Halte à la censure et la désinformation satanistes !
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jeudi 14 février 2019
Décès brutal du juge Raymond André à Brest
L’annonce en a été faite par un unique article du
Télégramme publié sur Internet lundi à 16h22 et sur papier hier (copie
ci-dessous).
Son auteur n’est pas vraiment journaliste, c’est juste une plume au
service de la mafia locale, comme il en avait bien fait la démonstration
avec son torchon du 10 avril 2013 me concernant : il ne s’agissait en
rien d’un compte rendu d’audience honnête, mais d’un papier rédigé sur
commande de mes harceleurs et calomniateurs, à savoir, les magistrats du
Tribunal de Grande Instance de Brest autant que la criminelle Josette
Brenterch du NPA de Brest et ses complices « déconnologues » de la bande
du cybercriminel Pascal Edouard Cyprien Luraghi, lesquels avaient
entrepris de me faire condamner très lourdement pour avoir publié
quelques droits de réponse à la suite de leurs campagnes de calomnies
publiques à mon encontre, véritablement démentielles.
Cette fois-ci, le journaleux sans scrupules a beau passer la brosse à reluire sur le costard du
disparu, il y reste suffisamment de pellicules pour refaire le film.
« Grand amateur de littérature, incollable sur les westerns hollywoodiens et les films des années 50, » nous dit-il, l’individu « possédait une incroyable collection de livres et de films où la figure tutélaire de Marilyn Monroe lui servait de guide. »
Un brin machiste, le juge André ? Sexiste, peut-être ? Nooon, ce
n’est pas possible… vu le nombre de magistrates brestoises à s’être
compromises sous ses ordres, je dois me faire des idées…
Grand gamin, alors. Hors du tribunal, il passe son temps à se faire
plaisir avec les histoires d’un Far West sauvage peuplé d’Indiens et de
cowboys tous assoiffés de sang et de vengeances en tous sens : sans foi
ni lois, ils se font « justice » eux-mêmes. Voilà ses héros, ses idoles, ses modèles... Brillante idée de ses
fonctions au tribunal ! Au diable, les lois de la République !
Cet « homme habile et économe en mots » est donc devenu magistrat pour assouvir une vengeance à Brest, dans le Finistère, Far West sauvage du vieux continent.
Laquelle ?
C’est toute la question.
Ceux qui le connaissent le disent, pour le moins, « terne », voire « incompétent », « trop intéressé par les filles »;
nombre sont ceux, surtout parmi les avocats, qui se plaignent de tous
les dégâts dont il a été l’auteur dans la juridiction brestoise durant
toutes les années où il y a sévi, soit tout près de trente ans,
puisqu’il y a exercé presque sans discontinuer de 1989 jusqu’à très
récemment, après avoir été commissaire de police.
Aurait-il, à l’instar de sa complice la criminelle Josette Brenterch
du NPA de Brest avec tous ses amis politiciens, recherché à travers ses
fonctions ou son poste de magistrat au Tribunal de Grande Instance de
Brest le pouvoir nécessaire pour être en mesure de se venger de toutes
ses insuffisances et frustrations personnelles sur des individus bien
plus brillants ou séduisants que lui ?
L’hypothèse prend corps quand on le voit s’acharner des années durant
sur toute une famille d’ingénieurs – la mienne – jusqu’à l’avoir
totalement détruite.
Juge d’instruction à compter de son arrivée à Brest en 1989, doyen
des juges d’instruction de Brest, vice-président chargé de l’instruction
du Tribunal de Grande Instance de Brest à compter du 8 juillet 2003, il
avait été déchargé des fonctions de l’instruction et chargé des
fonctions de juge des enfants le 20 juillet 2012.
Sa collègue la juge d’instruction Mathilde Boissy, décédée
prématurément à l’âge de 31 ans au mois d’octobre 2015, avait rendu le
16 juillet 2012 un avis de fin de l’information judiciaire dont elle
avait été saisie sur plaintes toutes nulles ou irrecevables de Josette
Brenterch contre mon hébergeur de blog OverBlog et moi-même.
Steven Le Roy a curieusement choisi de taire cette évolution de
carrière et de citer plutôt l’ouverture des informations judiciaires
dans l’affaire Clarisse et Erwan et dans celle de Jean-Jacques Le Page…
pourtant l’une et l’autre exemplaires de tous les naufrages dont le juge
André est le premier responsable…
Ayant déjà plusieurs fois évoqué la seconde de ces affaires, je vous
propose de découvrir la première à travers tous les articles de presse
copiés ci-dessous.
Il s’agit d’un double assassinat survenu dans la nuit du 19 au 20
août 2003, le juge André venant tout juste d’être nommé vice-président
chargé de l’instruction.
A bien des égards, cette affaire ressemble à celle de l’assassinat de
l’ancien proxénète brestois Bernard Algret, survenu près de deux ans et
demi plus tard, au mois de décembre 2005 : sous prétexte de
cambriolages précédés de repérages, ces trois personnes ont été
agressées chez elles, dans le Finistère, puis enlevées, séquestrées,
torturées et tuées; leurs corps ont été retrouvés très loin de leurs
domiciles, près de La Roche-sur-Yon pour les deux premières et près de
Nantes pour la troisième.
Je rappelle ici avoir été victime d’un empoisonnement criminel au
printemps 2002 alors même que le juge André avait été saisi de mes
plaintes contre des proxénètes locaux. Le CHU de Brest ayant toujours
catégoriquement refusé de me communiquer les résultats des analyses
toxicologiques réalisées alors à mon admission à l’hôpital, j’avais
naturellement cherché par divers autres moyens à identifier le ou les
produits utilisés par mes empoisonneurs. A cet effet, je m’étais
notamment rapprochée d’un laboratoire d’analyses de la faculté des
sciences de Brest. Or, une des deux premières victimes, Erwan Duramé, y
était laborantin. De plus, lorsqu’il a été assassiné, au mois d’août
2003, je venais tout juste de porter plainte pour l’empoisonnement. Et
par la suite, plusieurs autres personnes plus ou moins liées à cette
affaire d’empoisonnement criminel ont elles aussi disparu brutalement
dans des conditions suspectes ou clairement criminelles mais jamais
totalement élucidées. Existe-t-il un lien de cause à effet ? Peut-on
encore le rechercher aujourd’hui ? Le juge Raymond André a-t-il emporté
tous ses secrets dans l’au-delà ? Mystère.
En tous les cas, je n’ai jamais vu chez lui aucune humanité.
Il jouissait des souffrances qu’il infligeait à ses victimes et n’a jamais respecté aucune douleur.
Ceux qui le pleurent aujourd’hui et peuvent me lire doivent le savoir.
Brest. Tribunal : disparition brutale du juge Raymond André
Publié le 11 février 2019 à 16h22
Figure du palais, le juge Raymond André était réputé pour sa grande humanité. (Le Télégramme/Steven Le Roy)
Le juge Raymond André, vice-président au tribunal de grande instance
de Brest, est décédé, à l’âge de 59 ans, d’une maladie foudroyante.
Figure du palais où il est entré en 1989, cet homme habile et économe en
mots a conduit toute sa carrière à Brest, où un bref passage à la cour
d’appel de Rennes entre 1999 et 2001 fait office d’unique escapade.
Évoluant à diverses fonctions du siège, c’est pourtant en qualité de
magistrat instructeur, puis de doyen des juges d’instruction que Raymond
André a mené la plus grande partie de son magistère. Il avait ouvert
les informations dans l’affaire Clarisse et Erwan, comme dans celle de
Jean-Jacques Le Page.
Grande qualité d’écoute
Jeune juge, après un bref passage dans la Police nationale au début
de sa vie professionnelle, il est aussi le premier à avoir entendu
Francis Heaulme après le meurtre d’Aline Pères, sur une plage du
Relecq-Kerhuon. Raymond André a, dans le même ordre d’idée, présidé de
longues années nombre et nombre d’audiences correctionnelles, où sa
qualité d’écoute tant pour le ministère public que pour les défenses
d’avocats l’amenait régulièrement à prononcer des peines toujours
mâtinées d’humanisme et d’humanité.
Collectionneur de livres et de films
Le juge André n’était pas simplement un homme de robe. Arpentant
inlassablement les rues de Brest, ville qu’il aimait par-dessus tout, il
aimait chiner et fouiller tout ce que bouquinistes et libraires
pouvaient mettre à disposition. Grand amateur de littérature, incollable
sur les westerns hollywoodiens et les films des années 50, il possédait
une incroyable collection de livres et de films où la figure tutélaire
de Marilyn Monroe lui servait de guide.
Il nourrissait aussi une solide affection pour le Stade brestois dont
il suivait les résultats qu’il commentait avec délice, le regard plissé
et le sourire aux lèvres quand les zefs avaient gagné.
Le juge André était marié et père d’un fils, à qui Le Télégramme
présente ses sincères condoléances. Ses obsèques seront célébrées le
samedi 16 février, à 16 h 30, à la salle de cérémonies du Vern, 345 zone
artisanale du Vern, à Brest.
Trois nouveaux magistrats installés sur fond de délinquance des mineurs
Publié le 01 septembre 2001
La rentrée judiciaire approche à grands pas. Alors que les audiences
correctionnelles reprendront dès le début de semaine prochaine, le
tribunal de grande instance (TGI) de Brest a procédé hier à
l’installation de trois nouveaux magistrats, deux juges d’instruction et
une substitut du procureur de la République.
S’il est vrai que Raymond André et Bernard Simier, juges
d’instruction, ont déjà fourbi leurs armes dans la cité du Ponant, pour
Isabelle Johanny, substitut du procureur, il s’agit en revanche d’une
grande première (lire par ailleurs). Quoi qu’il en soit, le procureur
François Nicot s’est félicité de ces arrivées, notamment auprès du
parquet. «C’est la fin d’une longue vacance au ministère public, où
heureusement nous avions des magistrats placés de grande qualité. Mais
l’intérêt de nommer un titulaire attribue un gage de stabilité et
d’efficacité dans le travail. J’estime que le temps est absolument
essentiel à la bonne connaissance du terrain».
Une réponse systématique
François Nicot a par ailleurs confirmé que Melle Isabelle Johanny
occuperait spécialement la place de procureur auprès du tribunal des
mineurs «une mission délicate mais tout à fait essentielle car la
politique pénale menée auprès des mineurs est une priorité où nous nous
efforçons de traiter les dossiers en temps réel et en apportant une
réponse judiciaire systématique. Dans ce domaine, il n’existe pas de
dossiers classés sans suite». Et le procureur d’insister : «La
diminution de cette délinquance sur les six premiers mois de l’année, à
Brest, est tout à fait positive. Mais de nombreux efforts restent à
faire, notamment grâce à la future police de proximité». Une philosophie que n’a pas contredite le président Bertrand Louvel dans son allocution de bienvenue. «L’exception
brestoise en matière de délinquance des mineurs est en voie de
résorption. Aujourd’hui, ce chiffre est comparable à celui des autres
agglomérations de la même importance».
Deux vice-présidents attendus
Voici pourquoi, sans doute, le TGI de Brest a récemment obtenu la
création d’une nouvelle vice-présidence auprès du tribunal des enfants.
Pour l’instant, ce poste n’est pas pourvu, tout comme celui de
vice-président juge des libertés, estimé pourtant dans le discours des
magistrats comme «une fonction se révélant de plus en plus prenante». Le président Louvel garde toutefois bon espoir pour que ces lacunes soient comblées dans «les six mois à venir».
En tout état de cause, avant la fin des travaux destinés à la
rénovation du palais de justice, convenue à la prochaine rentrée.
Décret du 20 janvier 1999 portant nomination de magistrats
NOR: JUSB9810450D
ELI: Non disponible
Par décret du Président de la République en date du 20
janvier 1999, vu l’avis du Conseil supérieur de la magistrature, sont
nommés :
Tribunal de grande instance de Rennes
Vice-présidents :
Mme Marie-Isabelle Le Roux, épouse Le Potier, juge audit
tribunal, chargée du service du tribunal d’instance de Rennes, en
remplacement de Mme Morel-Tivan, nommée conseillère à la cour d’appel de
Rennes ;
M. Pierre Calloch, juge audit tribunal, en remplacement de M. Angibaud, nommé conseiller à la cour d’appel de Caen.
Juges :
Sur sa demande, Mme Agnès Allex, épouse Baehr, juge au tribunal de grande instance de Dinan, en remplacement de M. Calloch ;
Mlle Marthe Moreau, juge placée auprès du premier
président de la cour d’appel de Rennes, en remplacement de M. Le Donge
L’Henoret ;
Juge chargée du service du tribunal d’instance de Rennes
: Mlle Géraldine Berhault, juge placée auprès du premier président de
la cour d’appel de Rennes, en remplacement de Mme Le Potier.
Juges d’instruction, sur leur demande :
M. Raymond André, juge d’instruction au tribunal de grande instance de Brest, en remplacement de Mme Angibaud ;
M. Patrice Sotero, juge d’instruction au tribunal de grande instance de Poitiers, en remplacement de M. Lemoine.
Décret du 29 mars 2001 portant nomination de magistrats
NOR: JUSB0110119D
ELI: Non disponible
Par décret du Président de la République en date du 29 mars 2001, vu l’avis du Conseil supérieur de la magistrature :
Sont nommés :
Tribunal de grande instance de Brest
Substitute du procureur de la République, à compter du
20 juillet 2001 : Mlle Isabelle Johanny, substitute du procureur de la
République près le tribunal de grande instance de Blois.
JORF n°157 du 9 juillet 2003 page 11634
texte n° 77
Décret du 8 juillet 2003 portant nomination (magistrature)
NOR: JUSB0310313D
ELI: Non disponible
Par décret du Président de la République en date du 8 juillet 2003, vu
l’avis du Conseil supérieur de la magistrature, sont nommés :
Tribunal de grande instance de Brest
Vice-président chargé de l’instruction : M. Raymond Andre, juge d’instruction audit tribunal.
Vice-présidente chargée du service du tribunal d’instance de Brest : Mme
Pierrette Codina, épouse Handel, juge au tribunal de grande instance de
Quimper chargée du service du tribunal d’instance de Châteaulin.
Vice-procureur de la République : M. Jean-Yves Kerboeuf, substitut du
procureur de la République près le tribunal de grande instance de
Rennes.
Décret du 20 juillet 2012 portant nomination (magistrature)
NOR: JUSB1226068D
ELI: Non disponible
Par décret du Président de la République en date du 20 juillet 2012,
vu l’avis du Conseil supérieur de la magistrature lors de ses séances du
29 mai 2012 et du 31 mai 2012, sont nommés :
Tribunal de grande instance de Brest
M. Raymond ANDRE, vice-président, est déchargé des fonctions de l’instruction et chargé des fonctions de juge des enfants.
Vice-président chargé de l’instruction :
M. Serge DURAND, vice-président chargé de l’instruction au tribunal de première instance de Nouméa.
Vice-président chargé du service du tribunal d’instance de Morlaix :
M. Eric DURAFFOUR, juge au tribunal de première instance de Nouméa chargé du service de la section détachée de Lifou.
Mme Anne-Cécile ANDRE, juge, est déchargée du service du tribunal
d’instance de Morlaix et chargée du service du tribunal d’instance de
Brest.
Substitute du procureur de la République :
Mme Gwenaëlle THOUROUDE, épouse SCHULZ, substitute placée auprès du procureur général près la cour d’appel de Rennes.
>Faits divers|Rodolphe Landais| 26 août 2003, 0h00 |0
Le Champ-Saint-Père (Vendée)
C’EST DANS un étang, situé près d’une ferme isolée du
Champ-Saint-Père, à une vingtaine de kilomètres au sud de La
Roche-sur-Yon (Vendée), que les policiers du SRPJ de Rennes ont
découvert dimanche les restes de Clarisse Lignez et d’Erwan Duramé, 31
ans, découpés, partiellement calcinés et jetés dans des sacs poubelle
lestés de parpaings.
Les enquêteurs ont établi que les victimes auraient été assassinées
dans leur maison à Brest (Finistère), dans la nuit de mardi à mercredi
dernier, par six hommes âgés de 17 à 31 ans, dont quatre frères :
Stéphane, Eric, Ludovic et Tony Planchet. Ensuite, les meurtriers
auraient transporté en voiture les cadavres jusqu’en Vendée. Leur mobile
semble être le vol de deux puissantes voitures et de deux cartes de
crédit.
Pour les policiers, l’affaire avait commencé vendredi par un banal
signalement. «Les parents de Clarisse et d’Erwan étaient inquiets,
raconte un enquêteur. Clarisse, qui était visiteuse médicale, avait
manqué un séminaire sans raison. Leur maison était vide, elle semblait
avoir été visitée. De plus, le chien était là, alors que le couple ne
s’en séparait jamais.» Quelques heures seulement après le signalement de
cette disparition, une patrouille retrouve la trace du 4 x 4 Toyota
d’Erwan, laborantin à l’université de Brest, piloté par deux jeunes.
Images vidéo de banque à l’appui, les enquêteurs comprennent très vite
que ces deux suspects ont également utilisé la carte bleue de Clarisse
pour retirer un total de 870 .
Trahis par le téléphone portable de l’une des victimes
« A ce stade, on récupère le nom des complices, on en arrête deux
autres, mais personne ne parle encore de crime », précise un policier.
Les derniers suspects encore en fuite seront trahis par le téléphone
portable d’Erwan qu’ils utilisent plusieurs fois, alors qu’ils se
trouvent à La Roche-sur-Yon, puis à Champ-Saint-Père, un petit village
de 1 400 habitants. Tard vendredi soir, les policiers parviennent à
localiser avec une grande précision le dernier appel qui a été passé du
lieudit la Poterie-Neuve, un hameau isolé en bordure du village de
Champ-Saint-Père.
Samedi matin, le GIPN passe à l’action, interpelle les deux derniers
suspects et retrouve immédiatement la deuxième voiture du couple, une
Audi TT.
Finalement, le lendemain dimanche, ils finiront par faire la macabre
découverte dans un étang, tout près de la ferme de la famille Planchet.
« Jeudi, l’un des gars a fait du feu, raconte le voisin le plus
proche. Je lui ai dit que ce n’était pas prudent d’en faire si près
d’une maison. Il a tout de suite arrêté. Il est venu me serrer la main.
Evidemment j’étais trop loin pour voir ce qu’il brûlait. »
Pour l’instant sur les six prévenus, un seul a été mis hors de cause
pour les meurtres, les cinq autres se renvoient les responsabilités, et
les enquêteurs tardent à établir la chronologie exacte de cette équipée
sauvage.
« Sans qu’on ait encore de certitude, il semble que le groupe ait
d’abord voulu voler l’une des voitures. Il se sera sans doute fait
surprendre. A partir de là, les choses ont probablement dégénéré. Les
quatre frères n’avaient plus qu’une solution : fuir dans la ferme
familiale pour tenter d’y dissimuler les corps », résumait hier un
enquêteur.
Cinq membres de la bande ont été mis en examen et écroués, le sixième a été placé sous contrôle judiciaire.
Dans la nuit du 19 au 20 août 2003, un jeune couple de
Brestois disparaissait de son domicile. Leurs corps calcinés étaient
retrouvés quatre jours plus tard, dans un plan d’eau, en Vendée. Le fait
divers a horrifié Brest. Un mois après les faits, 1.500 personnes
défilaient en silence dans les rues de la ville (Photo d’archives Hervé
Chambonnière).
Un meurtrier présumé libéré, un juge d’instruction dessaisi et, deux
ans après les faits, toujours aucune vérité sur «le double meurtre de
Brest».
Un meurtrier présumé libéré, un juge d’instruction dessaisi et, deux ans après les faits, toujours aucune vérité sur « le double meurtre de Brest».
Pourquoi l’instruction s’est-elle enlisée ? Quelles sont les parts
d’ombre de ce dossier que tout le monde connaît désormais sous le nom de
«Clarisse et Erwan» ?Dimanche 24 août 2003. La police retrouve
les corps sans vie de Clarisse et Erwan, un couple brestois disparu
quatre jours plus tôt. Ils ont été assassinés. Leurs corps ont été
brûlés, puis immergés. Ils avaient 32 et 30 ans. Le fait divers horrifie
Brest. Le jeune couple aurait été surpris dans sa maison par des
cambrioleurs qui convoitaient leurs voitures : une Audi TT et un Toyota
Rav 4X4 (1). Trois hommes sont très rapidement interpellés.«En moins de 48 heures, l’affaire était bouclée», se rappelle un proche de la famille de Clarisse.
«A cet instant, nous avons senti qu’il y avait un relâchement
général. Les policiers avaient les meurtriers présumés. C’était fini».
C’est du moins ce que tout le monde croyait.
Le plus jeune avait 16 ans
Les trois suspects sont jeunes et tous connus, à des degrés divers,
des services de police. Le premier, Gérôme B., un Lorientais placé en
foyer à Brest quelques mois plus tôt, a 16 ans. C’est un «caïd»
d’1,70 m, au crâne rasé et au visage sans expression. Son compagnon,
1,83 m, filiforme, a 23 ans et se nomme Saïd Abdellaoui. Il a le look «bohême», mais l’individu, volontiers affabulateur (il se fait passer pour un Colombien dénommé Assoul), est également décrit comme «froid et dur».
Et il peut être violent. Sa compagne l’aurait d’ailleurs quitté pour ce
motif. Le troisième suspect s’appelle Stéphane Planchet. Ce Vendéen au
visage émacié, âgé de 30 ans, père d’une fillette de cinq ans, dont il a
la garde, s’est installé dans le Finistère en 1995, à Morlaix, puis à
Brest. Divorcé, il vit de petits boulots et réside dans un logement HLM…
à moins de 200 m du pavillon de Clarisse et Erwan. Dès le 24 août, les
trois hommes sont mis en examen pour meurtre ayant facilité un délit,
vol en réunion et atteinte à l’intégrité des cadavres. Ils risquent la
réclusion criminelle à perpétuité.
«Ils vont craquer»
L’affaire éclate pendant les vacances. Les policiers qui interrogent
les suspects ne sont pas forcément les plus rompus à cet exercice,
surtout face à des individus qui font preuve d’un aplomb déroutant.
Pourtant, à cette époque, les enquêteurs ne doutent pas un instant que
ces trois-là vont craquer, et tout raconter. Erreur. Le trio parle. Mais
seulement pour se rejeter mutuellement la responsabilité des meurtres.
Saïd désigne Stéphane, Gérôme incrimine Saïd. Et Stéphane assure qu’il
n’a tué personne. Il affirme avoir agi sous la menace pour transporter,
puis faire disparaître les corps, dans la propriété de ses parents, à
Champ-Saint-Père, en Vendée. Que s’est-il passé dans la nuit du 19 au 20
août ? Les enquêteurs butent sur un vide de huit heures. Clarisse est
rentrée vers 19 h et Erwan vers 21 h. Le trio était déjà là. On ne
retrouve leur trace qu’à 5 h 25 du matin. L’heure à laquelle une caméra
du CMB, situé à 300 m de là, saisit les visages de Saïd et Gérôme. On
les voit retirer 870 avec la carte d’Erwan. Après trois tentatives
infructueuses, la carte de Clarisse a été avalée. La jeune femme
avait-elle déjà été tuée ? Personne ne parle. Et rien ne fait craquer le
trio. Pas même les suppliques des familles qui assistent aux
reconstitutions. Ce mauvais scénario dure des mois. Les enquêteurs ne
peuvent malheureusement s’appuyer sur aucun élément matériel
déterminant. Les autopsies n’ont révélé qu’une chose : le couple a été
abattu d’une balle de 22 Long Rifle dans la tête, tirée à bout portant.
L’arme, subtilisée par Gérôme à son père, puis vendue à Saïd, n’a pas
été retrouvée. L’examen du domicile du couple n’a rien donné. Pas de
sang. Rien. Une tâche a bien été relevée dans le coffre de l’Audi. Du
sang appartenant à Erwan. Et c’est tout. Quant au bornage des téléphones
portables, pas assez précis, il ne démontre rien.
«D’indispensables vérifications» pas réalisées
En l’état du dossier, le risque, si aucune responsabilité n’est
établie, c’est un acquittemment en Cour d’assises. Vingt mois ont déjà
passé. Le parquet se décide enfin à requalifier les faits en «enlèvement, séquestration, actes de barbarie, suivis de mort».
D’un point de vue juridique, il n’est plus besoin de savoir qui a donné
la mort pour que les trois mis en cause risquent pour de bon la
réclusion criminelle à perpétuité (2). Deux mois plus tard, coup de
théâtre. Gérôme B. est remis en liberté. C’est la loi. La détention
provisoire, pour un mineur, ne peut excéder deux années, tant que
l’instruction n’est pas achevée. Deux ans, c’est aussi le délai légal au
terme duquel le juge d’instruction doit justifier, à la chambre de
l’instruction d’une Cour d’appel, la poursuite de l’enquête. Et là, face
aux magistrats rennais, le bilan du juge André ne convainc pas. Fait
rare, la Cour d’appel dessaisit le juge brestois. Et confie
l’instruction au doyen des juges d’instruction du tribunal de grande
instance de Nantes, Jacky Coulon. Le magistrat, réputé «redoutable», «méticuleux et intelligent», a officié comme substitut du procureur à Brest au début des années 90.
A Brest, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. Me Labat, l’avocat de Gérôme, dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.«C’est
un scandale ! Le juge André a bien fait son travail. On lui fait payer
le fait que certains des mis en examen ne parlent pas ! Je ne vois pas
en quoi la désignation d’un nouveau juge pourrait faire avancer
l’enquête».
Pourtant, selon nos informations, la cour aurait estimé que «des vérifications indispensables» n’avaient pas été réalisées. Des manquements dénoncés en des termes «très vifs».
Premier d’entre eux : l’absence d’expertise pour estimer le temps de
crémation des corps. Celle-ci pourrait pourtant s’avérer capitale pour
apprécier les différents horaires avancés par les mis en examen. Utile
aussi pour savoir si les parents Planchet, qui n’ont pas été mis en
examen, pouvaient ignorer qu’on brûlait des corps à moins de 100 mètres
de chez eux.«S’ils avaient été mis en examen dès le départ, Stéphane et ses deux frères auraient parlé»,
soutient une source proche de l’enquête. Techniquement, c’était
impossible pour le magistrat instructeur. Pas sans l’appui du parquet.
Mais celui-ci n’est jamais venu.
«Papa a mis des piles dans le fusil»
Autre «raté» : un sous-vêtement féminin apparaît sur au moins
deux clichés de l’identité judiciaire, pris en Vendée. Aucun PV n’en
fait état. Appartient-il à la victime ? Si tel est le cas, il pourrait
apporter de précieuses informations. On ne le saura jamais. Il n’a
jamais été saisi. D’autres questions restent sans réponse : le corps de
Clarisse pouvait-il être contenu dans une valise, comme l’a prétendu le
trio ? Pourquoi, enfin, les domiciles des suspects et l’endroit où ils
s’entraînaient au tir, dans des locaux désaffectés du port de commerce
de Brest, n’ont-ils pas été passés au crible ? Le couple aurait pu y
être emmené et exécuté. Concernant les faits, il y a plus troublant. Il y
a quelques mois, la fille de Stéphane Planchet, qui a fait l’horrible
voyage Brest-Champ Saint-Père dans la nuit du 19 au 20 août, a fait des «révélations».
Comme Saïd Abdellaoui, elle affirme qu’Erwan était encore vivant à son
arrivée en Vendée. Mais elle ajoute que c’est son père qui l’a tué. Elle
l’a dit avec les mots d’une petite fille de sept ans :«Papa a mis des piles dans le fusil (…) Il a tué le monsieur dans la malle».
Elle désigne Gérôme comme étant le meurtrier de Clarisse. Ses propos,
non vérifiables, peut-être orientés, ont néanmoins été jugés «crédibles»
par deux experts. L’enfant a aussi affirmé que le corps d’Erwan avait
été enterré avant d’être immergé. Sans aucune concertation, Saïd a dit
la même chose, désignant même un trou qui a été retrouvé. Une analyse
est en cours. Ces résultats, comme ceux d’autres investigations
ultérieures, permettront peut-être de mesurer la crédibilité des uns et
des autres. Un élément décisif dans un dossier où tout le monde
dissimule la vérité et où tout ne semble plus reposer que sur les
déclarations des mis en cause.
La crainte d’un troisième coup de théâtre
En détention provisoire, Saïd Abdellaoui a pris 10 kilos et aurait perdu son caractère «dur». Stéphane Planchet, décrit comme «froussard et fuyant», ne parle quasiment plus. Gérôme, qui est libre mais «sous contrôle judiciaire strict», continue de nier.«C’est le plus intelligent des trois. Il est dur. C’est quelqu’un de froid et sûr de lui», confie une source proche de l’enquête, impressionnée, comme d’autres, par son regard.
« Un regard qui fait peur.»
Et tout le monde redoute un troisième coup de théâtre. Et si Gérôme,
qui sait que vingt années de réclusion pèsent au-dessus de sa tête,
décidait de prendre la fuite ?
«Quelque chose de pire»
Quand les trois meurtriers présumés répondent aux questions, ce n’est
qu’avec prudence. Ils n’expriment aucune émotion. Aucun remord. Cette
indifférence a surpris tout le monde.«Ils ne pensent pas et ne réagissent pas comme des êtres normaux», rapportent plusieurs sources qui illustrent leurs propos par une terrible anecdote : une réponse faite à des policiers.
«Qu’avez-vous fait après avoir brûlé les corps ?» «Nous avons mangé une pizza». «Pris
isolément, ils pourraient être inoffensifs. Ensemble, ils constituaient
un mélange explosif. Ils ont dû s’entraîner mutuellement», avance
une autre source. Saïd, Stéphane et Gérôme vont-ils enfin dire ce qui
s’est réellement passé dans la nuit du 19 au 20 août 2004 ? Vont-ils
mettre un terme à l’insoutenable attente des familles ? Le doute est
permis. Les enquêteurs craignent que les trois meurtriers présumés aient
«quelque chose de pire à cacher». Pire que le meurtre et la crémation de deux êtres humains.
(1) L’un des trois meurtriers présumés avait loué, à Brest, la veille
du drame, deux boxes fermés. Il avait confié au propriétaire qu’il
souhaitait notamment y garer «un gros 4X4»… (2) Agé de 16 ans à l’époque des faits, Gérôme bénéficie de «l’excuse de minorité»
et ne risque donc que 20 ans de réclusion. Par une décision
spécialement motivée, la Cour d’assises pourrait cependant le condamner,
s’il est renvoyé devant elle, comme un majeur.
Publié le 01 novembre 2006 à 00h00 Modifié le 15 janvier 2009 à 16h50
Nuit du 19 au 20 août 2003
19 h. Clarisse Lignez, 32 ans, visiteuse médicale, rentre chez
elle. Elle gare son 4X4 à côté de la maison qu’elle et son compagnon,
Erwan Duramé, 29 ans, laborantin à la faculté de sciences, ont achetée
quelques mois plus tôt . Il a fait très chaud dans la journée. La jeune
femme prend une douche. C’est peut-être à cet instant, ou peu après,
qu’une ou plusieurs personnes s’introduisent chez elle. Ces mêmes
personnes avaient déjà inspecté la maison, plus tôt dans l’après-midi.
21 h. Erwan rentre à son tour, au volant de son Audi TT.
3 h 30. Une habitante qui réside à 250 m du domicile du jeune couple
voit les deux voitures se garer devant le domicile de son voisin,
Stéphane Planchet.
5 h 30. Deux individus retirent 870 EUR, en deux fois, avec la carte
d’Erwan, à un distributeur situé à 300 m de la maison du couple. Une
caméra vidéo filme la scène. La carte de Clarisse est avalée après trois
tentatives infructueuses. Dans la foulée, les deux véhicules volés
prennent la direction de la Vendée, au domicile des parents de Stéphane
Planchet, à Champ-Saint-Père. (Photo archives Le Télégramme)
Vendredi 22 août
Très inquiète de la disparition du couple, la famille alerte la police.
Plusieurs proches, qui passent la ville au peigne fin, repèrent le 4X4
de Clarisse, dans une rue du quartier Saint-Martin, à Brest. La police
planque et interpelle, en fin de soirée, deux individus qui montent dans
le véhicule. Il s’agit des deux individus filmés devant la banque.
Samedi 23 août
Stéphane Planchet est interpellé à Brest. La police pense alors
que le couple est séquestré en Vendée. Une descente avec le GIPN est
organisée. Le couple n’est pas retrouvé, mais les trois frères de
Stéphane Planchet sont interpellés. Les auditions permettent de
retrouver les corps mutilés et carbonisés, dans un plan d’eau, non loin
du domicile des Planchet, en Vendée.
Vendredi 5 septembre
Obsèques du jeune couple à l’église Saint-Martin, à Brest. Une
foule nombreuse adresse ses derniers adieux à Erwan et Clarisse. La
ville est en état de choc.
Vendredi 19 septembre
Plus de 1.500 personnes manifestent silencieusement dans les
rues de la ville, en hommage au jeune couple, et pour dire aussi leur «
refus de la violence gratuite et aveugle ». « Cela aurait pu vous
arriver à vous ou à vos proches », lance un membre de la famille de
Clarisse à la foule. Un collectif est créé dans la foulée (700
adhérents) et une pétition lancée (12.872 signatures), remise en 2004 au
ministre de la Justice.
Novembre et décembre
Les autopsies pratiquées fin août révèlent que Clarisse et Erwan ont été
abattus d’une balle de 22LR dans la tête. Le juge d’instruction
organise une première confrontation avec les trois principaux mis en
examen, qui se rejettent la responsabilité du double crime. Ils restent
en détention. Ludovic et Eric Planchet sont libérés et placés sous
contrôle judiciaire. Ils n’ont pas participé aux faits brestois.
Février 2004
Première « reconstitution » (huit heures), à Brest, sous haute
protection policière. Une seconde sera organisée, quatre mois plus tard,
en Vendée (ci-dessous, la fermette de Champ-Saint-Père, où les corps de
Clarisse et Erwan ont été transportés). (Photo archives Vendée
Matin-Ronan Le Monnier).
Août 2005
Gérôme B., 16 ans et quatre mois au moment des faits, est
libéré, sous contrôle juudiciaire. Une détention provisoire ne peut
excéder deux ans pour un mineur. Abasourdies, les familles des victimes
(ci-dessous) sont reçues par le procureur de Brest. (Photo archives
Guillaume Meyer)
Septembre 2005
Le juge d’instruction brestois est dessaisi. Estimant que des
actes d’instruction essentiels n’ont pas été réalisés, la chambre de
l’accusation de la cour d’appel de Rennes confie l’enquête au doyen des
juges d’instruction de Nantes.
Novembre 2005
Gérôme B. retourne en prison. Il est condamné à six mois de prison ferme
pour avoir utilisé deux chèques volés au propriétaire de son
appartement, pour acheter 1.300 EUR de boissons alcoolisées et de CD.
Avril 2006
Fin de l’instruction. Gérôme B. a purgé sa peine de six mois de prison ferme. Il est libre sous contrôle judiciaire.
Juin 2006
Pour une erreur administrative, le procès d’assises ne peut
avoir lieu qu’à Nantes, dans le ressort du second juge d’instruction, et
pas à Quimper (29), comme les familles des victimes en avaient fait la
demande. La cour d’appel de Rennes décide de disjoindre les cas des
frères et de la mère de Stéphane Planchet, obligeant à un second procès,
plus tard, devant un simple tribunal correctionnel.
>Faits divers|Rodolphe Landais| 08 novembre 2006, 0h00 |
Nantes (Loire-Atlantique)
DIFFICILE de concevoir un mobile plus dérisoire pour un double meurtre aussi atroce.
En août 2003, on découvrait les corps mutilés et calcinés de Clarisse
Lignez, 32 ans, et Erwan Deramé, 30 ans, près d’une ferme de
Champ-Saint-Père, en Vendée. L’enquête montrera que le jeune couple a
été abattu d’une balle dans la tête après un banal cambriolage dans sa
maison de Brest. Les quatre agresseurs visaient les voitures, les bijoux
et les cartes bleues de leurs victimes. Ils se sont finalement
déchaînés sur le couple.
Agés de 16 à 30 ans au moment des faits, les accusés comparaissent
depuis hier et jusqu’au 17 novembre devant la cour d’assises de
Loire-Atlantique, à Nantes, pour « séquestration suivie de mort ». Si la
qualification de meurtre ne figure pas explicitement » dans l’arrêt de
renvoi, c’est qu’aucun des accusés ne reconnaît le double crime. D’où
l’immense détresse des familles d’Erwan et Clarisse, et singulièrement
de leurs mères présentes hier à Nantes. « Ils ont tué nos enfants trois
fois, affirme la maman de Clarisse, en larmes. Une première fois en les
tuant d’un coup de fusil, une deuxième fois en brûlant leurs corps et
une troisième en refusant de dire la vérité ! »
« Angoissées à l’idée que leurs enfants aient pu vivre un calvaire »
Les accusés se sont bornés à reconnaître l’évidence. Les uns ont été
filmés alors qu’ils retiraient de l’argent dans un distributeur de
billets à Brest avec la carte bleue de Clarisse. Les autres ont été
arrêtés au volant de l’une des voitures du couple. Impossible dans ces
conditions de tout nier en bloc. Mais sur l’enchaînement des événements,
dans la nuit du 19 au 20 août 2003, deux juges d’instruction successifs
ne sont pas parvenus à percer le mystère. « Ce soir-là, Clarisse est
rentrée la première vers 19 heures, puis Erwan est arrivé vers 21
heures. Leurs agresseurs sont repartis vers 4 h 30 le lendemain matin.
Toute la question est de savoir ce qui s’est passé entre-temps. Les
familles des victimes sont légitimement angoissées à l’idée que leurs
enfants aient pu vivre une nuit épouvantable, un calvaire », résume un
proche du dossier.
Pour les mères d’Erwan et Clarisse, c’est précisément parce qu’ils
partagent un lourd et terrifiant secret que les accusés se taisent. Un
silence d’autant plus dérisoire que la peine encourue pour une
séquestration suivie de mort est la même que pour un assassinat : la
réclusion criminelle à perpétuité.
Deux des quatre jeunes qui comparaissaient depuis deux semaines à
huis clos devant la cour d’assises des mineurs de Loire-Atlantique pour
avoir tué d’une balle dans la tête un jeune couple brestois, ont été
condamnés mardi, en fin de soirée, à la réclusion criminelle à
perpétuité. Cette peine maximale, prononcée à l’issue de 6 h 30 de
délibéré contre les deux principaux instigateurs du meurtre, est
assortie de périodes de sûreté fixes de 22 et 20 ans. Un mineur au
moment des faits a aussi été condamné à 30 ans de prison. Le quatrième
jeune, considéré comme complice, a écopé de 8 ans. Le 23 août 2003, les
corps mutilés et calcinés d’Erwan Durame, 31 ans, et de Clarisse Lignez,
32 ans, un laborantin et une visiteuse médicale résidant à Brest,
avaient été retrouvés au fond d’un lac à Champ-Saint-Père (Vendée), à
moins de 50 mètres d’une résidence appartenant aux parents de deux des
accusés. « Aucune peine ne les ramènera en vie, mais nous sommes quand
même satisfaits », a déclaré Stéphane Pichon, le beau-frère de Clarisse.
Le verdict est tombé, hier soir peu après minuit. Après
six heures de délibéré, la cour d’assises de Loire-Atlantique a
condamné Gérôme B. à 30 ans de réclusion cirminelle, Saïd Abdellaoui et
Stéphane Planchet à la perpétuité. Eric Planchet écope d’une peine de
huit ans de réclusion criminelle.
La réclusion criminelle à perpétuité. Le maximum prévu par la loi. Au
terme d’un procès qui aura duré onze jours, c’est cette peine que les
neuf jurés et les trois magistrats de la cour d’assises de
Loire-Atlantique ont infligée à Saïd Abdellaoui, et Stéphane Planchet
avec, respectivement 22 et 20 ans de sureté (*). C’est cette peine
qu’avaient requise les deux avocats généraux, après trois heures d’un
réquisitoire qui a démonté les versions des uns et des autres. Personne
n’a donc dit la vérité. Les avocats généraux ont dès lors considéré que
les trois principaux accusés étaient coupables, tous les trois au même
niveau. Cependant, et bien que les jurés aient levé « l’excuse de
minorité » de Gérôme B. – fait rare – ce dernier, mineur au moment des
faits, n’est condamné qu’à trente ans de réclusion criminelle.
La défense « piégée » C’était l’une des «bizarreries» de ce procès. Aucun de ces
trois mis en cause n’était accusé des meurtres de Clarisse et Erwan.
Pourquoi? Techniquement, il était impossible de prouver qui avait fait
quoi. Et les trois accusés se rejettaient mutuellement la responsabilité
des crimes. Pour l’accusation, c’était risquer, devant une cour
d’assises, un acquittement: le doute doit toujours profiter aux accusés,
dit la loi. En les poursuivant pour « séquestration suivie de mort, vol
accompagné de violences ayant entraîné la mort, et atteinte à
l’intégrité des cadavres », plus besoin de prouver qui a tué pour
risquer, malgré tout, la réclusion criminelle à perpétuité. Plus besoin
de faire « toute la lumière » sur les faits. Avec cette qualification,
la défense se retrouvait en quelque sorte « piégée ». Y a-t-il eu vol?
Oui. Y a-t-il eu violences? Forcément oui. Y a-t-il eu mort? Encore oui.
Les jurés devaient répondre à 34 questions. A chacune, ils ont répondu «
oui ».
» Le pacte de l’horreur » Mais les familles attendaient plus. Que s’est-il passé pendant
les huit heures où le jeune couple a été retenu à son domicile ?
Pourquoi avoir tué Clarisse et Erwan ? Pourquoi s’être acharné sur leurs
cadavres ? Cette vérité, le procès n’est, semble-t-il, pas parvenu à
l’établir. Pourquoi, sachant qu’ils risquaient la peine la plus lourde,
les trois principaux accusés n’ont-ils pas raconté ce qui s’était passé
ce soir-là ? Pourquoi n’ont-ils pas dit la vérité ? Pour l’accusation,
l’explication était simple. Ils avaient quelque chose de pire à cacher.
Les accusés sont restés muets, parce qu’ils étaient « liés par un pacte
de l’horreur », diront les deux avocats généraux, qualifiant les trois
hommes de « bêtes assoiffées de sang ».
Pas d’excuse de minorité L’accusation et les parties civiles sont bien parvenues à
établir un scénario. Mais, huis clos oblige, ce dernier n’a pu être
communiqué hors la salle d’assises. C’est la règle quand l’un des
accusés ou l’une des victimes est mineur. C’était le cas de Gérôme B.,
l’un des trois principaux accusés, âgé de 16 ans et quatre mois au
moment des faits, en août 2003. Dès que le huis clos est prononcé, le
public et la presse ne peuvent plus assister aux débats. Rien ne doit
filtrer de la salle de la cour d’assises, sous peine de voir tout le
procès annulé pour vice de procédure. C’est ce qu’a solennellement
rappelé, à plusieurs reprises, le président André Lourdelle. Mais ce
n’est pas parce qu’il était mineur que cela pouvait excuser un tel
acharnement et une telle barbarie, a répondu hier soir la cour
d’assises.
(*)La sûreté, de 22 ans pour Saïd Abdellaoui et 20 ans pour
Stéphane Planchet, est le délai pendant lequel ils ne pourront
bénéficier d’aucune remise de peine. Malgré la levée de l’excuse de
minorité, la loi interdit d’infliger une peine de sûreté à une personne
qui était mineure au moment des faits. Beaucoup moins impliqué, Eric
Planchet a été condamné à 8 ans de réclusion criminelle, pour le recel
des deux voitures volées et la crémation des deux cadavres, assimilée à
une dissimulation de preuves.
Clarisse et Erwan. Le procès en appel débute aujourd’hui
Publié le 25 mars 2008
Les parents de Clarisse et Erwan – ici Mmes Lignez et
Duramé, lors du premier procès – vont à nouveau subir le récit de la
mort de leur enfant. « Avancer dans la vérité nous fait peur. Il y a
trop d’horreur », dit Josette Duramé.
Photo archives Françoise Destoc
Le procès en appel des trois meurtriers présumés du
jeune couple brestois Clarisse Lignez et Erwan Duramé s’ouvre
aujourd’hui à Rennes.
Le procès en appel des trois meurtriers présumés du jeune couple
brestois Clarisse Lignez et Erwan Duramé s’ouvre aujourd’hui à Rennes.
Pour les familles, trois semaines très éprouvantes se profilent. « Le
verdict du premier procès nous convenait. La Justice avait fait son
travail. Nous devons subir à nouveau… », constatent, éplorés, les
parents d’Erwan, Josette et Jean-Pierre Duramé. Aux côtés de la famille
de Clarisse Lignez, ils ne pourront échapper, malgré tous les
faux-fuyants des accusés, au récit cru et terrifiant des dernières
heures de leurs enfants respectifs. « Écouter le déroulement de leur
mort, minute par minute, c’est à perdre la raison. S’ils étaient morts
dans un accident de voiture ou de maladie, on n’y pourrait rien. Mais on
nous les a assassinés. Il fallait qu’ils les tuent, et qu’ils les
brûlent. Ils ne nous ont même pas laissé les serrer dans nos bras »,
souffle Josette Duramé.
« Ils ont détruit toute la famille »
Le premier verdict ne leur a apporté aucune paix. Ils ressassent
inlassablement la vie sans histoires d’Erwan et Clarisse. « C’était un
couple on ne peut plus normal. Ils rentraient à la même heure le soir,
nous téléphonaient, prenaient des nouvelles des uns et des autres.
Clarisse disait toujours : comme Erwan me fait rire ! Ils étaient si
bien ensemble… ». Noël, les anniversaires, les repas entre amis… Tous
ces petits événements ne sont plus pour eux que des mots sans substance,
qui les ramènent au calvaire de leur enfant. « Notre Erwan, c’était
toute notre vie comme l’est notre fille Nathalie. Entre Erwan, Nathalie
et nous, il y avait tant d’amour. Nous étions une famille unie. Ce n’est
pas de l’eau de rose. C’était vraiment comme ça. Nous avions tout pour
être heureux. En nous l’enlevant dans ces conditions, ils ont détruit
toute la famille. Jean-Pierre et moi, nous ne pouvons même plus nous
regarder. Heureusement que nous avons 25 ans de mariage », murmure
Josette Duramé.
« Avancer dans la vérité nous fait peur »
Depuis quelques semaines, les deux familles réunissent leurs forces. «
Même si vous souffrez comme une bête, même si ça rentre à chaque fois
comme un couteau dans le coeur, vous devez être au procès. Vous êtes
obligés de rabâcher, de tout reprendre à zéro pour que les jurés
comprennent bien ». L’éventualité d’entendre la vérité les fait vaciller
un peu plus. « Toutes les nuits, je me demande ce qu’ils leur ont fait
subir. Cachets, acupuncture, psychiatre… Rien n’y fait. Deux secondes
après, c’est dans ma tête. Avancer dans la vérité nous fait peur. Nous
voulons savoir et en même temps, ne pas savoir. Il y a trop d’horreur ».
C’est un torrent de douleur qui s’est déversé hier aux assises, à
Rennes, au procès en appel des meurtriers du jeune couple finistérien,
tué en 2003.
«Ils nous ont détruits!» Cette
expression est revenue souvent dans les témoignages des familles du
jeune couple agressé et tué à son domicile de Brest, en août 2003. Après
deux jours consacrés à la personnalité des trois accusés (Ouest-France d’hier), la cour d’assises d’appel a écouté, presque tétanisée, «la douleur à perpétuité» des parents.
Chaque jour, les mères vont sur les tombes de leur enfant. «Maintenant, pour les anniversaires, on n’amène plus de cadeaux, mais des fleurs», pleure Maryse, la maman de Clarisse.
« Des barbares »
À la douleur de cette disparition brutale, s’est ajoutée l’inconsolable «impossibilité de dire au revoir» aux deux victimes dont les corps ont été mutilés et brûlés. «J’avais
préparé des vêtements pour Erwan, sa gourmette, une longue lettre et
une photo de sa soeur. Quand j’ai su que je ne pourrais pas le serrer
dans mes bras, ça a été la pire des choses», sanglote Josette.
La colère a aussi affleuré. «Vous êtes des barbares, des ordures», lance Valérie, la soeur aînée de Clarisse, aux trois accusés, impassibles.
Les familles attendent surtout de ce second procès, «nouvelle épreuve»,
que les accusés parlent enfin. Ainsi, surmontant sa douleur, Louis
Lignez, père de Clarisse, s’est adressé à Saïd Abdellaoui, Stéphane
Planchet et Gérôme B. : «Au lieu de regarder vos godasses, dites la vérité! Après, vous pourrez vous regarder en face.»
Promesse de vérité
Clarisse Lignez avait 32 ans. Elle était visiteuse médicale, «brillante, sortie major de sa promo». La beauté de Clarisse, grande jeune femme blonde, ne passait pas inaperçue. Très élégante, toujours tirée à quatre épingles, «Clarisse rayonnait». «C’était quelqu’un aux côtés de laquelle on était heureux de se trouver». Tous évoquent «son sourire», «son attention aux autres», «sa gentillesse». Erwan
Duramé avait 29 ans. Travailleur, sérieux, il était laborantin à
l’université de Brest. Il allait devenir assistant-ingénieur. Pour ses
copains et amis, c’était «le rigolo de la bande». L’humour de ce jeune homme avait séduit Clarisse.
Le couple s’était formé quatre ans auparavant. Parents et proches ont insisté : «C’était du sérieux.» En
octobre 2002, dix mois avant leur disparition, ils avaient acheté une
maison, près de la fac des sciences où travaillait Erwan. Une amie de la
jeune femme a témoigné que le couple avait un projet d’avoir un bébé.
Ce vendredi, la cour va commencer à aborder les faits concernant
l’agression et la mort du couple. «Je dirai tout. Je demande pardon», a dit Saïd Abdellaoui. Avant de prononcer cette phrase terrible : « Vos enfants ont été courageux. »
Tension extrême hier au procès en appel des trois meurtriers de
Clarisse et Erwan. Dans le box, le mineur a tenté de frapper un coaccusé
qui venait de le mettre en cause.
Après les insultes, les coups ! Saïd Abdellaoui fait sa déposition
sur la mort de Clarisse Lignez et Erwan Duramé, le soir du 19 août 2003.
Sa «vérité» : avec Gérôme B., il est entré dans
la maison du couple. Il devait y avoir de l’argent liquide. Un coup
indiqué par Stéphane Planchet dont l’appartement HLM surplombait la
maison des victimes.
Ils ont attendu l’arrivée successive de Clarisse, puis d’Erwan. Ils les ont ligotés et bâillonnés. Il l’assure : il ne s’est «rien passé» avec la jeune femme. Sous-entendu : pas de viol. En attendant l’arrivée d’Erwan, puis de Planchet, venu avec des produits «pour tout nettoyer pour pas laisser de traces», il a «fumé deux cigarettes, assis dans l’escalier» ; Gérôme B. «a mangé du poulet» trouvé dans le frigo…
Et il n’a pas appuyé sur la détente. C’est Gérôme B. qui a tué la jeune femme : «Une cartouche dans la tête.» Puis Stéphane Planchet a fait «pareil» pour Erwan.
Cinquième version
Saïd Abdellaoui conclut : «Je prends mes responsabilités. Je réglerai mes comptes avec ces deux personnages plus tard!» Livide, Gérôme B. bondit. «Enc… ! »
Il donne un coup de pied circulaire. Les policiers, derrière, lui
sautent dessus. Le coup manque Abdellaoui, mais frôle la tête du propre
avocat du mineur !
Abdellaoui a-t-il dit cette vérité tant promise ? C’était sa
cinquième version. L’exécution du jeune couple à Brest paraît établie.
Au premier procès, il avait soutenu que Clarisse et Erwan, transportés
vivants dans une malle et une valise, avaient été tués en Vendée, chez
les parents Planchet. Là où les corps furent ensuite brûlés.
La version de Stéphane Planchet est toute différente. Abdellaoui lui a
demandé de faire le guet tandis que Gérôme B. cambriolait la maison où
il serait resté un quart d’heure. Ce n’est qu’à 5 h 30 du matin
qu’Abdellaoui l’a réveillé pour qu’il conduise «un 4×4 de location» (en fait, celui de Clarisse). Abdellaoui pilotait une Audi TT (celle d’Erwan) «donnée par un type qui lui devait de l’argent».
Pendant le trajet vers la Vendée, sa petite fille de 5 ans, embarquée
dans cette macabre randonnée, s’est plainte d’une mauvaise odeur. En
demandant des explications à Abdellaoui, Planchet aurait appris qu’il y
avait «un corps dans le coffre». Abdellaoui l’a menacé : «J’ai tué quelqu’un. Si tu continues pas, je t’en fais autant.» Il a «obéi». Le menacé ira pourtant au restaurant à La Rochelle avec Abdelllaoui…
Gérôme B. a une autre version : le cambriolage, c’est Abdellaoui. Il n’a fait que le guet dehors et prévenu «en sifflant» de l’arrivée des victimes. Un guet «jusqu’à 2 heures du matin». Après, il a aidé «à charger des trucs». La malle et la valise très lourdes ? «Je ne me suispas posé de questions et j’avais pas envie de m’en poser… »
Depuis une fenêtre de son appartement, Stéphane Planchet
pouvait apercevoir les abords du pavillon de Clarisse et Erwan. La thèse
de la préméditation est sortie renforcée du transport de la cour
d’assises à Brest, hier.
Photo Eugène Le Droff
Stéphane Planchet pouvait, de son appartement, épier les abords de la maison de Clarisse et Erwan.
Stéphane Planchet pouvait, de son appartement, épier les abords de la
maison de Clarisse et Erwan. C’est l’un des enseignements du transport
de la cour d’assises sur les lieux du double meurtre, hier à Brest. Un
mouchoir de poche. L’impression s’est vite imposée, hier, aux jurés
arpentant les 300 mètres séparant l’ancien pavillon de Clarisse et
Erwan, rue du Professeur-Langevin, à Brest, et les deux résidences HLM
qui surplombent l’artère depuis la rue de Penthièvre. Au bout de ce
petit trajet, la cour a découvert l’immeuble nº 7. Stéphane Planchet y
occupait un appartement, au 4 e et dernier étage. Blafard, mine défaite,
l’accusé, si combatif dans son box, n’était plus que l’ombre de
lui-même. Après avoir soutenu, pendant deux semaines, ne pas connaître
la maison du jeune couple, il semblait mesurer l’inanité soudaine de sa
thèse. Comment, au vu d’une telle proximité, n’avoir, jamais croisé le
Toyota Rav 4 et l’Audi TT du couple ? Quand, de surcroît, le buraliste
du quartier a indiqué qu’il achetait parfois ses cigarettes dans son
commerce, à deux pas du domicile de Clarisse et Erwan… Le président
Buckel, ses assesseurs et les jurés ont également vérifié l’angle de vue
privilégié dont jouissait Stéphane Planchet, depuis l’une des fenêtres
de son ancien logement. Certes, la maison du jeune couple est masquée
par l’habitation voisine mais le tronçon de la rue Langevin et le préau
de l’école voisine, où Clarisse garait souvent sa voiture, sont
visibles.
Quelques invectives
C’est justement là, à 13 h 45, que la cour, véhiculée en bus depuis
Rennes (*), a fait halte à son arrivée à Brest. Une centaine de
personnes s’étaient rassemblées sur le trottoir d’en face. La vue des
accusés, vêtus de gilets pare-balles et entourés par des membres du
GIPN, a déclenché quelques invectives – « Assassins, à mort ! », ont
hurlé quelques personnes – avant que la soeur de Clarisse ne rétablisse
le silence. Rappelons que Gérôme B. soutient n’avoir pénétré dans le
pavillon que dans l’après-midi du 19 août 2003, pour un simple repérage.
En soirée, pourtant muni de gants en latex, il se serait limité, selon
ses dires, à faire le guet… notamment dans le préau qui offre une vue
simultanée sur l’appartement de son complice et sur l’habitation du
jeune couple ! Quoi qu’ils disent, les accusés semblaient, hier,
apporter de l’eau au moulin de l’accusation. Stéphane Planchet a bien
tenté une diversion, demandant si un pan de l’enceinte de l’école, qui
aurait pu masquer la vue, n’avait pas été détruit. Un coup d’oeil aux
photos de l’époque a suffi à le convaincre du contraire. * En Bretagne,
le précédent transport d’une cour d’assises sur les lieux d’un crime
remonte à octobre 1997, à Plérin (22). Un coiffeur avait été condamné
par la cour d’assises des Côtes-d’Armor à 30 ans de réclusion pour
l’assassinat de son épouse et de son fils.
L’avocat général a requis la perpétuité avec 22 ans de sûreté contre Abdellaoui et Planchet ;
30 ans contre Gérôme B., accusés de la séquestration et de la mort de Clarisse et Erwan.
Journée à marche forcée, hier, à la cour d’assises d’appel pour
l’avant-dernier jour du procès, avec les interventions des avocats des
familles de Clarisse Lignez et Erwan Duramé, le réquisitoire de l’avocat
général. Et les plaidoiries de la défense que nous évoquerons, demain
samedi, avec le verdict attendu ce vendredi.
Sans surprise, l’avocat général Yves Boivin a requis la peine
maximale pour Saïd Abdellaoui et Stéphane Planchet : la perpétuité avec
22 ans de sûreté. À Nantes, ils avaient été respectivement condamnés à
perpétuité avec 22 et 20 ans incompressibles.
Il n’a pas requis la perpétuité contre Gérôme B., condamné à 30 ans, mais a demandé la confirmation de cette peine : «30 ans, c’est un minimum ! »
M. Boivin a rappelé le cadre juridique : « La question n’est pas:
‘Qui a tiré ?’ La cour devra dire si oui ou non Clarisse et Erwan ont
été séquestrés et si cette séquestration a été suivie de mort, si le vol
de leurs biens a été accompagné ou précédé de violences ayant entraîné
la mort. La responsabilité pénale s’étend à tous ceux qui ont participé à
ces crimes. »
« Ignoble suspicion »
Auparavant, Mes André Élard, William Pineau et Brigitte Aveline ont fait partager à la cour et aux jurés « leurs convictions » concernant l’implication « égale » du « trio pathogène ». Un trio avec « Gérôme B. qui a besoin d’une bande, Abdellaoui qui a besoin d’une tête, Planchet qui a besoin d’une main ».
Stéphane Planchet, rongé par l’envie, qui épie de sa fenêtre « ce couple qui lui semble mener une vie aisée ». Gérôme B., pas encore 17 ans, « miroir à deux faces, à l’apparence trompeuse ». Et Saïd Abdellaoui, le mythomane violent « prêt à tout ».
Durant quatre heures, les avocats ont conduit l’auditoire « jusqu’au bout de l’horreur ». Celle du « calvaire » enduré par les victimes ; celle de deux familles « condamnées à perpétuité, qui ne verront jamais leur souffrance cesser ».
Ils ont évoqué « l’épouvante » de Clarisse rentrant chez elle vers 18 heures et se retrouvant face à Abdellaoui et Gérôme B, « les deux heures, seule avec sa peur », « huis clos sordide ». Avec « l’ignoble suspicionde l’atteinte à l’intimité de Clarisse qui hante ses parents ».
L’arrivée d’Erwan vers 21 heures Et puis, « les mains liées devant
ou derrière, bâillonnés, Clarisse et Erwan ont vu la mort arriver. Et
l’un d’eux a vu la mort de l’autre qu’il aime… »
Jusqu’au bout de l’horreur ont été rappelés « les détails sordides » de la macabre expédition en Vendée. On y a brûlé les corps et jeté « les restes, car il n’y a pas d’autres mots », dans un lac, avant d’aller « festoyer ».
Jusqu’au bout de l’horreur, « la négation de la dignité de la personne ».
Leur verdict a consterné les
familles des victimes. Les jurés de la cour d’assises d’appel de Rennes
ont partiellement revu les peines infligées pour les meurtres de
Clarisse Lignez et Erwan Duramé.
Stéphane Planchet, condamné en
première instance à la perpétuité avec une période de sûreté de 20 ans,
est condamné cette fois à 30 ans de réclusion, dont les deux tiers de
sûreté. Dans les faits, il devra purger le même nombre d’années en
prison.
Mineur à l’époque des faits, Gérôme
B. bénéficie d’une réduction de peine. Il est condamné à 20 ans de
réclusion, contre 30 ans en première instance, les jurés lui ayant
reconnu l’excuse de minorité.
Seul le troisième accusé, Saïd
Abdellaoui, voit sa peine confirmée. Il est de nouveau condamné à la
perpétuité avec 22 ans de sûreté.
Les meurtres de Clarisse Lignez et
Erwan Duramé avaient eu lieu au mois d’août 2003 à Brest dans des
circonstances qui n’ont été que partiellement élucidées. Le premier
procès d’assises s’était déroulé à Nantes en 2006.
Les familles de Clarisse Lignez et d’Erwan Duramé, ici lors
de l’ouverture du procès en appel, ont écouté, avec beaucoup de dignité,
les plaidoiries de la défense.
Photo archives T.C.
Perpétuité pour Saïd Abdellaoui, 30 ans de réclusion
dont les deux tiers de sûreté pour Stéphane Planchet ; et 20 ans de
réclusion pour Gérôme B.
Perpétuité pour Saïd Abdellaoui, 30 ans de réclusion dont les deux
tiers de sûreté pour Stéphane Planchet ; et 20 ans de réclusion pour
Gérôme B., tel est le verdict de la cour d’assises d’appel de Rennes.
Les jurés d’Ille-et-Vilaine ont donc partiellement revu le verdict de
Loire-Atlantique, hier, hormis pour Saïd Abdellaoui, de nouveau condamné
à la perpétuité avec 22 ans de sûreté. Stéphane Planchet, condamné en
première instance à la perpétuité avec une peine de sûreté de 20 ans,
voit sa peine symboliquement modifiée : il écope, cette fois, de 30 ans
de réclusion, dont les deux tiers de sûreté. Dans les faits, il devra
purger le même nombre d’années en prison. Mais c’est Gérôme B. qui
bénéficie d’une réduction de peine : la cour lui ayant reconnu l’excuse
de minorité, elle le condamne à 20 ans de réclusion, contre 30 ans en
première instance.
Un mot pour que personne ne crie
Cette sentence a abasourdi les familles, qui avaient fait passer un
mot dans la salle demandant à ce que personne ne crie, quel que soit le
verdict. Mmes Lignez et Duramé se sont étreintes de longues minutes, en
pleurs. Quatre heures auparavant, vers 9 h, les accusés avaient eu une
dernière fois la parole. Saïd Abdellaoui a simplement murmuré : « J’ai
tout dit ».
Les familles des victimes abattues
Gérôme B. s’est levé : « Je regrette terriblement ce que j’ai fait.
Je ne demande pas à être excusé par qui que ce soit, encore moins par
les familles. Ce que je demande, c’est d’être condamné pour ce que j’ai
fait, pas pour la folie meurtrière de Saïd Abdellaoui ». Stéphane
Planchet a été le dernier à s’exprimer : « En août 2003, j’ai fait le
choix de faire souffrir les familles des victimes et ma fille. J’ai
commis des actes monstrueux et je veux être jugé pour ce que j’ai fait
». Obsédé par une idée fixe, il a ensuite désarçonné les jurés en
pointant les parties civiles : « Je ne comprends pas qu’on puisse
utiliser ma fille et que ces gens-là ne soient pas condamnés ! Elle est
où, la Justice ? ». Ses mots ont fini d’abattre les familles de Clarisse
et Erwan.
« C’est un môme »
M e Thibaut, avocat de Saïd Abdellaoui, a expliqué que son client «
avait dit la vérité pour faire la paix avec tout le monde ».
Etonnamment, il s’est ensuite appliqué à renvoyer les accusés dos à dos.
Ce qui allait lui valoir une sévère remontrance de M e Petit, défenseur
de Gérôme B. : « On peut défendre, sans taper sur l’autre ». L’avocat
nantais a, d’ailleurs, déploré que « Saïd Abdellaoui donne le tempo de
ce dossier depuis le premier jour ». Il s’est évertué à rendre un statut
d’enfant à son client. « Il faut de l’espoir, car c’est un môme »,
a-t-il lancé. M e Cabioch, pour Stéphane Planchet, a aussi exhorté les
jurés à beaucoup de prudence à l’égard de Saïd Abdellaoui. « S’il avait
été prévu de donner la mort à l’avance, Saïd Abdellaoui et Gérôme B.
auraient exigé que mon client soit là tout du long. Rien, dans le
dossier, ne dit que Stéphane Planchet est venu dans la maison ».
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