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dimanche 28 janvier 2018
Affaire Gérald Darmanin : non, le corps d'une femme n'est pas une monnaie d'échange !
Naturellement, je ne sais ce qui s’est passé entre l’accusé et la personne qui l’accuse de viol.
Je voudrais souligner que je me suis moi-même à plusieurs reprises
trouvée confrontée à des messieurs qui auraient voulu que je les paie en
nature pour des services qu’ils estimaient m’avoir rendus.
En réalité, il ne s’agissait pas de faveurs particulières qu’ils
m’auraient accordées, mais simplement d’actes relevant normalement de
leurs fonctions qu’ils ont tenté d’utiliser pour faire valoir une espèce
de droit de cuissage.
Cela s’est évidemment très mal terminé pour moi au sens où les
messieurs éconduits n’en sont pas restés là mais s’en sont plaints et
ont même jugé utile de faire savoir dans un entourage très large et un
temps très long que j’avais été très très méchante avec eux…
Or, ce sont tous des politiques, de différents partis et niveaux de militance.
Aussi, ce travers me semble tellement habituel ou répandu chez les
politiques qu’il m’apparaît utile de leur rappeler que le corps d’une
femme n’est pas une monnaie d’échange.
Une femme a déposé une plainte une première fois contre Gérald
Darmanin en juin 2017 avant qu’elle ne soit classée sans suite. Le
parquet a rouvert l’enquête en janvier et entendu la plaignante jeudi,
selon Le Monde. Samedi après-midi, le premier ministre Edouard Philippe a accordé «toute sa confiance» à son ministre.
Serait-ce le début d’ennuis judiciaires pour le ministre de l’Action et des Comptes public? Selon des informations du Monde,
confirmée de source judiciaire, la justice a rouvert une enquête
préliminaire pour viol contre Gérald Darmanin, après avoir reçu la
plainte d’une femme dénommée Sophie Spatz. «La justice est à nouveau
saisie et elle doit pouvoir travailler en toute indépendance», a
rapidement réagi l’entourage d’Edouard Philippe. Selon Le Parisien, les deux hommes se sont parlé samedi après-midi. «Le premier ministre tient à rappeler d’une part que les règles fixant l’appartenance au gouvernement sont connues et d’autre part que M. Darmanin a toute sa confiance», affirme-t-on à Matignon. Pour rappel, Edouard Philippe, en pleine affaire Richard Ferrand, avait annoncé qu’un ministre mis en examen devait quitter le gouvernement.
Les faits remonteraient à 2009. La plaignante, sympathisante de l’UMP
et mariée à un ingénieur, s’emploie à l’époque à vouloir nettoyer son
casier judiciaire. D’après le quotidien, cette ancienne call-girl de 37
ans ne digère pas une condamnation de 2004 et confirmée en appel pour
«chantage, appels malveillants et menace de crime». À la fin des années
1990, elle s’en était prise à son compagnon de l’époque, l’accusant de
lui avoir volé de l’argent. Lui, avait porté plainte et elle avait été
condamnée.
Opposée au traitement judiciaire qui lui a été réservé, Sophie Spatz a
alors contacté de nombreux élus pour faire rouvrir son dossier. Malgré
les promesses, rien ne se passe et en mars 2009, elle décide de
contacter l’UMP. Elle est reçue par Gérald Darmanin, 26 ans, alors
chargé de mission au service des affaires juridiques du parti et
conseiller municipal de Tourcoing. L’entretien se passe bien, raconte Le Monde. Le jeune élu serait allé dans son sens et lui aurait promis d’écrire une lettre à la Garde des sceaux, Rachida Dati.
«Je me dis que je suis obligée : demain, j’aurais ma lettre»
Sophie Spatz, la plaignante
À peine le rendez-vous terminé, Gérald Darmanin l’aurait recontacté
pour lui proposer un dîner. Elle préfère un café ou un déjeuner. Il
insiste, elle accepte car elle «tient à cette lettre». Tous deux se
retrouvent au restaurant «Chez Françoise», près de l’Assemblée
nationale. Elle raconte la scène au Monde: «On aborde le dossier
rapidement. Il me dit qu’il va faire le maximum. Je suis aux anges. À un
moment, il s’approche de moi, il met sa main sur la mienne: “Il va
falloir m’aider vous aussi.” Tout s’effondre», poursuit-elle. «Je ne
suis pas une gamine, j’ai compris tout de suite». Quelques instants plus
tard, «je lui dis que je vais rentrer. Mais il me demande de venir avec
lui aux Chandelles [un club libertin] car il ne peut pas y entrer
seul.»
Sophie Spatz le suit mais se sent prise «en otage». «Je me dis que je
suis obligée: demain, j’aurai ma lettre», dit-elle. Il ne se passe rien
dans le club en question mais au moment où elle compte partir, celui-ci
la convainc de le suivre à l’hôtel. Son avocate, Me Elodie
Tuaillon-Hibon, décrit la suite dans la plainte: elle est restée
longuement enfermée dans la salle de bains. «Hélas, constatant que
l’acte était toujours “au programme”, (…) malgré tous ces détours, elle
avait dû finir par s’y plier». Quelques mois plus tard, en novembre
2009, Gérald Darmanin écrit la fameuse lettre tant réclamée à Michèle
Alliot-Marie, devenue Garde des sceaux entre-temps. Pas de quoi apaiser
Sophie Spatz qui décide de dénoncer les pratiques de l’élu auprès de
l’UMP mais ne porte pas plainte.
Plainte pour dénonciation calomnieuse
Ce n’est qu’en mai 2017, lorsque Gérald Darmanin est nommé au gouvernement, qu’elle
décide de porter plainte. Son mari, lui, écrit à François Bayrou, alors
ministre de la Justice, qui transmet le courrier au procureur. Un mois
plus tard, Sophie Spatz dépose plainte pour «viol» contre Gérald
Darmanin. Comme c’est le cas dans toutes les affaires d’agression
sexuelle et de viol, le procureur ouvre une enquête préliminaire de
manière automatique et la confie à la police judiciaire. De son côté, le
ministre dépose une plainte pour dénonciation calomnieuse le 17 juin
2017. Les investigations auront toutefois du mal à avancer. «La
plaignante n’ayant pas répondu aux convocations des enquêteurs, cette
procédure a fait l’objet d’un classement sans suite le 11 juillet 2017»,
nous confirme le parquet de Paris ce samedi. Motif du classement:
absence d’infraction. Pourquoi avoir décliné ces convocations? «Parce
qu’elle était mal conseillée, et parce que son entourage tentait de l’en
dissuader, arguant qu’elle avait en face d’elle un homme haut placé»,
fait valoir aujourd’hui son avocate Me Tuaillon-Hibon, dans les colonnes
du Parisien.
Les mois passent et le 15 janvier dernier, Gérald Darmanin – qui n’est plus membre des Républicains – évoque cette affaire sur France Info,
sans rentrer dans les détails. «Une enquête a été ouverte par François
Molins, il y a eu des investigations. Au bout d’un certain temps, cette
enquête ne donnant rien – évidemment, puisque tout cela est faux – elle a
été clôturée, pour ‘absence totale d’infraction’», raconte le ministre
de l’Action et des Comptes public qui dit en avoir «gardé une blessure».
Parallèlement, Sophie Spatz, aujourd’hui âgée de 46 ans, adresse un
nouveau courrier au procureur indiquant qu’elle souhaite être entendue.
Conséquence, l’enquête est rouverte le 22 janvier et les enquêteurs
l’interrogent le 25 janvier, c’est-à-dire jeudi. Selon Le Monde, elle aurait été entendue pendant huit heures.
Un viol «par surprise»
Y a-t-il eu relation sexuelle ce soir-là? Si oui, était-elle
consentie? Voici les questions auxquelles les enquêteurs vont devoir
répondre. Ensuite, tout l’enjeu sera de savoir si la justice va retenir
la qualification de viol. Un élément important puisque si ce n’est pas
le cas, les faits seront considérés comme prescrits. Mais pour l’avocate
de Sophie Spatz, cela ne fait aucun doute. «Psychologiquement, M.
Darmanin aurait dû être conscient qu’elle était clairement dans
l’opposition», explique Me Elodie Tuaillon-Hibon au Parisien.
Juridiquement, elle considère que le consentement a été acquis «par
surprise».
En face, les conseils du ministre, Mathias Chichportich et Pierre-Olivier, déclarent au Monde
que cette plainte est «une grossière intention de nuire» de la part
«d’une personne qui a déjà fait l’objet d’une condamnation pénale pour
des faits de chantage». En réaction, Sophie Spatz, par la voix de son
avocate, a dénoncé ces «supposées intentions» de nuire. «Ces allégations
sont dénuées de fondement matériel et elles violent également la
logique chronologique du dossier», a réagi Me Elodie Tuaillon-Hibon dans
un bref courriel à l’AFP.
Gérald Darmanin, quant à lui, ne s’est pas exprimé publiquement sur
le sujet depuis la réouverture de l’enquête. Tout juste apprend-on dans
le Journal du dimanche qu’il maintient ses dénégations déjà
exprimées le 15 janvier sur France Info. L’entourage du ministre fait
savoir qu’il fait face à «une épreuve difficile» mais qu’il reste
«combatif». «Je n’ai aucun doute sur le fond, Il est incapable de faire
ça», déclare un de ses soutiens dans Le Parisien.
Chez Les Républicains, un baron de la droite se montre beaucoup moins
optimiste: «Dans le contexte actuel, je ne vois pas comment il va
pouvoir tenir, même s’il est innocent. Il y en a qui sont sortis pour
moins que ça».
Gérald Darmanin dit avoir reçu une dénonciation « calomnieuse » à sa nomination
Invité sur le plateau de
France Info le 15 janvier 2018, le ministre du budget est revenu sur les
conclusions d’une enquête préliminaire pour « viol » et « abus de
faiblesse » qui aurait été menée à son encontre en juin 2017.
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