Halte à la censure et la désinformation satanistes !
compteur
samedi 3 octobre 2015
Claude Hermant et Amedy Coulibaly : une connexion qui embarrasse
Les nouvelles informations qui succèdent les unes aux
autres à ce sujet depuis le 10 septembre dernier font apparaître le nom
d’un ancien ingénieur belge, Patrick Halluent, à propos duquel un
article récent a déjà totalement disparu du net. Il était possible d’y
lire que ce désormais détective privé serait un ancien ingénieur de Proximus, opérateur de télécommunications mobile belge entre 1994 et 2006, devenu en 2014 marque commerciale de Belgacom, première entreprise de télécommunications en Belgique et fournisseur breveté à la Cour du roi des Belges.
« On nous cache des pans entiers du dossier », disent aujourd’hui les avocats de Claude Hermant.
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a opposé le secret
défense aux juges lillois chargés de l’enquête sur un réseau de vente
d’armes neutralisées, animé par un ancien militaire d’extrême droite.
Selon les documents obtenus par Mediapart, les autorités slovaques ont
formellement identifié, dès le 14 janvier, les armes achetées par ce
réseau comme celles utilisées par Amedy Coulibaly lors de l’attaque de
l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes.
C’est un trou noir dans l’enquête sur les attentats de Paris. Une
information centrale qui s’est perdue. Selon des documents obtenus par
Mediapart, les policiers chargés de l’enquête sur les attentats de Paris
ont obtenu, dès le 14 janvier, l’identification de l’arsenal d’Amedy
Coulibaly par les autorités slovaques. Mais ils n’en ont rien fait. Le
renseignement slovaque qui incrimine un ancien militaire d’extrême
droite lillois, Claude Hermant, soupçonné de trafics d’armes
démilitarisées dans le cadre d’une enquête ouverte à Lille, ne provoque
aucune vérification des juges antiterroristes parisiens Laurence
Le Vert, Nathalie Poux et Christophe Tessier.
Cinq armes sont listées, avec leurs numéros de séries, appartenant à l’arsenal de Coulibaly. …
Attentat contre Charlie Hebdo: la connexion Claude Hermant – Amedy
Coulibaly couverte par le secret de la Défense nationale. 18/09/2015
« Une certaine extrême droite survivaliste est-elle le cœur
logistique des attentats de janvier ? Mediapart vient de révéler que
Claude Hermant était le principal importateur des armes d’Amedy
Coulibaly, par le biais de la société commerciale Seth Outdoor,
spécialisée dans la vente par correspondance d’équipements de survie et
la location de matériel de Paintball
Des documents couverts par le secret de la Défense, consultés par
Mediapart, prouvent que la totalité des armes des crimes du terroriste a
été importée par l’entreprise basée à Haubourdin près de Lille, premier
maillon, selon les renseignements slovaques cités par le journal, d’une
filière d’importation–remilitarisation d’armes neutralisées.
Claude Hermant, ancien mercenaire devenu barbouze appointée de la
gendarmerie, par ailleurs formateur aux techniques de survie et
animateur du survivalisme français, est mis en examen à Lille depuis le
23 janvier pour trafic d’armes en bande organisée.
Contre toute attente, les juges lillois en charge du dossier viennent
de se voir opposer le secret de la Défense nationale par le ministre de
l’Intérieur, en réponse à une demande d’information sur la filière
Hermant.
Mediapart affirme qu’en dépit des éléments en leur possession, tant
la justice antiterroriste que le ministère de l’Intérieur maintiennent
la « fiction d’une étanchéité » complète entre le dossier Claude Hermant
instruit à Lille et les attentats de Paris.
Selon les informations obtenues par Mediapart, des gendarmes lillois
ont laissé filer les acheteurs des armes utilisées par Amedy Coulibaly
lors des attentats de Paris. L’un d’eux, un Belge de 52 ans, a été
entendu le 21 avril, sans être inquiété. Ce fiasco sur les armes vient
s’ajouter à celui des défaillances des services de renseignement autour
des attentats de Paris.
Des gendarmes lillois et un de leurs informateurs ont été au centre
d’un trafic d’armes ayant permis d’alimenter Amedy Coulibaly, auteur de
l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. S’ils n’ont rien
su de la destination des armes, ils semblent bien avoir laissé filer les
acheteurs ou perdu leur trace. Leur position est suffisamment délicate
pour qu’ils se retranchent, courant avril, derrière le secret défense.
« Je tiens à préciser que je gère 30 sources, plus les enquêtes,
c’est compliqué », a reconnu l’adjudant-chef Laurent B. devant des juges
d’instruction lillois chargés de cette enquête sur un réseau de revente
d’armes provenant de Slovaquie, le 2 avril 2015. Parmi ses 30 sources,
le …
Derrière les armes de Coulibaly, le fiasco très secret des gendarmes
21 SEPTEMBRE 2015 | PAR KARL LASKE
Selon les informations obtenues par Mediapart, des gendarmes lillois
ont laissé filer les acheteurs des armes utilisées par Amedy Coulibaly
lors des attentats de Paris. L’un d’eux, un Belge de 52 ans, acheteur
d’un des fusils d’assaut utilisés contre les clients de l’Hyper Cacher,
a été entendu le 21 avril dernier, sans être inquiété. Ce fiasco sur
les armes vient s'ajouter à celui des défaillances des services de
renseignement dans l'affaire des attentats de Paris.
Des gendarmes lillois et un de leurs informateurs ont été au centre
d’un trafic d’armes ayant permis d’alimenter Amedy Coulibaly, auteur
de l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. S’ils n’ont
rien su de la destination des armes, ils semblent bien avoir laissé
filer les acheteurs ou perdu leur trace. Leur position est suffisamment
délicate pour qu’ils se retranchent, courant avril, derrière le secret
défense.
« Je tiens à préciser que je gère 30 sources, plus les enquêtes, c’est
compliqué », a reconnu l’adjudant-chef Laurent B. devant des juges
d’instruction lillois chargés de cette enquête sur un réseau de
revente d'armes provenant de Slovaquie, le 2 avril 2015. Parmi ses 30
sources, le gendarme rattaché à la Section de recherche (SR) de la
gendarmerie de Villeneuve-d’Ascq “gérait” un ancien militaire
d’extrême droite, Claude Hermant, mis en examen pour trafic d’armes
et incarcéré le 20 janvier.
« Claude Hermant est informateur immatriculé depuis 2013 », a admis
l’adjudant. L’ancien militaire, animateur de l’extrême droite
identitaire lilloise, soutient de son côté s’être procuré des armes
démilitarisées dans l’objectif d’infiltrer des réseaux mafieux, et ce,
sous le contrôle strict de son officier traitant. Il a détaillé avoir
ainsi « injecté » une quarantaine d’armes à une “cible“ prioritaire,
liée au grand banditisme, courant 2014, sur instruction du SR de la
gendarmerie.
Or, comme Mediapart l’a révélé (lire ici notre article du 10
septembre), les autorités slovaques ont formellement identifié, dès le
14 janvier, les acheteurs des armes utilisées par Amedy Coulibaly. Un
premier fusil d’assaut et deux pistolets semi-automatiques retrouvés
dans le supermarché cacher ont été achetés par une société
immatriculée au nom de la compagne de Claude Hermant. Un deuxième fusil
d’assaut a été acheté par un ingénieur belge, Patrick Halluent. Ce
dernier, qui faisait partie des “cibles“ livrées par Claude Hermant
aux gendarmes, a été entendu en Belgique le 21 avril dernier, par le
juge lillois Stanislas Sandraps, sans être inquiété.
Lors de leurs auditions, les gendarmes ont confirmé avoir signalé à
leur informateur leur « intérêt » pour ces ventes d'armes et la
“cible”, mais ils ont refusé de communiquer aux juges lillois leurs
“rapports de contact” avec Claude Hermant. Les magistrats ont donc
demandé la déclassification de ces rapports au ministre de l’intérieur
Bernard Cazeneuve, qui leur a répondu par la négative, le 30 juin, à
la suite de l’avis défavorable de la Commission consultative du secret
de la défense nationale (CCSDN).
Ce fiasco sur les armes vient s'ajouter à celui des défaillances des
services de renseignement dans l'affaire des attentats de Paris. Sorti
de détention, en mars 2014, après avoir purgé trois ans de prison dans
l'affaire de la tentative d’évasion de l’artificier des attentats de
1995, Amedy Coulibaly n'avait fait l'objet d'aucune surveillance par
la suite. Quant aux écoutes téléphoniques visant les frères Saïd et
Chérif Kouachi, elles avaient été interrompues à l’été 2014.
Entre l’enquête lilloise ouverte pour trafic d’armes et l’affaire des
attentats de Paris, les magistrats sont confrontés à un jeu de
bonneteau procédural assez unique – qui les dépasse peut-être.
Questionné par Mediapart, le parquet de Paris a soutenu qu’il n’y
avait « pas de lien » « entre le protagoniste du dossier lillois,
Claude Hermant, et Coulibaly ». De fait, ni Claude Hermant, ni le
Belge Patrick Halluent, n’ont été questionnés sur le fait qu’Amedy
Coulibaly ait obtenu les armes qu’ils s’étaient procurées auprès de
la firme slovaque. Ces armes de guerre issues des stocks des armées
de l'ex-Pacte de Varsovie sont vendues neutralisées, mais leur remise
en état est assez simple techniquement.
Le 21 avril, Patrick Halluent, un ancien ingénieur de 52 ans qui se
fait passer pour détective privé, reconnaît lors de son audition avoir
acheté des armes démilitarisées chez le slovaque AFG. L’enquête a fait
apparaître qu’il en a acheté 174 entre le 18 juin 2013 et le 28 mai
2014. Les autorités slovaques, dans une note adressée à la direction
centrale de la PJ, signalent l’achat par Halluent de 14 armes, dont
l’un des fusils mitrailleurs CZ 58 retrouvés dans le supermarché cacher
de la porte de Vincennes, le scellé « VINC/A005 », qu’il avait acheté
à AFG le 13 janvier 2014.
Face au juge Stanislas Sandraps, Halluent prétend que Claude Hermant
était « son plus gros client ». « Je n’ai pas de liste des achats par
client, assure-t-il. Je n’ai que la liste des clients. Je calculais
une marge bénéficiaire de l’ordre de 100 à 200 euros par arme. Mes
prix étaient très attractifs. » En juillet 1999 déjà, Halluent, décrit
comme un « collectionneur d'armes », avait été victime d’un
cambriolage suivi d’un incendie criminel. « Les cambrioleurs, après
avoir forcé le coffre, y ont dérobé un arsenal important composé
d'armes de guerre, Uzis, riot-guns, pistolets et revolvers, avant de
bouter le feu, sans doute pour maquiller leur vol », signalait le
quotidien belge Le Soir.
http://static.mediapart.fr/files/media_179242/ReponseBratisalva1.jpg
Mais c’est le 7 mai 2014, dans le cadre d’une enquête ouverte à Liège,
qu’une perquisition « amenait la découverte d’un canon de fusil prêt à
être expédié ainsi que tout le matériel nécessaire à la
remilitarisation des armes ». Alors qu’un autre suspect, Metin
Karasular, qui s’est manifesté à Charleroi dès le 12 janvier pour
révéler ses contacts avec Coulibaly au sujet de la vente d’une
voiture, a été incarcéré durant quatre mois, Patrick Halluent parvient
miraculeusement à passer entre les gouttes de l’antiterrorisme.
http://static.mediapart.fr/files/media_179242/ReponseCharleroi1.jpg
La détention provisoire de Claude Hermant a été maintenue par le juge
des libertés et de la détention à Lille, jeudi dernier. Gérant d’une
friterie lilloise et d’un terrain de paintball, Claude Hermant, âgé lui
aussi de 52 ans, avait révélé en juin 2001 les dérives du service
d’ordre du Front national – le département protection et sécurité –,
des trafics d’armes, déjà, et des provocations dans les quartiers.
Entre 2008 et 2012, il a été l’animateur de la Vlaams Huis (Maison du
peuple flamand), à Lambersart, puis de la Maison des identitaires de
l’Artois. En mars 2013, c’est sur son terrain de paintball que les
gendarmes prennent le premier contact avec lui, introduits par un
douanier, Sébastien L., dont il est déjà l’informateur.
« Salut Claude, nous sommes partants pour les dossiers que tu nous as
présentés (armes-Charleroi) »
Immatriculé par le service, l’ancien militaire apporte diverses
“affaires” à la Section de recherche de la gendarmerie, et l’une
d’elles, un trafic d’armes, lui vaut d’être rémunéré – 2 000 euros,
selon les gendarmes – et aussi félicité par un commandant de l’unité
de Villeneuve-d’Ascq, Damien B., le 21 mars 2014.
« Le 18 février 2014, il nous parle d’une société qui s’appelle AFG en
Slovaquie et qui serait susceptible de vendre des armes par le biais
d’Internet », explique l’adjudant-chef B. Quelques noms sortent, dont
« quelqu’un à Charleroi ». « Il nous dit qu’il va chercher, et nous
sommes intéressés », admet le gendarme.
Hermant prend contact avec le “détective” belge, et s’enquiert de ce
qu’il peut lui fournir. « Une cible très intéressante et connue du
grand banditisme est arrivée, a rapporté Hermant devant les juges.
Samir L. était à la recherche d’armes. » La cible lui avait été «
présentée par un jeune qui traîne sur le Bd de Metz ». « Il voulait de
l’arme lourde, des kalachnikovs, des explosifs. C’était ce que je
pouvais avoir. Je lui ai dit d’attendre une semaine et j’en ai rendu
compte à M. B. [son officier traitant – ndlr ]. Il y a eu un mail et
un rendez-vous physique à Decathlon. Je lui explique [que] la cible est
venue me voir. Lui dit également que c’était une attaque de coffre-fort
qui était prévue ; car Samir me l’avait dit. M. B. me donne le feu
vert, me demande de bosser et d’obtenir les plaques
d’immatriculation. »
De nombreux mails – dont quelques extraits ont été dévoilés dans La
Voix du Nord ici – témoignent de ces échanges. Le 7 mai 2014, Claude
Hermant envoie un mail à Laurent B. Il résume ses recherches sur
Patrick Halluent, qu’il présente comme “détective privé”.
« Donc petit récap de ce matin. Rien d’illégal, ne vend que de la
"neutra" [de l’arme neutralisée – ndlr] et refuse catégoriquement
toute transformation et dit ne pas avoir les connaissances pour cela…
on prend "neutra" ou rien.
Fournisseur AFG. Slovénie [précise la mention du site internet – ndlr].
Il touche au monde des collectionneurs et tireurs pas des voyous,
après plusieurs mois à creuser, il n’a pas varié d’un pouce.
Il donne volontiers un plan venant de N [un site internet – ndlr] où si
on montre patte blanche le vendeur n’est pas hostile à donner de la
pièce "op" [arme opérationnelle, il précise le nom du vendeur, et le
lien – ndlr].
Ce contact est connu des collectionneurs. 80 % de la clientèle de
Patrick est française.
En bossant dessus, je suis retombé sur un fusible à nous. Il serait
bien de ne pas transmettre au belge cette info ou à gérer au mieux des
intérêts des infiltrations. [...]
Tiens-moi au courant de ce que vous faites avec les infos. Je serais
ralenti si le fusible saute. »
En réalité, le jour où ce mail est rédigé, Halluent subit une
perquisition, qui montre qu’il a lui-même du matériel de
remilitarisation. « Claude Hermant envoyait des personnes pour
recueillir des informations, il n’y allait pas directement, c’est pour
cela qu’il nous parlait de fusibles », a commenté l’adjudant-chef.
Dans ce même mail au gendarme, Claude Hermant rend compte de ses
premières recherches sur Samir L.
« Pour notre coffre-fort, voilà les 2 immat :
BW 5XXXX
BX 9XXXX
Si pas concluant, j’organise une autre surveillance, plus serrée pour
récupérer plaque et modèle de voiture exact.
J’ai Rdv ce w-e.
Si on fait match montre-moi la fiche "pol" antropo de l’individu je te
confirme la tronche.
Te ferai un rapport détaillé ap le prochain RDV.
Confirme réception et intention pour Patrick, Merci. »
Le gendarme répond :
« Merci Claude, les immat ne correspondent pas à des Maghrébins.
Laurent »
L’ancien militaire poursuit son infiltration, et livre effectivement
des armes à “la cible” des armes qu’il a commandées lui-même à AFG.
« Il y avait deux techniques, a détaillé Hermant aux juges. Soit
j’avais recours à un réseau existant, et je le dirigeais vers ce
dernier, soit j’injectais et cette solution a été prise vu la qualité
de la cible. C’est M. B. qui m’a dit de faire comme ça. Samir L. est
devenu une priorité de la SR et de moi. C’était dans l’année 2014. […]
Je devais maintenir le contact pour qu’ils puissent remonter quelque
chose de correct. Je lui injecte une quarantaine d’achats. Le listing
était dans la clé USB et dans les rapports. Il y a eu des armes de
poings et des armes longues. »
« Nous n’avons jamais été au courant de tout ça, s’est défendu
l’adjudant-chef B.. Si on nous avait parlé d’armes dans ces
proportions, on aurait sauté dessus. C’était du pain bénit. Nous
n’aurions jamais utilisé l’achat d’armes même neutralisées pour qu’il
les revende dans le but d’infiltrer un trafic. »
Hermant livre aussi des éléments sur un autre client d’AFG, qui
commande des armes sous le nom de « Nicolas Sarkozette ». Ces armes
« suivent un circuit de remilitarisation et finissent dans les
quartiers », commente-t-il. « Je te vois rire mais ce n’est pas une
blague. Amitiés. » L’informateur transmet la copie d’une carte
d’identité et un bon de commande destiné à AFG, au nom de
“Sarkozette”… Le gendarme affirme aux juges n’avoir « pas travaillé
sur ces infos ». Les mails se poursuivent ainsi toute l’année 2014.
« J’espère que vous avez eu le temps de travailler sur les infos
données… note Hermant en octobre. C’est une petite usine de remise en
état qui est en place. Un dénommé R… propose du matériel sur Lille sud
[…] Cela va du Scorpion à la Kalach et autres 9 mm para... »
Le 20 novembre 2014, l’adjudant-chef, Laurent B., et un autre gendarme,
David D., rencontrent leur source. Peu après, l’officier traitant
envoie un mail à Hermant : « Salut Claude, nous avons vu avec notre
hiérarchie, nous sommes partants pour les deux dossiers que tu nous as
présentés (armes-Charleroi). » « Je pense qu’il s’agit d’AFG, a
commenté Laurent B. Il y avait un client AFG à Charleroi. » Les
gendarmes ont fait un point avec le lieutenant T., puis ils ont rédigé
à cette occasion un nouveau « rapport de contact ». Mais il est
classifié secret défense.
Affaire Claude Hermant: le secret défense qui ajoute au trouble
Publié le 25/09/2015
PATRICK SEGHI
« Nous venons d’apprendre que le ministre de l’Intérieur a opposé le
secret défense aux juges lillois qui instruisent l’enquête… » Ce qui ne
perturbe en rien les proches de Claude Hermant, ex-mercenaire d’extrême
droite, au cœur d’un vaste trafic d’armes.
Au contraire, l’intervention de Bernard Cazeneuve ne ferait
qu’ajouter de l’eau au moulin de l’inculpé, présumé innocent. Elle
repose la question de la nature des liens supposés avec les attentats de
Paris. « Le fait que le nom de Coulibaly n’apparaisse jamais dans le
dossier de Claude Hermant ; que celui-ci n’ait jamais été interrogé à
ce propos, nous rassure… », poursuit une source familiale. La
justice fera-t-elle un jour la jonction entre les deux affaires ?
L’interrogation se fait de plus en plus lancinante.
Cinq armes… et 200 autres
Selon nos confrères de Médiapart, complétant nos propres
informations, cinq armes, numéros de série à l’appui, auraient transité
par la société de la compagne de Claude Hermant avant de se retrouver
dans l’arsenal de Coulibaly. « Oui, Claude Hermant a bien vendu des armes neutralisées mais à S.L. (arrêté depuis par la police judiciaire lilloise). »Cette figure du grand banditisme roubaisien« était une cible prioritaire signalée à la gendarmerie par Claude Hermant »dont nous avons établi qu’il était un agent de renseignement de la section de recherche de Lille… « Ce que S.L. a fait de ces armes, nous n’en savons rien
», poursuit l’entourage de l’ex-barbouze. Sous-entendu : comment a
réagi la gendarmerie aux informations de son indic ? Si cette dernière
se refuse à tout commentaire (notre édition du 12 août), Claude Hermant a, lui, mis en cause deux gendarmes et un agent des douanes.
Face au juge d’instruction lillois, l’un de ces gendarmes aurait,
selon Mediapart, soulevé le caractère secret de ses missions. Bernard
Cazeneuve, après avis de la commission consultative du secret défense, a
brandi cette carte, cadrant les investigations lilloises. Reste une
question. Si cinq armes achetées par Claude Hermant se sont retrouvées
entre les mains de Coulibaly, qu’en est-il des « 200 autres » répertoriées par les les enquêteurs ?
Claude Hermant vient de voir une nouvelle demande de mise en liberté rejetée. « Il en formulera une autre dans quatre mois. »
Rappel des faits
Le 8 janvier 2015, Amedy Coulibaly tue une policière municipale à
Montrouge (92). Le lendemain, il prend en otage les clients d’une
supérette casher à Paris. Il en tue quatre… Il sera abattu lors d’un
assaut du RAID.
Affaire Hermant : les avocats de la défense estiment que l’instruction est « biaisée »
Publié le 03/10/2015
PAR PATRICK SEGHI
Maxime Moulin et Guillaume Ghestem, les avocats qui défendent les
intérêts de Claude Hermant et de sa compagne (poursuivis dans le cadre
d’un trafic d’armes) sont aujourd’hui convaincus que la défense « ne
dispose pas de toutes les informations » lui permettant d’assurer ses
missions. Ils demandent la libération du prévenu. Et s’interrogent sur
les effets du secret défense…
Maxime Moulin (premier plan) et Guillaume Ghestem sont convaincus qu’on « leur cache des pans entiers du dossier. »
« Nous ne jouons pas à armes égales. » L’affirmation pourrait
prêter à sourire si dans le cadre de ce dossier de plus en plus opaque,
elle ne commençait à fleurer l’affaire d’État. « Nous ne sommes plus
dans le conditionnel. Il y a un lien direct et établi entre l’affaire
Claude Hermant et Coulibaly. Si le lien n’est pas direct alors on peut
déterminer clairement quels sont tous les intermédiaires… » Voilà la
ligne suivie par Maxime Moulin et Guillaume Ghestem qui défendent les
intérêts du prévenu et de sa compagne, poursuivis dans le cadre d’un
vaste trafic d’armes en bande organisée. Convaincu que « des éléments de preuve sont refusés aux magistrats lillois », que l’instruction est « biaisée », Maxime Moulin poursuit : « Il
n’est pas question que les victimes de Coulibaly et que nos clients
respectifs soient victimes du secret défense et de cafouillages divers
et variés. »
« On nous cache des pans entiers du dossier »
Devant les « déséquilibres constatés », l’avocat roubaisien a beau jeu d’exiger aujourd’hui « la libération » de Claude Hermant qui doit, selon lui, devenir « témoin assisté ». « Le travail d’un juge est la recherche de la vérité. Là, on nous cache des pans entiers du dossier », restent convaincus les défenseurs qui, depuis peu, jouent sur du velours.
Depuis la divulgation que cinq armes traçables passées par la petite
entreprise de la compagne de Claude Hermant ont bien atterri entre les
mains de Coulibaly, l’affaire a pris une tournure nouvelle. « Mon
client était un indic (de la gendarmerie). Ses renseignements devaient
être plutôt bons puisqu’on leur oppose le secret défense. Mais il
n’était pas un chef d’équipe, seulement une cheville ouvrière… » La chaîne des responsabilités s’ouvre désormais de façon béante. « Nous n’avons jamais été entendus dans le cadre du dossier parisien.
» Le parquet se refusant toujours à faire le lien entre les deux
affaires. Pour ajouter au trouble, les deux avocats ont fait savoir que
leurs cabinets respectifs avaient fait l’objet d’une visite nocturne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire