Syndiquée à la CGT ? Encartée à LFI ?
À Nantes, « la personnalité ambiguë » de l’infirmière brestoise accusée de meurtre
Mais qui est réellement Aurélie Censier, accusée d’avoir tué son conjoint, le 1er avril 2022, à Brest, de deux balles dans la tête ? Au premier jour de son procès, à Nantes, cette infirmière est apparue confuse, manipulatrice et pas vraiment une femme sous emprise du défunt.
« Comment, dans votre tête d’infirmière, peuvent se rencontrer les valeurs d’écoute, d’aide et de soins et ce qu’on sait du dossier ? Avoir tiré, à deux reprises, sur un homme. On imagine qu’au regard de vos valeurs, c’est difficile ? » Il est près de 15 h, ce mardi 14 octobre, et Karine Laborde, présidente de la cour d’assises de Loire-Atlantique, à Nantes, vient de rentrer dans le vif du sujet.
« Détermination infaillible »
Jusque-là, la magistrate avait écouté Aurélie Censier se présenter comme « assez suiveuse ». En 2011, à l’âge de 23 ans, cette femme originaire du Val-de-Marne a brutalement coupé les ponts, six ans durant, avec ses parents, pour suivre son premier compagnon. « On a le sentiment de quelque chose de brutal, de radical », commente la présidente. L’accusée se décrit sous influence. Elle mettra au monde une fille, en 2014. Elle renoncera à son autorité parentale après la rencontre avec son nouveau conjoint, Adrien S. « Encore une fois, c’est une décision très radicale », s’étonne la présidente. « C’est Adrien qui me l’a demandé », assure-t-elle.
« Je n’arrivais pas à la cerner »
En 2021, Aurélie Censier a rejoint la clinique Kerfriden, à Châteaulin (29). Son intégration n’a pas été évidente. « J’avais des doutes sur ses comportements. C’est rare, dans ma carrière, mais je n’arrivais pas à la cerner. Elle ne s’investissait pas, elle survolait », dit sa responsable. « J’ai l’impression qu’elle vivait dans un monde virtuel. Elle avait une personnalité ambiguë », témoigne une infirmière de nuit qui sera choquée d’apprendre, de la bouche de l’accusée, que cette dernière a foncé en voiture sur un monsieur qui lui était passé devant, à la caisse d’un supermarché. « Ça ne s’est pas passé comme ça ! », assure Aurélie Censier.
Il était charismatique. Il me permettait de casser mon image de fille sage
« Je ne me voyais plus sans lui »
Adrien S. est rentré dans sa vie en novembre 2016, lors d’une soirée dans un bar de Plougastel-Daoulas (29). Elle a été « attirée par sa jeunesse, sa liberté. Il était charismatique. Il me permettait de casser mon image de fille sage ». La présidente : « Vous pensiez avoir une image de fille sage ? ». L’accusée : « Oui, j’avais 29 ans, je n’avais pas profité de ma jeunesse ». Alcool, drogues… À ses côtés, elle a aussi découvert des pratiques sexuelles à plusieurs. « C’était ça ou je prenais la porte… » Elle se décrit sous le joug de son compagnon, subissant ses désirs et sa toxicomanie. « Je ne me voyais plus sans lui. »
« Des armes partout dans le logement »
Dans la nuit du 1er avril 2022, à Brest, elle lui a tiré deux cartouches de carabine dans la tête, alors qu’il était allongé sur leur lit. Leurs deux filles de 2 et 3 ans dormaient à côté. Sur place, les policiers ont découvert « des armes partout dans le logement ».
En détention, Aurélie Censier a entamé, en juillet 2023, une relation avec un homme condamné pour viol sur mineur de 15 ans et actuellement sous mandat criminel dans une affaire de meurtre. La présidente lit leurs lettres enflammées et estime que « ce sont des éléments qui interrogent ». Pour l’accusée, « c’est surtout du soutien moral ».
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