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samedi 16 février 2019

Ligue du LOL : le journaliste David Servenay a encore perdu une bonne occasion de se faire discret

Voilà en effet ce qu’il twitte aujourd’hui sans aucune vergogne, alors qu’il est à l’origine du phénomène avec ses amis « déconnologues » de la bande du cybercriminel Pascal Edouard Cyprien Luraghi, lequel a débuté en 2008 sur le site Rue89 :



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David Servenay
@servenay

RT @yannguegan: Tu te dis qu’on a peut-être fait le tour des révélations sur la #liguedulol mais en fait non



La Ligue du LOL était aussi une machine à broyer des femmes

[Enquête Numerama] Il y a dix ans, être une femme ciblée par la Ligue du LOL revenait à mettr… plus

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Point n’est besoin d’aller rechercher de lointains ancêtres aux membres de la Ligue du LOL, ni de tomber dans la tartufferie d’un Paul Godefrood, tout a bien commencé sur le site Rue89 en 2008 avec les harcèlements quotidiens dont y étaient victimes des femmes – et uniquement des femmes, jamais des hommes – déjà victimes de harcèlement moral dans le travail qui, appâtées par des articles sur ce sujet – tout comme des hommes se disant également victimes de harcèlement moral dans le travail – venaient comme moi très naïvement parler ou témoigner anonymement de ce que ces termes pouvaient recouvrir.

Le journaliste de Rue89 David Servenay nous faisait passer pour des folles, c’est son pote le malade mental extrêmement dangereux Pascal Edouard Cyprien Luraghi qui le dit publiquement dès 2010 et au cours des années suivantes dans plusieurs de ses écrits publics me concernant, qu’il n’a pas tous rendus privés.

Au mois de février 2009, il avait bien fait publier sur ce site un article consacré au harcèlement moral en entreprise dont était victime une personne… handicapée… son but étant clairement de laisser entendre que le handicap, particulièrement lorsqu’il est mental, justifie le harcèlement moral en entreprise et ailleurs, lequel ne saurait être autre chose : on se « moque » à juste titre des « fous » ou des « folles », lesquels n’auraient leur place qu’en hôpital psychiatrique, et certainement pas dans les entreprises ni les espaces publics, comme l’ont toujours soutenu tous les « déconnologues » de la bande de Pascal Edouard Cyprien Luraghi et leurs divers complices, à commencer, en ce qui me concerne, par la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest qui alimentait déjà toute la bande en fausses informations à mon sujet. M’ayant toujours fait surveiller par divers moyens illégaux, comme des écoutes téléphoniques illégales et du piratage informatique, elle suivait attentivement toute mon activité anonyme sur Internet, particulièrement sur le site Rue89 où j’avais ouvert un compte, et contactait tous mes nouveaux contacts pour les « renseigner » à mon sujet…

A noter : les magistrats ultra CORROMPUS du Tribunal de Grande Instance de Brest n’ont par la suite jamais tari d’éloges sur la « déconnologie » pratiquée sur le site Rue89, telle que son inventeur le cybercriminel et psychopathe Pascal Edouard Cyprien Luraghi l’avait décrite et revendiquée lors de son interrogatoire du 14 mars 2011 à la Gendarmerie de Puy-l’Evêque, à la suite de mes premières plaintes à son encontre. Il en excluait alors ses prolongements ultra violents sur ses propres blogs comme dans les « vraies vies » de ses cibles, niant notamment m’avoir à maintes reprises menacée de mort, mais avait bien déclaré se « moquer » avec ses amis des « folles » qui se prétendaient victimes de harcèlement moral en entreprise dans leurs commentaires sur le site Rue89, lesquelles, en réalité, se contentaient ainsi de répondre aux appels explicites à témoigner et à débattre des journalistes du site.

Ce dernier a encore revendiqué comme « normales » ou parfaitement « justifiées » toutes ses soi-disant « moqueries » à mon encontre devant le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Paris lors de l’audience du 8 novembre 2016 qu’il avait lui-même demandée pour exiger notamment qu’il me soit fait interdiction définitive de toute expression publique concernant ma propre biographie, sur laquelle il estime avoir un droit d’exclusivité.

En ce qui concerne le pervers manipulateur David Servenay, rappelons qu’il a quitté Rue89 au mois de décembre 2010 pour rejoindre l’éphémère site OWNI par où ont transité à la même époque plusieurs membres de la Ligue du LOL.


https://www.numerama.com/politique/463806-la-ligue-du-lol-etait-aussi-une-machine-a-broyer-des-femmes.html

La Ligue du LOL était aussi une machine à broyer des femmes




[Enquête Numerama] Il y a dix ans, être une femme ciblée par la Ligue du LOL revenait à mettre le doigt dans un engrenage bien particulier. Influence, pouvoir, harcèlement et photos intimes volées : de nouveaux témoignages recueillis par Numerama montrent l’étendue d’un système où des femmes, volontaires ou non, étaient tour à tour convoitées, dénigrées, moquées, harcelées.

Depuis la publication d’un article de Libération les accusant de cyberharcèlement le 8 février 2019, plusieurs membres de la « Ligue du LOL » ont publié des explications ou des excuses en ligne. La Ligue du LOL était le nom d’un groupe Facebook, créé par le journaliste Vincent Glad, qui rassemblait une trentaine de journalistes, communicants, blogueurs, et qui a harcelé en ligne de nombreux internautes francophones.

En grand majorité, ceux-ci assurent aujourd’hui avoir ciblé aussi bien des femmes que des hommes, et n’avoir pas fait de différence entre eux. Numerama a montré dans une première enquête combien cette entreprise visait en effet large — d’autres articles ont également montré l’homophobie de certains actes.

La plupart des femmes ciblées par la Ligue du LOL ont quant à elle subi un harcèlement bien spécifique, sexiste, et parfois sexuel. Numerama révèle de nouveaux témoignages et preuves de la pression que subissaient certaines d’entre elles, piégées dans une atmosphère d’entre-soi minuscule, où Twitter ressemblait alors à « une chatroom géante ».

Des détails intimes révélés sur Twitter


Iris Gaudin, journaliste et blogueuse, a fait partie de ces femmes. Elle connaissait le créateur de la Ligue du LOL, Vincent Glad. Ils étaient dans la même école de journalisme, l’ESJ, à une promo d’écart, et ils avaient eu ensemble une relation intime.

Un jour, après un café pour discuter d’une émission télévisée sur Twitter qu’il voulait lancer, Vincent Glad invite Iris Gaudin à rejoindre le réseau social. Elle accepte. Pour l’occasion, il lui dédie un tweet de bienvenue un peu particulier, dans lequel il l’appelle la «  salope ». Ce terme est utilisé en référence à une interview menée par la journaliste quelques temps plus tôt, dans laquelle l’acteur Gérard Depardieu la traite ainsi.

Dans les jours qui suivent, Iris Gaudin commence à recevoir des tweets, écrits depuis des comptes anonymes. Ils lui envoient des messages à caractère sexuel : «  Ils décrivaient des parties intimes de mon corps, avec beaucoup de précision », se souvient-t-elle. La journaliste envoie un message à Vincent Glad, et lui demande si c’est lui qui est derrière ces comptes. « Il m’a répondu que non, que j’étais complètement folle et qu’il n’était pas du tout au courant », raconte-t-elle à Numerama.

Des membres de la ligue du LOL comme le journaliste Alexandre Hervaud s’en mêlent. Dans un tweet toujours en ligne, il invite des comptes anonymes, dont au moins un a été relié à des membres de la Ligue, à «  payer une bonne bière » à Iris Gaudin, en la mentionnant. Un lien partagé renvoie vers la photo d’un sexe féminin dans lequel est inséré une canette de bière. Interrogé à ce sujet par la victime de harcèlement, Vincent Glad lui aurait répondu qu’elle «  n’avait pas d’humour ».

Ligue du LOL : le journaliste David Servernay a encore perdu une bonne occasion de se faire discret dans AC ! Brest ligue-lol-capture-hervaud-gaudin
Un tweet dans lequel était mentionnée Iris Gaudin. // Source : Capture d’écran Numerama

Un compte parodique nommé « jesuisunesalope » est aussi créé. Il mentionne régulièrement Iris Gaudin en se moquant d’elle, il se fait passer pour elle, ou se moque tantôt de ses tweets. «  Ce compte servait à me ridiculiser », résume la journaliste et blogueuse.

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Capture Numerama
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Capture Numerama

Un autre compte anonyme, @foutlamerde, a servi à harceler sexuellement Iris Gaudin. Elle y était qualifiée de «  poupée  », de « coquine », de «  putain de cougar en puissance  ». Vincent Glad a reconnu avoir été l’une des personnes derrière ce compte à 20 Minutes.

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Les tweets datent de 2010 // Source : Capture d’écran Numerama

Ce harcèlement sexuel a duré deux ans, entre 2010 et 2011, durant lesquels on l’a aussi avertie sur le fait que des images intimes d’elle circulaient – elle n’en a jamais eu la preuve. Il s’est ensuite largement atténué, à peu près au moment où des membres ont trouvé un emploi dans des grandes entreprises. Contacté par Numerama, Vincent Glad, qui était « tagué » sur certaines publications insultantes, affirme qu’il ne savait pas que des comptes anonymes avaient harcelé sexuellement Iris Gaudin en dévoilant des détails de son anatomie.

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Un autre compte anonyme qui ciblait Iris Gaudin. // Source : Capture d’écran Numerama

Avoir des relations avec un des membres de la Ligue du LOL revenait-il à s’exposer au risque de voir des photos ou détails intimes circuler ? C’est une question que se pose aujourd’hui Camille, la femme derrière le compte Twitter @yelling__.

« Si tu n’étais plus sexuée, tu n’existais plus »

« À l’époque de Twitter, il n’y avait pas de notions de regard, il n’y avait que nous. Tout était public, c’était comme une chatroom géante. Il n’y avait pas de limite. J’entends parler de photos volées et aujourd’hui je me demande ce qu’il s’est échangé sur moi », explique celle qui a eu une relation avec l’un des membres de la Ligue du LOL. Aujourd’hui, elle est encore marquée par tout ce qu’il s’est passé.

Elle souligne combien certains membres cessaient de parler à quelques femmes dès qu’ils apprenaient que celles-ci étaient en couple. «  Les filles ciblées, c’était des célibataires. À partir du moment où je me suis mise en couple, j’étais devenue une ‘darone’. Si tu n’étais plus sexuée, tu n’existais plus. »

« Il m’a fait croire qu’il avait le SIDA »


La blogueuse Capucine Piot a également été l’une des cibles privilégiées de la Ligue. Parmi les insultes et commentaires dégradants qui la visaient, on trouve de nombreuses références à ses organes sexuels ou à des pratiques sexuelles.

Des comptes anonymes, parmi lesquels @foutlamerde, l’ont également harcelée. L’un d’entre eux se vantait d’avoir en sa possession une photo de la poitrine de Capucine Piot.

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Un compte anonyme // Source : Capture d’écran / Numerama

Ce même compte a harcelé sexuellement d’autres femmes.
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Tous ces tweets s’adressent à une même femme. // Source : Captures d’écran Numerama

Capucine Piot raconte par ailleurs sur Twitter avoir eu une relation avec l’un des membres de la ligue, Renaud A. alias ClaudeLoup. «  Il m’a fait croire qu’il avait le SIDA pour me faire peur et me laisser penser que je pourrais l’avoir, accuse Capucine Piot. Je me suis retrouvée tremblante, à faire les examens médicaux nécessaires. Pendant ce temps-là la traque en ligne continuait ».

Certaines femmes victimes du harcèlement de la Ligue du LOL ont eu, ou failli avoir des relations intimes avec un membre du groupe. Qu’elles y consentent ou qu’elles s’y refusent, le résultat était le même : le harcèlement, d’elles ou de proches.

Matthias Jambon nous racontait ainsi dans notre précédent article sur le sujet que son harcèlement avait commencé en 2011. Il s’était rendu au salon du livre avec une amie journaliste. Cette dernière avait été approchée par Renaud A., mais avait refusé d’avoir une relation sexuelle avec lui. Renaud A. les avait vus au salon du livre et aurait pensé que Matthias Jambon avait séduit la journaliste. Le lendemain, Matthias Jambon était suivi par la quasi-totalité des membres de la Ligue du LOL sur Twitter. « On m’a dit c’est ton tour », se souvient-il au téléphone. Les premières insultes sont tombées 48 heures plus tard.

Des photos intimes volées et partagées publiquement


Au cours de notre enquête, nous avons retrouvé sur Twitter des traces de l’existence d’un compte, depuis supprimé, intitulé @TwitpicDeSeins, le «  compte où tu ne veux pas voir ta petite sœur », comme le décrivait Vincent Glad dans un tweet en 2010. Dans un message public, il dit avoir «  inventé » la notion de « photo de sein » et mentionne le compte en question, qui partageait de nombreuses photos de décolletés ou de seins nus. Interrogé par Numerama, il nie en être à l’origine. Le «  on » désignerait Twitter ou les internautes, mais pas lui, ou la Ligue du LOL…

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Capture Numerama

Numerama a constaté que de nombreux membres de la Ligue du LOL échangeaient des photos en mentionnant ce compte. C’était également le cas d’autres membres de Twitter à l’époque. David, un journaliste que nous avons interrogé et qui ne faisait pas partie de ce groupe, avait lui aussi publié plusieurs photos des décolletés de ses amies en soirées. Il insiste sur le fait que c’était avec leur accord : « Il y avait des filles qui envoyaient directement [des photos] » souligne-t-il. Deux femmes concernées nous ont confirmé cette version des faits.

Une autre femme qui avait consenti à ce qu’une photo de ses seins soit prise lors d’une soirée ne s’en souvenait tout simplement pas. Ce n’est qu’après avoir contacté l’homme qui avait pris la photo qu’elle nous a indiqué : « Ce n’était pas très malin mais ce n’était pas dans mon dos. »

À l’époque en 2009, de nombreuses femmes mettent en ligne volontairement des décolletés (souvent), ou plus (parfois). Elles sont nombreuses à expliquer, aujourd’hui, combien l’ambiance était différente et qu’elles ne se méfiaient pas. Nombreuses, aussi, à culpabiliser d’être entrée dans ce « jeu » sans comprendre qu’elles étaient, à un autre endroit, tournées en ridicule pendant des mois ou des années. « Quand Vincent Glad a parlé de mes seins à l’époque, le pire, c’est que j’ai dû être contente », nous explique Camille (@yelling), contactée au téléphone.


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Plusieurs images qui circulent ne sont pas restées que sur Twitter. On retrouve la mention de Capucine Piot à plusieurs reprises, par exemple, sur le réseau social mais aussi dans le Pearltree qu’archivait Vincent Glad à l’époque, et qu’il nous a confirmé utiliser pour « compil[er] les contenus qui [le] faisaient rire à l’époque sur Twitter ».


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Un des montages archivé que nous avons retrouvé utilise une des photos dénudées de la jeune femme. Elle est superposée à des chats vidéo anonymes de groupe. Il est difficile de savoir si c’est une capture d’écran qui a été modifiée ou non. Nous avons flouté la photo dénudée.


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Cette photo avait été partagée notamment par le compte Twitter @foutlamerde.

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Capture Numerama (lien floutés)

Certaines photos se sont échangées sans le consentement des femmes concernées. L’une d’entre elles nous raconte qu’elle avait bien publié des photos dénudées sur son compte, mais qu’elle n’avait pas donné l’accord pour les partager. On les retrouve pourtant sur des tweets, dont des tweets de @foutlamerde.

La journaliste Melissa Bounoua (qui a notamment travaillé chez Slate et au podcast Studio 404, dont l’équipe a annoncé arrêter la diffusion) en a aussi fait les frais avec deux images. En 2009, d’abord, une photo d’elle en robe avec un décolleté plongeant a beaucoup circulé. Elle l’avait elle-même partagée une fois sur Twitter : « À l’époque, je n’avais aucune conscience de tout ça », nous explique-t-elle par écrit.


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La deuxième est encore plus grave. En 2010, elle a pris en photo sa poitrine et l’a envoyée l’image à son petit-ami de l’époque en message privé sur Twitter. Le lendemain matin, l’URL de la photo avait été rendue publique par un compte anonyme, et tout le monde l’avait vue. Si elle l’a supprimée dans la foulée, la journaliste garde un souvenir amer, certaine que ce n’est pas son ami qui avait publié l’image.

Des flux RSS pour dénicher des photos Twitter privées

Comment l’image a-t-elle pu fuiter ? Aux débuts de Twitter, les photos mises en ligne étaient automatiquement transformées en URL en twitpic.com, la plateforme d’hébergement du réseau social. Or il était possible de s’abonner aux comptes TwitPic sous forme de flux RSS et donc « d’aspirer » automatiquement les photos publiées par les comptes. À ce jour, Melissa Bounoua est persuadée qu’il s’agit de la méthode qui a été employée pour récupérer cette photo privée, envoyée en message privé. «  Je n’en ai parlé personne à l’époque ne sachant pas, ne voulant pas investiguer plus. Je n’osais pas et j’étais gênée », nous explique-t-elle.

Aujourd’hui, cette faille de Twitter n’est plus exploitable. Il n’est pas possible de savoir combien d’images publiées dans des conversations privées ont ainsi été espionnées, et pendant combien de temps.

Des femmes inquiètes et des conséquences à vie


Iris Gaudin a dû fuir Twitter plusieurs fois (elle appelle cela des « tweetsuicides »), malgré le fait qu’elle jugeait le réseau social important pour faire parler de son travail. Elle a changé de pseudonyme, s’est absentée quelques mois avant de revenir. « J’ai même pensé à un moment qu’il s’agissait d’une sorte de bizutage ; alors j’ai fait des blagues à la con, pas méchantes mais idiotes. C’était avant que je me rende compte que je n’étais qu’une cible », se souvient Iris Gaudin, qui a mis des années à s’en remettre.

« Si ces mecs retweetaient une blague, un bon mot, un lien qu’on postait, on se sentait validées » abonde Camille (@yelling__). « Ils nous validaient ou nous invalidaient. Évidemment, le but c’était qu’ils nous valident et on plongeait tête baissée en disant surtout des conneries. Parce que je n’ai pas souvenir qu’ils retweetaient les choses intelligentes que l’on disait. Du coup on disait de la merde, sur nous-même et sur les autres. Quand j’y repense aujourd’hui, ça me tétanise. »

Une autre victime nous a confié avoir elle aussi tenté de «  copiner  » avec les personnes qui retwittaient des photos dénudées d’elle sans son consentement. Elle espérait ainsi qu’ils ne s’en prendraient pas davantage à elle.

Aujourd’hui, Iris Gaudin se souvient de « l’emprise » et la «  fascination » qu’elle éprouvait malgré elle pour certains membres de la Ligue du LOL. Elle se souvient aussi que «  leur but était de nous enlever toute dignité ». Et qu’ils faisaient ce «  travail » à une échelle « quasi-industrielle ».

Pour Mélanie Wanga, journaliste qui a subi des attaques sexistes et racistes sur Twitter mais aussi sur son blog personnel, ce groupe a contribué à certains membres de prendre de la place au sein d’un certain nombre de médias parisiens, tout en excluant de-facto celles et ceux qui n’étaient pas dans leur bande. «  Je me suis demandée pourquoi je m’infligeais ça », explique-t-elle dans le podcast Programme B. « Pourquoi je vais sur un réseau où je sais qu’il y a des mecs qui m’attendent en sniper au coin de la rue pour me tomber dessus et me balancer des trucs crypto-racistes en permanence. Et ce n’est pas anodin de se dire ça, en tant que jeune journaliste : ‘je vais quitter Twitter’, alors que c’est un outil indispensable. » Contactée par Numerama, une autre journaliste résume : « Soit tu étais avec eux, soit tu étais contre eux. »

Marie Turcan et Perrine Signoret


https://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/la-ligue-des-blaireaux-sauvages_2062093.html

La ligue des blaireaux sauvages


Par Eric Mettout, publié le 13/02/2019 à 18:55

Le fameux Lol, pour "Lough out Loud". Tout le monde n'est pas obligé d'être "mort de rire".
Le fameux Lol, pour « Lough out Loud ». Tout le monde n’est pas obligé d’être « mort de rire ». L’Express

Pourquoi leurs chefs n’ont-ils rien vu des dérapages des journalistes de la Ligue du Lol? Parce qu’ils étaient trop vieux.


C’est une histoire de happy few – ou plutôt de unhappy few. Elle est née et s’est développée à l’intérieur d’un tout petit milieu, pour resurgir aujourd’hui, dix ans plus tard. S’y croisent quelques dizaines de petits mâles alpha comme on en trouve à l’origine des pires bizutages et leurs quelques dizaines de victimes, des femmes le plus souvent, mais aussi des homos ou des noirs, chassés en meute et moqués pour leur physique, leurs activités mais surtout parce qu’elles ou ils sont femmes, homos ou noirs – et parce que c’est paraît-il marrant de chasser en meute plus faible que soi. C’est affligeant de bêtise mais pas très nouveau. Particularité : à l’époque des faits, ces petits mâles alpha sont très jeunes, plutôt parisiens, globalement de gauche, c’est important, et le plus souvent journalistes ou « communicants », comme on dit quand on veut définir ces métiers qui consistent essentiellement à faire fructifier son carnet d’adresses.

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Surtout, ils sont les rois des réseaux sociaux à un moment où les réseaux sociaux sont encore le privilège en France de quelques… happy few. Ils en tirent une gloire et une notoriété réelles, ils ont de l’influence, les rédactions ou les agences de com’ commencent à s’intéresser à eux, qui maîtrisent si bien ce drôle d’univers alléchant mais opaque qu’est encore internet pour la plupart des rédactions et des agences de com’. Ils impressionnent, par leur omniprésence, leur tchatche, leur connaissance des réseaux sociaux, leur humour aussi, parce qu’ils en ont, corrosif, destructeur, itératif. On les suit sur Twitter, où ils multiplient les « tweet-clashs », à la manière des « battles » de rap. Ils s’y écharpent à coups de mots d’esprit, de vivacité, de méchanceté, de mauvaise foi, dans des combats sauvages dont le vaincu ressort généralement lessivé mais revanchard, prêt à reprendre les armes à la première occasion.

Ça, c’est ce qu’on voit.

C’est ce que voit la majorité des utilisateurs de Twitter, loin d’être aussi nombreux qu’en 2019.

C’est ce que je vois moi, patron d’une rédaction numérique où défilent de jeunes journalistes des deux sexes qui m’initient plus aux subtilités de l’outil que je ne les y initie. C’est ce que voit la plupart de mes collègues, patrons d’autres rédactions numériques, avec qui nous nous réunissons régulièrement, sans que jamais il ne soit question d’autre chose que du talent, parce qu’ils en ont, de quelques-uns de ceux dont les noms ont été depuis frappés, très justement, d’infamie.

En y réfléchissant a posteriori, je me dis qu’il y a évidemment là de l’aveuglement – qui aurait pu imaginer que ces chérubins un peu arrogants mais sympathiques se transformaient en pervers narcissiques en enfilant leurs avatars ? Il y a une différence de génération, aussi : on n’invite pas son grand-père à sa surprise party quand on a 25 ans. Pas plus que les quadras qui, comme moi, étaient aux manettes, je n’ai été invité à la Ligue du Lol, le groupe Facebook où ils fomentaient leurs méfaits, moins encore à l’une de leurs opérations commando : trop vieux, pas assez… lol. Tout juste ai-je pu en mesurer la violence quand l’un de ses membres, responsable du site Web de Voici, m’a agoni d’injures en privé après un échange public un peu vif sur Twitter. L’affaire s’est arrêtée là : l’avantage d’avoir un peu de bouteille, c’est qu’on est moins sensible aux agressions des imbéciles et que les lâches le sentent vite. Ils abandonnent leur proie dès qu’elle fait mine de résister.

Passés par Owni


Celles et ceux qui, depuis quelques jours, racontent leur chemin de croix n’avaient pas cette chance. Ils avaient l’âge de leurs agresseurs, les admiraient parfois, en avaient peur souvent, ils étaient sans recours, fragilisés par leur isolement et leur précarité professionnelle. Ce qu’ils décrivent de leur calvaire est effrayant de brutalité et de vulgarité, on y retrouve tout ce qui caractérise ce cyber-harcèlement machiste, homophobe et raciste que l’on croyait réservé aux collégiens et aux lycéens, pas à de jeunes journalistes ostensiblement « progressistes », libertaires et modernes. Nombre d’entre eux sont passés par l’éphémère site Owni, le parangon de ce journalisme new-look, technologique, qui entendait enterrer les anciens – et où les anciens, fascinés par tant de modernité et de confiance en soi, venaient se fournir en recrues prometteuses. Il n’y avait pas de rédacteur en chef à Owni, pas de hiérarchie. Les jeunes journalistes avaient le pouvoir, sans contrôle, on leur disait qu’ils étaient les meilleurs et ils y ont cru. Ça n’explique pas tout, ça explique un peu.

Ça explique également que quelques-uns se soient retrouvés quelques années plus tard à des postes à responsabilité, où ils étaient encore confortablement installés quand a été révélé leur côté obscur : techniquement, ils étaient bons, et le remarquable travail fourni sur le Facebook des Gilets jaunes par l’un d’entre eux, Vincent Glad, en est la démonstration. De là à en tirer des leçons sur l’homogénéité masculine de notre métier, où les commandes sont tenues par des hommes blancs, il y a un pas, que nombre de groupes de défense du journalisme au féminin ont franchi très rapidement. Pas moi.

 
Document: dans cette interview de 2013, Renaud Revel interroge Vincent Glad et Eric Mettout sur le pouvoir de Twitter – et leurs réponses sont prémonitoires.

Que les choses soient claires : ce que ces femmes(et hommes) dénoncent est vrai, hélas! Alors qu’elles sont majoritaires dans les médias, il est tout à fait anormal que leurs officiers supérieurs soient essentiellement des mecs – pas partout : à L’Express, les deux patrons sont des patronnes.Mais si les lourdauds de la Ligue du Lol ont aussi bien réussi, ils le doivent avant tout à leur maîtrise du cyberespace, comme on disait alors, de ses mécanismes, de sa complexité et de ses armes. Ces mêmes armes, redoutables, empoisonnées, qu’ils ont utilisées pour harceler leurs bêtes noires. Ces mêmes armes qui se retournent finalement contre eux, avec les mêmes excès, quand des armées de bons esprits récupèrent les indignations légitimes de leurs victimes pour à leur tour, et avec le même sens du lynchage, chasser en meute. La boucle est bouclée.

A lire ailleurs

L’article de Libération, dont deux journalistes, membres de la Ligue du Lol ont été mis à pied, qui a tout déclenché.


Le témoignage de Léa Lejeune, l’une des victimes de la Ligue du Lol, qui l’ont conduite, dans un premier temps, à remettre en cause sa carrière, puis à s’engager pour que les femmes prennent toute leur place dans les médias.

La très complète enquête de Numerama sur les ravages de la Ligue du Lol.


https://www.lepoint.fr/societe/victor-hugo-avait-il-decouvert-l-ancetre-de-la-ligue-du-lol-12-02-2019-2292810_23.php

Victor Hugo avait-il découvert l’ancêtre de la Ligue du LOL ?


Dans un écrit de 1869, le grand homme raconte l’association malveillante qui préfigure le versant contemporain des réseaux sociaux, la Ligue du LOL.


Par
Modifié le 15/02/2019 à 07:43 – Publié le 12/02/2019 à 16:15 | Le Point.fr


On sait depuis ce week-end que le cercle des arracheurs de pattes de mouche, enfants sans conscience et sociopathes bons pour l’asile, s’est élargi d’une poignée de jeunes gens aux airs comme il faut : la Ligue du LOL. Des journalistes (Les Inrock, Télérama, Libération, Slate), des publicitaires, anonymes mais organisés derrière une communauté qui s’est employée entre 2009 et 2012, en toute impunité sur les réseaux sociaux, à humilier, terroriser quelques confrères journalistes ou militantes féministes. Une escalade dans l’abject, qui va du photomontage porno au faux entretien d’embauche, en passant par des menaces de mort. Les victimes de ce harcèlement brisent aujourd’hui le silence, les bourreaux soufflent au mieux quelques excuses molles (venir « de banlieue », « être jeune à l’époque » – 27 ans ! –, n’avoir participé qu’« un peu »). On pointe aussi les réseaux sociaux comme incubateur de la violence et de la perversité humaine.

Lire aussi La Ligue du LOL, ces harceleurs qui ne font plus rire

Vraiment ? C’est avoir oublié que Victor Hugo avait déjà mis le doigt sur le « Fun Club », une organisation malveillante « passe-temps des oisifs », qui préfigure la Ligue du LOL. Dans L’Homme qui rit, paru en 1869, notre monument national commence par évoquer un sport très couru à Londres au cours du siècle qui précédait le sien, sous un nom « intraduisible » : le « fun ». « Pénétrer dans une maison, y briser une glace de prix, y balafrer les portraits de famille, empoisonner le chien, mettre un chat dans la volière, cela s’appelle tailler une pièce de fun », écrit-il. « Donner une fausse mauvaise nouvelle qui fait prendre aux personnes le deuil à tort, c’est du fun », aussi. Comme de percer une toile de Holbein, puisque « le fun serait fier si c’était lui qui avait cassé les bras à la Vénus de Milo », poursuit le poète. Qui étaient les membres de ce club de déviants ? Tous de « la haute aristocratie », « d’aimables jeunes » comme c’est le cas des pubards et des journalistes mis en cause avec la Ligue. Pour « avoir du fun », ce qui est à la farce ce que le piment est au sel, reprend Hugo, en laissant au lecteur le soin de se faire son propre jugement sur la frontière qui sépare l’humour et l’ignoble. D’autant qu’un autre club dépassait encore de loin le Fun Club : le Mohock Club.

De tout temps, la jeunesse s’est amusée.

Le Mohock Club, au sommet de l’échelle du vice, n’avait qu’un programme : « faire le mal pour le mal ». Et qu’un but – « grandiose » : « nuire ». Pour le présider, un empereur, « le grand Mohock », arborait « un croissant sur le front ». Ses fidèles, les Mohock, pour entrer dans le cénacle, devaient prêter serment « d’être nuisibles ». Leurs actions consistaient à s’en prendre directement à des individus, pris au piège de la meute, et à leur infliger une extrême souffrance. Saignée à la pointe de leurs épées, ratonnade par les valets, yeux percés (mais payés !) font partie des menus plaisirs que s’octroyait cette jeunesse bien née en mal de distraction. « De tout temps, la jeunesse s’est amusée », conclut Hugo, comme pourrait le faire Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook.

Londres au XVIIIe siècle ou Paris sur Twitter au XXIe, même perversité ? On trouve une esquisse de piste pour y remédier chez un commentateur d’Hugo dans un article paru en 1894. Lucien Victor-Meunier, homme de lettres oublié, s’attarde sur l’absence de « sens moral », l’insuffisante « notion du bien et du mal » de ceux qui « commettent ces actions infâmes », mais ouvre une piste : « Je rêve – qu’on me passe l’impropriété choquante du terme – une orthopédie pour les cerveaux ; je vois le médecin de l’avenir amendant les cerveaux malades comme celui d’aujourd’hui redresse les colonnes vertébrales, déformées par la scoliose ou la cyphose, les yeux tordus par le strabisme, les pieds-bots. Une science à créer : la chirurgie cérébrale ! » Une idée à étudier ?

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Ligue du LOL: «Généalogie d’un entre-soi qui sombre dans la tartufferie»


  • Par  Paul Godefrood
  • Mis à jour le 13/02/2019 à 18:39
  • Publié le 12/02/2019 à 19:07

FIGAROVOX/ANALYSE – L’affaire de «la ligue du LOL», où plusieurs journalistes sont soupçonnés d’avoir harcelé certaines de leurs collègues sur les réseaux sociaux, disqualifie selon Paul Godefrood le discours moralisateur de certains médias.



Paul Godefrood est ancien élève de l’ESSEC. En septembre 2017, il a lancé La Nouvelle Garde, un site dont l’ambition est de participer à la refondation de la droite sur une base libérale conservatrice.


La ligue du LOL. On imagine un groupe d’adolescents incapables de communiquer autrement qu’en répétant les phrases cultes de films comme La cité de la peur, OSS 117 ou encore Dikkenek, et pour qui le summum de l’humour se résume à citer ses amis sur les pages fantasques dont foisonnent aujourd’hui les réseaux sociaux. Cela aurait même pu être attendrissant, tant ces mêmes réseaux sont devenus un égout à ciel ouvert où la délation sans preuve est encouragée et magnifiée et où des hordes anonymes mais déchaînées se coiffent du panache de la justice pour invectiver et harceler impunément.

Mais en guise d’adolescents, Alexandre Hervaud, Vincent Glad, Guillaume Ledit, David Doucet, Stephen des Aulnois, Christophe Carron, Guilhem Malissen, etc. Tous, au choix, journalistes chez Libé, Slate, Télérama ou encore aux Inrocks, collaborateurs pour des sites d’info-divertissement «cools» comme Konbini, Topito ou à la tête de magazines «trendy» comme Usbek & Rica ou Le Tag Parfait. Ce n’est plus la ligue du LOL, c’est la ligue de la fraîcheur.

Pas de tolérance pour les ennemis de la tolérance. Mais pour les autres, l’absolution est garantie.

Ou la ligue des Tartuffes, toujours prompts à s’indigner contre les discriminations dont sont victimes les minorités, les femmes en tête, et à condamner ceux qui en seraient à l’origine, à condition bien évidemment que ce soit un mâle blanc de plus de cinquante ans et si possible de droite. Pas de tolérance pour les ennemis de la tolérance. Mais pour les autres, l’absolution est garantie, à l’image de Daniel Morin, dont le billet insultant envers Charlotte d’Ornellas fut immédiatement pardonné par France Inter, ou encore de Mehdi Meklat, récemment réhabilité par ceux-là mêmes qui avaient couvert les messages homophobes, sexistes et francophobes dont était coupable son double maléfique. Et lorsque le pardon ne peut être garanti, du moins la discrétion est-elle de rigueur, jusqu’à ce que le peu de déontologie et d’intégrité qu’il leur reste en vienne à être compromis. Qui se souvient de l’empressement de ces journalistes et de leurs médias à évoquer les agissements de membres dirigeants de l’UNEF qui avaient transformé le syndicat progressiste en gigantesque terrain de chasse? Qui se souvient de la prompte condamnation de membres d’Oxfam qui avaient confondu aide aux territoires sinistrés et tourisme sexuel? Qui se souvient, enfin, du soutien apporté aux femmes du quartier Chapelle-Pajol qui appelaient les autorités à leur venir en aide? En réponse à ce dernier cri de détresse, Libération hébergea une tribune signée par la fine fleur de la pensée universitaire française appelant à s’opposer à la pénalisation du harcèlement de rue au motif que cela viserait les «hommes des classes populaires et racisées».

Mais passons sur cette tartufferie à laquelle nous a habitués le camp du Bien, dont ces journalistes sont les plus éminents représentants.

Passons également sur la défiance envers la presse que ces révélations ne manqueront pas d’attiser et sur les accusations de communion dans l’endogamie et dans une même vision hors-sol de la société qui achèveront de couper ces médias du pays réel dont ils prétendent rendre compte.

Passons sur tout cela pour nous intéresser davantage à ce que révèlent les messages d’excuse et les exercices de contrition auxquels les anciens membres de cette ligue se livrent depuis peu sur leur ancien terrain de chasse. Non pas pour espérer le pardon de leurs victimes mais pour tenter de sauver leur position.

Dans le message qu’il a publié, Vincent Glad, fondateur de cette ligue, écrit: «nous avions grandi dans l’idée que l’égalité était plus ou moins faite et que le seul combat féministe se résumait à la question des salaires. Une simple question de paramètres et en aucun cas un système. Cette parole féministe qui se libérait alors nous paraissait ridicule. Je ne comprenais pas au départ ces nouveaux mots qui apparaissaient alors: «patriarcat», «culture du viol», «mansplaining»… Cela me fait mal personnellement d’être associé à cette masculinité toxique, dont je ne voulais pas voir que j’en avais été un parfait représentant».


« Ligue du LOL  » : à qui la faute ?
Débat sur le plateau de Points de Vue sur ce que révèle vraiment le scandale de « la ligue du LOL ».
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« Ligue du LOL  » : à qui la faute ? – Regarder sur Figaro Live
Le problème réside dans l’entre-soi d’une caste privilégiée et idéologisée qui, du fait de sa position, influence le débat politique.


Un autre, Olivier Tesquet, est encore plus explicite: «Ces dernières années, avec le Gamergate ou le 18-25, je crois qu’on a tous pu prendre conscience de la masculinité toxique dans laquelle se vautre encore cette sous-culture. La ligue du LOL, c’était le ‘boys’ club’. Il valait mieux être dedans que dehors, c’est en tout cas ce que je me disais. [...] Qu’on le veuille ou non, c’était un lieu de pouvoir et une structure de domination. De ce point de vue, ce groupe Facebook n’est pas une exception, c’est une norme qu’il y a urgence à détruire. Ce sont les femmes et les racisés qui en ont fait les frais. Chaque homme devrait se saisir de ce moment pour y réfléchir».

Or, le problème n’est ni la «masculinité toxique», ni le «patriarcat», ni même le «système» ou la «structure de domination». Le problème réside dans l’entre-soi d’une caste privilégiée et idéologisée qui, du fait de sa position, influence le débat politique, détermine le cercle de raison et conditionne l’accès à la discussion démocratique à l’acceptation préalable de certains postulats. Et parmi ces postulats, la sexualisation et la racialisation des relations humaines. Ceux-là mêmes qui transpirent au travers de leurs communiqués.

La sexualisation et la racialisation des rapports humains ne sont que les aspects les plus visibles dans le débat public de la logique de «réidentification» qui a suivi la phase de «désidentification» dont parlait Finkielkraut. Alors que cette désidentification supposait la délégitimation et la déconstruction de toutes les normes et de toutes les communautés naturelles qui structuraient le développement des personnes et faisaient naître en elles un sentiment du semblable nécessaire à la continuité historique de leur communauté politique, ceci afin de laisser libre cours au déploiement des identités particulières et à l’expression libre des revendications identitaires des différentes minorités, la «réidentification» reconfigure cette nouvelle société, composée dès lors d’individus détachés de tout enracinement et libéré de toute conscience morale, en un «consortium de minorités» dont chacune est caractérisée et réduite au partage a priori d’un déterminant identitaire particulier entre tous ses membres – le sexe, l’origine ethnique, la confession religieuse – et dont toutes n’ont en commun que le sentiment d’être différent de la figure normative et fantasmée du «vieux mâle blanc» et la certitude d’être injustement discriminé du fait d’une différence objective.

Et alors que cette vision des rapports humains surdéterminés par la «race» ou le sexe n’était cantonné jusqu’à peu qu’aux marges de l’action politique et militante, et n’avait droit de cité que dans certains groupuscules extrémistes, les membres de cette sinistre ligue, mais également tous ceux qui ont été cooptés dans ces médias par d’autres moyens que la participation au harcèlement en ligne, ont implanté dans le débat public et légitimé, du fait de leur position culturellement hégémonique, cette vision multiculturaliste et essentialiste de l’organisation sociale.

Le voile aujourd’hui arraché sur leurs agissements passés ne les disqualifie pas seulement eux, il disqualifie également toute leur rhétorique…

Le voile aujourd’hui arraché sur leurs agissements passés ne les disqualifie pas seulement eux, il disqualifie également toute leur rhétorique qui, sous couvert de scientificité, d’objectivité journalistique et de neutralité axiologique, se révèle aujourd’hui ce qu’elle a en réalité toujours été, à savoir une opinion militante et un biais idéologique, qu’ils revendiquent jusque dans leur chute.

Cette leçon doit servir à tous ceux qui, par peur du harcèlement, de la raillerie ou de la disqualification, courbent l’échine, refusent d’évoquer les dérives de l’Islam, les dangers de l’immigration incontrôlée et la différence des sexes par peur d’être taxé d’islamophobie, de racisme ou de sexisme et se soumettent donc à cette vision de la société sous prétexte de souscrire au discours antidiscriminatoire.

 
Paul Godefrood

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