« Car celui qui est innocent, il s’empresse d’aller s’expliquer », dixit l’avocat général.
Or, l’accusé Georges Tron a demandé et obtenu un renvoi de son procès après quatre jours d’audience sans avoir jamais été interrogé sur les faits.
Cela dit, l’hyper porc du Front National qui se présente partout comme un vieux copain de Marine Le Pen fait bien mieux : autant que possible, il achète magistrats et avocats des victimes, si bien que dès le dépôt de plainte de l’une d’elles est en fait programmée la condamnation de celle-ci à une amende civile pour procédure abusive d’un montant de 10000 € (bien dix mille euros !), sans aucune enquête préalable ni aucune forme de procès. Il est donc interdit d’interdire quoi que ce soit à ce vieux pote de Marine Le Pen qui avec sa grande copine la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest est à l’origine de la mort de Clément Méric au mois de juin 2013, l’un et l’autre ayant manifestement chauffé les jeunes belligérants des deux bords jusqu’à l’affrontement fatal…
Tous les deux connus comme des pervers et manipulateurs de haute volée, ces deux extrémistes prétendument opposés complotaient ensemble depuis longtemps.
http://www.europe1.fr/societe/vociferations-et-terrorisme-le-proces-tron-renvoye-dans-les-injures-3522152
« Vociférations » et « terrorisme » : le procès Tron renvoyé dans les injures
21h28, le 15 décembre 2017, modifié à 21h53, le 15 décembre 2017
Dans une ambiance délétère, le procès de l’ancien secrétaire d’Etat a tourné court vendredi après seulement quatre jours d’audience sur les neuf prévus.
DANS LA SALLE D’AUDIENCE
»On est arrivés à un point particulièrement regrettable. » Il est 9h30 devant les assises de Bobigny et Antoine Vey, l’un des avocats de Georges Tron, ne voit déjà plus d’issue à son procès. S’il avait été là, c’est probablement l’autre conseil de l’accusé, Eric Dupond-Moretti, qui aurait attaqué le premier. Mais le ténor est retenu au palais de Justice de Paris, et son associé assume pleinement sa responsabilité. « Nous estimons qu’à l’heure actuelle, les débats ne pourront plus être suffisamment sereins », assène-t-il. « Nous allons être contraints de demander le renvoi du procès. »
« Une position impossible ». Sur le banc des parties civiles, Eva Loubrieu interroge son avocat du regard, visiblement perdue. En ce vendredi matin, c’est elle qui devait être interrogée par la cour sur les faits de viols et d’agressions sexuelles qu’elle dit avoir subis. La séance de questions a déjà plus de 24 heures de retard sur le planning initial. La femme mince, cheveux noirs en chignon, comprend que cela risque, à nouveau, de ne pas être pour aujourd’hui.
Antoine Vey déroule. La demande de renvoi est d’abord raccrochée à la diffusion, jeudi soir, d’un sujet d’Envoyé Spécial sur l’affaire. Intitulé « un maire aux assises : celle qui accuse », le documentaire donne largement la parole à la deuxième plaignante, Virginie Ettel, à son avocat et à un témoin à charge. « Diffuser ce type de reportage nous place dans une position impossible », explique le conseil. L’argument était attendu. Le second l’est un peu moins.
« Qui n’a pas vu les attaques contre le président dans la presse et dans les tweets ? », demande l’avocat. Une référence à l’interrogatoire de Virginie Ettel par le magistrat, la veille et dont les questions, parfois maladroites, ont été largement commentées. « Le fait qu’un président d’assises soit mis en cause, dans des termes particulièrement violents, nous fait penser que Monsieur le président ne va pas oser poser toutes les questions », lance Me Vey. Pour justifier leur opposition à la demande de renvoi, l’avocat général et ceux des parties civiles emploient la même expression : « écran de fumée ». Les termes du débat sont sur la table. La cour se retire pour statuer.
« Cette conversation était confidentielle ! » A 14 heures, il fait déjà presque nuit dans le hall du Palais de justice. On entend résonner la pluie sur le toit lorsque le président entame la lecture de la décision. Le premier argument en donne déjà le sens : « considérant que la diffusion du reportage relève de la liberté d’information… » Sur le banc des parties civiles, les avocats se serrent la main, à la manière des membres d’une équipe sportive qui a gagné. « Il convient de rejeter la demande de renvoi sollicitée », conclut Régis de Jorna, qui s’apprête à faire lever Eva Loubrieu pour l’interroger.
Mais Eric Dupond-Moretti, de retour, tire le premier. « Bien. Je vais
dire les choses telles qu’elles méritent d’être dites. » Les regards se
font inquiets. Et sous l’œil sidéré de la cour, le ténor, visiblement
agacé, lâche une bombe. « Je crois, monsieur le président, qu’il a été
dit que vous vous interdisiez un certain nombre de questions. Je crois
même qu’il a été dit que vous préféreriez que ce soit une femme qui
préside ce procès. L’avez-vous dit, monsieur le président ? » Il hurle
désormais : « vous l’avez dit, oui ou non ? » Sur le banc d’en face, Me
Touboul, avocate d’Eva Loubrieu, explose : « Cette conversation était
confidentielle ! »
La scène est chaotique. Sous les cris, on distingue les sanglots lourds d’Eva Loubrieu. Virgine Ettel pleure aussi, les mains sur les oreilles. Le président est tremblant. Il hausse la voix : « Ça a été dit, mais dans un cadre privé ! » Les avocats s’époumonent tous en même temps, mais c’est Eric Dupond-Moretti qui parle le plus fort : « vous avez même dit que le hashtag ‘ton porc’ vous le craignez ! » Eva Touboul fulmine : « Il faut appeler le bâtonnier, là ! » Régis de Jorna bafouille qu’il est d’accord. Suspend l’audience. Dans le prétoire, quelques étincelles fusent encore : « Vous n’avez aucun principe. Vous n’êtes pas un avocat ! »
« Il ne manque que cinq Femen, seins nus. » L’incident laisse la salle d’audience comme un champ de bataille après le combat. Eric Dupond-Moretti vient de briser « la foi du Palais », un principe qui veut que la tenue des conversations entre magistrats et avocats reste secrète. Les propos qu’il attribue au président ont été prononcés le matin, lors d’une réunion préliminaire à l’audience, dans le bureau du président. Ils n’auraient jamais dû le quitter.
Me Valérie Grimaud, bâtonnier de l’ordre de Seine-Saint-Denis, échange avec un camp puis l’autre. Mais le mal est fait. Dans la salle vide des membres de la cour qui doit le juger, Georges Tron fait les cent pas, semblant trouver le temps long. Trois heures passent et la sonnerie retentit enfin : pour la deuxième fois, l’audience est reprise. Ces trois mots prononcés, le président passe la parole au principal agitateur de la défense, dont le ton s’est fait grave.
« J’ai été interrompu par des vociférations », commence Eric
Dupond-Moretti. L’avocat rappelle que le principe de foi du palais n’est
pas inscrit dans le code pénal : « sa limite, c’est l’intérêt supérieur
de celui qu’on a l’honneur de défendre. »
Il se tourne vers le juge : « vous nous avez fait part d’états d’âme
qui vous honorent. (…) Vous avez été hashtagué ‘mon porc’ (sic). Il y a
une tension, il y a un militantisme dans ce procès. C’est devenu une
espèce d’enceinte où l’on vient militer. Je ne pensais pas voir ça ici.
Il ne manque que cinq Femen, seins nus ! »
« Vous devez aller au bout de la démarche ». Le ton se fait moins bienveillant à l’égard du magistrat, dont la défense demande à ce que les propos soient consignés par le greffe, puisqu’ils sont désormais publics. « Vous auriez préféré que ce soit une femme qui préside. Est-ce qu’on imagine le magistrat qui présidait l’affaire Merah dire : ‘je préférerais que ce soit un président musulman ?’ », lance « Acquittator ». « On ne peut pas continuer comme ça, pour l’image de la justice. (…) Je vous demande de réfléchir sereinement. Ces propos sont dits, vous les avez assumés. Vous devez aller au bout de la démarche. »
Le tour de parole est l’occasion des dernières anicroches d’un procès déjà enterré. « Cette tension n’est aucunement le fait des parties civiles, elle est intégralement de la responsabilité de la défense », lance Me Alexandre-M. Braun. « C’est du terrorisme judiciaire. » L’avocat général s’en mêle et n’emploie même pas le conditionnel : « Ca va sonner faux dans la population, on le sait fort bien. Qu’est-ce qui va être retenu ? Que Georges Tron échappe à ses responsabilités, c’est tout. Car celui qui est innocent, il s’empresse d’aller s’expliquer. »
Cette fois, la cour n’a besoin que de quelques minutes pour trancher et ordonner le renvoi de l’affaire à une session ultérieure. Son écharpe déjà autour du cou, Georges Tron échange quelques mots avec ses soutiens, présents lors des quatres jours d’un procès qui aurait dû en compter neuf. Il n’aura jamais été interrogé sur les faits.
»On est arrivés à un point particulièrement regrettable. » Il est 9h30 devant les assises de Bobigny et Antoine Vey, l’un des avocats de Georges Tron, ne voit déjà plus d’issue à son procès. S’il avait été là, c’est probablement l’autre conseil de l’accusé, Eric Dupond-Moretti, qui aurait attaqué le premier. Mais le ténor est retenu au palais de Justice de Paris, et son associé assume pleinement sa responsabilité. « Nous estimons qu’à l’heure actuelle, les débats ne pourront plus être suffisamment sereins », assène-t-il. « Nous allons être contraints de demander le renvoi du procès. »
« Une position impossible ». Sur le banc des parties civiles, Eva Loubrieu interroge son avocat du regard, visiblement perdue. En ce vendredi matin, c’est elle qui devait être interrogée par la cour sur les faits de viols et d’agressions sexuelles qu’elle dit avoir subis. La séance de questions a déjà plus de 24 heures de retard sur le planning initial. La femme mince, cheveux noirs en chignon, comprend que cela risque, à nouveau, de ne pas être pour aujourd’hui.
Antoine Vey déroule. La demande de renvoi est d’abord raccrochée à la diffusion, jeudi soir, d’un sujet d’Envoyé Spécial sur l’affaire. Intitulé « un maire aux assises : celle qui accuse », le documentaire donne largement la parole à la deuxième plaignante, Virginie Ettel, à son avocat et à un témoin à charge. « Diffuser ce type de reportage nous place dans une position impossible », explique le conseil. L’argument était attendu. Le second l’est un peu moins.
« Qui n’a pas vu les attaques contre le président dans la presse et dans les tweets ? », demande l’avocat. Une référence à l’interrogatoire de Virginie Ettel par le magistrat, la veille et dont les questions, parfois maladroites, ont été largement commentées. « Le fait qu’un président d’assises soit mis en cause, dans des termes particulièrement violents, nous fait penser que Monsieur le président ne va pas oser poser toutes les questions », lance Me Vey. Pour justifier leur opposition à la demande de renvoi, l’avocat général et ceux des parties civiles emploient la même expression : « écran de fumée ». Les termes du débat sont sur la table. La cour se retire pour statuer.
« Cette conversation était confidentielle ! » A 14 heures, il fait déjà presque nuit dans le hall du Palais de justice. On entend résonner la pluie sur le toit lorsque le président entame la lecture de la décision. Le premier argument en donne déjà le sens : « considérant que la diffusion du reportage relève de la liberté d’information… » Sur le banc des parties civiles, les avocats se serrent la main, à la manière des membres d’une équipe sportive qui a gagné. « Il convient de rejeter la demande de renvoi sollicitée », conclut Régis de Jorna, qui s’apprête à faire lever Eva Loubrieu pour l’interroger.
Je crois même qu’il a été dit que vous préféreriez que ce soit une femme qui préside ce procès.
La scène est chaotique. Sous les cris, on distingue les sanglots lourds d’Eva Loubrieu. Virgine Ettel pleure aussi, les mains sur les oreilles. Le président est tremblant. Il hausse la voix : « Ça a été dit, mais dans un cadre privé ! » Les avocats s’époumonent tous en même temps, mais c’est Eric Dupond-Moretti qui parle le plus fort : « vous avez même dit que le hashtag ‘ton porc’ vous le craignez ! » Eva Touboul fulmine : « Il faut appeler le bâtonnier, là ! » Régis de Jorna bafouille qu’il est d’accord. Suspend l’audience. Dans le prétoire, quelques étincelles fusent encore : « Vous n’avez aucun principe. Vous n’êtes pas un avocat ! »
« Il ne manque que cinq Femen, seins nus. » L’incident laisse la salle d’audience comme un champ de bataille après le combat. Eric Dupond-Moretti vient de briser « la foi du Palais », un principe qui veut que la tenue des conversations entre magistrats et avocats reste secrète. Les propos qu’il attribue au président ont été prononcés le matin, lors d’une réunion préliminaire à l’audience, dans le bureau du président. Ils n’auraient jamais dû le quitter.
Me Valérie Grimaud, bâtonnier de l’ordre de Seine-Saint-Denis, échange avec un camp puis l’autre. Mais le mal est fait. Dans la salle vide des membres de la cour qui doit le juger, Georges Tron fait les cent pas, semblant trouver le temps long. Trois heures passent et la sonnerie retentit enfin : pour la deuxième fois, l’audience est reprise. Ces trois mots prononcés, le président passe la parole au principal agitateur de la défense, dont le ton s’est fait grave.
Est ce qu’on imagine le magistrat qui présidait l’affaire Merah dire : « je préférerais que ce soit un président musulman » ?
« Vous devez aller au bout de la démarche ». Le ton se fait moins bienveillant à l’égard du magistrat, dont la défense demande à ce que les propos soient consignés par le greffe, puisqu’ils sont désormais publics. « Vous auriez préféré que ce soit une femme qui préside. Est-ce qu’on imagine le magistrat qui présidait l’affaire Merah dire : ‘je préférerais que ce soit un président musulman ?’ », lance « Acquittator ». « On ne peut pas continuer comme ça, pour l’image de la justice. (…) Je vous demande de réfléchir sereinement. Ces propos sont dits, vous les avez assumés. Vous devez aller au bout de la démarche. »
Le tour de parole est l’occasion des dernières anicroches d’un procès déjà enterré. « Cette tension n’est aucunement le fait des parties civiles, elle est intégralement de la responsabilité de la défense », lance Me Alexandre-M. Braun. « C’est du terrorisme judiciaire. » L’avocat général s’en mêle et n’emploie même pas le conditionnel : « Ca va sonner faux dans la population, on le sait fort bien. Qu’est-ce qui va être retenu ? Que Georges Tron échappe à ses responsabilités, c’est tout. Car celui qui est innocent, il s’empresse d’aller s’expliquer. »
Cette fois, la cour n’a besoin que de quelques minutes pour trancher et ordonner le renvoi de l’affaire à une session ultérieure. Son écharpe déjà autour du cou, Georges Tron échange quelques mots avec ses soutiens, présents lors des quatres jours d’un procès qui aurait dû en compter neuf. Il n’aura jamais été interrogé sur les faits.
http://www.europe1.fr/societe/aux-assises-pour-viols-georges-tron-evoque-de-simples-conversations-3519140
Aux assises pour viols, Georges Tron évoque de simples « conversations »
20h56, le 12 décembre 2017, modifié à 21h24, le 12 décembre 2017
Relativisant sa pratique de la réflexologie, l’ancien secrétaire d’Etat s’est montré très sûr de lui au premier jour de son procès, mardi à Bobigny.
DANS LA SALLE D’AUDIENCE
Aux assises, les deux accusés n’ont en commun que le banc sur lequel ils se trouvent. La soixantaine flamboyante, Georges Tron entre tout sourire, silhouette fine, chevelure poivre et sel, tirant désormais sur le blanc. Veste de costume sombre, pantalon de velours bordeaux, chemise à fin carreaux et cravate prune, l’édile continue de jauger l’assistance une fois assis, visiblement sûr de lui. Pour deviner Brigitte Gruel, le public est, au contraire, contraint de tendre le cou. Entrée dans la salle capuche sur la tête et le visage dissimulé par son avocat, l’ancienne adjointe à la Culture ne retire ses larges lunettes de soleil qu’après plusieurs minutes. « Mère au foyer », répond-elle d’une voix chevrotante lorsqu’on lui demande de décliner sa profession. « Élu local », répond son co-accusé, le menton haut. Tous deux encourent vingt ans de prison pour viols et agressions sexuelles en réunion.
« Passion pour la chose publique ». »On veut connaître le Georges Tron privé, vos grandes étapes de vie. Mais aussi, je dirais, le Georges Tron public. Les liens entre les deux, et enfin votre passion pour la réflexologie », entame le président, aux questions bien peu incisives. Parfaitement à l’aise, l’accusé retrace un parcours « choisi », d’une scolarité « pas exceptionnelle, avec un tropisme littéraire assez marqué » à sa « passion pour la chose publique », en passant par des études de droit. Passé par le Conseil de Paris et le cabinet d’Edouard Balladur, il est élu député pour la première fois en 1993. Puis maire, et député à nouveau, etc. « Je n’ai, en fait, connu qu’une seule défaite électorale. C’était aux législatives de 2012, en plein cœur de l’affaire. »
« L’affaire » éclate le 24 mai 2011, une dizaine de jours après l’arrestation spectaculaire de Dominique Strauss-Kahn. « Ma matinée se passe très bien », se souvient Georges Tron. « Et là, j’ai un message d’une journaliste, qui me demande de la rappeler. Je m’exécute et elle m’apprend ce qu’il se passe. » S’en suivent « quatre jours de pression médiatique très forte » et une démission de son poste de secrétaire d’Etat à la Fonction publique. « Je l’ai fait par solidarité. Quand on fait partie d’une équipe, il faut la préserver. »
« Des médecines alternatives ». Georges Tron se tient droit, esquivant les questions à grand renfort de rhétorique : « permettez-moi de vous répondre de la manière suivante… » Le président tente d’aborder les fameuses séances de réflexologie plantaire qui auraient servi, selon les deux plaignantes, de préalable à des agressions sexuelles. Le maire retrace volontiers la naissance de son intérêt pour la discipline. « J’y suis venu à partir d’une grave entorse, suite à un accident de ski, dans les années 1980. Immobilisé, j’ai découvert l’ensemble des médecines alternatives, en grande partie d’inspiration asiatique. » Et de raconter ses lectures, ses échanges, la co-fondation de l’Association pour l’alternative en médecine.
Mais du déroulé des fameuses séances de réflexologie, la cour n’obtient aucun détail. « J’ai décidé que mon investissement se traduirait de façon concrète », répond évasivement l’accusé. « Est-ce que vous proposez le sujet de la réflexologie à des personnes qui viennent vous voir pour ça, ou est-ce qu’il vous arrive… de les orienter vers ce thème ? », bafouille le président. « Il s’agit de simples conversations », balaie l’édile. « Je suis très ferme là-dessus : quiconque décide de ne pas entrer dans ces conversations peut le refuser. »
« Un outil pour me nuire ». Le magistrat revient à la charge : « mais la question du consentement se pose tout de même… « »Du consentement ? C’est la question de l’existence des faits eux-mêmes qui se pose ! », intervient le conseil de l’accusé, Me Dupond-Moretti. Georges Tron laisse passer les invectives et reprend la main. « C’est le cœur des attaques qui ont été portées contre moi, mais ça n’a strictement posé aucun problème, d’aucune nature, ni privée, ni publique, jusqu’à ce 24 mai 2011. Alors que mon association avait pignon sur rue… »
Comment, alors, expliquer les plaintes ? La question n’a pas encore
été posée, mais le maire de Draveil l’anticipe, dessinant, au milieu de
son interrogatoire de personnalité, la thèse du complot. « Jusqu’en
2009, les élections se passaient bien dans ma ville, dans un climat
normal. Et puis, il y a eu l’apparition sur la scène politique de la
famille Le Pen. » Philippe Ollivier, demi-frère de l’actuelle présidente
du Front national, s’est en effet présenté face à lui cette année-là,
rappelle le président. « Dès le début, à la façon dont ils ont nourri le
débat local, on a su que les choses allaient changer », lâche l’accusé.
« La réflexologie est devenue un outil pour me nuire. »
Une porosité entre vie privée et publique. L’audience, très tendue, a déjà pris du retard. Le président souffle et passe le relais à Éric Dupond-Moretti. « On vous a limité à un ministre passionné de réflexologie, vous n’êtes pas que cela », tonne le conseil. L’avocat fait égrener à son client les prénoms et dates de naissance de ses trois filles et de son petit-fils. L’interroge sur sa femme, qu’il reconnaît avoir trompé « une unique fois en 35 ans ». « Je n’ai aucune fierté à l’avouer ici, c’était un choix personnel que j’assume », dit l’ancien secrétaire d’Etat, la tête toujours haute.
Par le biais des proches, on en revient à la réflexologie, pratiquée, de l’aveu même de l’accusé « dans le cadre familial ». N’y avait-il pas une porosité entre ces usages privés et la vie publique de Georges Tron ? « Probablement que si », souffle le maire. « Naïvement, je n’ai pas pensé que ça pouvait être détourné et devenir dangereux. »
Aux assises, les deux accusés n’ont en commun que le banc sur lequel ils se trouvent. La soixantaine flamboyante, Georges Tron entre tout sourire, silhouette fine, chevelure poivre et sel, tirant désormais sur le blanc. Veste de costume sombre, pantalon de velours bordeaux, chemise à fin carreaux et cravate prune, l’édile continue de jauger l’assistance une fois assis, visiblement sûr de lui. Pour deviner Brigitte Gruel, le public est, au contraire, contraint de tendre le cou. Entrée dans la salle capuche sur la tête et le visage dissimulé par son avocat, l’ancienne adjointe à la Culture ne retire ses larges lunettes de soleil qu’après plusieurs minutes. « Mère au foyer », répond-elle d’une voix chevrotante lorsqu’on lui demande de décliner sa profession. « Élu local », répond son co-accusé, le menton haut. Tous deux encourent vingt ans de prison pour viols et agressions sexuelles en réunion.
« Passion pour la chose publique ». »On veut connaître le Georges Tron privé, vos grandes étapes de vie. Mais aussi, je dirais, le Georges Tron public. Les liens entre les deux, et enfin votre passion pour la réflexologie », entame le président, aux questions bien peu incisives. Parfaitement à l’aise, l’accusé retrace un parcours « choisi », d’une scolarité « pas exceptionnelle, avec un tropisme littéraire assez marqué » à sa « passion pour la chose publique », en passant par des études de droit. Passé par le Conseil de Paris et le cabinet d’Edouard Balladur, il est élu député pour la première fois en 1993. Puis maire, et député à nouveau, etc. « Je n’ai, en fait, connu qu’une seule défaite électorale. C’était aux législatives de 2012, en plein cœur de l’affaire. »
« L’affaire » éclate le 24 mai 2011, une dizaine de jours après l’arrestation spectaculaire de Dominique Strauss-Kahn. « Ma matinée se passe très bien », se souvient Georges Tron. « Et là, j’ai un message d’une journaliste, qui me demande de la rappeler. Je m’exécute et elle m’apprend ce qu’il se passe. » S’en suivent « quatre jours de pression médiatique très forte » et une démission de son poste de secrétaire d’Etat à la Fonction publique. « Je l’ai fait par solidarité. Quand on fait partie d’une équipe, il faut la préserver. »
« Des médecines alternatives ». Georges Tron se tient droit, esquivant les questions à grand renfort de rhétorique : « permettez-moi de vous répondre de la manière suivante… » Le président tente d’aborder les fameuses séances de réflexologie plantaire qui auraient servi, selon les deux plaignantes, de préalable à des agressions sexuelles. Le maire retrace volontiers la naissance de son intérêt pour la discipline. « J’y suis venu à partir d’une grave entorse, suite à un accident de ski, dans les années 1980. Immobilisé, j’ai découvert l’ensemble des médecines alternatives, en grande partie d’inspiration asiatique. » Et de raconter ses lectures, ses échanges, la co-fondation de l’Association pour l’alternative en médecine.
Mais du déroulé des fameuses séances de réflexologie, la cour n’obtient aucun détail. « J’ai décidé que mon investissement se traduirait de façon concrète », répond évasivement l’accusé. « Est-ce que vous proposez le sujet de la réflexologie à des personnes qui viennent vous voir pour ça, ou est-ce qu’il vous arrive… de les orienter vers ce thème ? », bafouille le président. « Il s’agit de simples conversations », balaie l’édile. « Je suis très ferme là-dessus : quiconque décide de ne pas entrer dans ces conversations peut le refuser. »
« Un outil pour me nuire ». Le magistrat revient à la charge : « mais la question du consentement se pose tout de même… « »Du consentement ? C’est la question de l’existence des faits eux-mêmes qui se pose ! », intervient le conseil de l’accusé, Me Dupond-Moretti. Georges Tron laisse passer les invectives et reprend la main. « C’est le cœur des attaques qui ont été portées contre moi, mais ça n’a strictement posé aucun problème, d’aucune nature, ni privée, ni publique, jusqu’à ce 24 mai 2011. Alors que mon association avait pignon sur rue… »
La réflexologie est devenue un outil pour me nuire
Une porosité entre vie privée et publique. L’audience, très tendue, a déjà pris du retard. Le président souffle et passe le relais à Éric Dupond-Moretti. « On vous a limité à un ministre passionné de réflexologie, vous n’êtes pas que cela », tonne le conseil. L’avocat fait égrener à son client les prénoms et dates de naissance de ses trois filles et de son petit-fils. L’interroge sur sa femme, qu’il reconnaît avoir trompé « une unique fois en 35 ans ». « Je n’ai aucune fierté à l’avouer ici, c’était un choix personnel que j’assume », dit l’ancien secrétaire d’Etat, la tête toujours haute.
Par le biais des proches, on en revient à la réflexologie, pratiquée, de l’aveu même de l’accusé « dans le cadre familial ». N’y avait-il pas une porosité entre ces usages privés et la vie publique de Georges Tron ? « Probablement que si », souffle le maire. « Naïvement, je n’ai pas pensé que ça pouvait être détourné et devenir dangereux. »
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Par Margaux Lannuzel
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