Il faut bien dire qu’une mise en examen pour viol à Brest, ce n’est vraiment pas un fait banal…
Du coup, tout le monde s’interroge : quel vent mauvais souffle donc sur Brest en ce moment ?
Ou bien encore : la juge Céline Verdier aurait-elle pris un gros coup de soleil cet été ?
Viols et agressions sexuelles : enquête sur la chute d’Herwann Asseh, chorégraphe star de Brest
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Enquête sur la mise en examen, en août, pour viols et agressions sexuelles, du chorégraphe brestois Herwann Asseh.
C’était le 10 avril 2021. Ce jour-là, Herwann Asseh modifie sa photo de profil Facebook. Il la remplace par un court texte, énigmatique. On y lit notamment : « Parfois, même en essayant de faire au mieux, nous sommes le méchant de l’histoire d’une personne ». Ses fans, davantage habitués aux photos de visages radieux et de corps en apesanteur, sont circonspects.
Ambassadeur de Brest
Herwann Asseh, 46 ans, c’était jusque-là l’itinéraire d’un enfant gâté par la danse. En 20 ans, l’ex-champion du monde de Street Dance a fondé sa compagnie, baptisée « Moral Soul », et est devenu l’ambassadeur de sa ville d’adoption, Brest. Il est de ceux que l’émission Métropolis, sur Arte, choisit, en novembre 2019, pour être l’une des figures de proue de son reportage sur la cité du Ponant. On l’y voit danser sur la terrasse du bureau du maire, dominant la rue de Siam, et vanter « Brest, bourrée d’histoires, bourrée de rencontres ».
« On était toutes fans de lui »
L’étape-clé de son ascension remonte à 1999, lorsque Jacques Blanc, directeur du Quartz, le propulse artiste associé de la Scène nationale brestoise. Depuis, nul besoin d’hologrammes : Herwann Asseh est omniprésent, de tous les stages, de tous les happenings dans les MPT, les écoles, les Ehpads… « On était toutes fans de lui », résume une admiratrice. Ses spectacles, conçus avec son alter ego féminin, sont très courus. Lui qui a commencé en dansant dans la rue obtient, en octobre 2015, une nouvelle reconnaissance des pouvoirs publics en installant sa compagnie dans le bel écrin de l’ancienne gare du Relecq-Kerhuon (29), rebaptisée « Fabrique des arts en mouvement ».
L’annonce de la paternité
Rien ne résiste à son charme, à son allant. Herwann Asseh a-t-il fini par s’en persuader ? La « success story » prend un tour plus sombre en décembre 2020. Un soir, à l’issue d’un cours, il réunit ses élèves danseurs dans les vestiaires et leur annonce qu’il est papa. Une adolescente sort précipitamment en sanglots. Une autre la rejoint, veut la consoler. En pleurs, la jeune fille lui explique qu’elle pensait être sa petite amie. Voilà qu’elle découvre qu’il a une compagne, et des enfants ! La confidente est interloquée : elle aussi vit une liaison avec le chorégraphe !
Courrier au procureur le 2 mai
Cet épisode sonne le glas d’un cloisonnement savamment entretenu par Herwann Asseh. Les jeunes femmes vont se confier les unes aux autres. Huit d’entre elles vont découvrir qu’elles ont été ses amantes et, selon elles, de manière forcée. Elles se tournent vers Sandrine Perirhin, élue en charge de la politique jeunesse. Cette dernière les oriente vers le planning familial de Brest, qui leur offrira un accompagnement sans failles.
C’est le maire du Relecq-Kerhuon qui, indirectement, leur fait franchir le pas du dépôt de plainte : en avril, Laurent Péron a connaissance d’informations jugées troublantes. « Fin avril, j’avais des éléments qui me laissaient penser qu’on n’était pas sur des rumeurs », dit-il. Il a en tête l’article 40 du code de procédure pénale : « Tout officier public qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ». Son courrier part le 2 mai.
Pilote de drone
Pendant tout ce printemps 2021, la suspension des subventions à Moral Soul, puis la démission de son conseil d’administration, ont alimenté les discussions. Et puis, après 20 ans à la tête de Moral Soul, Herwann Asseh a pris la tangente et annoncé la naissance d’une nouvelle compagnie, nommée « Fenikkusu » (« phénix » en japonais). Ce virage est mis sur le compte du chambardement lié à la crise sanitaire. En fait, Herwann Asseh ne va pas tarder à entamer une formation pour devenir pilote de drone.
« Il avait un regard un peu particulier sur les grandes adolescentes »
Le 6 août 2021, il est mis en examen pour viols et agressions sexuelles commis sur mineur par personne ayant autorité, viols et agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction, et corruption de mineur. Les faits couvrent une période allant de 2009 à 2021. L’instruction est confiée à la magistrate Céline Verdier. Herwann Asseh est laissé libre, sous contrôle judiciaire. À Brest, c’est le coup de tonnerre. Beaucoup tombent des nues. Pas tous. « La danse, dans le Finistère, c’est un petit milieu. Tout le monde se connaît de près ou de loin. Et quand même, il avait un regard un peu particulier sur les grandes adolescentes et on ne s’est pas toujours senti à l’aise », témoigne un danseur. « Quand on l’interrogeait sur cette proximité avec des jeunes filles, il nous parlait de fusion artistique », dit une autre.
« Tu es magnifique quand tu danses »
Les adolescentes, elles, racontent toutes, peu ou prou, la même histoire. Herwann Asseh les a repérées lors d’un cours ou un stage découverte de la danse. Ils ont échangé leurs numéros de téléphone. « Unique », « exceptionnelle », « Tu es magnifique quand tu danses »… Il ne tarit pas d’éloges sur chacune. Les SMS, longs et flatteurs, pleuvent. « Il parle de coup de foudre artistique et personnel. Ce sont des mots qui résonnent très fort chez des adolescentes ! », témoigne Me Emilie Bruézière, avocate des plaignantes, spécialisée dans les dossiers de victimes d’agressions sexuelles.
Danse et sexualité
Herwann Asseh leur aurait promis une carrière internationale dans la danse. Le Graal ! Mais, condition sine qua non, elles ne devaient pas en parler aux autres, qui ne comprendraient pas. Ce sera leur secret à eux. Ensuite, les textos prennent un autre tour. Herwann Asseh, adepte de la danse contact, aurait un credo : sans avoir connu la sexualité, on ne peut pas être vraiment à l’aise dans son corps. Particulièrement dans la danse, où l’un n’irait pas sans l’autre. Un couple de danseurs ne doit faire qu’un et se connaître intimement. D’après nos sources, sept des adolescentes sont mineures au moment des faits. La plupart ont connu des petits copains mais pas encore eu de relations sexuelles.
« Pressées d’être entendues par la justice »
Alors, étaient-elles consentantes comme l’aurait prétendu le chorégraphe à un élu ? Contacté, Me Fabrice Quantin, avocat d’Herwann Asseh, réitère qu’il « réserve sa position ainsi que ses éléments de défense au magistrat instructeur ». Les plaignantes, elles, racontent des faits d’agression sexuelle et de viol, commis par leur professeur de danse, dans sa voiture, dans des résidences lors de déplacements, sur des plages, au sein de la Fabrique des Arts en mouvement, au Relecq-Kerhuon…
Deux d’entre elles tomberont enceintes. L’une vivra une fausse couche, seule, désorientée. La seconde prendra une pilule abortive mais connaîtra des complications qui lui vaudront d’être hospitalisée. « Aujourd’hui, elles ont peur qu’on leur reproche de faire tomber quelqu’un de son piédestal, peur d’être traitées de menteuses. Elles sont pressées d’être entendues par la justice. Pour elles, ce sera important », explique Me Bruézière.
L‘avocat d’Herwann Asseh rappelle la présomption d’innocence aux élus brestois
L’avocat d’Herwann Asseh regrette « la déclaration hâtive » des élus de Brest et Brest Métropole. Dans un communiqué adressé vendredi dernier à la presse, ces derniers avaient « condamné avec la plus grande fermeté les faits reprochés à Herwann Asseh ».
En fin de semaine dernière, le maire de Brest, François Cuillandre, et l’ensemble des élus de Brest et Brest métropole ont indiqué dans un communiqué qu’ils « condamnaient avec la plus grande fermeté les faits reprochés à Herwann Asseh ». Cette déclaration a fait réagir l’avocat du chorégraphe mis en examen le 6 août dernier pour viols et agressions sexuelles commis sur mineur par personne ayant autorité, viols et agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction, mais aussi corruption de mineur.
« Déclaration hâtive »
« Une telle déclaration, qui tient pour acquis que ce dernier serait coupable des faits pour lesquels il est mis en examen, apparaît faire fi de la présomption d’innocence qui bénéficie à Herwann Asseh », tient donc à rappeler Fabrice Quantin, avocat au barreau de Brest. Lequel « regrette cette déclaration hâtive, alors même qu’une instruction est en cours, et réserve sa position ainsi que ses éléments de défense au magistrat instructeur ». « Monsieur Herwann Asseh souhaite que la Justice pénale puisse investiguer sereinement pour permettre la manifestation de la vérité », conclut maître Quantin.
Face aux violences sexuelles, le Quartz de Brest appelle à la mobilisation de l’ensemble du secteur culturel
Après les élus brestois, c’est au tour du Quartz, la scène nationale brestoise, de réagir à la mise en examen du chorégraphe Herwann Asseh pour viols sur mineures.
En cette rentrée, l’équipe du Quartz réagit à son tour à la mise en examen du chorégraphe et danseur brestois Herwann Asseh le 6 août, des chefs de viols et d’agressions sexuelles commis sur mineur par personne ayant autorité, viols et agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction, mais aussi corruption de mineur.
Dans un communiqué, l’équipe de la scène nationale de Brest, qui a contribué à l’ascension du chorégraphe, « affirme son soutien aux victimes de violences sexuelles et salue l’action du Planning familial. Elle est une oreille attentive pour toutes celles et tous ceux qui souhaiteraient faire part d’une situation de violence, quelle qu’elle soit. Plus que jamais, la mobilisation du secteur culturel est absolument nécessaire ».
Ce vendredi, les élus de la ville de Brest et de Brest métropole avaient également affirmé leur détermination « à lutter contre de tels actes et leurs auteurs, aux côtés des partenaires, associatifs et services de l’État concernés ». La collectivité envisage de se porter partie civile dans cette affaire.
La Ville de Brest envisage de se porter partie civile dans l’affaire Herwann Asseh
Après la mise en examen du chorégraphe Herwann Asseh pour viols sur mineur, les élus de Brest et de Brest métropole annoncent que la collectivité envisage de se porter partie civile.
La sombre nouvelle est tombée au cœur de l’été, le 6 août dernier : Herwann Asseh, le chorégraphe et professeur de danse brestois à la réputation nationale, a été mis en examen des chefs de viols et agressions sexuelles commis sur mineur par personne ayant autorité, viols et agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction, mais aussi corruption de mineur. À l’origine de cette affaire, les plaintes de neuf jeunes femmes, toutes mineures au moment des faits, qui ont confirmé devant les enquêteurs des faits d’agressions sexuelles ou de viols. Ces faits s’étaleraient de 2008 à fin 2020.
Soutien aux victimes
« Les faits reprochés à Herwann Asseh, qui ont conduit après enquête à sa mise en examen, ont profondément surpris et choqué de nombreux Brestois et Brestoises, parmi lesquels de très nombreux acteurs et actrices culturels de Brest et du Finistère », indiquent dans un communiqué François Cuillandre et les élus de la Ville et de Brest métropole.
Tous disent « partager cette émotion et condamner avec la plus grande fermeté les faits qui sont reprochés à Herwann Asseh ». Ils souhaitent donc « manifester tout leur soutien aux jeunes filles victimes qui ont eu le courage de dénoncer les faits » et ils affirment leur détermination, « aux côtés des partenaires, associatifs et services de l’État concernés, à lutter contre de tels actes et leurs auteurs ».
Herwann Asseh sous contrôle judiciaire
Le communiqué précise que les avocats conseils de la collectivité examinent la possibilité de se porter partie civile aux côtés des victimes dans cette affaire. À la suite de la mise en examen du chorégraphe, un juge d’instruction a été saisi et dirige la poursuite de l’enquête. Herwann Asseh a été placé sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention, avec interdiction de paraître dans le Finistère et d’exercer toute activité impliquant un contact avec des mineurs.
ENQUÊTE. Mis en examen à Brest, le chorégraphe Herwann Asseh, paradoxe ambulant
« Ce n’est pas possible. Je ne connais pas cette personne que vous décrivez. Ce ne peut pas être Herwann Asseh… » Cette sidération devant la mise en examen du chorégraphe, le vendredi 6 août 2021, à Brest (Finistère), pour corruption de mineurs, agressions sexuelles et viols, revient sans cesse.
Une sidération partagée par ceux et celles auditionnés pendant l’instruction. Choqués par les contradictions que révèle l’enquête sur une personnalité contrastée, un paradoxe ambulant.
Charisme hors cadres
« On ne peut nier son charisme, son aura, son pouvoir d’attraction hors normes », confirme un artiste connu. « Après les spectacles, Herwann Asseh était entouré d’une cour d’admirateurs. Les fans se bousculaient… » Un agent de sécurité se souvient : « Au final d’une représentation, on a dû faire évacuer la salle, le public ne voulait pas le lâcher. »
Aurait-il abusé de cette aura ? « Herwann Asseh a toujours évolué hors cadres, analyse une chargée de production. Mais ça ne l’a jamais empêché de réussir ses projets. Il était capable d’accomplir, seul, des travaux d’envergure dans un équipement prêté par la collectivité, sans demander d’autorisation. Et ça passait… »
Sidération, encore, parmi ceux qui ont croisé ce chorégraphe très actif en milieu carcéral : « Je n’aurais pas eu le même chemin de vie si je n’avais pas croisé Herwann Asseh ; je me suis reconstruit grâce à lui, à la capoeira et au hip-hop, raconte cet ex-détenu. Il m’a, littéralement, fait sortir de l’ombre. »
Idem pour ces jeunes athlètes révélés via le parkour, ce sport qui chorégraphie la mobilité et la course en milieu urbain : « J’étais un jeune de quartier mal barré, déclare ce « traceur ». Il m’a aidé à trouver ma voie, à me tenir droit. »
2 000 messages passés au crible
Très physique, Herwann Asseh montait des spectacles performants, en évoquant le dépassement de soi : « Je n’ai jamais vu un geste déplacé de sa part, jamais senti de dérapage, jure une interprète qui a, aussi, joué le rôle du « regard extérieur » pendant les répétitions. J’ai, parfois, senti des tensions dans la compagnie. Mais c’est normal qu’il y ait des frictions entre le chorégraphe et les interprètes. »
Comme l’immense majorité des mis en examen au XXIe siècle, son téléphone — 2 000 messages passés au crible ! — est devenu son pire ennemi. Difficile d’oublier avoir envoyé un message comme : « J’ai adoré cet après-midi passé ensemble. Il faudra le refaire. Mais surtout, n’en parle pas aux autres, elles seraient jalouses. »
Je me souviens voir débarquer, de nulle part, cette jeune fille persuadée d’intégrer la compagnie alors que son inexpérience était évidente.
— L’administratrice d’un théâtre
Elles se sont parlé, elles en ont parlé. « Polyamoureux, non exclusif, surtout pas polygame », ironise, amère, une ex-amie. Qui remarque que les jeunes femmes qui ont porté plainte contre le chorégraphe « sont présentes sur les images prises en octobre 2020, pour les 20 ans de Moral Soul ».
Des plaignantes qui, selon le communiqué du Planning familial, « souhaitent, en outre, pointer du doigt la glamourisation des relations abusives, notamment commises par des personnes influentes ».
« Je me souviens voir débarquer, de nulle part, cette jeune fille persuadée d’intégrer la compagnie alors que son inexpérience était évidente, confie l’administratrice d’un théâtre. Étrange ? Ou typique ? Si le chorégraphe, ce tout-puissant, l’imposait, qui pour le contredire ? »
« Fusion artistique »
Certaines relations, forcément, posent questions. « Vous êtes ensemble à la ville comme à la scène ? » Aux interrogations, fréquentes, sur la nature de la complicité qui pouvait lier sa danseuse vedette et le chorégraphe, le duo répondait, invariablement : « Nous vivons une fusion artistique. » Une contradiction, encore, que vient réveiller un autre SMS d’Herwann Asseh : « Pour bien danser, écrit-il à une danseuse, il faut être libéré sexuellement. »
De là à analyser sa trilogie, consacrée aux rapports femmes-hommes, à la sombre lumière des accusations portées ? Du-All met en scène un coup de foudre ; Manibus est centré sur les différences et les stéréotypes. Et F(h)ommes, axé sur le couple sous toutes ses formes…
Je n’ai jamais éprouvé de sensation de détournement, de posture subversive
— Une danseuse.
« Des amalgames absolument ridicules ! réagit une danseuse. Si ses spectacles se cristallisaient sur le corps des femmes, c’était une danse inscrite dans notre époque, avec un discours féministe, un ton militant. Je n’ai jamais éprouvé de sensation de détournement, de posture subversive. »
Par la voix de son avocat, le chorégraphe a récemment rappelé aux élus de Brest Métropole « qui tiennent pour acquis qu’il serait coupable », la présomption d’innocence : « Herwann Asseh réserve sa position ainsi que ses éléments de défense au magistrat instructeur, souligne maître Quantin. Il souhaite que la justice pénale puisse investiguer sereinement pour permettre la manifestation de la vérité. »
Troublant. « Ce n’est pas seulement une affaire de justice, observe un avocat. En plein #metoo, c’est, aussi, une affaire en vibration avec nos enjeux de société. »
Moral Soul : de la « standing ovation » à la débâcle
« De la “standing ovation” à la débâcle, des embrassades en public avec les élus à l’opprobre officielle, observe un élu désormais à la retraite, le crash de Moral Soul est vertigineux. »
Environ 1 500 personnes, de tous horizons, participaient, par an, aux actions culturelles de Moral Soul, qui conçoit « la danse comme vecteur de lien social ». En 20 ans, Moral Soul a fait travailler 200 personnes, des danseurs aux professionnels des costumes en passant par les administratifs. En parallèle à sa carrière artistique, Herwann Asseh est intervenu pendant plus de quinze ans dans tous types de structures, maisons d’arrêt, Maisons pour tous, centres spécialisés, maisons de retraite, écoles, collèges, lycées, instituts.
« Je suis à la fois extrêmement en colère et triste »
« C’est terrible, je suis à la fois extrêmement en colère et triste, confie une ancienne de Moral Soul. On dirait que cette affaire entache toutes les belles choses accomplies, toutes les super collaborations. Famille, proches, associés… C’est tellement dur. Les dommages collatéraux sont énormes. Avoir Moral Soul sur son CV, c’est désormais la garantie d’être examiné avec suspicion. »
La compagnie Moral Soul existe encore. Elle n’est pas dissoute. En février 2021, son conseil d’administration, avant de démissionner, s’est acquitté de ses devoirs : gérer les ruptures de contrat de la vingtaine de salariés, annuler tous les spectacles programmés, payer les taxes et factures…
Focalisé sur le parkour
Avant sa mise en examen, Herwann Asseh a cru pouvoir rebondir, « renaître de ses cendres ». Accompagné de quelques proches collaborateurs, il a lancé des plans pour une nouvelle compagnie, baptisée « Fenikkusu », « Phoenix » en japonais. Il se serait ainsi focalisé exclusivement sur le parkour, cet art du déplacement en milieu urbain qu’il a contribué à populariser à Brest. Un nom en référence, aussi, aux « Yamakasi », héros d’un film consacré aux fondateurs de la discipline acrobatique.
Cette entreprise a immédiatement ravivé l’affaire. Le Planning familial, qui accompagne les plaignantes, a communiqué sur la démarche des jeunes femmes. Pour préciser que « leur décision d’entreprendre une démarche juridique était notamment motivée par le souhait d’empêcher le chorégraphe de continuer à encadrer des jeunes femmes mineures ».
Un nouveau conseil d’administration a donc pris, en urgence, la relève à Moral Soul. Pas pour de nouveaux projets, mais pour assumer les impératifs, comme payer l’Urssaf, gérer les subventions déjà versées par le conseil départemental du Finistère et le conseil régional de Bretagne, régler la location de boxes pour entreposer le matériel de la compagnie…
Il reste environ 40 000 € sur le compte. Dans ses statuts, une clause stipule que, si Moral Soul est dissoute, cette somme devra aller à une ou d’autres compagnies de danse, choisies après discussion avec les instances publiques.
Le parcours chronologique d’Herwann Asseh
1975. Naissance à Libreville, capitale du Gabon, d’une mère bretonne et d’un père gabonais, qui, opposant au régime d’Omar Bongo, passera dix ans en prison au Gabon.
1982. Arrive, à 7 ans, en France, avec sa mère, son frère et ses deux sœurs. La famille s’installe à Ploudalmézeau. Commence l’athlétisme à l’Institut national du sport puis en équipe de France.
1994. S’initie à la capoeira et au hip-hop à Paris.
1999. Sacré champion du monde de « street dance » à Mexico. Crée sa compagnie Moral Soul qui assure cours et créations de danse contemporaine et hip-hop.
1999-2011. Artiste associé puis en résidence au Quartz, la Scène nationale de Brest.
2000. Premières pièces Maman regarde puis Les Émigrants.
2012. Pour les fêtes maritimes Tonnerres de Brest 2012, monte Avoir 20 ans dans un port européen, avec 30 jeunes danseurs de cinq villes jumelles, Brest, Kiel, Plymouth, Cadix et Constanta. Et fait danser la population brestoise sur la Danse du tram, place de la Liberté, samedi 23 juin 2012, pour l’inauguration de la première ligne du transport en commun de Brest Métropole.
2015. Installation au Relecq-Kerhuon de la compagnie Moral Soul à La Gare, « Fabrique des arts en mouvement ».
2020. En octobre, événements anniversaires des 20 ans de Moral Soul.
2021. Neuf femmes portent plainte contre le chorégraphe de 46 ans. En août, mis en examen pour corruption de mineures, agressions sexuelles et viols, entre 2008 et décembre 2020. Placé sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention, avec interdiction de paraître dans le Finistère et d’exercer toute activité impliquant un contact avec des mineurs.
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