Elle a frappé des positions de Daech en Syrie une première fois le 27 septembre 2015, et une seconde fois cette nuit.
« Des Rafale français ont délivré des bombes sur ce camp d’entraînement et les objectifs ont été atteints. Je remercie et félicite les pilotes français pour cette opération », a déclaré ce matin sur Europe 1 le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
On ne largue plus des bombes, on les délivre comme des messages.
Rappelons cet autre message récemment délivré par la Cour d’Appel de Paris :
http://actualitesdudroit.lamy.fr/Accueil/Articles/tabid/88/articleType/ArticleView/articleId/126882/Premiere-application-de-la-loi-Loppsi-2-.aspx
Un éditeur et trois journalistes étaient les premiers à être poursuivis en justice en vertu de la loi « Loppsi 2 » sur la sécurité intérieure promulguée en mars 2011.Ils ont été condamnés chacun à 2.000 euros d’amende avec sursis par la Cour d’appel de Paris, le 17 septembre.
Dans son arrêt, la Cour d’appel a relaxé les journalistes et l’éditeur pour quatre des cinq agents cités considérant que « seule l’appartenance au service » de l’un d’entre eux n’avait en réalité jamais « été précédemment divulguée« .
Pour la Cour, « le souci des auteurs de dénoncer les conditions, selon eux, contraires aux règles acceptables de recrutement de ce fonctionnaire en raison de ses liens familiaux avec une personne condamnée à plusieurs reprises, ne peut justifier, par ce seul motif (…) de divulguer la fonction qu’il exerce au sein d’un service de renseignement« .
CA Paris, 17 sept. 2015
21/09/2015
http://www.europe1.fr/politique/le-drian-la-france-a-frappe-daech-en-syrie-cette-nuit-2526911
Le Drian : « la France a frappé Daech en Syrie cette nuit »
Publié à 08h20, le 09 octobre 2015, Modifié à 09h41, le 09 octobre 2015
Le ministre de la Défense a annoncé une deuxième frappe française, vendredi sur Europe 1.
INTERVIEW – Pour la deuxième fois, l’aviation française a mené une frappe sur le territoire syrien. « La France a frappé Daech en Syrie cette nuit, à Raqqa. Ce n’est pas la première fois, ce n’est pas la dernière fois », a annoncé Jean-Yves Le Drian, vendredi sur Europe 1. « Nous avons frappé parce que nous savons qu’il y a en Syrie, en particulier dans les environs de Raqqa, des centres de combattants étrangers dont la mission n’est pas d’aller combattre pour Daech sur le Levant, mais de venir en France, en Europe, pour commettre des attentats », a expliqué le ministre de la Défense au micro de Jean-Pierre Elkabbach.
« Des Rafale français ont délivré des bombes sur ce camp d’entraînement et les objectifs ont été atteints. Je remercie et félicite les pilotes français pour cette opération », a poursuivi Jean-Yves Le Drian. « Il y avait deux Rafale frappeurs plus des Rafale d’accompagnement », a-t-il précisé.
« 80 à 90% » des actions militaires russes « ne visent pas Daech ». Interrogé sur l’intervention de l’armée russe en Syrie, Jean-Yves Le Drian a estimé que »80 à 90% » des actions militaires russes « ne visent pas Daech. Elles visent en priorité la sécurité de Bachar al-Assad ». Une déclaration qui va dans le sens des affirmations de Washington cette semaine.
« C’est Daech notre adversaire principal ». Le groupe Etat islamique ou Bachar al-Assad, qui est le plus grand ennemi de la France ? « La menace pour la France, c’est Daech », a tranché Jean-Yves Le Drian. « C’est en Syrie que s’organisent potentiellement des attentats, que s’organise la formation de combattants étrangers dont la mission est de venir nous frapper ici ». « Bachar, c’est l’ennemi de son peuple depuis longtemps », a ajouté le ministre. « Bachar est le point de départ du chaos. Bachar a éliminé 250.000 Syriens. Bachar assassine son peuple », a-t-il énuméré. Toutefois, « nous estimons que c’est Daech notre adversaire principal », a-t-il martelé.
« Ne pas faire de victimes collatérales ». Les frappes en Syrie risquent-elles de provoquer des victimes civiles ? « Daech s’est organisé de telle sorte que des enfants, des femmes, des civils soient en première ligne. Les responsables se cachent dans des écoles, des mosquées, des hôpitaux, ce qui rend l’action de la coalition en Irak et l’action de la France et d’autres partenaires en Syrie difficile, parce que nous ne souhaitons pas faire de victimes collatérales », a admis Jean-Yves Le Drian. « Nous sommes donc très exigeants sur les cibles que nous avons l’intention de viser, en étant en même temps très exigeants sur la nécessité de combattre Daech ».
L’interview intégrale de Jean-Yves Le Drian :
http://www.avionslegendaires.net/2015/09/actu/france-intervient-enfin-syrie/
La France intervient (enfin) en Syrie
7 septembre 2015
C’est désormais officiel, le Président de la République François Hollande l’a annoncé lors de sa traditionnelle conférence de presse : l’Armée de l’Air va procéder à des vols de reconnaissance au-dessus du territoire syrien, afin de repérer des positions armées du groupe terroriste Daech. Ces vols devront préfigurer de futures frappes aériennes menées par nos aviateurs.
François Hollande a par ailleurs annoncé que les premiers de ces vols de reconnaissance auront lieu dès ce mardi 8 septembre 2015. On ignore cependant s’ils seront le fait de drones de reconnaissance ou d’avions de combat. Il est à signaler que les Dassault Mirage 2000D et Rafale B/ C déployés dans la région sont totalement adaptés à ce type de missions. Le fameux Dassault Atlantique 2 de la Marine Nationale pourrait lui aussi être mis à contribution.
Cependant on peut « parier » que ces reconnaissances aériennes seront réalisées par des chasseurs, les équipages de l’Armée de l’Air ayant démontré leur très grand professionnalisme dans ce type de vols beaucoup plus risqués qu’il n’y parait de prime abord. Au-dessus de l’Irak les premiers vols réalisés par nos aviateurs voici un an étaient déjà des missions de renseignement. La reconnaissance armée est même devenue une spécialité des hommes et des femmes évoluant sur Rafale, eux qui ont la possibilité ainsi de frapper d’éventuelles cibles dites d’opportunités au moyen de leurs bombes à guidage laser et/ou GPS.
Dans le même temps le Président de la République a exclu l’envoi de troupes françaises sur les sols irakiens et syriens, refusant je cite de « transformer une opération en force d’occupation ». Il ne devrait donc pas à priori y avoir de sitôt d’hélicoptères de transport et de manœuvres aux couleurs de l’Armée de l’Air et de l’ALAT dans la région. Bien entendu les déclarations du Chef de l’État n’impliquent pas une éventuelle participation des équipages du GAM-56 Vaucluse. Il n’est en effet pas à exclure la possibilité que des barbouzes soient déjà présentes dans la région. Vous me l’accorderez c’est là un tout autre débat.
Avec ce nouveau front qui s’ouvre pour nos pilotes et équipages la BAP, la très discrète Base Aérienne Projetée en Jordanie prend tout son sens. Elle pourrait dans les prochaines semaines monter en puissance, et ne plus uniquement servir au profit des Mirage 2000D de l’Armée de l’Air.
Cette décision présidentielle française d’élargir l’opération Chammal au théâtre syrien démontre bien que la France a dans son ensemble pris conscience du drame humain (et humanitaire) né de l’implantation progressive de cet autoproclamé État Islamique. Celui-ci met en effet en péril non seulement la stabilité régionale du Proche Orient mais aussi celle de l’Europe au travers de la fameuse crise des migrants qui se joue actuellement en Méditerranée. Hors les services de renseignement des différents pays européens, mais aussi de nos alliés nord-américains, ont clairement établis depuis plusieurs mois que la Syrie est aussi (et surtout) l’une des principales bases arrières pour le terrorisme djihadiste.
Photo © Armée de l’Air
http://www.avionslegendaires.net/2015/09/actu/survols-francais-de-syrie-senchainent/
Les survols français de la Syrie s’enchaînent
10 septembre 2015
Depuis la décision présidentielle d’engager la force Chammal dans des opérations au-dessus du territoire syrien les opérations se multiplient. Entre ce mardi 8 et ce mercredi 9 septembre 2015 pas moins de deux missions de reconnaissance aérienne ont été réalisé par les équipages français afin de localiser les positions des troupes ennemies. Si la première a été particulièrement médiatisée la seconde le fut beaucoup moins.
Ce mardi 8 septembre 2015 donc deux avions de combat Dassault Rafale appartenant à l’Armée de l’Air ont réalisé le premier survol opérationnel de la Syrie par des aéronefs de la force Chammal. Partis de la base émiratie les chasseurs omnirôles français ont pu réaliser leur mission grâce au soutien d’un de nos ravitailleurs en vol Boeing C-135FR.
Les images et informations collectées par les équipages des biréacteurs permettront d’élaborer des schémas d’engagement et de définir les futures cibles des frappes aériennes de la coalition internationale contre l’autoproclamé État Islamique.
Le lendemain, mercredi 9 septembre, c’est l’avion de patrouille maritime Dassault ATL-2 de la Marine Nationale qui a lui aussi pour la première fois atteint l’espace aérien syrien. Grâce à ses puissants capteurs le biturbopropulseur français a pu repérer les positions de Daech, et là aussi préparer au mieux les frappes à venir des avions de combat français, mais aussi étrangers.
Si ces vols sont encore des opérations de reconnaissance il ne faut se faire d’illusions les missions de frappes aériennes contre les positions syriennes de Daech viendront très vite. En effet on imagine mal que les tergiversations françaises sur la nécessité ou non d’intervenir en Syrie ne concernent que du renseignement. D’autant que l’Armée de l’Air ne semble pas avoir détachée dans la région de drone, ce sont donc uniquement les chasseurs et l’Atlantique 2 qui remplissent cette mission. Les bombes à guidage laser ne devraient donc pas tarder à être larguées.
Photo © ministère de la défense.
http://www.lepoint.fr/monde/premieres-frappes-francaises-en-syrie-les-reactions-politiques-27-09-2015-1968471_24.php
Premières frappes françaises en Syrie : les réactions politiques
Alors que Marine Le Pen critique le « temps perdu » par le gouvernement français, François Fillon juge que les frappes « n’auront pas d’effets significatifs ».
Source AFP
Publié le 27/09/2015 à 14:17 – Modifié le 27/09/2015 à 18:24 | Le Point.fr
L’annonce des premières frappes aériennes françaises en Syrie contre le groupe État islamique a été faite dimanche matin par l’Élysée alors que le président François Hollande est à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU.
Manuel Valls a déclaré dimanche, lors d’un déplacement dans la Drôme, que les récentes frappes aériennes de la France en Syrie visaient les « sanctuaires de Daesh où sont formés ceux qui s’en prennent à la France », ajoutant que cette action serait poursuivie « autant que nécessaire ». Dans une brève intervention devant la presse, à son arrivée à une Fête de la rose à Bourg-de-Péage, le Premier ministre a affirmé : « Nous frappons Daesh en Syrie, car cette organisation terroriste prépare les attentats vers la France depuis la Syrie, depuis ces sanctuaires. »
« Nous agissons donc en légitime défense », conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies, a-t-il fait valoir, mais aussi « de manière autonome, en fonction de nos objectifs, en lien avec nos alliés », notamment américains. Sans préciser quand exactement ces frappes avaient eu lieu, le Premier ministre a ajouté qu’il fallait aussi « faire en sorte de trouver une solution diplomatique, politique (en Syrie, NDLR) sur la base d’une transition avec des éléments modérés de l’opposition et avec des éléments du régime de Bachar el-Assad pour permettre à la Syrie de retrouver la paix ».
« Des décisions encore plus importantes »
Le président du MoDem, François Bayrou, a exprimé dimanche sa « solidarité » après les frappes françaises en Syrie en estimant qu’il y aura « des décisions encore plus importantes à prendre ». « Ce terrorisme-là, cette volonté d’écraser tout ce qu’il y a de divers, d’humain, de libre, mérite en effet que nous unissions nos forces contre ces exactions », a lancé le président du MoDem en commençant son discours de clôture des universités de rentrée du parti centriste à Guidel (Morbihan).
« Cela exige une double solidarité, entre nations et forces qui veulent réduire le pire du pire, et solidarité à l’intérieur de notre pays entre les sensibilités différentes qui animent le débat démocratique français », a-t-il fait valoir devant plusieurs centaines de militants du MoDem. « Cette solidarité, je crois qu’elle ne devra pas s’arrêter à de seules frappes aériennes, il y aura un jour des décisions encore plus importantes à prendre », a souligné M. Bayrou.
Quant à l’ancien Premier ministre François Fillon, il a assuré dimanche sur BFM TV que « c’est mieux d’aller frapper Daesh que de ne rien faire », jugeant toutefois qu’il s’agit de frappes « qui n’auront pas d’effets significatifs » sur le groupe État islamique et qu’il s’agit d’ »un acte symbolique de la France ».
« Que de temps perdu »
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a critiqué dimanche le « temps perdu » par le gouvernement français dans la gestion de la crise syrienne et a appelé la communauté internationale à « se mettre autour de la table » avec la Russie et le gouvernement de Bachar el-Assad. « Je ne vais sûrement pas lui accorder un satisfecit, pour une raison simple, c’est que de temps perdu« , a répondu Marine Le Pen, interrogée lors de l’émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/ LCI sur les premiers bombardements français en Syrie. « Dès le début, le Front national a réclamé qu’en accord avec le gouvernement syrien on puisse intervenir en Syrie, car c’est en Syrie que Daesh développait son organisation logistique ». « On a perdu des années très précieuses », a-t-elle poursuivi.
Selon la présidente du FN, « il faut maintenant se mettre autour de la table et avoir une action qu’on aurait dû avoir il y a plusieurs années. Mettre autour de la table la Russie, le gouvernement de Bachar « l-Assad, car on ne peut pas intervenir sur le territoire syrien sans, bien entendu, coordonner ses efforts avec (ce) gouvernement ». « La responsabilité d’un politique, c’est de déterminer quel est le moindre mal. Le moindre mal, c’est Bachar el-Assad. Le grand danger gigantesque pour la France, pour le monde, c’est le développement de Daesh », a-t-elle insisté.
Marine Le Pen a réaffirmé ne pas être « pour une intervention au sol », faute pour la France d’en avoir les « capacités ». « Il faut demander au gouvernement syrien ce dont il a besoin. Il faut se mettre autour d’une table avec les états-majors militaires pour savoir quel pays doit apporter quoi, dans quelles circonstances. La réalité, c’est qu’aujourd’hui les États-Unis, la Russie sont en discussion sur ces opérations militaires et que la France apparaît complètement isolée dans son refus de discuter avec Bachar, avec la Russie », a-t-elle estimé.
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/09/28/frappes-en-syrie-la-france-veut-peser-dans-la-bataille-diplomatique_4774562_3218.html
Paris revendique sa place sur le front de Syrie
LE MONDE | 28.09.2015 à 06h49 • Mis à jour le 28.09.2015 à 14h27 | Par Yves-Michel Riols et Bastien Bonnefous (New York, envoyés spéciaux)
C’est une opération qui tombe à point nommé. L’annonce des premières frappes aériennes françaises en Syrie, dimanche 27 septembre, ne doit rien au hasard. Elles sont intervenues à la veille de l’ouverture, lundi, à New York, de l’Assemblée générale de l’ONU, qui sera dominée par le retour en force de la Russie sur le devant de la scène diplomatique à la faveur de l’aggravation de la crise syrienne.
Lire notre décryptage : L’intervention militaire française en Syrie décryptée en 5 points
Alors que le président russe, Vladimir Poutine, monopolise l’attention depuis le renforcement de la présence militaire de Moscou, la France a voulu signifier qu’elle compte aussi peser et jouer sa partition dans les tractations en cours sur l’avenir de la Syrie. Le calendrier des frappes n’est pas « fortuit », souligne un proche du président Hollande. « C’est le moment d’envoyer un message et de montrer la volonté française d’agir en Syrie », poursuit cet interlocuteur.
Quelques heures après l’annonce de cette opération, François Hollande a précisé, dimanche, au siège de l’ONU, que l’aviation française avait frappé un camp d’entraînement de l’Etat islamique (EI) proche de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, qui menaçait « la sécurité de notre pays ». Cette intervention, conduite par sept avions dont cinq Rafale, visait à « protéger notre territoire », a indiqué M. Hollande. Ce raid a « atteint son objectif » en détruisant la « totalité du camp » d’entraînement, a-t-il affirmé, en ajoutant que « d’autres frappes pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines si nécessaire ». Selon des informations du Monde, l’opération a été lancée en fin de semaine, et la campagne, comme l’a indiqué le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, vise également des cibles à Rakka, le fief de l’EI en Syrie.
Lire aussi : Frappes en Syrie : une opération militaire menée « en coordination », selon l’Elysée
François Hollande avait posé les jalons de cette opération, le 7 septembre, en dévoilant que la France comptait mener des frappes en Syrie, alors qu’elle ne participait jusque-là qu’aux raids contre l’EI en Irak, dans le cadre de la coalition internationale mise en place en septembre 2014 sous l’égide des Etats-Unis. Lorsque le président américain, Barack Obama, avait annoncé en 2014, lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU, que Washington avait décidé d’étendre les frappes de la coalition à la Syrie, la France avait alors refusé d’y participer, estimant que de telles actions ne conduisent, in fine, qu’à renforcer le pouvoir du dirigeant syrien, Bachar Al-Assad.
« Légitime défense »
Si la France s’y associe désormais, a expliqué dimanche M. Hollande, c’est pour mener « des actions militaires ciblées qui doivent à chaque fois nous permettre de prévenir un certain nombre d’actes qui pourraient être commis dans notre pays ». C’est donc au nom de la « légitime défense » que la France a consenti à infléchir sa position. « On ne fait pas une révolution copernicienne, on prend acte d’une situation », décrypte un diplomate, en soulignant que l’objectif prôné par Paris demeure toujours le même : le départ de Bachar Al-Assad.
Dans la foulée de l’annonce des frappes françaises en Syrie, François Hollande s’est entretenu pendant une demi-heure avec son homologue iranien, Hassan Rohani, dont le pays est, avec la Russie, le principal parrain du régime syrien. L’atmosphère était cordiale, mais chacun a campé sur ses positions. Le président Hollande a souligné à son hôte que l’Iran pourrait jouer un rôle de « facilitateur » dans la crise syrienne, tout en rappelant que la France jugeait « impossible » de mettre autour de la même table « Assad et les opposants qui se battent contre lui ».
En fin de journée, le président Rohani a clairement fait comprendre que la priorité de l’Iran était ailleurs. « Je pense qu’aujourd’hui tout le monde a accepté que le président Assad devait rester [au pouvoir] afin de combattre les terroristes », a-t-il déclaré sur CNN. « En Syrie, notre premier objectif est de combattre les terroristes et de les défaire, et nous n’avons pas d’autre solution que de renforcer l’autorité centrale et le gouvernement comme les principaux centres de pouvoir », a-t-il insisté.
Camouflet pour le président Obama
C’est aussi le message que compte adresser, lundi, le président russe à la tribune de l’ONU. A la veille de son intervention, la chaîne américaine CBS a diffusé, dimanche soir, un entretien réalisé quelques jours plus tôt avec M. Poutine dans lequel il affirme vouloir mettre en place une « plate-forme commune pour une action collective contre les terroristes » de l’EI.
Lire aussi : Poutine appelle à une alliance avec Assad contre l’Etat islamique
Les prémices d’un tel projet ont été dévoilées, dimanche, avec l’annonce par les autorités irakiennes de la création d’une cellule de coordination du renseignement sur l’EI entre la Russie, l’Iran, la Syrie et l’Irak. C’est un camouflet pour le président Obama, car Bagdad n’a visiblement pas prévenu Washington, qui a aussitôt déploré cette initiative. « Si la Russie veut s’appuyer sur Bachar pour lutter contre l’EI, ce n’est pas notre analyse », a, pour sa part, constaté un diplomate français.
Dans cet entretien à CBS, M. Poutine n’a d’ailleurs pas dit un mot sur un processus politique en Syrie et a qualifié le pouvoir de M. Assad de « légitime ». S’il s’en tient à cette position lors de sa rencontre avec Barack Obama, lundi à New York, il n’y a pas grand-chose à attendre d’un échange dont serait exclu le principal obstacle mis en avant par les Occidentaux à un règlement du conflit : le sort du président syrien.
- Bastien Bonnefous (New York, envoyés spéciaux)
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Yves-Michel Riols
Journaliste au Monde
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