Richard Ferrand réunit ses homologues du G7 à Brest
Président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand a décidé
qu’il rencontrerait ses homologues du G7 à Brest en septembre 2019. |
OUEST FRANCE
Ouest-France Christian GOUEROU. Publié le 05/06/2019 à 22h17
Les présidents des chambres basses des sept pays les plus puissants
du monde se rencontreront à Brest du 5 au 7 septembre prochains. Ils
discuteront du rôle et du poids des Parlements élus au suffrage
universel. Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, est à
l’initiative de la rencontre.
Le G7, c’est la réunion des chefs d’États des sept pays les plus
puissants du monde. Crée en 2002, le G7 parlementaire, c’est la même
chose, mais au niveau des présidents des chambres parlementaires basses.
Celles élues au suffrage universel direct, comme l’Assemblée nationale
par exemple.
C’est d’ailleurs le président de l’Assemblée, Richard Ferrand (LREM),
qui a choisi de rencontrer ses homologues américain, canadien,
allemand, anglais, italien et japonais à Brest pour leur prochain G7. Ce
sera du 5 au 7 septembre.
Des échanges multi et bilatéraux
Le programme de ce G7 n’est pas encore connu. Ces rencontres
annuelles sont l’occasion de travaux multilatéraux. Ils portent
généralement sur le rôle et le poids des parlements dans un système
démocratique.
Elles servent aussi à des échanges bilatéraux entre les présidents de
chambres. Il s’agit alors de discussions sur des sujets bien précis. En 2017,
en Italie, François de Rugy avait ainsi discuté de la crise migratoire,
du Brexit ou de la relance de la construction européenne avec son
homologue de la Botte.
Un œil attentif sur la Bretagne
Pour Brest et la Bretagne, l’organisation d’un tel sommet est une
première. Elle classe la région et la ville sur l’échiquier mondial,
même si les G7 parlementaires se tiennent rarement dans les capitales
des États concernés. Il n’en reste pas moins que cet événement permet à
Richard Ferrand de montrer que, même depuis le Perchoir à Paris, il
garde un œil attentif sur la Bretagne…
Affaire Ferrand : ce que Sandrine Doucen a dit aux juges
EXCLUSIF. La compagne du président de l’Assemblée a obtenu le statut
de témoin assisté dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. « Le
Point » révèle sa version des faits.
Modifié le 21/09/2019 à 09:57 – Publié le 20/09/2019 à 13:49 | Le Point.fr
« Je ne suis pas la béni-oui-oui de Richard Ferrand. » Convoquée le 12 septembre dernier devant le juge Cathelin, Sandrine Doucen, la compagne du président de l’Assemblée nationalemis en examen pour prise illégale d’intérêts,
a longuement raconté sa version de l’affaire dite des Mutuelles de
Bretagne. Et a réussi à obtenir le statut de témoin assisté. La
quadragénaire réalise là un tour de force : en février 2018, avant que
l’affaire ne soit dépaysée à Lille, le juge Van Ruymbeke avait en effet manifesté son intention de la mettre en examen, tout comme son conjoint.
Avant d’être entendue, Sandrine Doucen a pris le soin de rédiger une
longue déclaration spontanée, rappelant sa carrière d’avocate et de
directrice des ressources humaines (DRH) des Mutuelles de Bretagne à
partir de 2001. Pacsée avec Richard Ferrand depuis 2014 – ils ont deux
enfants –, elle explique avoir formé un couple avec lui en janvier 2000.
C’est, selon elle, une notaire, en qui elle a une « absolue
confiance », qui lui aurait recommandé de faire une acquisition
immobilière en 2010.
L’objectif était de pouvoir déménager son cabinet, louer le surplus
de locaux, « garantir [ses] vieux jours » en se constituant une épargne,
avant de léguer le tout à ses enfants. Selon la notaire, il s’agissait
d’une « opération patrimoniale de madame Doucen, et non du couple
Doucen-Ferrand ». Quant aux recherches de locaux à louer, entamées à la
même époque, fin 2010, par les Mutuelles de Bretagne, Sandrine Doucen
assure n’en avoir rien su. Aucun élément au dossier n’atteste du
contraire.
La notaire a confirmé, devant les enquêteurs, les propos de son
amie : « En s’accordant sur le prix de 375 000 euros hors frais, au vu
de la superficie des locaux professionnels, cela faisait du 1 000 euros
du mètre carré, et même en faisant des travaux, de par son emplacement,
cela restait une affaire. » « Débordée de travail », selon ses dires,
Sandrine Doucen se serait ensuite fait substituer par son conjoint,
Richard Ferrand, au moment de signer le compromis de vente, en
décembre 2010.
« La clause, je ne la connaissais pas »
Et c’est là que le bât blesse. Non seulement le compromis de vente
mentionne une SCI qui n’existait pas encore au moment de la signature et
qui n’avait pas été immatriculée au registre du commerce, mais il
comprend de surcroît une condition suspensive d’un bail commercial
« entre la SCI devant substituer M. Ferrand et les Mutuelles de
Bretagne ». En clair : la vente ne se ferait que si les Mutuelles de
Bretagne, dont Richard Ferrand est le patron, devenaient locataire des
bâtiments.
Sandrine Doucen, elle, n’en démord pas et jure avoir découvert ce compromis et cette clause par LeCanard enchaîné.
« Vous me demandez si je connaissais la teneur de ce compromis, la
clause je ne la connaissais pas. Richard Ferrand allait signer ce
compromis. Moi j’étais débordée cette semaine-là. (…) Cela a des
conséquences graves pour Richard Ferrand alors que c’est moi qui lui ai
demandé d’y aller. (…) Ce n’est pas Richard Ferrand qui a rédigé cette
clause, ce sont les notaires », a-t-elle répondu au juge.
L’avocate insiste : « Ma détermination à acheter les locaux de la rue
George-Sand ne dépendait nullement d’une décision des Mutuelles de
Bretagne de conclure ou pas un bail avec la SCI que j’avais créée. »
Pour preuve, Sandrine Doucen affirme avoir signé le contrat de prêt le
15 mars 2011, trois mois et demi avant la conclusion du bail avec les
Mutuelles. « J’avais la certitude, partagée avec ma notaire, que ces
locaux trouveraient immanquablement un locataire compte tenu de leurs
qualités. »
Là est le deuxième écueil. Le banquier a affirmé, devant les
enquêteurs, que c’était Richard Ferrand lui-même qui s’était occupé des
démarches pour l’emprunt. Interrogée sur ce point, Sandrine Doucen clame
qu’elle était elle-même à la Banque postale, et que Richard Ferrand
étant au Crédit agricole, il a naturellement demandé à sa banque le taux
qu’elle consentirait. « Il a joué le rôle d’un conjoint, à savoir
demander à sa banque quelles étaient les conditions. »
Et quand le magistrat instructeur fait remarquer que c’est
inapproprié que Richard Ferrand, en sa qualité de directeur des
mutuelles, soit intervenu en tant que « preneur mais aussi de
bailleur », Sandrine Doucen s’offusque. « C’est vraiment faire un
raccourci qui m’est totalement nuisible de dire que Richard Ferrand s’en
est occupé. Vous avez une répartition dans un couple. Je n’ai pas cru
mal faire, sinon j’y aurais été en personne. »
Inévitablement, la question se pose de savoir qui avait connaissance
de la situation matrimoniale de Richard Ferrand et de Sandrine Doucen
aux Mutuelles de Bretagne, alors qu’une majorité d’administrateurs a
déclaré sur procès-verbal ne pas savoir que le bail signé pour la
location des locaux l’était avec la femme du patron. Richard Ferrand, en
effet, ne figure pas dans les documents de la SCI, tandis que Sandrine
Doucen assure ne jamais avoir été associée aux conseils d’administration
des Mutuelles, « ni de près ni de loin ».
Mais, ajoute-t-elle, « il faut n’avoir jamais travaillé dans une
entreprise, a fortiori de cette taille moyenne, pour imaginer que qui
que ce soit, en tout cas au siège et, hors du siège, dans les services
dans lesquels je travaillais, ait pu ignorer la nature de nos relations
privées. C’est impossible », assure l’avocate, se qualifiant elle-même
ironiquement de « femme du patron ». « Nous sommes régulièrement pris
ensemble en photo, et ces photos sont régulièrement publiées par la
presse locale, parfois même en première page. (…) Une photo de moi à
l’hôpital a même illustré des récits dans la presse locale lors de la
naissance de notre fille. »
Sandrine Doucen n’a jamais occupé les locaux
Alors que Sandrine Doucen avait, dans son projet initial, prévu
d’occuper une partie des locaux pour louer le reste, l’intégralité du
bâtiment a finalement été donnée en bail aux Mutuelles de Bretagne. Là
encore, la compagne du président de l’Assemblée nationale a son
explication : un conflit avec une de ses associées la contraignait à
chercher un nouveau bureau pour elle. Mais cette dernière ayant décidé
de partir d’elle-même fin 2010, elle avait finalement renoncé à quitter
son cabinet.
Alors que, courant 2010, une salariée des Mutuelles avait commencé à
rechercher de nouveaux locaux, c’est Richard Ferrand qui, subitement, au
mois de décembre, aurait repris le dossier en main. « Pourquoi cet
investissement soudain de M. Ferrand dans des tâches qui ne relèvent pas
a priori d’un directeur général ? » questionne le juge. « Je n’ai pas
eu connaissance de ça », répond Sandrine Doucen.
Son argumentaire et sa ténacité semblent avoir convaincu le juge,
qu’il n’existait pas, pour le moment, d’indices graves et concordants
justifiant une mise en examen. Le statut a peu de chances d’évoluer,
l’instruction arrivant, selon plusieurs sources, à son terme. Contacté,
l’avocat de Sandrine Doucen, Me Georges Holleaux, coupe court à tout
débat : « Il y a deux façons de lire ce dossier : une lecture qui
correspond à la vérité, et une vision paranoïaque, qui est celle de la
partie civile. Les juges ne s’y sont pas trompés. »
Au détour de deux questions, le magistrat avait d’ailleurs demandé à
la compagne du président de l’Assemblée nationale si c’était Richard
Ferrand qui lui avait trouvé son emploi aux Mutuelles de Bretagne, alors
qu’ils étaient déjà en couple : « Je ne me rappelle plus, a-t-elle
répondu. Je sais que j’ai dû, comme tout un chacun et même plus,
démontrer que j’étais à ma place parce que, quand vous êtes la femme de –
enfin, tout le monde vous le rappelle –, il y a toujours une
suspicion. »
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