans un centre de détention pour mineurs.
Durant ses deux jours de garde à vue dans les locaux du SRPJ de Toulouse, ce Blagnacais a maintenu les curieuses déclarations faites dans sa vidéo au moment de la prise d’otages, dans le bureau de tabac.
« Non violent »
Calme, précis mais ayant parfois du mal à répondre à toutes les questions, il aurait réaffirmé avoir été recruté par « une milice armée pour devenir soldat des Gilets jaunes ». Son passage à l’acte relève d’un véritable polar underground.
Un récit hors sol, voire farfelu, dont on peine à percevoir un brin de logique. Déjà interpellé en décembre dernier dans une manifestation de Gilets jaunes, à Toulouse, il aurait alors rencontré des individus estimant que les barbecues autour des ronds-points n’étaient pas assez efficaces.
Cette obscure milice lui aurait alors permis d’effectuer plusieurs semaines de préparation militaire en vue de projeter d’autres actions. À l’issue de cette « formation », des « chefs » de cette organisation secrète, dont il ne peut préciser de qui il s’agit, lui auraient remis l’arme de poing ayant servi à la prise d’otages. Selon lui, il y avait aussi des munitions qu’il a retirées du chargeur.
« Faire un coup »
Toujours selon ses déclarations, il a opté pour « faire un coup », dans un bureau de tabac, au lieu d’une station-service, préalablement choisi à Blagnac par les membres de la milice. Réaffirmant son caractère non-violent, il ne voulait blesser personne.
C’est ainsi que Yanis, recruté au service d’une sombre organisation radicalisée formant des soldats près d’un parc, et militant « pour un Etat plus juste », arrive sur son vélo électrique pliable devant le bureau de tabac, place du Plan-du-Port, mardi 7 mai, vers 16 heures. Il gare son deux-roues et pénètre dans l’enseigne avec son pistolet d’alarme faisant évacuer les clients. Il séquestre quatre femmes dont la patronne et sa fille. Il est poli, bienveillant et n’a recours à aucune violence physique. Mais Yanis a une autre obsession : faire parler de lui et intervenir dans un grand média pour faire connaître la milice au grand public. Il filme en direct la prise d’otages grâce à un appareillage autour de son cou qu’il finit par détruire.
Craignant que les membres du Raid n’interviennent et que la situation ne dégénère, il libère les quatre otages à 19 h 40 et 20 h 50, avant d’être neutralisé en douceur par le Raid à 23 h 50. L’instruction ouverte devrait permettre d’en savoir davantage sur l’état psychologique et la santé mentale du jeune homme.
Le preneur d’otage mis en examen et placé en détention
Yanis D. qui a pris en otage Monique Lelté et trois autres femmes, mardi, a été déféré au parquet ce jeudi 9 mai. Il a été mis en examen du chef criminel de séquestration de plusieurs otages en vue de l’exécution d’un ordre ou d’une condition, et des délits de menaces de mort sous condition, violences avec arme sans ITT et port d’arme de catégorie D. Il a été placé en détention provisoire. Les investigations vont désormais se poursuivre sous l’autorité d’un juge d’instruction.
Ce mineur de 17 ans est connu de la justice en raison de la commission de précédents délits.
Dans un communiqué, le procureur de la République de Toulouse confirme que Yanis D. était porteur d’une caméra Go Pro et armé d’un pistolet d’alarme, réplique d’un Beretta avec lequel il a tiré en l’air. Il s’est présenté comme « l’avant-garde armée du mouvement des Gilets jaunes ». Le preneur d’otages a déclaré appartenir à un groupe d’activistes du mouvement des Gilets jaunes qui, par cette action, veut promouvoir grâce à l’écho médiatique ce type de passage à l’acte afin de faire pression sur les pouvoirs publics. « À ce stade, aucun élément n’a permis de corroborer l’existence d’un tel groupe », déclare le procureur.
Frédéric Abéla
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