La famille Merah impliquée dans la dernière exécution de l’Etat Islamique filmée en video ?
Le 11/03 à 18:00, mis à jour à 18:23
Selon Reuters, les services français pensent que le
djihadiste qui apparaît dans la vidéo publiée mardi l’Etat islamique est
Sabri Essid, le demi-frère de Mohamed Merah – Capture d\’écran
Selon l’agence Reuters, les services français pensent que le
djihadiste qui apparaît dans une vidéo diffusée mardi par l’EI, montrant
une exécution, est Sabri Essid, le demi-frère de Mohamed Merah.
Les services français pensent que le djihadiste qui apparaît dans la
vidéo publiée mardi par le service média de l’Etat islamique (EI),
Furkan, est bien Sabri Essid, le demi-frère de Mohamed Merah, selon
l’agence Reuters, citant une source policière.
De leur côté, les autorités n’ont pas commenté l’avis d’experts du
djihadisme selon lesquels cette vidéo, montrant un enfant tirant une
balle dans la tête d’un Arabe israélien, serait liée à la famille Merah.
Par ailleurs, ils cherchent également à savoir si l’enfant qui a tiré
les coups de feu n’est pas un fils de Sabri Essid, parti en Syrie avec
sa famille depuis plus d’un an, et non de Souad Merah, la soeur de
Mohamed, a-t-on ajouté de même source, rapporte Reuters. Il y a trois
ans, Mohamed Merah a assassiné trois militaires ainsi que trois enfants
et un enseignant d’une école juive de Toulouse avant d’être abattu par
les forces de l’ordre lors de l’assaut de son logement.
Un « djihadiste français originaire de Toulouse »
En mai 2014, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait
annoncé que les autorités soupçonnaient Souad Merah, la soeur du
djihadiste de Toulouse, d’avoir rejoint son compagnon en Syrie avec ses
quatre enfants. Le chercheur Romain Caillet a estimé sur son compte
Twitter que l’homme apparaissant sur la vidéo était un « djihadiste
français originaire de Toulouse », dont il n’a pas précisé le nom.
Le journaliste David Thomson, auteur du livre « Les Français
jihadistes », précise également sur Twitter que certains pensent
reconnaître Sabri Essid, ancienne figure du milieu salafiste radical
toulousain.
« Pensé et réfléchi par les spin doctors de l’État Islamique »
Pour la première fois sur une vidéo de l’EI, la sentence de mort est
prononcée en français. Tout en restant prudent, Wassim Nasr, journaliste
à France 24 et spécialiste du djihadisme, rapporte pour sa part que
l’enfant mis en scène dans la vidéo serait français et pourrait avoir
l’âge d’un fils de la soeur de Mohamed Merah.
Sur Twitter, il rappelle que le 11 mars correspond au début des
attaques de Mohamed Merah dans la région de Toulouse il y a trois ans.
« Ce timing n’est pas le fruit du hasard mais il est pensé et réfléchi
par les spin doctors de l’État Islamique à l’adresse de la France »,
écrit-il.
La vidéo de 13 minutes diffusée mardi montre un Arabe israélien,
Mohamed Moussallam, 19 ans, vêtu d’une combinaison orange, raconter
comment il a été recruté et entraîné par les services de renseignement
israéliens, encouragé en cela par son père et son frère. Moussallam est
ensuite conduit à l’extérieur, jusqu’à un champ où il écoute à genoux la
sentence de mort lue par un djihadiste qui s’exprime en français, puis
un enfant en uniforme militaire, en face de lui, lui tire une balle en
pleine tête.
L’Etat islamique (EI) a diffusé, mercredi 11 mars, une vidéo de
propagande dans laquelle, pour la première fois, est mis en scène dans
le rôle de bourreau, un mineur soupçonné d’être français. Présenté comme
« un jeune lion du Califat », le garçonnet y est montré abattant à bout portant un arabe israélien qualifié d’espion du Mossad. Beaucoup de zones d’ombre entourent toutefois cette vidéo.
Selon une source proche des services de renseignement, le jeune garçon « est susceptible d’être » le beau-fils de Sabri Essid, un ancien proche du tueur de Toulouse, Mohamed Merah. Sabri Essid est lui-même « susceptible » d’être l’adulte qui apparait aux côtés de l’enfant à l’écran. Le journaliste de RFI David Thomson
est le premier à avoir identifié Sabri Essid sur la vidéo, sur la foi
de témoignages provenant de Syrie, mais les autorités françaises se sont
pour l’heure refusées à confirmer ces informations.
La justice française a annoncé, jeudi, avoir ouvert une enquête,
notamment pour assassinat, selon une source judiciaire à l’Agence
France-Presse.
Reconnu par des amis d’enfance
Les seuls éléments établis sont que Sabri Essid, 30 ans, a rejoint
les rangs de l’EI en avril 2014. Il avait auparavant quitté la France
avec femme et enfants : ses filles jumelles, un nourrisson et un enfant
de 12 ans que son épouse a eu d’une première union. C’est ce dernier qui
apparaîtrait sur la vidéo de propagande.
Les autorités françaises sont extrêmement prudentes depuis la
confusion, en novembre 2014, autour de l’identification d’un autre
djihadiste français : Mickaël Dos Santos. Celui-ci avait été
officiellement reconnu par le parquet de Paris comme faisant partie des
bourreaux de 18 soldats syriens. Mais le jeune homme avait ensuite
démenti l’information via un compte Twitter créé pour l’occasion. Sa
propre mère l’avait également reconnu, avant de se rétracter.
Selon nos informations, des amis d’enfance de Sabri Essid qui
habitent la cité des Izards, à Toulouse, l’ont néanmoins formellement
identifié. Un des responsables de la mosquée du « château », dans le
quartier du Mirail, à Toulouse, juge également que la photo lui « ressemble » fortement, même si il aurait pris du poids depuis.
La date de diffusion de la vidéo tend également à désigner Sabri
Essid. C’est il y a exactement trois ans, le 11 mars 2012, que Mohamed
Merah débutait sa cavale meurtrière en tuant à bout portant Imad Ibn
Ziaten, un militaire français. Sabri Essid avait un lien familial avec
Mohamed Merah, car son père avait épousé sa mère. C’est par ailleurs lui
qui avait organisé ses funérailles.
« Un signe envoyé aux juges »
« Le dossier montre que Sabri Essid a pu jouer un rôle important
dans l’endoctrinement de Merah. Il lui rendait souvent visite en prison
et l’a eu au téléphone la veille de l’attentat. Or il n’a jamais été
entendu. pourquoi ? Cette vidéo est un signe envoyé aux juges
instructeurs », estime de son côté Me Samia Maktouf, avocate de la veuve d’Imad Ibn Ziaten.
Certains experts ont toutefois des doutes sur le fait que ce soit
bien l’enfant qui tire sur l’agent supposé du Mossad. Le montage ne
permet pas de le voir clairement l’abattre. Cette vidéo est la deuxième
du genre diffusée par l’EI. En janvier, dans une mise en scène similaire
destinée à montrer que Daech dispose d’une génération de réserve, on
pouvait voir un très jeune garçon abattre deux espions russes.
Reste l’identité de la victime de la vidéo du 11 mars. Il s’agit d’un
arabe israélien de 19 ans : Mouhammad Moussalam. Il avait rejoint les
rangs de l’EI en octobre 2014. Originaire du quartier de Beit Hanina, à
Jérusalem-est, il avait, selon son père, très vite regretté sa décision
et tenté de revenir deux mois après son arrivée. Mais, toujours selon
son père, il avait alors été arrêté à un barrage, incarcéré, et forcé à
reconnaître qu’il était un agent israélien.
En février, le magazine anglophone Dabiq, instrument de
propagande de l’EI, avait publié un entretien – dont l’authenticité est
impossible à établir – avec le jeune homme. Dans celui-ci, il expliquait
que son recrutement avait été facilité dans son quartier par un voisin
juif, policier de profession. Il aurait perçu un salaire de base de 5000
shekels (1100 euros) et suivi une formation initiale d’un mois. Puis un
agent du Mossad l’aurait sollicité pour qu’il infiltre les rangs de
l’EI afin de repérer les caches d’armes et identifier les Arabes
israéliens et les Palestiniens dans ses rangs.
Selon un haut responsable militaire, interrogé par Le Monde, l’influence
de l’État islamique parmi les Arabes israéliens et les Palestiniens des
territoires occupés, à Gaza ou en Cisjordanie, «n’est pas un problème central, mais une inquiétude ».
Les autorités ont comptabilisé une quarantaine d’Arabes israéliens
partis combattre dans les rangs djihadistes, et à peu près le même
nombre de Palestiniens partis des territoires occupés.
Le «demi-frère» de Merah, étendard français de l’EI
Jean-Manuel ESCARNOT (Correspondant à Toulouse) 11 mars 2015 à 19:36 (Mis à jour : 11 mars 2015 à 19:39) Capture d’écran de la vidéo de propagande publiée mardi par
l’EI dans laquelle Sabri Essid évoque la prise d’otages de l’Hyper
Cacher. (Photo AFP)
RÉCIT
Connu de la police depuis 2002 et membre d’un groupe extrémiste basé
en Ariège, Sabri Essid s’exprime dans la dernière vidéo d’exécution de
l’Etat islamique.
L’homme qui apparaît dans la vidéo d’exécution de l’Etat islamique
publiée mardi serait Sabri Essid, 31 ans, le «demi-frère» de Mohamed
Merah. Selon plusieurs sources dans son entourage jointes par Libération, il y aurait peu de doutes sur son identité. «Des vérifications avec des membres de sa famille»
sont en cours, nous a précisé une source judiciaire. Les images de la
vidéo sont ultra-violentes. Un enfant âgé d’une dizaine d’années en
djellaba et treillis camouflage exécute, d’une balle dans la tête, un
arabe israélien soupçonné d’être un espion du Mossad. Le gamin – il
pourrait s’agir du beau-fils de Sabri Essid, âgé de 12 ans – tire
ensuite plusieurs balles sur le corps en criant «Allah akbar». A
ses côtés et s’exprimant en français, Sabri Essid, s’il s’agit bien de
lui, évoque l’attaque de l’Hyper Cacher Porte de Vincennes en janvier et
menace de s’en prendre aux Israéliens et de conquérir Jérusalem.
Prosélytisme. L’homme, longue barbe et
queue-de-cheval, est une figure de l’islamisme radical toulousain. Sa
dernière apparition publique remonte au 29 mars 2012, le jour de
l’enterrement de Mohamed Merah. Entouré d’une vingtaine de proches du
tueur de Toulouse et Montauban, il participe alors à l’inhumation dans
le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu (Haute-Garonne). Joint
par Libération, il refuse notre demande d’interview. Se sachant
surveillé par la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI),
il fait profil bas. Jusqu’à son départ en famille, fin mars 2014, pour
la Syrie. Le Franco-Tunisien y rejoint l’Etat islamique avec son frère
Walid, 28 ans, sa femme, le fils de celle-ci et leurs trois jeunes
enfants. C’est sa belle-mère qui signalera leur disparition, fin avril, à
la police.
Sabri Essid était très lié à Mohamed Merah et était même devenu son
«demi-frère» après le mariage de son père, Mohamed Essid, 60 ans, avec
la mère de Merah. Après la mort du «tueur au scooter», Sabri Essid était
resté en contact avec sa sœur aînée, Souad, et sa mère, qu’il
accompagnait parfois faire ses courses dans le quartier toulousain du
Mirail.
Sabri Essid apparaît dans les radars policiers dès 2002. Avec des
jeunes des quartiers des Izards et du Mirail, il appartient à un groupe
d’islamistes rassemblés autour d’Olivier Corel, natif de Syrie et
fondateur d’une communauté islamique dans le hameau de Lanes à Artigat
(Ariège). Sa maison aux fenêtres obstruées y accueille des stages
d’apprentissage de la «religion vraie». Considéré comme un «émir», Corel
y dispense un enseignement théologique doublé d’analyses de
géopolitique internationale.
Les plus assidus, Essid et l’Albigeois Thomas Barnouin, font du
prosélytisme à Toulouse et diffusent des textes sur l’interprétation du
Coran. Le groupe se réunit dans la salle de prière d’un foyer Adoma
(ex-Sonacotra) du quartier des Izards. A partir de 2004, il déserte les
mosquées toulousaines, trop modérées à ses yeux, pour se réunir dans des
appartements.
En avril 2005, Sabri Essid est interpellé à cause d’un courrier
anonyme l’accusant de préparer un attentat contre le consulat des
Etats-Unis à Lyon et deux supermarchés toulousains. Il ressort libre de
sa garde à vue. Le groupe se durcit, parle ouvertement du jihad. En
novembre 2006, Sabri Essid et Thomas Barnouin échappent à la vigilance
policière, partent en Syrie et projettent de passer en Irak pour y mener
le jihad contre les Américains. Les deux sont interpellés par les
services syriens dans une maison à la frontière et renvoyés en France.
«Fondus». A leur descente d’avion, Essid et Barnouin sont mis en examen à Paris pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» puis
incarcérés. Mohamed Merah «assiste» en détention Sabri Essid. Les
autres membres du groupe qui s’apprêtaient à les rejoindre en Irak sont
arrêtés dans la région de Toulouse. Jugé en 2009 à Paris avec ses
comparses, Sabri Essid est condamné à quatre ans de prison puis, à sa
sortie, devient grutier.
Disséminés dans la nature, les membres du groupe reviennent sur le devant de la scène en 2012, lors des attentats de Merah. «On les sentait inquiets»,
livre un policier. Le groupe est surveillé par la police, qui les file
lors de séances de paintball, de réunions dans des appartements et de
déplacements à Grigny, en région parisienne. De nouvelles têtes,
notamment des convertis, apparaissent dans leur entourage. Mais leur
suivi n’empêche pas leur départ simultané d’Albi et de Toulouse pour la
Syrie entre mars et avril 2014. Une vingtaine de départs au total.
«Le profil de types comme ceux du groupe d’Artigat est
inquiétant. Ce sont des fondus qui auront gagné en influence à leur
retour, s’ils reviennent», commente une source judiciaire. Depuis
septembre 2013, le juge antiterroriste Marc Trévidic enquête sur ce
réseau dit «Artigat 2» et «susceptible de commettre des attentats sur le territoire national». Sabri Essid et comparses sont soupçonnés de continuer à recruter dans la région toulousaine.
Lors de l’enterrement de Mohamed Merah, le 29 mars 2012, au
cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse. (Photo Eric Cabanis. AFP)
RÉCIT
Comme la sœur et le «demi-frère» du «tueur au scooter», les
jihadistes du groupe d’Artigat ont réussi, les uns après les autres, à
partir pour la Syrie. Malgré la surveillance de la police.
Les jihadistes de la région Midi-Pyrénées ont parfaitement rangé leur
appartement avant de partir pour la Syrie. A Toulouse et à Albi, entre
janvier et mai, une quinzaine d’islamistes radicaux pourtant surveillés
par la police s’en sont allés. Dernière en date, Souad Merah a quitté
Toulouse le 9 mai avec ses quatre enfants (Libération des 24 et 25 mai).
Les membres de ce réseau sont des salafistes proches des frères Merah,
passés comme eux par les stages dispensés par Olivier Corel, le «cheikh»
franco-syrien de la communauté islamique d’Artigat (Ariège).
Comme l’a révélé le Journal du dimanche, Sabri Essid,
29 ans, serait parti fin mars pour la Syrie. Il était très lié à Mohamed
Merah, le «tueur au scooter» qui a perpétré sept assassinats de
militaires et de Juifs à Montauban et Toulouse en mars 2012. Il était
devenu son «demi-frère» après le mariage de son père, Mohamed Essid,
60 ans, avec la mère de Merah. Surveillé par la Direction générale de la
sécurité intérieure, le Franco-Tunisien a filé en Syrie avec son frère,
sa femme, le fils de celle-ci et leurs trois enfants en bas âge. C’est
sa belle-mère qui a signalé leur disparition, début avril, à la police.
Après la mort de Mohamed Merah, Sabri Essid était resté en contact avec
sa sœur aînée, Souad, et sa mère, qu’il accompagnait parfois faire ses
courses dans le quartier toulousain du Mirail.
Couvertures. Sabri Essid apparaît dans les radars
policiers dès 2002. Avec ses coreligionnaires, les frères Jean-Michel et
Fabien Clain, âgés de 33 et 35 ans et originaires de l’île de la
Réunion, Mohamed Megherbi et le Français converti Thomas Barnouin, issus
des quartiers des Izards et du Mirail à Toulouse, il appartient à un
groupe d’islamistes rassemblés autour du charismatique Olivier Corel,
natif de Syrie et fondateur d’une communauté islamique dans le hameau de
Lanes à Artigat. Sa maison en parpaings rouges aux fenêtres bouchées
par des couvertures y accueille des stages d’apprentissage de la «religion vraie». Considéré comme un «émir» ou un «gourou»
par les services de renseignements, Corel y dispense un enseignement
théologique doublé d’analyses de géopolitique internationale. Souad
Merah, qui pratique un islam rigoriste et a inévitablement fréquenté ce
haut lieu d’Artigat, nous disait de lui : «C’est un savant, un cheikh à qui nous demandons conseil. Il a des chevaux, et mes enfants ont découvert chez lui la poterie et l’équitation.»
Les plus assidus, Essid, Barnouin, les frères Clain et Megherbi, font
du prosélytisme à Toulouse, diffusent des textes sur l’interprétation
du Coran. Megherbi épouse l’une des sœurs Clain. La nuit, le groupe se
réunit dans la salle de prière d’un foyer Sonacotra du quartier des
Izards. A partir de 2004, il déserte les mosquées toulousaines, trop
modérées à leurs yeux, pour se réunir dans des appartements. L’Albigeois
Barnouin part étudier la religion dans une école coranique de Médine,
en Arabie Saoudite. Essid, les frères Clain et Megherbi se rendent à
Utrecht, aux Pays-Bas, d’où ils rapportent de la littérature islamique
et des cassettes de prêches vendues sur les marchés toulousains.
En 2005, les frères Clain et Megherbi séjournent en Egypte, dans une
école coranique.
En avril 2005, Sabri Essid est interpellé à cause d’un courrier
anonyme l’accusant de préparer un attentat contre le consulat des
Etats-Unis à Lyon et deux supermarchés toulousains. Il ressort libre de
sa garde à vue. Le groupe se durcit, parle ouvertement du jihad autour
de lui. En novembre 2006, Sabri Essid et Thomas Barnouin échappent déjà à
la vigilance policière, partent en Syrie et projettent de passer en
Irak pour y mener le jihad contre les Américains. Les deux sont
interpellés dans une maison à la frontière et renvoyés en France. Leur
compagnon de voyage Miloud Chachou disparaîtra en Irak.
Grutier. A leur descente d’avion, Essid et Barnouin sont mis en examen à Paris pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste»
puis incarcérés. Mohamed Merah «assiste» en détention son pote et
«demi-frère» Sabri Essid. Les autres membres du groupe d’Artigat qui
s’apprêtaient à les rejoindre en Irak sont arrêtés dans la région de
Toulouse. On retrouve un testament chez Megherbi. Jugé en 2009 à Paris
avec ses comparses, Sabri Essid est condamné à quatre ans de prison,
devient grutier à la sortie. Dissipés dans la nature, les membres de ce
groupe sont revenus sur le devant de la scène en 2012 avec les attentats
de Mohamed Merah. Essid a assisté à son enterrement en catimini. «On les sentait inquiets», livre un policier.
A Albi, Thomas Barnouin agrège autour de lui une poignée de jeunes du
quartier sensible de Cantepau. Le groupe est surveillé par la police
qui assiste en janvier à des entraînements au close-combat. Cela
n’empêche pas leur départ simultané d’Albi et de Toulouse pour la Syrie
en février. Essid, Megherbi, Barnouin et quatre de ses potes d’Albi
disparaissent les uns après les autres. Les familles signalent les
départs à la police. «Le profil de types comme ceux du groupe
d’Artigat est inquiétant. Ce sont des fondus qui auront gagné en
influence à leur retour, s’ils reviennent», commente un policier du
renseignement. C’est pourquoi, depuis septembre 2013, le juge
antiterroriste Marc Trévidic enquête sur ce réseau dit Artigat 2, «susceptible de commettre des attentats sur le territoire national».
Otage israélien exécuté par l’EI : la justice française ouvre une enquête
Publié le 12/03/2015 à 14:59, Mis à jour le 12/03/2015 à 15:00
Terrorisme
Sabri Essid, 30 ans, a épousé les thèse de l’islamisme radical dès le début des années 2000./
Une enquête a été ouverte en France notamment pour assassinat à la
suite de la diffusion de la vidéo de l’exécution d’un otage arabe
israélien par l’organisation Etat islamique (EI), dans laquelle apparaît
un homme présenté comme étant le demi-frère de Mohamed Merah.
Sur les images, on voit un jihadiste s’exprimant en Français avec
l’accent de Toulouse en compagnie d’un enfant d’une douzaine d’années
qui semble exécuter avec un pistolet un homme présenté comme un espion
d’Israël. Selon des sources proches du dossier, il pourrait s’agir de
Sabri Essid et d’un des fils de Souad Merah, la sœur du tueur au
scooter. Ces identifications n’ont pas été confirmées par les autorités
françaises.
L’enquête a été ouverte des chefs d’assassinat en relation avec une
entreprise terroriste, association de malfaiteurs criminelle en relation
avec une entreprise terroriste, apologie du terrorisme et indication à
commettre des actes de terrorisme. C’est la première application en
France de ce chef de poursuites.
Sabri Essid est le fils d’un ancien compagnon de la mère de Mohamed
Merah. Les deux hommes étaient proches. Âgé de 31 ans, Sabri Essid est
parti pour la Syrie au printemps 2014 avec des proches, dont une figure
du jihadisme dans le Sud-Ouest, Thomas Barnouin. Les deux hommes avaient
été interceptés en 2006 par l’armée syrienne alors qu’ils se rendaient
en Irak pour y prendre part au jihad contre les forces de la coalition
internationale. Ils avaient été condamnés en 2009 à cinq ans de prison.
Dans l’enregistrement, le jihadiste menace Israël et évoque en
français la récente attaque contre l’Hyper Cacher à Paris, où Amédy
Coulibaly a assassiné quatre juifs.
Terrorisme – Daniel Thomson, Journaliste à RFI, auteur du livre «Les Français jihadistes»
«La France est le pays le plus menacé»
Est-on sûr que le jihadiste qui s’exprime dans la vidéo, est bien Sabri Essid ?
Pour moi, il n’y a pas de doute. J’ai eu confirmation de plusieurs
sources en Syrie, et de combattants de l’Etat islamique. C’est pour ça
que j’ai été le premier à mentionner son nom sur mon compte Twitter.
La vidéo a été publiée à la veille du 11 mars, 3e
anniversaire du premier meurtre de Merah à Toulouse. Ce n’est pas qu’une
coïncidence… ?
Non, effectivement, je ne pense pas que ça puisse être une
coïncidence, surtout connaissant les réflexes de la propagande de l’Etat
islamique, qui adore ce genre de symbole. Chaque vidéo est toujours
pensée parfaitement, ils pensent toujours à la cible qu’ils veulent
toucher. Si un des plus proches du clan Merah intervient dans cette
vidéo en faisant allusion aux attaques passées contre les juifs en
France et en menaçant les juifs de France, la veille du premier
assassinat de Merah, ce n’est pas possible que ce soit un hasard. Ils
veulent marquer l’événement, ils veulent le célébrer à leur manière.
C’est une manière de continuer à mettre la pression sur la France ?
Tout à fait. On peut même dire que parmi tous les pays qui font
partie de la coalition, la France est le pays qui est le plus menacé
dans toute la propagande, la communication, les vidéos, les textes de
l’EI. Leur idée c’est de continuer à menacer, à donner une illusion de
puissance, à dire on peut frapper partout à tout moment, même si ce
n’est pas vrai. Ils font en sorte, par leurs vidéos, que cette peur
existe.
Comment expliquer que ces vidéos justement, servent à embrigader les jeunes français et européens ?
Effectivement, quand tu poses la question aux jihadistes, ils
répondent toujours que chaque vidéo a deux volets : terroriser leurs
ennemis et recruter de nouveaux adeptes. Quels sont les ressorts qui
permettent à ces vidéos de fonctionner, ça, c’est très difficile à
expliquer. Ce qui est sûr, c’est qu’au sein du public jihadiste,
beaucoup ne s’informent qu’à travers ces vidéos. Ce sont leurs JT. Et
ils considèrent que la vérité ne vient que de ça, et que tout ce qui
vient de nos médias mainstream est faux. C’est un inversement des
valeurs.
Voyez-vous le rapprochement entre Boko Haram et l’EI comme une menace supplémentaire ?
C’est plus qu’un rapprochement, Boko Haram est devenu la branche
nigériane de l’EI. On peut imaginer qu’il y aura des transferts de
combattants étrangers, comme ça a été le cas de la Syrie vers la Lybie,
avec la création de la branche libyenne. Par contre on a déjà pu
constater une mise à niveau médiatique de Boko Haram, qui en 2 semaines
est passé de l’âge de pierre, à des vidéos sophistiquées du niveau de
l’Etat islamique. C’est, selon moi, le signe d’une volonté d’expansion,
pas de faiblesse, mais je n’ai pas de certitude là-dessus.
Sabri Essid, proche de Merah, « très probablement » filmé par l’EI dans une vidéo d’exécution
Publié le 12/03/2015 à 14:03
A la Une
Capture d’écran en date du d’une vidéo diffusée par le groupe Etat
islamique (IS) et présentant « très probablement » Sabri Essid, un
proche de Merah – / Al-Furqam media/AFP
Le jihadiste s’exprimant en français dans une vidéo d’exécution
diffusée mardi par le groupe État islamique est « très probablement »
Sabri Essid, un proche de Mohamed Merah, et l’enfant qui tue le
prisonnier est le fils de sa femme, ont indiqué jeudi des sources
concordantes.
Selon une source proche du dossier, qui demande à rester anonyme,
« il y a une forte probabilité » que le jihadiste filmé en compagnie
d’un enfant d’une douzaine d’années qui exécute avec un pistolet un
Palestinien présenté comme un espion soit bien Sabri Essid,
« demi-frère » de Mohamed Merah après le mariage de son père, Mohamed
Essid, avec la mère du tueur au scooter de Toulouse.
Une autre source proche de l’enquête en cours, lancée pour
l’identifier, précise que tout porte à croire qu’il s’agit bien d’Essid,
31 ans, dont les enquêteurs estiment qu’il est parti pour la Syrie au
printemps 2014. L’enfant filmé en train d’exécuter de plusieurs balles
l’Arabe israélien Muhammad Said Ismail Musallam, accusé d’être un agent
du Mossad, serait le fils de la femme de Sabri Essid, précise la même
source.
Mais, faute de preuve irréfutable, comme son arrestation ou un
élément pouvant permettre le prélèvement d’ADN, il ne sera pas possible
d’affirmer que c’est bien Sabri Essid avec davantage de certitude, à la
vue de ce film d’une dizaine de minutes, précisent à l’AFP ces deux
sources.
Vieille connaissance des services antiterroristes français, figure de
l’islamisme radical à Toulouse, Sabri Essid évoque en français, dans
cet enregistrement, la récente attaque de l’Hyper Cacher, menace de s’en
prendre aux Israéliens et de conquérir Jérusalem. Il avait été
intercepté en décembre 2006 en Syrie, dans une maison connue pour
abriter des membres d’Al-Qaïda en transit pour l’Irak. Renvoyé en
France, il avait été condamné en 2009 à cinq ans de prison dont un avec
sursis dans une affaire de filière jihadiste irakienne.
Il était proche de Mohamed Merah et de son frère Abdelkader, mis en
examen et en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur les
tueries de Toulouse et de Montauban en mars 2012.
Mohamed Merah avait semé l’effroi en France en tuant entre le 11 et
le 19 mars 2012 à Montauban et Toulouse trois militaires et trois
enfants et un enseignant dans une école juive.
Publié le 12/03/2015 à 07:51, Mis à jour le 12/03/2015 à 09:36
Terrorisme
Le jihadiste apparaissant sur la vidéo d’exécution diffusée hier par Daesh pourrait être Sabri Essid./ Photo DR
C’est une quasi-certitude : dans cette dernière vidéo postée par
Daesh, le jihadiste aux côtés d’un enfant qui va assassiner un otage est
le Toulousain Sabri Essid. Il se présentait comme le «demi-frère» de
Mohammed Merah. Quant à l’enfant, est-il lui aussi toulousain ?
Il n’a que 30 ans, mais c’est déjà un des adeptes les plus actifs du
salafisme toulousain, se disant le «demi-frère» de Mohammed Merah. Sabri
Essid a franchi un nouveau degré dans l’horreur, en se présentant dans
une vidéo postée sur internet. On le découvre en compagnie d’un jeune
garçon d’une douzaine d’années, qui va, devant la caméra, abattre un
otage.
La vidéo a été diffusée mardi par L’État islamique. Dès les premières
images, les spécialistes du renseignement, voyant qu’ils avaient
affaire à un jihadiste parlant français, ont pensé qu’il s’agissait bien
de Sabri Essid. Des vérifications sont en cours, mais elles tendent
bien à confirmer ces premiers éléments. Des témoins toulousains, qui ont
connu Essid, ont également le sentiment qu’il s’agit bien de cet ancien
gamin de Jolimont sur les photos venues de Syrie.
La vidéo est effarante. Conçue comme un véritable clip, avec
ralentis, travellings avant, zoom, gros plans et fond musical. Celui que
l’on pense être Sabri Essid se lance alors dans une logorrhée
mystico-apocalyptique : «Louange à Allah le fort, le tout-puissant
vainqueur des mécréants et des athées, le prophète de la grande
bataille. Vous les Juifs, Allah nous a permis de tuer vos frères sur le
sol français, et ici sur la terre de l’État islamique.»
En désignant de la main le garçon qui est à ses côtés, il lance :
«Les jeunes lions du califat vont tuer ceux que le Mossad imbécile a
envoyés pour espionner les moudjahidins et les musulmans. Un sale espion
apostat, dit-il en pointant du doigt l’otage à genoux, mais Allah a
retourné votre ruse contre vous. Oh, Juifs, les conquêtes de l’État
islamique viennent de commencer…»
Essid fait alors un geste vers l’enfant. Qui se place devant l’otage,
toujours agenouillé, vêtu d’une combinaison orange. Il vise, et tire
une balle dans le front. La victime s’écroule. L’enfant fait feu alors
encore plusieurs fois sur le corps. Puis lance les bras au ciel avec un
grand sourire en s’écriant : «Allah Ou Akbar !» avant de tirer une
ultime cartouche.
Qui est cet enfant ? Fait-il partie de cette «famille» élargie de la
galaxie Merah ? On sait que le père de Sabri Essid a épousé la mère de
Merah, ce qui a scellé cette espèce de «fraternité». Essid a ensuite
épousé une femme qui était mère d’un petit garçon. On suppose que toute
cette famille a pris ensemble le chemin de la Syrie. Alors, l’enfant,
exécuteur docile et manifestement totalement insensible, est-il le
beau-fils d’Essid ? En tout cas, selon certaines sources de
renseignements français, il s’agirait d’un enfant français.
Quant à la victime, il s’agit d’un garçon de 19 ans, Arabe israélien,
Muhammad Said Ismail Musallam. Il est accusé d’être un espion du
Mossad, ce que son père dément totalement. Au contraire, Muhammad aurait
faussé compagnie à sa famille, pour rejoindre le jihad, en cachette.
Avant d’être tué par l’enfant, il paraît étonnamment calme : selon
certains médias orientaux, rapportant des témoignages d’ex-prisonniers
des terroristes, c’est parce que souvent, les bourreaux de Daech
expliquent qu’il s’agit juste d’une mise en scène pour l’Occident, et
qu’ils ne seront pas tués… Les nazis ne faisaient pas mieux.
C’était le massacre de l’école Ozar Hatorah, à Toulouse./ DDM, archives
Cette vidéo où l’on retrouve Sabri Essid vient rouvrir des plaies qui ont bien du mal à se cicatriser, à Toulouse : car il y a trois ans, jours pour jour, on était en plein dans le début de l’affaire Merah.
C’est en effet le 11 mars 2012, vers 16 heures, que le tueur au
scooter va donner rendez-vous à Imad Ibn Ziaten, du côté de la Cité de
l’Hers, et perpétrer son premier meurtre. Il assassine le soldat à bout
portant.
Quatre jours plus tard, c’est la tuerie de Montauban. À proximité de
la caserne Doumerc, Merah va abattre trois hommes : Loïc Liber, Mohammed
Legouad, Abel Chennouf. Seul Liber survivra, mais il est encore très
handicapé et poursuit sa convalescence.
Le 19 mars, enfin, c’est le massacre de l’école Ozar Hatorah, à
Toulouse. Il tue un enseignant, Jonathan Sandler et ses deux enfants,
Gabriel 3 ans, et Aryeh, 6 ans, ainsi qu’une petite fille, Myriam
Monsonégo, qu’il rattrape avant de l’exécuter d’une balle dans la tempe.
Elle était la fille du directeur de l’école.
Merah blesse aussi un adolescent, Brian Bijaoui, qui réussira à s’en sortir.
Cette trajectoire sanglante va s’achever le 21 mars, dans
l’appartement du tueur. Les services de police ont réussi à l’identifier
et à le loger. Après un siège de 32 heures, l’assaut est donné et Merah
tué en essayant de s’échapper.
Son père souhaitait qu’il soit enterré en Algérie, mais la commune
choisie a refusé l’inhumation. Le tueur a donc été enterré le 29 mars
dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse.
C’est Sabri Essid qui a alors organisé ces obsèques. C’était également
lui qui avait largement contribué à la radicalisation de Mohammed Merah,
qui venait le visiter à la prison où il a été incarcéré entre 2006 et
2010.
Sabri Essid, 30 ans, a épousé les thèse de l’islamisme radical dès le début des années 2000./
Les vidéos de propagande, Sabri Essid a l’habitude. Celui qui est
réapparu, hier, sur la dernière exécution filmée de l’État islamique
(EI) pour menacer de reprendre Jérusalem «aux juifs qui tremblent»,
affiche tranquillement sa barbe soigneusement coupée sur YouTube. Au vu
et au su de toute la Toile. Sur le site sanâbil.fr, dédié à la
propagation de l’islam en prison, ce salafiste toulousain de 30 ans,
très tôt séduit par les vertus du jihad, évoque ses années de prison à
Fresnes dans la région parisienne.
Le document a été mis en ligne en janvier 2011, juste à sa sortie de
détention. Quatre ans censés solder son activisme au sein de la filière
islamiste radicale d’Artigat, du nom du village ariégeois où Olivier
Corel, alias L’Émir blanc, son mentor d’origine syrienne, a été arrêté
avec toutes ses ouailles en 2007. Toutes ? Deux au moins ont échappé au
coup de filet et à la curiosité de la police. Pas des moindres.
Leurs noms ? Abdelkader et Mohammed Merah. À l’époque, le tueur
sanguinaire d’Ozar Hatorah, n’est qu’un adolescent mal dans sa peau, un
petit voyou en rupture familiale, qui traîne son mal de vivre d’enfant
de divorcés dans la cité des Izards. À boire et à fumer. «On lui
reprochait d’être un mécréant, c’est dire», se souvient un proche. Sans
soupçonner que la métamorphose, est déjà engagée, dans ce quartier des
Izards où tout le monde se croise. Où Sabri Essid, en tout cas, a fini
par débarquer. Comme tous ses «frères» de jihad, lui non plus n’a pas
toujours porté la barbe du converti.
Petit, c’est sur les bancs de l’école Monge, dans le quartier
Jolimont-Matabiau qu’il a usé ses fonds de culotte. Avant de partir
vivre dans le quartier Bellefontaine, au Mirail. Mais des embrouilles
entre petits délinquants l’en chassent définitivement. Ce jeune homme de
18 ans, au visage encore émacié, a plongé très vite dans la religion.
Dès 2002, il est actif dans la mouvance salafiste d’Artigat, fait du
prosélytisme, tourne (déjà) des vidéos et s’imagine mourir en martyr au
cœur de la filière irakienne. «Aux Izards, il indisposait beaucoup de
gens par son côté intégriste, souffle un habitant. Les familles avaient
peur de son influence sur leurs enfants». Dans la cité, tout le monde a
en tête la disparition de Miloud Chachou, un gamin du quartier qui n’a
plus jamais donné de nouvelles. Sans doute tué, selon les services de
renseignements dans les premières vagues de convertis partis au
Moyen-Orient. C’est dans cette ambiance-là que Sabri Essid va rencontrer
la famille Merah.
«Avec Mohammed ils ne se fréquentaient pas. Ils ne pouvaient pas ne
pas se connaître, mais ils n’avaient pas de relation étroite», se
rappelle un de leurs copains. Celui que Sabri Essid connaît très bien en
revanche, c’est le frère aîné de Mohammed, Abdelkader, toujours
emprisonné dans le cadre des enquêtes sur les tueries de Toulouse et de Montauban, il y a tout juste trois ans.
«C’est lui, Abdelkader qui a favorisé le rapprochement entre le père
de Sabri Essid et sa propre mère, alors divorcée», croit se souvenir ce
témoin.
Quoi qu’il en soit, l’idylle ne va pas durer longtemps. En fait,
l’union ne tiendra pas un an. Les proches subodorent que la mère de
Mohammed et Abdelkader Merah ne goûte guère la religiosité exacerbée de
son nouveau conjoint. C’est pourtant sous le signe du culte le plus
traditionnel, que ce mariage s’est conclu… à Artigat, en Ariège. Olivier
Corel, l’Emir blanc en personne a uni les deux familles. Dans l’ombre
de cette alliance, Mohammed Merah a commencé à changer. «Il s’est
rapproché de Sabri Essid à partir du moment où il a commencé à
s’intéresser à la religion, à sa sortie de prison en 2007», note
l’avocat Chritian Etelin. À l’époque, Merah n’a pas encore 20 ans.
Incarcéré pour des affaires de vols, il a beaucoup souffert de sa
détention. D’autant plus sensible au discours qu’il entend déjà depuis
plusieurs années, sans accrocher. Mais l’adolescent a changé. Dans la
bouche des intégristes d’Artigat, il est question de la nécessité de
respecter les règles du Coran, aussi bien que de jihad. Mohammed Merah
et son frère Abdelkader fréquentent plus assidûment la cellule
salafiste. Dans laquelle Sabri Essid prend de plus en plus de place. Et
commence à intéresser les services de police. Il est inquiété une
première fois en avril 2006. Un courrier anonyme l’accuse de préparer un
attentat contre le consulat des États-Unis à Lyon et deux supermarchés
toulousains. Le suspect s’en sort, mais franchit une nouvelle étape dans
son engagement. Quelques mois plus tard, il est arrêté à la frontière
irakienne, après un passage en Syrie, en compagnie de Thomas Barnouin,
un converti albigeois. De retour en France, il rejoint Artigat au moment
où les services de renseignement frappent. La filière est démantelée.
Mohammed Merah et son frère Abdelkader passent bizarrement au travers du
coup de filet. Mais ils n’oublient pas leur «demi-frère». Signe d’une
vraie complicité, Mohammed Merah entreprend même toutes les démarches
pour visiter Sabri Essid, emprisonné à Fresnes. Sans attirer plus que ça
l’attention. Pourtant, le mécanisme psychologique qui va le jeter dans
l’action terroriste est enclenché. «Lui qui n’avait jamais eu beaucoup
de reconnaissance ne voulait pas apparaître comme un bouffon, il voulait
monter aux autres ce qu’il était capable de faire», analyse a
posteriori une connaissance. Pour le pire. En apparence, Sabri Essid,
lui, s’est acheté une conduite. Libéré à l’automne 2010, il s’est trouvé
un job de grutier à Toulouse. Un jeu de rôle. Le salafiste est loin
d’être repenti, mais il se sait surveillé de près par la Direction
générale de la sécurité intérieure (DGSI). Il ne bouge plus. Sans
s’éloigner de Mohammed Merah. C’est même lui qui creusera sa tombe,
pelle à la main, dans le cimetière de Cornebarrieu. Sabri Essid a
finalement pris le chemin qu’il indiquait dans ses «prêches». La Syrie
où il s’est volatilisé, il y a un an, avant de ressurgir aux côtés de
Daesh sur cette vidéo glaçante.
Et pendant ce temps, sur le site sanâbil.fr, au vu et au su de toute
la toile, s’affiche toujours le cynisme de l’embrigadement islamiste.
Avec en exergue cet ahurissant appel au martyr… «La bonne récolte
d’ici-bas pour l’au-delà».
Ecroué depuis 3 ans, Abdelkader Merah placé à l’isolement
Publié le 12/03/2015 à 07:53
Affaire Merah – Zoom expert
Ecroué depuis 3 ans, Abdelkader Merah placé à l’isolement
Depuis début janvier, Abdelkader Merah, le frère du tueur au scooter,
est placé à l’isolement. Un régime restrictif qui le prive d’activités,
de travail dans les ateliers ou de formation. Seules, des visites au
parloir sont autorisées mais il est coupé de la population carcérale.
Une décision intervenue au moment des attentats de Paris, à Charlie
Hebdo et dans l’hyper Cacher. «Il n’a pas changé de version depuis le
début. Il se dit toujours innocent. Il n’a jamais aidé ni assisté son
frère Mohammed à commettre les crimes à Toulouse
et Montauban», insiste Me Tiffany Dhuiege qui défend les intérêts
d’Abdelkader Merah avec Me Dupont-Moretti. Ecroué et mis en examen (photo)
depuis le 26 mars 2012 pour «complicité d’assassinat, association de
malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et vol en réunion»,
le frère du tueur au scooter âgé de 32 ans avait déjà été placé à
l’isolement durant 2 ans. La décision du renouvellement ou pas de sa
détention doit intervenir avant le 25 mars, devant le juge des libertés
et de la détention. Islamiste radical formé dans un institut coranique
égyptien, Abdelkader est décrit par les enquêteurs comme «l’idéologue» à
l’origine de la radicalisation de son frère. Même si c’est en prison
que ce dernier avait épousé les thèses de l’islam radical. Autre
personnage emblématique du clan Merah, la sœur, Souad. Une femme de 36
ans qui se trouverait actuellement en Algérie avec ses enfants. Elle
avait quitté Toulouse au printemps 2014 pour rejoindre la Syrie, via
Barcelone, sur les pas de Sabri Essid. Proche elle aussi des milieux
salafistes, elle avait commencé à se radicaliser au début des années
2000. Comme Abdelkader, elle a suivi une formation religieuse et
rigoriste au Caire. Elle est signalée par la DCRI (ex-DGSI) dès 2010,
comme adepte de l’islam radical. A Toulouse, elle vivait dans le
quartier du Mirail avec ses quatre enfants. Mohammed Merah a tué trois
militaires, trois enfants et un enseignant juifs, entre le 11 et le 19
mars 2012, à Toulouse et Montauban au nom du jihad avant d’être abattu
par le Raid.
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