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lundi 3 septembre 2018

Gérald Darmanin serait-il dur de la feuille ?


Gérald Darmanin ne serait pas bien informé sur les intentions du président quant au prélèvement de l’impôt à la source.

Il semble surtout ne pas bien comprendre ce que disent son chef de gouvernement et son président : non, c’est non.

Les entend-il ?

Ces deux-là ne seraient-ils pas en train d’expérimenter le même genre de quiproquo que les deux femmes qui accusent déjà le ministre de viol ou d’abus de faiblesse ?

Et que dire de la démission surprise de Nicolas Hulot, lui aussi accusé de viol ?

Son annonce radiophonique est-elle protocolaire ?

N’aurait-il pas quelque peu brutalisé son monde, président, chef de gouvernement et journalistes ?


https://www.lexpress.fr/actualite/macron-et-ses-deux-boulets_2033548.html

Macron et ses deux boulets

Par Corinne Lhaïk, publié le 03/09/2018 à 12:16 , mis à jour à 12:41

Le président français Emmanuel Macron lors de sa visite officielle à Helsinki, en Finlande, le 30 août 2018
Le président français Emmanuel Macron lors de sa visite officielle à Helsinki, en Finlande, le 30 août 2018 afp.com/Jacques Witt

Prélèvement à la source, remaniement : le président feint d’organiser des événements qui lui échappent.


Emmanuel Macron déteste que les coulisses du pouvoir s’étalent sur la place publique ; il n’aime pas être soumis à la pression et quand les événements lui échappent, il a du mal à feindre d’en être l’organisateur… Anticipation, détermination, secret sont les trois ressorts de la méthode macroniste. Ou plutôt « étaient », car tout se dérègle et pour reprendre un mot que le chef de l’Etat affectionne, c’est le bordel.

La rentrée est meurtrière et le pire, comme le dit joliment Catherine Nay ( Europe 1, le 1er septembre), c’est que Macron « tient le couteau ». Les hésitations sur le prélèvement à la source montrent que le patron de l’exécutif a la main qui tremble; le choix d’un successeur à Nicolas Hulot s’improvise sur les plateaux de télévision.

Responsable de ses ennuis, le président ? Il est à l’évidence à la manoeuvre sur le pataquès du prélèvement à la source. A l’origine, c’est une interview d’Edouard Philippe dans Le Journal du dimanche (26 août) qui crée le doute. « Nous ferons le point sur la préparation de cette réforme dans les prochaines semaines », dit le Premier ministre. On croyait que tout était prêt, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, venait d’adresser une lettre à tous les contribuables pour leur détailler, une fois de plus, une réforme prévue pour janvier 2019. Malgré les propos du Premier ministre, il persiste à affirmer que les fiches de paie seront bien prélevées de l’impôt sur le revenu dès le début de l’année prochaine. C’est le début du couac.

Macron « plutôt » favorable au prélèvement à la source


Après quatre jours de trouble, Emmanuel Macron entre en scène. En visite en Finlande, le président de la République jette une bombinette : le jeudi 30 août, il se dit « plutôt » favorable à la réforme, mais il veut s’assurer que tout est techniquement au point. On comprend alors que l’interview d’Edouard Philippe n’est pas une fantaisie de Matignon. Ce texte a été relu par l’Elysée comme c’est la règle, et selon nos informations, la phrase sur le prélèvement à la source a fait l’objet d’une attention particulière d’Emmanuel Macron. Elle n’est pas le fruit d’une distraction. Le président a donc délibérément porté le sujet sur la place publique. Dans quel but ?

Ecoutez Anne Rosencher parler de la « rentrée horribilis » d’Emmanuel Macron, plombée par les affaires, les départs et les prélèvements (sur SoundCloud).

Les exégèses se multiplient. Celle qui tient le mieux la route, c’est la crainte de l’effet pouvoir d’achat : les Français risquent de subir un choc en voyant leur fiche de paie de fin janvier amputée de 100, 200 euros et plus. Même si on leur explique que, par ailleurs, ils ne paieront plus d’impôt sur le revenu. Mais cet effet-là n’était-il pas prévisible ? Pourquoi s’affoler aujourd’hui ? L’autre explication avancée, c’est la peur du gros bug technique, de la pagaille fiscale, de contribuables prélevés à tort et à travers. Là encore, le risque n’est pas nouveau.

Les macronistes tentent de se rassurer


Les macronistes eux-mêmes sont perturbés et reconnaissent qu’ils se seraient bien passés de cette polémique. Pour se remonter le moral, ils se disent que l’hésitation du président est purement tactique. « Emmanuel Macron veut montrer qu’il n’est pas seulement préoccupé de géopolitique, qu’il n’est pas enfermé dans un tête-à-tête avec Merkel ou un combat avec Poutine et Trump, mais qu’il se préoccupe aussi de la vie quotidienne des Français », veut croire ce député de LREM. Selon cette interprétation, en s’emparant de la réforme, Emmanuel Macron en assumerait aussi la responsabilité : si ça marche, c’est grâce à moi. Si ça dévisse, c’est à cause de moi. De même que durant l’affaire Benalla, il avait déclaré que le seul responsable, c’était lui.

Toujours selon cette thèse, la réforme se ferait, mais pourrait être décalée : elle s’appliquerait courant 2019, mais pas en janvier. L’idée serait de laisser quelques mois pour que les Français ressentent bien l’effet positif des mesures pouvoir d’achat de cet automne : principalement, la baisse des cotisations sociales salariales fin octobre et la réduction d’un tiers de la taxe d’habitation durant l’automne. On peut penser également que le gouvernement atteindrait le résultat des élections européennes ( 26 mai 2019) avant le grand saut. Les modalités techniques d’un tel report seraient extrêmement complexes, mais comme le dit ce parlementaire de la majorité :  » On ne demandera pas son avis à l’administration fiscale. »

Coup politique ou coût politique?


Cette piste du report serait donc un coup politique, mais on s’interroge sur son coût politique : un exécutif qui semble hésiter jusqu’au bout quand la fermeté était sa marque de fabrique, un flottement gouvernemental, Gérald Darmanin se semblant pas bien informé des intentions présidentielles.

Ce n’est pas la première fois que Macron contredirait l’action de son gouvernement : le 9 juillet 2017, il recadre le calendrier fiscal tel qu’énoncé par le Premier ministre, le 4 juillet, dans son discours de politique générale. Edouard Philippe semblait reporter la date d’application des mesures en faveur du patrimoine et de l’épargne. Macron corrige. A l’époque déjà, cette volte-face, bien que très rapide, fait désordre. Mais les proches du président défendent le revirement : quand Macron voit que quelque chose cloche, il n’hésite pas à se remettre en question.

Remaniement en direct


C’est ce qu’il semble réitérer aujourd’hui, mais dans un contexte autrement plus difficile que celui de l’été 2017. Entre les affaires (Benalla, Kohler, Nyssen) et les difficultés propres à la gestion du pays (conjoncture, budget), la rentrée est minée pour l’exécutif. « C’est vrai qu’il pleut partout », dit un député proche de Macron. Cela dit, quand l’interview d’Edouard Philippe est publiée, il ne pleut pas encore sur le ministère de la Transition écologique. Nicolas Hulot démissionne deux jours plus tard, le 28 août. Le départ est soudain, il n’était pas imprévisible, tant le ministre de la Transition écologique avait mis sa démission dans la balance depuis qu’il occupe ce poste. Mais l’opération se fait à chaud, en direct à la radio.

Le remplacement aussi : c’est sur LCI que Daniel Cohn Bendit, pressenti pour remplacer Hulot, annonce le résultat de sa rencontre avec le président. Non, il ne succédera pas à Nicolas Hulot, une fausse bonne idée. Ce renoncement accentue le sentiment d’un pouvoir en panne de candidats, d’un Hulot irremplaçable, et d’un départ très dommageable pour l’exécutif. D’ailleurs, afin de limiter les dégâts, certains proches conseillent au président de ne pas procéder à un large remaniement. Un bouleversement accréditerait l’idée d’une équipe bien faible. Ce que ce député exprime sous forme de regret :  » Cohn-Bendit aurait lesté le gouvernement, car il a un spectre beaucoup plus large que la seule écologie. »

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