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mercredi 20 septembre 2017
Encore un procès pour une lanceuse d'alerte...
Celle-là a dénoncé les mauvais traitements infligés aux
pensionnaires d’un centre de soins pour enfants polyhandicapés où elle a
travaillé durant cinq ans, tandis que des parents de victimes
déposaient plusieurs plaintes pour violences sur personne vulnérable.
Comme trop souvent, aucune de leurs dénonciations n’a été suivie
d’effet en dépit de certaines évidences, constatées en l’occurrence par
des inspecteurs de l’ARS, et le seul procès organisé est celui de la
lanceuse d’alerte, pour diffamation…
Céline Boussié, le 1er mars 2015, à Agen. Photo Guillaume Rivière pour Libération
Céline Boussié comparaissait pour diffamation après avoir dénoncé
les mauvais traitements infligés à des jeunes dans un institut
spécialisé du Gers. Le délibéré a été renvoyé au 21 novembre.
Maltraitance d’enfants handicapés : le procès d’une lanceuse d’alerte
Julia, 47 ans, assistante maternelle, a revêtu un tee-shirt à
l’effigie de sa fille polyhandicapée pour témoigner mardi au procès de
Céline Boussié devant le tribunal de grande instance de Toulouse. Comme
elle, une centaine de personnes – Ligue des droits de l’homme, comité de
soutien – sont rassemblées sur le parvis. Tous sont là pour soutenir
l’ancienne aide médicale psychologique (AMP) de l’institut
médico-éducatif (IME) Moussaron, un centre de soins pour enfants
polyhandicapés situé à Condom (Gers). Elle est poursuivie pour
diffamation après avoir dénoncé les mauvais traitements dont elle aurait
été témoin durant les cinq ans où elle a travaillé dans l’institut,
financé par l’Etat et le département. Allumées sur le sol, 80 bougies
symbolisent les 80 enfants pensionnaires de Moussaron, à l’époque où
Céline Boussié a signalé à l’Agence régionale de santé (ARS) de «graves dysfonctionnements».
Sangles
«Ma fille avait 10 ans en 2013 lorsqu’elle a été admise là-bas, raconte Julia. Le premier jour, le docteur Alain Doazan [alors directeur de l’établissement, ndlr] nous
a fait visiter le parc avec ses paons et une partie des locaux neufs.
Tout semblait parfait mais, trois semaines après, j’ai déchanté en
retrouvant ma fille sur les nerfs, amaigrie et bourrée de médicaments.
Quand j’ai vu son lit de 1, 20 m trop petit pour elle et les sangles qui
la maintenaient attachée, j’ai tout fait pour la sortir de là.»«Dévastée», Julia dépose plainte pour «violences sur personne vulnérable» le 18 mars 2014. Elle sera classée sans suite un an plus tard, «comme toutes celles qui ont suivi», affirme-t-elle.
Lit-cage
Fin 2013, un rapport de l’ARS avait déclenché la mise sous tutelle de l’établissement par l’Etat. «De
façon générale dans le bâtiment ancien et au château, les lits ne sont
pas adaptés à la taille des enfants : jeunes recroquevillés, pieds qui
dépassent, lit-cage pour enfants de plus de 6 ans», y soulignaient notamment les inspecteurs. Des actes que la direction de Moussaron justifiait par «la configuration des locaux, la discontinuité de la présence des personnels de nuit et les troubles de comportement» de ses pensionnaires. Sans convaincre la lanceuse d’alerte : «J’espère
que tout cela aboutira à l’ouverture d’une enquête parlementaire sur
la maltraitance institutionnelle dont j’ai été témoin», a lancé Céline Boussié avant d’entrer dans le tribunal.
Lors de l’audience, qui a duré trois heures, elle a énuméré les
mauvais traitements, fautes et manquements dans la prise en charge des
enfants auxquels elle a assisté. L’avocat de l’institut, Laurent
de Caunes, a quant à lui contesté pied à pied les arguments
de la lanceuse d’alerte, rejetant les accusations de «maltraitance institutionnelle».
Au terme d’une audience où Aurélie Doazan, l’actuelle directrice de
l’IME, n’a pas dit un mot, Fiodor Rilov, l’avocat parisien de Céline
Boussié a plaidé la relaxe «pour que cesse la peur de dénoncer et que la torture dans ces instituts s’arrête».
Le délibéré est renvoyé au 21 novembre. Si elle était condamnée, Céline
Boussié s’est dite prête à aller devant la Cour européenne des droits
de l’homme.
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