Ses copines brestoises sont encore très loin de présenter
des excuses à leurs victimes ou à leurs proches, elles préfèrent au
contraire éliminer tous les survivants et y travaillent d’arrache-pied
avec leur complice le malade mental au clavier – son « arme », comme il
le revendique haut et fort.
Comme déjà dit, leurs assassinats des années 1970 et 1980 s’étant soldés par de très lourdes peines de réclusion criminelle pour ceux qui s’étaient fait prendre, elles ont depuis réorienté leurs attaques ciblées vers des ingénieurs anonymes qu’elles assassinent ou font assassiner pour le compte de patrons voyous : c’est bien plus facile, sans aucun risque, et ça rapporte gros… Voyez le malade mental au clavier : il n’a même plus besoin de travailler pour vivre…
http://www.liberation.fr/planete/2017/11/29/quarante-ans-plus-tard-une-ancienne-membre-de-la-fraction-armee-rouge-demande-pardon_1613320
Alors que le pays panse encore les plaies de ce funeste automne 77, qui vit culminer la violence entre la Fraction armée rouge (RAF) et le gouvernement de la RFA et où l’on assista en un mois et demi à une succession de faits sanglants – de l’enlèvement du patron des patrons à Cologne à une prise d’otages aussi rocambolesque que tragique entre Palma de Majorque et Mogadiscio –, voici que l’heure du pardon arrive. Un épisode important dans l’histoire de la Fraction armée rouge, qui s’est déroulé à l’hôtel Marriott de Skopje, en Macédoine.
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Le tabloïd Bild a publié mardi la rencontre entre une ancienne terroriste de la RAF, Silke Maier-Witt, et le fils du patron des patrons allemands, Jörg Schleyer, dont le père fut envoyé ad patres le 18 octobre 1977. Fait rare pour des ex de la RAF : elle parle. Fait inédit : elle s’excuse auprès d’un proche d’une victime. «Cela semble si plat à dire, mais d’abord je demande pardon», dit l’ex-terroriste, condamnée à dix ans de prison pour avoir participé à l’enlèvement et à la séquestration, suivie du meurtre, de Hanns-Martin Schleyer. Ce n’est pas elle qui l’a tuée, elle n’était même pas là. Elle ne l’a même jamais rencontrée, c’était une exécutante. Elle prenait des notes. Au terme des heures d’entretien, le fils Schleyer ne saura d’ailleurs pas qui a tué son père. Stefan Wisniewski ? Willy Peter Stoll ? Rolf Heissler ? Rolf Clemens Wagner ?
Mais c’est bien elle qui a transmis ce message, adressé à Libération et à l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur le 19 octobre 1977, qui scelle officiellement la mort de Schleyer : «Après quarante-trois jours, nous avons mis fin à l’existence misérable et corrompue de Hanns Martin Schleyer. Schmidt [le chancelier allemand, ndlr], qui dans son calcul a depuis le début spéculé avec la mort de Schleyer, peut en prendre livraison rue Charles-Péguy à Mulhouse. Sa mort est sans commune mesure avec notre douleur après le massacre de Mogadiscio. Nous ne sommes pas étonnés par la dramaturgie fasciste des impérialistes pour détruire les mouvements de libération. Le combat ne fait que commencer.» Le correspondant de Libé de l’époque se rendit à l’adresse dite, et y trouva, comme indiqué, le corps sans vie du patron des patrons.
Aujourd’hui, Silke Maier-Witt a 67 ans, est retraitée et vit à Skopje. Elle a passé sept heures avec Jörg Schleyer, 63 ans. Cette rencontre orchestrée par Bild, et commentée par la plupart des journaux allemands, semble répondre à ce récent discours du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, le 18 octobre dernier. C’était le jour des quarante ans de la mort de Schleyer, et, devant les proches des victimes de la RAF, Steinmeier exhortait les terroristes à prendre enfin la parole. «Aux coupables, qui sont restés silencieux pendant de nombreuses années, je voudrais dire très clairement qu’ils sont coupables une deuxième fois – coupables envers les proches des victimes, non pas légalement, mais moralement.» Avant d’ajouter : «Parlez et répondez aux questions qui sont encore ouvertes. Au moins, vous le devez aux proches.»
De son côté, Jörg Schleyer a demandé au bureau de la présidence de communiquer les dossiers confidentiels concernant le meurtre de son père, qui ne furent jamais divulgués. «C’est précisément ce savoir qui ne peut être refusé aux survivants endeuillés après quarante ans.»
Johanna Luyssen correspondante à Berlin
https://fr.wikipedia.org/wiki/Action_directe
Action directe est le nom d’un groupe terroriste anarcho-communiste4, issu du mouvement autonome en France et anti-franquiste4,5.
Historiquement, il doit être replacé dans le cadre de ce que l’on a appelé les « années de plomb » qui ont vu l’apparition de mouvements comme la Fraction armée rouge en Allemagne ou les Brigades rouges en Italie. Il emprunte son nom à la théorie anarchiste de l’« action directe ».
Ses membres ont revendiqué plus de 80 attentats ou assassinats sur le territoire français entre 1979 et 1987. Action directe a été interdite pour apologie de la lutte armée par un décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement par la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées6. L’organisation est, depuis, officiellement considérée comme terroriste par les autorités françaises7,8. Les derniers militants de l’organisation ont été arrêtés en 1987, puis jugés et condamnés par une formation spéciale de la cour d’assises de Paris sous les chefs d’inculpation d’assassinat de Georges Besse, de celui du général René Audran, de tentatives d’assassinat sur le contrôleur général des armées Henri Blandin et du vice-président du Conseil national du patronat français (CNPF) Guy Brana, et les attentats contre les locaux d’Interpol et ceux de l’Union de l’Europe occidentale9.
Selon le criminologue Jean-François Gayraud, l’organisation compta 200 sympathisants et militants sur huit ans d’existence10. Au plan international, Action Directe mena notamment des actions avec les Cellules communistes combattantes de Pierre Carette (Belgique), la Rote Armee Fraktion (Allemagne), divers groupes armés italiens (Brigades rouges, Communistes organisés pour la libération prolétarienne, Prima linea), les Fractions armées révolutionnaires libanaises et des groupes extrémistes turcs11.
Action directe est le résultat de la fusion des membres des GARI (Groupes d’action révolutionnaire internationalistes), des NAPAP (Noyaux armés pour l’autonomie populaire)12 et des Brigades internationales. Ces trois groupes appartiennent à la même famille de pensée que la Gauche prolétarienne, mouvement maoïste dissous en 1974, qui prônait le recours à la violence comme arme politique. Les GARI ont été fondés en 1973 par des anarchistes espagnols anti-franquistes exilés en France, qui ont basculé dans la lutte armée l’année suivante, après la condamnation à mort et l’exécution de l’anarchiste catalan Salvador Puig i Antich. Les NAPAP forment un autre mouvement anarchiste, animé par Frédéric Oriach qui s’est fait connaître en 1977 à l’occasion de l’assassinat de Jean-Antoine Tramoni, ancien vigile des usines Renault qui avait abattu cinq ans plus tôt le militant maoïste Pierre Overney. Les Brigades internationales ont organisé en 1976-1977 plusieurs attentats contre des diplomates étrangers en poste à Paris. Ces trois organisations ont suivi un cheminement idéologique similaire. Elles ont en commun le recours aux attentats à l’explosif, aux mitraillages d’édifices publics et de sièges de sociétés, aux assassinats dits politiques et aux attaques de banque comme moyen de financement. Elles coopèrent avec d’autres groupes armés européens et s’apportent un appui logistique mutuel11. Leur rapprochement aboutit en 1977 à la création d’une « coordination politico-militaire interne au mouvement autonome en France ».
Cette coordination se transforme en 1979 en une « organisation de guérilla » qui commence alors à revendiquer ses attaques sous le nom d’Action directe13, expression empruntée à l’anarcho-syndicalisme du début du XXe siècle, mais avec laquelle la pratique d’Action Directe n’a rien à voir14, au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste, des symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et la défense du prolétariat. Pour s’alimenter en armes et explosifs, ils réalisent des vols et braquages.
Action directe s’est progressivement divisée en plusieurs factions. D’une part Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani, Joëlle Aubron et « leurs amis, des libertaires » qui se sont rapprochés de la Fraction armée rouge allemande. D’autre part, une branche lyonnaise démantelée en 1986, avec André Olivier, Joëlle Crépet, Bernard Blanc, Max Frérot ou Émile Ballandras (connue sous le nom d’Affiche rouge).
Des divergences idéologiques apparaitront en effet au sein du groupe. En mars 1982 Jean-Marc Rouillan et ses amis rendent public un manifeste intitulé Pour un projet communiste. Selon Christophe Bourseiller, ce texte se réclame clairement d’une « idéologie communiste libertaire » « antiautoritaire, antiléniniste, et antistalinienne ». Le juge Bruguière qualifie la doctrine élaborée par Rouillan de « compromis entre le marxisme-léninisme et les thèses libertaires ». Elle serait largement inspirée des thèses des Brigades Rouges15. Il considère qu’Action directe « n’a guère de base idéologique » : dans un premier temps, le groupe revendique ses débuts anarchistes, puis tente de trouver des justifications théoriques à ses actions. Jean-François Gayraud est encore plus sévère : pour lui « la faiblesse quantitative (des textes publiés par Action directe) le dispute à l’indigence intellectuelle. Au mieux il s’agit d’une pâle adaptation des thèses léninistes, et au pire, dans d’autres occasions, Action Directe se contentera, comme le fera remarquer charitablement Frédéric Oriach, de traduire dictionnaire en main les productions des Brigades Rouges et de la Fraction Armée Rouge10 ». Les journalistes d’extrême-gauche Bertrand Le Gendre et Edwy Plenel font état de nombreux témoignages allant dans le même sens : « il n’y avait, le plus souvent, aucun lien entre la théorie politique et leur pratique. La première servait seulement de couverture, de justification idéologique. D’emblée, l’aventure individuelle, sur fond le plus souvent d’origine sociale petite-bourgeoise, l’emporte sur la cohérence intellectuelle16. »
Tel n’est pas le cas de la « Branche lyonnaise ». André Olivier et ses proches se définissent comme « marxistes-léninistes et défendent l’héritage de Mao ». André Olivier, ancien militant de la Cause du Peuple, a intégré en 1975, la « mouvance autonome où se côtoient ex-maos et anars ». Action directe étant un mouvement non autoritaire, la branche lyonnaise a toute latitude pour se positionner sur des idéologies différentes de celle de Rouillan et Ménigon. Selon Christophe Bourseiller, le seul combat réel oppose les foquistes libertaires de Paris aux maoïstes de Lyon17. Ces derniers affichent un antisionisme qui se transforme rapidement en antisémitisme18. Les divergences qui apparaissent entre les deux groupes donnent lieu à une rupture définitive pendant l’hiver 1981-198219. Au mois d’août 1982, une nouvelle rupture a lieu avec deux courants « mouvementistes » qui se sont progressivement opposés à la lutte armée, dont le groupe des Toulousains, anarcho-écologiste, autour de Michel Camillieri.
Selon certaines sources, le groupe Action directe aurait pu être commandité, voire manipulé par un État étranger afin de commettre certains assassinats. C’est la thèse que soutiennent les journalistes Romain Icard20 et Dominique Lorentz21. Le nom de l’Iran, que le contentieux Eurodif opposait à la France, est souvent cité. Cette thèse, considérée comme vraisemblable par Gilles Ménage11 (ancien directeur de cabinet de François Mitterrand chargé des questions de renseignement, de police et de sécurité), se fonde notamment sur le fait que Georges Besse, assassiné par Action directe, avait été président d’Eurodif. Le juge Alain Marsaud a indiqué d’autre part qu’au moment de leur arrestation, les responsables du groupe (Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani) projetaient d’enlever et de séquestrer le président d’Eurodif22. Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, se dit convaincu qu’Action directe a été commanditée pour certains assassinats ; il se fonde notamment sur la proximité de Mohand Hamami, militant du groupe, avec la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL)23.
La première manifestation « idéologique » violente du groupe date du 1er mai 1979 : il s’agit du mitraillage de la façade du siège du Conseil National du Patronat Français (CNPF), rue Pierre 1er de Serbie à Paris. Le commando est composé d’André Olivier, Maxime Frérot, Ménigon et Rouillan24. Le 25 mai, un attentat à l’explosif est commis contre une agence immobilière à Sceaux; il est revendiqué pour la première fois par le groupe Action directe. Six autres actions sont réalisées jusqu’au 26 mars 1980. Il s’agit d’attentats à l’explosif ou de mitraillages contre des bâtiments ministériels ou des organismes censés représenter le pouvoir ou le patronat. Le 16 mars 1980, un attentat vise les locaux réputés secrets de la DST rue Rembrandt à Paris. Le 18 mars 1980, la façade du ministère de la Coopération, boulevard des Invalides est mitraillée. Le ministre Robert Galley vient de quitter son bureau, qui est atteint par plusieurs balles. Des tracts signés Action directe dénonçant « l’État négrier » sont abandonnés sur place25.
À la suite de cet attentat, les différents services de police se mobilisent contre Action directe. Dirigée par le commissaire Jean-Pierre Pochon, la discrète Brigade Opérationnelle Centrale (BOC) des Renseignements Généraux suit alors attentivement le groupe dont la dérive de plus en plus violente inquiète les autorités26. Jean-Marc Rouillan est déjà connu des services de police : il a fait l’objet de plusieurs interpellations pour détention d’armes depuis 1974. Un coup de filet est opéré le 27 mars et vingt-huit suspects identifiés et repérés par la BOC sont interpellés, parmi lesquels à Paris Mireille Munoz, Carlos Jaurégui, Pedro Linarès Montanes, Serge Fassi, Pascal Trillat, Mohand Hamami et Olga Girotto, une militante italienne du groupe terroriste Prima Linéa. Des armes, un stock de cartes d’identité françaises et italiennes vierges et 600 kg de dynamite sont saisis. Au total dix-neuf suspects (en incluant quatre ressortissants italiens suspectés d’avoir participé au hold-up de Condé-sur-l’Escaut et arrêtés dans le Var) seront déférés à la Cour de sûreté de l’état27. Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et André Olivier, considérés comme les chefs d’Action directe, échappent cependant à l’interpellation28. Ils ne désarment pas. Le 5 août, un commando de quatre hommes et deux femmes braque la mairie du 14e arrondissement. Ils s’emparent de fiches d’état-civil, de cachets officiels, de mille cartes grises et de plusieurs centaines de passeports et de cartes d’identité. Dans les mois et les années qui suivront, les policiers retrouveront des documents issus de ce vol en possession des membres d’Action directe qui seront arrêtés.
Le commissaire Pochon monte alors un stratagème pour capturer les dirigeants d’Action directe que la méfiance instinctive rend difficile à localiser : sur une idée de leur informateur, Gabriel Chahine29,28, le commissaire et ses hommes se font passer pour des émissaires de Carlos dans le cadre d’une action groupée visant à faire sauter le barrage d’Assouan et voulant rencontrer les membres d’Action Directe pour s’associer à eux. Le 13 septembre 1980, Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon, pensant rencontrer le terroriste Carlos, sont pris dans une souricière et arrêtés rue Pergolese à Paris. Au cours de l’interpellation Nathalie Ménigon tire à plusieurs reprises des coups de feu sur les policiers. Ils avoueront onze attentats et mitraillages commis à Paris depuis le 1er mai 197929. Ils sont déférés le 19 septembre devant la Cour de sûreté de l’état. Le même jour, le poste de garde de l’École militaire est mitraillé. Cette action est revendiquée par Action directe.
En décembre, Action directe publie un communiqué indiquant qu’il suspend ses opérations violentes pendant la campagne présidentielle30,31.
Après l’élection de Mitterrand en 1981, le nouveau gouvernement joue l’apaisement et fait voter une loi d’amnistie qui remet en liberté Rouillan et dix-sept autres militants (sur 248 détenus libérés)32. Nathalie Ménigon, accusée de tentatives d’homicide contre agents de la force publique, doit normalement rester incarcérée. Elle entreprend une grève de la faim pour faire pression sur le juge d’instruction Guy Joly. L’action est soutenue par diverses manifestations dont certaines sont violentes et relayée par des soutiens politiques et une partie de la presse de gauche et d’extrême gauche. Le juge la fait libérer pour « raisons médicales » le 17 septembre 198129. Ces libérations, ainsi que celles de membres d’autres groupes terroristes (Groupes anarchistes autonomes, Noyaux armés pour l’autonomie prolétarienne, indépendantistes basques, corses et bretons) suscitent la fureur des policiers ayant procédé à leur interpellation33.
À partir de novembre 1981, Action directe participe à l’occupation d’ateliers clandestins dans le Sentier et de plusieurs immeubles à Barbès. Plus d’une centaine de familles immigrées, majoritairement turques, sont relogées dans des squatts. Selon le commissaire Marcel Leclerc, l’objectif est de recruter de nouveaux militants parmi les immigrés. À cette occasion, Jean-Marc Rouillan et ses amis établissent des liens avec des mouvements extrémistes turcs qualifiés d’« extrêmement durs »15. De nombreux incidents et manifestations ponctuent cette campagne.
En décembre 1981, le journaliste Jean-Louis Baudet, qui est en relation avec les responsables d’Action directe, prend contact avec l’Organisation de libération de la Palestine lors d’une réunion organisée par Giovanni Senzani, l’un des leaders des Brigades rouges. Divers objectifs et moyens d’action sont étudiés en commun.
Pendant l’hiver 1981-1982, après de nombreux débats internes, l’organisation se scinde en quatre groupes : deux décident d’arrêter la lutte armée (dont le courant « mouvementiste-nationaliste » de Michel Camillieri (Camilleri) qui prône la création d’« ateliers autogérés ») ; autour d’André Olivier se forme l’Affiche rouge (surnommée par la police et les médias Action directe-branche lyonnaise ou encore Action directe-branche nationale) qui commettra plusieurs attentats antisémites33, tout en continuant une lutte anti-impérialiste, et enfin Action directe (appelé aussi Action directe-branche internationale) avec Jean-Marc Rouillan et Nathalie Menigon qui s’allie à la Fraction armée rouge dans le cadre de la stratégie d’« unité des révolutionnaires en Europe de l’Ouest » à partir de 198530. Les Textes de prison 1992-1997 d’Action directe évoquent une « rupture définitive » avec la « branche lyonnaise ». La rupture avec les courants « mouvementistes » sera parachevée début août 1982 : ceux-ci opposent un refus définitif à la poursuite des attentats.
Action directe poursuit la lutte contre « l’impérialisme américain » et le sionisme. Les 24 et 25 décembre, sept attentats sont commis contre des magasins de luxe, le 19 février le local des organisations turques à Paris est visé. Le 13 mars 1982, l’informateur Gabriel Chahine, dont le travail d’intoxication a permis l’arrestation de Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon, est assassiné à son domicile. Cet assassinat n’est pas revendiqué. Cependant les Textes de prison 1992-1997 des responsables d’Action directe mentionnent que c’est un commando de l’organisation qui a effectué « l’exécution »34. Selon l’ancien policier Patrice Lastère, c’est Régis Schleicher, déguisé en postier, qui a abattu Chahine35.
Le 30 mars 1982, l’antenne du ministère de la défense israélien à Paris est mitraillée. Cette action est revendiquée depuis Beyrouth par la Fraction armée révolutionnaire libanaise (Farl). Le 8 avril, Joëlle Aubron et Mohand Hamami sont arrêtés. Joëlle Aubron était la locataire d’un box situé rue Borrego dans lequel ont été découverts un stock d’armes, des documents d’identité et des chéquiers volés. L’une des armes trouvées dans la cache a été utilisée pour le mitraillage. Joëlle Aubron est identifiée comme ayant participé à deux hold-up le 15 avril 1981 rue La Boëtie et place des Ternes, au cours desquels un gardien de la paix a été abattu36. Elle est condamnée à quatre ans de prison dont dix-huit mois avec sursis pour détention d’armes. Hamami est relaxé37. Elle épousera l’année suivante, en détention, Régis Schleicher.
En mars et en avril Action directe publie ses deux premiers textes théoriques : Pour un projet communiste et Sur l’impérialisme. En juin, Action directe tente d’organiser une mobilisation contre le sommet du G7 à Versailles, ponctuée par un spectaculaire attentat contre le siège européen du FMI et de la Banque Mondiale.
Le 1er août, une rupture définitive a lieu entre les « durs » minoritaires et les « mouvementistes ». Les « durs » (autour de Jean-Marc Rouillan) sont partisans d’une internationalisation de la lutte armée et de l’intégration d’Action directe dans un front commun de lutte terroriste avec les Brigades rouges italiennes, la RAF allemande et des groupes belges et palestiniens. Les « mouvementistes » (autour d’Éric Moreau, Meyer (Meïer) Azeroual, Michel Camillieri, Pascal Magron et Charles Grosmangin) sont favorables à la lutte au sein des masses et des entreprises. Regroupés dans un « Collectif révolutionnaire du 1er août », ils font paraître un communiqué et dénoncent « les pratiques autoritaires et bureaucratiques d’un des collectifs d’Action Directe, visant à entraîner l’ensemble des unités sur une stratégie et une ligne politique volontariste et élitiste (cela malgré de nombreuses discussions internes). » Ils décident « l’éclatement d’Action Directe » en expliquant : « Ce qui avant n’était qu’un mot d’ordre tendant à un regroupement révolutionnaire ne nous appartient pas ; nous abandonnons donc le sigle d’Action Directe à ceux qui voudraient l’utiliser. Contre le capital, le combat se mène à la base sur tous les fronts de la guerre sociale. »38
Le 17 septembre, Michel Camillieri, Charles Grosmangin, Pascal Magron et Olivier Chabaud sont arrêtés en possession d’armes et d’explosifs. Ils expliquent aux policiers qu’ils ont abandonné la lutte armée et qu’il s’agissait pour eux de mettre ce matériel à l’abri39. Un incident comparable a lieu le 20 novembre : la police découvre une cantine et une glacière remplies d’armes, de munitions et d’explosifs non loin d’une ferme de Saint-Sardos (Lot-et-Garonne) occupée par des proches de Serge Fassi, lequel est arrêté40. Le 15 juin 1983 la 10e chambre du Tribunal correctionnel de Paris condamne Camillieri et Grosmangin à 5 ans de prison dont 18 mois avec sursis41. Pascal Magron est condamné à quatre ans de réclusion, Olivier Chabaud à 8 mois avec sursis. Eric Moreau est condamné par défaut à 4 ans de prison.
Début août, à la suite de l’entrée au Liban des troupes israéliennes et aux interventions françaises et américaines, Action directe commet plusieurs attentats contre des sociétés américaines et israéliennes42. Le 9 août 1982, une fusillade meurtrière a lieu au restaurant Goldenberg, rue des Rosiers à Paris. On dénombre six morts et vingt-deux blessés. Le 11 août, une bombe explose rue de La Baume à Paris, visant une société israélienne et blessant grièvement une passante43. Le 17 août, Jean-Marc Rouillan dément toute participation à la tuerie de la rue des Rosiers mais revendique les autres attentats44. Devant le scandale, François Mitterrand annonce le soir même, parmi plusieurs mesures antiterroristes, la dissolution du groupe Action directe25. Le 21 août 1982, avenue La Bourdonnais, une bombe se détache du véhicule du conseiller commercial de l’ambassade des États-Unis. Elle explose peu après, tuant deux démineurs de la Préfecture de police. L’après-midi même, l’attentat est dans un premier temps revendiqué par Action Directe, puis par la Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise (FARL)45.
Parallèlement, Action directe s’associe avec des Italiens du COLP et commet une série importante de hold-up, dont certains meurtriers. Le groupe se replie régulièrement en Belgique et joue un rôle non négligeable au sein des Cellules communistes combattantes (CCC)46. Le 31 mai 1983, au cours d’une fusillade dans l’avenue Trudaine à Paris deux policiers sont tués et un troisième blessé47. Le 30 juillet 1983 Action directe dévalise la bijouterie Aldebert, place de la Madeleine. Le 13 octobre, le groupe commet un hold-up à la Société générale place des Ternes. Le 14 octobre, une fusillade a lieu lors d’un autre hold-up à la Société générale avenue de Villiers. Deux policiers sont blessés et l’un des malfaiteurs est abattu : il s’agit de Ciro Rizzato, membre du groupe italien Prima Linea. Régis Schleicher est identifié parmi les braqueurs.
L’année 1984 marque un tournant pour le groupe48. Le 2 août, il commet pour la première fois un attentat « aveugle ». Cinq kilos d’explosif déposés dans le hall de l’Agence Spatiale Européenne font six blessés. Le 23 août, une Renault 20 dans laquelle se trouvent 23 kilos d’explosifs est placée devant le bâtiment de l’Union de l’Europe Occidentale, avenue du président Wilson. Des appels téléphoniques passés par une voix féminine (qui sera identifiée comme Nathalie Ménigon) alertent cependant les forces de l’ordre à propos du véhicule, qui est mis en fourrière. L’engin explosif sera désamorcé quelques jours plus tard. En octobre, Action directe publie un communiqué pour revendiquer la fusillade de l’Avenue Trudaine, tout en laissant entendre qu’il s’agit d’une « bavure ».
En janvier 1985, un communiqué rédigé en français et en allemand fait part de la fusion d’Action directe avec les derniers éléments de la Fraction Armée Rouge. Le 25 janvier, l’ingénieur général René Audran est assassiné devant son domicile à la Celle St Cloud. Une semaine plus tard, Ernest Zimmermann, président des industries aérospatiales de la République fédérale allemande est assassiné à Munich.
Le 26 juin, le véhicule dans lequel se trouve l’ingénieur général Henri Blandin et son fils de douze ans essuie plusieurs coups de feu, porte des Ternes. Le sang-froid de son chauffeur permet d’éviter qu’il y ait des victimes. Action directe revendique l’attentat la semaine suivante.
Les cibles sont choisies comme des symboles de l’ordre et de l’oppression qu’Action directe entend combattre : policiers, grands patrons, responsables de l’armement… D’autres tentatives d’assassinat visent notamment Guy Brana, vice-président du Conseil National du Patronat Français, Alain Peyrefitte (mais le chauffeur de sa voiture sera tué49) et le juge Jean-Louis Bruguière.
La branche lyonnaise d’Action directe (l’Affiche rouge dirigée par André Olivier, Emile Ballandras, Bernard Blanc et Max Frérot) commet 21 braquages et 12 attentats. Trois membres des forces de l’ordre (dont le général de gendarmerie Guy Delfosse tué au cours d’un braquage) et un convoyeur de fonds sont tués au cours de ces actions.
Emile Ballandras est arrêté le 10 octobre 1984. Le 28 mars 1986, André Olivier, Joëlle Crépet et Bernard Blanc sont arrêtés. Maxime Frérot est arrêté le 27 novembre 1987. En tout, 18 membres de l’Affiche rouge seront arrêtés.
Régis Schleicher, animateur d’une branche d’Action directe spécialisée dans les hold-up est arrêté en mars 1984 au Pontet (Vaucluse) avec Claude et Nicolas Halfen, par la Brigade de recherches et d’intervention et la PJ de Montpellier. En compagnie de Mohand Hamami, de Franco Fiorina et Gloria Argano (deux italiens membres des Communistes organisés pour la libération du prolétariat), ils ont été identifiés par le juge Bruguière comme les auteurs de la fusillade de l’avenue Trudaine. Cette arrestation intervient à l’issue d’une longue filature d’Helyette Bess, gérante de la librairie anarchiste « Le Jargon libre » (XIIIe arrdt). Surnommée la « vecchietta » (la vieille), cette militante est très engagée dans les mouvements anarchistes extrémistes. Jusqu’à son arrestation, elle a géré avec efficacité l’intendance du groupe et veillé à sa ligne idéologique. Une partie des fonds qu’elle gère provient du hold-up de Condé-sur-l’Escaut11.
Charles Pasqua est nommé ministre de l’intérieur le 20 mars 1986 dans le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac. Dès son arrivée Place Beauvau, il fait d’Action directe une cible prioritaire. Il souhaite incidemment symboliser la rupture avec l’ancienne majorité socialiste, volontiers qualifiée de laxiste par ses adversaires en matière de sécurité. Dans le même temps une vague d’attentats islamistes fait de nombreuses victimes à Paris et le 17 novembre Georges Besse, PDG de Renault, est assassiné devant son domicile boulevard Edgar Quinet par Nathalie Ménigon et Joelle Aubron. Philippe Massoni, directeur central des renseignements généraux est chargé de la « traque » d’Action directe. Des dizaines d’inspecteurs placés sous les ordres du sous-directeur chargé de l’antiterrorisme, Claude Bardon, sont affectés à cet objectif. Des centaines de milliers de francs sont mis à la disposition des enquêteurs, pour leurs déplacements ou pour acheter d’éventuels renseignements. Des dizaines de sympathisants potentiels ou imaginaires d’Action directe, connaissances, anciens militants, anciens amis ou même anciens voisins sont interrogés50. Les photos de Rouillan, Ménigon, Aubron et Cipriani sont affichées dans tous les commissariats et une prime d’un million de francs est offerte pour tout renseignement permettant de les localiser.
Le 21 février 1987, les principaux membres d’Action directe, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, et Georges Cipriani sont arrêtés à 20 h 55 par le RAID dans une ferme au gué Girault, lieu-dit de la commune de Vitry-aux-Loges, dans le Loiret. C’est un renseignement parvenu à un inspecteur de la DST (lequel le transmettra aux Renseignements généraux) qui révèlera qu’ils se cachent dans cette ferme. Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon donnaient à leurs voisins fermiers l’image d’un couple paisible, se faisant passer pour des chercheurs « écolos » belges51. La police saisit dans la longère huit armes, trente kilos d’explosifs, de nombreux documents et une cache destinée à garder une prochaine cible enlevée dans le but de l’échanger contre la libération de Régis Schleicher52.
En dehors de la ferme de Vitry-aux-Loges, le groupe avait aussi d’autres points de chute. Chambray-lès-Tours, Villeloin-Coulangé en Indre-et-Loire ont abrité des planques du groupe.
En effet, tout est parti d’un billet de train Orléans – Saint-Pierre-des-Corps trouvé dans les poches de Georges Cipriani lors de son arrestation en 1987 dans le Loiret. Les gendarmes ont alors opéré des contrôles dans les agences immobilières, puis auprès de nombreux propriétaires auxquels les loyers n’avaient pas été payés depuis février. Ils sont ainsi entrés en contact avec les époux Robin (un menuisier de la région), qui percevaient leur loyer en argent liquide à Villeloin-Coulangé, et avec M. Denis Rancher, de Sepmes (Indre-et-Loire), qui louait un studio au huitième étage d’un immeuble avec vue plongeante sur l’autoroute à Chambray-lès-Tours. Georges Cipriani et Joëlle Aubron passaient un bon nombre de week-ends dans la maison de Villeloin-Coulangé depuis octobre 1985.
Les enquêteurs de la 6e division de la direction centrale de la PJ et les gendarmes d’Indre-et-Loire ont d’abord trouvé l’attaché-case de Joëlle Aubron, contenant ses vrais papiers, carte d’identité et permis de conduire. Dans deux cantines métalliques, étaient stockés 12 kilos d’explosifs du même type que ceux trouvés dans la ferme de Vitry-aux-Loges, un fusil semi-automatique, des munitions, des faux papiers et des carnets d’adresses. Une Super-Cinq volée au cours de l’été 1985 à la société de location Hertz d’Amiens et portant une fausse immatriculation se trouvait dans le garage.
Le long du pavillon surmonté d’un toit de tuile rouge, Joëlle Aubron avait planté des tomates et elle en faisait des conserves soigneusement rangées dans le cellier. La jeune femme et Cipriani se montraient discrets malgré un va-et-vient de camionnettes perceptible par les voisins certaines nuits. Dans la ferme isolée, la police trouve de l’argent, des armes, des documents relatifs à l’assassinat de Georges Besse, des listes de personnalités à enlever (au premier étage, un local a été aménagé pour recueillir un otage en échange de la libération de Régis Schleicher). Un hasard sans doute : la résidence secondaire de Georges Besse est située à une trentaine de kilomètres de là, à Betz-le-Château. Cette fois, ce n’est pas une dénonciation, comme à Vitry-aux-Loges, mais bel et bien un travail en profondeur des gendarmes d’Indre-et-Loire qui a permis la découverte de la planque53.
Les attentats et assassinats commis par Action directe ont donné lieu à plusieurs procédures judiciaires et autant de procès.
Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joelle Aubron et Georges Cipriani ont été condamnés en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine incompressible de dix-huit ans, pour l’assassinat de Georges Besse. En 1994 ils ont été condamnés à la même peine pour l’assassinat de René Audran, les tentatives d’assassinat contre Guy Brana, vice-président du CNPF et Henri Blandin, contrôleur général des armées, ainsi que les attentats contre les locaux d’Interpol et contre ceux de l’Union de l’Europe Occidentale.
Nathalie Ménigon avait préalablement (en février 1988) été condamnée à douze ans de réclusion criminelle pour les tentatives d’homicide contre les policiers dans le cadre de la fusillade de la rue Pergolèse.
Le procès de Régis Schleicher et des frères Halfen pour la tuerie de l’avenue Trudaine s’ouvre le 3 décembre 1986. Dès le début de l’audience Schleicher menace les juges et les jurés en leur promettant les « rigueurs de la justice prolétarienne »55 et refuse par la suite de comparaître. La défection de cinq jurés entraîne le renvoi du procès. En juin 1987, sept juges professionnels condamnent Schleicher à la réclusion criminelle à perpétuité. Nicolas Halfen écope de 10 ans de prison pour « association de malfaiteurs » et Claude Halfen est acquitté fautes de charges suffisantes56. Frédérique Germain, Blondblond, proche de Claude Halfen arrêtée le 31 mai 1983 lors d’un braquage et inculpée d’association de malfaiteurs est le témoin central de ce procès56.
Le premier procès de la mouvance Action directe eut lieu en janvier 1988. Vingt-quatre prévenus (dont deux détenus en Italie et un en fuite) furent jugés en correctionnelle pour association de malfaiteurs. Les peines prononcées furent les suivantes : dix ans de prison (la peine maximum) pour le « noyau dur » (Régis Schleicher, Jean-Marc Rouillan, Georges Cipriani, Vicenzo Spano, Joelle Aubron, Nathalie Ménigon, Mohand Hamami (en fuite) et Claude Halfen); huit ans d’emprisonnement pour Hélyette Bess (qui louait des planques, recherchait des appuis, transportait armes, faux papiers et numéraire); sept ans pour Salvatore Nicosia, Bruno Baudrillart (considérés comme des trésoriers de l’organisation) et Jean Asselmeyer (« soutien logistique »); cinq ans pour Dominique Poirre et Annelyse Benoit, compagnes respectives de Asselmeyer et Baudrillart (« aides médiatiques » du mouvement); six ans pour Nicolas Halfen; dix-huit mois avec sursis pour la journaliste Paula Jacques et l’écrivain Dan Franck (pour l’aide qu’ils apportèrent à Claude Halfen notamment57); Frédérique Germain fut dispensée de peine. Deux autres prévenues furent relaxés58. Lors du procès en appel, ces peines furent confirmées pour Schleicher, Rouillan, Cipriani, Spano, Aubron, Claude et Nicolas Halfen; les peines d’Helyette Bess et Jean Asselmeyer furent réduites à six ans d’emprisonnement; Nicosia fut relaxé du délit d’association de malfaiteurs et condamné à quatre ans de prison pour recel de documents administratifs et d’explosifs; Annelyse Benoît et Bruno Baudrillart furent également relaxés du même délit (mais condamnés , dans une procédure distincte, à la peine de trente mois d’emprisonnement dont quinze avec sursis pour recel, recel de documents administratifs et usage, falsifications de documents et usage)59.
En tout 22 membres d’Action directe ou de la mouvance sur 25 connus des services de police auront été arrêtés56. Manquent notamment à l’appel Mohand Hamami et Eric Moreau dont on a perdu la trace.
Pour la branche lyonnaise, André Olivier, Max Frérot et Emile Ballandras ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité en 1989 à Lyon (Frérot a été condamné une nouvelle fois à la même peine en 1992 pour l’attentat commis en 1986 contre la brigade de répression du banditisme). Bernard Blanc a été condamné à vingt ans de réclusion. Jugés une nouvelle fois en juin 1995 pour trente-trois attentats commis entre 1982 et 1986, Max Frérot, André Olivier, Bernard Blanc et Emile Ballandras ont été condamnés par la cour d’assises spéciale de Paris, composée uniquement de magistrats à 30 ans de réclusion criminelle. Joëlle Crépet, l’amie d’André Olivier, a été condamnée à six ans d’emprisonnement. Renaud Laigle a été puni de trois ans de prison. Quant à François Polak, la cour lui a infligé deux ans de prison60.
Mohand Hamami a été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité le 7 juin 1990 par la cour d’assises de Paris. Il a été déclaré coupable de l’assassinat des gardiens de la paix Claude Caiola et Emile Gondry et de tentative d’assassinat de plusieurs passants, commis le 31 mai 1983 lors de la fusillade de l’avenue Trudaine61. Selon les informations parvenues au juge Bruguière, il aurait été arrêté en Algérie puis se serait enfui en Libye. Les services secrets du colonel Kadhafi l’auraient ensuite infiltré dans des mouvements palestiniens au Liban15
Peu après l’élection de François Mitterrand, une « cellule de dissuasion » informelle est mise en place à l’Élysée autour de François de Grossouvre. Elle est chargée de prendre contact avec les terroristes étrangers répertoriés en France (ETA, RAF, Brigades rouges) pour les convaincre de cesser toute activité sur le territoire. En contrepartie le gouvernement promet de refuser toute demande d’extradition. Cette démarche est étendue aux membres de groupes terroristes français récemment amnistiés, dont les militants d’Action directe, que l’on tente de persuader de renoncer définitivement à l’action violente62. La politique de répression policière doit désormais céder le pas à « l’antiterrorisme préventif » : le Parti Socialiste est au pouvoir depuis le 10 mai 1981 et le gouvernement se doit de donner des signaux différents, même à ceux qui ont choisi la violence pour accélérer le changement.
Gilles Kaehlin, inspecteur des Renseignements généraux qui a fait partie de la brigade du commissaire Pochon, est chargé de négocier individuellement avec chaque membre du groupe63,64 pour qu’ils renoncent à la violence ou qu’ils quittent la France. Yves Bertrand, qui fut Directeur central des Renseignements généraux, explique que Kaehlin leur versait des sommes prélevées sur les « fonds secrets » pour les aider à refaire leur vie à l’étranger65. Dans leurs ouvrages consacrés à la traque d’Action directe, les anciens policiers Jean-Pierre Pochon et Serge Savoie laissent entendre que c’est au cours de leurs entretiens avec la « cellule » que le nom de l’informateur Gabriel Chahine, à l’origine de l’arrestation de Rouillan et Ménigon, a été communiqué, directement aux membres d’Action directe ou ultérieurement via un collaborateur de l’Élysée26,66.
L’inspirateur de « l’antiterrorisme préventif » est Louis Joinet, magistrat membre du cabinet de Premier ministre Pierre Mauroy. Sa volonté de dialogue avec les terroristes ne relève pas exclusivement de considérations idéologiques. Il cherche également à dissocier les « durs » irréductibles des « mous » qui peuvent être réinsérés dans la société67. Joinet cherche à diviser ces deux camps afin de restreindre les moyens des « durs ».
Parallèlement à l’amnistie, la Cour de sûreté de l’État a été dissoute et les services de police sont incités à réorienter leur action vers les groupes d’extrême droite.
Une fois libres, les membres d’Action directe font de nombreuses déclarations publiques, se plaignant des filatures policières et mettant en cause nommément les Renseignements généraux et le commissaire Pochon. Ayant le sentiment de ne pas être soutenu par la hiérarchie, celui-ci accepte en août 1982 une affectation aux Antilles31. Jean-Marc Rouillan justifie les hold-up, qualifiés d’« opérations de financement » ou de « réappropriation ». Il fait clairement état de l’objectif d’Action directe de « destruction de la société capitaliste » et de son intention de « maintenir une politique révolutionnaire »68. Diverses actions sont menées pour obtenir la libération des détenus qui n’ont pas été libérés par l’amnistie et qui ont entamé une grève de la faim (Nathalie Ménigon, cinq personnes inculpées pour le hold-up de Condé-sur-l’Escaut en 1979 et trois militants des NAPAP : Frédéric Oriach, Michel Lapeyre et Jean-Paul Gérard). Une manifestation est organisée devant l’Élysée, des épiceries fines et des restaurants sont saccagés à Paris et en province, les locaux du Quotidien de Paris et de l’AFP sont occupés, le journal de FR3 est perturbé. En août, la police retrouve une voiture équipée d’un radio-téléphone qui a été utilisée lors d’une de ces opérations. Elle s’avère être un véhicule de fonction du député socialiste du XVIIIe arrondissement Lionel Jospin69. La voiture a été déclarée volée en juillet. Cependant selon certaines sources policières, elle aurait été prêtée aux membres d’Action directe par le député70. Les neuf détenus sont progressivement libérés en septembre et en octobre.
Avec le soutien de personnalités de gauche et d’extrême gauche, Action directe lance une maison d’édition (la Docom) et les magazines Rebelles et Sans frontière. Des traductions de publications de l’IRA, de l’ETA, des Brigades rouges et de l’OLP sont publiées, ainsi que les premiers textes théoriques : Pour un projet communiste et Sur l’impérialisme. Les membres d’Action directe mènent des actions de recrutement auprès des immigrés turcs dans les squatts du XVIIIe arrondissement. Le 7 décembre 1981 Rouillan est interpellé dans un squatt, 3, villa Poissonnière en compagnie d’Éric Waucquier, Jean Van Niewhuyze et Lahouari Benchellal. Au commissariat de la rue Doudeauville Rouillan demande à téléphoner à l’assistant parlementaire de Lionel Jospin, qui se déplace pour s’entretenir avec lui. Rouillan et ses camarades sont libérés l’après-midi même. Le 19 janvier 1982 la police procède à des interpellations dans les squatts des 10, 12 et 14, rue de la Charbonnière où Action directe avait déployé son sigle sur l’une des façades. Rouillan est interpellé en compagnie de Ménigon et Waucquier. Ils sont rapidement libérés44.
En août 1982, le gouvernement décide la dissolution d’Action directe après la fusillade de la rue des Rosiers et la revendication par Jean-Marc Rouillan d’un certain nombre d’attentats anti-américains et anti-israéliens. Des avis de recherche sont lancés par le juge Bruguière. Les « durs » d’Action directe plongent dans la clandestinité.
Cependant dès le 22 janvier 1983, le capitaine de gendarmerie Paul Barril, membre de la « cellule élyséenne » créée l’année précédente auprès du président Mitterrand pour contribuer à la lutte contre le terrorisme, adresse une lettre à Rouillan. Rédigé sur papier à en-tête du palais de l’Élysée et transmise par l’intermédiaire de l’avocat de Rouillan, ce courrier lui propose une rencontre afin de « mettre au point un dialogue permettant la régularisation de votre situation ». Barril précise : « Je suis habilité par la présidence pour traiter directement avec vous. »71 Cette lettre est en fait la dernière tentative de Barril, après quatre mois de pseudo-négociations avec l’avocat de Rouillan, pour obtenir la reddition de ce dernier. Paul Barril écrira plus tard que cette initiative avait eu l’aval formel de Christian Prouteau, responsable de la « cellule »72. Selon les journalistes Alain Hamon et Jean-Charles Marchand48, il est vraisemblable que le gendarme a été « mené en bateau » par Rouillan. En octobre 1983, la publication de ce courrier par la presse (notamment Le Canard Enchaîné) provoquera l’embarras de l’Élysée.
De nombreux membres de groupes armés italiens avaient trouvé refuge en France à la fin des années 70. Ils étaient déjà une centaine lors de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Ils continuent à affluer au cours des années suivantes, jusqu’à atteindre 300 « réfugiés » en 1984. Les pouvoirs politiques et judiciaires français les considèrent avec une relative bienveillance. Cependant à partir de 1982, les autorités italiennes multiplient les mandats d’arrêt internationaux. La justice française les classe généralement sans suite. Dans les rares cas où la chambre d’accusation émet un avis favorable à l’extradition, le gouvernement ne la fait pas exécuter11. En août 1984, dans un entretien avec le Corriere della Sera, le ministre de l’Intérieur italien Oscar Luigi Scalfaro exprime son indignation face à cette situation, expliquant notamment : « Quand je pense qu’il y a 300 terroristes en France, traités comme s’ils étaient les frères Rosselli persécutés par le fascisme, je deviens violacé de rage ! »
Gilles Ménage admet que le pouvoir socialiste a « tardé à bien mesurer combien la colonie de réfugiés italiens constituait un milieu propice au développement des activités clandestines »11. De fait, Olga Girotto (Prima Linea), Franco Pinna, Enrico Bianco, Oriana Marchioni, Elisabetta Grasso, Vincenzo Spano (Brigades Rouges), Franco Fiorina, Gloria Argano (COLP) ont participé à des braquages de banque en France aux côtés de membres d’Action directe à partir de 1980. Ils ont été arrêtés, puis remis en liberté. Cirro Rizzato (Prima Linea) a été abattu lors d’un hold-up auquel il participait avec Régis Schleicher.
En janvier 1985, le juge italien Rosario Priore accuse la France « d’abriter une multinationale du terrorisme »73. Le juge antiterroriste Armando Spataro déclare : « Je soutiens que la France ne respecte pas les conventions internationales en matière d’extradition. Je citerai un exemple : celui d’Oreste Scalzone. La chambre d’accusation a exprimé un avis favorable à l’extradition, et c’est le pouvoir politique qui a dit non »74. Il cite également en exemple le cas du journaliste Jean-Louis Baudet, proche d’Action directe, que les juges italiens considèrent comme l’élément de liaison entre les terrorismes allemands, italiens et français. Celui-ci et sa compagne Catherine Legagneur, qui se déclare sympathisante des Brigades rouges et de l’OLP, ont été arrêtés le 17 novembre 1983 pour possession d’armes, d’explosifs et de documents administratifs vierges ou falsifiés.
Pour sa défense, Baudet explique qu’il a été chargé, peu après l’arrivée des socialistes au pouvoir, de récupérer les armes des terroristes et de les convaincre d’abandonner la lutte armée. Il déclare travailler en liaison avec des personnes proches de l’Elysée, dont l’inspecteur Gilles Kaehlin48. Jean-Louis Baudet a été condamné le 4 juillet 1984 à quatre ans de prison pour infraction à la législation sur les armes et les munitions. Catherine Legagneur a été condamnée pour ces mêmes faits à deux ans de prison avec sursis. Le juge Spataro questionne : « Nous voudrions connaître des autorités françaises la conclusion de leur enquête sur les mandataires de Baudet et les objectifs qu’ils poursuivaient. Pourquoi la France maintient-elle une telle attitude, alors que les terroristes italiens sont impliqués dans des affaires très graves, par exemple l’assassinat de deux gendarmes avenue de Trudaine à Paris en mai 1983 ? »74
Début 1985, sur 53 « cas sérieux » de demandes d’extradition transmises par la justice italienne et examinés par la Chancellerie, 39 avaient été classés sans suite, 1 avait fait l’objet d’un avis défavorable de la chambre d’accusation et 5 d’un avis favorable, sans que le gouvernement ait accepté leur extradition. Huit étaient toujours pendants11.
Le 22 février 1985, lors d’une conférence de presse commune avec le Président du conseil italien Bettino Craxi, François Mitterrand définit la « doctrine Mitterrand » concernant les « réfugiés » italiens : « Le cas particulier qui nous est posé et qui alimente les conversations, est celui d’un certain nombre d’Italiens venus, pour la plupart, depuis longtemps en France. Ils sont de l’ordre de 300 environ – plus d’une centaine était déjà là avant 1981 – qui ont d’une façon évidente rompu avec le terrorisme. Même s’ils se sont rendus coupables auparavant, ce qui dans de nombreux cas est probable, ils ont été reçus en France, ils n’ont pas été extradés, ils se sont imbriqués dans la société française (…). Ils posent un problème particulier sur lequel j’ai déjà dit qu’en dehors de l’évidence – qui n’a pas été apportée – d’une participation directe à des crimes de sang, ils ne seront pas extradés75. » En application de ces principes, il fallut attendre 2002 pour que la France extrade un ancien membre des Brigades rouges.
En octobre 1985, une rencontre a lieu en Belgique entre Jean-Marc Rouillan et le conseiller politique d’un ministre du gouvernement Fabius. Selon Jean-Pierre Pierre-Bloch et André Santini, cette rencontre a pour objet de « proposer une trêve » et un « billet de retour en France » aux membres d’Action directe en fuite70. Les deux élus UDF accusent les socialistes de « favoriser le terrorisme tout en déclarant vouloir le combattre ».
Le 23 février 1987, peu après l’arrestation des quatre dirigeants d’Action directe, le président Mitterrand est questionné sur l’amnistie dont ils ont bénéficié en 1981. Il rappelle que, sur les quatre, seul Jean-Marc Rouillan a bénéficié de l’amnistie. Il s’emploie également à en minimiser les effets, assurant : « si Rouillan n’avait pas été amnistié, il tombait sous le coup de la loi : il était coupable de délit, il n’était pas coupable de crime. Il eut été frappé d’une peine que je ne peux imaginer puisqu’il n’avait pas été jugé, qui n’aurait pas dépassé quelques mois, en raison de la relation qu’il y a entre la faute que l’on commet et la peine qu’on a subie. Cela, c’est notre code pénal. Il serait donc de toute façon libéré depuis 1981 ou début 1982, dans l’hypothèse où il serait passé en jugement et où il aurait été condamné »76. Cette affirmation est douteuse dans la mesure où, en 1981, Rouillan était suspecté de détention d’armes et d’explosifs, d’usage de faux papiers, de vols à main armée et de onze attentats.
Gilles Ménage, ayant exercé plusieurs postes clés au sein du cabinet de la Présidence de la République sous François Mitterrand, admet pour sa part que les premiers mois du septennat de François Mitterrand ont été marqués par des hésitations à l’égard d’Action Directe. Il met cependant en cause la politique menée avant 1981 « marquée par une faiblesse tout aussi flagrante » dans l’action contre le terrorisme. Cette faiblesse est notamment illustrée par les diverses arrestations de Jean-Marc Rouillan tout au long des années 70 et la légèreté des condamnations qu’il eut à subir. Il considère, que, passé les premiers mois, l’action des gouvernement socialistes fut caractérisée par une « détermination sans faille ». À l’appui de cette affirmation, il explique que dix-huit des vingt-deux personnes citées à comparaître lors du procès de la mouvance Action Directe en janvier 1988, avaient été arrêtées avant mars 198611.
La peine de Joëlle Aubron a été suspendue en juin 2004 pour raisons de santé. Elle meurt à Paris le 1er mars 2006 d’un cancer du poumon.
Les demandes de libération anticipée de Régis Schleicher ont été plusieurs fois repoussées par le tribunal de l’application des peines. Le 23 juillet 2009, il lui est accordé un régime de semi-liberté77. Il a publié Clairvaux, instants damnés, un livre où il évoque le quotidien des détenus condamnés à de longues peines.
Les demandes de semi-liberté de Georges Cipriani ont été plusieurs fois rejetées (en 2005, 2007 et 2009). Ce régime lui est finalement accordé en 201078. Le 3 mai 2011, la Cour d’Appel de Paris lui octroie une libération conditionnelle79.
Le 10 mai 2007, le tribunal d’application des peines de Paris a accordé un régime de semi-liberté à Nathalie Ménigon, emprisonnée depuis 1987. Elle travaillera la journée et retournera dormir en prison, mais le parquet a immédiatement fait appel de cette décision. Le jeudi 19 juillet 2007, la Chambre d’application des peines de la Cour d’Appel de Paris lui a finalement accordé le régime de semi-liberté80.
Nathalie Ménigon, à qui un régime de semi-liberté a été accordé à partir du 2 août, a été transférée mardi 24 juillet 2007 du centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. Ce régime de semi-liberté est un préalable à une mesure de libération conditionnelle81, finalement accordée le 17 juillet 2008. Elle est libérée en régime de libération conditionnelle le 2 août 2008 sur décision du tribunal de l’application des peines de Paris, après plus de vingt ans de prison82.
De ses années de prisons, il lui reste de graves séquelles physiques d’une hémiplégie due à deux accidents vasculaires cérébraux83.
Jean-Marc Rouillan a tenu une chronique sur l’univers carcéral dans le journal CQFD. Il a obtenu un régime de semi-liberté à partir du 17 décembre 200784. Cette semi-liberté a été révoquée en octobre 2008 à la suite de propos tenus lors d’une interview donnée au magazine L’Express85. Il obtient à nouveau en mai 2011 une mise en semi-liberté effective le 19 mai 201286.
En 2003, Helyette Bess est placée sous contrôle judiciaire dans une enquête pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, falsification de documents administratifs et contrefaçon87 dans l’affaire du (nuovo) Partito Comunista Italiano88.
Depuis l’arrestation de plusieurs des membres d’Action directe et jusqu’à aujourd’hui, des groupes d’extrême-gauche, tel le Comité Unitaire pour la Libération des Prisonniers politiques, le Comité Unitaire de Défense des Prisonniers politiques, le Collectif pour la libération des Militant-e-s d’Action directe89 ou encore Secours rouge (Secours rouge/Association des Parents et Amis des Prisonniers communistes), mais aussi la Ligue des droits de l’homme90 militent pour leurs libérations. Parmi les organisations politiques, l’Organisation communiste marxiste-léniniste Voie prolétarienne fera du soutien aux prisonniers d’Action Directe une « question de principe »91.
Le 20 février 2006, une bombe explose à Berlin. Le 25 février 2006, un attentat vise Renault à Athènes, ne faisant que des dégâts matériels, en « Solidarité avec les prisonniers » d’Action directe92.
Le 28 août 1979, une attaque à main armée a lieu à la perception de Condé-sur-l’Escaut (Nord). Six malfaiteurs masqués (dont une femme) s’emparent de 16,3 millions de francs, destinés au paiement en liquide des pensions trimestrielles des retraités des mines. Le hold-up a été exécuté de façon quasi-militaire à la manière d’une action de commando. L’enquête s’oriente vers des anciens membres des GARI en liaison avec les Brigades rouges et des groupes terroristes français93. Un suspect est arrêté trois mois plus tard. Il s’agit d’un ressortissant espagnol nommé José de Miguel Martin, membre du Groupe autonome de Madrid. Lui et son amie Annie Cuadrado sont connus des Renseignements généraux pour leur sympathie envers la Gauche prolétarienne et les GARI. À son domicile, les policiers retrouveront des faux papiers, des chéquiers, les radios qui ont servi au commando ainsi qu’une somme de 1.700.000 francs provenant du hold-up.
Le 28 mars 1980, en même temps que le coup de filet opéré contre Action directe, quatre Italiens – trois hommes et une femme – sont interpellés au Brusc, près de Toulon, par les polices judiciaires de Nice et de Lille. Une partie du butin est retrouvée (150.000 francs), ainsi que des armes de guerre et des faux papiers semblables à ceux retrouvés chez les membres d’Action directe. Franco (ou François) Pinna (ou Pina), Enrico Bianco, Luigi Amadori et Oriana Marchionni, épouse d’Enrico Bianco, font partie des Brigades rouges25 et avaient des liens avec Action directe.
Le dossier est confié à la Cour de sûreté de l’État. En juin 1981, huit autres personnes sont inculpés par le juge Michel Legrand de « crimes commis en relation avec une entreprise tendant à entraver l’exercice de l’autorité de l’État ». Il s’agit de six Français (Jean-Pierre Cazenave-Laroche, Floreal Cuadrado, Raymond Delgado, Annie Dessaux, Angela Herbon, Martine Fournier et Sylvie Porte) et un Allemand (Werner Witteman). Cuadrado et Delgado sont des anarchistes espagnols qui ont côtoyé Rouillan au sein des GARI52.
Le 17 juillet 1981, l’Assemblée nationale vote la suppression de la Cour de sûreté de l’État. Le 23 juillet, celle-ci se dessaisit du dossier de Condé-sur-l’Escaut en considérant que « rien ne permet de penser qu’il s’agit d’un acte subversif dirigé contre l’État français ». L’affaire retourne au tribunal de Valenciennes94.
Les inculpés échappent donc à l’amnistie votée le 4 août 1981. Après des manifestations diverses (cf supra), l’intervention de personnalités et groupements de gauche ou d’extrême-gauche95 et une grève de la faim, les cinq derniers détenus dans le cadre de cette affaire seront libérés en octobre 1981 pour « raison médicale » en même temps que Nathalie Ménigon.
Un procès aura finalement lieu devant la cour d’assises de Douai à partir du 17 avril 1989, soit dix ans après les faits. Le parquet rejette les motivations politiques mises en avant par les accusés et soutient qu’il s’agit d’une affaire de droit commun. Sept accusés sont présents. Les débats portent essentiellement sur l’application de la loi d’amnistie d’août 1981. Quatre accusés de complicité et de recel de vol avec armes sont acquittés (Martine Fournier, Sylvie Porte, Annie Dessaux et Jean-Pierre Cazenave-Laroche). Raymond Delgado est reconnu coupable de complicité et Floréal Cuadrado coupable de recel. La Cour d’assises les fait cependant bénéficier de l’amnistie. Seul Luigi Amadori est condamné à quatorze mois de prison pour recel simple, probablement en raison du fait qu’il s’est acheté un voilier avec l’argent recelé et qu’il était détenu pour une affaire de drogue au moment du procès96.
Gilles Ménage tient pour acquis qu’une bonne part du butin de ce hold-up fut remis au groupe Action Directe11.
Le 18 septembre 1980, quelques jours après l’interpellation de Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan, deux autres suspects sont arrêtés. Il s’agit de Laurent Louessard, étudiant en sciences économiques et surveillant d’externat au lycée Carnot à Paris97, et de son amie espagnole : Maria Pilar Arago-Eltur, employée dans un institut de sondage. Ils ont été tous deux signalés dans la mouvance d’Action directe. Ils sont suspectés d’avoir établi des liens avec des groupes terroristes italiens (Prima Linea) et espagnols (ETA militaire).
Maria Pilar Arago-Eltur reconnaît avoir participé à la création d’Action directe en 1979 avec Laurent Louessard, Carlos Jaurégui, Mireille Munoz, Ménigon et Rouillan. Elle indique que le groupe a financé ses premières actions avec l’argent provenant d’un hold-up commis fin juillet 1979 à la BNP, avenue de Villiers à Paris25. Louessard, Jaurégui, Rouillan, Ménigon ont participé à ce hold-up avec trois de leurs proches : Serge Fassi, Pascal Trillat et Pedro Linares Montanes.
Au cours de leur interrogatoire, les deux jeunes gens révèlent l’existence d’un important dépôt d’explosifs au sein d’une communauté « hippie » au lieu-dit de Rochebesse, sur la commune de Chanéac en Ardèche. Les 600 kg d’explosifs découverts lors des perquisitions du 27 mars proviennent de ce dépôt.
La communauté de Rochebesse est connue des forces de l’ordre. Elle s’est implantée en 1969 dans un hameau isolé, sous la houlette de Pierre Conty, soixante-huitard grenoblois98. Avec ses amis adeptes du retour à la terre, il a pris possession de plusieurs masures délabrées et élève quelques dizaines de brebis et des vaches. Au fil des années, les rapports se sont tendus avec le voisinage. Les membres de la communauté se livrent à des larcins et se bagarrent avec les paysans. Le 24 août 1977, Conty et deux membres de la communauté (Stéphane Viaux-Peccate et Jean-Philippe Mouillot) commettent un hold-up au Crédit Agricole de Villefort en Lozère. Au cours de leur fuite, Conty blesse grièvement un gendarme (qui mourra quelques semaines plus tard) et abat de sang-froid deux villageois. Jean-Philippe Mouillot se livre à la justice peu après. Stéphane Viaux-Peccate est arrêté en Hollande lors d’une enquête sur la bande à Baader99. Ils seront condamnés en mai 1980 respectivement à 5 et 18 ans de réclusion criminelle. Surnommé « le tueur fou de l’Ardèche », Pierre Conty, qui n’a pas été arrêté, est condamné à mort par contumace100.
À la suite des révélations de Laurent Louessard et Maria Pilar Arago-Eltur, la brigade criminelle, la police judiciaire de Montpellier et les gendarmes investissent Rochebesse le 23 septembre 1980. Marie-Thérèse (Maïté) Merlhiot, l’ancienne compagne de Conty est interpellée en compagnie de deux amis vivant avec elle au hameau de Treynas : Bruno Darribère et Jean-Pierre Bolognini. Dans une cache dissimulée sous des éboulis, les policiers découvrent 1.250 kilos d’explosifs, des fusils, des carabines et plusieurs centaines de cartouches. Une partie des explosifs provient d’un vol commis dans une carrière de l’Isère en 1975. C’est Bruno Darribère qui a indiqué à Laurent Louessard l’existence de ce dépôt. Pendant l’hiver 1979, Laurent Louessard et Philippe Franc ont transporté une partie de ces explosifs à Paris101.
Frédéric Oriach a longtemps été soupçonné de faire partie des dirigeants d’Action Directe. L’intéressé s’en est défendu, tout en déclarant publiquement approuver certains attentats commis par le groupe. Par ailleurs, Oriach a été proche de Pierre Carette, fondateur des Cellules communistes combattantes102. Ce groupe belge a commis diverses actions en commun avec Action directe, notamment des vols d’explosifs et le partage d’armes et de planques103
Dans la nuit de 12 au 13 mai 1977, Frédéric Oriach, Michel (Mickel) Lapeyre et Jean-Pierre Gérard sont interpellés par des gardiens de la paix rue Bobillot (Paris XIIIe arrdt). Les trois hommes sont tous armés. Oriach est porteur d’un revolver de type Magnum et Gérard d’un autre pistolet de calibre 7,65, qui a « servi » pour l’assassinat de Joaquin Zenteno Anaya, ambassadeur de Bolivie en France le 11 mai 1976 et pour l’attentat contre Bartholome Garcia Platta-Valle, attaché militaire à l’ambassade d’Espagne à Paris le 8 octobre 1975. Lapeyre est en possession d’un pistolet 11,43 qui a été utilisé pour l’assassinat de Jean-Antoine Tramoni le 23 mars 1977 à Limeil-Brévannes. J.-A. Tramoni est le vigile de la régie Renault qui a abattu le militant maoïste Pierre Overney lors d’une manifestation aux portes des usines Renault le 25 février 1972. Dans leur voiture et à leurs domiciles respectifs, les enquêteurs saisissent diverses armes de guerre, des postes émetteurs-récepteurs et divers documents : tracts et fiches mentionnant des immatriculations et des relevés de trajet de véhicules des ambassades d’Israël et d’Iran.
Les enquêteurs soupçonnent Oriach et ses amis de deux autres attentats au cours desquels un diplomate uruguayen a été tué et un conseiller d’ambassade iranien a été grièvement blessé. Oriach, Lapeyre et Gérard déclarent faire partie des NAPAP et se refusent à toute autre déclaration. Ils rejoignent en prison trois membres présumés des NAPAP arrêtés le 31 mars : Henri Savouillan, Maurice Marais et Egbert Slaghuis, suspectés d’avoir fourni l’arme et les projectiles qui ont tué Jean-Antoine Tramoni. Un septième suspect, soupçonné d’avoir assassiné J.-A. Tramoni, est arrêté le 3 décembre : Christian Harbulot104. Il sera libéré après plusieurs mois de détention préventive et obtiendra un non-lieu dans cette affaire.
Le 23 mars 1978, Oriach, Lapeyre et Gérard sont condamnés pour détention d’armes prohibées à 7 ans de prison dont 5 ans ferme. En appel, leur peine est ramenée à cinq ans de prison, dont un avec sursis. Libérés en mai 1980, ils sont arrêtés en juillet de la même année par une patrouille de police peu après un attentat commis contre les locaux des chemins de fer allemands (Bundesbahn) rue Condorcet à Paris IXe. Lapeyre et Gérard reconnaissent leur participation à l’attentat. Le 14 septembre 1981, les trois hommes bénéficient de l’amnistie présidentielle, en vertu d’une décision de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Paris. Cette décision intervient après diverses manifestations violentes de groupes d’extrême-gauche réclamant leur libération, ainsi que celle de Nathalie Ménigon et des sept inculpés pour l’attaque à main armée de Condé sur l’Escaut.
Le 12 octobre 1982, Frédéric Oriach est arrêté à Paris par la Brigade de recherches et d’intervention et inculpé « d’association de malfaiteurs ». Il venait de se rendre à la gare du Nord pour consulter des documents déposés dans une consigne. Il s’agit de fiches concernant des objectifs d’attentats réalisés ou potentiels; parmi les documents saisis se trouve également une sorte de mémoire rédigé par Oriach concernant les actions menées par Action directe au cours de l’été 1982. Ce texte, dans lequel Oriach parle de « notre groupe » et de « notre action », tend à démontrer que les membres d’Action directe ont participé à plusieurs attentats, notamment celui de l’avenue de la Bourdonnais le 21 août (deux artificiers de la Préfecture de police tués en tentant de désamorcer une bombe placée sous la voiture du conseiller commercial de l’ambassade des États-Unis) et celui de la rue Cardinet commis le 17 septembre (trois diplomates israéliens grièvement blessés, ainsi qu’une quarantaine d’élèves du lycée Carnot). Ces deux attentats avaient également été revendiqués par les Factions armées révolutionnaires libanaises (FARL).
En avril 1983, un commando d’une dizaine de personnes saccage le musée de la Légion d’honneur et y laisse des tracts réclamant la libération de Frédéric Oriach. Une dizaine de personnes est interpellée à la suite de ce saccage, parmi lesquels Martine da Silva et Christian Gauzens, amis d’Oriach105.
En avril 1985, dans un courrier adressé au journal Le Monde, Oriach nie avoir jamais été proche d’Action directe106
Article détaillé : Chronologie des attentats commis par Action directe.
Le groupe Action directe a revendiqué plusieurs actions (mitraillage, braquage, plasticage, assassinat). À partir de juin 1984, Action directe signe ses attentats et ses tracts en utilisant des noms de commandos pour donner une symbolique forte à ses actions et pour créer l’illusion du nombre.
De nombreux vols à main armée n’ayant pas entraîné mort d’homme ont été revendiqués par le groupe comme des « expropriations prolétariennes ». Durant sa première période, plusieurs attentats dans des zones d’opération d’Action directe seront commis. Si le mode opératoire, les revendications et les cibles peuvent les rattacher au groupe, ils seront revendiqués sous différents noms. La police française considérera ces attentats comme commis par la mouvance Action directe : Action directe du 27-28 mars, CLODO, Groupe Bakounine-Gdansk-Paris-Guatemala-Salvador, Jeune Taupe, Casse-Noix, Moutons enragés, Nous, B.A.D.I.N.T.E.R. (du nom du ministre de la justice d’alors, Robert Badinter, Bombeurs anonymes pour la défense des incarcérés très excités par Robery), Germain, Comité Riposte à la répression en Algérie56. La « menace » d’une résurgence d’Action directe ou d’un nouveau groupe terroriste à la manière d’Action directe est fréquemment agitée même si ce n’est pas toujours pertinent. Par exemple Florence Rey et Audry Maupin seront décrit par une partie de la presse et des enquêteurs comme un couple « à la Rouillan et Ménigon »107. Ces deux anarchistes autonomes avaient pris d’assaut une préfourrière de la police. Ce braquage qui n’avait pas pour but de faire des morts a dérapé en une course-poursuite à travers Paris et des échanges de coups de feu avec la police résultant en la mort de cinq personnes, dont Audry Maupin.
En 2009, Julien Coupat et le groupe de Tarnac sont présentés par Michèle Alliot-Marie comme des « héritiers en puissance d’Action directe ». La ministre de l’intérieur évoque le retour du terrorisme de « l’ultra gauche »108. Julien Coupat et ses proches sont accusés d’avoir placé des crochets pour bloquer la circulation de TGV et d’avoir écrit un livre « l’insurrection qui vient ». Non seulement les faits ne sont pas prouvés, mais au point de vue de l’idéologie les spécialistes jugent que « Julien Coupat n’a rien à voir avec Jean-Marc Rouillan »109.
En février 2011, six commissariats des Hauts de Seine reçoivent une lettre présentant « la réactivation d’Action directe ». Le tract annonce des actions contre la police dans la lignée du combat de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron. Même si l’on ne sait pas si la menace était réelle, elle a été prise au sérieux par la justice qui a saisi la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris dans les heures qui ont suivi110. Ces références régulières à Action directe montrent que le souvenir du mouvement et de ses attentats reste toujours présent dans la mémoire collective.
Comme déjà dit, leurs assassinats des années 1970 et 1980 s’étant soldés par de très lourdes peines de réclusion criminelle pour ceux qui s’étaient fait prendre, elles ont depuis réorienté leurs attaques ciblées vers des ingénieurs anonymes qu’elles assassinent ou font assassiner pour le compte de patrons voyous : c’est bien plus facile, sans aucun risque, et ça rapporte gros… Voyez le malade mental au clavier : il n’a même plus besoin de travailler pour vivre…
http://www.liberation.fr/planete/2017/11/29/quarante-ans-plus-tard-une-ancienne-membre-de-la-fraction-armee-rouge-demande-pardon_1613320
Quarante ans plus tard, une ancienne membre de la Fraction armée rouge demande pardon
Par Johanna Luyssen, correspondante à Berlin — 29 novembre 2017 à 18:05
Silke Maier-Witt faisait partie des terroristes de la Fraction armée rouge (RAF) ; Jörg Schleyer est le fils du patron des patrons allemands, assassiné par la RAF en 1977. Quarante ans après le funeste «automne allemand», ils se sont rencontrés, elle lui a demandé pardon.
- Quarante ans plus tard, une ancienne membre de la Fraction armée rouge demande pardon
Alors que le pays panse encore les plaies de ce funeste automne 77, qui vit culminer la violence entre la Fraction armée rouge (RAF) et le gouvernement de la RFA et où l’on assista en un mois et demi à une succession de faits sanglants – de l’enlèvement du patron des patrons à Cologne à une prise d’otages aussi rocambolesque que tragique entre Palma de Majorque et Mogadiscio –, voici que l’heure du pardon arrive. Un épisode important dans l’histoire de la Fraction armée rouge, qui s’est déroulé à l’hôtel Marriott de Skopje, en Macédoine.
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Le tabloïd Bild a publié mardi la rencontre entre une ancienne terroriste de la RAF, Silke Maier-Witt, et le fils du patron des patrons allemands, Jörg Schleyer, dont le père fut envoyé ad patres le 18 octobre 1977. Fait rare pour des ex de la RAF : elle parle. Fait inédit : elle s’excuse auprès d’un proche d’une victime. «Cela semble si plat à dire, mais d’abord je demande pardon», dit l’ex-terroriste, condamnée à dix ans de prison pour avoir participé à l’enlèvement et à la séquestration, suivie du meurtre, de Hanns-Martin Schleyer. Ce n’est pas elle qui l’a tuée, elle n’était même pas là. Elle ne l’a même jamais rencontrée, c’était une exécutante. Elle prenait des notes. Au terme des heures d’entretien, le fils Schleyer ne saura d’ailleurs pas qui a tué son père. Stefan Wisniewski ? Willy Peter Stoll ? Rolf Heissler ? Rolf Clemens Wagner ?
Sept heures de rencontre
Mais c’est bien elle qui a transmis ce message, adressé à Libération et à l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur le 19 octobre 1977, qui scelle officiellement la mort de Schleyer : «Après quarante-trois jours, nous avons mis fin à l’existence misérable et corrompue de Hanns Martin Schleyer. Schmidt [le chancelier allemand, ndlr], qui dans son calcul a depuis le début spéculé avec la mort de Schleyer, peut en prendre livraison rue Charles-Péguy à Mulhouse. Sa mort est sans commune mesure avec notre douleur après le massacre de Mogadiscio. Nous ne sommes pas étonnés par la dramaturgie fasciste des impérialistes pour détruire les mouvements de libération. Le combat ne fait que commencer.» Le correspondant de Libé de l’époque se rendit à l’adresse dite, et y trouva, comme indiqué, le corps sans vie du patron des patrons.
Aujourd’hui, Silke Maier-Witt a 67 ans, est retraitée et vit à Skopje. Elle a passé sept heures avec Jörg Schleyer, 63 ans. Cette rencontre orchestrée par Bild, et commentée par la plupart des journaux allemands, semble répondre à ce récent discours du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, le 18 octobre dernier. C’était le jour des quarante ans de la mort de Schleyer, et, devant les proches des victimes de la RAF, Steinmeier exhortait les terroristes à prendre enfin la parole. «Aux coupables, qui sont restés silencieux pendant de nombreuses années, je voudrais dire très clairement qu’ils sont coupables une deuxième fois – coupables envers les proches des victimes, non pas légalement, mais moralement.» Avant d’ajouter : «Parlez et répondez aux questions qui sont encore ouvertes. Au moins, vous le devez aux proches.»
De son côté, Jörg Schleyer a demandé au bureau de la présidence de communiquer les dossiers confidentiels concernant le meurtre de son père, qui ne furent jamais divulgués. «C’est précisément ce savoir qui ne peut être refusé aux survivants endeuillés après quarante ans.»
Johanna Luyssen correspondante à Berlin
https://fr.wikipedia.org/wiki/Action_directe
Action directe
Pour les articles homonymes, voir Action directe (homonymie).
Action directe AD | |||
Idéologie | Anarchisme et mouvement autonome en France1 | ||
---|---|---|---|
Objectifs | Révolution prolétarienne | ||
Statut | Inactif | ||
Fondation | |||
Date de formation | 1979 | ||
Pays d’origine | France | ||
Actions | |||
Mode opératoire | attentats à la bombe, assassinats, etc. | ||
Victimes (morts, blessés) | Au moins 12 morts et 26 blessés[réf. nécessaire] | ||
Zone d’opération | France | ||
Période d’activité | 1979-1987 | ||
Organisation | |||
Membres | ~1802 | ||
Financement | Braquage | ||
Groupe relié | FRAP, Fraction armée rouge, Brigades rouges, Cellules communistes combattantes, NAPAP, GARI, Affiche rouge, Fraction armée révolutionnaire libanaise, CLODO, ETA, Prima Linea, GRAPO, COLP3 | ||
Répression | |||
Nombre de prisonniers | 3 | ||
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Action directe est le nom d’un groupe terroriste anarcho-communiste4, issu du mouvement autonome en France et anti-franquiste4,5.
Historiquement, il doit être replacé dans le cadre de ce que l’on a appelé les « années de plomb » qui ont vu l’apparition de mouvements comme la Fraction armée rouge en Allemagne ou les Brigades rouges en Italie. Il emprunte son nom à la théorie anarchiste de l’« action directe ».
Ses membres ont revendiqué plus de 80 attentats ou assassinats sur le territoire français entre 1979 et 1987. Action directe a été interdite pour apologie de la lutte armée par un décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement par la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées6. L’organisation est, depuis, officiellement considérée comme terroriste par les autorités françaises7,8. Les derniers militants de l’organisation ont été arrêtés en 1987, puis jugés et condamnés par une formation spéciale de la cour d’assises de Paris sous les chefs d’inculpation d’assassinat de Georges Besse, de celui du général René Audran, de tentatives d’assassinat sur le contrôleur général des armées Henri Blandin et du vice-président du Conseil national du patronat français (CNPF) Guy Brana, et les attentats contre les locaux d’Interpol et ceux de l’Union de l’Europe occidentale9.
Selon le criminologue Jean-François Gayraud, l’organisation compta 200 sympathisants et militants sur huit ans d’existence10. Au plan international, Action Directe mena notamment des actions avec les Cellules communistes combattantes de Pierre Carette (Belgique), la Rote Armee Fraktion (Allemagne), divers groupes armés italiens (Brigades rouges, Communistes organisés pour la libération prolétarienne, Prima linea), les Fractions armées révolutionnaires libanaises et des groupes extrémistes turcs11.
Sommaire
- 1 Historique
- 1.1 Genèse et influences
- 1.2 Création et première période
- 1.3 Suspension des attentats
- 1.4 Reprise des « actions politico-militaires »
- 1.5 Entrée dans la clandestinité
- 1.6 Radicalisation
- 1.7 Arrestations
- 1.8 Suites judiciaires
- 1.9 Les ambiguïtés du pouvoir à l’égard d’Action directe
- 1.10 Incarcération et processus de libération
- 1.11 Connexions
- 2 Crimes et attentats
- 3 Évocation de réactivations possibles du groupe Action directe
- 4 Bibliographie
- 5 Notes et références
- 6 Annexes
Historique
Genèse et influences
Action directe est le résultat de la fusion des membres des GARI (Groupes d’action révolutionnaire internationalistes), des NAPAP (Noyaux armés pour l’autonomie populaire)12 et des Brigades internationales. Ces trois groupes appartiennent à la même famille de pensée que la Gauche prolétarienne, mouvement maoïste dissous en 1974, qui prônait le recours à la violence comme arme politique. Les GARI ont été fondés en 1973 par des anarchistes espagnols anti-franquistes exilés en France, qui ont basculé dans la lutte armée l’année suivante, après la condamnation à mort et l’exécution de l’anarchiste catalan Salvador Puig i Antich. Les NAPAP forment un autre mouvement anarchiste, animé par Frédéric Oriach qui s’est fait connaître en 1977 à l’occasion de l’assassinat de Jean-Antoine Tramoni, ancien vigile des usines Renault qui avait abattu cinq ans plus tôt le militant maoïste Pierre Overney. Les Brigades internationales ont organisé en 1976-1977 plusieurs attentats contre des diplomates étrangers en poste à Paris. Ces trois organisations ont suivi un cheminement idéologique similaire. Elles ont en commun le recours aux attentats à l’explosif, aux mitraillages d’édifices publics et de sièges de sociétés, aux assassinats dits politiques et aux attaques de banque comme moyen de financement. Elles coopèrent avec d’autres groupes armés européens et s’apportent un appui logistique mutuel11. Leur rapprochement aboutit en 1977 à la création d’une « coordination politico-militaire interne au mouvement autonome en France ».
Cette coordination se transforme en 1979 en une « organisation de guérilla » qui commence alors à revendiquer ses attaques sous le nom d’Action directe13, expression empruntée à l’anarcho-syndicalisme du début du XXe siècle, mais avec laquelle la pratique d’Action Directe n’a rien à voir14, au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste, des symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et la défense du prolétariat. Pour s’alimenter en armes et explosifs, ils réalisent des vols et braquages.
Action directe s’est progressivement divisée en plusieurs factions. D’une part Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani, Joëlle Aubron et « leurs amis, des libertaires » qui se sont rapprochés de la Fraction armée rouge allemande. D’autre part, une branche lyonnaise démantelée en 1986, avec André Olivier, Joëlle Crépet, Bernard Blanc, Max Frérot ou Émile Ballandras (connue sous le nom d’Affiche rouge).
Des divergences idéologiques apparaitront en effet au sein du groupe. En mars 1982 Jean-Marc Rouillan et ses amis rendent public un manifeste intitulé Pour un projet communiste. Selon Christophe Bourseiller, ce texte se réclame clairement d’une « idéologie communiste libertaire » « antiautoritaire, antiléniniste, et antistalinienne ». Le juge Bruguière qualifie la doctrine élaborée par Rouillan de « compromis entre le marxisme-léninisme et les thèses libertaires ». Elle serait largement inspirée des thèses des Brigades Rouges15. Il considère qu’Action directe « n’a guère de base idéologique » : dans un premier temps, le groupe revendique ses débuts anarchistes, puis tente de trouver des justifications théoriques à ses actions. Jean-François Gayraud est encore plus sévère : pour lui « la faiblesse quantitative (des textes publiés par Action directe) le dispute à l’indigence intellectuelle. Au mieux il s’agit d’une pâle adaptation des thèses léninistes, et au pire, dans d’autres occasions, Action Directe se contentera, comme le fera remarquer charitablement Frédéric Oriach, de traduire dictionnaire en main les productions des Brigades Rouges et de la Fraction Armée Rouge10 ». Les journalistes d’extrême-gauche Bertrand Le Gendre et Edwy Plenel font état de nombreux témoignages allant dans le même sens : « il n’y avait, le plus souvent, aucun lien entre la théorie politique et leur pratique. La première servait seulement de couverture, de justification idéologique. D’emblée, l’aventure individuelle, sur fond le plus souvent d’origine sociale petite-bourgeoise, l’emporte sur la cohérence intellectuelle16. »
Tel n’est pas le cas de la « Branche lyonnaise ». André Olivier et ses proches se définissent comme « marxistes-léninistes et défendent l’héritage de Mao ». André Olivier, ancien militant de la Cause du Peuple, a intégré en 1975, la « mouvance autonome où se côtoient ex-maos et anars ». Action directe étant un mouvement non autoritaire, la branche lyonnaise a toute latitude pour se positionner sur des idéologies différentes de celle de Rouillan et Ménigon. Selon Christophe Bourseiller, le seul combat réel oppose les foquistes libertaires de Paris aux maoïstes de Lyon17. Ces derniers affichent un antisionisme qui se transforme rapidement en antisémitisme18. Les divergences qui apparaissent entre les deux groupes donnent lieu à une rupture définitive pendant l’hiver 1981-198219. Au mois d’août 1982, une nouvelle rupture a lieu avec deux courants « mouvementistes » qui se sont progressivement opposés à la lutte armée, dont le groupe des Toulousains, anarcho-écologiste, autour de Michel Camillieri.
Selon certaines sources, le groupe Action directe aurait pu être commandité, voire manipulé par un État étranger afin de commettre certains assassinats. C’est la thèse que soutiennent les journalistes Romain Icard20 et Dominique Lorentz21. Le nom de l’Iran, que le contentieux Eurodif opposait à la France, est souvent cité. Cette thèse, considérée comme vraisemblable par Gilles Ménage11 (ancien directeur de cabinet de François Mitterrand chargé des questions de renseignement, de police et de sécurité), se fonde notamment sur le fait que Georges Besse, assassiné par Action directe, avait été président d’Eurodif. Le juge Alain Marsaud a indiqué d’autre part qu’au moment de leur arrestation, les responsables du groupe (Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani) projetaient d’enlever et de séquestrer le président d’Eurodif22. Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, se dit convaincu qu’Action directe a été commanditée pour certains assassinats ; il se fonde notamment sur la proximité de Mohand Hamami, militant du groupe, avec la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL)23.
Création et première période
La première manifestation « idéologique » violente du groupe date du 1er mai 1979 : il s’agit du mitraillage de la façade du siège du Conseil National du Patronat Français (CNPF), rue Pierre 1er de Serbie à Paris. Le commando est composé d’André Olivier, Maxime Frérot, Ménigon et Rouillan24. Le 25 mai, un attentat à l’explosif est commis contre une agence immobilière à Sceaux; il est revendiqué pour la première fois par le groupe Action directe. Six autres actions sont réalisées jusqu’au 26 mars 1980. Il s’agit d’attentats à l’explosif ou de mitraillages contre des bâtiments ministériels ou des organismes censés représenter le pouvoir ou le patronat. Le 16 mars 1980, un attentat vise les locaux réputés secrets de la DST rue Rembrandt à Paris. Le 18 mars 1980, la façade du ministère de la Coopération, boulevard des Invalides est mitraillée. Le ministre Robert Galley vient de quitter son bureau, qui est atteint par plusieurs balles. Des tracts signés Action directe dénonçant « l’État négrier » sont abandonnés sur place25.
À la suite de cet attentat, les différents services de police se mobilisent contre Action directe. Dirigée par le commissaire Jean-Pierre Pochon, la discrète Brigade Opérationnelle Centrale (BOC) des Renseignements Généraux suit alors attentivement le groupe dont la dérive de plus en plus violente inquiète les autorités26. Jean-Marc Rouillan est déjà connu des services de police : il a fait l’objet de plusieurs interpellations pour détention d’armes depuis 1974. Un coup de filet est opéré le 27 mars et vingt-huit suspects identifiés et repérés par la BOC sont interpellés, parmi lesquels à Paris Mireille Munoz, Carlos Jaurégui, Pedro Linarès Montanes, Serge Fassi, Pascal Trillat, Mohand Hamami et Olga Girotto, une militante italienne du groupe terroriste Prima Linéa. Des armes, un stock de cartes d’identité françaises et italiennes vierges et 600 kg de dynamite sont saisis. Au total dix-neuf suspects (en incluant quatre ressortissants italiens suspectés d’avoir participé au hold-up de Condé-sur-l’Escaut et arrêtés dans le Var) seront déférés à la Cour de sûreté de l’état27. Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et André Olivier, considérés comme les chefs d’Action directe, échappent cependant à l’interpellation28. Ils ne désarment pas. Le 5 août, un commando de quatre hommes et deux femmes braque la mairie du 14e arrondissement. Ils s’emparent de fiches d’état-civil, de cachets officiels, de mille cartes grises et de plusieurs centaines de passeports et de cartes d’identité. Dans les mois et les années qui suivront, les policiers retrouveront des documents issus de ce vol en possession des membres d’Action directe qui seront arrêtés.
Le commissaire Pochon monte alors un stratagème pour capturer les dirigeants d’Action directe que la méfiance instinctive rend difficile à localiser : sur une idée de leur informateur, Gabriel Chahine29,28, le commissaire et ses hommes se font passer pour des émissaires de Carlos dans le cadre d’une action groupée visant à faire sauter le barrage d’Assouan et voulant rencontrer les membres d’Action Directe pour s’associer à eux. Le 13 septembre 1980, Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon, pensant rencontrer le terroriste Carlos, sont pris dans une souricière et arrêtés rue Pergolese à Paris. Au cours de l’interpellation Nathalie Ménigon tire à plusieurs reprises des coups de feu sur les policiers. Ils avoueront onze attentats et mitraillages commis à Paris depuis le 1er mai 197929. Ils sont déférés le 19 septembre devant la Cour de sûreté de l’état. Le même jour, le poste de garde de l’École militaire est mitraillé. Cette action est revendiquée par Action directe.
Suspension des attentats
En décembre, Action directe publie un communiqué indiquant qu’il suspend ses opérations violentes pendant la campagne présidentielle30,31.
Après l’élection de Mitterrand en 1981, le nouveau gouvernement joue l’apaisement et fait voter une loi d’amnistie qui remet en liberté Rouillan et dix-sept autres militants (sur 248 détenus libérés)32. Nathalie Ménigon, accusée de tentatives d’homicide contre agents de la force publique, doit normalement rester incarcérée. Elle entreprend une grève de la faim pour faire pression sur le juge d’instruction Guy Joly. L’action est soutenue par diverses manifestations dont certaines sont violentes et relayée par des soutiens politiques et une partie de la presse de gauche et d’extrême gauche. Le juge la fait libérer pour « raisons médicales » le 17 septembre 198129. Ces libérations, ainsi que celles de membres d’autres groupes terroristes (Groupes anarchistes autonomes, Noyaux armés pour l’autonomie prolétarienne, indépendantistes basques, corses et bretons) suscitent la fureur des policiers ayant procédé à leur interpellation33.
À partir de novembre 1981, Action directe participe à l’occupation d’ateliers clandestins dans le Sentier et de plusieurs immeubles à Barbès. Plus d’une centaine de familles immigrées, majoritairement turques, sont relogées dans des squatts. Selon le commissaire Marcel Leclerc, l’objectif est de recruter de nouveaux militants parmi les immigrés. À cette occasion, Jean-Marc Rouillan et ses amis établissent des liens avec des mouvements extrémistes turcs qualifiés d’« extrêmement durs »15. De nombreux incidents et manifestations ponctuent cette campagne.
En décembre 1981, le journaliste Jean-Louis Baudet, qui est en relation avec les responsables d’Action directe, prend contact avec l’Organisation de libération de la Palestine lors d’une réunion organisée par Giovanni Senzani, l’un des leaders des Brigades rouges. Divers objectifs et moyens d’action sont étudiés en commun.
Pendant l’hiver 1981-1982, après de nombreux débats internes, l’organisation se scinde en quatre groupes : deux décident d’arrêter la lutte armée (dont le courant « mouvementiste-nationaliste » de Michel Camillieri (Camilleri) qui prône la création d’« ateliers autogérés ») ; autour d’André Olivier se forme l’Affiche rouge (surnommée par la police et les médias Action directe-branche lyonnaise ou encore Action directe-branche nationale) qui commettra plusieurs attentats antisémites33, tout en continuant une lutte anti-impérialiste, et enfin Action directe (appelé aussi Action directe-branche internationale) avec Jean-Marc Rouillan et Nathalie Menigon qui s’allie à la Fraction armée rouge dans le cadre de la stratégie d’« unité des révolutionnaires en Europe de l’Ouest » à partir de 198530. Les Textes de prison 1992-1997 d’Action directe évoquent une « rupture définitive » avec la « branche lyonnaise ». La rupture avec les courants « mouvementistes » sera parachevée début août 1982 : ceux-ci opposent un refus définitif à la poursuite des attentats.
Reprise des « actions politico-militaires »
Action directe poursuit la lutte contre « l’impérialisme américain » et le sionisme. Les 24 et 25 décembre, sept attentats sont commis contre des magasins de luxe, le 19 février le local des organisations turques à Paris est visé. Le 13 mars 1982, l’informateur Gabriel Chahine, dont le travail d’intoxication a permis l’arrestation de Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon, est assassiné à son domicile. Cet assassinat n’est pas revendiqué. Cependant les Textes de prison 1992-1997 des responsables d’Action directe mentionnent que c’est un commando de l’organisation qui a effectué « l’exécution »34. Selon l’ancien policier Patrice Lastère, c’est Régis Schleicher, déguisé en postier, qui a abattu Chahine35.
Le 30 mars 1982, l’antenne du ministère de la défense israélien à Paris est mitraillée. Cette action est revendiquée depuis Beyrouth par la Fraction armée révolutionnaire libanaise (Farl). Le 8 avril, Joëlle Aubron et Mohand Hamami sont arrêtés. Joëlle Aubron était la locataire d’un box situé rue Borrego dans lequel ont été découverts un stock d’armes, des documents d’identité et des chéquiers volés. L’une des armes trouvées dans la cache a été utilisée pour le mitraillage. Joëlle Aubron est identifiée comme ayant participé à deux hold-up le 15 avril 1981 rue La Boëtie et place des Ternes, au cours desquels un gardien de la paix a été abattu36. Elle est condamnée à quatre ans de prison dont dix-huit mois avec sursis pour détention d’armes. Hamami est relaxé37. Elle épousera l’année suivante, en détention, Régis Schleicher.
En mars et en avril Action directe publie ses deux premiers textes théoriques : Pour un projet communiste et Sur l’impérialisme. En juin, Action directe tente d’organiser une mobilisation contre le sommet du G7 à Versailles, ponctuée par un spectaculaire attentat contre le siège européen du FMI et de la Banque Mondiale.
Le 1er août, une rupture définitive a lieu entre les « durs » minoritaires et les « mouvementistes ». Les « durs » (autour de Jean-Marc Rouillan) sont partisans d’une internationalisation de la lutte armée et de l’intégration d’Action directe dans un front commun de lutte terroriste avec les Brigades rouges italiennes, la RAF allemande et des groupes belges et palestiniens. Les « mouvementistes » (autour d’Éric Moreau, Meyer (Meïer) Azeroual, Michel Camillieri, Pascal Magron et Charles Grosmangin) sont favorables à la lutte au sein des masses et des entreprises. Regroupés dans un « Collectif révolutionnaire du 1er août », ils font paraître un communiqué et dénoncent « les pratiques autoritaires et bureaucratiques d’un des collectifs d’Action Directe, visant à entraîner l’ensemble des unités sur une stratégie et une ligne politique volontariste et élitiste (cela malgré de nombreuses discussions internes). » Ils décident « l’éclatement d’Action Directe » en expliquant : « Ce qui avant n’était qu’un mot d’ordre tendant à un regroupement révolutionnaire ne nous appartient pas ; nous abandonnons donc le sigle d’Action Directe à ceux qui voudraient l’utiliser. Contre le capital, le combat se mène à la base sur tous les fronts de la guerre sociale. »38
Le 17 septembre, Michel Camillieri, Charles Grosmangin, Pascal Magron et Olivier Chabaud sont arrêtés en possession d’armes et d’explosifs. Ils expliquent aux policiers qu’ils ont abandonné la lutte armée et qu’il s’agissait pour eux de mettre ce matériel à l’abri39. Un incident comparable a lieu le 20 novembre : la police découvre une cantine et une glacière remplies d’armes, de munitions et d’explosifs non loin d’une ferme de Saint-Sardos (Lot-et-Garonne) occupée par des proches de Serge Fassi, lequel est arrêté40. Le 15 juin 1983 la 10e chambre du Tribunal correctionnel de Paris condamne Camillieri et Grosmangin à 5 ans de prison dont 18 mois avec sursis41. Pascal Magron est condamné à quatre ans de réclusion, Olivier Chabaud à 8 mois avec sursis. Eric Moreau est condamné par défaut à 4 ans de prison.
Entrée dans la clandestinité
Début août, à la suite de l’entrée au Liban des troupes israéliennes et aux interventions françaises et américaines, Action directe commet plusieurs attentats contre des sociétés américaines et israéliennes42. Le 9 août 1982, une fusillade meurtrière a lieu au restaurant Goldenberg, rue des Rosiers à Paris. On dénombre six morts et vingt-deux blessés. Le 11 août, une bombe explose rue de La Baume à Paris, visant une société israélienne et blessant grièvement une passante43. Le 17 août, Jean-Marc Rouillan dément toute participation à la tuerie de la rue des Rosiers mais revendique les autres attentats44. Devant le scandale, François Mitterrand annonce le soir même, parmi plusieurs mesures antiterroristes, la dissolution du groupe Action directe25. Le 21 août 1982, avenue La Bourdonnais, une bombe se détache du véhicule du conseiller commercial de l’ambassade des États-Unis. Elle explose peu après, tuant deux démineurs de la Préfecture de police. L’après-midi même, l’attentat est dans un premier temps revendiqué par Action Directe, puis par la Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise (FARL)45.
Parallèlement, Action directe s’associe avec des Italiens du COLP et commet une série importante de hold-up, dont certains meurtriers. Le groupe se replie régulièrement en Belgique et joue un rôle non négligeable au sein des Cellules communistes combattantes (CCC)46. Le 31 mai 1983, au cours d’une fusillade dans l’avenue Trudaine à Paris deux policiers sont tués et un troisième blessé47. Le 30 juillet 1983 Action directe dévalise la bijouterie Aldebert, place de la Madeleine. Le 13 octobre, le groupe commet un hold-up à la Société générale place des Ternes. Le 14 octobre, une fusillade a lieu lors d’un autre hold-up à la Société générale avenue de Villiers. Deux policiers sont blessés et l’un des malfaiteurs est abattu : il s’agit de Ciro Rizzato, membre du groupe italien Prima Linea. Régis Schleicher est identifié parmi les braqueurs.
Radicalisation
L’année 1984 marque un tournant pour le groupe48. Le 2 août, il commet pour la première fois un attentat « aveugle ». Cinq kilos d’explosif déposés dans le hall de l’Agence Spatiale Européenne font six blessés. Le 23 août, une Renault 20 dans laquelle se trouvent 23 kilos d’explosifs est placée devant le bâtiment de l’Union de l’Europe Occidentale, avenue du président Wilson. Des appels téléphoniques passés par une voix féminine (qui sera identifiée comme Nathalie Ménigon) alertent cependant les forces de l’ordre à propos du véhicule, qui est mis en fourrière. L’engin explosif sera désamorcé quelques jours plus tard. En octobre, Action directe publie un communiqué pour revendiquer la fusillade de l’Avenue Trudaine, tout en laissant entendre qu’il s’agit d’une « bavure ».
En janvier 1985, un communiqué rédigé en français et en allemand fait part de la fusion d’Action directe avec les derniers éléments de la Fraction Armée Rouge. Le 25 janvier, l’ingénieur général René Audran est assassiné devant son domicile à la Celle St Cloud. Une semaine plus tard, Ernest Zimmermann, président des industries aérospatiales de la République fédérale allemande est assassiné à Munich.
Le 26 juin, le véhicule dans lequel se trouve l’ingénieur général Henri Blandin et son fils de douze ans essuie plusieurs coups de feu, porte des Ternes. Le sang-froid de son chauffeur permet d’éviter qu’il y ait des victimes. Action directe revendique l’attentat la semaine suivante.
Les cibles sont choisies comme des symboles de l’ordre et de l’oppression qu’Action directe entend combattre : policiers, grands patrons, responsables de l’armement… D’autres tentatives d’assassinat visent notamment Guy Brana, vice-président du Conseil National du Patronat Français, Alain Peyrefitte (mais le chauffeur de sa voiture sera tué49) et le juge Jean-Louis Bruguière.
La branche lyonnaise d’Action directe (l’Affiche rouge dirigée par André Olivier, Emile Ballandras, Bernard Blanc et Max Frérot) commet 21 braquages et 12 attentats. Trois membres des forces de l’ordre (dont le général de gendarmerie Guy Delfosse tué au cours d’un braquage) et un convoyeur de fonds sont tués au cours de ces actions.
Arrestations
Emile Ballandras est arrêté le 10 octobre 1984. Le 28 mars 1986, André Olivier, Joëlle Crépet et Bernard Blanc sont arrêtés. Maxime Frérot est arrêté le 27 novembre 1987. En tout, 18 membres de l’Affiche rouge seront arrêtés.
Régis Schleicher, animateur d’une branche d’Action directe spécialisée dans les hold-up est arrêté en mars 1984 au Pontet (Vaucluse) avec Claude et Nicolas Halfen, par la Brigade de recherches et d’intervention et la PJ de Montpellier. En compagnie de Mohand Hamami, de Franco Fiorina et Gloria Argano (deux italiens membres des Communistes organisés pour la libération du prolétariat), ils ont été identifiés par le juge Bruguière comme les auteurs de la fusillade de l’avenue Trudaine. Cette arrestation intervient à l’issue d’une longue filature d’Helyette Bess, gérante de la librairie anarchiste « Le Jargon libre » (XIIIe arrdt). Surnommée la « vecchietta » (la vieille), cette militante est très engagée dans les mouvements anarchistes extrémistes. Jusqu’à son arrestation, elle a géré avec efficacité l’intendance du groupe et veillé à sa ligne idéologique. Une partie des fonds qu’elle gère provient du hold-up de Condé-sur-l’Escaut11.
Charles Pasqua est nommé ministre de l’intérieur le 20 mars 1986 dans le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac. Dès son arrivée Place Beauvau, il fait d’Action directe une cible prioritaire. Il souhaite incidemment symboliser la rupture avec l’ancienne majorité socialiste, volontiers qualifiée de laxiste par ses adversaires en matière de sécurité. Dans le même temps une vague d’attentats islamistes fait de nombreuses victimes à Paris et le 17 novembre Georges Besse, PDG de Renault, est assassiné devant son domicile boulevard Edgar Quinet par Nathalie Ménigon et Joelle Aubron. Philippe Massoni, directeur central des renseignements généraux est chargé de la « traque » d’Action directe. Des dizaines d’inspecteurs placés sous les ordres du sous-directeur chargé de l’antiterrorisme, Claude Bardon, sont affectés à cet objectif. Des centaines de milliers de francs sont mis à la disposition des enquêteurs, pour leurs déplacements ou pour acheter d’éventuels renseignements. Des dizaines de sympathisants potentiels ou imaginaires d’Action directe, connaissances, anciens militants, anciens amis ou même anciens voisins sont interrogés50. Les photos de Rouillan, Ménigon, Aubron et Cipriani sont affichées dans tous les commissariats et une prime d’un million de francs est offerte pour tout renseignement permettant de les localiser.
Le 21 février 1987, les principaux membres d’Action directe, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, et Georges Cipriani sont arrêtés à 20 h 55 par le RAID dans une ferme au gué Girault, lieu-dit de la commune de Vitry-aux-Loges, dans le Loiret. C’est un renseignement parvenu à un inspecteur de la DST (lequel le transmettra aux Renseignements généraux) qui révèlera qu’ils se cachent dans cette ferme. Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon donnaient à leurs voisins fermiers l’image d’un couple paisible, se faisant passer pour des chercheurs « écolos » belges51. La police saisit dans la longère huit armes, trente kilos d’explosifs, de nombreux documents et une cache destinée à garder une prochaine cible enlevée dans le but de l’échanger contre la libération de Régis Schleicher52.
Planques
En dehors de la ferme de Vitry-aux-Loges, le groupe avait aussi d’autres points de chute. Chambray-lès-Tours, Villeloin-Coulangé en Indre-et-Loire ont abrité des planques du groupe.
En effet, tout est parti d’un billet de train Orléans – Saint-Pierre-des-Corps trouvé dans les poches de Georges Cipriani lors de son arrestation en 1987 dans le Loiret. Les gendarmes ont alors opéré des contrôles dans les agences immobilières, puis auprès de nombreux propriétaires auxquels les loyers n’avaient pas été payés depuis février. Ils sont ainsi entrés en contact avec les époux Robin (un menuisier de la région), qui percevaient leur loyer en argent liquide à Villeloin-Coulangé, et avec M. Denis Rancher, de Sepmes (Indre-et-Loire), qui louait un studio au huitième étage d’un immeuble avec vue plongeante sur l’autoroute à Chambray-lès-Tours. Georges Cipriani et Joëlle Aubron passaient un bon nombre de week-ends dans la maison de Villeloin-Coulangé depuis octobre 1985.
Les enquêteurs de la 6e division de la direction centrale de la PJ et les gendarmes d’Indre-et-Loire ont d’abord trouvé l’attaché-case de Joëlle Aubron, contenant ses vrais papiers, carte d’identité et permis de conduire. Dans deux cantines métalliques, étaient stockés 12 kilos d’explosifs du même type que ceux trouvés dans la ferme de Vitry-aux-Loges, un fusil semi-automatique, des munitions, des faux papiers et des carnets d’adresses. Une Super-Cinq volée au cours de l’été 1985 à la société de location Hertz d’Amiens et portant une fausse immatriculation se trouvait dans le garage.
Le long du pavillon surmonté d’un toit de tuile rouge, Joëlle Aubron avait planté des tomates et elle en faisait des conserves soigneusement rangées dans le cellier. La jeune femme et Cipriani se montraient discrets malgré un va-et-vient de camionnettes perceptible par les voisins certaines nuits. Dans la ferme isolée, la police trouve de l’argent, des armes, des documents relatifs à l’assassinat de Georges Besse, des listes de personnalités à enlever (au premier étage, un local a été aménagé pour recueillir un otage en échange de la libération de Régis Schleicher). Un hasard sans doute : la résidence secondaire de Georges Besse est située à une trentaine de kilomètres de là, à Betz-le-Château. Cette fois, ce n’est pas une dénonciation, comme à Vitry-aux-Loges, mais bel et bien un travail en profondeur des gendarmes d’Indre-et-Loire qui a permis la découverte de la planque53.
« Joëlle Aubron, échappée de la bonne bourgeoisie et appliquée, dans les moments tranquilles, à surveiller ses chaudrons de confitures. Elle aussi, en compagnie de Georges Cipriani, avait choisi un coin retiré pour abriter ses rêves de feu et de sang : une ferme louée à Villeloin-Coulange, dans l’Indre-et-Loire54. »
Suites judiciaires
Les attentats et assassinats commis par Action directe ont donné lieu à plusieurs procédures judiciaires et autant de procès.
Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joelle Aubron et Georges Cipriani ont été condamnés en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine incompressible de dix-huit ans, pour l’assassinat de Georges Besse. En 1994 ils ont été condamnés à la même peine pour l’assassinat de René Audran, les tentatives d’assassinat contre Guy Brana, vice-président du CNPF et Henri Blandin, contrôleur général des armées, ainsi que les attentats contre les locaux d’Interpol et contre ceux de l’Union de l’Europe Occidentale.
Nathalie Ménigon avait préalablement (en février 1988) été condamnée à douze ans de réclusion criminelle pour les tentatives d’homicide contre les policiers dans le cadre de la fusillade de la rue Pergolèse.
Le procès de Régis Schleicher et des frères Halfen pour la tuerie de l’avenue Trudaine s’ouvre le 3 décembre 1986. Dès le début de l’audience Schleicher menace les juges et les jurés en leur promettant les « rigueurs de la justice prolétarienne »55 et refuse par la suite de comparaître. La défection de cinq jurés entraîne le renvoi du procès. En juin 1987, sept juges professionnels condamnent Schleicher à la réclusion criminelle à perpétuité. Nicolas Halfen écope de 10 ans de prison pour « association de malfaiteurs » et Claude Halfen est acquitté fautes de charges suffisantes56. Frédérique Germain, Blondblond, proche de Claude Halfen arrêtée le 31 mai 1983 lors d’un braquage et inculpée d’association de malfaiteurs est le témoin central de ce procès56.
Le premier procès de la mouvance Action directe eut lieu en janvier 1988. Vingt-quatre prévenus (dont deux détenus en Italie et un en fuite) furent jugés en correctionnelle pour association de malfaiteurs. Les peines prononcées furent les suivantes : dix ans de prison (la peine maximum) pour le « noyau dur » (Régis Schleicher, Jean-Marc Rouillan, Georges Cipriani, Vicenzo Spano, Joelle Aubron, Nathalie Ménigon, Mohand Hamami (en fuite) et Claude Halfen); huit ans d’emprisonnement pour Hélyette Bess (qui louait des planques, recherchait des appuis, transportait armes, faux papiers et numéraire); sept ans pour Salvatore Nicosia, Bruno Baudrillart (considérés comme des trésoriers de l’organisation) et Jean Asselmeyer (« soutien logistique »); cinq ans pour Dominique Poirre et Annelyse Benoit, compagnes respectives de Asselmeyer et Baudrillart (« aides médiatiques » du mouvement); six ans pour Nicolas Halfen; dix-huit mois avec sursis pour la journaliste Paula Jacques et l’écrivain Dan Franck (pour l’aide qu’ils apportèrent à Claude Halfen notamment57); Frédérique Germain fut dispensée de peine. Deux autres prévenues furent relaxés58. Lors du procès en appel, ces peines furent confirmées pour Schleicher, Rouillan, Cipriani, Spano, Aubron, Claude et Nicolas Halfen; les peines d’Helyette Bess et Jean Asselmeyer furent réduites à six ans d’emprisonnement; Nicosia fut relaxé du délit d’association de malfaiteurs et condamné à quatre ans de prison pour recel de documents administratifs et d’explosifs; Annelyse Benoît et Bruno Baudrillart furent également relaxés du même délit (mais condamnés , dans une procédure distincte, à la peine de trente mois d’emprisonnement dont quinze avec sursis pour recel, recel de documents administratifs et usage, falsifications de documents et usage)59.
En tout 22 membres d’Action directe ou de la mouvance sur 25 connus des services de police auront été arrêtés56. Manquent notamment à l’appel Mohand Hamami et Eric Moreau dont on a perdu la trace.
Pour la branche lyonnaise, André Olivier, Max Frérot et Emile Ballandras ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité en 1989 à Lyon (Frérot a été condamné une nouvelle fois à la même peine en 1992 pour l’attentat commis en 1986 contre la brigade de répression du banditisme). Bernard Blanc a été condamné à vingt ans de réclusion. Jugés une nouvelle fois en juin 1995 pour trente-trois attentats commis entre 1982 et 1986, Max Frérot, André Olivier, Bernard Blanc et Emile Ballandras ont été condamnés par la cour d’assises spéciale de Paris, composée uniquement de magistrats à 30 ans de réclusion criminelle. Joëlle Crépet, l’amie d’André Olivier, a été condamnée à six ans d’emprisonnement. Renaud Laigle a été puni de trois ans de prison. Quant à François Polak, la cour lui a infligé deux ans de prison60.
Mohand Hamami a été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité le 7 juin 1990 par la cour d’assises de Paris. Il a été déclaré coupable de l’assassinat des gardiens de la paix Claude Caiola et Emile Gondry et de tentative d’assassinat de plusieurs passants, commis le 31 mai 1983 lors de la fusillade de l’avenue Trudaine61. Selon les informations parvenues au juge Bruguière, il aurait été arrêté en Algérie puis se serait enfui en Libye. Les services secrets du colonel Kadhafi l’auraient ensuite infiltré dans des mouvements palestiniens au Liban15
Les ambiguïtés du pouvoir à l’égard d’Action directe
La doctrine Joinet
Peu après l’élection de François Mitterrand, une « cellule de dissuasion » informelle est mise en place à l’Élysée autour de François de Grossouvre. Elle est chargée de prendre contact avec les terroristes étrangers répertoriés en France (ETA, RAF, Brigades rouges) pour les convaincre de cesser toute activité sur le territoire. En contrepartie le gouvernement promet de refuser toute demande d’extradition. Cette démarche est étendue aux membres de groupes terroristes français récemment amnistiés, dont les militants d’Action directe, que l’on tente de persuader de renoncer définitivement à l’action violente62. La politique de répression policière doit désormais céder le pas à « l’antiterrorisme préventif » : le Parti Socialiste est au pouvoir depuis le 10 mai 1981 et le gouvernement se doit de donner des signaux différents, même à ceux qui ont choisi la violence pour accélérer le changement.
Gilles Kaehlin, inspecteur des Renseignements généraux qui a fait partie de la brigade du commissaire Pochon, est chargé de négocier individuellement avec chaque membre du groupe63,64 pour qu’ils renoncent à la violence ou qu’ils quittent la France. Yves Bertrand, qui fut Directeur central des Renseignements généraux, explique que Kaehlin leur versait des sommes prélevées sur les « fonds secrets » pour les aider à refaire leur vie à l’étranger65. Dans leurs ouvrages consacrés à la traque d’Action directe, les anciens policiers Jean-Pierre Pochon et Serge Savoie laissent entendre que c’est au cours de leurs entretiens avec la « cellule » que le nom de l’informateur Gabriel Chahine, à l’origine de l’arrestation de Rouillan et Ménigon, a été communiqué, directement aux membres d’Action directe ou ultérieurement via un collaborateur de l’Élysée26,66.
L’inspirateur de « l’antiterrorisme préventif » est Louis Joinet, magistrat membre du cabinet de Premier ministre Pierre Mauroy. Sa volonté de dialogue avec les terroristes ne relève pas exclusivement de considérations idéologiques. Il cherche également à dissocier les « durs » irréductibles des « mous » qui peuvent être réinsérés dans la société67. Joinet cherche à diviser ces deux camps afin de restreindre les moyens des « durs ».
Parallèlement à l’amnistie, la Cour de sûreté de l’État a été dissoute et les services de police sont incités à réorienter leur action vers les groupes d’extrême droite.
Les provocations de Rouillan
Une fois libres, les membres d’Action directe font de nombreuses déclarations publiques, se plaignant des filatures policières et mettant en cause nommément les Renseignements généraux et le commissaire Pochon. Ayant le sentiment de ne pas être soutenu par la hiérarchie, celui-ci accepte en août 1982 une affectation aux Antilles31. Jean-Marc Rouillan justifie les hold-up, qualifiés d’« opérations de financement » ou de « réappropriation ». Il fait clairement état de l’objectif d’Action directe de « destruction de la société capitaliste » et de son intention de « maintenir une politique révolutionnaire »68. Diverses actions sont menées pour obtenir la libération des détenus qui n’ont pas été libérés par l’amnistie et qui ont entamé une grève de la faim (Nathalie Ménigon, cinq personnes inculpées pour le hold-up de Condé-sur-l’Escaut en 1979 et trois militants des NAPAP : Frédéric Oriach, Michel Lapeyre et Jean-Paul Gérard). Une manifestation est organisée devant l’Élysée, des épiceries fines et des restaurants sont saccagés à Paris et en province, les locaux du Quotidien de Paris et de l’AFP sont occupés, le journal de FR3 est perturbé. En août, la police retrouve une voiture équipée d’un radio-téléphone qui a été utilisée lors d’une de ces opérations. Elle s’avère être un véhicule de fonction du député socialiste du XVIIIe arrondissement Lionel Jospin69. La voiture a été déclarée volée en juillet. Cependant selon certaines sources policières, elle aurait été prêtée aux membres d’Action directe par le député70. Les neuf détenus sont progressivement libérés en septembre et en octobre.
Avec le soutien de personnalités de gauche et d’extrême gauche, Action directe lance une maison d’édition (la Docom) et les magazines Rebelles et Sans frontière. Des traductions de publications de l’IRA, de l’ETA, des Brigades rouges et de l’OLP sont publiées, ainsi que les premiers textes théoriques : Pour un projet communiste et Sur l’impérialisme. Les membres d’Action directe mènent des actions de recrutement auprès des immigrés turcs dans les squatts du XVIIIe arrondissement. Le 7 décembre 1981 Rouillan est interpellé dans un squatt, 3, villa Poissonnière en compagnie d’Éric Waucquier, Jean Van Niewhuyze et Lahouari Benchellal. Au commissariat de la rue Doudeauville Rouillan demande à téléphoner à l’assistant parlementaire de Lionel Jospin, qui se déplace pour s’entretenir avec lui. Rouillan et ses camarades sont libérés l’après-midi même. Le 19 janvier 1982 la police procède à des interpellations dans les squatts des 10, 12 et 14, rue de la Charbonnière où Action directe avait déployé son sigle sur l’une des façades. Rouillan est interpellé en compagnie de Ménigon et Waucquier. Ils sont rapidement libérés44.
En août 1982, le gouvernement décide la dissolution d’Action directe après la fusillade de la rue des Rosiers et la revendication par Jean-Marc Rouillan d’un certain nombre d’attentats anti-américains et anti-israéliens. Des avis de recherche sont lancés par le juge Bruguière. Les « durs » d’Action directe plongent dans la clandestinité.
Les initiatives de Paul Barril
Cependant dès le 22 janvier 1983, le capitaine de gendarmerie Paul Barril, membre de la « cellule élyséenne » créée l’année précédente auprès du président Mitterrand pour contribuer à la lutte contre le terrorisme, adresse une lettre à Rouillan. Rédigé sur papier à en-tête du palais de l’Élysée et transmise par l’intermédiaire de l’avocat de Rouillan, ce courrier lui propose une rencontre afin de « mettre au point un dialogue permettant la régularisation de votre situation ». Barril précise : « Je suis habilité par la présidence pour traiter directement avec vous. »71 Cette lettre est en fait la dernière tentative de Barril, après quatre mois de pseudo-négociations avec l’avocat de Rouillan, pour obtenir la reddition de ce dernier. Paul Barril écrira plus tard que cette initiative avait eu l’aval formel de Christian Prouteau, responsable de la « cellule »72. Selon les journalistes Alain Hamon et Jean-Charles Marchand48, il est vraisemblable que le gendarme a été « mené en bateau » par Rouillan. En octobre 1983, la publication de ce courrier par la presse (notamment Le Canard Enchaîné) provoquera l’embarras de l’Élysée.
Accusations des autorités italiennes
De nombreux membres de groupes armés italiens avaient trouvé refuge en France à la fin des années 70. Ils étaient déjà une centaine lors de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Ils continuent à affluer au cours des années suivantes, jusqu’à atteindre 300 « réfugiés » en 1984. Les pouvoirs politiques et judiciaires français les considèrent avec une relative bienveillance. Cependant à partir de 1982, les autorités italiennes multiplient les mandats d’arrêt internationaux. La justice française les classe généralement sans suite. Dans les rares cas où la chambre d’accusation émet un avis favorable à l’extradition, le gouvernement ne la fait pas exécuter11. En août 1984, dans un entretien avec le Corriere della Sera, le ministre de l’Intérieur italien Oscar Luigi Scalfaro exprime son indignation face à cette situation, expliquant notamment : « Quand je pense qu’il y a 300 terroristes en France, traités comme s’ils étaient les frères Rosselli persécutés par le fascisme, je deviens violacé de rage ! »
Gilles Ménage admet que le pouvoir socialiste a « tardé à bien mesurer combien la colonie de réfugiés italiens constituait un milieu propice au développement des activités clandestines »11. De fait, Olga Girotto (Prima Linea), Franco Pinna, Enrico Bianco, Oriana Marchioni, Elisabetta Grasso, Vincenzo Spano (Brigades Rouges), Franco Fiorina, Gloria Argano (COLP) ont participé à des braquages de banque en France aux côtés de membres d’Action directe à partir de 1980. Ils ont été arrêtés, puis remis en liberté. Cirro Rizzato (Prima Linea) a été abattu lors d’un hold-up auquel il participait avec Régis Schleicher.
En janvier 1985, le juge italien Rosario Priore accuse la France « d’abriter une multinationale du terrorisme »73. Le juge antiterroriste Armando Spataro déclare : « Je soutiens que la France ne respecte pas les conventions internationales en matière d’extradition. Je citerai un exemple : celui d’Oreste Scalzone. La chambre d’accusation a exprimé un avis favorable à l’extradition, et c’est le pouvoir politique qui a dit non »74. Il cite également en exemple le cas du journaliste Jean-Louis Baudet, proche d’Action directe, que les juges italiens considèrent comme l’élément de liaison entre les terrorismes allemands, italiens et français. Celui-ci et sa compagne Catherine Legagneur, qui se déclare sympathisante des Brigades rouges et de l’OLP, ont été arrêtés le 17 novembre 1983 pour possession d’armes, d’explosifs et de documents administratifs vierges ou falsifiés.
Pour sa défense, Baudet explique qu’il a été chargé, peu après l’arrivée des socialistes au pouvoir, de récupérer les armes des terroristes et de les convaincre d’abandonner la lutte armée. Il déclare travailler en liaison avec des personnes proches de l’Elysée, dont l’inspecteur Gilles Kaehlin48. Jean-Louis Baudet a été condamné le 4 juillet 1984 à quatre ans de prison pour infraction à la législation sur les armes et les munitions. Catherine Legagneur a été condamnée pour ces mêmes faits à deux ans de prison avec sursis. Le juge Spataro questionne : « Nous voudrions connaître des autorités françaises la conclusion de leur enquête sur les mandataires de Baudet et les objectifs qu’ils poursuivaient. Pourquoi la France maintient-elle une telle attitude, alors que les terroristes italiens sont impliqués dans des affaires très graves, par exemple l’assassinat de deux gendarmes avenue de Trudaine à Paris en mai 1983 ? »74
Début 1985, sur 53 « cas sérieux » de demandes d’extradition transmises par la justice italienne et examinés par la Chancellerie, 39 avaient été classés sans suite, 1 avait fait l’objet d’un avis défavorable de la chambre d’accusation et 5 d’un avis favorable, sans que le gouvernement ait accepté leur extradition. Huit étaient toujours pendants11.
Le 22 février 1985, lors d’une conférence de presse commune avec le Président du conseil italien Bettino Craxi, François Mitterrand définit la « doctrine Mitterrand » concernant les « réfugiés » italiens : « Le cas particulier qui nous est posé et qui alimente les conversations, est celui d’un certain nombre d’Italiens venus, pour la plupart, depuis longtemps en France. Ils sont de l’ordre de 300 environ – plus d’une centaine était déjà là avant 1981 – qui ont d’une façon évidente rompu avec le terrorisme. Même s’ils se sont rendus coupables auparavant, ce qui dans de nombreux cas est probable, ils ont été reçus en France, ils n’ont pas été extradés, ils se sont imbriqués dans la société française (…). Ils posent un problème particulier sur lequel j’ai déjà dit qu’en dehors de l’évidence – qui n’a pas été apportée – d’une participation directe à des crimes de sang, ils ne seront pas extradés75. » En application de ces principes, il fallut attendre 2002 pour que la France extrade un ancien membre des Brigades rouges.
Les justifications de François Mitterrand
En octobre 1985, une rencontre a lieu en Belgique entre Jean-Marc Rouillan et le conseiller politique d’un ministre du gouvernement Fabius. Selon Jean-Pierre Pierre-Bloch et André Santini, cette rencontre a pour objet de « proposer une trêve » et un « billet de retour en France » aux membres d’Action directe en fuite70. Les deux élus UDF accusent les socialistes de « favoriser le terrorisme tout en déclarant vouloir le combattre ».
Le 23 février 1987, peu après l’arrestation des quatre dirigeants d’Action directe, le président Mitterrand est questionné sur l’amnistie dont ils ont bénéficié en 1981. Il rappelle que, sur les quatre, seul Jean-Marc Rouillan a bénéficié de l’amnistie. Il s’emploie également à en minimiser les effets, assurant : « si Rouillan n’avait pas été amnistié, il tombait sous le coup de la loi : il était coupable de délit, il n’était pas coupable de crime. Il eut été frappé d’une peine que je ne peux imaginer puisqu’il n’avait pas été jugé, qui n’aurait pas dépassé quelques mois, en raison de la relation qu’il y a entre la faute que l’on commet et la peine qu’on a subie. Cela, c’est notre code pénal. Il serait donc de toute façon libéré depuis 1981 ou début 1982, dans l’hypothèse où il serait passé en jugement et où il aurait été condamné »76. Cette affirmation est douteuse dans la mesure où, en 1981, Rouillan était suspecté de détention d’armes et d’explosifs, d’usage de faux papiers, de vols à main armée et de onze attentats.
Gilles Ménage, ayant exercé plusieurs postes clés au sein du cabinet de la Présidence de la République sous François Mitterrand, admet pour sa part que les premiers mois du septennat de François Mitterrand ont été marqués par des hésitations à l’égard d’Action Directe. Il met cependant en cause la politique menée avant 1981 « marquée par une faiblesse tout aussi flagrante » dans l’action contre le terrorisme. Cette faiblesse est notamment illustrée par les diverses arrestations de Jean-Marc Rouillan tout au long des années 70 et la légèreté des condamnations qu’il eut à subir. Il considère, que, passé les premiers mois, l’action des gouvernement socialistes fut caractérisée par une « détermination sans faille ». À l’appui de cette affirmation, il explique que dix-huit des vingt-deux personnes citées à comparaître lors du procès de la mouvance Action Directe en janvier 1988, avaient été arrêtées avant mars 198611.
Incarcération et processus de libération
La peine de Joëlle Aubron a été suspendue en juin 2004 pour raisons de santé. Elle meurt à Paris le 1er mars 2006 d’un cancer du poumon.
Les demandes de libération anticipée de Régis Schleicher ont été plusieurs fois repoussées par le tribunal de l’application des peines. Le 23 juillet 2009, il lui est accordé un régime de semi-liberté77. Il a publié Clairvaux, instants damnés, un livre où il évoque le quotidien des détenus condamnés à de longues peines.
Les demandes de semi-liberté de Georges Cipriani ont été plusieurs fois rejetées (en 2005, 2007 et 2009). Ce régime lui est finalement accordé en 201078. Le 3 mai 2011, la Cour d’Appel de Paris lui octroie une libération conditionnelle79.
Le 10 mai 2007, le tribunal d’application des peines de Paris a accordé un régime de semi-liberté à Nathalie Ménigon, emprisonnée depuis 1987. Elle travaillera la journée et retournera dormir en prison, mais le parquet a immédiatement fait appel de cette décision. Le jeudi 19 juillet 2007, la Chambre d’application des peines de la Cour d’Appel de Paris lui a finalement accordé le régime de semi-liberté80.
Nathalie Ménigon, à qui un régime de semi-liberté a été accordé à partir du 2 août, a été transférée mardi 24 juillet 2007 du centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. Ce régime de semi-liberté est un préalable à une mesure de libération conditionnelle81, finalement accordée le 17 juillet 2008. Elle est libérée en régime de libération conditionnelle le 2 août 2008 sur décision du tribunal de l’application des peines de Paris, après plus de vingt ans de prison82.
De ses années de prisons, il lui reste de graves séquelles physiques d’une hémiplégie due à deux accidents vasculaires cérébraux83.
Jean-Marc Rouillan a tenu une chronique sur l’univers carcéral dans le journal CQFD. Il a obtenu un régime de semi-liberté à partir du 17 décembre 200784. Cette semi-liberté a été révoquée en octobre 2008 à la suite de propos tenus lors d’une interview donnée au magazine L’Express85. Il obtient à nouveau en mai 2011 une mise en semi-liberté effective le 19 mai 201286.
En 2003, Helyette Bess est placée sous contrôle judiciaire dans une enquête pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, falsification de documents administratifs et contrefaçon87 dans l’affaire du (nuovo) Partito Comunista Italiano88.
Soutiens
Depuis l’arrestation de plusieurs des membres d’Action directe et jusqu’à aujourd’hui, des groupes d’extrême-gauche, tel le Comité Unitaire pour la Libération des Prisonniers politiques, le Comité Unitaire de Défense des Prisonniers politiques, le Collectif pour la libération des Militant-e-s d’Action directe89 ou encore Secours rouge (Secours rouge/Association des Parents et Amis des Prisonniers communistes), mais aussi la Ligue des droits de l’homme90 militent pour leurs libérations. Parmi les organisations politiques, l’Organisation communiste marxiste-léniniste Voie prolétarienne fera du soutien aux prisonniers d’Action Directe une « question de principe »91.
Le 20 février 2006, une bombe explose à Berlin. Le 25 février 2006, un attentat vise Renault à Athènes, ne faisant que des dégâts matériels, en « Solidarité avec les prisonniers » d’Action directe92.
Connexions
Le hold-up de Condé-sur-l’Escaut
Le 28 août 1979, une attaque à main armée a lieu à la perception de Condé-sur-l’Escaut (Nord). Six malfaiteurs masqués (dont une femme) s’emparent de 16,3 millions de francs, destinés au paiement en liquide des pensions trimestrielles des retraités des mines. Le hold-up a été exécuté de façon quasi-militaire à la manière d’une action de commando. L’enquête s’oriente vers des anciens membres des GARI en liaison avec les Brigades rouges et des groupes terroristes français93. Un suspect est arrêté trois mois plus tard. Il s’agit d’un ressortissant espagnol nommé José de Miguel Martin, membre du Groupe autonome de Madrid. Lui et son amie Annie Cuadrado sont connus des Renseignements généraux pour leur sympathie envers la Gauche prolétarienne et les GARI. À son domicile, les policiers retrouveront des faux papiers, des chéquiers, les radios qui ont servi au commando ainsi qu’une somme de 1.700.000 francs provenant du hold-up.
Le 28 mars 1980, en même temps que le coup de filet opéré contre Action directe, quatre Italiens – trois hommes et une femme – sont interpellés au Brusc, près de Toulon, par les polices judiciaires de Nice et de Lille. Une partie du butin est retrouvée (150.000 francs), ainsi que des armes de guerre et des faux papiers semblables à ceux retrouvés chez les membres d’Action directe. Franco (ou François) Pinna (ou Pina), Enrico Bianco, Luigi Amadori et Oriana Marchionni, épouse d’Enrico Bianco, font partie des Brigades rouges25 et avaient des liens avec Action directe.
Le dossier est confié à la Cour de sûreté de l’État. En juin 1981, huit autres personnes sont inculpés par le juge Michel Legrand de « crimes commis en relation avec une entreprise tendant à entraver l’exercice de l’autorité de l’État ». Il s’agit de six Français (Jean-Pierre Cazenave-Laroche, Floreal Cuadrado, Raymond Delgado, Annie Dessaux, Angela Herbon, Martine Fournier et Sylvie Porte) et un Allemand (Werner Witteman). Cuadrado et Delgado sont des anarchistes espagnols qui ont côtoyé Rouillan au sein des GARI52.
Le 17 juillet 1981, l’Assemblée nationale vote la suppression de la Cour de sûreté de l’État. Le 23 juillet, celle-ci se dessaisit du dossier de Condé-sur-l’Escaut en considérant que « rien ne permet de penser qu’il s’agit d’un acte subversif dirigé contre l’État français ». L’affaire retourne au tribunal de Valenciennes94.
Les inculpés échappent donc à l’amnistie votée le 4 août 1981. Après des manifestations diverses (cf supra), l’intervention de personnalités et groupements de gauche ou d’extrême-gauche95 et une grève de la faim, les cinq derniers détenus dans le cadre de cette affaire seront libérés en octobre 1981 pour « raison médicale » en même temps que Nathalie Ménigon.
Un procès aura finalement lieu devant la cour d’assises de Douai à partir du 17 avril 1989, soit dix ans après les faits. Le parquet rejette les motivations politiques mises en avant par les accusés et soutient qu’il s’agit d’une affaire de droit commun. Sept accusés sont présents. Les débats portent essentiellement sur l’application de la loi d’amnistie d’août 1981. Quatre accusés de complicité et de recel de vol avec armes sont acquittés (Martine Fournier, Sylvie Porte, Annie Dessaux et Jean-Pierre Cazenave-Laroche). Raymond Delgado est reconnu coupable de complicité et Floréal Cuadrado coupable de recel. La Cour d’assises les fait cependant bénéficier de l’amnistie. Seul Luigi Amadori est condamné à quatorze mois de prison pour recel simple, probablement en raison du fait qu’il s’est acheté un voilier avec l’argent recelé et qu’il était détenu pour une affaire de drogue au moment du procès96.
Gilles Ménage tient pour acquis qu’une bonne part du butin de ce hold-up fut remis au groupe Action Directe11.
Les explosifs de Rochebesse
Le 18 septembre 1980, quelques jours après l’interpellation de Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan, deux autres suspects sont arrêtés. Il s’agit de Laurent Louessard, étudiant en sciences économiques et surveillant d’externat au lycée Carnot à Paris97, et de son amie espagnole : Maria Pilar Arago-Eltur, employée dans un institut de sondage. Ils ont été tous deux signalés dans la mouvance d’Action directe. Ils sont suspectés d’avoir établi des liens avec des groupes terroristes italiens (Prima Linea) et espagnols (ETA militaire).
Maria Pilar Arago-Eltur reconnaît avoir participé à la création d’Action directe en 1979 avec Laurent Louessard, Carlos Jaurégui, Mireille Munoz, Ménigon et Rouillan. Elle indique que le groupe a financé ses premières actions avec l’argent provenant d’un hold-up commis fin juillet 1979 à la BNP, avenue de Villiers à Paris25. Louessard, Jaurégui, Rouillan, Ménigon ont participé à ce hold-up avec trois de leurs proches : Serge Fassi, Pascal Trillat et Pedro Linares Montanes.
Au cours de leur interrogatoire, les deux jeunes gens révèlent l’existence d’un important dépôt d’explosifs au sein d’une communauté « hippie » au lieu-dit de Rochebesse, sur la commune de Chanéac en Ardèche. Les 600 kg d’explosifs découverts lors des perquisitions du 27 mars proviennent de ce dépôt.
La communauté de Rochebesse est connue des forces de l’ordre. Elle s’est implantée en 1969 dans un hameau isolé, sous la houlette de Pierre Conty, soixante-huitard grenoblois98. Avec ses amis adeptes du retour à la terre, il a pris possession de plusieurs masures délabrées et élève quelques dizaines de brebis et des vaches. Au fil des années, les rapports se sont tendus avec le voisinage. Les membres de la communauté se livrent à des larcins et se bagarrent avec les paysans. Le 24 août 1977, Conty et deux membres de la communauté (Stéphane Viaux-Peccate et Jean-Philippe Mouillot) commettent un hold-up au Crédit Agricole de Villefort en Lozère. Au cours de leur fuite, Conty blesse grièvement un gendarme (qui mourra quelques semaines plus tard) et abat de sang-froid deux villageois. Jean-Philippe Mouillot se livre à la justice peu après. Stéphane Viaux-Peccate est arrêté en Hollande lors d’une enquête sur la bande à Baader99. Ils seront condamnés en mai 1980 respectivement à 5 et 18 ans de réclusion criminelle. Surnommé « le tueur fou de l’Ardèche », Pierre Conty, qui n’a pas été arrêté, est condamné à mort par contumace100.
À la suite des révélations de Laurent Louessard et Maria Pilar Arago-Eltur, la brigade criminelle, la police judiciaire de Montpellier et les gendarmes investissent Rochebesse le 23 septembre 1980. Marie-Thérèse (Maïté) Merlhiot, l’ancienne compagne de Conty est interpellée en compagnie de deux amis vivant avec elle au hameau de Treynas : Bruno Darribère et Jean-Pierre Bolognini. Dans une cache dissimulée sous des éboulis, les policiers découvrent 1.250 kilos d’explosifs, des fusils, des carabines et plusieurs centaines de cartouches. Une partie des explosifs provient d’un vol commis dans une carrière de l’Isère en 1975. C’est Bruno Darribère qui a indiqué à Laurent Louessard l’existence de ce dépôt. Pendant l’hiver 1979, Laurent Louessard et Philippe Franc ont transporté une partie de ces explosifs à Paris101.
Frédéric Oriach
Frédéric Oriach a longtemps été soupçonné de faire partie des dirigeants d’Action Directe. L’intéressé s’en est défendu, tout en déclarant publiquement approuver certains attentats commis par le groupe. Par ailleurs, Oriach a été proche de Pierre Carette, fondateur des Cellules communistes combattantes102. Ce groupe belge a commis diverses actions en commun avec Action directe, notamment des vols d’explosifs et le partage d’armes et de planques103
Dans la nuit de 12 au 13 mai 1977, Frédéric Oriach, Michel (Mickel) Lapeyre et Jean-Pierre Gérard sont interpellés par des gardiens de la paix rue Bobillot (Paris XIIIe arrdt). Les trois hommes sont tous armés. Oriach est porteur d’un revolver de type Magnum et Gérard d’un autre pistolet de calibre 7,65, qui a « servi » pour l’assassinat de Joaquin Zenteno Anaya, ambassadeur de Bolivie en France le 11 mai 1976 et pour l’attentat contre Bartholome Garcia Platta-Valle, attaché militaire à l’ambassade d’Espagne à Paris le 8 octobre 1975. Lapeyre est en possession d’un pistolet 11,43 qui a été utilisé pour l’assassinat de Jean-Antoine Tramoni le 23 mars 1977 à Limeil-Brévannes. J.-A. Tramoni est le vigile de la régie Renault qui a abattu le militant maoïste Pierre Overney lors d’une manifestation aux portes des usines Renault le 25 février 1972. Dans leur voiture et à leurs domiciles respectifs, les enquêteurs saisissent diverses armes de guerre, des postes émetteurs-récepteurs et divers documents : tracts et fiches mentionnant des immatriculations et des relevés de trajet de véhicules des ambassades d’Israël et d’Iran.
Les enquêteurs soupçonnent Oriach et ses amis de deux autres attentats au cours desquels un diplomate uruguayen a été tué et un conseiller d’ambassade iranien a été grièvement blessé. Oriach, Lapeyre et Gérard déclarent faire partie des NAPAP et se refusent à toute autre déclaration. Ils rejoignent en prison trois membres présumés des NAPAP arrêtés le 31 mars : Henri Savouillan, Maurice Marais et Egbert Slaghuis, suspectés d’avoir fourni l’arme et les projectiles qui ont tué Jean-Antoine Tramoni. Un septième suspect, soupçonné d’avoir assassiné J.-A. Tramoni, est arrêté le 3 décembre : Christian Harbulot104. Il sera libéré après plusieurs mois de détention préventive et obtiendra un non-lieu dans cette affaire.
Le 23 mars 1978, Oriach, Lapeyre et Gérard sont condamnés pour détention d’armes prohibées à 7 ans de prison dont 5 ans ferme. En appel, leur peine est ramenée à cinq ans de prison, dont un avec sursis. Libérés en mai 1980, ils sont arrêtés en juillet de la même année par une patrouille de police peu après un attentat commis contre les locaux des chemins de fer allemands (Bundesbahn) rue Condorcet à Paris IXe. Lapeyre et Gérard reconnaissent leur participation à l’attentat. Le 14 septembre 1981, les trois hommes bénéficient de l’amnistie présidentielle, en vertu d’une décision de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Paris. Cette décision intervient après diverses manifestations violentes de groupes d’extrême-gauche réclamant leur libération, ainsi que celle de Nathalie Ménigon et des sept inculpés pour l’attaque à main armée de Condé sur l’Escaut.
Le 12 octobre 1982, Frédéric Oriach est arrêté à Paris par la Brigade de recherches et d’intervention et inculpé « d’association de malfaiteurs ». Il venait de se rendre à la gare du Nord pour consulter des documents déposés dans une consigne. Il s’agit de fiches concernant des objectifs d’attentats réalisés ou potentiels; parmi les documents saisis se trouve également une sorte de mémoire rédigé par Oriach concernant les actions menées par Action directe au cours de l’été 1982. Ce texte, dans lequel Oriach parle de « notre groupe » et de « notre action », tend à démontrer que les membres d’Action directe ont participé à plusieurs attentats, notamment celui de l’avenue de la Bourdonnais le 21 août (deux artificiers de la Préfecture de police tués en tentant de désamorcer une bombe placée sous la voiture du conseiller commercial de l’ambassade des États-Unis) et celui de la rue Cardinet commis le 17 septembre (trois diplomates israéliens grièvement blessés, ainsi qu’une quarantaine d’élèves du lycée Carnot). Ces deux attentats avaient également été revendiqués par les Factions armées révolutionnaires libanaises (FARL).
En avril 1983, un commando d’une dizaine de personnes saccage le musée de la Légion d’honneur et y laisse des tracts réclamant la libération de Frédéric Oriach. Une dizaine de personnes est interpellée à la suite de ce saccage, parmi lesquels Martine da Silva et Christian Gauzens, amis d’Oriach105.
En avril 1985, dans un courrier adressé au journal Le Monde, Oriach nie avoir jamais été proche d’Action directe106
Crimes et attentats
Article détaillé : Chronologie des attentats commis par Action directe.
Le groupe Action directe a revendiqué plusieurs actions (mitraillage, braquage, plasticage, assassinat). À partir de juin 1984, Action directe signe ses attentats et ses tracts en utilisant des noms de commandos pour donner une symbolique forte à ses actions et pour créer l’illusion du nombre.
De nombreux vols à main armée n’ayant pas entraîné mort d’homme ont été revendiqués par le groupe comme des « expropriations prolétariennes ». Durant sa première période, plusieurs attentats dans des zones d’opération d’Action directe seront commis. Si le mode opératoire, les revendications et les cibles peuvent les rattacher au groupe, ils seront revendiqués sous différents noms. La police française considérera ces attentats comme commis par la mouvance Action directe : Action directe du 27-28 mars, CLODO, Groupe Bakounine-Gdansk-Paris-Guatemala-Salvador, Jeune Taupe, Casse-Noix, Moutons enragés, Nous, B.A.D.I.N.T.E.R. (du nom du ministre de la justice d’alors, Robert Badinter, Bombeurs anonymes pour la défense des incarcérés très excités par Robery), Germain, Comité Riposte à la répression en Algérie56. La « menace » d’une résurgence d’Action directe ou d’un nouveau groupe terroriste à la manière d’Action directe est fréquemment agitée même si ce n’est pas toujours pertinent. Par exemple Florence Rey et Audry Maupin seront décrit par une partie de la presse et des enquêteurs comme un couple « à la Rouillan et Ménigon »107. Ces deux anarchistes autonomes avaient pris d’assaut une préfourrière de la police. Ce braquage qui n’avait pas pour but de faire des morts a dérapé en une course-poursuite à travers Paris et des échanges de coups de feu avec la police résultant en la mort de cinq personnes, dont Audry Maupin.
Évocation de réactivations possibles du groupe Action directe
En 2009, Julien Coupat et le groupe de Tarnac sont présentés par Michèle Alliot-Marie comme des « héritiers en puissance d’Action directe ». La ministre de l’intérieur évoque le retour du terrorisme de « l’ultra gauche »108. Julien Coupat et ses proches sont accusés d’avoir placé des crochets pour bloquer la circulation de TGV et d’avoir écrit un livre « l’insurrection qui vient ». Non seulement les faits ne sont pas prouvés, mais au point de vue de l’idéologie les spécialistes jugent que « Julien Coupat n’a rien à voir avec Jean-Marc Rouillan »109.
En février 2011, six commissariats des Hauts de Seine reçoivent une lettre présentant « la réactivation d’Action directe ». Le tract annonce des actions contre la police dans la lignée du combat de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron. Même si l’on ne sait pas si la menace était réelle, elle a été prise au sérieux par la justice qui a saisi la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris dans les heures qui ont suivi110. Ces références régulières à Action directe montrent que le souvenir du mouvement et de ses attentats reste toujours présent dans la mémoire collective.
Bibliographie
Études sur Action directe
- Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, Action directe. Du terrorisme français à l’euroterrorisme, Le Seuil 1986
- Roland Jacquard, La longue traque d’Action directe, Albin Michel, 1987
- Michael York Dartnell, Action directe : ultra-left terrorism in France, London 1995
- Loïc Debray, Jean-Pierre Duteuil, Philippe Godard, Henri Lefebvre, Catherine Régulier, Anne Sveva, Jacques Wajnsztejn, Paroles Directes. Légitimité, révolte et révolution : autour d’Action directe, Acratie 1990
- Jean-Pierre Pochon, Les stores rouges, Édition des Équateurs, 2008
- Serge Savoie, La traque d’Action Directe, Nouveau Monde Éditions 2011
- Fanny Bugnon, « »Le sang et les confitures ». Les procès d’Action directe dans la presse française », dans André Rauch et Myriam Tsikounas (dir.), La justice et les représentations du crime, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, p. 153-165.
- Fanny Bugnon, « La médiatisation. Le cas des femmes d’Action directe » [archive], dans Coline Cardi et Geneviève Pruvost (dir.), Penser la violence des femmes, Paris, La Découverte, 2012, p. 361-374.
- Fanny Bugnon, Les « amazones de la terreur ». Sur la violence politique des femmes, de la Fraction armée rouge à Action directe [archive], Paris, Payot, 2015 (ISBN 9782228913140).
Témoignages relatifs au parcours d’Action directe
- Floréal Cuadrado, Comme un chat. Souvenirs turbulents d’un anarchiste, faussaire à ses heures, vers la fin du vingtième siècle, Éditions du Sandre, 2015, (ISBN 978-2-35821-105-5).
Ouvrages des membres d’Action directe
- Action directe, Pour un projet communiste, Docom 1982
- Action directe, Textes de prison, 1992-1997, Jargon libre 1997
- Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Régis Schleicher, Le Prolétaire précaire, Acratie 2000
- Jean-Marc Rouillan, Je hais les matins, Denoël 2001
- Jean-Marc Rouillan, Glucksamschlipszig, le roman de gluk, L’esprit frappeur no 115, 2003, (ISBN 978-2-84405-195-0)
- Jean-Marc Rouillan, De mémoire (1), Les jours du début: un automne 1970 à Toulouse, Agone, 2007, (ISBN 978-2-7489-0069-9)
- Régis Schleicher, Clairvaux, instants damnés, L’Éditeur, 2010
Ouvrages connexes
- Jean-Claude Lutanie, Protestation devant les libertaires du présent et du futur sur les capitulations de 1980, sans mention d’éditeur, 1981, puis réédité en 2011 aux Éditions Lutanie [archive]
Filmographie
- A.D. La guerre de l’ombre (Téléfilm), 2008.
- La prisonnière du pont aux Dions, Gaël Lépingle, 2005111.
Documentaires télévisés
- Action directe : la révolution à tout prix, de Jean-Charles Deniau, sur France 3 – Théophraste, 2001.
- « Action directe, l’assassinat de Georges Besse » en février 2005, novembre 2006, septembre 2007 et novembre 2009 dans Faites entrer l’accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2.
- Ni vieux, ni traîtres, de Pierre Carles et Georges Minangoy, 2006.
- « Action directe, un terrorisme à la française » le 13 décembre 2013 dans 50 ans de faits divers sur 13e rue et sur Planète+ Justice de Clémence Badault (2006).
- Histoire secrète d’Action directe, de Romain Icard, 2009, sur LCP.
Notes et références
- ↑ (fr)Serge Cosseron, Dictionnaire de l’extrême gauche, Larousse, collection À présent, 2007 (ISBN 978-2-03-582620-6) p. 61
- ↑ Selon la police en 1989 in (en) Michael Dartnell, Action directe: ultra-left terrorism in France, 1979-1987, Paris, 1995, 224 p. (ISBN 0714645664, lire en ligne [archive]), p. 173
- ↑ http://www.globalterrorwatch.ch/?p=292 [archive]
- ↑ a et b Jean-Guillaume Lanuque, « Action Directe. Anatomie d’un météore politique » [archive], sur www.dissidences.net, Dissidences, février 2006 (consulté le 29 juin 2011)
- ↑ Michaël Prazan, Une histoire du terrorisme, Flammarion, 2012, p. 330
- ↑ Décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement de fait dénommé Action Directe [archive] – Journal officiel de la République française, 25 août 1982 [PDF]
- ↑ La France face au terrorisme : Livre blanc du Gouvernement sur la sécurité intérieure face au terrorisme – Ministère des Affaires étrangères [archive]
- ↑ http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/01/31/01001-20080131ARTFIG00622-mam-je-veux-mettre-fin-a-la-propagande-terroriste.php [archive]
- ↑ Edgar Roskis, « Les prisons françaises, d’Action directe aux droits communs », Le Monde diplomatique, juillet 2001 (lire en ligne [archive])
- ↑ a et b Jean-François Gayraud, Histoire politique d’une organisation communiste combattante, Révolution et lutte armée en France 1969-1987 – Action directe ». Notes & Études de l’Institut de Criminologie 7 et 8, numéro double – octobre – décembre 1988 [archive] http://www.theyliewedie.org/ressources/biblio/fr/Anonyme_-_Revolution_et_lutte_armee_en_france.html [archive]
- ↑ a, b, c, d, e, f, g, h et i Gilles Ménage, L’œil du pouvoir, t 2, Face aux terrorismes, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2000, 545 p. (ISBN 2-213-60491-6)
- ↑ Julien Fragnon (docteur en science politique, Université de Lyon), Attentats politique en Europe [archive] Encyclopédie de la culture politique contemporaine, sous la direction d’Alain Renaut, 2008, pages 323 et suivantes.
- ↑ Selon Maria Pilar Arago-Eltur, militante d’Action directe arrêtée le 18 septembre 1980 (cf infra), la décision de créer le groupe a été prise au printemps 1979, au cours de réunions auxquelles participaient Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Carlos Jaurégui, Mireille Munoz, Laurent Louessard et elle-même ; l’appellation Action directe a été choisie sur proposition de Carlos Jaurégui (cité dans Marcel Leclerc : De l’antigang à la criminelle – Plon 2000 et Jean-Pierre Pochon : Les stores rouges – Édition des équateurs 2008)
- ↑ L’action directe est l’action sociale directe des masses, sans intermédiaire politique qui parle en leur nom, qu’il soit parlementaire ou avant-garde. Elle n’a donc rien à voir avec la propagande par le fait pratiquée par le groupe AD. Cf. la brochure L’Action Directe rédigée par Émile Pouget, l’« inventeur » du concept.
- ↑ a, b et c Jean-Louis Bruguière, Ce que je n’ai pas pu dire, entretiens avec Jean-Marie Pontaut, Robert Laffont 2009.
- ↑ Le Monde, 14 février 1985.
- ↑ Remarquons cependant qu’en novembre 1992, peu après le procès de Max Frérot, le « Comité de lutte des prisonniers d’Action directe » publia un texte sévère à l’encontre de la « branche lyonnaise ». Intitulé « Du militarisme aux divagations réactionnaires », les auteurs y définissent les membres originels de cette branche comme « une coordination de militants communistes assurant historiquement la continuité du mouvement mao (ex-gauche Prolétarienne) ». Le texte met en cause des « errances comme le localisme réducteur, le clanisme et son chapelet de personnalisme et d’autoritarisme ». Il explique : « Pour être tout à fait clair : dès l’hiver 79-80, la structure lyonnaise, toujours plus réduite à son unité armée et à sa praxis ; ne pouvait plus se présenter comme interne à l’organisation Action directe. » Il critique ensuite « la manie militariste face à la stratégie de guerre révolutionnaire » et « la fausse solidarité avec le prolétariat immigré ». (Textes de prison 1992-1997 – http://www.action-directe.net/userimages/tdp.pdf [archive]).
- ↑ Christophe Bourseiller, Les maoïstes. La folle histoires des gardes rouges français, Éditions Plon, pages 430 et 431.
- ↑ [PDF] Action directe, Textes de prison 1992-1997, Éléments chronologiques [archive].
- ↑ L’histoire secrète d’Action directe, enquête filmée diffusée sur Canal + le 16 octobre 2009 – http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/action-directe-manipule-de-l-63322 [archive]
- ↑ Dominique Lorentz, Une guerre, Les Arènes 1997
- ↑ Par ailleurs, l’ingénieur général René-Pierre Audran était responsable des contrats d’armement avec l’Irak, en guerre avec l’Iran depuis 1980. Il a supervisé en juillet 1984 une négociation avec l’Iran portant sur des ventes d’armes ; or celle-ci a été brutalement interrompue par le gouvernement français en septembre (Charles Villeneuve et Jean-Pierre Péret, Histoire secrète du terrorisme, Plon 1987).
- ↑ Yves Bonnet, Contre-espionnage, Calmann-Lévy 2000.
- ↑ Information mentionnée dans une note manuscrite d’André Olivier retrouvée dans une « planque » stéphanoise de la Branche lyonnaise (Roland Jacquard, La longue traque d’Action directe, Albin Michel 1987
- ↑ a, b, c et d Commissaire Marcel Leclerc, De l’antigang à la criminelle, Plon 2000
- ↑ a et b Serge Savoie, RG, La traque d’action directe, Nouveau Monde Éditions, 2011, 270 p.
- ↑ Le Monde 4.04.1980 Déférés à la Cour de sûreté de l’État dix-neuf terroristes présumés ont été écroués
- ↑ a et b Jean-Pierre Pochon, Les stores rouges, Édition des équateurs (2008)
- ↑ a, b et c Artiste d’origine égyptienne, alias « Youssef », qui a infiltré l’Extrême gauche et qui sera abattu par Action Directe en 1982, son nom ayant été donné par un membre des RG affecté à l’Élysée en 1981
- ↑ a et b Communiqué commun [archive]
- ↑ a et b Cette suspension ne concerne pas les hold-up, considérés comme des « opérations de financement » par Action directe
- ↑ Gilbert Thiel, Magistrales insomnies, Fayard, 2005
- ↑ a et b Jacques Leclercq, Dictionnaire de la mouvance droitiste et nationale de 1945 à nos jours , L’Harmattan, Paris, 2008 (ISBN 978-2-296-06476-8)
- ↑ http://www.action-directe.net/userimages/tdp.pdf [archive]
- ↑ Patrice Lastère, Un flic passe aux aveux, Paris, JC Lattès, 2013, 284 p.
- ↑ Paris-Match, avril 1982 – cité dans Les stores rouges
- ↑ Selon Charles Villeneuve et Jean-Pierre Peret, Mohand Hamami était lié aux milieux du terrorisme proche-oriental et notamment aux Farl de Georges Ibrahim Abdallah (Histoire secrète du terrorisme – Plon 1987).
- ↑ Jean-François Gayraud, Histoire politique d’une organisation communiste combattante (http://www.theyliewedie.org/ressources/biblio/fr/Anonyme_-_Revolution_et_lutte_armee_en_france.html [archive]) et Charles Villeneuve et Jean-Pierre Péret Histoire secrète du terrorisme, Plon 1987
- ↑ Laurent Greilsamer, Les plumes et le goudron, Le Monde du 10.06.1983
- ↑ Philippe Boggio, « Les policiers toulousains s’interrogent sur les liens entre les milieux anarchistes des antinucléaires et Action directe », Le Monde, 16 décembre 1982 (lire en ligne [archive])
- ↑ Révolution et lutte armée en France 1969-1987 – Action directe ». Notes & Études de l’Institut de Criminologie no 7 et 8, numéro double – octobre – décembre 1988 [archive]
- ↑ Mitraillage de la voiture d’un fonctionnaire de l’ambassade d’Israël (1er août) et attentats contre une agence de la Discount Bank (7 août) et la société Nemor (8 août) – Le Monde du 14.08.1982
- ↑ Il semblerait que ces attentats contre des objectifs israéliens et juifs, commis peu avant et peu après la fusillade de la rue des Rosiers et critiqués par certains militants, aient accéléré la scission au sein d’Action directe. Un communiqué transmis au nom d’Action directe à l’AFP et à Libération évoque en effet son « éclatement » (…) « à la suite des pratiques autoritaires et bureaucratiques d’un des collectifs d’Action directe. » (Le Monde, 14.08.1982)
- ↑ a et b Entretien à Libération, 17.08.82
- ↑ http://policehommage.blogspot.fr/1982/08/mauron-le-dreau-attentat-farl-paris-1982.html [archive]
- ↑ Le Monde 24.02.1987 Les années de cendre et de sang
- ↑ Page dédiée à l’évènement sur le site non officiel des policiers français morts en service: http://policehommage.blogspot.fr/1983/05/emile-gondry-claude-caiola-trudaine-1983-action-directe.html [archive]
- ↑ a, b et c Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, Action directe, du terrorisme français à l’euroterrorisme, Le Seuil 1986
- ↑ Gilbert Thiel, Solitudes et servitudes judiciaires: Le juge antiterroriste : juge ou partie ?l [archive]
- ↑ Georges Marion, Objectif Action directe, Le Monde 2.03.97
- ↑ Action directe, un terrorisme à la française, film documentaire de Clémence Badault (2006) https://www.dailymotion.com/video/x164nck_50-ans-de-faits-divers-action-directe-un-terrorisme-a-la-francaise_news [archive]
- ↑ a et b Charles Le Quintrec, Roland Jacquard, La longue traque d’Action directe, Albin Michel, 1987
- ↑ Alexis BODDAERT, « La découverte des planques d’Action directe Un travail de fourmi de la gendarmerie », Le Monde, 16 mai 1987
- ↑ Laurent GREILSAMER, « Au palais de justice de Paris Les quatre dirigeants d’Action directe comparaissent devant une cour d’assises spéciale », Le Monde, 17 novembre 1993
- ↑ Face à ces menaces, la passivité dont firent preuve l’avocat général Saludo et le président Versini fut vivement dénoncée par le président de la cour d’assises de Paris André Giresse (André Giresse-Philippe Bernert, Seule la vérité blesse, Plon 1987)
- ↑ a, b, c et d (en) Michael Dartnell, Action directe: ultra-left terrorism in France, 1979-1987, Paris, 1995, 224 p. (ISBN 0714645664, lire en ligne [archive]), p. 172 et 173
- ↑ Le juge Bruguière estime que Paula Jacques hébergeait Claude Halfen en étant parfaitement au courant de ses activités; elle écoutait les communications radio de la police lorsque Halfen et ses complices commettaient des attaques de banque (Jean-Louis Bruguière, Ce que je n’ai pas pu dire, entretiens avec Jean-Marie Pontaut, Robert Laffont 2009)
- ↑ Le Monde 14.02.1988
- ↑ « Action directe en appel La cour confirme les peines contre les dirigeants mais en réduit d’autres et prononce deux relaxes », Le Monde, 6 juillet 1988 (lire en ligne [archive])
- ↑ Libération 04.07.1995
- ↑ Le Monde, 09.06.1990, Trois terroristes condamnés par contumace à la réclusion à perpétuité
- ↑ Le Nouvel Observateur du 22.05.1982, cité par Jean-Pierre Pochon, Les stores rouges, Édition des Équateurs, 2008
- ↑ Eric Pelletier, Jean-Marie Pontaut, Les trois vies de M. Kaehlin, L’Express 16.05.2005, http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/les-trois-vies-de-m-kaehlin_485932.html [archive]
- ↑ Le Monde 23.05.2005, L’inspecteur Kaehlin, une vie en crypté http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2005/05/23/l-inspecteur-kaehlin-une-vie-en-crypte_652888_3208.html [archive]
- ↑ Yves Bertrand, Je ne sais rien mais je dirai (presque) tout – Conversations avec Eric Branca, Paris, Plon, 2007, 226 p. (ISBN 978-2-259-20295-4)
- ↑ Gabriel Chahine sera assassiné le 13 mars 1982. L’assassin ne sera jamais identifié mais l’assassinat sera revendiqué plus tard par Action directe.
- ↑ Charles Villeneuve, Jean-Pierre Péret, Histoire secrète du terrorisme, Plon 1987
- ↑ Notamment dans un entretien accordé à Jérôme Bonaldi sur France Inter, cité par Claude Cancès, Histoire du 36 quai des Orfèvres, Édition Jacob-Duvernet, 2010.
- ↑ Sébastien Schifres, La mouvance autonome en France de 1976 à 1984, http://sebastien.schifres.free.fr/chronologie.htm [archive].
- ↑ a et b Jean-Pierre Pierre-Bloch et André Santini, Sécurité enjeu public no 1, Carrère-Michel Lafon, 1986.
- ↑ Courrier cité notamment par Edwy Plenel, La part d’ombre, Stock 1992 et le commissaire Marcel Leclerc, De l’antigang à la criminelle, Plon 2000
- ↑ Capitaine Paul Barril, Guerres secrètes à l’Élysée, Albin Michel 1996
- ↑ « L’Italie accuse la France d’abriter une » multinationale du terrorisme « », Le Monde, 30 janvier 1985 (lire en ligne [archive])
- ↑ a et b Philippe Pons, « L’attitude de Paris retarde certaines enquêtes contre le terrorisme nous déclare le juge Spataro », Le Monde, 8 janvier 1985 (lire en ligne [archive])
- ↑ La France, l’Italie face à la question des extraditions, Institut François Mitterrand 17 juin 2004, http://www.mitterrand.org/La-France-l-Italie-face-a-la.html [archive]
- ↑ http://discours.vie-publique.fr/notices/877003700.html [archive]
- ↑ http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/07/23/01011-20090723FILWWW00388-action-directe-semi-liberte-pour-schleicher.php [archive]
- ↑ http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/04/30/01016-20090430ARTFIG00397-semi-liberte-pour-georges-cipriani-.php [archive]; http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/01/action-directe-un-regime-de-semi-liberte-accorde-a-georges-cipriani_1327664_3224.html [archive]
- ↑ http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/05/03/liberte-conditionnelle-pour-cipriani-ex-membre-d-action-directe_1516440_3224.html [archive]
- ↑ Semi-liberté pour l’ancienne membre d’Action directe Nathalie Ménigon [archive] – Le Monde, 19 juillet 2007
- ↑ Nathalie Ménigon obtient une semi-liberté [archive] – Libération, 19 juillet 2007
- ↑ L’ex-militante d’Action directe Nathalie Ménigon est sortie de prison [archive] – Le Monde, 2 août 2008
- ↑ http://www.leparisien.fr/abo-faits-divers/nathalie-menigon-en-liberte-conditionnelle-03-08-2008-116635.php [archive]
- ↑ Semi-liberté accordée à Jean-Marc Rouillan cofondateur d’Action directe [archive] – Agence France-Presse, 6 décembre 2007
- ↑ Interview de Jean-Marc Rouillan donnée à L’Express [archive]
- ↑ Article sur france-info.com [archive]
- ↑ http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20030905.OBS5961/ [archive]
- ↑ (it)[RTF] www.misteriditalia.it/newsletter/75/numero75.rtf
- ↑ http://nlpf.samizdat.net/spip.php?rubrique43 [archive]
- ↑ http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20040428.OBS8398/?xtmc=actiondirecte&xtcr=6 [archive]
- ↑ http://vp-partisan.org/article163.html [archive]
- ↑ http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20060226.OBS8443/?xtmc=actiondirecte&xtcr=2 [archive]
- ↑ Le Monde, 31.03.1980, La police estime avoir démantelé le groupe Action directe
- ↑ Le Monde 18.04.1980, L’attaque à main armée de Condé-sur-l’Escaut devant les assises du Nord
- ↑ Notamment la ligue des Droits de l’homme, le PSU, le Syndicat de la magistrature.
- ↑ Le Monde du 28.04.1989, A la cour d’assises du Nord, amnistie ou acquittement pour six des sept accusés dans l’affaire de Condé-sur-l’Escaut
- ↑ Laurent Louessard prendra en charge quelques mois plus tard la publication du journal L’Internationale avec Joëlle Aubron.
- ↑ Yannick Blanc, Les esperados, une histoire des années 1970, Éditions de l’Échappée, 2011
- ↑ Le Dauphine 07.08.2013 Le fantôme de Pierre Conty http://www.ledauphine.com/france-monde/2013/08/07/le-fantome-de-pierre-conty [archive]
- ↑ Il n’a jamais réapparu depuis 1977. Le 22 mai 2000, la peine capitale prononcée à son encontre a été prescrite. Christian Bonnet, ministre de l’intérieur en 1977 aurait énigmatiquement déclaré à son sujet : « Il ne nuira plus ». (Yannick Blanc Les Esperados, une histoire des années 1970, Éditions l’Échappée, 2011)
- ↑ Le Monde 25.09.1980 Un important stock d’explosifs est découvert près de la ferme ou habitait Pierre Conty et Commissaire Marcel Leclerc, De l’antigang à la criminelle, Plon 2000
- ↑ http://users.skynet.be/dosscrim/lescellulescommu/index.html [archive]
- ↑ Voir notamment : http://geostratos.wordpress.com/2008/06/ [archive]
- ↑ Le Monde 06.12.77 Le meurtrier présumé de M. Tramoni est arrêté
- ↑ Le Monde du 27 avril 1983 Dix interpellations après le saccage du musée de la Légion d’honneur
- ↑ Le Monde, 2 avril 1985 Une lettre de Frédéric Oriach
- ↑ Florence Rey est décrite comme une sorte de petite Nathalie Ménigon par les enquêteurs : « En vingt-cinq ans de police judiciaire, je n’ai jamais été confronté à un tel mutisme » dans Le Monde 9 juin 2006, « Florence Rey, Audry Maupin : Tueurs nés ? » Un document de Marie-Sophie Tellier – Faites entrer l’accusé – Série proposée par Christian Gerin, présentée par Christophe Hondelatte, produite par 17 juin Média, réalisée par Bernard Faroux, rédacteur en chef : Christian Huleu. Décembre 2003.
- ↑ https://www.marianne.net/Coupat-in-situ_a180195.html [archive]; http://www.rue89.com/2008/12/23/affaire-coupat-la-france-et-ses-epouvantails-gauchistes?page=8#comment-614278 [archive]
- ↑ Christophe Bourseiller interrogé notamment sur le cite les influences.fr : http://www.lesinfluences.fr/Christophe-Bourseiller.html [archive].
- ↑ http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/02/25/01016-20110225ARTFIG00647-nouvelle-menace-d-action-directe.php [archive]
- ↑ http://eubn.org.free.fr/eubn/article.php3?id_article=890 [archive]
Annexes
Articles connexes
- Affiche rouge (groupe armé)
- Groupes d’action révolutionnaire internationalistes
- Brigades rouges
- Cellules communistes combattantes (CCC)
- Front révolutionnaire d’action prolétarienne (FRAP) : groupe clandestin belge mis sur pied en 1985 à l’initiative d’Action directe
- The Angry Brigade
- Union des communistes combattants (UCC)
- Anarchisme
- Mouvement autonome en France
- Extrême gauche
- Lutte armée
- Terrorisme en France
- Action directe (théorie politique)
- Liste d’affaires criminelles françaises
- Guerre asymétrique
Liens externes
- Ne laissons pas faire (autre site de soutien) [archive]
- L’histoire d’Action directe par Front social [archive]
- Chronologie partielle des actions d’Action directe [archive] sur le site du RAID.
- « mars 1980: Offensive policière contre Action directe » [archive], article paru dans Alternative libertaire de mars 2010.
- (fr) Interview d’un RG qui suivait Action directe [archive]
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