“Chronologie de la terreur”, titre le Sydney Morning Herald, en couverture de son édition du mardi 23 décembre. Le quotidien australien fait le point sur l’enquête sur la tuerie survenue le 14 décembre lors d’un rassemblement pour la fête juive de Hanoukka à Bondi Beach, dans la banlieue de Sydney. Il présente en première page une mosaïque d’images des deux assaillants présumés et de leur arsenal : aux clichés réalisés par les services de police s’ajoutent des images de vidéosurveillance et des captures d’écran de vidéos tournées par les suspects eux-mêmes.

Une fiche d’information de la police a été diffusée par la justice de l’État de Nouvelle-Galles du Sud, lundi 22 décembre. La synthèse qu’en fait le journal décrit une attaque savamment préparée par Sajid Akram, 50 ans, un Indien entré avec un visa en Australie en 1998, et son fils Naveed Akram, né sur place, âgé de 24 ans. Après que les deux hommes ont ouvert le feu sur la foule à Bondi Beach, faisant quinze morts et 40 blessés, le premier a été abattu par la police et le second grièvement blessé.

Les enquêteurs ont retrouvé sur le téléphone portable de Naveed Akram des vidéos le montrant en train de s’entraîner au tir et au déplacement tactique avec son père, à la campagne, quelque part en Nouvelle-Galles du Sud. Une autre vidéo, vraisemblablement tournée en octobre, les montrerait s’adressant directement à la caméra avec un drapeau de l’organisation État islamique en arrière-plan. Une mise en scène qui ressemble à une revendication de l’attaque à venir.

Commission royale

La fiche évoque également l’accumulation d’armes à feu et d’explosifs artisanaux, la réservation pour plusieurs semaines d’un logement Airbnb à Campsie, en périphérie de Sydney, et des repérages nocturnes à proximité de Bondi Beach quelques heures avant la fusillade.

“Les documents laissent beaucoup de questions sans réponse, notamment comment ces hommes ont été radicalisés, quand ils auraient préparé l’attentat contre un groupe de Juifs fêtant Hanoukka sur la plage, et ce qui les a incités à le mettre en œuvre. Mais ils font apparaître que dès le [début du] mois de décembre, les terroristes étaient prêts à entrer en action.”

Dans un éditorial publié le même jour, le journal réclame publiquement l’ouverture d’une commission royale, c’est-à-dire une enquête publique de grande ampleur à l’initiative du gouvernement fédéral, afin de faire la lumière sur les événements du 14 décembre. “Une enquête menée par plusieurs juridictions semble être la meilleure méthode pour découvrir comment l’attentat de Bondi Beach s’est produit, et pour se doter de moyens de lutte contre l’antisémitisme et le terrorisme.”

“Le refus [du Premier ministre australien] Anthony Albanese d’approuver une telle politique revient à défendre l’indéfendable.”

Naveed Akram demeure hospitalisé après avoir été touché à l’abdomen. Le jeune homme a été a été inculpé pour quinze meurtres et pour “terrorisme”.