Paul Vannier a révélé que l’affiche sur Cyril Hanouna avait été réalisée par l’IA.
Paul Vannier a révélé que l’affiche sur Cyril Hanouna avait été réalisée par l’IA.

POLITIQUE - Tourner la page au plus vite. Depuis plusieurs heures, l’obsession des cadres de La France insoumise est de se défaire de la polémique née après la publication d’une affiche controversée représentant un visage retouché de Cyril Hanouna surmonté d’un appel à manifester le 22 mars « contre le racisme et l’extrême droite ». Dans ce visuel, de nombreux élus, de gauche comme de droite, y ont vu un usage des codes antisémites : sourcils froncés, oreilles rallongées, contours maléfiques… Obligeant le mouvement mélenchoniste à le retirer illico. La LICRA a accusé LFI de « recycler l’iconographie antijuive », quand la sénatrice socialiste Laurence Rossignol a fustigé « une saloperie antisémite ».

Mais malgré son retrait, la polémique n’est pas retombée. Sur le plateau de l’émission C à vous sur France 5 ce 14 mars, le député LFI Paul Vannier a tenté d’apporter une première piste d’explication. L’affiche, jugée « maladroite » par l’eurodéputée Manon Aubry, a été « produite en recourant à l’intelligence artificielle » et plus précisément « au logiciel Grok, celui d’Elon Musk ». Lancé en 2023, Grok est un chatbot qui utilise l’intelligence artificielle générative auquel peut recourir n’importe quel internaute, sur le modèle de ChatGPT. Grok a récemment été relié directement à l’application X, détenue par Elon Musk.

Reconnaissant « une erreur », Paul Vannier a surtout expliqué regretter d’avoir « utilisé cet outil ». Sans revenir en détail sur la commande initiale. Car si l’IA a pu réaliser l’image, il a fallu qu’un être humain rentre des mots-clés au départ et vérifie le produit final avant de le publier sur les réseaux sociaux. Pour le député, hors de question de mettre en cause personnellement le directeur de la communication de La France insoumise, Bastien Parisot, expliquant ne pas vouloir tomber « dans la recherche d’une responsabilité individuelle ».

« Des choses nauséabondes »

Résultat : c’est l’idéologie d’Elon Musk, membre du cercle proche de Donald Trump et défenseur de partis d’extrême droite en Europe comme l’AfD, qui est en cause pour les Insoumis. « Nous avions cette règle, depuis plusieurs années, de ne jamais recourir à ces logiciels, probablement parce que les logiciels d’Elon Musk contiennent en effet des choses qui sont nauséabondes » a assuré Paul Vannier. Avant d’ajouter : « C’est peut-être une question intéressante, de s’interroger pourquoi l’intelligence artificielle d’Elon Musk conduit à ce type d’images ».

Ne jamais s’excuser et foncer tête baissée : voilà la ligne de conduite des Insoumis, qui préfèrent se poser en victime d’une cabale. « Depuis trois jours en effet, l’extrême droite s’est engagée dans une campagne qui vise à nous disqualifier », déplore le député LFI. Pointant des « indignations à géométrie variable » : « Quand Elon Musk il y a quelque temps encore pratiquait le salut nazi, beaucoup bégayaient pour qualifier ce geste ».

Elon Musk, « un coupable parfait » ?

Une ligne de défense qui a du mal à convaincre. Le député Renaissance Éric Bothorel, souligne que « dans le cas de cette affiche, ce qui est en cause c’est le prompt (la commande) qui l’a généré et celui ou celle qui l’a tapé » et rappelle que « l’IA générative ne fait que répondre aux commandes des humains ». Le journaliste et fondateur d’Arrêt sur images Daniel Schneidermann voit lui aussi en Elon Musk « le coupable parfait ». « Quelles consignes ont été données à l’IA ? Pas de réponse. Quels humains ont validé le visuel Hanouna sans le juger immédiatement antisémite, ou en s’en foutant ? Pas de réponse ».

À noter que la réalisation de ce visuel a aussi suscité le malaise et la colère de plusieurs députés LFI. Tel qu’Aymeric Caron qui aurait, selon l’Opinion, écrit sur une boucle Whatsapp interne : « Merci de tenir compte du fait que chaque membre du groupe est impacté, une fois de plus, par ces communications catastrophiques, qui se multiplient ». Finalement, Paul Vannier en convient : « Ce visuel a créé peut-être davantage d’incompréhensions qu’une interpellation positive ». Une bien timide remise en question.