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dimanche 9 juin 2019

France Insoumise : Jean-Luc Mélenchon sur le départ après Charlotte Girard ?


Explications précises d’un côté, invectives, bruit et fureur de l’autre : il n’y a pas photo pour toute intelligence normalement élaborée… non corrompue…

Jean-Luc Mélenchon devrait donc quitter le mouvement, après quoi LFI ne pouvant y survivre disparaîtra, et les Arnaud Hell, Hubert Casel, Josette Brenterch et autres criminels de l’extrême-gauche venus y imposer leur dictature iront se trouver un autre parti à dégager…



https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/08/charlotte-girard-figure-de-la-france-insoumise-quitte-le-mouvement_5473698_823448.html

Charlotte Girard, figure de La France insoumise, quitte le mouvement


Dans un long texte, l’universitaire met en avant les dysfonctionnements internes au mouvement populiste de gauche.

Par Abel Mestre Publié hier à 17h40, mis à jour à 11h08

Charlotte Girard en campagne avec Jean-Luc Mélenchon en amont de l’élection présidentielle, à Dijon, en avril 2017.
Charlotte Girard en campagne avec Jean-Luc Mélenchon en amont de l’élection présidentielle, à Dijon, en avril 2017. PHILIPPE DESMAZES / AFP

C’est une réplique de plus du séisme qui secoue La France insoumise (LFI) depuis plusieurs jours. Charlotte Girard, ancienne responsable du programme, a décidé de quitter le mouvement mélenchoniste. Elle s’en est expliquée dans un long texte publié sur Facebook, samedi 8 juin. Une décision qui intervient trois jours après l’envoi d’une note interne incendiaire, critiquant le fonctionnement interne de LFI, dont Charlotte Girard était l’une des quarante et un signataires et que Le Monde a révélée.

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La France insoumise risque d’avoir du mal à se remettre du départ de Mme Girard, tant elle était un élément central du mouvement. Non seulement cette universitaire avait des compétences extrêmement pointues et était respectée pour sa pensée et ses analyses politiques, mais elle était aussi appréciée des autres dirigeants de gauche. Son mari, feu François Delapierre, qui avait jeté les fondations de LFI avec Jean-Luc Mélenchon, est une personne à laquelle se réfèrent encore souvent les « insoumis ». C’est donc un pilier du dispositif qui vient de claquer la porte.

Dans son post publié sur Facebook, l’universitaire explique :

« Je n’ai jamais voulu déranger. J’ai été élevée comme ça. Quand les désaccords sont venus, j’aurais beaucoup donné pour pouvoir partir sur la pointe des pieds. On m’a dit alors que ça n’allait pas être possible. Se rendre à l’évidence : ni vous, ni les journalistes n’auraient laissé faire. (…) Comment faire alors pour dire ce qu’il y a à dire… et pour partir ? Surtout quand il n’y a pas de lieu permettant de s’adresser aux insoumis.es sans qu’une nuée de caméras et de micros fasse écran entre vous et moi. »

Celle qui a longtemps été une personnalité centrale de la « mélenchonie » et qui est extrêmement populaire au sein des militants insoumis continue : « La question de ma mise en retrait n’est plus posée. C’est un fait acquis. (…) [Les] doutes exprimés lors de la constitution de la liste et de la rédaction chaotique du programme n’ont pas trouvé de cadre où être travaillés et élaborés suffisamment pour qu’il en sorte une perspective claire et partagée ; en l’occurrence une véritable stratégie politique qui oriente à proprement parler la campagne et, au-delà, le mouvement lui-même. » Mme Girard reprend ici l’un des arguments avancés dans la note interne du 5 juin, mais aussi dans une lettre que Le Monde avait révélée en janvier et qui pointait déjà les nombreux dysfonctionnements internes de La France insoumise.

Et elle continue :

« Souvenons-nous de la présidentielle. Des interventions toujours fondées sur l’explication, jamais sur l’invective. Une anticipation précieuse qui avait permis que tout le monde s’approprie les contenus chemin faisant. Parler à l’intelligence. (…) La campagne [européenne] est passée. Les camarades sont restés avec leurs questions pendant tout ce temps, quoique certains, dont je suis, ont alerté, à plusieurs reprises, au sujet du fonctionnement – juste le fonctionnement – de La France insoumise. (…) Mais pour ma part, le chemin fléché par La France insoumise s’arrête. »

Si elle ne nomme jamais ni Jean-Luc Mélenchon (leader de fait de LFI) ni Manuel Bompard (leader statutaire), Charlotte Girard adresse des critiques précises, sur un ton clinique, loin du « bruit et de la fureur » de l’ancien candidat à l’élection présidentielle.

« Défiance »


Elle le reconnaît sans mal : sa « défiance porte sur l’outil », « la désorganisation ». Revenant sur la jonction qui ne s’est pas faite avec le mouvement des « gilets jaunes » alors que leurs revendications étaient proches, selon elle, du programme des « insoumis », Mme Girard déplore que le mouvement soit « trop tourné vers l’exercice institutionnel du pouvoir ». Elle vise en particulier « l’exploitation du seul contre-pouvoir parlementaire que nous avons encore. (…) La forme institutionnalisée de notre mouvement ajoutée à son expression électoraliste ont révélé deux handicaps ».

Elle précise : « Tant qu’on est d’accord tout va bien. Mais il n’y a pas de moyen de ne pas être d’accord. Or une dynamique politique – surtout révolutionnaire – dépend de la capacité des militants à s’approprier des raisonnements, c’est-à-dire potentiellement à les contester. Cette option est obstruée pour le moment, d’autant plus que dernièrement, on a eu parfois du mal à identifier avec quoi être d’accord ou pas. Le reproche d’inefficacité se confond finalement avec celui du manque de démocratie. » 

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La crise à La France insoumise a débuté pendant la campagne européenne (de nombreux départs ont scandé les six derniers mois des « insoumis »), mais a pris une ampleur inédite après le score cinglant des élections européennes, où la liste emmenée par Manon Aubry a réuni 6,31 % des voix. Les dissensions de fond se sont matérialisées dans le débat stratégique opposant Alexis Corbière, partisan d’une ligne « populiste et humaniste », à Clémentine Autain, qui veut rompre avec le populisme. La France insoumise n’a pas l’air, pour l’heure, prête à se réconcilier avec elle-même.

Abel Mestre



https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/04/a-la-france-insoumise-une-crise-de-basse-intensite_5471139_823448.html

Jean-Luc Mélenchon pourrait se mettre − un temps – en retrait de la vie politique


« Je ne déprime pas, je ne pars pas à la retraite. Je suis au combat et j’y resterai jusqu’à mon dernier souffle », a expliqué le député des Bouches-du-Rhône, samedi sur son blog.

Par Abel Mestre Publié le 04 juin 2019 à 09h26 – Mis à jour le 04 juin 2019 à 10h09

Au Belushi's, QG de La France insoumise le soir des élections européennes, à Paris (10e), dimanche 26 mai.
Au Belushi’s, QG de La France insoumise le soir des élections européennes, à Paris (10e), dimanche 26 mai. IVAN GUILBERT / REA POUR « LE MONDE »

Le « mélenchonisme » sans Jean-Luc Mélenchon est-il possible ? Les cadres et les militants de La France insoumise (LFI) devront bientôt résoudre cette épineuse question. Dans une note de blog sibylline parue le 1er juin, le député des Bouches-du-Rhône laisse entendre qu’il pourrait se mettre − un temps – en retrait de la vie politique. « Après le 6 juin, je m’exprimerai plus largement, aussi clairement que j’en suis capable. Je dirai mon appréciation du moment politique. Je proposerai une suite pour notre chemin et je dirai ce qu’il en sera pour moi, écrit l’ancien sénateur socialiste. Quelques précisions pour éviter les fantasmes médiatiques traditionnels à mon sujet : je ne déprime pas, je ne pars pas à la retraite. Je suis au combat et j’y resterai jusqu’à mon dernier souffle, si je le peux. » Et de citer Albert Camus : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ».

Repli stratégique


Dans la garde rapprochée du leader « insoumis », personne ne veut lui subtiliser la primeur de l’annonce, mais tous laissent entendre qu’il prendra du champ, « de la hauteur », pour s’extraire de la gestion quotidienne. « Mais il n’a pas encore tranché tout ce qu’il voulait faire », avertit une figure du mouvement.

Ce repli stratégique, s’il est confirmé, laissera un vide dans cette famille politique qui est structurée autour du chef charismatique. Et ajoutera un peu plus à la confusion qui règne au sein de La France insoumise, depuis les mauvais résultats des élections européennes, où la liste emmenée par Manon Aubry a rassemblé 6,31 % des voix, très loin de l’objectif annoncé de 11 % des suffrages.

Une défaite qui a ouvert une crise de basse intensité au sein de LFI et qui révèle les faiblesses de l’organisation « gazeuse » du mouvement. Il n’y a pas de lieu de débat où la ligne peut être tranchée, et le leader n’a pas de fonction statutaire : son sort ne dépend que de son bon vouloir. En période de tumultes, tout se règle donc en public, sur les réseaux sociaux et dans la presse, y compris les débats stratégiques.

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Depuis une semaine, justement, on voit que deux positions sont en train de se définir pour rebondir après la débâcle européenne. La première est celle défendue par Clémentine Autain ; la seconde est incarnée par Alexis Corbière.

« Big bang »


Mme Autain a, dès l’annonce des résultats, sévèrement critiqué le discours porté par LFI et Jean-Luc Mélenchon depuis deux ans. « Notre famille politique prospère quand elle s’appuie sur le ressort de l’espérance et non sur celui de la haine, expliquait-elle dans un entretien à L’Obs. Le mouvement a mis l’accent sur le clivage entre le “eux” et le “nous”, qui ne me paraît ni juste ni efficace. Cela revient à rejeter d’un bloc les élites, cela s’est traduit par un rejet global des médias et une prise de distance à l’égard du monde intellectuel. » En disant cela, la députée de Seine-Saint-Denis se met à distance de la stratégie populiste dont l’un des axiomes est de tracer une ligne entre un « eux » et un « nous ». Le retrait de M. Mélenchon et la panique générale à bord de LFI donnent une opportunité à la parlementaire pour pousser son avantage et proposer une voie alternative au populisme.

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Dans une tribune au Monde, Mme Autain et sa camarade communiste Elsa Faucillon (elles dirigent ensemble la revue Regards) appellent à un « big bang nécessaire pour construire une espérance capable de rassembler et de mobiliser ». « Le pire serait de continuer comme avant, de croire que quelques microaccords de sommet et de circonstances pourraient suffire à régénérer le camp de l’émancipation, que l’appel à une improbable “union de la gauche” à l’ancienne serait le sésame. (…) Il est temps de se parler et de s’écouter, de se respecter pour pouvoir avancer en combinant le combat pour les exigences sociales et écologiques », peut-on notamment y lire. Ce texte a été signé par plusieurs figures de la gauche et de l’écologie antilibérales, qui viennent du mouvement social, de Génération.s (dont Guillaume Balas, le bras droit de Benoît Hamon), du Parti communiste français (PCF) ou des proches de LFI. Il y a également des intellectuels, des artistes et des militants associatifs. Une réunion doit se tenir le 30 juin à Paris pour mettre tout cela en musique.

Lire la tribune : « Pour un big bang de la gauche »

« Il faut mettre ensemble des gens d’horizons différents, faire vivre le pluralisme, précise Mme Autain. Je ne parle surtout pas d’un cartel électoral. Il faut abattre les murs, fédérer des courants politiques organisés avec des citoyens, des artistes, des intellectuels, des acteurs du monde associatif et syndical. » Seule manière, selon elle, de renouer avec l’esprit de la campagne présidentielle de 2017, où Jean-Luc Mélenchon avait réuni plus de 19 % des voix.

Age d’or


2017 : la référence de tous les « insoumis », sorte d’âge d’or du mélenchonisme. Cet esprit de la présidentielle, Alexis Corbière veut également le retrouver mais en adoptant une stratégie différente de celle de Mme Autain. Le député défend une ligne « populiste et humaniste ». « Le débat doit s’engager chez nous, reconnaît-il. Mais il faut que cela soit propre, que ce ne soit pas un moment d’éclatement, mais de rassemblement autour d’une orientation stratégique. »

Selon lui, il faut abandonner la référence au mot « gauche », vide de sens depuis le quinquennat de François Hollande. Surtout, il estime que le clivage droite-gauche n’a plus de pertinence. « On doit redonner le pouvoir aux gens, défendre l’intervention directe des citoyens, continue M. Corbière, qui estime que les élections municipales sont l’occasion rêvée de mener ce combat. Il y a les garants de la Ve République et les partisans de la VIe, avec des contrôles citoyens très forts, la question de la démocratie est essentielle. Lors de la présidentielle, nous avions une singularité, celle d’un mouvement qui veut redonner le pouvoir au peuple. Il faut retrouver cela. C’est le seul moyen de convaincre les abstentionnistes. » 

Cette option populiste est également défendue par Adrien Quatennens. Le député du Nord, de plus en plus présent au nom de son mouvement, a ainsi estimé que « La France insoumise n’a pas vocation à être un énième parti de gauche. Elle est née pour être l’outil du peuple et de sa révolution citoyenne. C’est avec cela que nous devons renouer. C’est à cela que nous allons travailler. » Tous ensemble ? Rien n’est moins sûr.

Abel Mestre

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