Européennes : un élu Insoumis appelle à voter Rassemblement national
Andrea Kotarac, conseiller régional LFI, va quitter son parti et
voter pour le Rassemblement national le 26 mai prochain. Il veut « faire
barrage » à Macron.
Source AFP
Modifié le 15/05/2019 à 06:09 – Publié le 14/05/2019 à 21:06 | Le Point.fr
Andrea Kotarac a dit souhaiter « faire baisser le plus bas possible
le score de LREM, au niveau du charisme de Nathalie Loiseau ». Il a
précisé avoir rencontré la présidente du parti d’extrême droite Marine
Le Pen qui l’a « rassuré » sur les questions sociales. « Elle m’a
appelé, elle m’a soutenu dans la tourmente. » « Je n’adhère pas au RN,
mais le contexte politique actuel nécessite un barrage à Emmanuel
Macron. Si Emmanuel Macron est en tête, il va accélérer ses réformes
antisociales », a ajouté l’élu.
« On ne défend plus les intérêts du peuple mais ceux de la gauche (…) J’ai décidé de quitter @FranceInsoumise (…) Mélenchon n’est pas un dicateur ou Dracula (…) mais sa pensée est minoritaire au sein de LFI. » pic.twitter.com/c5aBlO5qEv
La participation de ce militant, partisan d’une ligne très
souverainiste, à un forum en Crimée en avril organisé par Vladimir
Poutine avait fait polémique chez LFI. « On a oublié cette pensée
souverainiste, républicaine, laïque », a plaidé Andrea Kotarac. À propos
de l’immigration, que combat le RN, il a dit « (préférer) que les gens
vivent dignement, fièrement, chez eux sans qu’ils aient à risquer leur
vie » dans un autre pays.
Le RN a salué dans un communiqué « le courage et la lucidité de cet
élu réellement insoumis, qui a compris que la dynamique du RN était la
seule capable de stopper la politique d’Emmanuel Macron et avec elle, la
soumission de la France à la politique néfaste de l’Union européenne ».
Andrea Kotarac a précisé par la suite sur son compte Twitter qu’il
allait rendre son mandat de conseiller régional. Il avait été élu
en 2015 sur la liste PS/MRC/EELV/PG du socialiste Jean-Jack Queyranne et
siégeait depuis au sein du groupe Rassemblement citoyen écologiste
& solidaire (RCES).
Elliott Aubin, élu LFI dans le 1er arrondissement de Lyon et « ami »
de longue date de Andrea Kotarac, s’est dit « abasourdi » et « sidéré »
par la nouvelle, en évoquant sur Twitter « une cynique trahison
politique à quelques jours d’un scrutin ».
« Incompréhension, trahison. Condamnation absolue. On ne combat pas
Macron avec le RN. On combat les deux quoi qu’il en soit », a tweeté de
son côté Benoît Schneckenburger, candidat en 12e position sur la liste
de LFI pour les élections européennes.
Andrea Kotarac : Incompréhension, trahison.
Condamnation absolue . On ne combat pas Macron avec le RN. On combat les
deux quoi qu’il en soit.
Après le départ d’Andréa Kotarac, conseiller régional LFI, qui a appelé à voter pour le RN, c’est un nouveau coup dur dont La France
insoumise se serait bien passée dans la dernière ligne droite de ces
élections européennes. Le philosophe Henri Peña-Ruiz, membre du Parti de
gauche, et auteur du dernier cours à l’école de La France Insoumise sur
la laïcité, a décidé de soutenir Ian Brossat, la tête de liste du Parti communiste, au détriment de Manon Aubry, tête de liste LFI, le parti de Jean-Luc Mélenchon.
« Je souhaite un beau succès à Ian Brossat et à sa liste pour que la
France de notre regretté Jean Ferrat parle haut et fort à Bruxelles »,
écrit-il dans un texte de soutien que Le Point s’est procuré en exclusivité (lire encadré).
« La disparition du Parti communiste serait une catastrophe absolue »
L’intellectuel a-t-il des griefs envers LFI et Jean-Luc Mélenchon ?
« Pas du tout, pas du tout. Je craignais cette réaction. Je suis
toujours un compagnon de route de LFI. Mais la disparition du Parti
communiste serait une catastrophe absolue », minimise-t-il. Pourtant, un
de ses amis nous assure qu’il a été « très affecté » par la mise à l’écart de Charlotte Girard,
militante très populaire à LFI, après que celle-ci a exprimé des
réserves à l’égard de Sophia Chikirou, proche de Jean-Luc Mélenchon.
Mais il refuse de s’associer publiquement aux critiques exprimées par
plusieurs cadres qui ont claqué la porte sur le manque de démocratie
dans l’appareil. « S’il y a des problèmes à La France insoumise, c’est
aux militants de La France insoumise de les résoudre », explique-t-il.
Contactés, Manon Aubry et Manuel Bompard n’ont pas répondu à nos
sollicitations.
« Ian Brossat fait honneur à la politique et au communisme »
« Ian Brossat fait honneur à la politique et au communisme. Il mène
brillamment campagne en faisant le pari de l’intelligence et de la
culture. Dans « communisme » il y a commun. Commun à tous les êtres
humains. Au-delà des amalgames injustes qui ont tenté de disqualifier
l’idéal communiste, il est grand temps de rappeler ce sens du bien
commun, de l’intérêt général, et de la solidarité qu’implique la notion
de communisme. Souvenons-nous du Front populaire, de la résistance au
nazisme, puis de la Libération, avec l’œuvre inoubliable d’Ambroise
Croizat, ministre communiste qui créa la Sécurité sociale. Oui, le Parti
communiste français a joué un rôle décisif dans l’histoire de notre
pays. Notamment pour promouvoir le progrès social. Aujourd’hui, face à
la morgue de classe de M. Macron, et à sa politique dévastatrice pour
les plus démunis, il nous faut un Parti communiste fier de son histoire,
et décidé à jouer un rôle moteur dans le rassemblement des forces de
progrès. Karl Marx disait que la classe ouvrière est une classe
universelle en ce sens qu’en se libérant de l’exploitation capitaliste
elle libère l’humanité tout entière. Transposé à l’âge de la
mondialisation capitaliste, et appliqué à tous ceux qui ont à lutter
contre l’injustice sociale, ce propos est d’une vive actualité. Y
compris à l’échelle de l’Europe, enchaînée naguère par Jean Monnet au
capitalisme et à l’atlantisme pro-américain, et qui n’est qu’une
caricature de la belle idée européenne telle que l’a rêvée Victor Hugo.
Le poète voulait une Europe du progrès culturel et humain, non une
Europe de la concurrence libre et non faussée, qui fait du social un
résidu facultatif. Le sens de la justice sociale ne doit pas se réduire
au supplément d’âme d’un monde sans âme. Au Parlement européen, les élus
communistes ne manqueront pas de combattre une économie dévoyée par des
financiers indifférents au sort des laissés pour compte. Il est temps
de refonder l’Europe sur la justice sociale et la responsabilité
écologique, sans oublier la laïcité, idéal d’émancipation plus actuel
que jamais. Je souhaite un beau succès à Ian Brossat et à sa liste pour
que la France de notre regretté Jean Ferrat parle haut et fort à
Bruxelles. » Henri Peña-Ruiz Philosophe, écrivain, maître de conférences
à Sciences Po Paris.
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