Halte à la censure et la désinformation satanistes !
compteur
dimanche 18 juin 2017
Des singularités de la "justice" brestoise
Depuis le début des années 2000, les magistrats brestois
manifestent objectivement une haine assez exceptionnelle, véritablement CRIMINELLE, à l’égard de toute ma famille.
Ils lui reprochent par dessus tout d’être composée d’honnêtes ingénieurs d’origine bretonne.
Les ingénieurs sont certes globalement haïs dans tous les tribunaux
français, mais particulièrement celui de Brest, et curieusement, encore
bien plus lorsqu’ils sont d’origine bretonne : leur « faute » d’être
ingénieurs, déjà totalement insupportable pour les Français et autres
individus méprisant les Bretons, rend les magistrats brestois carrément
hystériques, comme s’ils avaient pour mission de veiller à ce que le
Breton soit toujours soumis ou inférieur en tout au Français et à ses
amis étrangers.
L’intégrité sans faille qui nous caractérise ne plaide pas non plus en notre faveur auprès de ces fonctionnaires dont nous ne sommes pas les seuls à nous plaindre, loin de là.
A vrai dire, ils paraissent prendre beaucoup de plaisir à casser la population locale.
Pour mieux appréhender les singularités de cette « justice » brestoise, quelques rappels historiques s’imposent.
Les sénéchaussées de la Bretagne sont les sénéchaussées qui ont été créées à partir des institutions ducales de la province pour couvrir l’intégralité de son territoire comme juridictions royales de base. Environ quarante à leur création en 1551 par l’édit de création des présidiaux, elles sont vingt-six à la fin de l’Ancien Régime.
Bien que leurs médiocres conditions d’exercice en limitent la portée,
elles se distinguent notamment par une compétence étendue par rapport
aux autres sénéchaussées du royaume.
Si la plupart des sénéchaussées bretonnes ont vécu près de 250 ans, les archives qui ont été transmises aux Archives départementales sont loin d’embrasser toute cette durée : elles se limitent au XVIIIe siècle avec dans quelques cas, une antériorité au XVIIe.
Ceci explique en partie la méconnaissance de ces sénéchaussées encore
en 2007 et avertit de la nécessité d’une critique des travaux qui
nécessairement sont privés d’une base homogène. Le très conséquent fonds
du parlement de Bretagne, du même âge que les sénéchaussées, peut parfois constituer un recours.
Formation et nature des sénéchaussées
Avant 1535 : les sénéchaux ducaux
Les sénéchaussées – toutes créées sur la même base en 1551
– ont imposé leur homogénéité de nature légale à un ensemble complexe
de juridictions qui avaient pris chacune une physionomie propre au long
des siècles, dans leur géographie, leur organisation, leurs relations et
subordinations. Cette homogénéité s’est traduite par la perte
d’attributions non judiciaires, notamment de nature fiscale, mais aussi militaire. Par un processus semblable, si ces juridictions avaient à leur tête un « sénéchal »,
celui-ci avait un statut et des prérogatives différents de ceux qui
tout en ayant un titre de même nom, seront exclusivement des juges à partir de 1551, quitte à cumuler des charges. Le sénéchal du premier genre n’était pas l’officier supérieure d’une sénéchaussée, mais d’un bailliage au nom variable, souvent d’une « châtellenie »,
etc. « Le terme de sénéchaussée n’était pas inconnu en Bretagne, mais
il restait d’usage peu courant et ne saurait être employé sans
définition préalable de la réalité qu’il recouvrait. »1.
Les listes de sénéchaux dressées par Marcel Planiol permettent une récapitulation des juridictions assez importantes et stables pour avoir été pourvues d’un sénéchal depuis le Moyen Âge, à commencer par le duché dans son ensemble avec les sénéchaux de Bretagne, au nombre de huit uniquement pour la période 1177-12412.
Sénéchaux du Brouërec : 17 sénéchaux entre 1200 – 1490 ;
Il n’y avait donc pas de « bailli » à la tête des bailliages, ce
terme désignant en Bretagne le second juge, auquel il est d’ailleurs
préféré en pays gallo le mot alloué.
Des textes généraux à la réalité provinciale
Une vingtaine de sénéchaussées n’eurent d’existence qu’entre leurs créations en 1551 et l’édit d’union des juridictions royales de 1565 (édit de Châteaubriant
en vertu des lettres patentes données à Troyes le 19 mars 1564)
supprimant 25 sièges. Même celui-ci ne fut que partiellement appliqué :
les sénéchaussées d’Antrain, Bazouges, Chateaulin, Concarneau, Dol,
Hédé, Jugon, Lanmeur, Saint-Aubin-du-Cormier et Saint-Pol-de-Léon se
maintinrent jusqu’à la Révolution, sauf celle de Lanmeur réunie à celle de Morlaix en 17553.
Les sénéchaussées d’Antrain et de Bazouges devraient du point de vue de leur compétence être considérées comme des barres royales3.
Hors des sénéchaussées présidiales mieux dotées en personnel, un
examen des différentes sénéchaussées a montré que le nombre de
magistrats est au mieux de quatre, pendant que les textes parlent d’un
minimum d’une dizaine de conseillers. De plus, autre différence, le sénéchal
n’agit pas par l’intermédiaire d’un lieutenant général et autre alloué,
il est effectivement présent au siège et partage les dossiers avec les
autres magistrats. Selon J. Trévédy, il y aurait une différence notable
entre le sénéchal en Bretagne et dans le reste du royaume.
Engagement du domaine royal
Bien que théoriquement inaliènable, le domaine royal a subi pour des
raisons financières une aliénation de fait, en principe temporaire et ne
mettant pas en cause l’autorité du roi sur la terre. Ainsi, en
Bretagne, la régie d’une grande partie du domaine a été concédée par engagement au duc de Penthièvre (en 1698, 1716, 1757), le reste à d’autres seigneurs ou en 1759 aux États de Bretagne.
Ceci n’a pas été sans conséquence sur l’activité de chaque juridiction
royale, l’exercice matériel de la justice (greffes, prisons, etc) étant
compris dans le patrimoine concerné par cet engagement.
Attributions juridictionnelles
Ordinairement, sur la totalité de leur ressort, les sénéchaussées sont essentiellement vouées au jugement des causes d’appel. En Bretagne, l’absence presque complète de prévôtés4 telles que définies par l’édit Crémieux de 1536 a induit une extension de la compétence de base : une compétence administrative (police)
et la connaissance des affaires civiles en première instance s’ajoutent
aux causes en appel. Les sénéchaussées auraient du seulement juger les
appels émanant des prévôtés, outre celles émanant des justices
seigneuriales ; en l’absence de prévôté, elles doivent connaitre les
affaires en première instance ainsi que tout ce qui relève de la
juridiction volontaire. Cette activité de justice ordinaire (à l’opposé
des rares cas royaux) est ainsi l’activité dominante de toute
sénéchaussée non présidiale.
Ainsi, dans cette province, la sénéchaussée est le premier degré dans
la hiérarchie des juridictions royales, leurs appels étant portés selon
les cas, devant la sénéchaussée présidiale ou devant le parlement de Bretagne. Les prévôtés ayant été supprimées en principe dans tout le royaume en avril 1749, la singularité bretonne s’atténue ultérieurement.
Comme les autres sénéchaussées françaises, les sénéchaussées de Bretagne ont la connaissance exclusive des cas royaux, ceux qui touchent particulièrement le roi, son autorité, les finances, l’ordre public, etc.
Compétence administrative
Cet ordre de compétence suit en Bretagne ce qui s’est pratiqué ailleurs. Ainsi, les registres paroissiaux
étaient visés chaque année par le sénéchal, et selon la période, un des
deux exemplaires était conservé dans les archives du greffe.
Compétence réglementaire
À l’instar des parlements précisant les ordonnances royales par leurs arrêts de règlement
d’intérêt général mais de portée locale, les sénéchaussées rendent des
sentences réglementaires. Jouant le même rôle qu’au sein du parlement
concernant les arrêts de règlement, le procureur du roi
est à l’initiative de la plupart de ces arrêts, donnant ses conclusions
pour les autres requises essentiellement par des communautés (villes,
confréries, etc.). La sénéchaussée est encadrée dans ce domaine comme
dans les autres par le parlement.
Numériquement, cette production est modeste par rapport à celle du
parlement : Séverine Debordes cite le chiffre de 1200 arrêts de
règlement en comparaison des 360 ordonnances qu’elle a dénombrées pour
la même période (1700 à 1789) pour les seize juridictions ayant conservé
leur pouvoir de police5.
Sur le même ensemble, la police des denrées (vivres) représente selon
la même étude, 30,3 % des sentences réglementaires ; trois autres objets
en suscitent une dizaine de pourcent (salubrité 19 %, sûreté publique
15 %, voirie 11 %) ; les domaines restants se situant tous autour de 5 %
(incendies, religion, justice, pauvres, mœurs, …)6.
Dans 36 % des cas, les sentences ne donnent pas l’origine juridique
de leur contenu, sinon il s’agit d’abord d’anciennes ordonnances (25 %),
d’arrêts de règlement (16 %), d’édits (3 %), les cas restant étant plus
complexes, la coutume de Bretagne n’étant prise en compte qu’en dessous de 0,6 %7.
Pour une plus grande efficacité, les sentences pouvaient être
homologuées par le parlement, parfois plusieurs années après ; elles
prenaient alors valeur d’arrêt de règlement applicable au-delà de la
circonscription d’origine.
Compétence de police
L’édit d’octobre 1699 devait ôter à toutes les juridictions royales
les matières de police par la création d’officiers indépendants (lieutenant général de police).
La mise en œuvre de cet édit a connu un destin particulier dans chaque
juridiction : plus ou moins rapidement, l’inefficacité de ce dispositif a
entraîné le rachat de ces charges, soit par la ville-siège soit par la
juridiction (ou plutôt par leurs magistrats). Les variations d’activité
de cet officier ont nécessairement influé sur l’activité de chaque
sénéchaussée…
Compétences judiciaires
L’étendue des compétences d’une sénéchaussée est étroitement
dépendant du statut de la terre concernée, d’une maison l’autre, en
commençant par la position de la terre par rapport au domaine royal
et ses variétés. Connaissant la diversité des conditions (droit de la
propriété, justice basse, moyenne ou haute, etc), ceci confère a priori à l’assise territoriale de toute sénéchaussée une grande hétérogénéité.
On distingue sommairement du point de vue de l’assise territoriale :
un ressort large, comme partie du Royaume et régi par les prérogatives de la Couronne ;
c’est la circonscription judiciaire, l’emprise maximale du pouvoir de
la juridiction, elle-même contenant le ressort restreint et ses
nuances ;
un ressort restreint, celui des terres dont le roi est le seigneur, avec des vassaux ou non.
Le ressort large
Dans le ressort large, la compétence est la plus restreinte. C’est la compétence spécifique des sénéchaussées : cas royaux
et causes d’appel, sauf exceptions concernant de grands seigneurs.
Ainsi les appels des procès jugés dans les seigneuries des Rohan, la
principauté de Lamballe, la sénéchaussée de Guingamp, sont portés devant
le parlement de Bretagne.
Autre exception, les affaires concernant les mineurs (tutelle,
curatelle, …) sont jugées en appel au parlement afin d’éviter un degré
de juridiction (omissio medio).
Le ressort restreint
L’étendue du ressort restreint est infime par rapport à celui du
ressort large. De plus, la connaissance par les juges du territoire sous
ce statut est habituellement très médiocre, ce qui facilite les
empiètements commis par les agents des justices seigneuriales
et les contestations qui peuvent en résulter. Pourtant, surtout en
raison du traitement assez lucratif des affaires civiles et de leur
nombre, surtout sur le proche fief, le ressort restreint contribue
nettement à la valeur des charges de magistrature.
Dans le ressort restreint, la sénéchaussée est le premier degré de
juridiction au-dessus de tout justiciable et elle a logiquement une
compétence équivalente à celle des seigneurs hauts justiciers,
c’est-à-dire maximale.
Le ressort restreint est lui-même loin d’être homogène et on y
distingue le domaine royal sous-inféodé (au Moyen Âge) et le proche fief
du roi (et donc de la sénéchaussée), celui-ci étant ce qui reste
finalement directement comme entière propriété du roi et soumis à sa
seule autorité.
Sur le domaine sous-inféodé, les compétences dépendent du degré du
droit de justice de la seigneurie directement mouvante du roi :
haute justice : compétence minimale comme sur le reste du ressort
large, à laquelle s’ajoute les droits de tout seigneur, selon la
coutume : ; réception des aveux, foi et hommage ; convocation des
seigneurs hauts justiciers aux plaids généraux ; saisie féodale.
moyenne justice : au criminel, les délits susceptibles d’une amende supérieure à trois livres.
basse justice : compétences liées à la moyenne justice (succession des bâtards ; confection d’inventaire ; création de notaire ;
règlement sur les mesures, la police et taxe des denrées ; connaissance
des délits n’emportant que des peines pécuniaires) et à la haute
justice (crimes emportant des peines capitales et corporelles ; droit
d’épaves ; confiscations de biens).
seigneurie sans justice : rare, compétences associées à la haute justice3.
Dans tous les cas, Poullain du Parc rappelle que la sénéchaussée est l’instance compétente les affaires personnelles du seigneur, étrangères à la féodalité.
Sur le proche fief : toutes les compétences tant contentieuses que
non-contentieuses de l’ordre de la haute justice. « Ces compétences
civiles composent, quantitativement,la majeure partie de l’activité
judiciaire des sièges royaux »3.
Les sénéchaussées simples et présidiales
La Bretagne était divisée au XIIIe siècle en huit baillies dont, deux cents ans plus tard, on retrouve une correspondance avec les ressorts des présidiaux selon l’édit de leur création8 :
Nantes, Léon, Penthièvre, Ploërmel, Quimper, Rennes, Tréguier, Vannes.
Ces baillies avaient elles-mêmes des limites comparables à celles des
comtés aux Xe et XIe siècle.
Présidial de Quimper
Cette circonscription correspond à la baillie de Cornouaille et à celle de Léon, exceptée la sénéchaussée de Quimperlé qui fut rattachée au présidial de Ploërmel8.
Sénéchaussée de Concarneau :
union de trois barres ducales ; réunie vingt ans à la sénéchaussée de
Quimper suite de l’édit de 1565 ; 12 justices seigneuriales ; dix-sept
paroisses ou les fiefs du roi et des seigneurs sont mêlés. Ressort :
Sénéchaussée de Gourin :
réunie à la sénéchaussée de Quimper, provisoirement et avec des aléas
selon J. Trévédy ; proche fief composé de parties de Gourin, Langonnet,
Le Fouet, Quiscriff, Lanencjean!, Leuchan ; 1 prisonnier civil et 2
prisonniers criminels annuellement ;
Sénéchaussée de Beuzec-cap-Caval ; – de Beuzec Cap-sizun ; d’après
l’édit de 1565 ; réunies à la sénéchaussée de Quimper en 1565.
Sénéchaussée de Duault ; – du Huelgoat ; – de Landeleau : selon l’édit de 1551 ; réunies à la sénéchaussée de Carhaix en 1565.
Sénéchaussées de Conq - ; de Fouesnant ; – de Rosporden,
selon l’édit de 1551, mais qui n’en ferait qu’une selon J. Trévédy
comme exprimant « la seigneurie ducale dont le siège était à
Concarneau », en tout cas réunie(s) à la sénéchaussée de Quimper en
1565 ; fusion avortée puisque vingt ans plus tard, le présidial demande
la réunion. Voir Sénéchaussée de Concarneau.
Sénéchaussée de Saint-Pol-de-Léon : créée par l’édit de 1565, sans effet.
Sénéchaussée de Saint-Renan : selon l’édit de 1551 ; réunie à la sénéchaussée de Lesneven en 15658 ; réunie à la sénéchaussée de Brest par lettres patentes de juillet 1681. Voir Sénéchaussée de Brest et Saint-Renan.
Présidial de Nantes
Cette circonscription correspond à la seule baillie de Nantes au XIIIe siècle8.
les sièges royaux de Touffou, Loyaux, Le Gâvre qui disparaîtront en octobre 1565 ;
la baronnie de Châteaubriant (relevant de la sénéchaussée de Rennes) ;
les justices seigneuriales ressortissant nuement du parlement de Bretagne : les régaires de l’évêché, érigé en novembre 1581.
La sénéchaussée fut pratiquement absorbée par le présidial, sous le nom de Cour de Nantes, que les chefs de l’une ou l’aure de ces juridictions présidaient alternativement11.
Juridictions de brève durée : sénéchaussée de Loyaux (paroisse de
Fresnay) ; – de Touffou (paroisse du Bignon) ; – du Gavre : selon l’édit
de 1551 ; unies au présidial de Nantes par l’édit de 1565.
Présidial de Rennes
Cette circonscription correspond aux baillies de Penthièvre, de Rennes et de Tréguier au XIIIe siècle exceptée la sénéchaussée de Lanmeur attribuée au présidial de Quimper8.
Sénéchaussée présidiale de Rennes : « La plus grande partie des documents des XVIe et XVIIe siècles a été détruite par l’incendie de Rennes en 1720. »13. Dans ce qui a été conservée, la distinction entre les archives du présidial et celles de la sénéchaussée n’est pas nette.
Sénéchaussée de Dinan : 90 justices seigneuriales ; petit proche fief ; 1 prisonnier civil et 4 prisonniers criminels annuellement ;
Sénéchaussée de Fougères :
35 justices seigneuriales ; proche fief très vaste ; 40 prisonniers
civils et 15 à 20 prisonniers criminels annuellement ; 45 paroisses en
1789 ; 15 mètres linéaires d’archives [3B 16-395]13.
Sénéchaussée de Hédé :
réunion à la sénéchaussée de Rennes par l’édit de 1565 non effective ;
11 grandes justices seigneuriales ; grand proche fief ; 30 prisonniers
civils ou criminels « en huit ans avant que les prisons ne tombent » ;
22 paroisses en 1789 ; 13 mètres linéaires d’archives [3B 396-862]13.
Sénéchaussée de Jugon :
réunie à la sénéchaussée de Dinan en 1565, puis rétablie ; 34 justices
seigneuriales ; aucun prisonnier civil et 1 prisonnier criminel en dix
ans ;
Sénéchaussée de Lanmeur : créée par l’édit de 1551 ; réunie à la sénéchaussée de Morlaix (présidial de Quimper) en 1565, mais en fait seulement en 1755.
Sénéchaussée de Lannion :
proche fief considérable ; fonds homogène de 1605 à 1790 ; 5
prisonniers civils annuellement et 40 prisonniers criminels « depuis les
dix dernières années » ;
Sénéchaussée de Saint-Aubin-du-Cormier :
réunion à la sénéchaussée de Rennes par l’édit de 1565 non effective ; 3
justices seigneuriales ; proche fief dont la majeure partie est
couvertes de landes et forêts ; 6 prisonniers civils en dix ans et aucun
prisonnier criminel annuellement ; 16 paroisses en 1789 ; 4,5 mètres
linéaires d’archives [3B 863-1095]13.
Sénéchaussée de Saint-Brieuc : selon l’édit de création de 1551, mais la ville ne devint siège que dans les années 1580, non sans péripéties8 ;
26 justices seigneuriales ; « proche fief peu étendu à cause de la
juridiction des régaires » ; 2 prisonniers civils et 20 prisonniers
criminels annuellement.
Sénéchaussée d’Antrain :
réunion à la sénéchaussée de Fougères par l’édit de 1565 non
effective ; 13 justices seigneuriales ; proche fief très petit ; 12 à 15
prisonniers civils et 7 à 8 prisonniers criminels annuellement ; 7
paroisses en 1789
avec un lieutenant, un greffier et le procureur du roi, très peu
d’archives subsistantes (« malmenées par les événements
révolutionnaires »)13.
Sénéchaussée de Bazouges :
réunion à la sénéchaussée de Fougères par l’édit de 1565 non
effective ; 2 ou 3 prisonniers civils annuellement et 6 ou 7 prisonniers
criminels en dix ans ; 11 à 13 justices seigneuriales ; proche fief
très petit ; 17 paroisses en 1789, même situation que la juridiction
d’Antrain.
Juridictions de brève durée :
Sénéchaussée du pays Goëllo (siège à St-Brieuc à partir de 1565) ;
Sénéchaussée de Cesson (près Saint-Brieuc) : selon l’édit de 1551 ;
seulement une partie de la paroisse… ; réunie à la sénéchaussée de
Goëllo en 1565.
Sénéchaussée de Dol : créée selon l’édit de 1565, sans suite…
Sénéchaussée de Saint-Malo : créée par l’édit de 1565 ; uniquement la ville et la trève Saint-Servan, moins tout ce qui relève des régaires8. N’aurait jamais réellement existé.
Présidial de Vannes
Cette circonscription correspond à la baillie de Ploërmel du XIIIe siècle et à celle de Vannes
excepté le secteur de Redon ainsi que pour la baillie de Ploërmel, les
cantons de Montauban et Montfort qui sont attribués au présidial de
Rennes8.
Sénéchaussée d’Auray : connaît les appels de la juridiction royale de Belle-Île après la cession de l’île au roi en 1719 ;
les prisonniers sont envoyés à Vannes ; trois justices seigneuriales,
proche fief consistant la paroisse de Saint Gildas et Saint Goustan,
paroisse de Quiberon, Erdeven, Betz, Plouharnel, petite partie des
paroisses de Baden, Pluneret, Plumergat, Brech, Lardaulle!, Landevient!,
Locoual Mendon, Plumer, Crach et Locmariaquer.
Sénéchaussée d’Hennebont :
13 justices seigneuriales ; proche fief dans douze paroisses ; 4
prisonniers civils et 12 prisonniers criminels (« du fait des
mendiants ») annuellement ;
Sénéchaussée de Sarzeau ou de Rhuys : deux justices seigneuriales ; petit proche fief ; 24 prisonniers civils et 11 prisonniers criminels en dix ans ;
Juridictions de brève durée :
Sénéchaussée de Muzillac : selon l’édit de 1551 ; unie au présidial de Vannes par l’édit de 1565.
Sénéchaussée de Ploërmel : présidial selon l’édit de 1551 avec Theix (Thaiz) et Quimperlé comme sénéchaussées simples, réuni à celui de Vannes en août 1552. Il se composait de deux cents paroisses, relevant de quatre évêchés, selon J. Trévédy ; 45 justices seigneuriales ;
Sénéchaussée de Rhuys : trois paroisses ; unie au présidial de Vannes par l’édit de 1565, puis rétablie… (Cf. Sarzeau)
Voir aussi
Sources
J. Trévédy, Organisation judiciaire de la Bretagne avant 1790, dans « Revue historique de droit », t. XVII, 1893.
Attestée sous le nom Santus Ronanus Lutosus (Saint-Renan de la Boue) au XIIIe siècle.
Cette distinction « de la boue » est liée à la morphologie ancienne du
territoire composée de prairies marécageuses, actuellement le lac de
Ty-Colo.
Le nom breton de la commune est Lokournan.
Saint-Renan tient son nom d’un ermite irlandais, saint Ronan venu évangéliser la région au Ve siècle, qui aurait d’abord vécu à Saint-Renan avant d’aller s’installer à Locronan.
Histoire
Moyen Âge
Alors que Brest n’est encore qu’un petit village, la ville de Saint-Renan va se développer tout au long du Moyen Âge.
En 1276, le duc de Bretagne y établit une cour de justice sous la dénomination de barre ducale de Saint-Renan et Brest1.
Du XVe au XVIIIe siècle
Après le rattachement de la Bretagne à la France, Saint-Renan devient un chef-lieu de sénéchaussée, dont l’administration civile et militaire, qui est assurée par un sénéchal, s’étend sur 37 paroisses environnantes.
En 1681, Louis XIV transfère la cour de justice à Brest, ce qui entraîne une régression économique de la ville.
L’hôpital Saint-Yves de Saint-Renan est ainsi décrit à l’époque de Louis XIV :
C’est « une maisonnette couverte d’ardoises consistant en une cuisine
où il y a un lit pour une servante (…), n’en peut mettre davantage, deux
armoires, une table, un coffre et à l’étage une petite chambre avec six
couchettes pour les femmes et les filles, un galetas au-dessus pour le
bois. Au pied oriental de ladite maison : une chapelle dédiée à saint Yves et au-dessus une chambre séparée en deux parties, lesquelles sont remplies de six couchettes pour les hommes »2.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Saint-Renan de fournir 3 hommes et de payer 19 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne »3. Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Saint-Renan en 1778 :
« Saint-Renan ; gros bourg, dans un fond ; à 12 lieues un quart de Saint-Pol-de-Léon, son évêché ; à 50 lieues de Rennes et à 3 lieues de Brest, sa subdélégation et son ressort? Cette paroisse relève du Roi et compte 1 000 communiants 4;
la cure est présentée par l’Évêque. Trois grandes routes aboutissent au
bourg. Le territoire est abondant en grains et fourrages : les chevaux
qu’on y élève sont forts et vigoureux. (…)5 »
Dans la suite de ce même texte Jean-Baptiste Ogée fait des confusions
entre Saint-Renan et Locronan, plaçant notamment à tort la forêt de Névet à Saint-Renan alors qu’elle se trouve près de Locronan.
Le XIXe siècle
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d’Ogée décrivent ainsi Saint-Renan en 1845 :
« Saint-Renan : petite ville, commune formée de
l’ancienne paroisse du même nom, aujourd’hui cure de 2e classe,
chef-lieu de perception, résidence d’une brigade de gendarmerie, bureau
d’enregistrement, bureau de poste. (…) Selon M. de Fréminville, il y avait à Saint-Renan une église du XIIIe siècle,
dont le portail subsistait encore en 1832. L’église paroissiale est
moderne. Il y a une chapelle dans le bas de la ville, à l’hospice. (…) Saint-Renan et Locronan ont une complète analogie de nom (…) [Saint-Renan] est nommée dans le Léonnais« Loc-Ronan-ar-Fancq »
pour la distinguer de l’autre localité. (…) La ville forme à elle seule
la commune, et ne compte pas plus de trois ou quatre exploitations
rurales. Il y a foire
le deuxième samedi de janvier et le premier de mai, les troisièmes
mercredi de juin, juillet, septembre et novembre. Marché le samedi.
Géologie : constitution granitique. On parle le breton.6 »
Le XXe siècle
Les querelles liées à la laïcité
La congrégation des Filles de la Croix avait implanté une école pour filles à Saint-Renan7. En 1903, l’établissement de Saint-Renan comptait 155 élèves dont 13 chambrières, 4 demi-pensionnaires et 6 pensionnaires8 lors de sa fermeture en vertu de la loi sur les congrégations.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Saint-Renan porte les noms de 73 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Parmi eux, trois (Henry Bouvet de La Maisonneuve9, François Lannuzel10, Eugène Le Gall11) ont été décorés de la Croix de guerre et de la Médaille militaire ; Henri Le Chuiton12
a reçu la Croix de guerre. Outre François Lannuzel et Henri Le Chuiton,
six autres marins (Jean L’Hostis, Joseph Martin, Jean Mével, Ernest
Mingam, Joseph Ropars, Yves Trent) sont disparus en mer ; un autre marin
(Francis Chuiton) est décédé à Patras (Grèce) à bord du Bambara. Un soldat (Jean Pochard) a été tué à l’ennemi à Zocchi (Italie), les autres sont décédés sur le sol français13.
Louis Marie Dujardin (né le 17mai1885 à Saint-Renan, décédé le 21avril1969
à Saint-Renan), médecin et photographe, a laissé 457 clichés pris
pendant la Première Guerre mondiale illustrant la vie quotidienne des
soldats à l’arrière du front. Ces photographies se trouvent désormais
aux Archives départementales du Finistère14.
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Saint-Renan porte les noms de 44 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale13.
L’après-Seconde-Guerre-mondiale
Sept soldats (Marcel Calvez, Joseph Cleach, Jean Cloarec, Jean Le
Borgne, Goulven Perrot et deux autres) originaires de Saint-Renan sont
morts pendant la Guerre d’Indochine et trois (Daniel Gourvennec, Michel Le Hir, Jean Lorvan) pendant la Guerre d’Algérie13.
La modification des limites communales en 1955
Par décret du 25mai195515, des portions de territoire dépendant des communes de Plouzané, Plouarzel et Milizac sont rattachées à la commune de Saint-Renan :
« Art 1er : Les villages16 de :
1° Quillimerrien, Trévisquin-Bian, Trévisquin-Bras, Kérastang,
Kernévézic, Kérarguen, le Poteau, Mespaul, Kéravel et Pontavennec,
dépendant actuellement de la commune de Plouzané (canton de Saint-Renan,
arrondissement de Brest, département du Finistère) ;
2° Penhoat, Kéradraon, Kergozan, Douric, Kéravel, Kerborzoc,
Manoir-de-Kerborzoc, Lanven, Bout-du-Pont et Kerzu-Vian, dépendant
actuellement de la commune de Milizac (canton de Plabennec, mêmes
arrondissement et département) ;
3° Pont-du-Château, dépendant actuellement de la commune de Plouarzel
(canton de Saint-Renan, mêmes arrondissement et département),
tels qu’ils sont représentés par les lignes continues roses, jaunes et
vertes sur le plan annexé au présent décret, sont rattachés à la commune
de Saint-Renan (canton de Saint-Renan, mêmes arrondissement et
département). »
L’exploitation de l’étain entre 1960 et 1975
Entre 1960 et 1975, grâce à la découverte d’importants gisements de minerai dans les marais qui bordent la rivière l’Ildut, Saint-Renan devint la capitale européenne de l’étain. Les gisements alluvionnaires de cassitérite, un minerai stannifère, furent exploités par la COMIREN (Compagnie des Mines de Saint-Renan) à l’aide d’une drague suceuse à désagrégation placée sur un ponton flottant (plus de 5 200 tonnes de concentrés à 74 % d’étain ont été produits)17.
Les trous creusés pour l’exploitation de l’étain seront ensuite
remplis par l’eau de la rivière, créant six lacs, dénommés, d’amont en
aval : lac de Pontavennec, lac de Ty Colo, lac de la Comiren (du nom de
la Compagnie minière de Saint-Renan), lac de Tréoualen ou de la Laverie, lac de Poulinoc et lac de Lannéon18.
D’après le recensement Insee de 2007, Saint-Renan compte 7 292 habitants (soit une augmentation de 7 % par rapport à 1999). La commune occupe le 1 314e rang au niveau national, alors qu’elle était au 1 344e en 1999, et le 19e au niveau départemental sur 283 communes.
L’évolution du nombre d’habitants est connue à travers les
recensements de la population effectués à Saint-Renan depuis 1793. Le
maximum de la population a été atteint 2007 avec 7 292 habitants.
La population de la commune est relativement jeune. Le taux de
personnes d’un âge supérieur à 60 ans (20,3 %) est en effet inférieur au
taux national (21,6 %) et au taux départemental (24,5 %). À l’instar
des répartitions nationale et départementale, la population féminine de
la commune est supérieure à la population masculine. Le taux (52,2 %)
est du même ordre de grandeur que le taux national (51,6 %).
La répartition de la population de la commune par tranches d’âge est, en 2007, la suivante :
47,8 % d’hommes (0 à 14 ans = 21,5 %, 15 à 29 ans = 18,9 %, 30 à 44 ans = 21,2 %, 45 à 59 ans = 21 %, plus de 60 ans = 17,5 %) ;
52,2 % de femmes (0 à 14 ans = 19,8 %, 15 à 29 ans = 17,6 %, 30 à
44 ans = 20,5 %, 45 à 59 ans = 19,2 %, plus de 60 ans = 22,9 %).
Pyramide des âges à Saint-Renan en 2007 en pourcentage21
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,3
90 ans ou +
1,2
4,8
75 à 89 ans
8,4
12,4
60 à 74 ans
13,3
21,0
45 à 59 ans
19,2
21,2
30 à 44 ans
20,5
18,9
15 à 29 ans
17,6
21,5
0 à 14 ans
19,8
Pyramide des âges du département du Finistère en 2007 en pourcentage22
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,3
90 ans ou +
1,2
6,7
75 à 89 ans
11,6
13,6
60 à 74 ans
15,3
21,4
45 à 59 ans
20,2
20,8
30 à 44 ans
18,9
18,4
15 à 29 ans
16,1
18,7
0 à 14 ans
16,7
Langue bretonne
À la rentrée 2016, 175 élèves étaient scolarisés à l’école Diwan et dans les filières bilingues catholiques (soit 13,9 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire)23.
Tourisme
Les maisons anciennes du XVe et XVIe siècles, situées sur la place du vieux marché, offrent des attraits historiques et architecturaux à la ville.
Son marché du samedi est l’occasion de déguster les produits locaux, comme la tomme aux algues de Molène.
Les plans d’eau de la commune représentent un potentiel non
négligeable mais sont à ce jour faiblement exploités pour le tourisme et
les loisirs. Néanmoins, en mai 2011, un téléski nautique a été installé sur le lac de Ty-Colo, à l’entrée est de la ville24.
Par la construction de nombreux lotissements, la ville a doublé sa
population en quarante ans. Elle est aujourd’hui une commune
« péri-urbaine » de Brest. Cette petite ville rurale et commerçante est
devenue en quelques décennies une commune pavillonnaire. Par sa
situation géographique (à 20 minutes du centre ville de Brest, et à 1/4
d’heure des plages) ainsi que ses équipements publics (scolaires,
sportifs et administratifs) et commerciaux, elle attire de nombreux
actifs travaillant sur Brest.
Tous les deux ans s’y déroule une grande fête médiévale. Le centre
historique de Saint-Renan se pare alors de magnifiques oriflammes et
autres écussons afin d’accueillir la grande fête médiévale et ses 30 000
spectateurs. Jusqu’en 2007, cette grande fête avait lieu tous les ans.
La 14e édition « Les métiers » a eu lieu les 18 et 19 juillet 201525.
Le marché de la ville est un des plus réputés du Finistère. Il se déroule tous les samedis à partir de 8 h du matin.
Les vendredis durant la période estivale se déroulent des concerts
gratuits sur la place du Vieux Marché organisés par l’association Les Vendredis branchés.
Personnalités liées à la commune
Émile Rocher
(1928-2014), peintre, sculpteur et céramiste (œuvres au musée des
Beaux-Arts de Brest, du Faouët, conseil régional de Bretagne,
collections dans 21 pays, sculptures visibles dans plusieurs rues de
Saint-Renan et à l’Hôtel des Voyageurs). Son ancien atelier est encore
visible rue de Brest.
Michel Abalan (1920-2000), résistant français décédé à Saint-Renan.
Notes et références
↑ Jean Kerhervé, Anne-Françoise Pérès, Bernard Tanguy, Les biens de la Couronne dans la sénéchaussée de Brest et Saint-Renan, d’après le rentier de 1544, Institut culturel de Bretagne, 1984.
↑ Louis Dujardin, « Un petit hôpital de Basse-Bretagne du XVIIe siècle à nos jours. L’hôpital de Monsieur Saint-Yves à Saint-Renan », SAF, 1938
↑ Henri Le Chuiton, né le 7février1891 à Saint-Renan, médecin, mort en mer le 23janvier1918 lors du naufrage de l’aviso Drôme qui heurta une mine allemande dans le port de Marseille
↑ Le terme village en Finistère est utilisé en lieu et place de celui de hameau. La commune (ou paroisse) comprend son bourg et ses villages.
↑ Louis Chauris, « Minéraux de Bretagne », Les éditions du Piat, 2014, [ISBN 978-2-917198-22-3]
↑ Le lac de Pontavennec est à cheval sur les communes de Saint-Renan et de Guilers ; celui de Poulinoc à cheval sur les communes de Saint-Renan et de Plouarzel et celui de Lannéon à cheval sur les communes de Plouarzel et de Lanrivoaré.
La place du Vieux-Marché est la plus typique de la commune, avec ses anciennes maisons à colombages.
Petite cité de caractère, Saint-Renan s’est forgé une solide
réputation grâce à son marché, l’un des plus importants du Finistère, et
à ses lacs, très courus des Brestois qui peuvent même y trouver un
téléski nautique. Entourée par les villes de Guilers, Milizac,
Lanrivoaré et Plouzané, elle a conservé quelques vestiges de l’époque
médiévale.
Selon la légende, un ermite irlandais du nom de Ronan, venu
évangéliser la région, accosta sur les rivages bretons pour y fonder une
ville. Saint-Renan-des-Marais, qui doit son nom aux prés marécageux qui
l’entourent alors, est né au Ve siècle et a continué à se développer
tout au long du Moyen Âge. Ses marais feront de la ville, bien des
siècles plus tard, la capitale européenne de l’étain, bouleversant du
même coup le paysage. Des gisements exploités jusqu’à la dernière
pierre, il ne reste plus que des lacs, dont celui de Ty Colo. Situées à
proximité immédiate du centre-ville, ses rives sont désormais des lieux
de balade pour ses habitants. Les plus aventureux peuvent même tester le
téléski nautique, une attraction à sensations fortes où les initiés
enchaînent les figures de wake-board sur les modules flottants. Les
Renanais sont plus de 7.700 à habiter et profiter de la position de leur
ville, à 20 minutes de Brest.
Un marché de caractère !
Trésors de la mer, saucisses fumées aux algues de Molène,
kig-ha-farz, far et autres lichouseries sont à marchander et déguster
sur l’imposant marché de Saint-Renan, l’un des plus importants du
département depuis fort longtemps. L’été, les rues du bourg peuvent
dépasser les 300 exposants, en toute légalité… Ce qui n’a pas toujours
été le cas ! Un peu d’histoire : Saint-Renan disposait auparavant d’une
cour de justice, établie en 1321 par le duc de Bretagne. Cette barre
ducale, qui devient par la suite siège de la justice royale, fut
transférée en 1681 à Brest,
sur l’ordre de Louis XIV. Ce décret concernait aussi les foires et
marchés, qui n’étaient donc plus légitimes dans la ville, au grand dam
des commerçants et des villageois des alentours. Pendant huit ans,
soutenus par le seigneur du Curru, les marchands, malgré les procès et
les interdictions, continueront à vendre leurs produits dans le bourg,
assumant la fronde avec fierté. Finalement, les marchés seront rétablis
en 1689. Rendez-vous le samedi matin, tout au long de l’année, pour
profiter des produits à l’étal.
Le long du parcours
La place du Vieux-Marché est emblématique de cette petite cité de
caractère qui conserve quelques maisons anciennes, datant pour certaines
des XVe et XVIe siècles, ornées de grotesques bariolés de couleurs, ces
figures caricaturales sculptées en frise. Les promeneurs peuvent se
balader dans la ville et suivre le parcours ponctué de plaques de lave
émaillées frappées du blason de la ville (voir ci-contre). Placées à des
points stratégiques, elles expliquent la vie d’autrefois, du lavoir de
la Place-aux-Chevaux, le plus grand encore existant, ou à celui du
Pont-de-Bois. On peut imaginer le quotidien des Renanaises d’antan ou
s’extasier des truculents noms de rue. La rue Casse-la-Foi en est un
exemple, à l’origine rue « Torefheiz », l’adaptation du breton au
français a vu se glisser une petite erreur d’interprétation… Elle aurait
dû s’appeler, de sa traduction littérale, « Versant de la foi », en
raison de sa proximité avec la chapelle Notre-Dame-de-Liesse et de la
forte inclinaison de la voie.
La superficie de la commune est de 3 314 hectares ; son altitude varie entre 0 et 102 mètres1.
L’intérieur appartient à l’ensemble physique appelé Plateau du Léon,
entaillé de profondes et parfois larges vallées. Celle de l’Aber-Ildut, démesurément élargie, est particulièrement remarquable. Autrefois, avant que le Goulet ne se soit creusé, l’Aulne et l’Élorn se déversaient vers le nord-ouest à travers la basse vallée de la Penfeld (en sens inverse du courant actuel) et la vallée de l’Aber-Ildut. C’était il y a 35 millions d’années.
Urbanisme
Morphologie urbaine
La façade maritime, d’une longueur de 9 km environ, est située sur la rade de Brest et plus précisément sur le Goulet qui relie cette rade à l’océan Atlantique.
Succession de pointes (du Diable, du Minou) et d’anses plus ou moins
abritées (Dellec, plage du Minou), la côte a été préservée, en grande
partie, d’une urbanisation sauvage grâce à l’intérêt stratégique qu’elle
représentait pour la Marine nationale. La plupart des terrains situés en bordure de mer sont propriétés de l’État.
Logement
En 2009, le nombre total de logements dans la commune était de 4 550, alors qu’il était de 4 066 en 1999I 1.
Parmi ces logements, 95,4 % étaient des résidences principales, 0,9 %
des résidences secondaires et 3,7 % des logements vacants. Ces
logements étaient pour 83,7 % d’entre eux des maisons individuelles et
pour 15,2 % des appartementsI 2.
La proportion des résidences principales, propriétés de leurs
occupants était de 78,1 %, comme en 1999 (78,0 %). La part de logements
HLM loués vides (logements sociaux) était de 8,3 % contre 8,1 % en 1999I 3.
Projets d’aménagements
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Ploesanaevers 13302, Ploesannay en 1407, Ploesane en 1440, Ploesané en 1481, Ploesanne, Guysane en 1544 et Guic-Sané en 16363.
Le nom en breton de la commune est Plouzane, il provient du mot breton plou signifiant paroisse et de saint Sané3.
Histoire
Héraldique
Blasonnement : De gueules à la tour d’or, ouverte au champ,
ployée, accompagnée d’un microscope à dextre et d’un épi de blé à
senestre ; au chef d’argent crénelé de quatre merlons meublés de trois mouchetures d’hermine de sable.
Époque moderne
Du XVe siècle et au XVIIIe siècle, la paroisse de Plouzané était, avec sa trève de Locmaria, l’une des plus riches en noblesse rurale de l’évêché de Léon. Pas moins de 41 manoirs ont existé sur le territoire de la commune.
Au XVIe siècle, Plouzané faisait partie de la sénéchaussée de Brest et Saint-Renan4.
Le hameau de Quillimerrien, bien que situé tout près du bourg de Saint-Renan, faisait partie de la commune de Plouzané jusqu’en 1955 (cf. plus bas). Il passe pour avoir été autrefois un village de cacous
ou lépreux. Le village ne ressemblait à aucun autre aux alentours. Il
est resté très tard « d’apparence moyenâgeuse avec ses cabanes couvertes
de chaume, sa rue pavée de galets, sa croix de pierre et sa fontaine
lavoir dans laquelle jamais femme des alentours n’eut oser tremper son
linge »5. Les cacous exerçaient la profession de cordiers.
C’est vers 1630 que Richelieu fonde, à l’abri de la rade de Brest, un arsenal et un important port militaire. Le goulet qui sépare la rade de la mer d’Iroise doit donc être défendu. C’est Vauban
qui se chargera de définir les lignes de défense. Quatre forts ont été
construits sur le territoire de la commune puis modernisé et adapté à
l’évolution des techniques militaires : Diable (aujourd’hui disparu), Dellec (1747), Mengant (ou Léon – 1687) et Minou (1697). En 1763, une garnison de 250 hommes occupaient le fort du Mengant, servant 42 canons.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Plouzanné [Plouzané] de fournir 59 hommes et de payer 387 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne »6.
La Révolution française
Sous la Révolution, la paroisse de Plouzané et sa trève de Locmaria résistèrent à la Constitution civile du clergé. En 1792,
la messe était toujours célébrée par des prêtres insermentés, sous la
protection de 40 ou 50 hommes armés. Le 14 avril, le district de Brest
dut envoyer un détachement de 600 soldats pour venir à bout de la
population récalcitrante.
Le XIXe siècle
En 1896, un document indique que les sœurs de l’Immaculée Conception de Saint-Méen assistaient et soignaient gratuitement les malades de Plouzané à domicile7.
Plouzané a cédé des hameaux et terres environnantes à Saint-Renan, à deux autres reprises : en novembre 1850 et en juillet 19708.
Le 9janvier1903, Le Merdy, curé de Plouzané, fait partie des 31 prêtres du diocèse de Quimper dont les traitements9 sont retenus par décision du gouvernement Combes « tant qu’ils ne feront pas emploi de la langue française dans leurs instructions et l’enseignement du catéchisme » car ils utilisaient le breton10.
En 1904, un décret du gouvernement Combes, pris en vertu de la loi sur les congrégations, entraîne la fermeture de l’école congréganiste tenue par les Frères des écoles chrétiennes à Plouzané11.
Entre juillet 1903 et octobre 1932, la vie des habitants de hameau de
La Trinité était réglée sur les heures de passage (fixes) du tramway
électrique qui reliait Brest au Conquet.
Plouzané a été libérée des Allemands par les Américains le 13
septembre 1944 après plus de 15 jours de rudes combats. Le bilan est
lourd pour la commune.
L’après-Seconde-Guerre-mondiale
Rurale à l’origine, Plouzané a connu un développement exponentiel
seulement à partir de 1960. En 1962, la population de Plouzané s’élevait
à seulement 2 066 habitants alors qu’elle comptait 100 habitants de
plus avant la Seconde Guerre mondiale. Il faut dire qu’entre-temps
(décret du 25 mai 195512), elle a perdu un peu de sa superficie – et de ses habitants – au bénéfice de Saint-Renan.
C’est en effet à cette époque que s’implantèrent à proximité un établissement industriel (Thomson-CSF, devenu depuis Thales) et un centre de recherches (Cnexo, aujourd’hui devenu Ifremer).
C’est également de la fin des années que datent les premiers
lotissements construits à la Trinité, dans les quartiers de Keramazé et
du Gonio, qui permettent l’implantation à Plouzané de nouvelles familles
issues de milieux ouvriers, et en particulier de l’Arsenal.
Le tournant des années 1970 et l’émergence de Castel-Nevez
La croissance rapide de ce pôle excentré de la commune (le Bourg, avec la mairie, la Poste et l’église se trouve à environ 4 km) amenant à Plouzané une population aux aspirations en rupture avec celles du vieux Plouzané rural et tourné vers Saint-Renan, ne se fait pas sans remous.
Deux décisions vont alors profondément transformer la commune. D’une part, en 1974, Plouzané fonde, avec Brest et six autres communes périphériques, la Communauté urbaine de Brest
qui fait figure de précurseur en matière d’intercommunalité. Dès lors,
Plouzané se tourne résolument vers Brest. La Communauté urbaine ayant,
dès sa création, bénéficié de larges compétences transférées par les
communes en matière d’urbanisme et d’aménagement, la commune offrant de
vastes espaces aménageables, se construit à grande vitesse. D’un point
de vue institutionnel, c’est également dans les années 1970 que Plouzané
quitte le canton de Saint-Renan pour constituer, avec les quartiers de l’ouest brestois, le canton de Brest-Plouzané.
Seconde grande décision: face à une commune écartelée entre les deux
pôles du Bourg et de la Trinité et devant les besoins nouveaux de
logements et d’infrastructures, il est décidé en 1975, de créer à
mi-chemin entre ces deux pôles, un nouveau quartier central, Castel-Nevez
où s’installe dès 1976 une nouvelle mairie qui accueille également la
Poste et la gendarmerie et dans la foulée une école, un gymnase et le
premier collège public de la commune.
De l’autre côté de la route qui relie le bourg à la Trinité est créée
la zone d’activité de Mescouézel qui accueille artisans et
professionnels du bâtiment principalement et le complexe sportif de
Trémaïdic.
Plus tard, Castel-Nevez accueille également un centre commercial et,
au cours des années 1980, lorsque parallèlement à la population
municipale, les services administratifs de la commune montent en
puissance, la Poste et la gendarmerie quittent leurs locaux de la mairie
et se voient construire à quelques dizaines de mètres, une nouvelle
Poste et une gendarmerie permettant le logement de la brigade. À la même
époque, le quartier est également doté d’un centre culturel réunissant
sous un même toit la bibliothèque, l’école de musique et une salle de
spectacle.
Au fil des années, l’urbanisation se poursuit autour de l’axe qui
irrigue les différents pôles de la commune. Le bourg et Castel-Nevez se
rejoignent au début des années 2000 avec l’urbanisation du secteur de
Kerbleust. Le secteur agricole entre la Trinité et Castel-Nevez quant à
lui doit faire l’objet d’une opération d’aménagement sous forme d’une ZAC dite ZAC de Kerarmerrien.
Ces jumelages sont gérés par l’association « Office Pour les échanges à Plouzané » (OPEP)15.
Démographie
Évolution démographique
L’évolution du nombre d’habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du 1er janvier 2009, les populations légales
des communes sont publiées annuellement dans le cadre d’un recensement
qui repose désormais sur une collecte d’information annuelle, concernant
successivement tous les territoires communaux au cours d’une période de
cinq ans. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les
recensements ont lieu chaque année à la suite d’une enquête par sondage
auprès d’un échantillon d’adresses représentant 8 % de leurs logements,
contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les
cinq ans16,Note 1.
En 2014, la commune comptait 12 263 habitants, en augmentation de 4,59 % par rapport à 2009 (Finistère : 1,32 % , France hors Mayotte : 2,49 %)
La population de la commune est relativement jeune. Le taux de
personnes d’un âge supérieur à 60 ans (17,8 %) est en effet inférieur au
taux national (21,6 %) et au taux départemental (24,5 %). Contrairement
aux répartitions nationale et départementale, la population masculine
de la commune est supérieure à la population féminine (51,7 % contre
48,4 % au niveau national et 48,4 % au niveau départemental).
La répartition de la population de la commune par tranches d’âge est, en 2007, la suivante :
51,7 % d’hommes (0 à 14 ans = 21,8 %, 15 à 29 ans = 24,2 %, 30 à 44
ans = 17,5 %, 45 à 59 ans = 20,7 %, plus de 60 ans = 15,7 %) ;
48,3 % de femmes (0 à 14 ans = 18,9 %, 15 à 29 ans = 18,3 %, 30 à 44 ans = 21,1 %, 45 à 59 ans = 21,8 %, plus de 60 ans = 20 %).
Pyramide des âges à Plouzané en 2007 en pourcentage19
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,1
90 ans ou +
0,6
3,3
75 à 89 ans
4,8
12,3
60 à 74 ans
14,6
20,7
45 à 59 ans
21,8
17,5
30 à 44 ans
21,1
24,2
15 à 29 ans
18,3
21,8
0 à 14 ans
18,9
Pyramide des âges du département du Finistère en 2007 en pourcentage20
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,3
90 ans ou +
1,2
6,7
75 à 89 ans
11,6
13,6
60 à 74 ans
15,3
21,4
45 à 59 ans
20,2
20,8
30 à 44 ans
18,9
18,4
15 à 29 ans
16,1
18,7
0 à 14 ans
16,7
Enseignement
Plouzané compte environ 1 500 écoliers entre écoles maternelles et
primaires. Environ un millier d’entre eux est scolarisé dans les quatre
groupes scolaires publics de la commune (école du Bourg, école de
Kroas-Saliou, école de Coat-Edern, école Anita-Conti – anciennement
école de la Trinité), les autres étant scolarisées dans les deux écoles
privées (Sainte-Anne, au Bourg et Saint-Thérèse à la Trinité).
À la rentrée 2016,
104 élèves étaient scolarisés dans la filière bilingue publique (soit
6,6 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire)21.
La commune compte également trois collèges : les collèges publics
Victoire-Daubié (Kroas-Saliou) et de Kerallan et le collège privé
Saint-Michel au Bourg.
Il n’y a pas de lycée à Plouzané, les élèves de l’enseignement public
en filière générale étant scolarisés au lycée Amiral-Ronarc’h de Brest.
En revanche Plouzané, grâce à la présence du technopole Brest-Iroise accueille plusieurs établissements d’enseignement supérieur : IMT Atlantique (anciennement Télécom Bretagne), l’ENIB, l’ESIAB et l’IUEM.
De nombreux édifices anciens parsèment la commune. En plus de l’église actuelle qui date de 1779, deux chapelles anciennes se trouvent sur la commune : celle de La Trinité, qui a donné son nom à l’agglomération qui l’entoure et celle de Bodonou, dans la campagne au nord de la commune. La chapelle de Kerangoff, plus récente date du début du vingtième siècle.
Pas moins de 41 manoirs ont existé sur la commune. À ce jour, il n’en reste que six : Poncelin, Halégot (autrefois Le Halgouët), Coadénez, Kerlambars, Le Nevent et celui plus récent, de Kerangoff.
Monument aux morts de 1914-1918.
Quatre forts ont, autrefois, été construits sur le littoral. Il s’agit des forts de la Pointe du Diable (aujourd’hui disparu), du Dellec, du Mengant et du Minou.
Parmi les fontaines de la commune, deux sont particulièrement remarquables : celle du Cloître, dite aussi de saint Sané et celle de La Trinité.
Il existe aussi une quinzaine de croix remarquables sur le territoire communal. Parmi elles, celles de Bodonnou, Kerandantec, Coadénez, Poncelin…
Le monument aux morts de 1914-1918 se situe près de l’église.
La commune possède également sur son territoire un vélodrome, rue
Jacques Anquetil. Construit en 1988, à l’initiative de 15 communes 22, il accueille régulièrement des compétitions23.
Langue bretonne
L’adhésion à la charte Ya d’ar brezhoneg a été votée par le Conseil municipal le 15 décembre 2008. Le 12 mars 2009 a été remis à la commune le label Ya d’ar brezhoneg de niveau 1 et le 22 mars 2013 le label de niveau 2.
Personnalités liées à la commune
Les Marins d’Iroise, groupe qui a vu le jour au sein de l’Amicale laïque de Plouzané.
↑
Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher
dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations
légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une
enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000
habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc.
pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière
population légale publiée par l’Insee pour l’ensemble des communes.
↑ Jean Kerhervé, Anne-Françoise Perès, Bernard Tanguy, Les biens de la Couronne dans la sénéchaussée de Brest et Saint-Renan, d’après le rentier de 1544, Institut culturel de Bretagne, 1984.
↑La France charitable et prévoyante : tableaux des œuvres et institutions des départements, numéro 1, 1896, Gallica [archive]
↑
Par la loi du 28 novembre 1850, et elle a été diminuée d’un quartier
rattaché à Saint-Renan par arrêté préfectoral du 29 juillet 1970 Archives du Finistère [archive]
↑ En vertu du Concordat, les prêtres étaient alors payés par l’État
Lors de la montée en puissance de la Montagne dans le gouvernement révolutionnaire, les administrateurs du conseil général du Finistère crurent pouvoir s’insurger contre la Terreur
naissante. Vingt-six d’entre eux, à la suite d’un procès mené
principalement à charge, furent condamnés à la peine capitale par un tribunal révolutionnaire et guillotinés à Brest le 22 mai 1794 (3 prairial an II).
L’établissement du chef-lieu du département fut un enjeu considérable durant la Révolution1. Trois villes furent en compétition : Quimper, Landerneau et Carhaix.
« La faiblesse de cette dernière ville l’écarte sans retour ; aucune
des deux autres n’est centrale, mais le plus grand nombre d’administrés,
le voisinage de Brest, la surveillance qui doit toujours être active
sur ce premier dépôt des forces navales du royaume ont déterminé le
comité en faveur de Landerneau2 ».
La cause quimpéroise était singulièrement compromise, mais les esprits des députés de l’Assemblée constituante furent retournés par l’intervention de l’abbé Denis Bérardier.
Élu député suppléant du clergé de Paris aux États généraux de 1789,
Bérardier fut appelé à siéger à la Constituante en 1790 et se servit de
cette position pour défendre les intérêts de sa ville natale, dans
laquelle il avait de la famille et, en tout cas un frère.
Sa plaidoirie évoquait la pauvreté cornouaillaise : « La côte de
Quimper est aussi pauvre que celle de Landerneau est opulente ; vous ne
pouvez donner toutes les faveurs à une même ville et, si Quimper perdait
le chef-lieu, vous prononceriez sa ruine totale ». Faisant le siège des
députés les plus influents, il réussit à faire triompher la cause
quimpéroise « contre toute probabilité ».
La décision fut rendue en ces termes : « l’Assemblée nationale a
décrété que le chef-lieu du département du Finistère resterait
définitivement fixé à Quimper2 ».
La rébellion contre la Convention nationale
Mais Quimper, en se ralliant à l’insurrection fédéraliste girondine,
allait provoquer sa destitution administrative temporaire donnant
l’avantage à Landerneau qui était dans la mouvance immédiate de Brest,
port militaire directement contrôlé par la capitale et, donc, plus en
phase avec les pulsions montagnardes.
En effet, le 6 janvier 1793, certains administrateurs dénoncent à la Convention nationale « les factieux qui dominent la ville de Paris3 ».
Lorsque les Girondins furent expulsés de la Convention le 2 juin 1793, à l’instigation des Montagnards et sous la menace des canons de la Garde nationale,
les administrateurs du Finistère firent lever une force de six cents
hommes devant se rendre à Paris pour rétablir une république plus
modérée.
Les fédérés furent battus le 13 juillet 1793 à Pacy-sur-Eure.
La Convention victorieuse décréta la mise en accusation et
l’arrestation des administrateurs du Finistère. Ils furent remplacés par
une commission administrative de neuf membres siégeant à Landerneau3. Les trente administrateurs furent inculpés pour « avoir conspiré contre la République ».
Le procès et l’exécution
Le tribunal révolutionnaire de Brest avait été établi à « l’instar de
celui de Paris, pour juger tous les citoyens accusés de délits contre
la liberté du peuple, la sûreté du gouvernement républicain, l’unité et
l’indivisibilité de la république, de tout vol, de dilapidation tendant à
opérer son dépérissement, en un mot de tout crime contre l’intérêt
national’ »4. Il ne laissait peu de temps et possibilité de défense aux accusés.
Il était composé de :
Pierre-Louis Ragmey, ancien avocat à Lons-le-Saulnier,
nommé le 6 septembre 1793, juge au tribunal révolutionnaire de Paris,
puis président du tribunal révolutionnaire de Brest établi à l’instar de
celui de Paris5 ;
Trois membres du bataillon des Montagnards de Paris dont le caporal Combar, âgé de 21 ans ;
Deux membres du Comité révolutionnaire de Brest.
La défense des accusés étaient assurée par :
les avocats Le Hir et Riou-Kersalaun
Le procès
Le 3 prairial an II (22 mai 1794), en représailles de cette fronde
girondine, vingt-six administrateurs du département du Finistère étaient
guillotinés à Brest, place du Château à l’époque rebaptisée : « Place
du triomphe du Peuple ». Les quatre autres, absents du département au
moment du procès, eurent la vie sauve3.
L’accusateur public Donzé-Verteuil tenta de justifier ces exécutions : il écrivit le 6 prairial an II, au Journal de Paris,
n° 520, une lettre où on lit qu’« Avant-hier, vingt-six administrateurs
du Finistère ont porté leurs têtes sur l’échafaud. Ces Messieurs
voulaient donner la ci-devant Bretagne aux Anglais. »1
L’exécution
À mesure que les condamnés sortaient du tribunal, le bourreau Ance6, arrivé de Rochefort,
leur faisait couper les cheveux, leur liait les mains derrière le dos
et les entassait dans les charrettes. Le cortège se dirigea vers la
place du château où devait avoir lieu l’exécution.
La liste des guillotinés est la suivante7,8 :
Louis-Joseph-Marie Le Prédour, ancien notaire royal, ancien avocat au Parlement, juge au tribunal de Châteaulin, député suppléant de la Convention, né à Pleyben le 2 juillet 1758 ;
Mathieu Michel Marie Brichet, homme de loi et ex-procureur général
syndic du département du Finistère, âgé de trente-six ans, né à
Landerneau, demeurant à Quimper ;
Jacques Rémy Aymez, négociant, ex-secrétaire général de
l’administration départementale, né à Brest, le 14 juin 1764, demeurant à
Quimper ;
Louis Guillier du Marnay, négociant, officier municipal de Douarnenez, membre du Directoire du Finistère de 1790 à 1793 ;
Pierre Marie de Bergevin, homme de loi, né à Brest le 2 janvier 1750, demeurant à Lanildut, conseiller du roi, son procureur au siège de Brest10, membre de l’Heureuse Rencontre, une loge maçonnique11 ;
Yves Postic, cultivateur, illettré, né le 19 juin 1754 à Keriquel, Scaër, âgé de trente-neuf ans ;
Antoine Cuny, ancien capitaine d’artillerie, négociant, âgé de quarante-cinq ans, né à Bordeaux, demeurant à Quimperlé ;
Guillaume Le Roux, marchand de toile, âgé de vingt-sept ans, né à Pleyber-Christ, domicilié à Landivisiau ;
Yves Daniel Kersaux, âgé de quarante-cinq ans, né et demeurant à Penmarch ;
Guillaume Herpeu, avocat, juge au tribunal du district de
Pont-Croix, né et demeurant dans cette ville, âgé de quarante-six ans ;
Jean Louis Mérienne, sous-chef des vivres de la Marine à Brest, né à Fougères (Ille-et-Vilaine), demeurant à Brest (Recouvrance), âgé de trente-neuf ans ;
Charles François Malmanche, né à Verteuil, dans l’ancien Angoumois, âgé de quarante-six ans, chirurgien, ancien maire de Brest (1790-1791), demeurant à Lambézellec, membre de l’Heureuse Rencontre, une loge maçonnique11 ;
Charles François Banéat, marchand et cultivateur, né à Carhaix, y demeurant, âgé de quarante-trois ans ;
Jean Marie Le Pennec, homme de loi, né et domicilié à Carhaix, âgé de cinquante ans ;
Julien Le Thoux, juge au tribunal du district de Quimper, y
demeurant, né à Nouillac, district de Pontivy, âgé de soixante-douze
ans ;
François Marie Déniel, ancien maire de Lannilis9, marchand et cultivateur, né à Landerneau, demeurant à Lannilis, âgé de trente-six ans ;
Julien Moulin, militaire réformé ;
Yves Le Gac, homme de loi ;
Louis Piclet, homme de loi, juge à Pont-Croix, y demeurant, né à Locronan-du-Bois, âgé de soixante-quatre ans ;
On a prétendu que le guillotineur Ance arrangea ces vingt-six têtes en couronne14.
Ce qui est certain c’est que l’exécution eut lieu entre six heures et
sept heures du soir, et que les actes de décès avaient déjà été rédigés à
cinq heures.
Mémoire
Un mausolée en granite de l’Aber-Ildut dans le cimetière Saint-Martin de Brest fut érigé en 1865 à la mémoire ces hommes15.
Bibliographie
Armand du Châtelier, Les 26 administrateurs du Finistère, Brest, Lefournier, 1865
Bulletin de la Société académique de Brest [archive], Tome 1er,
Imprimerie Anner, Brest, 1861. Article de E. Le Guillou de Pénanros :
« L’Administration du Finistère et le Tribunal révolutionnaire de Brest
en 1793-1794 »
↑ a, b et c Christian Bolzer, « Les administrations locales issues de la Révolution », Le Lien du Centre Généalogique du Finistère, no 112, décembre 2009, p. 11 (ISSN0755-9607)
↑ Le Cabinet Historique, Tome Quinzième par Louis Paris
↑ Émile Campardon, Marie-Antoinette à la conciergerie, du 1er août au 16 octobre 1793.
↑
le nom du Domingois Hentz, guillotineur de Rochefort sous la Terreur,
apparaît orthographié Ance et Anse à deux lignes de distance dans une
citation du Moniteur du 14 novembre 1793
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire