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vendredi 21 septembre 2018

Le chômage nuit gravement à la santé







Voilà enfin des gens qui abordent normalement le problème de la santé des chômeurs.

Pour d’autres qui comme moi se sont gravement heurtés aux déviants du tout « microcosme » brestois sur cette question, les lire ou de les entendre fait un bien fou.

Je rappelle l’antienne locale à ce sujet : le chômage et ses difficultés diverses et variées ne provoquent ni troubles anxieux ni dépressions réactionnelles ni suicides, non, non, non, ce sont des décompensations des pathologies psychiatriques dont sont atteints les chômeurs – tous les chômeurs et futurs chômeurs – qui ont d’abord causé leur licenciement ou perte d’emploi, puis leur chômage, lequel, en tant que conséquence de la maladie mentale, en est aussi une manifestation, un symptôme, une caractéristique.

Mettez-moi tous ces chômeurs à l’HP et en AAH et qu’on en parle plus, le problème est réglé : Pôle emploi disparaît et plus personne ne paie tous ces fainéants ou ces incapables à ne rien faire.

Je ne plaisante pas. C’est réellement ce que soutiennent la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest et tous ses amis de la bien-pensance brestoise : Richard Ferrand et autres politiciens de Plougastel et des environs, fonctionnaires, médecins, notamment ceux des services psychiatriques du CHU de Brest.

Ces derniers insistent aussi sur la « faute » originelle du chômeur, celle qui a causé son licenciement : il est bien coupable. Et doublement coupable comme « escroc » de la collectivité tout le temps passé à ne rien faire aux frais de la princesse…


https://actu.orange.fr/france/les-effets-nefastes-du-chomage-sur-la-sante-magic-CNT0000016FV75.html

Les effets néfastes du chômage sur la santé


Les effets néfastes du chômage sur la santé 
©Panoramic

6Medias, publié le jeudi 20 septembre 2018 à 08h58

L’association Solidarité nouvelles face au chômage vient de publier un rapport inquiétant sur l’état de santé des personnes sans emploi.

Le risque de mortalité est plus élevé chez un chômeur que sur le reste de la population. C’est ce qui ressort du rapport de l’association Solidarité nouvelles face au chômage (SNC) intitulé « la santé des chercheurs d’emploi, un enjeu de santé publique », publié ce jeudi 20 septembre et dévoilé par Le Parisien.

Un risque accru qui s’explique par les « comportements à risque » des personnes sans emploi. « Alimentation moins saine, baisse de l’activité physique, addictions plus nombreuses, privation de soins », détaille Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Parmi les maladies qui touchent le plus les chômeurs : les maladies cardiovasculaires (infarctus, insuffisance cardiaque, AVC…) ainsi que les cancers.

Selon le rapport, entre 10 000 et 14 000 décès chaque année sont « imputables » au chômage, soit « une surmortalité de 300% par rapport au reste de la population », estime l’Inserm. Par ailleurs, le chômage augmenterait également le nombre de suicides. « Il est vécu comme une épreuve qui s’accompagne de stress et d’anxiété, mais aussi d’un profond sentiment de honte et de culpabilité », souligne le rapport.

Parmi les pistes proposées par l’association Solidarité nouvelles face au chômage pour améliorer la qualité de vie des personnes sans emploi : « la mise en oeuvre d’un accompagnement plus global par les pouvoirs publics », rapporte Le Parisien.



http://www.lepoint.fr/societe/pas-de-boulot-ni-la-sante-la-double-peine-des-chomeurs-20-09-2018-2252830_23.php

Pas de boulot ni la santé : la double peine des chômeurs


Une étude souligne que le chômage pourrait provoquer la mort de 10 000 à 15 000 personnes par an. Un problème largement sous-évalué.


Source AFP
Publié le 20/09/2018 à 08:05 | Le Point.fr

Le sujet de la sante des chomeurs est << sous-estime collectivement >> et continue de faire l'objet de tres peu d'etudes scientifiques.
Le sujet de la santé des chômeurs est « sous-estimé collectivement » et continue de faire l’objet de très peu d’études scientifiques.© PASCAL GUYOT / AFP

Stress, perte de sommeil, problèmes cardiovasculaires, addictions, diabète, dépression… Perdre son travail et avoir du mal à en retrouver nuit gravement à la santé, mais celle des chômeurs reste un sujet tabou en France. « On a imposé de rouler à 80 km/h pour éviter 400 morts par an - c’est très bien -, mais là on parle de 10 000 à 15 000 morts par an ! Et qu’est-ce qu’on fait ? » tempête Michel Debout, professeur de médecine légale et psychiatre, auteur du livre Le Traumatisme du chômage.

Vertigineux, le chiffre de 10 000 à 14 000 décès imputables au chômage est issu d’une étude réalisée par Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm, publiée en 2015. Cette étude montre que « vous avez trois fois plus de risques de décéder si vous êtes chômeur », rappelle-t-il. Comme le souligne l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) dans un rapport publié jeudi et que l’Agence France-Presse s’est procuré, le sujet de la santé des chômeurs est « sous-estimé collectivement » et continue de faire l’objet de très peu d’études scientifiques.

À 60 ans, Marie-France a connu plusieurs périodes de chômage, notamment depuis 2010 lorsqu’elle a changé de secteur, après avoir été « pendant vingt-cinq ans secrétaire d’avocat », raconte-t-elle à l’Agence France-Presse. À deux ans de la retraite, son contrat d’auxiliaire de vie scolaire, un CDD d’un an à mi-temps payé 825 euros, n’a pas été renouvelé. Elle vit chez sa mère, évoque sa « honte » d’être au chômage, raconte son moral dans les chaussettes, ses « trente kilos accumulés », une hypothyroïdie, alors qu’elle se décrit comme quelqu’un de « battant » et d’« optimiste ». Elle renonce parfois à des soins et n’a pas de mutuelle.

Lire aussi Pôle emploi : une offre sur deux ne serait pas valable

Souffrances psychologiques


Madeleine Cord, qui coordonne le réseau de psychologues de l’association SNC, connaît bien les souffrances psychologiques des chômeurs. Elle a décidé de lancer le réseau le jour où une demandeuse d’emploi lui a dit : « À 9 heures du matin, j’ai dit au revoir à mon fils et je lui ai dit qu’il ne va peut-être plus me revoir ce soir. » « Au moment du chômage, les fragilités remontent à la surface », explique-t-elle, avec « isolement » et « sentiment de dévalorisation ». « L’une des incidences les plus importantes, ce sont les addictions », souligne-t-elle. Elle plaide pour que la souffrance psychique liée au chômage soit introduite dans la formation des professionnels de santé et du personnel de Pôle emploi.

Pour approfondir la question, Pierre Meneton conduit un nouveau programme de recherche, basé sur les données de la « cohorte Constances », vaste enquête de santé publique française lancée en 2013 et qui suit 200 000 volontaires. Il veut essayer de savoir si « les effets sur la santé des chômeurs diffèrent entre les hommes et les femmes, selon l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, les conditions de travail précédentes », explique-t-il.

Problème de santé publique


Il y a trois ans, quand son étude est sortie, lui et Michel Debout ont vu débarquer une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour plancher sur le sujet. Trois ans plus tard, ils n’ont toujours pas vu la couleur du rapport de l’Igas, regrette le chercheur à l’Inserm. « Politiquement, c’est sensible, décrypte-t-il. En dehors du drame humain que cela représente, c’est un problème de santé publique en plus ! » Et ce, sur fond de chômage qui ne baisse pas et d’assouplissement du Code du travail. Au deuxième trimestre 2018, le nombre d’inscrits à Pôle emploi, avec ou sans activité, s’est établi à un record de 5,94 millions.

À 40 ans, Stéphanie a perdu son emploi au moment de sa grossesse. Elle raconte « la violence de l’administration » entre la Caf, Pôle emploi et la Sécu. Elle connaît alors une multiplication d’angines bactériennes, des ennuis gynécologiques à répétition, puis une dépression. Faute d’argent, elle a parfois renoncé à des soins de suivi, comme des échographies, explique-t-elle. Trop heureuse de retrouver ensuite un emploi, elle se « surinvestit professionnellement ». Résultat : burn-out. « Un chômeur en mauvaise santé a plus de difficultés à retrouver du travail qu’un chômeur en bonne santé », constate Michel Debout. Alors, « ne serait-ce que d’un point de vue purement économique, il y a tout à gagner à ce que les chômeurs soient en bonne santé ».

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Stress, dépression, addictions : être chômeur nuit gravement à la santé


Stress, dépression, addictions : être chômeur nuit gravement à la santé
La mauvaise santé des chômeurs est un problème sous estimé (CHAMUSSY/SIPA)

La santé des chômeurs est plus mauvaise que celle des salariés. Un sujet encore tabou en France dit une étude publiée ce jeudi.


Par L’Obs
Publié le 20 septembre 2018 à 11h37


Stress, perte de sommeil, problèmes cardio-vasculaires, addictions, diabète, dépression… Perdre son travail et avoir du mal à en retrouver nuit gravement à la santé. Pourtant, le sujet de la santé des chômeurs est « sous-estimé collectivement » et continue de faire l’objet de très peu d’études scientifiques, affirme l’association Solidarité nouvelles face au chômage (SNC) dans un rapport publié jeudi 20 septembre.

« Politiquement, c’est sensible »


Vertigineux, le chiffre de 10.000 à 14.000 décès imputables au chômage qu’avance le nouveau rapport est issu d’une étude de 2015 réalisée par Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm. « Vous avez trois fois plus de risques de décéder si vous êtes chômeur », rappelle-t-il. Quand son étude est sortie, il a vu débarquer une mission de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) pour plancher sur le sujet.

Trois ans plus tard, il n’a toujours pas vu la couleur du rapport. « Politiquement, c’est sensible », décrypte-t-il. « En dehors du drame humain que cela représente, c’est aussi un problème de santé publique ». Et ce sur fond de chômage qui ne baisse pas et d’assouplissement du Code du Travail. Au deuxième trimestre 2018, le nombre d’inscrits à Pôle Emploi, avec ou sans activité, s’est établi à un record de 5,94 millions.

Isolement et dévalorisation


Le rapport pointe aussi une multiplication des contrats à durée déterminée (CDD), et pour des périodes de plus en plus courtes. « Cela a pour conséquence de maintenir les salariés concernés dans une situation faite d’alternance d’emploi et de chômage qui tend à les enfermer durablement dans la précarité », souligne l’étude. Les individus en situation d’emploi précaire ou de chômage sont deux fois plus nombreux que les salariés ayant un emploi stable à estimer que leur état de santé n’est pas satisfaisant.

« Au moment du chômage, les fragilités remontent à la surface avec l’isolement et le sentiment de dévalorisation », explique Madeleine Cord, membre du réseau de psychologues de l’association SNC, avec « isolement ». « L’une des incidences les plus importantes, ce sont les addictions », souligne-t-elle. Elle plaide pour que la souffrance psychique liée au chômage soit introduite dans la formation des professionnels de santé et des personnels de Pôle Emploi.

Cercle vicieux


De leur côté, les chômeurs renoncent davantage aux soins que les autres, en partie pour des raisons financières. Double peine pour les demandeurs d’emploi, donc, voire un cercle vicieux : « Un chômeur en mauvaise santé a plus de difficultés à retrouver du travail qu’un chômeur en bonne santé », constate Michel Debout, auteur du livre « le Traumatisme du chômage ».

Face à ces constats, l’étude livre quelques pistes pour un soutien accru des chômeurs en matière de santé. Parmi elles, une meilleure information sur leurs droits, une couverture complémentaire plus large, et la mise en place de moyens luttant contre l’isolement.  »Ne serait-ce que d’un point de vue purement économique, affirme Michel Debout, il y a tout à gagner à ce que les chômeurs soient en bonne santé ! »

L.D. avec AFP

L'Obs
L’Obs


https://www.liberation.fr/france/2018/09/20/stress-hypertension-addiction-le-chomage-nuit-a-la-sante_1680071

Stress, hypertension, addiction : le chômage nuit à la santé


Par Amandine Cailhol — 20 septembre 2018 à 16:45

Peu à peu, Pôle Emploi travaille à former ses conseillers afin de les aider à aborder le sujet de la santé (mentale ou non) avec les allocataires. Photo Pascal Guyot. AFP

«Sous-estimés», les effets de l’inactivité subie sur la santé physique et psychique sont multiples, selon l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC). Dans un rapport publié jeudi, elle appelle les pouvoirs publics à mieux prendre en charge des «chercheurs d’emploi».


  • Stress, hypertension, addiction : le chômage nuit à la santé

Pathologies cardiovasculaires, addictions, aggravations de maladies chroniques, telles que le diabète ou l’hypertension, stress, anxiété, dépression pouvant mener au suicide. Selon l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), «plusieurs risques bien connus en santé publique ont des incidences beaucoup plus fortes chez les personnes au chômage que dans la population générale ou dans celle des travailleurs actifs de caractéristiques comparables». Autrement dit : «Le chômage nuit à la santé.»

Les «chercheurs d’emploi», comme préfère les appeler l’association, sont deux fois plus nombreux que les salariés ayant un emploi stable à estimer que leur état de santé n’est pas satisfaisant. Un pourcentage qui devient plus important à mesure que le chômage s’inscrit dans la durée. Ils sont aussi 8 % à déclarer avoir des symptômes dépressifs, contre 4 % pour les actifs occupés (1). Et 39 % à expliquer avoir des troubles du sommeil (contre 31 %). C’est le cas de Mélanie, 47 ans, au chômage de longue durée, qui a confié à l’association ses «problèmes de sommeil et de stress qui s’accompagnent de maux de dos, de problèmes de digestion, d’angoisse et de palpitations».

Sur le plan psychique, l’«humiliation», la «culpabilité» et le «sentiment de dévalorisation» sont autant de réactions liées au chômage qui risque de représenter un cocktail explosif pouvant conduire à la dépression, selon Michel Debout, professeur spécialiste de ces enjeux et médecin, invité à débattre par SNC, lors d’une table ronde, jeudi à Paris.

«Pas fragiles, mais fragilisés»


Publiée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), une étude avait évalué, en 2015, entre 10 000 et 14 000 le nombre de décès imputables au chômage chaque année. Soit plus que le nombre de morts sur les routes. Une surmortalité à relier au risque de maladies, mais aussi aux conséquences de comportements addictifs pouvant être consécutifs à la perte d’emploi. Dans les pages du rapport, Olivier, 51 ans, témoigne : «Quand je me suis retrouvé au chômage, l’alcool a commencé à être une activité, un cocon. […] Cela m’aidait à tenir face au regard des autres, car j’avais le sentiment d’être jugé en permanence parce que j’étais chômeur. J’étais déprimé, angoissé, j’avais des pensées suicidaires. […] Finalement c’est un cercle vicieux qui s’est installé.» Autre chiffre : le risque de suicides est 2,2 fois plus fort pour les chômeurs que pour les actifs occupés.

Le médecin Michel Debout nuance toutefois: «Il ne s’agit pas de stigmatiser ces personnes comme étant malades, mais de dire qu’il y a un risque qu’elles le deviennent. Elles ne sont pas fragiles, mais fragilisées.» Problème, pointe l’association : les impacts du chômage sur la santé des demandeurs d’emploi sont «sous-estimés», le sujet étant très peu étudié. Parmi les pistes d’amélioration, elle propose de mieux informer les chercheurs d’emploi sur leurs droits en matière de santé. Une manière de lutter contre le renoncement au soin, surreprésenté chez les chômeurs. Ou encore de mettre en place un «dispositif de soutien à la santé des chercheurs d’emploi» en partenariat notamment avec Pôle Emploi. Or, pour l’heure, l’agence de placement et d’indemnisation des chômeurs s’avoue démunie sur le sujet.

Chasse aux sorcières


«On ne sait pas grand-chose, y compris à Pôle Emploi, de la santé des demandeurs d’emploi, explique la directrice des partenariats et de la territorialisation de Pôle Emploi, Firmine Duro. Ce n’est pas une compétence pour nous, nous ne savons pas faire.» L’agence travaille toutefois à former ses conseillers afin de les aider à aborder ce sujet avec les allocataires. En 2014, Pôle Emploi a aussi mis en place un «accompagnement global», visant à intégrer les problématiques plus larges des demandeurs d’emploi – logement, mobilité, santé – en partenariat avec d’autres acteurs. Mais pour l’heure, pointe SNC, ces partenariats ne sont «pas généralisés», ni «non plus structurés de façon pérenne».

Pour Jacqueline Farache, membre du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et rapporteure d’un rapport sur le sujet, un bilan de santé et un suivi médical doit être mis en place pour ces publics. De même, un soutien psychologique pourrait être, selon elle, proposé par Pôle Emploi. Autre chantier, pour le professeur Michel Debout, il y a urgence à faire la chasse aux stéréotypes. Et non aux sorcières. «Au lieu de nous dire on va s’occuper de la santé des chercheurs d’emploi, le gouvernement nous dit « on va augmenter les contrôles ». Cela veut dire, en somme, « on va s’occuper des escrocs », s’agace-t-il. Derrière ces propos, il y a une société de défiance. Or, ce qu’il faut, c’est une société de confiance.»

(1) Les pourcentages sont issus de diverses études sur la santé des chômeurs, compactés par SNC.


https://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/les-chomeurs-ont-deux-fois-plus-de-risques-de-se-suicider_2036201.html

Traverser la rue

Chômeurs: « Un risque de suicide deux fois plus élevé »


Propos recueillis par Nathalie Samson, publié le 21/09/2018 à 07:30 , mis à jour à 08:57

Le risque de passage à l'acte suicidaire est de 3% pour la population générale. Il est le double pour les chômeurs.
Le risque de passage à l’acte suicidaire est de 3% pour la population générale. Il est le double pour les chômeurs.afp.com/Philippe Huguen 
 

Dépression, suicide… La santé des chômeurs est préoccupante et pourtant rien ne bouge, s’alarme le Pr Michel Debout.


L’étude publiée par l’association Solidarités nouvelle face au chômage, publiée ce 20 septembre, tire la sonnette d’alarme sur la santé des chômeurs, même si le constat n’est pas nouveau : une étude de l’Inserm montrait déjà en 2015 que 10 000 à 15 000 décès sont dus au chômage chaque année. Que s’est-il passé depuis trois ans? Rien, dénonce Michel Debout, professeur émérite de la médecine légale et du droit de la santé au CHU de Saint-Etienne (1) et auteur du Traumatisme du chômage. Entretien

L’EXPRESS : Comment le chômage nuit-il à la santé des chômeurs?

Michel Debout : Qu’il s’agisse d’un licenciement individuel, d’un plan social, d’un dépôt de bilan pour les artisans et commerçants ou de la fermeture de l’exploitation agricole pour les agriculteurs, la perte d’emploi est un événement traumatique. Les personnes vont être fragilisées, notamment sur le plan psychologique.

TÉMOIGNAGE >> « J’ai vécu mon dépôt de bilan comme une honte, une infamie »

Beaucoup ont souvent un moment de sidération, certaines peuvent même avoir une angoisse de mort. Imaginez : après trente ans dans la même maison, on vous dit tout d’un coup que vous n’avez plus rien à y faire. Le choc peut être violent, voire humiliant. Les gens disent souvent qu’ils ont été jetés comme des kleenex. Ce contexte est le point de départ.

Cela peut s’arrêter là si la personne trouve un emploi. Mais pas n’importe lequel : il faut qu’il convienne, qu’il corresponde à sa qualification, à ses compétences, à ce qu’elle aime faire.

Les chômeurs ont-ils des comportements à risque?

Le risque de passage à l’acte suicidaire est de 3% pour la population générale, il est du double pour les chômeurs.

ENTRETIEN >> « Quand on est au chômage, on se détruit physiquement et psychologiquement »

Que se passe-t-il si le chômage dure?

Les réactions dépendent de trois facteurs essentiels. Tout d’abord, les capacités que l’on a à réagir à une situation traumatique, la résilience. La plupart du temps, quand ils perdent leur travail, les individus ne restent pas anxieux et rebondissent.

Mais ce n’est pas le cas pour tous. Du fait de la sidération, de l’état de stress, avec l’angoisse qui monte, certains chômeurs deviennent irritables. Ils peuvent se sentir coupables de ce qui leur arrive et se remettent en cause. Pensent ne pas être à la hauteur, ne pas avoir la bonne formation, ils se dévalorisent.

Le risque, alors, est de sombrer dans la dépression, de s’isoler. De ne plus voir ses amis à qui on estime ne pas avoir grand chose à raconter…

LIRE AUSSI >> Chômage. « La perte d’un emploi renvoie à une mort symbolique »

Deuxième élément entrant en ligne de compte, la famille : le (la) conjoint(e), les enfants. Un nombre important de couples se séparent à ce moment-là. Les salariés de Conti ont mené une étude. Au bout d’un an, presque la moitié des 300 salariés qui avaient perdu leur emploi s’étaient séparés.

Le dernier point, c’est le regard négatif de la société. Dire que si les chômeurs ne trouvent pas d’emploi, c’est parce qu’ils n’en cherchent pas est à la fois humiliant et culpabilisant. Cela remet en cause leur loyauté, alors qu’ils ont besoin de retrouver confiance en eux et dans les autres. Aujourd’hui, on fait l’inverse. Au lieu de faire de la santé et de la prévention, on augmente les contrôles et, par là, on augmente la défiance.

Quand le président dit « Je traverse la rue, je vous trouve du travail », ça vous choque?

Malheureusement, le discours ambiant, comme celui entendu à l’Elysée dimanche dernier (« Je traverse la rue… »), va dans le sens d’une mise en accusation. On dit au chômeur : vous n’êtes même pas capable de retrouver un travail. Il ne pose pas la question pourtant essentielle de la qualité de l’emploi.

REPORTAGE >> Les coulisses du contrôle des chômeurs

Aujourd’hui, on peut vous proposer des postes précaires, des contrats de moins d’une semaine. C’est violent pour quelqu’un qui avait un emploi stable, des compétences. Il ne va pas accepter de faire la plonge pendant une journée, non parce que la plonge est dévalorisante, mais par rapport à son parcours de vie.

Des chômeurs de 50-60 ans ont encore besoin de retrouver des postes pérennes, car ils ont des responsabilités, des dettes matérielles qui peuvent parfois les miner : ils ne peuvent pas payer de vacances à leurs enfants… Ils sont pris dans une spirale qui les tire vers le bas, alors qu’il faudrait les accompagner.

Quelles sont les solutions?

La première piste possible est d’expliquer au chômeur ce qui peut arriver à sa santé, même si ce n’est pas une fatalité. Derrière l’angoisse et la dépression, il y a aussi la rechute de certaines maladies, des problèmes cardio-vasculaires, avec des hyper-tensions, parfois des infarctus. Il y a aussi beaucoup d’addictions. Un ancien fumeur sur deux reprend le tabac à ce moment-là.

Plus concrètement…

Quand on trouve un emploi, on a une visite d’embauche. Il devrait y avoir une visite sur ce modèle lorsque l’on perd son emploi, pour faire un bilan. Si la personne a déjà des problèmes de santé, c’est l’occasion de lui en parler.

L’ÉTUDE >> Le chômage tuerait entre 10 000 et 20 000 personnes par an

Sinon, on l’encourage à faire ce qu’il faut pour retrouver un emploi, pour qu’elle se réinscrive dans un cercle vertueux. L’important est de ne pas la désaffilier du travail. Lui dire qu’elle est toujours un travailleur potentiel, c’est le message à lui faire passer pour ne pas la dévaloriser.

On parle de ce que représente le travail pour elle : celui qu’elle a dû quitter, mais aussi celui qu’elle voudrait reprendre, le sens qu’elle lui donne, plutôt que de lui parler de sa vie de chômeur. C’est essentiel car le travail a changé, s’est modifié, raréfié. Les gens sont perdus.

L’autre élément clef, c’est de créer le lien social. Quand on perd son emploi, il y a souvent un repli sur soi et même une désocialisation. C’est le symptôme de la robe de chambre : on perd le rythme et, en restant chez soi, on perd le contact humain. C’est pour cela que l’action des associations est primordiale. Les expériences comme Territoires zéro chômeurs sont aussi une piste importante.

Que peuvent faire les pouvoirs publics?

Quand quelqu’un est victime d’une agression, on met en place une cellule d’accompagnement psychologique. Pourquoi n’accompagnerait-on pas les chômeurs de la même façon ? On recense 10 000 à 15 000 morts chaque année, sans compter ceux qui sont en mauvaise santé. Pourquoi le gouvernement ne prévoit-il pas un plan pour lutter contre ce fléau, comme il l’a fait pour les accidents de la route?

Le président a dit qu’il fallait aider les pauvres à sortir de la pauvreté. Il faut tout faire pour que les demandeurs d’emploi ne sombrent pas dans la pauvreté. La santé des chômeurs doit devenir une question de santé publique.

Vous étudiez la question depuis de nombreuses années, l’écho est-il plus favorable aujourd’hui?

Quand j’ai sorti en 2015 Le traumatisme du chômage, j’ai rencontré le ministre de la Santé de l’époque. Une mission a été mise en place sur la question, ainsi que deux inspections (Igas et inspection du travail). Les deux inspecteurs m’ont reçu en avril 2015. Aucun rapport n’a jamais été publié. Rien n’a été fait pour améliorer la santé des chômeurs.

Ce n’est pas un problème d’orientation politique. Il n’y pas pas de prise de conscience. Les chômeurs n’ont pas besoin qu’on les montre du doigt, ils ont besoin qu’on leur tende la main.

(1) Michel Debout est professeur émérite de la médecine légale et du droit de la santé au CHU de Saint-Etienne. Il est aussi membre du Cese auteur de rapports sur la prévention du suicide et sur la santé des travailleurs.

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