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lundi 24 avril 2017

Je ne marche pas !







L’Albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage  
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,  
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,  
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,  
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,  
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches  
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !  
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !  
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,  
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées  
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;  
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire (1859)



P.S. : En cherchant la vidéo qui convenait pour illustrer cet article de blog, je me suis aperçue que Jean-Luc Mélenchon avait déjà lu le poème lors de son meeting du 29 mars 2017 au Havre. Pfff… Quel imposteur !

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