François Cuillandre a annoncé ce lundi qu’il maintenait
sa candidature aux élections municipales de mars 2020. (Archives Le
Télégramme/Sarah Morio)
Mis en examen le 17 octobre, François Cuillandre
s’exprimait ce lundi à l’occasion d’une conférence de presse organisée
au siège du Parti socialiste. Le maire de Brest a décidé de maintenir sa
candidature comme tête de liste, pour les élections municipales de
mars 2020.
Mis en examen le 17 octobre pour « un prêt de 4 000 € datant de
2012 » utilisé à des fins privées, et non remboursé, le maire de Brest,
François Cuillandre, avait promis de s’exprimer publiquement la semaine
suivante. Mais il n’en a rien fait, préférant finalement se laisser le
temps de prendre la température dans ses rangs et surtout de discuter
avec les instances nationales du PS avant de faire part de ses
intentions. Ira, ira pas ?
Ce lundi à 17 h, le maire de Brest est finalement sorti du silence en
proposant une conférence de presse. Il a fait savoir qu’il avait décidé
« de maintenir (s)a candidature comme tête de liste pour les élections
municipales de mars 2020. Cette décision a été prise après une longue –
trop longue diront certains – réflexion personnelle, familiale et
collective ». Le maire de Brest a précisé qu’il avait été mis en examen
pour « recel d’abus de confiance au préjudice des élus du groupe
socialiste de la Ville de Brest ».
Le risque était connu, et n’a pas empêché les adhérents
socialistes de le désigner candidat pour les élections municipales, le
7 octobre. Le maire de Brest, François Cuillandre, a été mis en examen
ce jeudi dans le cadre du dossier judiciaire « Vivre à Brest ». Il a
annoncé lui-même l’information dans un communiqué de presse, après sept
heures d’audition par une juge d’instruction.
En avril dernier, François Cuillandre « n’imaginait pas » la
perspective d’une mise en examen dans le dossier de l’association des
élus socialistes de Brest, « Vivre à Brest ». Depuis ce jeudi
17 octobre, cette perspective est pourtant devenue réalité. C’est ce que
François Cuillandre a lui-même annoncé dans un communiqué de presse
diffusé en début de soirée, au terme de sept heures d’interrogatoire de
première comparution devant la juge d’instruction en charge du dossier.
Il est le troisième élu socialiste, après ses deux principaux adjoints
et piliers de la majorité municipale, Alain Masson et Jean-Luc Polard, à
être mis en examen dans ce dossier.
Dans une interview qu’il avait accordée au Télégramme le 22 avril
dernier, peu de temps après avoir brièvement été entendu par la police
judiciaire sous le régime de la garde à vue, « illégale selon lui »,
précise-t-il dans son communiqué, le maire de Brest avait esquissé les
raisons de sa propre mise en cause. Celle-ci était liée, selon lui, à
des remboursements de frais de la campagne municipale de 2008 (frais
d’impression des bulletins de vote et des professions de foi). « Vivre à
Brest n’était pas simplement une caisse de solidarité entre élus
socialistes, confessait alors François Cuillandre. Elle avait aussi pour
objet de favoriser l’élection de candidats de sensibilité socialiste
aux élections locales ». Des faits qui pouvaient effectivement faire
débat, mais pour lesquels la menace juridique était quasi nulle :
ceux-ci remontent à 2008, et semblent donc prescrits.
La mise en examen du maire ne serait donc pas liée à cet épisode,
mais à l’une des autres transactions identifiées par l’enquête, et dont
François Cuillandre aurait bénéficié, alors qu’il ne faisait plus partie
de l’association depuis son élection en tant que maire (2001), et qu’il
percevait directement ses quelque 7 300 € d’indemnités mensuelles
(maire de Brest, et président de Brest métropole). C’est en fait un
versement d’un montant de 4 000 €, onze ans après son départ de
l’association, qui a attiré l’attention des enquêteurs. Tout d’abord
parce que l’argent a été utilisé, selon nos informations, à des fins
privées, sans rapport avec l’exercice du mandat de maire ou de
l’activité politique du groupe socialiste (l’argent était destiné à l’un
de ses proches). Et surtout parce que ce « prêt » n’a jamais été
remboursé. Dans le communiqué qu’il a publié ce jeudi soir, François
Cuillandre indique que la somme en question a été « consignée il y a
déjà plusieurs mois, dès qu’il a eu connaissance des éventuelles
difficultés juridiques posées ».
« J’ai laissé 100 000 € de ma poche à l’association »
Dans l’interview accordée le 22 avril, François Cuillandre avait pris
soin d’indiquer qu’il avait lui-même largement contribué à alimenter la
caisse commune des élus socialistes, quand il n’était que simple élu et
qu’il versait donc directement ses indemnités à l’association. « J’ai
fait mes comptes : j’ai laissé 100 000 € de ma poche à Vivre à Brest
entre 1989 et 2000 », expliquait-il, ne « regrettant rien », parce que
c’était « juste et solidaire ».
Dans ce dossier, l’opacité du fonctionnement de cette association,
devenue fantôme et hors de tout contrôle, dont François Cuillandre a
finalement reconnu dans la même interview du 22 avril, qu’elle avait
« facilité le dérapage à l’origine de cette affaire », a probablement
contribué aussi aux faits présumés dont le maire est lui-même
aujourd’hui soupçonné.
Appel de la décision
Dans le communiqué de presse publié ce jeudi soir, François
Cuillandre indique qu’il « prend acte » de cette décision judiciaire,
dont il va prochainement faire appel devant la chambre de l’instruction
de la cour d’appel de Rennes. Il souligne « qu’aucun délit n’a été
soulevé concernant sa qualité de maire, ni vis-à-vis des contribuables
brestois ». Il indique enfin qu’il s’exprimera « en début de semaine
prochaine » devant la presse. Ni lui, ni la mairie n’ont indiqué le chef
de cette mise en examen. Interrogé par nos soins, le parquet de Brest
n’a pas souhaité apporter de précisions.
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