Un soldat burkinabé s’entraîne près de Ouagadougou contre la menace terroriste, en avril 2018. Photo Issouf Sanogo. AFP
Deux jours après la libération des otages français, cinq fidèles et
un prêtre ont été tués durant une messe à Dablo, dans le nord du Burkina
Faso.
Burkina Faso: six morts dans une attaque d’église
Deux jours après la libération des otages
au Burkina Faso, une vingtaine de terroristes ont surgi dimanche matin
pendant la messe dans une église catholique de Dablo, toujours dans le
nord du pays, tirant sur les fidèles. Les assaillants ont tué six
personnes, dont le curé, avant de mettre le feu au bâtiment. «Ils ont incendié l’église, puis des boutiques et un maquis [petit restaurant, ndlr] avant de se rendre au centre de santé où ils ont fouillé le local et incendié le véhicule de l’infirmier chef de poste», a expliqué à l’AFP le maire de Dablo, Ousmane Zongo. Dans
la ville règne un climat de panique. Les gens sont terrés chez eux,
aucune activité n’est fonctionnelle. Les boutiques et magasins sont
fermés. C’est pratiquement une ville morte.»
Le nord du Burkina Faso est plongé dans la violence depuis quatre ans. Les islamistes armés qui s’y sont implantés
ont transformé la zone en terrain d’affrontements intercommunautaires.
Les attaques y sont de plus en plus fréquentes et meurtrières,
attribuées à des groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de
soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’organisation Etat
islamique au grand Sahara (EIGS). Fin mars, six personnes avaient été
tuées lors de l’attaque de l’église protestante de Silgadji. Mi-mars,
l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, a été enlevé par des individus
armés. Plusieurs imams ont également été assassinés par les jihadistes
dans la même région. Selon des sources sécuritaires, ceux-ci étaient «considérés comme pas assez radicaux», ou «accusés de collaborer avec les autorités».
Les deux otages Français enlevés au Bénin ont été libérés
Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 10/05/2019 à 12:56 , mis à jour à 20:52
Deux militaires français ont perdu la vie dans l’opération, qui a eu
lieu dans la nuit de jeudi à vendredi, au Burkina Faso. Au total,
quatre otages ont été libérés.
Les deux Français qui avaient disparu au Bénin le 1er mai ont été
retrouvés et libérés. L’Elysée a en effet annoncé ce vendredi que
l’armée française avait libéré quatre otages au Burkina Faso, parmi
lesquels Patrick Pique et Laurent Lassimouillas, qui s’étaient volatilisés du pays voisin.
Les quatre otages – les deux Français enlevés le 1er mai dernier,
ainsi qu’une Américaine et une Sud-coréenne – ont été libérés lors d’une
intervention dans le nord du Burkina Faso. L’identité des deux autres
otages libérés n’était pas connue dans l’immédiat.
Deux militaires morts durant l’opération
« Cette libération a pu être obtenue grâce à une opération militaire,
conduite par les forces françaises dans la nuit de jeudi à vendredi, au
nord du Burkina Faso », a précisé l’Elysée dans un communiqué. « Au
cours de celle-ci, deux militaires ont trouvé la mort au combat, le
maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello, tous deux
officiers mariniers au sein du commandement des opérations spéciales »,
qui supervise les forces spéciales françaises, est-il précisé. Quatre
ravisseurs ont été tués lors de l’opération.
Le président Emmanuel Macron « s’incline avec émotion et gravité
devant le sacrifice de nos deux militaires, qui ont donné leur vie pour
sauver celles de nos concitoyens » et « adresse ses sincères
condoléances à leurs familles ». Ce vendredi soir, Emmanuel Macron a
annoncé qu’un « hommage national » serait rendu mardi aux deux
militaires tués.
« C’est avec émotion et tristesse que j’adresse mes pensées aux
familles des deux militaires décédés, à leurs proches, à leurs frères
d’armes et à l’ensemble des commandos marine », a réagi la ministre des
Armées Florence Parly dans un communiqué séparé. Cette dernière a par
ailleurs « salué le précieux soutien de nos alliés américains dans la
conduite de cette opération » et remercié « les autorités béninoises et
burkinabées pour leur coopération ».
L’opération de libération des otages français a été lancée dans la
nuit de jeudi à vendredi au Burkina Faso notamment pour éviter leur
transfèrement aux djihadistes de la Katiba Macina actifs au Mali voisin,
a déclaré ce vendredi le chef d’Etat major des Armées.
Risque de transfèrement des otages
Les autorités françaises suivaient l’évolution des ravisseurs depuis
plusieurs jours et ont saisi l’opportunité d’agir en raison du risque
« de transfèrement de ces otages à une autre organisation terroriste qui
agit au Mali, et qui est la Katiba Macina » du prédicateur Amadou
Koufa, ce qui aurait dès lors « rendu impossible d’organiser une
quelconque opération de libération », a déclaré à la presse le général
François Lecointre.
Quant aux deux autres otages libérées, une Américaine et une
Sud-coréenne, leur présence était inconnue. « Personne n’avait
connaissance de leur présence. Nous n’avions pas connaissance du fait
qu’au côté de nos deux ressortissants il pouvait en avoir d’autres, et
les contacts que nous avons eus depuis quelques heures avec les
Etats-Unis et la Corée du Sud montrent que probablement, ces pays-là
n’avaient pas nécessairement conscience de la présence de ces deux
ressortissantes en territoire burkinabé », a déclaré Florence Parly.
Les Etats-Unis remercient la France
« A priori elles étaient otages depuis 28 jours », a précisé le
général Lecointre lors d’une conférence de presse sur cette opération de
sauvetage dans laquelle deux militaires français membres des forces
spéciales ont été tués. L’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major
de la Marine nationale, a rendu hommage à Cédric de Pierrepont et Alain
Bertoncello, les deux hommes morts durant l’opération, et salué leur
courage. La Marine nationale a publié sur internet un In Memoriam.
Ce vendredi, les Etats-Unis ont adressé leurs « remerciements » à la
France pour la libération « sains et saufs » des quatre otages. « Je
présente mes plus sincères condoléances aux familles des soldats
français tués pendant l’opération », a ajouté le responsable du
département d’Etat américain chargé de l’Afrique, Tibor Nagy, sur
Twitter.
Disparus lors d’un safari, leur guide mort
Les deux Français avaient disparu le 1er mai dernier lors d’un safari
dans le parc de la Pendjari, l’un des derniers sanctuaires de la vie
sauvage en Afrique de l’Ouest, qui s’étend sur près de 5000 km le long
de la frontière burkinabée. Le cadavre de leur guide béninois, Fiacre
Gbédji, et leur véhicule vide avait été retrouvés quelques jours plus
tard. Le Bénin était jusque-là considéré comme un îlot de stabilité en
Afrique de l’Ouest, une région où opèrent de nombreux groupes
djihadistes liés à Al-Qaida et à Daech.
10/05/2019 19:39 CEST | Actualisé 11/05/2019 21:51 CEST
Qu’est-ce que la Katiba Macina, le groupe terroriste impliqué dans la prise d’otages?
Selon le Général d’armée François Lecointre, c’est à cette
organisation que devaient être remis les deux Français enlevés dans le
nord du Bénin et secourus dans la nuit du 9 au 10 mai.
Extrait d’une vidéo de propagande de l’organisation terroriste Katiba Macina publiée fin février 2019.
TERRORISME – À en croire le Centre d’études stratégiques de
l’Afrique, organisme financé par le ministère de la Défense des
États-Unis pour étudier la géopolitique du continent africain, il s’agit
du groupe terroriste à la croissance la plus rapide au Sahel.
Ce vendredi 10 mai, les autorités françaises ont annoncé que les
forces spéciales étaient intervenues dans le nord du Burkina Faso pour libérer des otages, dernière opportunité avant qu’ils ne soient remis à la Katiba Macina.
Si la ministre des Armées Florence Parly n’a pas voulu confirmer
l’identité du groupe terroriste, le Général d’armée François Lecointre
semblait formel quant aux informations livrées par le renseignement
militaire français.
Car si le nom n’est pas forcément connu du grand public, cette
organisation constitue une menace certaine et une préoccupation
constante pour les soldats de l’opération Barkhane. Katiba signifie en
arabe un groupe armé et le Macina est un ancien État guerrier de l’ouest
du Mali, à la frontière nord du Burkina Faso et jusqu’au sud de la
Mauritanie. En français, le groupe est régulièrement appelé “Front de
libération du Macina”.
Présent au sein d’une “multinationale du terrorisme”
Fondée en 2015 et principalement active dans la région de Mopti, la
Katiba Macina a gagné en influence ces dernières années. Depuis mars
2017, elle a rejoint le JNIM, une “multinationale du terrorisme” pour citer les mots de la sénatrice Nathalie Goulet,
spécialiste des questions jihadistes. Cette alliance de multiples
factions regroupe par exemple Ansar Dine, des branches d’Al-Qaeda au
Maghreb islamique, des combattants du défunt Mujao et du MNLA etc. Bref,
de la plupart des factions qui font planer une menace jihadiste
omniprésente sur le Sahel depuis 2012.
Africa Center @AfricaACSS
The Sahel’s fastest growing Islamist group, the
Macina Liberation Front or Katiba Macina first arrived on the scene in
January 2015, claiming that it would seek to “reinstall the Islamic
Macina Republic” that ruled the region in the 17th century.https://africacenter.org/spotlight/confronting-central-malis-extremist-threat/ …
Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique,
alors que les exactions islamistes ne cessent d’augmenter en nombre
dans la région depuis 2016, c’est bien la Katiba Macina qui perpétue la
plupart des attaques. Des attentats qui ne touchent pas seulement le
Mali, mais aussi de plus en plus fréquemment le Burkina Faso et le
Niger.
Et la Katiba Macina affiche clairement ses objectifs: l’organisation
veut rétablir la “République islamique du Macina”, du nom d’un Empire du
XIXe siècle où était appliquée la loi islamique et qui s’étendait sur
de vastes régions du centre du Mali. Aujourd’hui, elle compte accaparer
le soutien populaire et faire sécession vis-à-vis de l’État malien.
Le groupe a été fondé par Amadou Koufa, un prêcheur modéré qui s’est
progressivement radicalisé, notamment au contact d’autres leaders
jihadistes de la région. Après avoir été formé militairement en 2012 au
sein du groupe Ansar Dine jusqu’à mener des attaques contre les
autorités maliennes et à faire une percée en direction de Bamako, il
s’est vu opposer une réponse internationale: l’opération Serval.
Des liens profonds avec d’autres groupes jihadistes
Battant en retrait et œuvrant davantage dans l’ombre, il a alors
commencé à se constituer un réseau d’alliés, à partir d’anciens membres
d’autres groupes jihadistes. Puis en 2015, donc, il a officiellement
fondé la Katiba Macina et perpétré plusieurs attentats massifs, dont l’attaque contre l’hôtel Byblos, à Sévaré, ou celle du Radisson de Bamako, qui a fait 22 morts.
À l’heure actuelle, le groupe serait responsable de la mort d’une
centaine de soldats maliens, via des attentats suicides, des attaques
armées et des poses de bombes. Sur le conseil d’Aqmi,
le groupe a longtemps réussi à rester sous les radars de
l’antiterrorisme international, dissimulant avec talent ses liens avec
des groupes étrangers. Selon les informations du Monde,
ce seraient d’ailleurs des jihadistes burkinabés affiliés à l’État
islamique qui auraient tenté de remettre les otages à la Katiba Macina
(proche, elle, du rival jihadiste Al-Qaeda). Une preuve supplémentaire
de l’importance prise par l’organisation dans la région et de ses
rapports profonds avec d’autres groupes terroristes.
Aujourd’hui, et malgré le possible décès d’Amadou Koufa
dans une frappe de l’opération Barkhane fin 2018 (mort qui a été
réfutée par des chefs jihadistes et dont les autorités françaises
doutent également), la Katiba Macina reste donc l’une des menaces les
plus puissantes dans la région. Sans l’intervention des forces spéciales
françaises, elle pourrait même être en possession de quatre otages
occidentaux. À en croire le général d’armée François Lecointre, si elle
avait pu se faire transférer les prisonniers, il n’aurait plus été
possible d’intervenir militairement pour les libérer.
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