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mardi 1 décembre 2015

"Quand on consulte des images de djihadistes..."

Voilà. Il y a comme une idée à moduler et ajuster selon les circonstances.

Quand on consomme des images pédopornographiques, on n’est pas loin d’être soi-même pédophile, à moins de les traquer pour les dénoncer – encore faut-il en faire la preuve.

Quand on s’inscrit sur le blog du cyberdélinquant Pascal Edouard Cyprien Luraghi, on est soi-même terroriste, à moins de faire la preuve du contraire avec une dénonciation en bonne et due forme.


http://www.slate.fr/story/110855/sarkozy-djihadhistes

«Quand on consulte des images de djihadistes, on est un djihadiste»: la formule dont Sarkozy abuse

 

Repéré par Grégor Brandy
France
Tech & internet
01.12.2015 – 13 h 18mis à jour le 01.12.2015 à 13 h 18


Nicolas Sarkozy en meeting, le 30 mai 2015. REUTERS/Philippe Wojazer.
Nicolas Sarkozy en meeting, le 30 mai 2015. REUTERS/Philippe Wojazer.


Le président du parti Les Républicains était venu soutenir Edgar Morin, à Rouen, le 30 novembre. Et on retiendra de ce meeting une comparaison marquante entre pédophiles et djihadistes, que Nicolas Sarkozy avait déjà utilisée.

«Quand on consulte des images de djihadistes, on est un djihadiste». Voici probablement la seule chose que l’on va retenir de l’intervention de Nicolas Sarkozy du lundi 30 novembre, lors d’un meeting à Rouen, où il était venu soutenir Hervé Morin (UDI).

Comme le racontent 20 minutes et l’AFP, le chef de file du parti Les Républicains «veut aller “plus loin” dans la lutte contre le terrorisme et l’embrigadement islamiste». Il a notamment demandé pourquoi n’avait pas été mis en œuvre un délit de consultation de sites djihadistes, avant de «se lancer dans des formules marquantes». Il a ainsi asséné:

«Pardon de cette image mais, quand on consulte des images de pédophilie, on est un pédophile; quand on consulte des images de djihadistes on est un djihadiste.»

Évidemment, une partie de Twitter s’est emparé de cette phrase pour la détourner et s’en moquer gentiment (ou moins).

On notera également que Libé a conclu une des brèves de son direct par un très joli:

«Si vous avez regardé la photo qui illustre cette brève, vous êtes sarkozyste. Désolé.»

 

Réponse à l’affaire Mohamed Merah


L’AFP et 20 minutes précisent cependant que Nicolas Sarkozy a vite nuancé, en partie, ses propos, expliquant que l’on n’était pas djihadiste si l’on était «un professeur qui fait des recherches». Les concernés apprécieront. Pour les autres, dommage, vous aurez peut-être plus de chance la prochaine fois. En effet, cette petite nuance n’existait pas la dernière fois qu’il avait fait la même comparaison. C’était le 15 novembre sur TF1:

«Toute personne convaincue de consulter des sites djihadistes doit être considérée comme un djihadiste. Ça doit être reconnu comme un délit. Quand on consulte des sites pédophiles, on est considéré comme un pédophile. On doit prendre la même mesure s’agissant des sites djihadistes.»

L’Obs précise d’ailleurs que «le délit de consultation de sites terroristes est une promesse que Nicolas Sarkozy avait déjà faite en 2012: c’était sa réponse à l’affaire Mohamed Merah».

«Un site internet djihadiste n’existe pas»


Lors de son intervention sur France Inter, il y a deux semaines, David Thomson, l’un des spécialistes de ces mouvements, et auteur de Les Français Jihadistes avait pourtant expliqué que «les sites internet djihadistes n’existent pas» (à 16’30’’):

«Pour ce qui est des réseaux sociaux, tout se passe sur Twitter. C’est pour cela que lorsque j’entends Nicolas Sarkozy –pour le citer, parce qu’il a parlé de cela au journal de TF1– dire qu’on va interdire les sites internet djihadistes, la première chose qui m’étonne en tant que personne qui suit ça depuis un moment et au quotidien, c’est que je sais qu’un site internet djihadiste ça n’existe pas. Toute la propagande djihadiste passe par Twitter.»

 

Blocage compliqué et contourné


Quant à la comparaison avec la pédopornographie, L’Obs avait très bien résumé pourquoi il était difficile de s’inspirer d’une telle législation, et que de telles mesures, si elles devaient être mises en place, seraient «techniquement possibles mais compliquées».

Le gouvernement avait de son côté mis en place un blocage de sites internet en février dernier. Sur le site de L’Obs, Adrienne Charmet-Alix, la coordinatrice des campagnes de la Quadrature du Net, affirmait que cela ne résolvait «rien du tout». Comme l’expliquait le magazine, «il peut être très facilement contourné via Tor ou un VPN. De plus, bloquer un site risque de bloquer d’autres sites (potentiellement parfaitement légaux) hébergés au même endroit».

En août dernier, Le Monde rappelait par ailleurs que «les principaux attentats qui ont touché la France et la Belgique ont ainsi surtout été le fait de terroristes qui ne se sont pas radicalisés sur le web», mais plutôt «en prison ou dans des mosquées radicales».

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