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Où en est-on dans l’enquête sur Amédy Coulibaly?
L’enquête sur l’attaque de l’Hypercacher de la porte de Vincennes suit son cours. Un homme soupçonné de complicité avec le terroriste Amédy Coulibaly a été libéré en juin, tandis que la compagne gendarme d’un autre complice, actuellement écroué, vient d’être révoquée. Le point sur l’affaire.
Le 8 janvier, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo qui a fait douze morts, Amédy Coulibaly abat froidement une policière de 26 ans, Clarissa Jean-Philippe, et blesse un agent municipal à Montrouge au sud de Paris. Le 9 janvier, l’homme de 32 ans, originaire de Grigny prend en otages les clients et employés de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris. Il en tue quatre, tous juifs, avant d’être abattu par le Raid.
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Le parquet de Paris a ouvert le 20 janvier une information judiciaire pour assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, transport d’armes et financement du terrorisme. De nombreuses zones d’ombre subsistent et sa compagne, soupçonnée d’être en Syrie, reste introuvable. Le JDD.fr fait le point sur cette enquête tentaculaire.
Un homme suspecté de complicité libéré
A ce jour, sept personnes ont été mises en examen et placés en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur Amédy Coulibaly. Ils sont tous soupçonnés d’avoir apporté une aide « logistique » au terroriste et sont poursuivis pour »association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ».Selon Le Parisien, l’un d’entre eux, Tonino G. a été discrètement libéré en juin dernier et placé sous contrôle judiciaire. Il reste poursuivi pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. « Son absence de casier judiciaire, sa constance dans ses déclarations et, plus généralement, sa faible implication présumée dans la préparation de l’attaque de l’Hyper Cacher ont fait pencher la balance en faveur d’un placement sous contrôle judiciaire », a fait savoir une source proche du dossier. Le jeune homme était notamment présent lors de l’achat de la voiture dont s’est servi Amédy Coulibaly pour se rendre porte de Vincennes. Il a aussi fourni sa carte d’identité à un ami proche de Coulibaly lors de l’achat de bombes lacrymogènes, retrouvées en perquisition au domicile du terroriste.
Les autres restent écroués
Les autres personnes mises en examen ont pour certains un profil de petits délinquants. Quelques uns sont originaires de Grigny (Essonne), comme Coulibaly, ou l’ont côtoyé en détention. Armes ou véhicules, tous sont soupçonnés d’avoir apporté un « soutien logistique » au tueur. Tous nient avoir été au courant des projets d’attaques. Parmi eux ressortent deux noms : Amar R. et Ali P. Ce dernier, âgé de 30 ans, a fréquenté Coulibaly jusqu’aux heures précédant les attentats. Les enquêteurs pensent qu’ils se sont retrouvés dans la nuit du 6 au 7 janvier à Montrouge, peu après que Coulibaly a rencontré Chérif Kouachi à Gennevilliers. Ali Polat apparaît aussi comme le relais de Coulibaly en Belgique, où ce dernier a pu acheter une partie de son arsenal. Le 9 janvier, il se rend outre quiévrain réclamer de l’argent à un homme qu’il a mis en contact avec Coulibaly. Puis il s’envole à Beyrouth. Son passeport montre que le 17 janvier, il a été stoppé par les autorités libanaises au poste-frontière syrien de Masnaa. Il revient en France, puis repart pour un bref aller-retour en Thaïlande, à Phuket. En garde à vue, il a condamné les attentats et attribue ses déplacements à la « panique ».Amar R. a vu Coulibaly le 5, puis le 6 janvier au soir, à Gentilly (Val-de-Marne). Entre septembre et le 6 janvier, ils avaient échangé plus de 600 SMS. Plusieurs fois mis en cause pour des faits de droit commun, ce trentenaire ne revendique qu’une relation « amicale » avec Coulibaly, rencontré en détention en 2010. Il réfute toute relation d’affaires et dit n’avoir rien su de ses projets. Il est connu des services de renseignement pour être proche des milieux islamistes
La compagne gendarme d’un proche de Coulibaly révoquée
La compagne d’Amar R. est une femme gendarme en poste au fort de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Cette dernière, suspendue en février dernier, a été révoquée comme a indiqué la gendarmerie nationale cette semaine. La décision lui a été notifiée le 21 septembre dernier. Elle est soupçonnée d’avoir apporté, notamment, des lettres à son ami écroué depuis la fin janvier. Le Canard enchaîné, qui avait révélé la liaison, a précisé qu’Amar R. avait pu entrer dans la caserne de Rosny et que sa compagne gendarme s’était convertie à l’islam il y a quelques années.Lire aussi : Quand le complice d’Amédy Coulibaly avait une liaison avec… une gendarme
Hayat Boumedienne toujours introuvable
Mariée religieusement à Amédy Coulibaly, Hayat Boumedienne, 27 ans, est introuvable depuis début janvier et fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Elle est soupçonnée d’avoir rejoint la Syrie, via la Turquie, quelques jours avant les attaques, accompagnée des frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, dont le premier a été condamné pour sa participation à une filière djihadiste. Selon Le Point, son frère Mehdi serait mort en Syrie. Il aurait succombé à ses blessures consécutives à une explosion, contractant une septicémie.
L’hebdomadaire précise aussi que la compagne d’Amédy Coulibaly, enceinte du terroriste, a vraisemblablement accouché. En février dernier, le magazine francophone de l’Etat islamique dit l’avoir interviewée. Hayat Boumeddiene, nommée « la soeur » ou « l’épouse » dans le papier, y affirme ressentir « un soulagement » d’avoir rejoint les territoires contrôlés par l’Etat islamique. En avril, elle a à nouveau refait surface appelant sa famille. Selon RTL, elle a parlé à ses frères et soeurs pendant « plusieurs minutes », assurant par ailleurs ne pas être impliquée dans les attentats de Paris. Elle déclare aussi qu’elle ignorait les agissements de son compagnon. Selon elle, ce dernier lui avait demandé de rejoindre la Syrie, une semaine avant les attentats, lui affirmant qu’il la retrouverait bientôt.
Les liens entre Coulibaly et les frères Kouachi
Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi se connaissaient depuis une dizaine d’années. Tous deux ont été détenus à Fleury-Mérogis pendant environ cinq mois en 2006. Coulibaly reconnaîtra avoir connu Kouachi à ce moment-là. Quatre ans plus tard, des enquêteurs chargés de surveillances dans le cadre du projet d’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, l’auteur de l’attentat du RER C en octobre 1995, condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité, les repèrent. Ils rendent visite ensemble à Djamel Beghal, islamiste radical condamné pour un projet d’attentat contre l’ambassade des Etats-Unis. L’épouse de Chérif Kouachi a dit avoir connu Coulibaly et Hayat Boumeddiene, en février 2010, quelques mois avant l’interpellation de Coulibaly dans l’affaire Aït Ali Belkacem pour laquelle il a été condamné à cinq ans de prison en 2013.Lire aussi : Amédy Coulibaly, un petit caïd aux méthodes ultraviolentes
Fin novembre-début décembre 2014, Coulibaly et Boumeddiene passent à l’appartement des Kouachi à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Le soir du 6 janvier, Kouachi et Coulibaly échangent des SMS. Chérif Kouachi quitte brièvement son appartement, probablement pour retrouver Coulibaly, présent sur les lieux selon son téléphone portable. Le lendemain matin, Cherif Kouachi envoie un SMS à Coulibaly, vraisemblablement pour lui signifier qu’il se dirige vers Charlie Hebdo avec son frère Saïd.
Lire aussi : Les frères Kouachi, Boumeddiene, Coulibaly… Comment ils ont basculé
Les commanditaires de l’attaque
Dans une vidéo posthume postée au surlendemain de l’attentat contre l’Hypercacher, Amédy Coulibaly se revendique de l’Etat islamique et dit avoir synchronisé son action avec celle des frères Kouachi. »Selon toute hypothèse en cours de vérification, Amédy Coulibaly a (…) reçu des instructions depuis l’étranger« , déclarait en mai le procureur de Paris, François Molins. Des liens peuvent-ils être établis avec la zone irako-syrienne sous contrôle de l’organisation djihadiste Etat islamique?
Le mystère du joggeur de Fontenay-aux-Roses
Le 7 janvier au soir un joggeur a été grièvement blessé par balles alors qu’il courait sur la coulée verte de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Les enquêteurs ont un temps estimé que le trentenaire avait été atteint par des coups de feu tirés par Amédy Coulibaly qui s’entraînait à la veille de sa première attaque.Le joggeur a plusieurs fois modifié la description de son agresseur. Dans la foulée de son hospitalisation, il a décrit un homme de 1,80 m, puis a parlé de 1,70 m lors de sa première audition. Pour lui, le tireur était trapu, âgé de plus de 30 ans et plutôt de type nord-africain et non africain ou antillais. Plus tard, il dit avoir reconnu Amar Ramdani, suspectés d’être un complice du terroriste et actuellement écroué, qui n’est pas trapu et mesure 1,80 m. Les enquêteurs restent prudents.
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