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lundi 6 juin 2016
Affaire Bernard Ripert : du grand théâtre à Grenoble jeudi 2 juin 2016
Il accuse le procureur de mentir et de faire des faux et
dit que la psychiatre qui l’a fait interner lui aurait avoué avoir subi
des pressions.
C’est sans doute vrai.
Je ne sais ce qui se passe dans les juridictions grenobloises où je
n’ai jamais mis les pieds, mais peux bien m’étendre sur celles dont je
dépends, où effectivement les magistrats qui mentent et font des faux ne
sont pas si rares. Dans les affaires qui me concernent, c’est même
quasiment systématique. Je suis en effet confrontée à des magistrats qui
ne se gênent pas pour refaire selon leurs convenances personnelles,
toute ma biographie, toute l’histoire de mes différends avec Josette
Brenterch et ses divers complices, notamment ceux de la bande du
cyberdélinquant Pascal Edouard Cyprien Luraghi, et encore les
témoignages de mes témoins, et même les certificats ou comptes rendus
médicaux de mes médecins, des spécialistes réputés dont ils remettent en
cause tous les diagnostics du fait qu’ils ne sont pas conformes aux
prétentions de mes harceleurs concernant tout autant mon état mental que
mon état physique !!!
Cela dit, en ce qui me concerne, je n’admets pas du tout que des
médecins, psychiatres ou autres, puissent établir des certificats ou des
diagnostics médicaux sur ordre ou sur pressions de tiers, quels qu’ils
soient, autres médecins ou individus sans aucune compétence en matière
médicale.
A chacun son travail, son rôle et ses responsabilités.
Je suis déjà extrêmement choquée que mes avocats ne me défendent pas
ou choisissent de s’en tenir aux mensonges et inventions des magistrats
brestois dont ils subissent des pressions dans les affaires qui me
concernent, peu importe qu’ils me disent clairement ou non être selon
eux dans l’impossibilité de contrarier ces magistrats ultra CORROMPUS.
Je n’admets pas que des médecins puissent céder à des pressions,
quelles qu’elles soient, et me demande d’ailleurs à quels chantages ils
peuvent bien être soumis de la part de magistrats.
Et qu’en sera-t-il bientôt en matière d’euthanasie ?
« Excusez-moi, mais je subis des pressions pour vous euthanasier quoique vous soyez encore en pleine forme. »
Pressions de qui ? de l’amant de la jeune épousée qui attend l’héritage ?
L’avocat d’Action directe s’insurge contre son internement en psychiatrie
Bernard Ripert, avocat grenoblois, au tribunal correctionnel de Lyon, le 2 juin 2013. (JEFF PACHOUD/AFP)
L’avocat grenoblois avait été contraint à une hospitalisation forcée
sur décision du procureur général. Il s’estime victime d’un
« traitement inhumain ».
Un avocat menotté, placé en garde à vue puis interné dans un hôpital
psychiatrique sur ordre du procureur de la République. La procédure est
peu banale. D’autant qu’elle vise l’un des ténors du barreau de
Grenoble, Bernard Ripert,
qui a défendu le groupe terroriste d’extrême gauche Action directe en
1987 et en 1994. Jeudi 2 juin, alors que la Cour d’appel de Grenoble se
prononçait sur la radiation de l’avocat de 65 ans, ce dernier dénonçait dans « Libération » le « traitement inhumain » qu’on lui avait infligé.
A l’origine de cette affaire : un regard de l’avocat interprété par la Cour d’appel de Grenoble comme une « intimidation d’un magistrat en vue d’influencer son comportement ».
Le 13 mai, lors d’une audience devant décider de sa suspension, Maître
Ripert aurait en effet dévisagé un membre de la Cour, entraînant des
poursuites à son encontre. Par la suite convoqué à l’hôtel de police de
Grenoble dans le cadre de cette procédure, l’homme de loi ne s’est pas
présenté au rendez-vous. Les forces de police sont donc venues
l’interpeller à son domicile, lundi 25 mai.
Un avocat « présentant des troubles mentaux » ?
Pendant sa garde à vue, un médecin relève que le magistrat souffre
d’hypertension et recommande de l’hospitaliser au CHU de Saint-Egrève
(Isère). Au sein de cet établissement, il est examiné par un psychiatre,
à la demande du procureur général de Grenoble. A la suite du diagnostic
du spécialiste, le procureur déclare que Maître Ripert est « une
personne présentant des troubles mentaux qui nécessit[ent] son placement
sous contrainte en hôpital psychiatrique ». Le patient est donc
transféré mardi 24 mai à l’hôpital psychiatrique de Bassens (Savoie). Il
en sort le lendemain sur décision du préfet de Savoie, qui a consulté deux autres avis médicaux déclarant le magistrat sain d’esprit.
Le sort réservé à l’avocat grenoblois suscite l’émoi dans toute la profession. Le Conseil national des barreaux (CNB) déclare »demeurer vigilant
face aux pratiques qui consistent à placer en garde à vue, menotter et
interner un avocat pour des faits en relation avec l’exercice de la
défense ». L’association des avocats pénalistes a, quant à elle, publié
un communiqué assurant son confrère de son soutien, dès sa sortie de
l’hôpital.
Une cinquantaine d’avocats étaient présents à l’audience du 2 juin
pour épauler Maître Ripert. Fidèle à lui-même, ce dernier a fait une
entrée très théâtrale dans la salle d’audience : arborant sur sa robe le
triangle rouge duquel les nazis marquaient les résistants et les
prisonniers politiques, il s’est frayé à reculons un passage à travers
la foule.
Un procureur accusé de vengeance personnelle
Pendant deux heures et demie, Bernard Ripert a livré devant la Cour un réquisitoire au cours duquel il a condamné les « graves irrégularités et illégalités » des
procédures engagées contre lui. Et exigé la récusation des magistrats
et du procureur général de la cour. Il s’est montré particulièrement
virulent contre ce dernier qu’il accuse d’avoir poussé les magistrats à
le suspendre « pour satisfaire son ego et son besoin de vengeance
personnelle ».
A l’issue de l’audience, la Cour a annoncé qu’elle rejetait la
récusation du procureur et qu’elle refusait de se prononcer sur sa
propre récusation. En soutien de son confrère, l’avocat parisien Maître
Lévy a plaidé le dépaysement de l’affaire, reprochant à la cour d’appel
de Grenoble d’être « partiale » : « Toutes ces décisions concourent au même but : faire taire un avocat qui dérange. »
Provocations en série
« Un avocat qui dérange », ce titre semble coller à la peau de Bernard Ripert, réputé pour son ton insolent et ses plaidoiries provocatrices.
L’avocat d’Action directe est coutumier des condamnations à des
sanctions disciplinaires. En 2013, il avait été suspendu pendant un an
pour avoir qualifié une avocate de « roquet » et accusé un président de
cour d’avoir « menti » et « triché ».
L’avocat a également été suspendu quatre mois en
février dernier pour manquement déontologique : il avait injurié ses
confrères ainsi qu’un directeur de prison. Le conseil régional de
discipline a néanmoins relaxé grenoblois le 9 mai. Mais le parquet a
fait appel, prolongeant ainsi sa suspension jusqu’au 30 juin.
L’avocat Bernard Ripert avant son audience au palais de
justice de Grenoble le 2 juin. Photo Pablo Chignard. Hans Lucas pour
Libération
L’audience de l’avocat historique d’Action directe, jugé pour
manquements à la déontologie à Grenoble, a tourné au procès de la cour
elle-même.
Interné d’office, maître Ripert dénonce un «traitement inhumain»
Cette audience de la cour d’appel de Grenoble restera dans les
annales. Ce jeudi, elle devait examiner sur le fond les poursuites
disciplinaires engagées contre l’avocat du barreau de Grenoble, Bernard
Ripert, 65 ans, avocat historique d’Action directe et adepte de la
défense «de rupture», virulente et provocatrice ? Elle a tourné au
procès de la cour elle-même et de ses magistrats. Suspendu
provisoirement par cette même cour d’appel le mois dernier, après que le
conseil régional de l’ordre l’a pourtant relaxé des manquements qui lui
sont reprochés, Bernard Ripert l’affirme : il risque à l’issue de ce
procès d’être radié définitivement.
Dans la salle d’audience, près de 50 avocats sont là, venus de toute
la France, pour soutenir leur confrère et, pour certains, plaider pour
sa défense. Dans le couloir, devant la petite salle d’audience bondée,
près de 150 personnes sous pression sont massées, ne pouvant entrer,
scandant «procès public !» Parmi eux, Jean-Marc Rouillan, venu «soutenir son avocat».
Bernard Ripert fait son entrée, fendant la foule de ses confrères… en
marchant à reculons. Sur sa robe d’avocat, il porte le triangle rouge
utilisé par les nazis pour marquer les prisonniers politiques et les
résistants. C’est le dos tourné à la cour, et à son premier président
Beynel, qu’il prend la parole, d’une voix de stentor, évoquant les
rocambolesques poursuites qu’il a subies la semaine dernière dans le
cadre d’une procédure pour «intimidation envers un magistrat», l’un des
membres de cette cour justement… «La raison pour laquelle je vous
tourne le dos, c’est qu’il m’est interdit de regarder un magistrat plus
de deux secondes. Pour l’avoir fait, j’ai été violemment arrêté chez
moi, placé en garde à vue puis interné en hôpital psychiatrique,
décision scandaleuse et abusive.»
Le président l’assure de son «regard bienveillant, ouvert et attentif»
et Ripert se retourne. Pendant deux heures et demie, il soumet la cour à
un réquisitoire virulent et étayé, sans la moindre note, dénonçant les «graves irrégularités et illégalités»
des procédures menées contre lui, demandant la récusation des
magistrats de la cour et celle du procureur général de la cour d’appel,
l’accusant d’avoir, «pour satisfaire son ego et son besoin de vengeance personnelle»,
poussé les magistrats de la cour d’appel à le suspendre alors même
qu’une telle suspension n’est pas de leur ressort. Les dizaines de robes
noires opinent du chef.
«Acceptez d’ouvrir les yeux»
Ripert dénonce «le harcèlement, les persécutions, les tortures psychologiques et le traitement inhumain» que le procureur général lui inflige. Il interroge la cour, après avoir dénoncé des «mensonges» et les «faux» du procureur contre lui : «Allez-vous encore le suivre lorsqu’il va vous demander ma radiation ? C’est lui qui doit être radié.» La foule massée dans le couloir est totalement silencieuse, à l’écoute du vieil avocat survolté.
Ripert en vient au fond : «Que me reprochez-vous ? Pourquoi
m’interdisez-vous d’exercer mon métier ? Ma manière de respecter la
justice et ceux qui la rendent est de plaider la vérité. Je n’ai jamais
triché avec les faits, avec les lois.» Tendant un doigt accusateur vers le procureur, il assène : «Acceptez
d’ouvrir les yeux : celui-là a fait, à quelques jours de son départ en
retraite, une affaire personnelle de ma radiation.» Evoquant l’épisode de son internement psychiatrique, il affirme : «La psychiatre qui m’a examiné […] m’a avoué avoir subi des pressions.»
«Je demande le respect pour le procureur»
Le président du Syndicat des avocats de France (SAF), Florian Borg, soutient ensuite ces demandes de récusation : «Bernard
Ripert doit profiter d’une justice impartiale, or la partialité de
votre juridiction est avérée, au vu de la suspension, de la garde à vue
et de l’internement qu’il a subis. La cause dépasse son cas personnel,
c’est la liberté de la défense que nous suivons ici.» Le procureur répond en quelques mots : «Je n’ai aucune inimitié envers Me Ripert, je demande le respect pour le procureur», avant de déclarer les demandes de récusation «irrecevables».
Des soutiens à l’avocat Bernard Ripert devant la salle d’audience au
palais de justice de Grenoble, jeudi. Photo Pablo Chignard. Hans Lucas
pour Libération
Après une suspension de séance prolongée, la Cour annonce qu’elle
rejette la récusation du procureur et qu’elle refuse de se prononcer sur
sa propre récusation. Elle a remis par mail, la décision entre les
mains de la Cour de cassation. Le ténor du barreau parisien, Me Levy, reprend alors la charge, plaidant le dépaysement de l’affaire : «Nous soupçonnons la cour d’appel de Grenoble d’être partiale», précise-t-il, pointant une «chaîne de décision et de responsabilités» qui a abouti à une situation qui «avilit l’institution judiciaire». Après avoir dénoncé à son tour l’illégalité de la suspension prononcée contre Ripert par cette cour et «l’infâme» traitement qui lui a été infligé pour un simple regard, il se fait solennel : «Toutes
ces décisions concourent au même but : faire taire un avocat qui
dérange, […] ce n’est pas un acte contre une personne, c’est un acte
contre l’ensemble de ceux qui sont soumis à la justice. Il vous déplaît,
monsieur le procureur, qu’un avocat trouble les audiences et gène le
travail des magistrats ? Il n’a pourtant pas d’autre rôle… Nous ne
sommes pas dans un régime totalitaire. Nous sommes ici pour vous
exprimer notre indignation.»
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