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mardi 9 octobre 2018

Terrorisme : existe-t-il des relations entre les familles de Dennis Plant et Lofti Souli ?


Il n’y a peut-être strictement aucun rapport entre les parcours de ces deux familles, les destins de leurs membres respectifs.

Cependant, étant donnés les profils quand même assez particuliers des différents lecteurs que m’amène l’activiste Pascal Edouard Cyprien Luraghi, je m’interroge.

Je rappelle qu’il y a toujours eu parmi eux des islamistes, et ce, dès l’année 2010 au moins, des complices de la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest, et donc, forcément, de mes harceleurs des années 1990 et 2000, ainsi que toute une clique assez hétéroclite de psychopathes que Pascal Edouard Cyprien Luraghi attire dans ses filets en exprimant publiquement tous ses fantasmes hyper violents contre les femmes.

Or, parmi tous ces gens-là, j’en repère deux qui ont travaillé dans le même domaine, le père de Robert Plant, assassin d’une joggeuse à Nîmes le 24 janvier 2013, le Britannique Dennis Plant (cf. mon article précédent où j’en ai déjà parlé un peu), et Lotfi Souli, « ministre » présumé des télécoms de l’EI, dont le procès s’est récemment tenu à Paris.

D’où la question que je pose aujourd’hui ouvertement, en connaissant bien évidemment l’importance de ce domaine de compétences de mes harceleurs de tous temps.


https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKCN1M70E5-OFRTP

27 septembre 2018 / 07:30 / il y a 12 jours

Un père et son fils accusés de visées terroristes jugés à Paris


4 MINUTES DE LECTURE

PARIS (Reuters) – Le tribunal correctionnel de Paris se penche jeudi et vendredi sur le cas d’un père et de son fils aîné arrêtés à la frontière turco-syrienne en 2015 sur le chemin du retour en France, après 18 mois en Syrie et soupçonnés d’avoir envisagé des attentats.

Le tribunal correctionnel de Paris se penche jeudi et vendredi sur le cas d’un père et de son fils aîné arrêtés à la frontière turco-syrienne en 2015 sur le chemin du retour en France, après 18 mois en Syrie et soupçonnés d’avoir envisagé des attentats. /Photo d’archives/REUTERS/Stéphane Mahé


Lotfi Souli, ingénieur en télécommunications de 50 ans d’origine tunisienne, a rejoint en octobre 2013 avec ses fils Karim et Mohamed-Emine, alors âgés de 18 et 15 ans, un groupe djihadiste radical, Ahrar al-Cham, puis l’Etat islamique (EI).

Expulsés vers la France après leur arrestation, ils ont raconté aux enquêteurs français qu’ils étaient allés en Syrie pour ramener un camarade de lycée de Karim, Anass Belloum, parti faire le djihad et présumé mort dans des combats à Rakka.

Ils ont nié leur propre engagement djihadiste et dit avoir été séquestrés par l’Etat islamique (EI, Daech).

Mais pour l’accusation, le fait que Lotfi Souli ait vidé ses comptes et ceux de sa société de formation et de conseil, ainsi que son logement, avant de partir démontre qu’il était allé en Syrie “sans volonté de retour”.

De même, l’exploitation des supports informatiques saisis lors de leur arrestation montrent une radicalisation ancienne. L’adhésion de Lotfi Souli aux thèses djihadistes, notamment à celles d’Al Qaïda, remonterait ainsi au début des années 2000.

L’ex-femme de Lotfi Souli, dont elle avait divorcé à la suite de violences conjugales, l’a accusé d’être un “fou extrémiste” en matière religieuse. La famille d’Anass Belloum a pour sa part dénoncé l’influence de Karim Souli sur le lycéen.

Les enquêteurs ont également établi que le père et les deux fils avaient participé à des entraînements militaires et des missions de surveillance armée lors de leur séjour en Syrie.

PILOTAGE ET EXPLOSIFS


Lotfi Souli a soutenu devant les enquêteurs avoir feint son adhésion à Daech mais, pour l’accusation, il avait mis ses compétences d’ingénieur au service de l’Etat islamique, notamment pour mettre en place son réseau de télécommunications.

Karim Souli a raconté durant l’enquête que son père était monté rapidement dans la hiérarchie de Daech jusqu’à en devenir une sorte de “directeur général des télécommunications”.

Les experts ont par ailleurs retrouvé sur un ordinateur saisi, parmi d’autres documents, des manuels de confection d’engins explosifs, des cartes d’aviation, des trajectoires et des procédures d’atterrissage, des clichés de cockpit d’avion détaillant le fonctionnement des instruments.

Pour les enquêteurs, “la finalité terroriste de ces notes de méthodologie de pilotage d’un Boeing ne faisait aucun doute”.

Cette abondante documentation technique est, selon eux, à mettre en relation avec la découverte sur un ordinateur de Lotfi Souli de “recherches effectuées sur Google Maps sur la Tour Eiffel et le pont de Iéna” à Paris.

Or d’autres documents trouvés sur des supports numériques montreraient une fascination de Lotfi Souli pour les commandos des attentats du 11 septembre 2001 à New York.

La saisie d’importantes sommes d’argent sur les Souli, ajoutée à cette documentation, contribue en outre à nourrir de “vives inquiétudes” sur leurs “réelles intentions” et “leurs motivations quant à leur retour sur le sol national”, lit-on encore dans l’ordonnance de renvoi.

Faisaient-ils partie d’une vague de djihadistes envoyée par Daech en Europe pour y commettre des attentats comme ceux du 13 novembre 2015 à Paris ? C’est l’une des questions auxquelles ce procès s’efforcera de répondre.

Lotfi et Karim Souli sont jugés pour association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’actes de terrorisme. Mohamed-Emine Souli, mineur au moment des faits, est pour sa part renvoyé devant le tribunal pour enfants de Paris.

Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse


http://www.rfi.fr/france/20180927-raqqa-pere-fils-juges-paris-lotfi-souli

Après 18 mois à Raqqa, un père et son fils jugés à Paris


Par RFI Publié le 27-09-2018 Modifié le 27-09-2018 à 23:41 
 
 
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Le palais de justice de Paris. Wikimedia Commons / Nitot


A Paris, le tribunal correctionnel se penche depuis ce jeudi après-midi sur le cas d’un père et son fils aîné arrêtés à la frontière turco-syrienne en 2015 sur le chemin du retour en France, après 18 mois passés à Raqqa.

Lotfi Souli, 50 ans, est un scientifique visiblement brillant. Titulaire d’un doctorat, c’est un spécialiste en télécommunications. Mais c’est un bien piètre menteur. Depuis le box des prévenus, il envahit le tribunal avec sa logorrhée. Difficile de suivre le fil.

Il n’a pas voulu se rendre en Syrie, il passait avec ses deux fils des vacances en Turquie, explique-t-il. On l’a invité de l’autre côté de la frontière à bord d’un pick-up roulant à 180 km/h. C’est ainsi, poursui Lotfi Souli, qu’il s’est retrouvé en quelques minutes à Raqqa contre son gré. « J’étais complètement sidéré », affirme-t-il avec sérieux. « Quelle abnégation », lui répond avec ironie la présidente.

Mais l’homme poursuit : « Je ne pouvais plus sortir, j’ai accepté une invitation à la con ». « Prêtez-vous allégeance à l’Etat islamique ? », l’interroge le tribunal. « Non », répond-t-il avec aplomb. « Quand on a les compétences que vous avez dans un secteur aussi sensible que les télécommunications, on n’occupe pas un petit poste », tranche la présidente qui note qu’à Raqqa il était un émir. « Je n’ai donné d’ordres qu’à des petites mains, des Syriens », rétorque, alors glaçant, le prévenu.


https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/09/28/deux-djihadistes-revenant-de-syrie-juges-a-paris_5361467_1653578.html

Terrorisme : à Paris, le procès d’un « ministre » présumé des télécoms de l’EI


Cet ingénieur de 50 ans, parti en Syrie avec ses deux fils entre 2013 et 2015, a tenté de rentrer en France avec des plans qui inquiètent la justice.

LE MONDE | 28.09.2018 à 11h39 • Mis à jour le 28.09.2018 à 21h26 | Par Elise Vincent

La salle des pas perdus du nouveau palais de justice de Paris, le 16 avril 2018.

C’est le procès d’un « revenant » du djihad au profil rare qui s’est ouvert, jeudi 27 septembre, devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Celui de Lotfi Souli, un ingénieur informatique de 50 ans, originaire d’Ermont (Val-d’Oise), spécialisé dans les systèmes réseaux et ayant occupé durant dix-huit mois, entre l’automne 2013 et mai 2015, un poste de « ministre » ou de haut responsable des télécommunications de l’organisation Etat islamique (EI), à Rakka (Syrie). Une aventure dans laquelle il a entraîné ses deux fils, dont l’aîné comparaît aujourd’hui à ses côtés. Le plus jeune sera jugé devant le tribunal pour enfants, le 16 octobre.

Dans la masse du contentieux terroriste jugé ces derniers mois, l’histoire de Lotfi Souli et de ses garçons, tous mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste, a ceci de particulier qu’elle démarre bien avant la vague de départs massifs pour la zone irako-syrienne de 2014. On est seulement en octobre 2013, quand ce chef d’entreprise gagnant très bien sa vie, divorcé, disparaît du jour au lendemain avec ses deux enfants de 15 et 18 ans. Une histoire atypique qui détonne aussi du fait du niveau de qualification des protagonistes. Lotfi Souli a une thèse d’informatique et ses fils sont plutôt brillants à l’école. Lorsqu’ils partent, Karim, le plus grand, vient de décrocher son bac scientifique avec mention.

D’après l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, Lotfi Souli, d’origine tunisienne, était radicalisé depuis longtemps. La découverte de documents dans les supports numériques conservés par le père de famille à son domicile montre qu’il avait, depuis de longues années, une « fascination » pour Al-Qaida et son fondateur, Oussama Ben Laden, tué en mai 2011 par les Américains. La guerre en Syrie, qui démarre la même année, sert d’accélérateur. Le fait que la famille rejoigne ensuite, en Syrie, le groupe rebelle salafiste Ahrar Al-Cham, en particulier…

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La salle des pas perdus du nouveau palais de justice de Paris, le 16 avril 2018.

Terrorisme : à Paris, le procès d’un « ministre » présumé des télécoms de l’EI

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https://www.la-croix.com/France/Souli-terrorisme-famille-2018-09-28-1200972264

Les Souli, le terrorisme en famille


Béatrice Bouniol , le 28/09/2018 à 14h30

Vendredi 28 septembre, le tribunal correctionnel de Paris rend son verdict dans le procès d’un père et de son fils, arrêtés en 2015 à leur retour de Syrie.

La veille, lors de la première journée du procès, le fils est sorti du silence.

Le nouveau Tribunal de Grande Instance de Paris.
Le nouveau Tribunal de Grande Instance de Paris. / Nicolas Kovarik/IP3 Press/MaxPPP

Derrière une paroi vitrée, surveillés par deux policiers, Lotfi et Karim Souli attendent l’acte I de leur procès, « moment crucial du reste de leur vie », comme le soulignera l’avocat de Karim Souli un peu plus tard. Les sourires qu’ils échangent sont ceux d’un père et d’un fils séparés depuis trois ans. À gauche, Lotfi Souli, ingénieur d’origine tunisienne, ancien gérant d’une société de formation et de conseil. À droite, Karim Souli, son fils aîné, étudiant en première année à l’université au moment des faits.Le 8 mai 2015, ils ont été arrêtés à la frontière syro-turque en compagnie du plus jeune fils de Lotfi Souli et frère de Karim, Mohamed-Amine Souli, puis expulsés vers la France et placés en détention. Pour avoir rejoint la zone syro-irakienne en octobre 2013 et intégré les rangs de la katibat d’Abou Jaber puis de l’État islamique, ils doivent répondre « d’association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ».Jeudi 27 septembre… Il reste 80% de l’article à lire.



https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKCN1M82M6-OFRTP
 
28 septembre 2018 / 21:47 / il y a 11 jours

Un père et son fils « revenants » de Syrie lourdement condamnés


4 MINUTES DE LECTURE

PARIS (Reuters) – Le tribunal correctionnel de Paris a lourdement condamné vendredi un père et son fils aîné, accusés de s’être mis au service de l’Etat islamique en Syrie avant d’être arrêtés à la frontière turque en 2015 sur le chemin du retour en France.

Le père, Lotfi Souli, ingénieur en télécommunications de 50 ans d’origine tunisienne, a été condamné à 10 ans de prison dont les deux tiers de peine de sûreté, le maximum en correctionnelle comme l’avait demandé le ministère public.

Son fils Karim, 23 ans, se voit infliger huit ans de prison dont la moitié de peine de sûreté, au lieu de dix ans dont les deux tiers de sûreté requis par le ministère public.

Lotfi Souli avait rejoint en octobre 2013, avec Karim et son cadet Mohamed-Amine, alors âgés de 18 et 15 ans, un groupe djihadiste, Ahrar al-Cham, puis l’Etat islamique (EI), en Syrie, où ils sont restés 18 mois.

Expulsés vers la France après leur arrestation, ils avaient raconté aux enquêteurs français qu’ils étaient allés en Syrie pour ramener un camarade de lycée de Karim, Anass Belloum, parti faire le djihad et présumé mort dans des combats à Rakka.

Ils avaient dit avoir été séquestrés par l’Etat islamique (EI, Daech). Une version de nouveau défendue à la barre par Lotfi Souli, qui a néanmoins admis avoir offert ses services “à ces gens-là” pour “sauver” ses fils et se protéger.

Karim Souli a pour sa part joué devant la cour la carte du repentir – “J’ai dévié (…) Tous les jours j’essaie (…) de me détacher des racines du mal”, a-t-il dit.

La cour en a tenu compte, ainsi que de sa jeunesse à l’époque des faits et de l’ascendant de son père.

TOUR EIFFEL ET PONT D’IÉNA


Mais pour l’accusation, le fait que Lotfi Souli ait vidé ses comptes et ceux de sa société de formation et de conseil, ainsi que son logement, lors de son départ, démontre qu’ils étaient allés en Syrie “sans volonté de retour”.

De même, l’exploitation des supports informatiques saisis lors de leur arrestation montrent une radicalisation ancienne. L’adhésion de Lotfi Souli aux thèses djihadistes, notamment à celles d’Al Qaïda, remonterait ainsi au début des années 2000.

Les enquêteurs ont également établi que le père et les deux fils avaient participé à des entraînements militaires et des missions de surveillance armée lors de leur séjour en Syrie.

Pour l’accusation, Lotfi Souli avait mis ses compétences d’ingénieur au service de l’Etat islamique, notamment pour mettre en place son réseau de télécommunications.

Les experts ont notamment retrouvé sur un ordinateur saisi des manuels de confection d’engins explosifs, des cartes d’aviation et des notes sur le pilotage d’un Boeing. Les enquêteurs ont aussi mis au jour des recherches effectuées sur Google Maps sur la Tour Eiffel et le pont d’Iéna à Paris.

De quoi, avec la saisie de sommes d’argent importantes sur les Souli, alimenter les soupçons sur leurs intentions réelles et la motivation de leur retour en France à une époque où Daech envoyait des djihadistes commettre des attentats en Europe.

Mohamed-Amine Souli, mineur lors des faits, comparaîtra pour sa part le 16 octobre devant le tribunal pour enfants de Paris.

Emmanuel Jarry, édité par Elizabeth Pineau



https://www.liberation.fr/france/2018/09/29/retour-de-syrie-dix-et-huit-ans-de-prison-pour-un-pere-et-son-fils_1682062

Retour de Syrie : dix et huit ans de prison pour un père et son fils


Par Chloé Pilorget-Rezzouk — 29 septembre 2018 à 09:32
Le palais de justice de Paris (photo d’illustration). Photo ZAKARIA ABDELKAFI. AFP
 

Lotfi Souli et son fils aîné Karim, 23 ans, qui avaient rejoint l’organisation Etat islamique en Syrie avant de revenir en France, ont été condamnés vendredi à huit et dix ans de prison. Ils sont soupçonnés d’avoir cherché à commettre des attentats à Paris.

 

  • Retour de Syrie : dix et huit ans de prison pour un père et son fils

Le père a le débit rapide, la digression facile. Le fils le ton posé, la diction nette. Le premier est ingénieur, docteur en informatique. Le second est diplômé d’un baccalauréat scientifique, mention «assez bien». Ils portent chacun une belle chemise repassée, n’ont pas de casier judiciaire, ni le profil habituel des «revenants», ces Français partis faire le jihad avant de prendre le chemin du retour. Côte à côte dans le box des prévenus, Lotfi et Karim Souli ont été arrêtés à la frontière turco-syrienne en mai 2015, après un séjour d’un an et demi en Syrie. Dans leurs bagages, beaucoup de cash et une foisonnante documentation – dont des recherches Google Map de la Tour Eiffel, des plans de cockpit et des notices chimiques – avaient attisé les inquiétudes des enquêteurs. Mais ce n’est pas pour «un quelconque projet d’attentat» qu’ils étaient jugés, a tenu à mettre en garde la présidente de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, jeudi, à l’ouverture de leur procès. Un procès à l’issue duquel ils ont été condamnés, vendredi, à dix et huit ans de prison pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme».

Pick-up à 180km/h


Le fils, 23 ans, est le premier à se lever dans le box. Karim quitte la France en octobre 2013 avec son père et son petit frère Mohamed-Emine (mineur au moment des faits, il sera jugé par un tribunal pour enfants). Bon élève, il vient tout juste de commencer la fac. Mais «le départ d’Anass a tout accéléré», déclare la forte carrure en chemise blanche. Quelques mois plus tôt, son «bon ami» et ex-camarade de classe a rejoint une faction du groupe Ahrar al Sham, dirigée par un ancien cadre d’Al-Qaeda. Comme beaucoup d’autres, Anass ne rentrera jamais, présumé mort sur zone. «Plus je scrutais les infos sur la Syrie et plus j’avais de nouvelles d’Anass, plus j’avais envie de le rejoindre», développe Karim qui, pour la première fois dans cette affaire, reconnaît avoir voulu s’y établir «définitivement» pour «aider». A son arrivée, l’aîné Souli avait d’ailleurs écrit à leur mère : «Nous sommes partis là-bas car c’est une obligation».

Le père, lui, assure que c’est pour «récupérer» l’ami de son fils qu’ils sont partis. A moins que ce ne soit pour mettre Karim «en face de la réalité» et lui «ôter cette idée de la tête». Devant un auditoire sidéré, l’ingénieur de 50 ans – qui versera souvent dans la logorrhée technicienne et connaît son dossier jusqu’à en citer les pièces cote par cote – explique avoir découvert l’intérêt de son aîné pour la Syrie en piratant son ordinateur : «J’avais une connexion wifi, je voyais en direct tout ce qu’il écrivait !» Regard noir et visage émacié, Lotfi Souli jure en tout cas qu’il n’a «jamais» voulu se rendre en Syrie. Tout juste a-t-il répondu «naïvement» à «une invitation» une fois arrivé en Turquie : «On était dans un pick-up qui roulait à 180 km/heure et, d’un coup, on était à Raqqa !» La présidente s’étrangle : «Vous êtes sérieux là ?» Et le domicile familial vidé avant le départ ? Et ce prêt de plus de 5 000 euros fraîchement contracté, ainsi que ces 23 000 euros de retraits bancaires ? «J’ai programmé des vacances avec mes enfants.» Pourquoi alors acheter trois sacs de couchages, trois couvertures de survie, des jumelles, une boussole ou encore des chaussures de randonnée – «équipement caractéristique dont se dotent tous les velléitaires au jihad», soulignera la procureure ? «Je comptais prendre des vacances en faisant de la randonnée !», s’énerve le père de famille, enchaînant les déclarations brouillonnes. Pédagogue, la présidente incite le prévenu agité «à réfléchir». Et avertit : «Un tribunal qui ne comprend pas, c’est un tribunal qui va devoir interpréter les choses ou avoir peur de la personne en face.»

«J’ai proposé mes services»


Le quotidien syrien du trio reste assez confus. Après un temps au sein du groupe rebelle Ahrar al Sham, les Souli se retrouvent aux mains de l’Etat islamique. «Forcés» à rester, le père aurait alors mis ses compétences au service de l’organisation terroriste, devenant haut responsable des télécoms. Tandis que les garçons auraient servi de «petites mains», installant ici ou là des batteries et des antennes à Raqqa, le fief de l’EI. S’il maintient n’avoir pas combattu, Karim glisse néanmoins : «Ce n’est pas la première idée qui m’est venue, mais forcément en zone de guerre…» Son petit frère Mohamed-Emine prend la pose, armé d’une kalachnikov ? Il préfère ne pas répondre. Là-bas, le prévenu à la barbe noire finement taillée confie avoir «vite déchanté» : «Entre ce qu’il se passe sur les vidéos et ce qu’il se passe sur le terrain, ça n’a rien à voir». Mais, «on est au sein de l’EI, on ne part pas comme ça». Aujourd’hui, ce «revenant» ne supporte plus d’entendre voler les avions au-dessus de sa tête. «Tout à l’heure, un Rafale est passé au-dessus de Bois d’Arcy, j’ai cru qu’ils allaient bombarder !» La présidente : «Est-ce que vous en voulez à votre père ?» Karim marque un temps d’arrêt. Puis, calmement : «Je m’en veux à moi-même d’avoir été naïf. Je ne peux pas lui en vouloir.»

Son père, justement, nie avoir été «un membre de l’Etat islamique». Lotfi Souli dit : «J’assume mes actes. J’ai proposé mes services à ces gens-là. J’ai construit un pont de confiance avec eux.» Avec une idée en tête : sortir de «ce guêpier». Une «image de Don Quichotte» ne résistant «absolument pas» à l’examen de l’ensemble du dossier, selon la procureure. A l’instar de ces échanges où l’ingénieur écrit «tu peux pas imaginer la douceur du jihad» ou parle de «mourir en martyr». Un langage «codé», avance le prévenu. «J’étais en train de sauver ma tête, pas de prêcher pour l’Etat islamique», se défend-il. Ce père de famille «ne sait pas comment vous dire sa réalité. Il a vu ses enfants foncer vers la mort, il a voulu tout faire pour les aider, plaide son avocat Me Martin Pradel. Il s’est trouvé dans un pays qui n’était pas le sien, dont il ne connaissait pas les codes.» Une erreur va particulièrement lui coûter cher : en plein combat, Lotfi Souli aurait rétablit le réseau de communications permettant aux hommes de Bachar Al-Assad de prendre l’avantage. Le chef de l’EI, Al Baghdadi, aurait même été blessé. La lourde bévue vaudra près de huit mois de geôle à l’ingénieur et accélèrera, selon ses dires, son désir de rentrer en France avec ses fils. Mais comment expliquer que Souli soit sorti vivant d’une telle bourde ? s’interroge le tribunal. «C’est un miracle qu’il ait encore sa tête sur ses épaules», reconnaît Karim. «Ils m’ont fait sortir pour me buter ! Les éliminations, ça se passe au front», déclare le père.

«La grande illusion»


«Qu’a donc promis Lotfi Souli à l’Etat islamique en contrepartie de cette vie sauve ?» questionne la procureure, sceptique face à ce «dossier de la grande illusion». Comment lui et ses enfants ont-ils pu rentrer avec leurs papiers d’identité ? Pour la magistrate du parquet, il reste des «zones d’ombre» sur lesquelles les Souli ont peu éclairé le tribunal. Comme la somme «inédite», selon les enquêteurs, avec laquelle l’ingénieur est revenu – 12 000 euros et quelques. Ou les documents retrouvés dans leurs ordinateurs : de quoi laisser penser à des ambitions terroristes, à une période où l’EI renvoyait des missionnés en Europe. Ce ne sont que des «jeux de simulation de vol», se justifie Karim, joueur depuis l’enfance. Quant aux fichiers de propagande, ils y seraient arrivés au gré de la circulation des clefs USB des uns et des autres sur son PC.

«Quand il y a de la brume, on a peur !», a tancé Me Pradel, appelant à ce que le doute profite aux prévenus, selon les principes du droit. Même s’ils font «peur» comme Lotfi Souli, qualifié de «dangereux» dans un rapport de détention, en raison d’un risque de prosélytisme «élevé». «Ce n’est pas normal que notre justice inverse les présomptions. Des suspicions vous en avez, des preuves vous n’en avez pas», a plaidé le conseil. Avocat de Karim Souli, Me Xavier Nogueras a lui appelé à distinguer le Karim du dossier du Karim repenti s’étant dessiné à l’audience : «Je l’ai écouté et je le trouve attendrissant, même si les faits sont violents.» Sensible à cette «évolution» engourageante mais aussi à l’ascendant paternel sur l’intéressé, le tribunal a condamné le jeune homme de 23 ans à huit ans de prison – la procureure en avait requis dix – assortis d’une période de sûreté de moitié. Son père, lui, a écopé de dix ans de prison – assortis d’une période de sûreté des deux tiers – comme l’avait demandé le parquet. La peine maximale.

Chloé Pilorget-Rezzouk 


https://www.20minutes.fr/justice/2344959-20180928-proces-djihad-syrie-pere-fils-retour-france-ecopent-dix-huit-ans-prison

Procès du djihad en Syrie: Un père et son fils de retour en France écopent de dix et huit ans de prison


PROCES Si Lotfi Souli, 50 ans, a écopé de la peine maximum encourue, le tribunal s’est montré plus clément envers son fils…

Thibaut Chevillard Publié le 29/09/18 à 16h12 — Mis à jour le 29/09/18 à 16h12

Lotfi Souli et son fils Karim comparaissent jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris
Lotfi Souli et son fils Karim comparaissent jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris — JULIEN DE FONTENAY/JDD/SIPA
 
  • Lotfi Souli et son fils Karim comparaissaient depuis jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.
  • Le père était parti en Syrie avec ses deux fils en 2013 afin, dit-il, de ramener en France un ami de son cadet, âgé de 15 ans.
  • Ils avaient été arrêtés à la frontière turque en 2015 en possession d’une importante somme d’argent et de documentation pouvant laisser penser qu’ils préparaient un attentat sur le territoire.

Debout, dans le box des prévenus, Lotfi Souli prend les mains de son fils. Les deux hommes s’embrassent quatre fois avant d’être séparés par les gendarmes qui s’apprêtent à les ramener en prison. Quelques minutes plus tôt, le tribunal a condamné ce père de famille de 50 ans à dix ans de réclusion assortis d’une période de sûreté des deux tiers pour avoir, en 2013, rejoint l’Etat islamique en Syrie. Karim Souli, 23 ans, a pour sa part écopé de huit ans de prison, assortis d’une période de sûreté de moitié pour l’avoir accompagné. Une décision plutôt clémente, motivée notamment par l’évolution positive du jeune homme en détention.

La justice a également tenu compte de « l’ascendant » qu’exerçait son père sur lui au moment des faits. Il faut dire que Lotfi Souli est un intrigant personnage. Expert en télécoms, ce grand brun filiforme parle beaucoup, trop sans doute. Il étale sa science en employant un savant et incompréhensible jargon technique, invoque les philosophes dans ses réponses, agace le tribunal. Il connaît toutes les cotes du dossier d’instruction, ce qui suscite « l’admiration » amusée de la présidente. Mais il n’est jamais parvenu, au cours de ces deux journées d’audience, à convaincre les magistrats qu’il s’était retrouvé, un peu par hasard, enrôlé de force dans les rangs de Daesh. Et encore moins qu’il ne jouait pas de rôle important au sein de l’organisation.

« Responsable des téléphones fixes et filaires »


Tout commence quand Anass B., un ami de lycée de Karim, s’envole vers la Syrie pour rejoindre le groupe Ahrar al Sham. Lotfi Souli, que plusieurs proches décrivent comme radicalisé de longue date, explique avoir décidé de partir sur un coup de tête en Turquie avec ses deux fils pour retrouver et ramener l’adolescent en France. Etrangement, sans en avoir fait part à sa famille. Il se serait ensuite retrouvé accidentellement en Syrie et aurait été « forcé » à rester. A Raqqa, il était « responsable des téléphones fixes et filaires » du groupe terroriste à qui il avait proposé ses services. Mais, assure-t-il, il n’a jamais prêté allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi.

Lotfi Souli se serait ensuite retrouvé détenu et torturé plusieurs mois par les djihadistes. Ils le soupçonnaient d’espionnage après qu’il a commis une grave erreur, permettant aux troupes de Bachar al-Assad de porter des coups durs à Daesh. Mais pour une raison obscure, il aurait été libéré en récupérant « ses papiers, son argent ». Pourtant, remarque la présidente, l’Etat islamique applique la peine de mort pour moins que cela. Il avance que les responsables du groupe terroriste ont ensuite voulu l’éliminer en l’envoyant au front. Il s’en est sorti, dit-il, car il n’était pas en état d’aller combattre. « Je n’arrivais pas à marcher. » Alors, pendant quelques jours, il s’est retrouvé « en vacances ».

« Vous dérobez des choses à l’Etat islamique ? »


Grâce aux contacts qu’il aurait noués avec des civils, il serait parvenu à regagner, avec ses fils, la frontière turque en mai 2015. C’est là qu’ils ont été arrêtés en possession de document inquiétants qui ont laissé les enquêteurs de la DGSI penser qu’ils auraient pu préparer un attentat en France. D’ailleurs, Lotfi Souli éprouve bien des difficultés à justifier leur présence dans ses affaires. Le disque dur contenant un manuel expliquant comment transformer un téléphone en détonateur ? Il l’a volé à Daesh et le contenu ne lui appartient pas. « Vous dérobez des choses à l’organisation de l’Etat islamique ? Vous vivez dangereusement », s’inquiète la présidente. « J’ai fait beaucoup de choses dangereuses pour sauver ma tête », répond-t-il tout de go.

« Pourquoi avoir pris le risque de ramener en France un disque dur qui ne vous appartenait pas et qui contenait des documents de l’Etat islamique ? » poursuit la magistrate. « J’étais dans un autre espace, dans une autre dimension. Ça n’avait pas d’importance pour moi, je ne voyais pas le risque. Je ne m’attendais pas à aller en prison, pour moi je n’étais pas fautif », soutient le père de famille. Il y a également ces étranges conversations sur Skype, dans lesquelles il invite un interlocuteur à se rendre en Syrie. Des conversations qu’il ne faut pas prendre au premier degré, ose-t-il. Il faut avoir des « codes » pour les déchiffrer.

Relaxe pour l’ami du fils présumé mort


Le tribunal n’a pas été convaincu par ses arguments. Les magistrats ont la conviction que Lotfi Souli avait préparé son départ en Syrie depuis plusieurs semaines, notamment en vidant son appartement et ses comptes bancaires et en achetant tout le matériel nécessaire. Ils estiment également que le natif de Beja, en Tunisie, jouait un rôle si « important » au sein du groupe terroriste qu’il bénéficiait d’une « certaine impunité et de facilité pour sortir » de prison et quitter la Syrie. Ne semblant pas avoir « évolué » durant sa détention en France, il écope de la peine maximum. Ni le père ni son fils ne comptent faire appel de la décision, indiquent leurs avocats.

Le parquet, qui avait requis dix ans de prison contre Karim Souli, a dix jours pour se prononcer. Anass B., bien que présumé mort, a été jugé et relaxé par le tribunal. Les juges ont considéré qu’à l’époque, si Ahar al Sham était bien « un groupe djihadiste qui voulait instaurer la sharia », il n’était pas inscrit sur la liste des organisations considérées comme terroristes par l’ONU. « C’est un groupe de rebelles syriens qui combattent Bachar al-Assad », explique l’avocat d’Anass B. et de Karim Souli, maître Xavier Nogueras, qui salue une « très belle décision ». « Si vous n’êtes pas dans un groupe inscrit sur cette liste, vous ne pouvez pas être considéré comme terroriste. »

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https://www.lejdd.fr/Societe/Faits-divers/Un-meurtrier-sur-le-chemin-du-Sanglier-589763-3205256

Un meurtrier sur le chemin du Sanglier


12h58 , le 4 février 2013, modifié à 14h39 , le 19 juin 2017
Paru dans leJDD
 

Près de Nîmes, tout un quartier s’interroge. Comment le « gentil » Robert est-il devenu un tueur sanguinaire? Pourquoi le jeune Anglais a-t-il tué une mère de famille qui faisait son jogging?


Ce n’est plus tout à fait la ville et pas encore la campagne. À propos de Courbessac, on ne sait trop s’il faut dire village ou quartier. Pour une impasse Robespierre, combien de rues du Scarabée ou du Lièvre, de chemin du Sanglier… Étroit mais goudronné, ce chemin communal s’élève en serpentant entre garrigue et villas avant de redescendre vers le cimetière et la route de Poulx. On y croise des chasseurs, des promeneurs de chiens, les nouvelles recrues de l’école de police voisine en plein footing… Pas trop de voitures. Un itinéraire idéal pour un petit jogging. C’est désormais le lieu d’un crime déroutant.

Joudia Zammit, 33 ans, mère de trois enfants, s’était remise au sport ces derniers mois. Musculation et course à pied. À 18 h 30 jeudi 24 janvier, sa petite de 3 ans était toujours à l’école quand les derniers parents sont venus récupérer leurs bambins. « Ça ne lui ressemblait pas. Elle était très maman poule avec ses petits », témoigne une autre maman rencontrée près de l’école maternelle de Courbessac. Les trois mères qui l’accompagnent décrivent une jeune femme « menue » et « discrète », une « mère au foyer qui a beaucoup à faire avec ses trois enfants et la rénovation de la maison que le couple venait d’acheter ».

Pas de marche blanche


Un ancien propriétaire a baptisé la bâtisse Les Lutins. Le jardin laisse un peu à désirer. Une bétonneuse stationne près de l’entrée. On n’entend plus de rires d’enfants.

« Ils sont traumatisés. Ils ont été répartis dans la famille », explique un proche venu soutenir le mari « parti à l’hôpital régler les questions avec le corps qui doit être rapatrié en Tunisie ». Joudia était originaire de M’Saken, près de Sousse. L’enterrement pourrait avoir lieu dans les prochains jours. Voilà justement le mari. Il arrive de Montpellier où il a enfin pu voir le corps de son épouse à l’Institut médico-légal. Sa petite fille dort à l’arrière de la voiture. Cela fait une semaine que le sol s’est dérobé sous les pieds de ce solide postier de 41 ans. Pas de médiatisation. Pas de marche blanche. Avec gentillesse, il éconduit les journalistes avant de s’enfermer chez lui.

Un « bel homme », « calme », « peu expansif »


Une autre famille de Courbessac est dans l’incompréhension. Les Plant sont originaires du Kent dans le sud de l’Angleterre. Décédé l’an dernier, Dennis, le père, avait lâché un job important à British Telecom pour venir travailler et s’installer en France au début des années 1990 avec sa femme, Esther, sa fille Victoria et son fils Robert alors âgé de 8 ans. D’abord en région parisienne. Puis dix ans plus tard, la retraite en vue, ils avaient acheté cette grande maison à un maçon du coin, dans l’est de Nîmes, chemin du Sanglier. Anxieuse, Marie-Louise, une voisine, fait les cent pas devant le portail clos. Elle n’arrive pas à joindre son amie Esther, 61 ans. « C’est ma deuxième famille. J’ai fêté mon mariage ici », explique-t-elle en montrant la villa avec piscine. Elle évoque volontiers les bons moments passés avec les Plant, les barbecues, les matches de rugby France-Angleterre, les parties de billard au sous-sol. Si Victoria, mère d’une petite fille, vit toujours en région parisienne, son frère Robert, 32 ans, s’est définitivement installé à Nîmes.

« Je l’ai vu grandir », poursuit Marie-Louise à propos de ce « bel homme », « calme », « peu expansif » mais tellement « gentil », « toujours prêt à rendre service » et « courageux aussi quand il enfourchait son vélo – il n’avait pas son permis – pour aller travailler à l’usine ».

Loin d’être un fils à papa


Titulaire d’un CAP de tapisserie, le jeune Robert Plant a « quasiment toujours travaillé », insiste son avocat, Me Julius Radzio, pour couper court au cliché du fils à papa désoeuvré. Dans un magasin Decathlon près de Paris par le passé. Plus récemment dans une usine de fabrication de mobile homes à Beaucaire, à une vingtaine de kilomètres, où il assurait les finitions extérieures.

« C’est vrai qu’il avait des griffures sur le visage »


Sa dernière mission s’était achevée avant Noël. Ses anciens collègues décrivent tous un garçon « poli », « ponctuel », « prévenant »… Amateur de marche et de promenade avec son chien noir Falco, Robert avait ses habitudes à La Tosca, la brasserie-pizzeria de la galerie marchande de l’Intermarché de Courbessac. Sans doute avait-il droit en arrivant à une plaisanterie ou à la bise de Khadra, la serveuse. Il y venait plusieurs fois par semaine, la plupart du temps avec sa maman, Esther, elle aussi « si gentille » et « rigolote » avec son mauvais français. Parfois seul ou avec un ou deux amis pour écluser quelques pintes de bière. Comme beaucoup d’autres, Khadra évoque un garçon « gentil, généreux, toujours prêt, par exemple, à faire les courses pour elle ».

Selon elle, le portrait-robot publié dans la presse ne ressemble que vaguement au grand jeune brun portant de petites lunettes, habillé décontracté « mais toujours clean », qu’elle connaît. Il est venu déjeuner avec sa mère, vendredi 25 janvier, le lendemain du drame : « C’est vrai qu’il avait des griffures sur le visage. Il a dit qu’il s’était blessé avec des ronces en récupérant son chien tombé dans un trou. » L’amie de la famille, Marie-Louise, ne cesse de penser, elle, au coup de fil que lui a passé Robert ce même vendredi. « J’avais appelé sa mère pour lui dire de faire attention. Il m’a rappelée pour me conseiller de ne pas sortir et de ne pas venir vers chez eux… »

Amnésie réelle ou simulée?


Le sentiment de peur n’aura pas le temps de s’installer chemin du Sanglier. « L’Anglais », « le Robert », comme on l’appelle parfois, est arrêté dès lundi. Un emploi du temps flou, des explications peu convaincantes sur ses blessures, le recoupement des témoignages recueillis par les enquêteurs dépêchés sur zone l’ont désigné comme le suspect n° 1. Bien avant que les expertises ADN des traces retrouvées sur la victime ne viennent confirmer son implication dans l’agression puis le meurtre à l’arme blanche de la petite joggeuse de Courbessac retrouvée en partie dévêtue, sauvagement battue et égorgée, à moins de 300 m de la maison des Plant…

Depuis, Robert souffre d’amnésie. Réelle ou simulée ? « Il a reconnu qu’il était là. Il parle de flashes où il la voit, où il se voit, mais il n’évoque pas l’acte », résume le procureur adjoint de Nîmes, Stéphane Bertrand. « C’est un homme choqué, précise son avocat, Me Radzio, il n’a quasiment ni mangé ni dormi pendant ses 48 heures de garde à vue. » Robert Plant, sans antécédents judiciaires, sans passé psychiatrique, a été mis en examen et écroué mercredi pour meurtre aggravé, un crime passible de la réclusion à perpétuité.

Source: JDD papier
  • Par Stéphane Joahny, envoyé spécial à Nîmes (Gard)


https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Meurtre-de-Nimes-La-derniere-course-de-Jouda-162391

Meurtre de Nîmes. La dernière course de Jouda


Paris Match | Publié le 08/02/2013 à 18h21 |Mis à jour le 10/02/2013 à 21h51
 
Par Elizabeth Philippe, Enquête Jean-Michel Verne à Nîmes, Ons Abid à M’saken, en Tunisie
 
Terrorisme : existe-t-il des relations entre les familles de Dennis Plant et Lotfi Souli ? dans AC ! Brest Meurtre-de-Nimes.-La-derniere-course-de-Jouda

La jeune mère de famille aimait faire du jogging dans la campagne nîmoise. La mort l’y attendait.

Jouda est morte depuis déjà deux jours. Mais à M’saken, en Tunisie, sa famille l’ignore encore. Jusqu’à ce coup de téléphone que reçoit Ridah, l’un de ses frères. C’est un ami qui l’appelle, inquiet. Il vient d’apprendre à la télé qu’une certaine Joudia Zammit a été assassinée. Il veut savoir si la victime fait partie de sa famille. A l’autre bout du fil, Ridah reste interdit. Incrédule, il balbutie : « Je ne sais pas. J’ai une soeur qui vit en France. Mais elle s’appelle Jouda, pas Joudia ! » Se raccrocher un instant à une simple lettre pour repousser l’horreur, conjurer en vain la tragédie. Mais ce dernier espoir, infime, est anéanti par un nouvel appel qui confirme le décès de Jouda. A des milliers de kilomètres, les parents de la victime, Mohamed et Mounira, pleurent avec ses frères et soeurs cette enfant chérie, toujours souriante et de bonne humeur. « Un ange », souffle Mohamed, les yeux embués de larmes. Son frère aîné, Anouar, dont elle était très proche, est le dernier à avoir entendu le son de sa voix. Jeudi 24 janvier, quelques heures seulement avant qu’elle soit tuée pendant son jogging, il lui a téléphoné Ils ont parlé de tout et de rien. Elle lui a raconté qu’elle venait de cuisiner des plats tunisiens pour le Mouloud, la fête qui célèbre la naissance de Mahomet.

Jouda a préparé un festin : de la mouloukhia – un ragoût relevé de poudre de corète – pour le déjeuner, un couscous pour le dîner et de l’assida, une crème blanche à base de semoule. La foi de la famille Zammit a souvent été mise à l’épreuve. Mohamed et Mounira ont déjà perdu un fils, Tarak, dans un accident de moto. Même si elle vivait loin d’eux depuis des années, Jouda restait très présente. Elle appelait souvent ses proches. Sans doute un peu nostalgique de M’saken, sa petite ville natale à une dizaine de kilomètres de Sousse ; nostalgique aussi de la grande maison traditionnelle de son grand-père, où cohabitent toutes les générations ; nostalgique du vaste patio où elle jouait, enfant, avec son cousin, Jamel, qui allait devenir son époux. Très jeune, Jamel a suivi son père en France. Mais il revient chaque été en Tunisie pour les vacances. Jouda, de son côté, grandit, devient une jolie jeune fille brune et enjouée. L’épouse idéale pour Jamel. Le couple se marie en 2000. Les noces ont lieu à M’saken. Jamel, agent de La Poste, repart en France. Au bout d’un an, le temps d’obtenir ses papiers, Jouda le rejoint. Elle travaille quelque temps comme caissière. En 2003, naît Hedi, suivi trois ans plus tard de Meriam. Jouda se consacre à sa famille. Mère au foyer, elle s’occupe avec amour de ses enfants, les accompagne à l’école et à leurs activités sportives. Hedi est un fou de foot. Loin des siens, Jouda construit son propre foyer sous le soleil de Nîmes. Les olives picholines n’ont pas le même goût que celles, réputées, de M’saken. Mais la douceur du climat gardois et l’influence méditerranéenne atténuent le mal du pays qui s’empare parfois de Jouda. Heureusement, l’été, elle retourne en Tunisie, retrouve ses proches, la plage, les saveurs et les odeurs épicées qu’elle aime tant.

Le médecin de Jouda lui avait conseillé de faire du sport après une petite opération


Quand elle croise une amie sur le marché de M’saken, elle la prend dans ses bras et lance avec un grand sourire : « Tu sens bon la Tunisie ! » Mais, bientôt, vient le temps des sacrifices. Jamel et Jouda ont décidé d’acheter une petite maison à la périphérie de Nîmes. Pour réaliser leur rêve, il faut économiser, renoncer provisoirement aux vacances en Tunisie. Jouda s’y rendra une dernière fois en 2009. Elle est alors enceinte de cinq mois de son troisième enfant, rayonnante au côté de Jamel. Aux petits soins pour elle, sa famille établit même une liste de prénoms pour le bébé. Ce sera Sirine. Après avoir réalisé d’importants travaux, Jamel, Jouda et leurs trois enfants s’installent enfin dans leur nouvelle maison, à l’automne 2012. La petite villa blanche, au 2264 route de Courbessac, dans une zone pavillonnaire paisible, est modeste. Mais elle est à eux. Une agréable maisonnette avec un jardin, des allées au cordeau et des massifs de fleurs jaunes. La famille de Jamel habite le même quartier. C’est comme un petit morceau de Tunisie. Le quotidien de Jouda est rythmé par de nombreux allers-retours : les sorties d’école, les courses au supermarché, tout près, où elle se rend à pied. Récemment, elle a pris une nouvelle habitude : le jogging. C’est son médecin qui lui a conseillé de faire du sport, après une petite opération des varices subie cet été. Saine et dynamique, Jouda se plie de bonne grâce à l’avis du docteur. D’autant plus qu’elle veille à sa ligne.

Robert Plant nimes meurtre-

Chaque jour, elle fait le même parcours. Le jeudi 24 janvier ne fait pas exception. Aux alentours de 17 heures, elle s’élance à petites foulées vers le centre de Courbessac. Elle traverse le bourg, prend la nationale avant d’emprunter le chemin du Sanglier, une route au pied de la garrigue appréciée des promeneurs et des joggeurs, en particulier des stagiaires de l’école de police qui se trouve à environ 800 mètres. A l’entrée, un panneau indique la direction du cimetière.

Cette photo a été prise en 2012, lors d’une fête entre amis à Courbessac. Brun, la trentaine, un bouc, Robert Plant correspond en tout point au portrait-robot établi par la police à partir des premiers témoignages, ceux de voisins qui avaient signalé la présence d’un étrange promeneur sur le lieu du crime, peu de temps avant la mort de Jouda. Décrit comme un employé exemplaire, Robert devait reprendre ce mois-ci son travail dans une entreprise de fabrication de mobil-homes. (Photos DR)

Le corps de Jouda sera retrouvé non loin des tombes, quelques heures après que son mari a signalé sa disparition. La jeune femme gît dans un enchevêtrement de ronces, une plaie béante à la carotide. Son visage est lacéré, méconnaissable. Son pantalon de jogging est baissé au niveau de ses genoux. Tout indique que Jouda a tenté de résister à son agresseur. Dès le lendemain, la police commence à récolter des témoignages. Des voisins affirment avoir aperçu un étrange promeneur à proximité du lieu du crime, un homme d’une trentaine d’années qui semblait rôder. Alors que les enquêteurs poursuivent leurs recherches, Robert Plant, 32 ans, déjeune à la pizzeria La Tosca avec sa mère, Esther, qui vient de rentrer de Paris. Tous deux résident dans une belle demeure de 270 mètres carrés avec piscine, le long du chemin du Sanglier. Cela fait une douzaine d’années que les Plant possèdent cette villa. Originaires du Kent, région du sud de l’Angleterre, ces Britanniques sont arrivés en France dans les années 80.

Le père, Dennis, a décroché un poste important dans les télécoms. Alors que ses parents finissent par s’installer dans la maison de Courbessac, Robert reste à Paris. Un CAP de tapissier pour seul bagage, il exerce différents métiers, est employé comme vendeur dans des magasins de sport. Il descend fréquemment dans le Sud rendre visite à ses parents avant de s’y établir pour de bon, il y a quatre ans, après avoir perdu son boulot. Il enchaîne les missions d’intérim. L’année dernière, son père est mort d’un cancer du poumon.

Robert Plant vit seul avec sa mère dans une grande villa. Une sorte de Tanguy…


Depuis, Robert vit seul avec sa mère dans la grande villa. Une sorte de Tanguy. Ou de Norman Bates, le héros de « Psychose ». Le quotidien des Plant, mère et fils, est soumis à d’immuables rituels. A la pizzeria, où ils vont fréquemment, ils s’assoient toujours à la même table, en terrasse. Robert arrose ses pizzas de pintes de bière. Ce vendredi 25 janvier ne déroge pas à la règle. La serveuse entend Robert parler à sa mère de la joggeuse assassinée. Il ne veut plus qu’Esther s’aventure sur ce chemin. C’est trop dangereux, lui dit-il. L’après-midi, le jeune homme erre près de chez lui, accompagné de son chien, interroge les policiers au sujet du crime, s’intéresse aux investigations.

Tout le week-end, les enquêteurs poursuivent leurs auditions. A partir des premiers témoignages, ils ont pu établir un portrait- robot de l’assassin. Beaucoup de voisins disent reconnaître celui qu’ils nomment « l’Anglais ». L’étau se resserre. Lundi 28 janvier, les enquêteurs se rendent chez les Plant. Ils saisissent des cutters identiques à celui, ensanglanté, retrouvé sur le lieu du meurtre. Robert livre un fragile alibi : le jour où Jouda a été tuée, il était chez lui à regarder la télévision. Quant aux griffures sur ses mains, il affirme s’être blessé en coupant des branchages au fond du jardin. Arguments peu convaincants. Robert est mis en garde à vue. Il nie d’abord en bloc, puis reconnaît sa présence à l’endroit de l’assassinat. Mais il prétend ne plus se souvenir de ce qui s’est passé. « Une amnésie traumatique », avance son avocat Julius Radzio. Durant son interrogatoire, Robert vomit, s’effondre. Stéphane Bertrand, le procureur adjoint, décrit un homme « assez transparent, introverti ». Confondu par son ADN, il est aujourd’hui écroué à la maison d’arrêt de Nîmes. Le corps de Jouda, lui, a été rapatrié mardi en Tunisie. Un ultime retour au pays natal.


https://www.lci.fr/faits-divers/joggeuse-egorgee-a-nimes-le-britannique-robert-plant-condamne-a-30-ans-de-reclusion-2050350.html

Joggeuse égorgée à Nîmes : le Britannique Robert Plant condamné à 30 ans de réclusion


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PROCÈS – Robert Plant, un Britannique de 36 ans, a été condamné ce vendredi soir à 30 ans de prison, assortis d’une période de sûreté de 20 ans, par la cour d’assises du Gard pour l’agression sexuelle et le meurtre d’une joggeuse à Nîmes en 2013. Son avocat a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel.
 
 
28 avr. 2017 22:02 – La rédaction de LCI


Le verdict est tombé ce vendredi, peu après 22 heures. Après deux jours de procès, Robert Plant, un Britannique de 36 ans, a été condamné par la cour d’assises du Gard à 30 ans de prison, assortis d’une période de sûreté de 20 ans, pour l’agression sexuelle et le meurtre d’une joggeuse à Nîmes en 2013.

La cour, qui a également imposé à Robert Plant un suivi socio-judiciaire de 10 ans, l’a déclaré coupable, tout en reconnaissant une « altération du discernement » du trentenaire mise en avant par les experts psychiatres, qui ont diagnostiqué une « schizophrénie simple ».

Son avocat, Jérôme Boursican, qui avait réclamé « une peine juste » de 10 ans d’emprisonnement, a annoncé son intention de faire appel. « L’altération du discernement est au coeur de ce dossier », avait-il plaidé, alors que l’accusé a tenu des propos incohérents et semblait absent lors du procès.

« Défigurée », « massacrée », « lacérée » au cutter


L’avocat général, Stéphane Bertrand, avait requis la réclusion criminelle à perpétuité et assuré que l’accusé n’avait jamais « perdu le contact avec la réalité » le 24 janvier 2013. Robert Plant, décrit comme toujours « pacifique » par son entourage, était « un pervers » et « pas un fou », avait affirmé l’avocat général. « Ici, on est là pour rendre la justice, on n’est pas là pour faire plaisir aux médecins », avait-il ajouté. Le suspect avait dénoncé « un crime d’une sauvagerie extrême ». Lorsque son corps a été découvert le 24 janvier 2013, Jouda Zammit, 34 ans, était « une plaie béante, qui autrefois était une femme » après avoir été « défigurée », « massacrée », « lacérée » au cutter et à l’aide de pierres et de branches, avait-t-il rappelé.

Partie chercher sa fille à l’école en faisant du jogging depuis sa maison, Jouda Zammit avait disparu le 24 janvier 2013 en fin d’après-midi.  Vers 22 heures, son corps avait été découvert dans les fourrés et les ronces sur le Chemin du sanglier, à proximité de son domicile. Le médecin légiste avait relevé de nombreuses blessures à l’arme blanche, notamment une large « plaie d’égorgement » de 15 cm sur 7 ainsi que des traces d’agression sexuelle.

Un « trou noir » et « des flashes »


Robert Plant, qui a assuré pendant le procès qu’il avait un « trou noir » et seulement des « flashes », évoquant une agression à son encontre de la jeune femme et d’une troisième mystérieuse personne, avait été mis en examen notamment sur la base de témoignages et d’analyses ADN.

« Est-ce que vous avez conscience que c’est difficile à croire ? », l’a interrogé Me Boursican. « Je n’ai pas d’autre explication », a lâché l’accusé, assurant « ne pas avoir d’image » de l’égorgement de la jeune femme, mais en revanche de sa propre main « pleine de sang ».

L’avocate de la famille, Béatrice Lobier-Tupin, a décrit une jeune femme « courageuse », qui s’est « défendue comme une forcenée ». Elle a souligné le « deuil impossible » du mari de la victime, Jamel, et des trois enfants du couple, âgés aujourd’hui de 14, 11 et 7 ans, faute d’explications rationnelles de l’accusé.


La rédaction de LCI

Mis à jour : 28/04/2017Créé : 28/04/2017

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