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mardi 22 décembre 2015
Terroristes du 13 novembre : retour sur le cas de Samy Amimour
Les velléités djihadistes de Samy Amimour et de ses deux
amis de Drancy qui comme lui s’étaient entraînés au tir avec des
policiers au printemps 2012 avaient été repérées ou dénoncées très tôt,
puisqu’une enquête préliminaire avait été conduite à ce sujet par le
parquet de Paris à compter du mois de mai 2012, selon une information du
Monde du 1er décembre 2015.
Soumis de ce fait à un contrôle judiciaire après que ses papiers lui
eurent été confisqués à l’automne 2012, il l’avait rompu au mois de
septembre 2013 pour se rendre en Syrie.
La justice, en l’occurrence une juge, lui avait facilité les choses
en lui restituant sa carte d’identité au mois de février 2013 à la
demande de son avocat arguant qu’il en avait besoin pour trouver du
travail.
Sa radicalisation était connue. Aujourd’hui, les entreprises sont à
la recherche de moyens de se prémunir contre ce fléau, ou de s’en
débarrasser.
Au mois de février 2013, donc, la justice lui donne les moyens qu’il
réclame pour retrouver du travail après qu’il ait démissionné de son
emploi à la RATP.
Je rappelle ici que depuis plus d’une vingtaine d’années, cette même
« justice » a toujours aidé Josette Brenterch du NPA de Brest et ses
amis du crime organisé à multiplier à mon encontre crimes et délits
ayant notamment eu pour but de m’empêcher de travailler ou de
m’interdire définitivement tout retour à l’emploi après que j’aie refusé
de commettre des crimes et délits contre la Nation qui pour l’essentiel
avaient pour objet de permettre l’armement illicite de groupes
islamistes.
LE MONDE | 17.11.2015 à 11h22 • Mis à jour le 17.11.2015 à 14h31 | Par Stéphanie Marteau
C’est au 1, place Marcel-Paul, à Drancy, qu’a grandi Samy Amimour,
l’un des trois kamikazes qui a semé la mort le 13 novembre au Bataclan.
Lundi matin, à 6 heures, la police a défoncé la porte de l’appartement où il vivait jusqu’en septembre 2013, lorsqu’il a rejoint la Syrie.
Les enquêteurs ont emmené son père, Azzedine, 68 ans, sa mère, Z.,
54 ans, et sa sœur cadette, M., 21 ans, et les ont placés en garde à
vue.
L’assaut a réveillé la petite cité de la Boule, nichée derrière la
mairie. Dans ce quartier, la plupart des jeunes ont fréquenté le collège
Paul-Bert, comme Samy Amimour, et n’avaient plus de nouvelles du jeune
homme de 28 ans depuis son départ. A la différence d’autres Français
partis faire le djihad, il ne s’affichait pas sur les réseaux sociaux et communiquait peu avec sa famille.
Le dernier à l’avoir vu en vie est son père, Azzedine. En juin 2014, le sexagénaire qui fait du commerce entre la Belgique et la Seine-Saint-Denis, s’est rendu en Syrie pour convaincre son fils de quitter les rangs de l’organisation Etat islamique, et l’aider à « refaire sa vie en Algérie ».
« Samy n’était pas expansif, confiait son père. Je l’ai emmené à Dubaï, en voyage, en 2006. Il venait de commencer à faire la prière presque en cachette, parce que personne ne la faisait à la maison »
Sous les néons tristes du centre commercial de Bobigny, dans lequel nous l’avions rencontré après son périple, fin 2014, il avait dû admettre qu’il avait sous-estimé l’emprise de Daech sur ses
recrues. Azzedine savait alors qu’il ne reverrait plus jamais Samy, ce
fils qu’il n’avait pas vraiment élevé depuis qu’il s’était séparé de sa
mère, mais dont il avait constaté la radicalisation au fil des ans. « Samy n’était pas expansif, confiait son père. Je l’ai emmené à Dubaï, en voyage, en 2006. Il venait de commencer à faire la prière presque en cachette, parce que personne ne la faisait à la maison. »
De fait, les connaissances des Amimour dépeignent une famille « très occidentalisée » : « On sortait souvent au Palacio [à Paris] ou à l’Acropol [Chilly-Mazarin dans l’Essonne] avec sa grande sœur, avant qu’elle ne parte à Dubaï »,
raconte un copain d’enfance. La mère de Samy, une féministe, militait à
l’association culturelle berbère et, comme sa plus jeune fille, avait
été employée par la mairie de Drancy comme auxiliaire de vie scolaire.
Titulaire d’un bac littéraire, le jeune homme avait quant à lui décroché un emploi de conducteur de bus à la RATP. A l’époque, son père, lettré et polyglotte, s’inquiète pourtant de voir Samy, qui ne parle pas arabe, devant Internet, happé par des vidéos de prédicateurs. Les conversations deviennent difficiles.
A l’été 2012, Samy commence à porter la djellaba et le saroual, arbore un bouc. « Moi, je me suis mis à la prière pour ne pas perdre le fil, pour qu’on partage encore quelque chose. J’essayais de lui traduire certains textes arabes en français, expliquait Azzedine, démuni. Un jour du ramadan, je l’ai accompagné à la mosquée du Blanc-Mesnil qu’il fréquentait. Il donnait l’accolade aux salafistes… » Son fils, si timide, si effacé, se dit désormais « fier de Ben Laden ».
« Papa, il ne faut pas être égoïste. Vous vouliez me voir avocat, ou je ne sais quoi… C’est votre fantasme. En étant ici, je fais ce qu’il me plaît »
Le 15 octobre 2012, quelques mois après les attentats de Mohamed Merah, Samy, l’un de ses amis et un autre jeune, soupçonnés de vouloirpartir faire le djihad en Somalie,
sont interpellés par la Direction centrale du renseignement intérieur.
Auditionnés pendant quatre-vingt-seize heures, ils sont finalement
relâchés et placés sous contrôle judiciaire. « Samy a été choqué par cette arrestation. Il était très volubile quand il est ressorti », note Azzedine.
Le jeune homme pointe chaque semaine au commissariat de Drancy jusqu’en septembre 2013, lorsqu’il « décide de descendre quelques jours dans le Sud pour des vacances », se souvient son père. Quand il a rappelé, une semaine plus tard, il était en Turquie, prêt à franchir la frontière : « Papa,
il ne faut pas être égoïste. Vous vouliez me voir avocat, ou je ne sais
quoi… C’est votre fantasme. En étant ici, je fais ce qu’il me plaît », leur a lâché le presque combattant, enjoignant sa mère à donner ses vêtements. Elle n’en a rien fait, sa chambre était devenue un sanctuaire.
Un mandat d’arrêt international est lancé contre le jeune homme, qui déjà ne se fait plus appeler
« Abou Missa » (le nom de son chat), mais Abou Hajia (la guerre), et
s’est marié. Et c’est un étranger qu’Azzedine a retrouvé le 29 juin 2014
à Manbij, à une centaine de kilomètres d’Alep. Appuyé sur des
béquilles, Samy venait de Rakka, un fief de l’Etat islamique. « Il
était avec un autre type, qui ne nous a jamais laissés seuls. C’était
des retrouvailles très froides. Il ne m’a pas dit comment il s’était
blessé, ni s’il combattait. »
Le soir, Azzedine a donné à son fils une lettre de sa mère. « J’avais glissé 100 euros dans l’enveloppe. Il est allé la lire dans un coin et m’a rendu les 100 euros, me disant qu’il n’avait pas besoin d’argent. » Dévasté par tant de froideur, le père a essayé de comprendre, a engagé la conversation avec les compagnons d’armes de son fils. Ils lui ont montré des vidéos des leurs, torturés par les hommes de Bachar Al-Assad. « Un
collègue de mon fils m’a montré des films où eux-mêmes assassinent des
mecs à bout portant. J’ai vu des images horribles. Je saturais », raconte-t-il. Dévasté, Azzedine a repris l’avion pour la Belgique, avant de repartir pour la France, sans jamais être inquiété par la police, pas plus que ne le sera son fils en cette fin d’année 2015.
LE MONDE | 01.12.2015 à 11h40 • Mis à jour le 01.12.2015 à 12h02 | Par Simon Piel
Le 5 octobre 2012, d’une écriture maladroite, Samy Amimour déclare au centre de la RATP de Pavillon-sous-Bois qu’il est « démissionnaire de ses fonctions de machiniste-receveur », occupées
depuis le 8 août 2011. Onze jours après, celui qui sera l’un des
auteurs de l’attentat du 13 novembre au Bataclan, et qui mourra lors de
l’assaut, est interpellé à son domicile de Drancy, en Seine-Saint-Denis.
Il l’ignore alors mais depuis le mois de mai 2012, le parquet de
Paris conduit une enquête préliminaire sur son projet de départ vers le
Yémen ou la zone pakistano-afghane pour faire le djihad. Deux de ses
amis, Charaffe El-M. et Samir B., comme lui résidant à Drancy, sont
arrêtés et conduits dans les locaux de la Direction centrale du
renseignement intérieur (devenue depuis la Direction générale de la
sécurité intérieure, DGSI).
Samy Amimour est entendu pendant quatre jours. Quatre-vingt-seize
heures durant lesquelles il est interrogé sur sa pratique religieuse, sa
place en France en tant que musulman, le djihad international, ou
encore la situation en Syrie. Un interrogatoire qui comporte ses propres
limites : il y a les non-dits, les explications feintes et les postures
devant la police et les magistrats. Il y a aussi une part de vérité,
voire parfois de sincérité, qui éclaire un peu plus le parcours d’un
Français qui a fini par basculer dans le terrorisme.
C’est un homme de 25 ans, revendiquant une pratique très stricte de
l’islam, qui se présente devant les enquêteurs. S’il explique avoir
ressenti le besoin d’approfondir sa connaissance…
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Samy Amimour, le chauffeur de la RATP devenu kamikaze au Bataclan
Parti il y a deux ans en Syrie, Samy Amimour est finalement
revenu en France pour commettre l’attentat du Bataclan qui a fait au
moins 89 morts vendredi. Mis en examen dès 2012 pour « association de
malfaiteurs terroriste », cet ancien chauffeur de bus originaire de
Drancy avait violé son contrôle judiciaire.
Son identité a été révélée lundi par le parquet de Paris. Samy Amimour, 28 ans. Il est l’un des trois kamikazes à avoir perpétré le massacre dans la salle du Bataclan,
vendredi soir, faisant au moins 89 morts. Ce Français originaire de
Drancy, en Seine-Saint-Denis, n’était pas inconnu de la
justice. Soupçonné de nourrir un « projet de départ avorté vers le
Yémen », il avait été mis en examen en octobre 2012, à l’issue de quatre
jours de garde à vue pour « association de malfaiteurs terroriste », et
placé sous contrôle judiciaire.
En vain. L’année suivante, en septembre, Samy Amimour « avait violé
son contrôle judiciaire » en partant pour la Syrie, a précisé le parquet
lundi, en ajoutant qu’un mandat d’arrêt international avait été
aussitôt « délivré contre lui ». Selon sa famille, que l’AFP avait
rencontré le mois dernier, c’est son arrestation « traumatisante » en
2012, sous les yeux de ses parents « menottés dos à dos » et de sa jeune
soeur après que les agents des services de renseignement ont « défoncé
la porte » de l’appartement familial, qui avait »motivé son
départ ». »Quand ils l’ont ramené à la maison, il m’a dit ‘Papa, j’ai
rien fait’. Il n’avait fait que regarder des sites islamistes. C’est pas
interdit », racontait son père, Azzédine.
« Samy était bien éduqué, il avait du vocabulaire, c’était pas un de ceux qui font les cons dans le quartier »
Deuxième d’une fratrie de trois, Samy a toujours vécu chez ses
parents et a travaillé 15 mois comme chauffeur de bus à la RATP avant de
démissionner en 2012. Ses parents, des Français d’origine algérienne
qui « fêtent Noël autant que l’Aïd », ont du mal à croire à sa
radicalisation. Mais d’autres témoignages laissent penser l’inverse. Il
fréquentait la mosquée du Blanc-Mesnil, « il avait demandé à sa mère de
se voiler. Son père, qui parle très bien l’arabe, l’accompagnait à la
mosquée, lui traduisait des textes, pour partager quelque chose avec
lui », raconte sous couvert d’anonymat une amie de la famille. Mais elle
garde le souvenir d’un jeune « très gentil ». « Tout le monde l’aimait.
Un mec en or, la proie parfaite » pour les recruteurs au djihad.
« C’était quelqu’un de bien, bon élève. Quelqu’un comme nous, très
naturel », témoigne un jeune voisin, qui était avec Samy au collège
Paul-Bert. « On ne savait pas où il était parti, je ne l’avais pas vu
depuis des années. » »Samy était bien éduqué, il avait du vocabulaire,
c’était pas un de ceux qui font les cons dans le quartier », renchérit
une voisine qui se demande « ce qui s’est passé là-bas, comment on lui a
lavé le cerveau ». »Là-bas », c’est la Syrie. Le 11 septembre, Samy
Amimour part sans prévenir ses partents. »La veille, alors que je
m’apprêtais à partir (pour son travail en Belgique, Ndlr), il m’a fait
la bise. D’habitude, c’était ‘salut, bonne route », expliquait son
père. Quelques jours plus tard, il téléphone à ses parents pour leur
dire: « Ne me cherchez pas, je suis en Syrie. »
Il ne voulait pas revenir en France pour « être jeté en prison »
Son père a alors tenté de le ramener en France. Fin juin 2014,
Azzédine entreprend de se rendre en Syrie via la Turquie. Il débarque
« dans la région d’Alep » le jour de la proclamation du califat de
l’organisation État islamique, le 29 juin. Il parvient à voir son fils
en tête-à-tête pour le convaincre de rentrer. Mais Samy ne voit pas
pourquoi il rentrerait si c’est pour « être jeté en prison dès qu’il
aura mis un pied en France », selon son père. Plus tard, les
parents apprendront que Samy, avec lequel ils sont en contact par Skype,
s’est marié avec une Française et qu’ils attendent un enfant.
Mi-octobre, Azzédine se préparait à un nouveau voyage pour récupérer
son fils. Samy est finalement rentré sans les prévenir pour commettre,
avec six autres kamikazes, les attentats les plus meurtriers de
l’histoire de France.
La dérive de Samy Amimour, chauffeur de bus et terroriste du Bataclan
Samy Amimour, ancien conducteur de bus de Drancy, est l’un
des trois tueurs du Bataclan. Il compte parmi ses victimes un agent de
la RATP de la même commune… Dans cette ville de Seine-Saint-Denis,
l’heure est à la sidération.
Paru dans leJDD Samy Amimour a actionné sa ceinture d’explosifs à l’arrivée de la police. (DR)
Vendredi 13 novembre, peu après midi, Samy Amimour aurait été vu à Drancy (Seine-Saint-Denis). « Plusieurs jeunes l’ont croisé, rapporte un « grand frère » au JDD.
Il leur a demandé s’ils avaient été à la mosquée, ils ont répondu que
oui. Il leur a dit : ‘C’est bien.’ Alors, quand on a appris qu’il s’était fait exploser au Bataclan, on était encore plus sous le choc. »
Dans la petite cité de la Boule, paisible quartier HLM au centre de
Drancy, les habitants sont en état de sidération. « On n’a rien vu
venir », murmure une voisine. Elle se souvient d’un garçon « très gentil
et très bien élevé, pas à traîner dans le quartier comme d’autres ».
Quand elle a vu sa photo à la télévision, elle a failli ne pas le
reconnaître « tellement il avait l’air sombre et dur… Ce n’était plus le
même ». Elle n’ose pas aller frapper à la porte de l’appartement de la
maman. « À un moment, je lui avais dit : « On ne le voit plus, Samy. »
Elle m’avait répondu qu’il était parti dans le Sud », se rappelle la
vieille dame. « Ces derniers temps, je sentais bien qu’elle m’évitait. »
Au volant du 148 pendant quinze mois
Samy Amimour n’avait « pas le profil » du candidat au djihad, insiste
un proche. Son père est lettré, sa mère préside un club de patinage
spécialisé en roller artistique. Sa sœur aînée est chargée de
recrutement à la DRH d’une multinationale à Dubai. Sa cadette, très
populaire dans le quartier, était animatrice en centre de loisirs. Une
famille sans histoires, « un modèle de laïcité », insiste un
proche. Lorsque, suspectés de vouloir partir en Somalie, Samy et deux de
ses amis ont été placés sous contrôle judiciaire en octobre 2012,
sa mère a demandé à plusieurs « anciens » de parler à son fils. « J’ai
pensé que ce n’était pas la peine, admet l’un d’eux. Je lui ai dit
qu’elle n’avait pas à s’en faire. Il était très réservé et timide, à tel
point que lorsqu’il me disait bonjour, il baissait les yeux. »
Drancy a été doublement touchée : Samy Amimour, le tueur du
Bataclan, et Emmanuel Bonnet, l’une de ses victimes, étaient tous deux
originaires de cette ville (Julien Jaulin/Hanslucas pour le JDD).
Pourtant, entre les murs de l’appartement familial, Samy cherchait à
imposer le port du voile à sa mère, s’était débarrassé des tortues et de
l’aquarium du salon sous prétexte que c’était haram (« péché »). Ce
serait pour cette même raison qu’il aurait démissionné de la RATP
où on lui laissait pourtant la possibilité de faire ses cinq prières
quotidiennes. Durant quinze mois, Samy Amimour a conduit le bus 148 qui
rallie Bobigny à Aulnay-sous-Bois en passant par Drancy. C’est dans ce
bus qu’il a rencontré Kahina, une jeune femme voilée de 17 ans qui l’a
rejoint en Syrie il y a un an, selon les informations du Monde. Elle
attendrait un enfant.
Kahina vivait au Blanc-Mesnil où Samy fréquentait une mosquée
salafiste avec ses deux amis qui se sont radicalisés et sont partis en
Syrie en même temps que lui. Un seul serait encore en vie. « On l’a vu
samedi dernier à la télévision dans Enquête exclusive : il est devenu
recruteur pour Daech », confie un habitant du quartier qui n’en revient
toujours pas. « Nous avons eu les mêmes professeurs, fréquenté les mêmes
mosquées… »
La cité derrière le mémorial de la Shoah
Bien que Drancy soit une des villes les plus pauvres du département,
« elle a toujours été très tranquille, même au moment des émeutes de
banlieue en 2005″, relève Hamid Chabani, professeur
d’histoire-géographie et conseiller municipal. « Des petits merdeux de
banlieue, on en a connu plein mais jamais cela n’aurait tourné comme ça à
notre époque », rappelle Olivier Coloneaux, 49 ans, venu voir ses
parents dans la cité de la Boule où il a passé sa jeunesse. Dans la
tuerie du Bataclan, il a perdu un ami d’enfance : Emmanuel Bonnet,
47 ans, ancien chauffeur de bus lui aussi, puis formateur à la RATP.
Manu a grandi derrière la cité de la Muette où se dresse le mémorial de
la Shoah rappelant que ce vaste bâtiment en U était un camp
d’internement durant la Seconde Guerre mondiale. « Il était new wave et
moi funk, se souvient Olivier. On avait d’interminables discussions sur
la musique et le cinéma, un peu sur le football. » Ils s’étaient
retrouvés récemment via Facebook. « Je n’ai pas eu le temps de le
revoir… Ni de lui dire qu’il n’avait pas été un très bon gardien de
but. »
Deux fois par semaine, les deux copains prenaient le 143 pour se
rendre à l’entraînement de football au club du Bourget où Emmanuel a
joué jusqu’en Minimes et où Samy Amimour a été licencié une saison
(1999-2000). Dans le bus et dans l’équipe, il y avait aussi Alain
Chouet, devenu détective privé, expert en protection des entreprises, et
toujours très impliqué dans la vie associative de Drancy. Son pote est
mort à cause « d’un autre Drancéen, devenu taré de la doctrine du
nihilisme. Manu était en mec en or qui se nourrissait de musique. Il
m’avait invité à mon premier concert : Dire Straits, en 1985 à Bercy. »
En mars, Alain Chouet avait adressé un SMS au député-maire de Drancy
pour lui proposer une journée de sensibilisation autour du phénomène
croissant de radicalisation dans la société et dans le domaine de
l’entreprise. Il n’a jamais eu de retour.
« Chacun de nous peut être victime. Mais j’ai aussi l’impression que
beaucoup de personnes auraient pu être à la place de Samy Amimour. C’est
ce qui est le plus dur et le plus inquiétant, concède Farid Amari,
adjoint au maire. Ce sont des enfants de France et qui n’ont pas tous
été délinquants. » Il questionne l’absence de communication, le lien
social qui se délite, la perte des espaces communs…
« Bonjour », en portugais, en arabe, en hébreu…
Il aurait voulu pouvoir parler autrement de la ville. « De ceux qui
réussissent. Des jeunes qui montent leur entreprise ou qui
s’investissent dans la vie associative et s’occupent des autres. » Comme
Idriss Niang, diplômé en sciences de l’éducation et président de
l’association Agir ensemble, qu’il a créée en 2009. Son local se trouve
quasiment en face de l’immeuble où a vécu Samy Amimour. Avec cette
association, environ 500 jeunes ont déjà obtenu leur Bafa, 59 élèves
bénéficient d’un soutien scolaire. « Normalement on est complet mais
quand des parents viennent pour qu’on aide leurs enfants, je n’arrive
pas à leur dire non », sourit Idriss, fier d’avoir des élèves de toutes
confessions et aucun problème. Sur un mur, « bonjour » se décline en
portugais ou en turc, en arabe comme en hébreu. Sur un autre, des
citations choisies, comme celle de Martin Luther King : « Nous devons
apprendre à vivre ensemble comme des frères. Sinon, nous allons mourir
tous ensemble comme des idiots. »
Christel De Taddeo – Le Journal du Dimanche
dimanche 22 novembre 2015
La RATP face à la radicalisation
Actuellement en discussion avec le ministère de l’Intérieur, la RATP
espère pouvoir renforcer le contrôle des embauches sur certains métiers
sensibles. En matière de recrutements, « on est extrêmement vigilant »,
assure la Régie qui demande aux candidats de fournir un extrait de
casier judiciaire… Mais n’a accès à aucune information sur les fiches S.
Depuis plusieurs années, la RATP est néanmoins confrontée à des
problèmes de radicalisation.
Mardi, dans un communiqué, sa PDG, Élisabeth Borne, assure que,
depuis son arrivée en mai dernier, « aucun fait susceptible d’être
sanctionné » ne lui avait été remonté. Cependant, des salariés dénoncent
des atteintes au principe de laïcité pourtant rappelé dans une charte
élaborée en 2013 : prière sur le lieu de travail, refus de serrer la
main aux femmes ou encore de prendre le volant après elles
VIDEO. Radicalisation : la RATP va créer une délégation à l’éthique
26 Nov. 2015, 23h13 | MAJ : 26 Nov. 2015, 23h50
ILLUSTRATION. La délégation générale à l’éthique verra le jour le 1er décembre. LP/Olivier Boitet
La RATP veut
reprendre la main sur la laïcité. Alors qu’en quelques semaines deux
agents du Groupe de protection et de sécurisation des réseaux (GPSR) ont vu leur autorisation administrative retirée pour radicalisation islamiste selon
les informations du Parisien-Aujourd’hui, la PDG de la Régie des
transports, Elisabeth Borne, a décidé de créer le 1er décembre une
délégation générale de l’éthique. Elle lui sera directement rattachée
afin de mieux appliquer le principe de la laïcité, à la suite des attentats de Paris, a annoncé jeudi la RATP.
La régie, confrontée depuis plusieurs années à des difficultés pour
faire appliquer la laïcité, a déjà établi un guide pratique de la
laïcité à destination de ses cadres en 2013. Elle a reçu un certain
nombre de critiques depuis les attentats, notamment pour sembler avoir
minimisé le problème.
Une délégation pour appliquer la clause de laïcité
Le pilotage de cette délégation sera confié à Patrice Obert, qui
était depuis décembre 2014 secrétaire général du conseil de l’immobilier
de la Ville de Paris. «Il sera entouré d’une équipe dédiée composée de
personnels RATP disposant d’une bonne connaissance de ces
problématiques», assure le texte. «Cette délégation apportera une aide
concrète aux managers de proximité, afin, notamment, de s’assurer de
l’application effective de la clause de laïcité inscrite dans les
contrats de travail de chaque salarié et les règlements intérieurs de la
RATP», souligne le communiqué.
«Elle aura également pour mission de recueillir les témoignages sur
le sujet à tous les niveaux de l’entreprise et de veiller à ce que
l’ensemble des faits contraires aux principes de discrimination, de
laïcité et de neutralité soit systématiquement signalé et sanctionné le
cas échéant», précise la RATP.
VIDEO. Attentats: la justice a rendu sa carte d’identité à Samy Amimour
Attentats : la justice a rendu sa carte d’identité à Samy Amimour
Samy Amimour, l’un des kamikazes du
Bataclan, a été privé de ses papiers d’identité en 2012. Mais quelque
mois plus tard, il les a récupérés de la main même d’un juge. Soupçonné
par la justice française de vouloir rejoindre le Yémen pour combattre,
son passeport et sa carte d’identité lui sont retirés en octobre 2012.
Placé sous contrôle judiciaire, il a l’obligation de pointer tous les
mois dans un commissariat. Pourtant, en février 2013, Samy Amimour
récupère sa carte d’identité. Son avocat avait expliqué à la justice que
son client cherchait un travail après avoir démissionné de la RATP et
ne pouvait pas en trouver sans papier d’identité, un argument entendu
par les autorités judiciaires. Moins de six mois après, Amimour
s’envolait pour la Syrie et disparaissait des écrans radar. On
retrouvera sa trace le 13 novembre 2015, alors qu’il fait partie du
commando qui attaque le Bataclan.
23.11.2015 – 20 h 10mis à jour le 25.11.2015 à 9 h 09
Carte d’identité française. REUTERS/Ho New.
Elle dément ainsi l’information relayée par plusieurs médias. Le
terroriste inculpé en 2012 après un projet de départ vers le Yémen ne
respectait plus son contrôle judiciaire depuis 2013. Soupçonné d’être
partie en Syrie, il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Mise à jour du 23/11/2015 au soir: contactée par
Slate, la préfecture de police a démenti les informations relayées dans
une premiere version de l’article selon lesquelles Samy Amimour aurait
refait ses papiers d’identité sur la foi d’une simple déclaration de
perte alors que ceux-ci lui avaient été retirés.
L’histoire était racontée par certains médias, glissée le plus souvent en une ligne dans les papiers. Elle illustrait, selon le Figaro, la «faillite du contrôle judiciaire». Mais elle était fausse, selon la prefecture de police. Samy Amimour,
l’un des terroristes qui s’est fait exploser au Bataclan, et qui
s’était vu retirer sa carte d’identité et son passeport à la suite d’une
inculpation en 2012 pour un projet de départ au Yémen et d’une mise
sous contrôle judiciaire, n’a pas ensuite obtenu de nouveaux papiers par
une simple déclaration de perte, affirme la préfecture de police,
jointe par Slate. Il n’y aurait pas eu non plus de déclaration de perte
faite dans la ville où résidait l’intéressé, ajoute la préfecture de
police.
Quelques heures plus tôt, la journaliste de L’Obs, Violette Lazard, confirmait pourtant l’information de source judiciaire.
Mais la journaliste découvre ensuite que sa source s’est trompée:
«Contrairement à ce que nous avions écrit dans un
premier temps, il n’est pas parvenu à se faire refaire une carte
nationale d’identité par l’administration en déclarant la perte de ses
papiers: c’est tout simplement le juge qui lui avait rendu sa carte
d’identité en 2013.»
Quelques mois après son inculpation, en septembre
2013, Samy Amimour avait rompu son contrôle judiciaire pour se rendre en
Syrie, d’après les dires de ses proches qui le localisent encore sur place à l’été 2014. Il est alors sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
L’information de la carte d’identité obtenue par simple
déclaration de perte alors qu’elle lui avait été retirée avait été
relayée par plusieurs médias comme Le Point, RTL ou L’Express.
Un amendement pour changer cela rejeté
Mais elle ne change rien sur le fond du problème, puisqu’une telle délivrance demeure tout de même possible théoriquement. Selon l’Express, l’obligation
de remettre son passeport au greffe ou à un service de police ou de
gendarmerie ne fait pas partie des décisions judiciaires qui conduisent à
s’opposer à la délivrance d’un titre d’identité.
«Monsieur le Premier ministre, cet amendement me donne
l’occasion de souligner que dès lors que l’on aura retiré à quelqu’un
ses papiers d’identité pour lui interdire de quitter le territoire en
lui délivrant un récépissé, il nous faudrait être rapidement en mesure
d’éviter que, si cette personne se rend dans un commissariat pour
déclarer la perte de ses papiers d’identité, on ne lui en établisse de
nouveaux. C’est déjà arrivé et, dans un cas, ça s’est terminé au
Bataclan.»
Une «lacune grave», estime le site d’information, qui avait déjà été pointée du doigt en avril, dans un rapport sénatorial,
et a donné lieu à plusieurs bugs. Depuis, un amendement avait été
déposé par la droite pour changer cette situation, mais il avait été rejeté par Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, au motif qu’il s’agissait d’un simple «cavalier législatif».
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