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Attentats du 13 novembre à Paris : les confessions de l’éclaireur de Daech
>Faits divers|Eric Pelletier| 12 mai 2019, 17h03 | MAJ : 12 mai 2019, 17h07 |8
Le djihadiste français Tyler Vilus reconnaît qu’il était en lien avec Abaaoud, coordonnateur des attentats du 13 novembre 2015. Mais conteste avoir été «missionné pour frapper l’Europe».
L’enquête visant l’un des acteurs les plus mystérieux du djihad en
Syrie est close depuis la mi-avril. Le Français Tyler Vilus, mis en
examen pour « direction d’un groupement terroriste » et « meurtre en
bande organisée en relation avec une entreprise terroriste », risque les
assises. Certaines de ses déclarations, très circonstanciées, apportent
un nouvel éclairage aux terribles attaques du 13 novembre 2015 (130 morts et plus de 400 blessés).
À 29 ans, ce natif de Troyes (Aube) affiche une personnalité hors normes. « Crâne rasé », « montagne de muscles », celui qui est surnommé Abou Hafs al-Faransi est parti grossir les rangs du futur État islamique dès 2013*. Lui-même se définit comme « un combattant parmi les combattants », membre de la police de Daech. Une vidéo le montre assistant à une exécution, pour contenir la foule. En juillet 2015, il est arrêté à Istanbul, alors qu’il cherche à regagner la France, via Prague. Que venait-il faire en Europe ? Était-il l’éclaireur des commandos ?
Les 1er et 2 juillet 2015, lors de son incarcération en Turquie, il réussit à envoyer deux messages depuis son téléphone Samsung. « Il me font rire c mongol ils comprenne rien […] je te contacte quand je sort si je sort » et « Je me suis fait arrêter il m ont pris en photo ». Selon nos informations, lors de son ultime interrogatoire, Tyler Vilus a reconnu ce que soupçonnaient les services de renseignement : il s’agissait de prévenir Abdelhamid Abaaoud, futur coordonnateur des tueries à Paris et à Saint-Denis. Ce que l’intéressé avait jusque-là toujours contesté.
Le 14 mars dernier, devant le juge d’instruction, il évoque d’autres échanges non détectés. « Je vous précise que j’ai contacté [Abaaoud] par d’autres biais que les messages visibles que vous avez en procédure. Je l’ai contacté via Telegram (NDLR : une messagerie chiffrée). Au cours de ces échanges, [Abaaoud] me fait savoir qu’il a des équipes à Istanbul, que le lieu où je me trouve n’est pas sécurisé et que, si je parviens à sortir, ses équipes me récupéreront. » À un autre djihadiste, il aurait adressé ce texto : « Quand je sors, j’agis. »
S’agissait-il de préparer les attaques du 13 novembre ? Bien qu’il reconnaisse avoir rencontré la plupart des futurs assaillants français à Shaddadi (nord-est de la Syrie), Vilus nie toute implication : « Il est vrai que je rends compte sur le fait que je suis arrêté, mais je n’ai pas été missionné pour frapper l’Europe. »
Selon sa version, il a fait croire à Abaaoud qu’il était déterminé à commettre un attentat lors de son voyage : « À mon avis, il devait être content que je lui propose ça […] Il m’a demandé si j’avais une idée de cible et si j’avais une équipe. Je lui ai répondu que je n’avais pas besoin d’équipe car je préférais agir seul. La réalité, c’est que je […] ne projetais rien et surtout je ne voulais pas être tenu pour responsable de faits commis par d’autres. »
Les juges n’ont finalement pas mis Tyler Vilus en examen dans le dossier des attentats du 13 novembre, estimant les preuves de son implication trop légères, en dehors de cette proximité désormais assumée avec Abaaoud. Les enquêteurs ont cependant la certitude que Vilus était un cadre de l’organisation. La DGSI a établi son implication de propagandiste, via le site Situ-veux Mon_avis qui incitait à passer à l’action en France, contre des commissariats notamment.
« Si l’on considère le fait que je suis arrivé parmi les premiers djihadistes francophones, ça peut expliquer le fait qu’on m’attribue une place significative dans l’influence que j’avais au sein de l’État islamique, mais ça n’est pas le cas, rétorque le terroriste présumé. Il y avait autant de personnes qui m’appréciaient et me protégeaient que de personnes qui m’en voulaient et voulaient m’assassiner. »
Chez les Vilus, on a le virus du djihad. Sa mère, condamnée en juillet 2018 à dix ans de prison en appel pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », est surnommée « Mamie djihad » par les enquêteurs. En détention, le fils est placé à l’isolement. Pour autant, le psychiatre qui a examiné Tyler Vilus en prison l’estime désormais « capable de critiquer ses actes et ses engagements ».
* « Les Espions de la terreur », par Matthieu Suc, éditions Harper Collins.
À 29 ans, ce natif de Troyes (Aube) affiche une personnalité hors normes. « Crâne rasé », « montagne de muscles », celui qui est surnommé Abou Hafs al-Faransi est parti grossir les rangs du futur État islamique dès 2013*. Lui-même se définit comme « un combattant parmi les combattants », membre de la police de Daech. Une vidéo le montre assistant à une exécution, pour contenir la foule. En juillet 2015, il est arrêté à Istanbul, alors qu’il cherche à regagner la France, via Prague. Que venait-il faire en Europe ? Était-il l’éclaireur des commandos ?
Les 1er et 2 juillet 2015, lors de son incarcération en Turquie, il réussit à envoyer deux messages depuis son téléphone Samsung. « Il me font rire c mongol ils comprenne rien […] je te contacte quand je sort si je sort » et « Je me suis fait arrêter il m ont pris en photo ». Selon nos informations, lors de son ultime interrogatoire, Tyler Vilus a reconnu ce que soupçonnaient les services de renseignement : il s’agissait de prévenir Abdelhamid Abaaoud, futur coordonnateur des tueries à Paris et à Saint-Denis. Ce que l’intéressé avait jusque-là toujours contesté.
«Quand je sors, j’agis»
Le 14 mars dernier, devant le juge d’instruction, il évoque d’autres échanges non détectés. « Je vous précise que j’ai contacté [Abaaoud] par d’autres biais que les messages visibles que vous avez en procédure. Je l’ai contacté via Telegram (NDLR : une messagerie chiffrée). Au cours de ces échanges, [Abaaoud] me fait savoir qu’il a des équipes à Istanbul, que le lieu où je me trouve n’est pas sécurisé et que, si je parviens à sortir, ses équipes me récupéreront. » À un autre djihadiste, il aurait adressé ce texto : « Quand je sors, j’agis. »
S’agissait-il de préparer les attaques du 13 novembre ? Bien qu’il reconnaisse avoir rencontré la plupart des futurs assaillants français à Shaddadi (nord-est de la Syrie), Vilus nie toute implication : « Il est vrai que je rends compte sur le fait que je suis arrêté, mais je n’ai pas été missionné pour frapper l’Europe. »
Selon sa version, il a fait croire à Abaaoud qu’il était déterminé à commettre un attentat lors de son voyage : « À mon avis, il devait être content que je lui propose ça […] Il m’a demandé si j’avais une idée de cible et si j’avais une équipe. Je lui ai répondu que je n’avais pas besoin d’équipe car je préférais agir seul. La réalité, c’est que je […] ne projetais rien et surtout je ne voulais pas être tenu pour responsable de faits commis par d’autres. »
Une implication de propagandiste
Les juges n’ont finalement pas mis Tyler Vilus en examen dans le dossier des attentats du 13 novembre, estimant les preuves de son implication trop légères, en dehors de cette proximité désormais assumée avec Abaaoud. Les enquêteurs ont cependant la certitude que Vilus était un cadre de l’organisation. La DGSI a établi son implication de propagandiste, via le site Situ-veux Mon_avis qui incitait à passer à l’action en France, contre des commissariats notamment.
« Si l’on considère le fait que je suis arrivé parmi les premiers djihadistes francophones, ça peut expliquer le fait qu’on m’attribue une place significative dans l’influence que j’avais au sein de l’État islamique, mais ça n’est pas le cas, rétorque le terroriste présumé. Il y avait autant de personnes qui m’appréciaient et me protégeaient que de personnes qui m’en voulaient et voulaient m’assassiner. »
Chez les Vilus, on a le virus du djihad. Sa mère, condamnée en juillet 2018 à dix ans de prison en appel pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », est surnommée « Mamie djihad » par les enquêteurs. En détention, le fils est placé à l’isolement. Pour autant, le psychiatre qui a examiné Tyler Vilus en prison l’estime désormais « capable de critiquer ses actes et ses engagements ».
* « Les Espions de la terreur », par Matthieu Suc, éditions Harper Collins.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/dix-ans-de-prison-en-appel-pour-mamie-djihad-03-07-2018-7805502.php
Dix ans de prison en appel pour «Mamie djihad»
>Faits divers|Le Parisien avec AFP| 03 juillet 2018, 16h41 |6
La cour a confirmé la peine maximale prononcée en octobre 2017 à l’encontre de cette femme de 52 ans.
Christine Rivière, surnommée « Mamie djihad », mère d’un djihadiste français devenu « émir » en Syrie,
a été condamnée mardi à dix ans de prison par la cour d’appel de Paris,
pour association de malfaiteurs à visée terroriste mais aussi
financement du terrorisme.
La cour a confirmé la peine maximale prononcée en octobre 2017 à l’encontre de cette femme de 52 ans, qui en a pris connaissance par visioconférence : dix ans de prison assortis d’une période de sûreté des deux tiers.
Conformément aux réquisitions du parquet général, les juges d’appel l’ont cette fois condamnée également pour financement du terrorisme, pour avoir « transféré ou fait transférer des fonds ou des biens à destination de combattants en Syrie ».
Christine Rivière est la mère de Tyler Vilus, un combattant français rapidement monté en grade dans la hiérarchie djihadiste. Convertie par son fils, presque immédiatement radicalisée, elle avait été interpellée le 2 juillet 2014, au domicile de son aîné, Leroy (30 ans), alors qu’elle s’apprêtait à repartir en Syrie après trois précédents voyages.
« Elle n’a jamais dissuadé son fils (Tyler Vilus) mais au contraire l’a encouragé et félicité », avait souligné l’avocate générale. « Elle ne va pas en Syrie pour son fils, elle y va pour elle », avait-elle ajouté. « Elle se délecte les armes à la main ».
« Je suis utile en France », disait-elle à Tyler Vilus en décembre 2013, et « le dossier démontre cette utilité », avait déclaré la représentante de l’accusation. « Elle était utile pour recruter des candidates au djihad, utile pour marier son fils avec des « vraies sœurs », utile pour fournir de la logistique à un certain nombre de djihadistes, utile pour collecter des fonds ».
Tyler, « j’ai fait l’erreur de l’encourager », avait lâché Christine Rivière au premier jour de son procès en appel, début juin. « Il y a plein de choses que je n’aurais pas dû faire, je m’en rends compte maintenant », avait-elle affirmé, visiblement agacée.
Son avocat, Thomas Klotz, avait estimé que se trouvait au cœur du dossier « une relation fusionnelle et nocive » entre mère et fils. « Il y avait une dimension psychiatrique et psychologique qu’on aurait voulu faire entendre, mais ces arguments ont été balayés », a déploré l’avocat à la sortie de l’audience. Tyler Vilus a été interpellé en Turquie et extradé vers la France en 2015, où il a été placé en détention provisoire.
La cour a confirmé la peine maximale prononcée en octobre 2017 à l’encontre de cette femme de 52 ans, qui en a pris connaissance par visioconférence : dix ans de prison assortis d’une période de sûreté des deux tiers.
Conformément aux réquisitions du parquet général, les juges d’appel l’ont cette fois condamnée également pour financement du terrorisme, pour avoir « transféré ou fait transférer des fonds ou des biens à destination de combattants en Syrie ».
« Elle se délecte les armes à la main ».
Christine Rivière est la mère de Tyler Vilus, un combattant français rapidement monté en grade dans la hiérarchie djihadiste. Convertie par son fils, presque immédiatement radicalisée, elle avait été interpellée le 2 juillet 2014, au domicile de son aîné, Leroy (30 ans), alors qu’elle s’apprêtait à repartir en Syrie après trois précédents voyages.
« Elle n’a jamais dissuadé son fils (Tyler Vilus) mais au contraire l’a encouragé et félicité », avait souligné l’avocate générale. « Elle ne va pas en Syrie pour son fils, elle y va pour elle », avait-elle ajouté. « Elle se délecte les armes à la main ».
« Je suis utile en France », disait-elle à Tyler Vilus en décembre 2013, et « le dossier démontre cette utilité », avait déclaré la représentante de l’accusation. « Elle était utile pour recruter des candidates au djihad, utile pour marier son fils avec des « vraies sœurs », utile pour fournir de la logistique à un certain nombre de djihadistes, utile pour collecter des fonds ».
Tyler Vilus extradé en 2015
Tyler, « j’ai fait l’erreur de l’encourager », avait lâché Christine Rivière au premier jour de son procès en appel, début juin. « Il y a plein de choses que je n’aurais pas dû faire, je m’en rends compte maintenant », avait-elle affirmé, visiblement agacée.
Son avocat, Thomas Klotz, avait estimé que se trouvait au cœur du dossier « une relation fusionnelle et nocive » entre mère et fils. « Il y avait une dimension psychiatrique et psychologique qu’on aurait voulu faire entendre, mais ces arguments ont été balayés », a déploré l’avocat à la sortie de l’audience. Tyler Vilus a été interpellé en Turquie et extradé vers la France en 2015, où il a été placé en détention provisoire.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/terrorisme-l-inquietant-suedois-et-sa-maman-djihadiste-23-01-2016-5478499.php
Terrorisme : l’inquiétant «Suédois» et sa maman djihadiste
>Faits divers| 23 janvier 2016, 7h52 |80
Un Français radicalisé parti en Syrie, où il a été rejoint par sa mère surnommée Mamie Djihad, a tenté de rentrer en Europe cet été avec le passeport suédois d’un autre combattant. Un procédé nouveau qui intrigue.
Son arrestation, opérée au beau milieu de l’été dernier, est longtemps restée secrète. A l’époque déjà, elle avait allumé un voyant rouge sur les écrans de contrôle des services de renseignement européens. Depuis les attentats du 13 novembre, à Paris et Saint-Denis, l’affaire Tyler Vilus, du nom que nous dévoilons de ce jeune Français, prend un relief tout particulier.
Le 21 juillet dernier, Tyler Vilus, un Français de 25 ans, originaire de Troyes (Aube), est interpellé à Istanbul, en Turquie. L’homme, considéré comme un combattant aguerri au sein de Daech, visé par un mandat d’arrêt international, rentre clandestinement en Europe depuis le front syrien avec, en poche, un billet pour Prague. Après son arrestation, le suspect est immédiatement extradé vers la France où un juge le met en examen pour association de malfaiteurs criminelle en relation avec une entreprise terroriste. Que vient-il faire en Europe ? Inaugure-t-il le nouveau stratagème de Daech pour pénétrer dans l’espace Schengen ? Devant le magistrat, Tyler Vilus ne dit mot.
En prison, le djihadiste conserve ses secrets. Il n’a rien d’une petite main du djihad armé. Sous le nom d’Abou Hafsa, il évolue en effet dans l’environnement des recruteurs francophones de l’organisation terroriste, notamment de Chaquir Maaroufi, l’un des propagandistes les plus actifs de Daech, originaire des Pyrénées-Atlantiques. Or Maaroufi, tué en 2014 dans une attaque, était un proche d’Abdelhamid Abaaoud, le djihadiste belge connu pour être le coordonnateur des attentats de Paris.
Au lendemain des attaques, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, cherche à défendre l’action de ses services. Le 19 novembre, il liste les dossiers dans lesquels Abaaoud apparaît. Et fait une allusion transparente à l’affaire Tyler, évoquant l’interpellation d’un djihadiste français au mois de juillet à Istanbul « alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Prague [...] chargé de commettre un acte terroriste ». De source judiciaire, on se montre cependant beaucoup plus réservé. « Nous ne disposons pas de preuve de la préparation d’un attentat imminent », souligne un magistrat. Les investigations se concentrent sur une clé USB. Et un étrange passeport suédois.
Chaque combattant rejoignant les rangs de Daech se voit confisquer ses pièces d’identité à son arrivée
Tyler Vilus voyageait avec un document de voyage authentique mais « emprunt? à un djihadiste suédois. Visage oblong, crâne rasé, les deux hommes apparaissent physiquement très ressemblants. Dans une note datée du 22 novembre, versée au dossier des attentats de Paris, la DGSI établit un parallèle avec le procédé utilisé par les commandos du 13 novembre pour pénétrer en Europe.
Deux des kamikazes morts au Stade de France le 13 novembre portaient, eux aussi, un passeport véritable. Selon la DGSI, Daech peut en effet compter sur « une réserve importante de passeports authentiques de toutes nationalités dans la mesure où chaque personne rejoignant ses rangs se voit confisquer ses pièces d’identité à son arrivée. Ces documents peuvent par la suite être réutilisés par d’autres combattants présentant des caractéristiques similaires » pour des missions spécifiques. Le sosie suédois de Vilus, Sedat K., 28 ans, était parti en Syrie il y a quelques mois, probablement pour rejoindre Daech.
Le départ pour le djihad de Tyler Vilus est bien antérieur : il est intervenu dès octobre 2012. Né d’un père d’origine martiniquaise, chrétien évangéliste, il a grandi à Troyes (Aube) dans une famille de la classe moyenne mais a brutalement choisi l’islam le plus rigoriste. Après la séparation de ses parents, il a entretenu avec sa mère une relation fusionnelle, y compris sur un plan doctrinal. Celle-ci s’est d’ailleurs rendue à trois reprises sur le front syrien pour le rejoindre : à l’été 2013, puis à l’automne de la même année et enfin à la fin du mois de décembre 2014. Interpellée depuis, elle a été placée en détention provisoire.
Selon une information recueillie par les enquêteurs, cette mère se promenait en Syrie avec une ceinture d’explosifs à la taille. D’où le surnom trouvé par les policiers antiterroristes : « Mamie Djihad »…
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