Comme tous les ans, les Forces armées françaises seront demain à
l’honneur du traditionnel défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées.
Circonstances obligent, cette année le défilé sera plus court, et pour la première fois défileront les forces antiterroristes qui se sont illustrées lors des attentats du début de l’année à Paris.
Les attentats islamistes perpétrés en France depuis 2012 portant régulièrement en filigrane une revendication particulière concernant la guerre d’Algérie, c’est l’occasion de rappeler comment l’un des grands inspirateurs des tortures qui furent alors pratiquées par des militaires français, le militant communiste français Georges Boudarel, connut avec ses victimes dans les années 1990 et jusqu’en 2003 des démêlés judiciaires ressemblant étrangement à ceux de la communiste révolutionnaire Josette Brenterch avec ses propres victimes depuis l’année 2010.
http://www.francesoir.fr/lifestyle-tourisme/14-juillet-2015-un-defile-plus-court-les-commandos-antiterroristes-mis-lhonneur
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Circonstances obligent, cette année le défilé sera plus court, et pour la première fois défileront les forces antiterroristes qui se sont illustrées lors des attentats du début de l’année à Paris.
Les attentats islamistes perpétrés en France depuis 2012 portant régulièrement en filigrane une revendication particulière concernant la guerre d’Algérie, c’est l’occasion de rappeler comment l’un des grands inspirateurs des tortures qui furent alors pratiquées par des militaires français, le militant communiste français Georges Boudarel, connut avec ses victimes dans les années 1990 et jusqu’en 2003 des démêlés judiciaires ressemblant étrangement à ceux de la communiste révolutionnaire Josette Brenterch avec ses propres victimes depuis l’année 2010.
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La Résistance mise à l’honneur
14 juillet 2015: un défilé plus court, les commandos antiterroristes mis à l’honneur
Publié le :
Lundi 13 Juillet 2015 – 12:48
Dernière mise à jour :
Dernière mise à jour :
Lundi 13 Juillet 2015 – 12:56
Le traditionnel défilé du 14 juillet sera plus court et moins fourni en véhicules et en hommes cette année. Cette parade « light » s’explique par le déploiement important des forces de sécurité en France, dans le cadre du plan Vigipirate, et dans des opérations extérieures. Un hommage sera également rendu aux hommes du GIGN, du RAID et de la BRI pour leur gestion des attentats de Paris.
Cette année, le programme du défilé du 14 juillet est allégé.
Le traditionnel défilé du 14 juillet sera plus court et moins fourni en véhicules et en hommes cette année. Cette parade « light » s’explique par le déploiement important des forces de sécurité en France, dans le cadre du plan Vigipirate, et dans des opérations extérieures. Un hommage sera également rendu aux hommes du GIGN, du RAID et de la BRI pour leur gestion des attentats de Paris.
Cette année, le programme du défilé du 14 juillet est allégé.
©Witt/Sipa
Comme tous les ans, le jour de la fête nationale du 14 juillet, les
forces armées françaises défileront sur les Champs-Elysées. Toutefois,
cette année, cette grande revue militaire sera faite à l’économie. En
effet, le général Hervé Charpentier, le gouverneur militaire de Paris, a
ainsi expliqué que le programme du défilé sera amputé de 15 minutes et de 30 % d’engins par rapport à l’édition de 2014.
Depuis début janvier et les attentats qui ont ensanglanté la France, la police nationale, la gendarmerie et 10.000 militaires sont engagés dans le cadre du plan Vigipirate, tandis que plus de 7.000 hommes des différentes forces armées françaises sont déployés hors des frontières de la République dans les opérations Barkhane (Afrique sub-saharienne), Chammal (Moyen-Orient), ou encore en Centrafrique.
Malgré tout, 3.500 hommes et femmes seront présents, de même que 208 véhicules, 240 cavaliers de la Garde républicaine, 55 avions et 31 hélicoptères. Toutefois, les célèbres chars Leclerc, très apprécié du public, seront, cette fois, absents du défilé.
Ce 14 juillet sera l’occasion de rendre hommage à la Résistance française en cette année de 70e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale. La Patrouille de France survolera la capitale dans une formation inédite à 12 appareils afin de représenter la Croix de Lorraine, symbole de la Résistance française et des Forces françaises libres.
Enfin un hommage inédit sera rendu aux hommes qui composent les commandos du GIGN, du RAID et de la Brigades de recherches et d’intervention (BRI). Ces unités d’élite, spécialisées dans la lutte contre le terrorisme défileront cette année en tête de cortège, pour rendre hommage à leurs interventions décisives du début d’année à Dammartin-en-Goële et à l’Hypercacher de Paris contre les trois terroristes responsables des attentats de janvier à Paris.
Un concert et le traditionnel feu d’artifice clôtureront la journée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_d%27instruction_%C3%A0_la_pacification_et_%C3%A0_la_contre-gu%C3%A9rilla
Centre d’instruction à la pacification et à la contre-guérilla
Les Centres d’instruction à la pacification et à la contre-guérilla (CIPCG), étaient deux écoles de guerre psychologique créées en Algérie par les officiers d’état-major Raoul Salan et Charles Lacheroy durant la guerre d’Algérie, sur l’initiative de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense à l’époque.
Durant la guerre d’Algérie, les CIPCG étaient une école destinée à la formation des cadres sur la guerre psychologique. Le renseignement et la propagande sont intégrés comme une « arme psychologique » à part entière, que le colonel Lacheroy compare à d’autres armes conventionnelles telles que les chars ou l’aviation1. Fondé à partir d’une réflexion sur la guerre d’Indochine et l’expérience acquise lors des combats contre le Viet Minh, la « guerre contre-révolutionnaire » exige, pour ces officiers, de nouvelles méthodes, en particulier l’importance accordée à l’aspect politique de la guerre : on insiste sur la capacité à démanteler l’« Organisation politico-administrative » (OPA) du FLN, ce qui exige de surveiller la population civile, d’arrêter les militants de base et de les interroger afin de remonter les filières. Or, pour Lacheroy, ceci pose des problèmes de « réglementation » de ce qui est « toléré », ou non, dans la conduite de cette guerre : « On ne fait pas une guerre révolutionnaire avec le Code Napoléon » 2.
Créée en 1958, sous la direction de Marcel Bigeard, les instructeurs étaient pour la plupart eux aussi des vétérans de la guerre d’Indochine. Comme Bigeard, vétéran de la bataille de Diên Biên Phu, beaucoup avaient été fait prisonniers, envoyés dans les camps de rééducation où ils avaient subi le travail psychologique des commissaires politiques Viet Minh, ainsi que de communistes français tels que Georges Boudarel. Fort de l’expérience de ces vétérans, l’état-major souhaitait sa mise en pratique contre la rébellion du FLN.
De 1958 à 1960, plus de 8 000 officiers et sous-officiers l’ont fréquenté. Ouverte à l’international, des stagiaires belges et portugais y furent instruits afin d’apprendre à lutter contre les mouvement indépendantistes naissant au Congo belge, en Angola et au Mozambique.
Le premier des deux centres a été créé à Philippeville (Skikda) dans le district du Constantinois. Situé dans le hameau de Jeanne-d’Arc, à l’est de Philippeville, le Centre d’entraînement à la guerre subversive, surnommé « école Bigeardville », a été inauguré officiellement le 10 mai 1958, en présence de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense nationale du gouvernement Félix Gaillard, et de Jean Lartéguy, l’auteur des Centurions 3.
Dans ses Mémoires, Chaban-Delmas a écrit que Bigeard était « l’homme qu’il fallait pour faire subir aux officiers subalternes un véritable électrochoc psychologique qui changerait à jamais leur façon d’envisager les choses » 4.
Dirigée par Marcel Bigeard, l’école a pour mission d’organiser des stages d’une « durée de quatre à six semaines » afin de « former des officiers avertis aux formes de la guerre révolutionnaire pour lutter pratiquement contre elles, grâce à une instruction sur la lutte contre l’infrastructure politico-militaire et un entraînement à la conduite des opérations de jour et de nuit contre les bandes » 5. Interrogé par la journaliste Marie-Monique Robin sur le contenu de l’enseignement dispensé, Bigeard lui répond :
Dans Les Crimes de l’armée française, l’historien Pierre Vidal-Naquet reproduit un article publié le 18 décembre 1958 dans Témoignage chrétien, où le journaliste, Robert Barrat, rapporte le témoignage d’un officier, ancien stagiaire du centre:
C’est d’ailleurs dans un brouillon établi par le capitaine Chabannes (maintenant général), qui travaillait au Centre sous les ordres de Bigeard, qu’apparaît le mot « torture », ainsi que celui de « génératrice » ; mot qui, lorsque le programme d’enseignement est tapé à la machine, est remplacé par « L’action policière: nouvelles méthodes menées pendant les mois précédents » 8.
Le second centre était basé dans la ville portuaire d’Arzew, près de Mostaganem, district de l’Oranie. Dépendant du 5e bureau du SDECE (l’ancêtre de la DGSE), il était dirigé par un ancien prisonnier des camps de rééducation Viet-Minh en Indochine, le lieutenant-colonel André Bruge, qui avait proposé dès l’été 1956 au ministre-résident et gouverneur général en Algérie du gouvernement Guy Mollet, Robert Lacoste, d’appliquer les méthodes de « lavage de cerveau » du Viêt-minh aux prisonniers algériens 9.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Boudarel
Georges Boudarel
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Émile Raymond Georges Marius Boudarel (21 décembre 1926, Saint-Étienne – 26 décembre 2003, Les Lilas) est un universitaire et militant communiste français, responsable dans un camp de prisonniers, accusé d’avoir torturé des soldats français lors de la guerre d’Indochine.
Né à Saint-Étienne en 1926 d’un père comptable, il étudie dans un séminaire des pères maristes. Chrétien progressiste et marxiste, il milite au parti communiste français. Après l’obtention de sa licence de philosophie, sursitaire, il rejoint l’Indochine en avril 1948 et il est nommé professeur de philosophie au lycée Yersin de Dalat. En 1949, il est nommé au lycée Marie-Curie à Saigon. Il anime l’antenne indochinoise du PCF, le groupe culturel marxiste, auquel Jean Chesneaux a appartenu.
Il abandonne son poste le 17 décembre 1950 pour rejoindre le Việt Minh. Il est affecté comme rédacteur créateur de l’émission en langue française de La Voix de Saïgon-Cholon libre, station de radio clandestine du Việt Minh dissimulée dans une boucle de la rivière Song Bé. Il y restera 18 mois. En juin 1952, il est désigné pour rejoindre le Tonkin. Ce voyage à pied durera 6 mois1. Selon une autre source, il n’aurait été désigné qu’en décembre 1951, mis en route début 1952 pour n’arriver au Tonkin qu’en décembre 1952 après un voyage à pied de 9 mois2. Pendant ce temps, il est appelé sous les drapeaux en Indochine et, ne se présentant pas, sera considéré comme « insoumis par l’armée française puis déserteur et condamné à mort par contumace2 ».
Arrivé au Tonkin, il est nommé commissaire politique dans un camp de rééducation de prisonniers, le camp 1133, et est appelé Dai Dong4. D’après de nombreux témoignages de rescapés du camp, il se serait rendu coupable de tortures contre des soldats de l’armée française. Durant l’année de son activité au camp 113, Boudarel reconnait lui-même un taux de mortalité de 50 %5. Les survivants eux assurent qu’il y eut 278 morts sur 320 prisonniers6.
Georges Boudarel se marie à Hanoi en 1962 (il divorcera en 1974), puis quitte le pays en 19647 et se rend en URSS, puis travaille en Tchécoslovaquie pour la Fédération syndicale mondiale (FSM) sous domination de l’URSS.
Il rentre en France en 1966, profitant de la loi d’amnistie votée en juin 19668 : devenu l’assistant de Jean Chesneaux — professeur et fondateur, avec Emmanuel Le Roy Ladurie, de la section Histoire du département de « Géographie – Histoire et Sciences de la société » et membre du PCF —, il est ensuite promu maître de conférences à l’Université de Paris VII et chercheur au CNRS, se spécialisant dans l’histoire du Viêt Nam.
Le 13 février 1991, lors d’un colloque organisé au Sénat par le centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie modernes, il est reconnu par Jean-Jacques Beucler, ancien secrétaire d’État aux anciens combattants ayant lui-même participé à la guerre d’Indochine durant laquelle il avait été prisonnier pendant 4 ans dans le camp n°1. D’autres témoignages sont déposés ensuite contre Georges Boudarel qui fait l’objet en 1991 d’une plainte pour crimes contre l’humanité déposée par d’anciens prisonniers français du camp 113. Cette plainte a donné lieu à un rejet de la Cour de cassation motivé par la loi d’amnistie de 19669.
L’affaire Boudarel II commence en mai 199310. Boudarel décide, malgré l’arrêt des poursuites contre lui à la suite de la décision de la Cour de cassation, de maintenir la plainte en diffamation qu’il avait déposée en retour contre ses accusateurs.
Il précise son accusation dans les mois suivants en isolant cinq accusations dont il assure qu’elles sont sans fondement, et donc diffamatoires. Afin de trancher clairement la question de la vérité de ces accusations, le juge Jean-Pierre Getti décide alors de mener une instruction la plus exhaustive possible pour déterminer les éléments matériels qui accusent Boudarel, ainsi que leur contexte, et relance donc le débat que la décision de la Cour de cassation semblait pourtant avoir fermé sur leur qualification de « crimes contre l’humanité ».
Il finit, après avoir mis en examen l’un des accusateurs en 199411 et recueilli 23 volumes de dépositions, par clôturer l’affaire sur une ordonnance de non-lieu en 199612.
Le feuilleton ne s’arrête pas là, puisque les accusateurs lancent à la suite de cette décision une nouvelle procédure contre Boudarel, cette fois pour dénonciation calomnieuse12. Celle-ci est rapidement rejetée en 1998, la Cour considérant que l’amnistie éteint aussi la possibilité de cette action. Ils soumettent alors en 2000 leurs griefs à la CEDH qui met un terme définitif aux procédures en 2003, considérant que la décision remise en cause est en fait celle de la Cour de cassation en 1993, et donc que la demande a été déposée hors délai.
http://www.contre-info.com/commissaire-politique-stalinien-du-viet-minh-boudarel-le-monstre-francais-du-camp-113#
« Dès le déclenchement de la deuxième guerre mondiale l’Indochine fut envahie par l’armée japonaise qui occupait déjà la Chine et qui avait proclamé en 1938 sa volonté d’éradiquer toute présence d’homme blanc en Extrême-Orient allant jusqu’à introniser, à son départ, le 2 septembre 1945, le gouvernement communiste Hô Chi Minh.
Lors des hostilités avec la France, le Viêt Minh effectua de nombreuses prises d’otages, incluant des civils. Beaucoup de prisonniers militaires français passèrent dans des camps d’internement situés dans les régions sous contrôle indépendantiste et furent soumis à une tentative de « rééducation marxisante » par des commissaires politiques au nombre desquels des communistes étrangers et Français faisaient montre d’un zèle excessif… Ainsi le PCF, par la voix de ses responsables, Maurice Thorez, Jacques Duclos, le couple Joliot-Curie… joua un rôle essentiel, non seulement dans la conception, mais aussi dans l’exécution du lavage de cerveau.
Le sort des prisonniers dans ces camps de rééducation fut longtemps méconnu du grand public. L’affaire Georges Boudarel contribua à la rappeler à l’opinion dans les années 1990.
Militant du parti communiste français, chrétien progressiste et marxiste, Georges Boudarel naquit en 1926. En avril 1948, il s’embarqua pour l’Indochine comme professeur de philosophie et anima l’antenne indochinoise du PCF, le groupe culturel marxiste auquel Jean Chesneaux, l’historien communiste, appartient.
Le 17 décembre 1950, refusant d’être incorporé dans l’armée française et considéré comme « insoumis » puis déserteur, il rejoignit le Việt Minh et se rendit après une longue marche au Tonkin où, en 1953, il fut nommé commissaire politique dans un camp de rééducation de prisonniers, le camp 113.
Situé près du village de Nam Nahm, à 25 km à l’ouest du kilomètre 32 de la RC2 (60 kms au sud de la frontière de Chine et 30kms au sud-ouest de Bac.Giang), ce camp, insalubre, connut très vite une intense activité mortuaire… Son cimetière débordait de cadavres que les grosses pluies d’automne déterraient. Les rats pullulaient et s’attaquaient aux mourants à l’infirmerie. Dès lors, la situation sanitaire devint telle qu’il fallut évacuer ce camp et le reconstruire 30 kilomètres plus à l’est, au nord de VINT-THUY, non loin de la RC2, près de LANG-KIEU.
Quelque 320 prisonniers, survivants d’un triste bétail pensant, abandonnés à leurs délires, à leurs rêves et à leur rancœur, tous d’origine européenne, officiers, sous-officiers et soldats, croupissaient dans ce camp dans des conditions infâmes d’alimentation, d’hygiène et de prophylaxie. A l’infirmerie, véritable antichambre de la mort, des squelettes vivants agonisaient, vaincus par la faim, la maladie et rongés par la vermine, sous un essaim de grosses mouches vertes. Ils étaient, en effet, vidés par la dysenterie, minés par le paludisme, l’avitaminose, les ascaris, la peau rongée par les champignons de la dartre annamite, de la bourbouille et du hong-kong-foot. Parmi ceux qui n’avaient plus aucune réaction et qui allaient mourir le soir même ou dans la nuit, certains avaient les lobes d’oreilles et la base des narines entamés par les rats. C’était un spectacle affreux. Tous ceux qui étaient admis à l’infirmerie mouraient. Les agonisants attendaient la mort, les épuisés prenaient la place des agonisants, les sans-espoirs succédaient aux épuisés, les nouveaux arrivés comblaient les vides entretenant ainsi le cycle. Dans un endroit retiré, des latrines avaient été creusées où grouillaient des millions d’asticots qui donnaient naissance à des multitudes de mouches vecteurs de toutes les maladies, véritable « pont aérien entre ce lieu et les cuisines » selon le mot même de Boudarel. Le taux de mortalité variait entre 25 et 40 décès par mois, et même plus, selon les saisons.
C’est en ce lieu sinistre que Boudarel, surnommé « Dai Dông », mit au point ses sévices chaque jour plus raffinés et excella dans le lavage de cerveau imprégné des doctrines du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien.
Dans ce « mouroir », sa spécialité : « La mise à mort sans toucher » consistait :
- à abreuver de cours de « rééducation politique » des hommes blessés, malades, éreintés, affamés
- à obliger les moribonds à se lever pour assister à ces séances, qui contribuaient à les achever
- à exploiter la pratique clé la « critique et de l’autocritique » pour créer un détestable climat de méfiance, de discorde et de délation
- à remettre au Vietminh des médicaments parachutés par la Croix Rouge Française et en les refusant aux malades abandonnés sans soins
- à réserver aux évadés repris un sort qui menait à une fin quasi certaine
- à établir lui-même la liste des « libérables », c’est-à-dire en s’attribuant le droit de vie et de mort
- à pousser la cruauté jusqu’à renvoyer au camp des prisonniers déjà sur le chemin de la libération : Certains en mourront de désespoir
- à détenir un record de mortalité, avec 1 à 8 décès par jour.
Boudarel étant devenu le « conseiller technique » pour l’action psychologique, les chefs des 130 camps Việt Minh appliquaient avec zèle, sur ses indications, les séances de tribunal populaire destinés à juger ceux qui étaient considérés comme « fautifs ». Les prisonniers subissaient des traumatismes importants dus au viol psychologique de l’endoctrinement, des séances d’autocritique et d’encouragement à la délation.
Ils furent, ainsi, victimes « d’agressions psychologiques découlant d’une doctrine monstrueuse, appliquée par un État pratiquant une politique d’hégémonie idéologique et d’intolérance active ». Tous les éléments du génocide constituant le crime contre l’humanité furent réunis, tel que le définit la Convention des Nations Unies du 9 décembre 1948 : « Atteintes graves à l’intégrité physique et mentale du groupe ; soumission intentionnelle de celui-ci à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ».
Par ailleurs, en dépit de leur extrême faiblesse, tous ceux qui pouvaient tenir debout participaient aux corvées et aux activités du camp. « Si pas travailler, pas manger ! » Telle était la devise du surveillant général.
« Notre estomac est un chien enragé qui glapit, s’élance et se déchaîne, déchire les entrailles de ses dents »…
Pour preuve de son implacable inhumanité et de la jouissance dont il devait probablement se repaître, Boudarel fit condamner à mort Jean CHAMINADAS qui commandait la 7ème Compagnie du 5ème Régiment Etranger d’Infanterie au motif d’avoir tenté trois évasions et tué une sentinelle lors de la dernière. Mais là ne s’arrêta pas son abjection… Il demanda au frère du condamné, Max CHAMINADAS, également prisonnier, de commander, en personne, le peloton d’exécution… ce que Max refusa, évidemment. Qu’à cela ne tienne : Jean fut exécuté, pour l’exemple, sous les yeux de ses camarades d’infortune. Aujourd’hui, sa dépouille (ou ce qu’il en reste) repose au mémorial dédié aux « Morts pour la France » implanté à Fréjus.
Parmi les punitions – identiques à tous les camps- l’une des plus terribles était le séjour prolongé dans la sinistre « cage à buffles » sous une maison sur pilotis où le prisonnier, attaché à un poteau dans une eau putride sans pouvoir se protéger des piqûres d’insectes, était supplicié jusqu‘à la folie et la mort.
Durant l’année de son activité au camp 113, Boudarel reconnut lui-même un taux de mortalité atteignant les 70 %. Sur les 320 prisonniers Français, 278 moururent de mauvais traitements et de torture physique et psychologique. Lorsqu’ils débarquèrent à Marseille, les survivants, squelettes ambulants ou morts-vivants portés sur civière, furent la cible des jets de boulons, de crachats et d’injures par des dockers communistes de la CGT.
Inculpé de trahison Georges Boudarel fut condamné à mort par contumace en juin 1953. Après les accords de Genève, ce tortionnaire, bénéficiant de la loi d’amnistie gaulliste du 18 juin 1966, revint en France et fut aussitôt coopté au CNRS par ses amis communistes pour y préparer une thèse de troisième cycle d’histoire à l’université Paris VII Jussieu. Il devint maître de conférences à Jussieu et ces mêmes communistes et syndicalistes feront ensuite valider ses années « d’expérience » en Indochine pour favoriser sa carrière…
Durant ces années, il fréquente assidument les milieux trotskistes, en particulier la ligue d’Alain Krivine et comptera parmi ses amis et « protecteurs » Gisèle Halimi, Suzan Sontag, Marianne Schaub, Laurent Schwartz, Marcel Kahn, Madeleine Rebérioux… tout le gratin de la gauche intellectuelle qui sera à l’origine de la création de la « Ligue Contre Révolutionnaire ».
Le 13 février 1991, lors d’un colloque au Sénat sur le Vietnam auquel Boudarel participait, il fut reconnu et apostrophé par Jean-Jacques Beucler, ancien secrétaire d’État aux anciens combattants ayant lui-même participé à la guerre d’Indochine durant laquelle il avait été prisonnier pendant 4 ans dans le camp 113.
« Vous avez du sang sur les mains. Votre présence à cette tribune est indécente ! » vitupéra Beucler.
L’affaire fit grand bruit, d’autant plus que Boudarel adopta une attitude provocatrice, affirmant ne rien regretter et allant jusqu’à se moquer publiquement de ses anciennes victimes. D’autres témoignages furent déposés ensuite contre Boudarel qui fit l’objet en 1991 d’une plainte pour crimes contre l’humanité déposée par d’anciens prisonniers français du camp 113. Contre toute attente, articles et pétitions en faveur de Boudarel ne manquèrent pas dans le camp « progressiste » (Jean Lacouture, Pierre Vidal-Naquet…) et la justice rejeta l‘accusation de crime contre l’humanité portée par une association d’anciens combattants, au motif que les faits étaient couverts par la loi d’amnistie de 1966.
Suprême dérision : Soutenu par l’ensemble de la gauche intellectuelle, il échappa également à toute sanction dans le cadre universitaire.
A 65 ans, l’ancien commissaire politique du camp 113 put en toute légalité faire valoir ses droits à la retraite. Il mourra paisiblement dans son lit le 26 décembre 2003 à l’âge de 77 ans.
« Et ton nom paraîtra dans la race future, aux plus cruels tyrans, une cruelle injure ! » (Racine)
José CASTANO
Depuis début janvier et les attentats qui ont ensanglanté la France, la police nationale, la gendarmerie et 10.000 militaires sont engagés dans le cadre du plan Vigipirate, tandis que plus de 7.000 hommes des différentes forces armées françaises sont déployés hors des frontières de la République dans les opérations Barkhane (Afrique sub-saharienne), Chammal (Moyen-Orient), ou encore en Centrafrique.
Malgré tout, 3.500 hommes et femmes seront présents, de même que 208 véhicules, 240 cavaliers de la Garde républicaine, 55 avions et 31 hélicoptères. Toutefois, les célèbres chars Leclerc, très apprécié du public, seront, cette fois, absents du défilé.
Ce 14 juillet sera l’occasion de rendre hommage à la Résistance française en cette année de 70e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale. La Patrouille de France survolera la capitale dans une formation inédite à 12 appareils afin de représenter la Croix de Lorraine, symbole de la Résistance française et des Forces françaises libres.
Enfin un hommage inédit sera rendu aux hommes qui composent les commandos du GIGN, du RAID et de la Brigades de recherches et d’intervention (BRI). Ces unités d’élite, spécialisées dans la lutte contre le terrorisme défileront cette année en tête de cortège, pour rendre hommage à leurs interventions décisives du début d’année à Dammartin-en-Goële et à l’Hypercacher de Paris contre les trois terroristes responsables des attentats de janvier à Paris.
Un concert et le traditionnel feu d’artifice clôtureront la journée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_d%27instruction_%C3%A0_la_pacification_et_%C3%A0_la_contre-gu%C3%A9rilla
Centre d’instruction à la pacification et à la contre-guérilla
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Les Centres d’instruction à la pacification et à la contre-guérilla (CIPCG), étaient deux écoles de guerre psychologique créées en Algérie par les officiers d’état-major Raoul Salan et Charles Lacheroy durant la guerre d’Algérie, sur l’initiative de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense à l’époque.
Sommaire
École de guerre psychologique
Durant la guerre d’Algérie, les CIPCG étaient une école destinée à la formation des cadres sur la guerre psychologique. Le renseignement et la propagande sont intégrés comme une « arme psychologique » à part entière, que le colonel Lacheroy compare à d’autres armes conventionnelles telles que les chars ou l’aviation1. Fondé à partir d’une réflexion sur la guerre d’Indochine et l’expérience acquise lors des combats contre le Viet Minh, la « guerre contre-révolutionnaire » exige, pour ces officiers, de nouvelles méthodes, en particulier l’importance accordée à l’aspect politique de la guerre : on insiste sur la capacité à démanteler l’« Organisation politico-administrative » (OPA) du FLN, ce qui exige de surveiller la population civile, d’arrêter les militants de base et de les interroger afin de remonter les filières. Or, pour Lacheroy, ceci pose des problèmes de « réglementation » de ce qui est « toléré », ou non, dans la conduite de cette guerre : « On ne fait pas une guerre révolutionnaire avec le Code Napoléon » 2.
Créée en 1958, sous la direction de Marcel Bigeard, les instructeurs étaient pour la plupart eux aussi des vétérans de la guerre d’Indochine. Comme Bigeard, vétéran de la bataille de Diên Biên Phu, beaucoup avaient été fait prisonniers, envoyés dans les camps de rééducation où ils avaient subi le travail psychologique des commissaires politiques Viet Minh, ainsi que de communistes français tels que Georges Boudarel. Fort de l’expérience de ces vétérans, l’état-major souhaitait sa mise en pratique contre la rébellion du FLN.
De 1958 à 1960, plus de 8 000 officiers et sous-officiers l’ont fréquenté. Ouverte à l’international, des stagiaires belges et portugais y furent instruits afin d’apprendre à lutter contre les mouvement indépendantistes naissant au Congo belge, en Angola et au Mozambique.
CIPCG de Philippeville
Le premier des deux centres a été créé à Philippeville (Skikda) dans le district du Constantinois. Situé dans le hameau de Jeanne-d’Arc, à l’est de Philippeville, le Centre d’entraînement à la guerre subversive, surnommé « école Bigeardville », a été inauguré officiellement le 10 mai 1958, en présence de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense nationale du gouvernement Félix Gaillard, et de Jean Lartéguy, l’auteur des Centurions 3.
Dans ses Mémoires, Chaban-Delmas a écrit que Bigeard était « l’homme qu’il fallait pour faire subir aux officiers subalternes un véritable électrochoc psychologique qui changerait à jamais leur façon d’envisager les choses » 4.
Dirigée par Marcel Bigeard, l’école a pour mission d’organiser des stages d’une « durée de quatre à six semaines » afin de « former des officiers avertis aux formes de la guerre révolutionnaire pour lutter pratiquement contre elles, grâce à une instruction sur la lutte contre l’infrastructure politico-militaire et un entraînement à la conduite des opérations de jour et de nuit contre les bandes » 5. Interrogé par la journaliste Marie-Monique Robin sur le contenu de l’enseignement dispensé, Bigeard lui répond :
« Concrètement… Les organigrammes, comment on remonte les filières, les enquêtes de police… Et puis, en plus, la forme physique, l’idéal, la grandeur, défendre la patrie ! Apprendre à regarder la mort en face, enfin, vous voyez. Je transformais les types, un petit peu comme font les islamistes, si vous voulez, prêts à sauter avec leurs bombes6! »
Dans Les Crimes de l’armée française, l’historien Pierre Vidal-Naquet reproduit un article publié le 18 décembre 1958 dans Témoignage chrétien, où le journaliste, Robert Barrat, rapporte le témoignage d’un officier, ancien stagiaire du centre:
« Comment n’y aurait-pas complicité de l’ensemble de la hiérarchie quand, dans une école comme celle de Jeanne-d’Arc, on nous expliquait, pendant le cours sur le renseignement, qu’il y avait une torture humaine. (…) Le capitaine L. nous a donné cinq points que j’ai là, de façon précise, avec les objections et les réponses: 1) il faut que la torture soit propre; 2) qu’elle ne se fasse pas en présence de jeunes; 3) qu’elle ne se fasse pas en présence de sadiques; 4) qu’elle soit faite par un officier ou par quelqu’un de responsable; 5) surtout qu’elle soit « humaine », c’est-à-dire qu’elle cesse dès que le type a parlé et qu’elle ne laisse pas de trace. Moyennant quoi – conclusion – vous aviez droit à l’eau et à l’électricité7. »
C’est d’ailleurs dans un brouillon établi par le capitaine Chabannes (maintenant général), qui travaillait au Centre sous les ordres de Bigeard, qu’apparaît le mot « torture », ainsi que celui de « génératrice » ; mot qui, lorsque le programme d’enseignement est tapé à la machine, est remplacé par « L’action policière: nouvelles méthodes menées pendant les mois précédents » 8.
CIPCG d’Arzew
Le second centre était basé dans la ville portuaire d’Arzew, près de Mostaganem, district de l’Oranie. Dépendant du 5e bureau du SDECE (l’ancêtre de la DGSE), il était dirigé par un ancien prisonnier des camps de rééducation Viet-Minh en Indochine, le lieutenant-colonel André Bruge, qui avait proposé dès l’été 1956 au ministre-résident et gouverneur général en Algérie du gouvernement Guy Mollet, Robert Lacoste, d’appliquer les méthodes de « lavage de cerveau » du Viêt-minh aux prisonniers algériens 9.
Filmographie
- L’Honneur d’un capitaine, Pierre Schoendoerffer, 1982
- Escadrons de la mort, l’école française, Marie-Monique Robin, 2006
Références
- ↑ Conférence [archive] de Charles Lacheroy n°2, La guerre révolutionnaire
- ↑ Voir conférence [archive] n°3 de Lacheroy
- ↑ Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], 2008, p.133
- ↑ Jacques Chaban-Delmas, Mémoires pour demain, Flammarion, Paris, 1997, cité in Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], 2008, chap. IX, « La torture: l’arme de la guerre antisubversive », p.133
- ↑ Note non datée signée du général Lorillot, secrétaire d’Etat aux Forces armées Terre, au général commandant la 10e région militaire. Document SHAT cité in Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], 2008, chap. IX, p.133
- ↑ Cité in Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], p.133
- ↑ Cité in Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], 2008, p.134
- ↑ Document reproduit in Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], photos; cf. aussi chap. IX, p.135
- ↑ Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], 2008, chap.VIII, p.113
Voir aussi
Articles connexes
- Bleuite
- Fellagha
- Groupe de renseignement et d’exploitation
- Guerre d’Algérie
- Guerre d’Indochine
- Massacres du Constantinois en 1955
- Viet Minh
Liens externes
- Concept d’emploi et évolution statutaire des supplétifs durant la guerre d’Algérie archives de la Défense
- Contenu intégral des conférences du CIPCG d’Arzew en 1958
Bibliographie
- Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française [détail des éditions], 2004 (rééd. poche 2008)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Boudarel
Georges Boudarel
Georges Boudarel
Naissance | 21 décembre 1926 Saint-Étienne |
---|---|
Décès | 26 décembre 2003 (à 77 ans) Les Lilas |
Nationalité | Française |
Pays de résidence | France |
Profession |
Universitaire
|
Autres activités |
Militant communiste, participant à la guerre d’Indochine dans les rangs du Việt Minh
|
Émile Raymond Georges Marius Boudarel (21 décembre 1926, Saint-Étienne – 26 décembre 2003, Les Lilas) est un universitaire et militant communiste français, responsable dans un camp de prisonniers, accusé d’avoir torturé des soldats français lors de la guerre d’Indochine.
Sommaire
Biographie
Né à Saint-Étienne en 1926 d’un père comptable, il étudie dans un séminaire des pères maristes. Chrétien progressiste et marxiste, il milite au parti communiste français. Après l’obtention de sa licence de philosophie, sursitaire, il rejoint l’Indochine en avril 1948 et il est nommé professeur de philosophie au lycée Yersin de Dalat. En 1949, il est nommé au lycée Marie-Curie à Saigon. Il anime l’antenne indochinoise du PCF, le groupe culturel marxiste, auquel Jean Chesneaux a appartenu.
Il abandonne son poste le 17 décembre 1950 pour rejoindre le Việt Minh. Il est affecté comme rédacteur créateur de l’émission en langue française de La Voix de Saïgon-Cholon libre, station de radio clandestine du Việt Minh dissimulée dans une boucle de la rivière Song Bé. Il y restera 18 mois. En juin 1952, il est désigné pour rejoindre le Tonkin. Ce voyage à pied durera 6 mois1. Selon une autre source, il n’aurait été désigné qu’en décembre 1951, mis en route début 1952 pour n’arriver au Tonkin qu’en décembre 1952 après un voyage à pied de 9 mois2. Pendant ce temps, il est appelé sous les drapeaux en Indochine et, ne se présentant pas, sera considéré comme « insoumis par l’armée française puis déserteur et condamné à mort par contumace2 ».
Arrivé au Tonkin, il est nommé commissaire politique dans un camp de rééducation de prisonniers, le camp 1133, et est appelé Dai Dong4. D’après de nombreux témoignages de rescapés du camp, il se serait rendu coupable de tortures contre des soldats de l’armée française. Durant l’année de son activité au camp 113, Boudarel reconnait lui-même un taux de mortalité de 50 %5. Les survivants eux assurent qu’il y eut 278 morts sur 320 prisonniers6.
Georges Boudarel se marie à Hanoi en 1962 (il divorcera en 1974), puis quitte le pays en 19647 et se rend en URSS, puis travaille en Tchécoslovaquie pour la Fédération syndicale mondiale (FSM) sous domination de l’URSS.
Il rentre en France en 1966, profitant de la loi d’amnistie votée en juin 19668 : devenu l’assistant de Jean Chesneaux — professeur et fondateur, avec Emmanuel Le Roy Ladurie, de la section Histoire du département de « Géographie – Histoire et Sciences de la société » et membre du PCF —, il est ensuite promu maître de conférences à l’Université de Paris VII et chercheur au CNRS, se spécialisant dans l’histoire du Viêt Nam.
Affaire Boudarel I
Le 13 février 1991, lors d’un colloque organisé au Sénat par le centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie modernes, il est reconnu par Jean-Jacques Beucler, ancien secrétaire d’État aux anciens combattants ayant lui-même participé à la guerre d’Indochine durant laquelle il avait été prisonnier pendant 4 ans dans le camp n°1. D’autres témoignages sont déposés ensuite contre Georges Boudarel qui fait l’objet en 1991 d’une plainte pour crimes contre l’humanité déposée par d’anciens prisonniers français du camp 113. Cette plainte a donné lieu à un rejet de la Cour de cassation motivé par la loi d’amnistie de 19669.
Affaire Boudarel II
L’affaire Boudarel II commence en mai 199310. Boudarel décide, malgré l’arrêt des poursuites contre lui à la suite de la décision de la Cour de cassation, de maintenir la plainte en diffamation qu’il avait déposée en retour contre ses accusateurs.
Il précise son accusation dans les mois suivants en isolant cinq accusations dont il assure qu’elles sont sans fondement, et donc diffamatoires. Afin de trancher clairement la question de la vérité de ces accusations, le juge Jean-Pierre Getti décide alors de mener une instruction la plus exhaustive possible pour déterminer les éléments matériels qui accusent Boudarel, ainsi que leur contexte, et relance donc le débat que la décision de la Cour de cassation semblait pourtant avoir fermé sur leur qualification de « crimes contre l’humanité ».
Il finit, après avoir mis en examen l’un des accusateurs en 199411 et recueilli 23 volumes de dépositions, par clôturer l’affaire sur une ordonnance de non-lieu en 199612.
Le feuilleton ne s’arrête pas là, puisque les accusateurs lancent à la suite de cette décision une nouvelle procédure contre Boudarel, cette fois pour dénonciation calomnieuse12. Celle-ci est rapidement rejetée en 1998, la Cour considérant que l’amnistie éteint aussi la possibilité de cette action. Ils soumettent alors en 2000 leurs griefs à la CEDH qui met un terme définitif aux procédures en 2003, considérant que la décision remise en cause est en fait celle de la Cour de cassation en 1993, et donc que la demande a été déposée hors délai.
Publications
- Dir. Jean Chesneaux, George Bourdarel, Daniel Hémery, Tradition et révolution au Viêt Nam, Paris, Anthropos, 1971
- Giap, éditions Atlas, 1977
- La Bureaucratie au Viêt Nam, L’Harmattan, 1983
- Cent fleurs éclosent dans la nuit du Viêt Nam : communisme et dissidence, 1954-1956, Jacques Bertoin, 1991
- Autobiographie, Jacques Bertoin, 1991
- Avec Nguyên Van Ky, Hanoi 1936-1996 : du drapeau rouge au billet vert, Autrement, 1997
Notes et références
Jurisprudence
- Crim. 1er avril 1993, pourvoi no 92-82273, Bulletin criminel 1993 no 143 p. 351 (rapport du conseiller Guerder à la Gazette du Palais no 174, 175, 23-24 juin 1993)
- Crim. 7 septembre 1999, pourvoi no 98-85902
Références
- ↑ Jacques-René Doyon, Les Soldats blancs de Hô Chi Minh : Les transfuges antifascistes et les communistes français dans le camp du Viêt Minh, Paris, Fayard, 1973 (réimpr. 1986), 22 cm (avec cartes et 1 dépliant), 521 p. (notice BnF no FRBNF35304942)
- ↑ a et b Biographie de Georges Boudarel [archive].
- ↑ Situé à Lang-Kieu non loin de la frontière de la Chine, au sud d’Ha-Giang, dans le bassin de la Rivière Claire (Song Lô), à une vingtaine de kilomètres de Vinh Thuy.
- ↑ « Paris Journal; Vietnam Echo Stuns France: Case of Treachery? » [archive], New York Times, 20 mars 1991.
- ↑ Biographie de Georges Boudarel [archive].
- ↑ L’affaire Boudarel [archive].
- ↑ Chronique nécrologique [archive].
- ↑ Loi 66-409 du 18 juin 1966 portant amnistie [archive], article 30 [archive] : « Sont amnistiés de plein droit tous crimes ou délits commis en liaison avec les événements consécutifs à l’insurrection vietnamienne et antérieurement au 1er octobre 1957. » Cet article a été inséré dans ce texte prévu à l’origine pour amnistier les actes commis durant la guerre d’Algérie à la demande de députés communistes.
- ↑ De même un recours du 25 février 2000 devant la Cour européenne des droits de l’homme à l’encontre de la France contestant l’arrêt de la Cour de cassation et invoquant une violation du droit à la liberté d’expression a été déclaré irrecevable en mars 2003 (Sobanski c. France, 20 mars 2003, no 56165/00 [archive]).
- ↑ Éric Conan, « Boudarel, le retour » [archive], L’Express, 14 octobre 1993.
- ↑ ANAPI 1994 – 1997 Chronologie des événements et des procédures [archive].
- ↑ a et b CEDH décision sur la recevabilité de la requête no 56165/00 Wladyslaw Sobanski contre la France [archive].
Voir aussi
Bibliographie
- Marc Charuel, L’Affaire Boudarel, éditions du Rocher, 1991
- Claude Baylé, Prisonnier au camp 113 : le camp de Boudarel, Perrin, 1991
- Thomas Capitaine, Captifs du Viet-Minh, les victimes de Boudarel parlent, préface de Jean-Jacques Beucler, UNI CED, Paris, 1991
- Jean-Jacques Beucler, Mémoires, France-Empire, 1991
- « Le dossier de l’affaire Boudarel », in L’Histoire, no 144, mai 1991, p. 48-54
- Langlois (Bernard).- Georges Boudarel In Le lynchage médiatique ; dir. Par Guy Coq et Charles
- Yves Daoudal, (préf. de Jean-Baptiste Biaggi), Le Dossier Boudarel ou le procès impossible du communisme, éd. Rémi Perrin, 2002
- Claude Cohen, « La Problématique du crime contre l’humanité », in Gazette du Palais, 26 février 2002, no 57, p. 46
- Gérard Gilles Epain, Indo-Chine : une histoire coloniale oubliée, L’Harmattan, 2008
Articles connexes
- Guerre froide
- Guerre d’Indochine
- Affaire Henri Martin
- Parti communiste français
- Djamila Amrane-Minne
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Système universitaire de documentation
- Proposition de loi du 13 juillet 2005, visant à rendre non amnistiables les crimes contre l’humanité (Assemblée nationale)
http://www.contre-info.com/commissaire-politique-stalinien-du-viet-minh-boudarel-le-monstre-francais-du-camp-113#
Commissaire politique stalinien du Viêt Minh, BOUDAREL, le monstre français du camp 113
19 mai 2014
« Dès le déclenchement de la deuxième guerre mondiale l’Indochine fut envahie par l’armée japonaise qui occupait déjà la Chine et qui avait proclamé en 1938 sa volonté d’éradiquer toute présence d’homme blanc en Extrême-Orient allant jusqu’à introniser, à son départ, le 2 septembre 1945, le gouvernement communiste Hô Chi Minh.
Lors des hostilités avec la France, le Viêt Minh effectua de nombreuses prises d’otages, incluant des civils. Beaucoup de prisonniers militaires français passèrent dans des camps d’internement situés dans les régions sous contrôle indépendantiste et furent soumis à une tentative de « rééducation marxisante » par des commissaires politiques au nombre desquels des communistes étrangers et Français faisaient montre d’un zèle excessif… Ainsi le PCF, par la voix de ses responsables, Maurice Thorez, Jacques Duclos, le couple Joliot-Curie… joua un rôle essentiel, non seulement dans la conception, mais aussi dans l’exécution du lavage de cerveau.
Le sort des prisonniers dans ces camps de rééducation fut longtemps méconnu du grand public. L’affaire Georges Boudarel contribua à la rappeler à l’opinion dans les années 1990.
Militant du parti communiste français, chrétien progressiste et marxiste, Georges Boudarel naquit en 1926. En avril 1948, il s’embarqua pour l’Indochine comme professeur de philosophie et anima l’antenne indochinoise du PCF, le groupe culturel marxiste auquel Jean Chesneaux, l’historien communiste, appartient.
Le 17 décembre 1950, refusant d’être incorporé dans l’armée française et considéré comme « insoumis » puis déserteur, il rejoignit le Việt Minh et se rendit après une longue marche au Tonkin où, en 1953, il fut nommé commissaire politique dans un camp de rééducation de prisonniers, le camp 113.
Situé près du village de Nam Nahm, à 25 km à l’ouest du kilomètre 32 de la RC2 (60 kms au sud de la frontière de Chine et 30kms au sud-ouest de Bac.Giang), ce camp, insalubre, connut très vite une intense activité mortuaire… Son cimetière débordait de cadavres que les grosses pluies d’automne déterraient. Les rats pullulaient et s’attaquaient aux mourants à l’infirmerie. Dès lors, la situation sanitaire devint telle qu’il fallut évacuer ce camp et le reconstruire 30 kilomètres plus à l’est, au nord de VINT-THUY, non loin de la RC2, près de LANG-KIEU.
Quelque 320 prisonniers, survivants d’un triste bétail pensant, abandonnés à leurs délires, à leurs rêves et à leur rancœur, tous d’origine européenne, officiers, sous-officiers et soldats, croupissaient dans ce camp dans des conditions infâmes d’alimentation, d’hygiène et de prophylaxie. A l’infirmerie, véritable antichambre de la mort, des squelettes vivants agonisaient, vaincus par la faim, la maladie et rongés par la vermine, sous un essaim de grosses mouches vertes. Ils étaient, en effet, vidés par la dysenterie, minés par le paludisme, l’avitaminose, les ascaris, la peau rongée par les champignons de la dartre annamite, de la bourbouille et du hong-kong-foot. Parmi ceux qui n’avaient plus aucune réaction et qui allaient mourir le soir même ou dans la nuit, certains avaient les lobes d’oreilles et la base des narines entamés par les rats. C’était un spectacle affreux. Tous ceux qui étaient admis à l’infirmerie mouraient. Les agonisants attendaient la mort, les épuisés prenaient la place des agonisants, les sans-espoirs succédaient aux épuisés, les nouveaux arrivés comblaient les vides entretenant ainsi le cycle. Dans un endroit retiré, des latrines avaient été creusées où grouillaient des millions d’asticots qui donnaient naissance à des multitudes de mouches vecteurs de toutes les maladies, véritable « pont aérien entre ce lieu et les cuisines » selon le mot même de Boudarel. Le taux de mortalité variait entre 25 et 40 décès par mois, et même plus, selon les saisons.
C’est en ce lieu sinistre que Boudarel, surnommé « Dai Dông », mit au point ses sévices chaque jour plus raffinés et excella dans le lavage de cerveau imprégné des doctrines du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien.
Dans ce « mouroir », sa spécialité : « La mise à mort sans toucher » consistait :
- à abreuver de cours de « rééducation politique » des hommes blessés, malades, éreintés, affamés
- à obliger les moribonds à se lever pour assister à ces séances, qui contribuaient à les achever
- à exploiter la pratique clé la « critique et de l’autocritique » pour créer un détestable climat de méfiance, de discorde et de délation
- à remettre au Vietminh des médicaments parachutés par la Croix Rouge Française et en les refusant aux malades abandonnés sans soins
- à réserver aux évadés repris un sort qui menait à une fin quasi certaine
- à établir lui-même la liste des « libérables », c’est-à-dire en s’attribuant le droit de vie et de mort
- à pousser la cruauté jusqu’à renvoyer au camp des prisonniers déjà sur le chemin de la libération : Certains en mourront de désespoir
- à détenir un record de mortalité, avec 1 à 8 décès par jour.
Boudarel étant devenu le « conseiller technique » pour l’action psychologique, les chefs des 130 camps Việt Minh appliquaient avec zèle, sur ses indications, les séances de tribunal populaire destinés à juger ceux qui étaient considérés comme « fautifs ». Les prisonniers subissaient des traumatismes importants dus au viol psychologique de l’endoctrinement, des séances d’autocritique et d’encouragement à la délation.
Ils furent, ainsi, victimes « d’agressions psychologiques découlant d’une doctrine monstrueuse, appliquée par un État pratiquant une politique d’hégémonie idéologique et d’intolérance active ». Tous les éléments du génocide constituant le crime contre l’humanité furent réunis, tel que le définit la Convention des Nations Unies du 9 décembre 1948 : « Atteintes graves à l’intégrité physique et mentale du groupe ; soumission intentionnelle de celui-ci à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ».
Par ailleurs, en dépit de leur extrême faiblesse, tous ceux qui pouvaient tenir debout participaient aux corvées et aux activités du camp. « Si pas travailler, pas manger ! » Telle était la devise du surveillant général.
« Notre estomac est un chien enragé qui glapit, s’élance et se déchaîne, déchire les entrailles de ses dents »…
Pour preuve de son implacable inhumanité et de la jouissance dont il devait probablement se repaître, Boudarel fit condamner à mort Jean CHAMINADAS qui commandait la 7ème Compagnie du 5ème Régiment Etranger d’Infanterie au motif d’avoir tenté trois évasions et tué une sentinelle lors de la dernière. Mais là ne s’arrêta pas son abjection… Il demanda au frère du condamné, Max CHAMINADAS, également prisonnier, de commander, en personne, le peloton d’exécution… ce que Max refusa, évidemment. Qu’à cela ne tienne : Jean fut exécuté, pour l’exemple, sous les yeux de ses camarades d’infortune. Aujourd’hui, sa dépouille (ou ce qu’il en reste) repose au mémorial dédié aux « Morts pour la France » implanté à Fréjus.
Parmi les punitions – identiques à tous les camps- l’une des plus terribles était le séjour prolongé dans la sinistre « cage à buffles » sous une maison sur pilotis où le prisonnier, attaché à un poteau dans une eau putride sans pouvoir se protéger des piqûres d’insectes, était supplicié jusqu‘à la folie et la mort.
Durant l’année de son activité au camp 113, Boudarel reconnut lui-même un taux de mortalité atteignant les 70 %. Sur les 320 prisonniers Français, 278 moururent de mauvais traitements et de torture physique et psychologique. Lorsqu’ils débarquèrent à Marseille, les survivants, squelettes ambulants ou morts-vivants portés sur civière, furent la cible des jets de boulons, de crachats et d’injures par des dockers communistes de la CGT.
Inculpé de trahison Georges Boudarel fut condamné à mort par contumace en juin 1953. Après les accords de Genève, ce tortionnaire, bénéficiant de la loi d’amnistie gaulliste du 18 juin 1966, revint en France et fut aussitôt coopté au CNRS par ses amis communistes pour y préparer une thèse de troisième cycle d’histoire à l’université Paris VII Jussieu. Il devint maître de conférences à Jussieu et ces mêmes communistes et syndicalistes feront ensuite valider ses années « d’expérience » en Indochine pour favoriser sa carrière…
Durant ces années, il fréquente assidument les milieux trotskistes, en particulier la ligue d’Alain Krivine et comptera parmi ses amis et « protecteurs » Gisèle Halimi, Suzan Sontag, Marianne Schaub, Laurent Schwartz, Marcel Kahn, Madeleine Rebérioux… tout le gratin de la gauche intellectuelle qui sera à l’origine de la création de la « Ligue Contre Révolutionnaire ».
Le 13 février 1991, lors d’un colloque au Sénat sur le Vietnam auquel Boudarel participait, il fut reconnu et apostrophé par Jean-Jacques Beucler, ancien secrétaire d’État aux anciens combattants ayant lui-même participé à la guerre d’Indochine durant laquelle il avait été prisonnier pendant 4 ans dans le camp 113.
« Vous avez du sang sur les mains. Votre présence à cette tribune est indécente ! » vitupéra Beucler.
L’affaire fit grand bruit, d’autant plus que Boudarel adopta une attitude provocatrice, affirmant ne rien regretter et allant jusqu’à se moquer publiquement de ses anciennes victimes. D’autres témoignages furent déposés ensuite contre Boudarel qui fit l’objet en 1991 d’une plainte pour crimes contre l’humanité déposée par d’anciens prisonniers français du camp 113. Contre toute attente, articles et pétitions en faveur de Boudarel ne manquèrent pas dans le camp « progressiste » (Jean Lacouture, Pierre Vidal-Naquet…) et la justice rejeta l‘accusation de crime contre l’humanité portée par une association d’anciens combattants, au motif que les faits étaient couverts par la loi d’amnistie de 1966.
Suprême dérision : Soutenu par l’ensemble de la gauche intellectuelle, il échappa également à toute sanction dans le cadre universitaire.
A 65 ans, l’ancien commissaire politique du camp 113 put en toute légalité faire valoir ses droits à la retraite. Il mourra paisiblement dans son lit le 26 décembre 2003 à l’âge de 77 ans.
« Et ton nom paraîtra dans la race future, aux plus cruels tyrans, une cruelle injure ! » (Racine)
José CASTANO
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