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samedi 29 août 2015
Chantage contre le roi du Maroc : les deux journalistes mis en examen
Le Figaro :
Selon Eric Dupont-Moretti, l’un des avocats du Maroc,
l’un des journalistes avait contacté le palais royal le 23 juillet
dernier pour annoncer la rédaction d’un livre et demander « des choses
importantes ». Lors d’une rencontre avec un représentant du roi, il
aurait demandé trois millions d’euros pour ne pas publier son ouvrage et
le souverain chérifien a déposé plainte auprès du procureur de la
République de Paris.
Lors d’une nouvelle réunion organisée jeudi à Paris sous le contrôle
de la police et du parquet français pour piéger le journaliste et son
co-auteur, ces derniers ont accepté de l’argent et signé un contrat, a
ajouté l’avocat du roi du Maroc. »Le contrat, c’est en réalité la
signature de leur culpabilité et la signature de ce chantage », a-t-il
dit.
Le roi du Maroc victime de chantage : « C’est extrêmement
glauque », dit l’avocat Éric Dupond-Moretti Crédit Image : CHARLY
TRIBALLEAU / AFP Crédit Média : Marc-Olivier Fogiel Télécharger
par Marc-Olivier Fogiel , Julien Absalon publié le 27/08/2015 à 19:37
Le roi du Maroc, Mohammed VI, a été victime d’une tentative de
chantage et d’extorsion de fonds. Le journaliste-écrivain Éric Laurent
et sa co-auteure Catherine Graciet, qui disaient être sur le point de
publier une enquête à charge sur la famille royale du Maroc, ont été
interpellés, jeudi 27 août. Une affaire qualifiée d’ »exceptionnellement grave » par Éric Dupond-Moretti, qui défend le roi du Maroc.
Au micro de RTL, l’avocat français a dénoncé les agissements
de l’homme de 68 ans, déjà auteur de livres sur le Maroc. « On sait
qu’il n’y a aucune révélation fracassante. Il n’y a absolument rien à
dire. Ce monsieur a précédemment écrit un ouvrage dans lequel il louait
le régime de Hassan II. Il a été à la fois laudateur et il est aujourd’hui racketteur. Tout ça est extrêmement glauque« , a déclaré Éric Dupond-Moretti.
La question du « terrorisme » évoquée par l’avocat
« C’est la première fois à ma connaissance qu’un personnage qui se
veut journaliste exerce directement un chantage sur un chef d’État en
exercice. C’est du jamais vu, c’est d’une audace folle« , s’étonne-t-il.
Les motivations des deux journalistes ne sont pas encore connues,
mais elles intriguent particulièrement Éric Dupond-Moretti. « On se
demande d’ailleurs quels sont les mobiles. Est-ce que c’est la vénalité ? Ou est-ce que cet homme et cette femme n’ont pas été instrumentalisés par un groupe ? Et en particulier, on se pose la question du terrorisme. Je le dis très sérieusement », prévient-il.
De plus, il y a quelques mois encore, les relations diplomatiques entre la France et le Maroc n’étaient pas au beau fixe. « Les conséquences géopolitiques de ce type d’agissement sont considérables« ,
estime l’avocat qui assure être dans une
« démarche exclusivement judiciaire » et ne sait pas si « le parquet de
Paris a informé le garde des Sceaux, qui aurait informé les autorités
politiques ». En revanche, à la question de savoir si le roi du Maroc
est au courant de ces arrestations, il répond : « Je le pense ».
Qui sont les journalistes accusés d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc ?
ÉCLAIRAGE – Éric Laurent et Catherine Graciet sont soupçonnés
d’avoir fait chanter Mohammed VI en réclamant trois millions d’euros
afin de ne pas publier un livre.
Les deux journalistes ne reconnaissent pas la tentative
d’extorsion de fonds Crédit Image : FADEL SENNA / AFP Crédit Média :
Jean-Alphonse Richard
par Jean-Alphonse Richard , Marie-Pierre Haddad publié le 28/08/2015 à 14:25 mis à jour le 28/08/2015 à 14:41
Ainsi Éric Laurent et Catherine Graciet ont déjà écrit un livre accusateur contre Mohammed VI en 2012, Le roi prédateur. L’affaire a duré plusieurs mois. Le 23 juillet à Paris, Éric Laurent contacte le cabinet du roi du Maroc et leur annonce qu’il va publier un livre à charge. C’est alors qu’il sollicite un rendez-vous qui aura lieu le 11 août.
Au cours de ce face-à-face avec un avocat marocain, le journaliste
aurait réclamé trois millions d’euros au représentant du Roi pour
annuler la publication du livre. C’est ce que soutient le Maroc. Une
plainte est alors immédiatement déposée auprès du procureur de Paris.
Plusieurs enquêtes publiées
Âgé de 68 ans, Éric Laurent a écrit de nombreux livres d’enquête comme La Face cachée du pétrole, sorti en 2006, Bush l’Iran et la bombe en 2007. Son dernier livre Aux banques les milliards, à nous la crise, était prévu pour le 9 septembre prochain.
Catherine Graciet est une journaliste spécialiste du Maghreb. Elle a travaillé au Maroc pour le Journal Hebdomadaire. Elle est aussi l’auteure de plusieurs livres dont Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison sorti en 2003. Le journaliste Nicolas Beau a confié à l’AFP être « sous le choc » : « Je savais que Catherine avait ce projet de livre. Si les faits sont avérés c’est très surprenant de la part de Catherine. Elle n’a pas le profil pour ce type de délit ».
Les journalistes se disent victimes d’un piège
Les deux journalistes ne reconnaissent pas la tentative d’extorsion
de fonds. Interrogés séparément, ils estiment qu’ils sont tombés dans un
piège et qu’ils sont victimes d’une machination montée par le
Maroc. L’avocat de la journaliste, Maître Moutet, parle de « coup
monté ». Reste que l’enquête ouverte mi-août par le parquet de Paris
après la plainte du Maroc, apparaît accablante : surveillances policières, photographies, enregistrements… jusqu’à ce rendez-vous dans un restaurant parisien.
Éric Laurent aurait accepté une enveloppe de 80.000 euros, acompte des deux millions
qu’il devait finalement se partager avec sa consœur en échange d’une
non publication. La preuve du chantage pour Maître Dupont
Moretti, avocat du Maroc. L’ambassadeur du Maroc en France dénonce des
pratiques « odieuses, abjectes et criminelles ».
Chantage contre le roi du Maroc : c’est »très dommage pour la France »
Gilles Perrault, auteur d’un livre critique sur Hassan II, redoute
que cette « affaire navrante » déconsidère à l’avance toute critique sur
le régime marocain.
Source AFP
Publié le 28/08/2015 à 12:12 – Modifié le 28/08/2015 à 12:20 | Le Point.fr
Gilles Perrault est l’auteur du retentissant Notre ami le roi
publié en 1990 et qui faisait un bilan accablant de 30 ans du règne
d’Hassan II. L’ouvrage s’interrogeait aussi sur la complaisance de
certaines élites françaises à son égard. Perrault avait également
préfacé l’an dernier un ouvrage très critique à l’égard du roi actuel du
Maroc, fils d’Hassan II, écrit par l’ancien journaliste marocain de
l’AFP Omar Brouksy. Intitulé « Mohammed VI derrière les masques », il
était sous-titré « le fils de notre ami » en référence au livre de
Gilles Perrault.
Chantage contre le roi du Maroc : ce que l’on sait de l’affaire
Alors que les deux journalistes soupçonnés d’avoir fait chanter le
roi du Maroc sont toujours en garde à vue, de nombreuses questions
restent en suspens.
Deux journalistes français ont-ils tenté de faire chanter le royaume du Maroc
avec des informations supposées gênantes ? Eric Laurent et Catherine
Graciet, accusés d’avoir empoché de l’argent extorqué, étaient toujours
en garde à vue vendredi à Paris.
Cette garde à vue, qui a commencé jeudi après-midi, peut théoriquement
durer jusqu’à quarante-huit heures et se terminer samedi avec
l’éventuelle présentation des deux journalistes aux juges d’instruction
en vue de leur mise en examen. Le parquet, qui s’était déjà saisi en
enquête préliminaire, a ouvert mercredi une information judiciaire pour
tentative d’extorsion de fonds et tentative de chantage.
Selon le récit de l’avocat du Maroc, Me Éric Dupond-Moretti,
l’affaire, singulière et rocambolesque, a commencé le 23 juillet, quand
Éric Laurent contacte le cabinet royal et sollicite une rencontre en
disant qu’il prépare un livre. Le journaliste n’est pas un inconnu au
Maroc. Il avait déjà publié en 1993 un livre d’entretiens avec l’ancien
monarque Hassan II, père de l’actuel roi Mohammed VI. Début 2012, il publiait aussi, avec Catherine Graciet cette fois, un livre accusateur contre Mohammed VI, Le Roi prédateur (éditions du Seuil). Signe de l’ire de Rabat, l’édition du journal espagnol El País avait été interdite sur le territoire marocain le jour où le quotidien avait publié les bonnes feuilles du livre.
Après l’appel d’Eric Laurent, un représentant du cabinet du roi, un
avocat marocain, a rencontré le journaliste. « Et là, surprise, énorme,
raconte Me Dupond-Moretti, Eric Laurent dit : Écoutez, je prépare un
livre avec Mme Graciet, co-auteur, et, moyennant trois millions d’euros,
il n’y a pas de polémique, on retire notre bouquin. »
Nombreuses questions
Le Maroc a déposé une plainte à Paris, conduisant le parquet à ouvrir
une enquête. Dans ce cadre, des réunions vont être organisées, « des
rencontres filmées, enregistrées, entre le représentant du roi » et les
journalistes, poursuit Me Dupond-Moretti. Selon l’avocat, les deux
journalistes sont sortis du dernier rendez-vous parisien, jeudi,
toujours sous surveillance policière, avec « un acompte substantiel de
40 000 euros chacun ». Une source proche du dossier a confirmé jeudi à
l’AFP qu’il y avait eu « remise et acceptation d’une somme d’argent ».
Peu après, ils ont été arrêtés et placés en garde à vue dans les locaux
de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
À ce stade, de nombreuses questions se posent, notamment sur les
motivations des deux journalistes, qui ont publié plusieurs autres
ouvrages (Bush, l’Iran et la Bombe, La Face cachée du pétrole, La Face cachée du 11 Septembre pour Éric Laurent, La Régente de Carthage : main basse de la Tunisie, Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison pour
Catherine Graciet). Jeudi, les éditions du Seuil ont confirmé à l’AFP
qu’ils préparaient un livre sur le roi du Maroc, « pour une sortie en
janvier-février ».
« Folie douce »
« C’est de la folie douce d’imaginer que leur chantage aurait pu
marcher », s’étonne une source proche du dossier. « Si les faits sont
avérés, c’est très surprenant de la part de Catherine. Elle n’a pas le
profil pour ce type de délit », a réagi le journaliste Nicolas Beau,
co-auteur de La Régente de Carthage. Si l’avocat du Maroc a livré de nombreux détails sur l’affaire, la version des journalistes n’a à ce stade pas filtré.
L’affaire intervient dans un contexte particulier entre Paris et
Rabat, qui se sont réconciliés au niveau diplomatique après une
brouille, début 2014, lors de l’annonce de plaintes à Paris pour
tortures contre le patron du contre-espionnage marocain Abdellatif
Hammouchi. En février 2014, des policiers lui avaient notifié
directement à l’ambassade du Maroc à Paris, où il se trouvait, une
convocation d’un juge d’instruction, suscitant la colère de Rabat. Les
deux pays s’étaient réconciliés à la faveur d’un nouvel accord
judiciaire début 2015 entre les deux gouvernements, qui a été dénoncé
par des organisations de défense des droits de l’homme.
ENQUETE Eric Laurent et Catherine Graciet ont été
interpellés et placés en garde à vue jeudi, accusés d’avoir accepté de
l’argent extorqué…
Chantage contre le roi du Maroc: Qui sont les deux journalistes français interpellés?
Catherine Graciet en 2009 et Eric Laurent en 2006. – VALINCO/SIPA – PIERRE VERDY / AFP
N.Bg.
Publié le 28.08.2015 à 14:53
Mis à jour le 28.08.2015 à 16:26
Ils sont toujours en garde à vue ce vendredi. Jeudi, les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet ont été interpellés à Paris,
accusés d’avoir voulu extorquer deux millions d’euros au Royaume du
Maroc pour ne pas publier un livre à charge contre Mohammed VI. Au
lendemain de cette retentissante interpellation, 20 Minutes dresse leur portrait.
Quel est leur parcours ?
Les deux journalistes connaissent bien le Maroc, via deux parcours
très différents. En 1993, le spécialiste de la politique étrangère Eric
Laurent s’entretient avec le roi du Maroc Hassan II pour écrire Mémoires d’un roi,
et garde « un contact privilégié avec le monarque jusqu’à sa mort, en
1999, indique Catherine Graciet dans une interview en 2012. Il a donc
connu le palais royal et la Cour de l’intérieur. » Dans cet entretien lisible sur Feedbooks.com, la journaliste présente sa propre expérience d’enquêtrice au Maroc pour le Journal hebdomadaire, revue suspendue en 2009 à la suite de pressions du pouvoir. Après avoir écrit avec le journaliste Nicolas Beau Quand le Maroc sera islamiste en 2006, elle publie au Seuil en 2012 Le roi prédateur, consacré à Mohammed VI et sa fortune, coécrit avec… Eric Laurent.
Ce premier livre était-il déjà à charge contre Mohamed VI ?
A L’Express, Eric Laurent confiait en 2012: « A
l’origine, notre propos n’était pas du tout d’écrire un livre sur la
fortune du roi », mais plutôt de « faire une sorte d’état des lieux de
la monarchie marocaine à l’heure des printemps arabes ». A la sortie du
livre, la critique du Monde estimait que
« le réquisitoire de ce livre est brut, les témoignages souvent
anonymes, et les faits parfois approximatifs faute d’accès aux
sources. » L’ouvrage jetait la lumière sur la façon dont le monarque
marocain se serait considérablement enrichi sur le dos de ses sujets au
fil des ans. Signe de l’ire de Rabat, l’édition du journal espagnol El País avait été interdite sur le territoire marocain le jour où le quotidien avait publié les bonnes feuilles du livre. Selon le Monde diplomatique, il avait connu un « engouement » chez les Marocains, qui avaient pu le lire en ligne.
Quel pourrait être le mobile ?
Si les faits sont avérés, l’appât du gain paraît être un mobile
évident. Selon l’avocat du royaume Eric Dupond-Moretti, les coaccusés
auraient demandé trois, puis deux millions d’euros en échange de la
non-publication de leurs informations sensibles. Ce serait d’ailleurs
avec 80.000 euros en poche qu’ils auraient été interpellés jeudi. Une
autre version est avancée par l’avocat de la partie
plaignante : « D’après les éléments dont nous disposons, nous pouvons
penser que les deux auteurs ont été instrumentalisés par un groupe, un
mouvement terroriste, pour déstabiliser le régime, peut-on lire sur Lefigaro.fr. Mais c’est à l’instruction de déterminer le mobile. »
Que dit leur défense ?
Joint par Le Monde,
l’avocat de Catherine Graciet ne croit pas du tout à la thèse
terroriste esquissée par son confrère : « Parler de connexion avec un
groupe terroriste, c’est du fantasme et c’est très grave », réagit Eric
Moutet, qui estime que « tout cela sent le coup monté ». Selon RTL,
les coaccusés estiment qu’ils sont tombés dans un piège. Le journaliste
Nicolas Beau, qui avait travaillé en 2006 avec Catherine Graciet, se
dit quant à lui « sous le choc ». « Je savais que Catherine avait ce
projet [de livre], confie-t-il à l’AFP. Si les faits sont avérés c’est
très surprenant de sa part. Elle n’a pas le profil pour ce type de
délit. » L’auteur Christian Combaz, qui indique sur son site
« avoir travaillé avec le très courtois Eric Laurent chez Flammarion »,
juge lui que « ça sent le montage dès les premières étapes du récit »,
imaginant plutôt que « les services marocains ont eu vent de ce projet
[de livre] et ont monté l’opération de rachat des pages compromettantes
(…) tout en prévoyant de la dénoncer, la main sur le cœur, au moment
opportun ».
Deux journalistes français accusés de faire chanter le roi du Maroc
Les deux journalistes Catherine Graciet et Éric Laurent qui ont déjà
écrit un livre accusateur sur Mohammed VI sont en garde à vue à Paris
depuis jeudi 27 août.
28/8/15 – 17 H 12
FADEL SENNA/AFP
Le roi du Maroc,Mohamed VI dans son bureau en juin 2015.
Les deux journalistes français, Catherine Graciet et Éric Laurent,
auteurs de plusieurs livres d’enquêtes et très critiques sur le royaume
du Maroc ont été interpellés jeudi 27 août à Paris. Ils sont depuis en
garde à vue dans les locaux parisiens de la Brigade de répression de la
délinquance contre la personne. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire
chanter le roi du Maroc.
L’affaire a démarré en juillet
Selon l’un des avocats du royaume du Maroc, Me Éric
Dupond-Moretti, l’affaire a démarré le 23 juillet 2015 lorsque Éric
Laurent a contacté le cabinet royal marocain pour l’informer qu’il
préparait un livre sur Mohammed VI avec sa consœur Catherine Graciet.
Tous deux ont déjà publié Le roi prédateur en 2012 aux
éditions du Seuil dans lequel ils dénonçaient la colossale fortune de la
famille royale que celle-ci a amassée en faisant main basse sur
l’économie du Maroc.
Lors d’une première entrevue avec un avocat représentant le cabinet
royal, Éric Laurent aurait réclamé trois millions d’euros pour ne pas
publier le livre censé paraître début 2016 au Seuil. L’éditeur a
confirmé la préparation de ce livre.
Ouverture d’une enquête pour tentative d’extorsion de fonds
Le parquet de Paris a alors ouvert une enquête préliminaire et saisi
des juges d’instruction après que le Maroc a déposé une plainte.
D’autres rendez-vous entre des émissaires du Maroc et les deux
journalistes ont ensuite été organisés sous surveillance des enquêteurs.
C’est au cours de la dernière rencontre le jeudi 27 août que les
journalistes auraient accepté de recevoir une première somme d’argent,
d’un montant de 40 000 € chacun selon Me Dupond-Moretti qui a dénoncé un « racket digne de voyous ».
À l’issue de ce rendez-vous ils ont tous deux été interpellés dans le
cadre d’une information judiciaire ouverte la veille pour tentative
d’extorsion de fonds et tentative de chantage.
Des observateurs sidérés
L’avocat Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération
internationale des droits de l’homme, qui a souvent eu maille à partir
avec le Maroc se déclare « stupéfait par cette histoire qui semble invraisemblable », mais « ne peut en dire plus faute d’informations ».
Le journaliste marocain Omar Brouksy, ancien de l’AFP et également auteur en 2014 d’un livre très critique sur le roi, Mohammed VI, derrière les masques (Éd. Nouveau Monde) et longtemps collègue de Catherine Graciet est lui aussi « abasourdi » et réclame « le respect de la présomption d’innocence ».
> À lire :Mohammed VI. Derrière les masques d’Omar Brouksy
Pour Gilles Perrault, auteur en 1990 de Notre ami le roi qui dressait un bilan accablant du règne d’Hassan II, cette « triste histoire risque de déconsidérer à l’avance toute critique » sur le Maroc.
Des journalistes chevronnés
Cette affaire laisse perplexe. Les deux journalistes sont chevronnés et connaisseurs du Maroc.
Éric Laurent a ses entrées au palais de très longue date. C’est
d’ailleurs ce qui lui a permis cette prise de contact direct en juillet
2015. Avant de signer plusieurs livres d’enquêtes (La face cachée du pétrole, Bush l’Iran et la bombe, tous deux chez Plon), il avait en 1993, publié La mémoire d’un roi, un livre d’entretien avec l’ancien roi du Maroc, Hassan II, père de Mohammed VI.
Quant à Catherine Graciet, elle aussi auteure de plusieurs livres d’enquêtes (dont Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison, Seuil, 2013), elle a vécu plusieurs années au Maroc et elle a notamment collaboré au Journal hebdomadaire,
un journal d’information indépendant qui a mis la clé sous la porte en
2010 en raison de son endettement et de son asphyxie financière par le
régime d’après ses anciens dirigeants.
« El Pais » censuré pour avoir publié les bonnes feuilles de leur livre
« Je suis sous le choc (…) Je savais que Catherine avait ce projet
(de livre). Si les faits sont avérés c’est très surprenant de la part
de Catherine. Elle n’a pas le profil pour ce type de délit », a réagi le journaliste Nicolas Beau, qui a écrit plusieurs livres avec sa consœur, dont La régente de Carthage : main basse sur la Tunisie (2009, La Découverte), sur Leïla Trabelsi, épouse de l’ancien président tunisien Ben Ali.
Lorsque Catherine Graciet et Éric Laurent avaient publié leur ouvrage
accusateur sur Mohammed VI, celui-ci avait fortement irrité le royaume.
Le quotidien espagnol El Pais, qui avait publié les bonnes feuilles du livre, avait alors été censuré au Maroc.
Un mobile peu clair
Me Dupont-Moretti sur les ondes de RTL, s’est interrogé sur le mobile. « Est-ce
que c’est la vénalité ? Ou est-ce que cet homme et cette femme n’ont
pas été instrumentalisés par un groupe ? Et en particulier, on se pose
la question du terrorisme. Je le dis très sérieusement », prévient-il.
« Le Maroc est depuis longtemps passé maître en pratique de corruption et manipulation », estime un observateur. « L’entourage
du palais a-t-il tendu un piège aux journalistes qui connaissent
pourtant les arcanes du pouvoir marocain ? Ces derniers ont-ils voulu
jouer au plus fin en voulant montrer comment le Maroc achetait les
personnes d’influence ? », interroge-t-il.
La France et le Maroc sortent d’un an de brouille
En 2014, une mystérieuse source marocaine qui dévoilait sur les
réseaux sociaux des documents classifiés marocains avait accusé quatre
journalistes français chevronnés, de Libération, du Point, de l’Express et de LCI, d’avoir publié, moyennant finance, des articles sur le Sahara occidental favorables à la position marocaine.
Cela se passait sur fond de sévère brouille entre la France et le
Maroc après qu’une plainte pour torture avait été déposée en France
contre le chef du contre-espionnage marocain.
VIDÉO – Arrêtés à Paris, Eric Laurent et Catherine Graciet sont
soupçonnés d’avoir tenté d’extorquer des fonds à Mohamed VI en échange
de la non-publication d’un livre à charge. Ils pourraient avoir été
instrumentalisés par un mouvement terroriste, indique Eric
Dupont-Moretti, avocat du roi du Maroc.
Deux journalistes et écrivains français sont actuellement entendus
par la police à Paris. Ils ont été arrêtés dans la capitale, suspectés
d’avoir réclamé de l’argent à l’entourage du roi du Maroc en échange de
leur silence. Ils envisageaient de publier un livre à charge contre le
roi Mohamed VI. Une information judiciaire pour chantage et tentative
d’extorsion de fonds a été ouverte.
«Tout a commencé le 23 juillet, jour où le journaliste Eric Laurent a
contacté le cabinet royal et sollicité un entretien avec un
représentant du palais car il avait des choses importantes à demander»,
indique Eric Dupont-Moretti, avocat du roi du Maroc. «Le palais a alors
envoyé un représentant du Roi, un de mes confrères. Là, Eric Laurent a
affirmé qu’il préparait un livre avec Catherine Graciet et qu’ils
accepteraient de ne pas le sortir contre 3 millions d’euros», affirme
l’avocat français.
Immédiatement, le Royaume du Maroc dépose une plainte auprès du
procureur de la République à Paris et une réunion est organisée sous le
contrôle de la police et du parquet, ajoute l’avocat. Les propos du
journaliste, qui réitère son offre, sont enregistrés.
Une troisième réunion a eu lieu ce jeudi, une nouvelle fois sous
surveillance policière. Cette fois les deux écrivains sont présents.
«L’objectif de cette rencontre était de s’assurer de l’implication de
Catherine Graciet et de prendre les journalistes en flagrant délit»,
explique Eric Dupont-Moretti. «Le représentant du palais joue alors le
jeu et il s’accorde avec les deux auteurs sur une somme à leur remettre
contre leur silence. Ils acceptent de se partager 2 millions d’euros
avec une avance reçue ce jour de 80.000 euros», explique l’avocat. «Les
deux journalistes ont en outre signé un contrat ce jour dans lequel ils
s’engagent à ne pas publier leur livre en échange des 2 millions
d’euros», ajoute l’avocat.
«D’après les enregistrements, Eric Laurent affirme que le livre est
une vision à 360 degrés sur le Maroc…Mais je n’ai pas eu accès au livre.
Mais ce n’est pas forcément la vénalité qui a conduit cet homme à faire
cette proposition. D’après les éléments dont nous disposons, nous
pouvons penser que les deux auteurs ont été instrumentalisés par un
groupe, un mouvement terroriste, pour déstabiliser le régime. Mais c’est
à l’instruction de déterminer le mobile», souligne l’avocat.
«Le roi prédateur, main basse sur le Maroc»
En 2012, Eric Laurent et Catherine Graciet avaient publié Le roi prédateur, main basse sur le Maroc,
aux éditions du Seuil. Dans cet ouvrage, le souverain est qualifié de
«premier banquier, premier assureur, premier agriculteur» de son pays.
Les deux auteurs dressent alors le portrait d’un «roi Midas» , classé au
7e rang en 2009 des monarques les plus riches par le magazine américain
Forbes. Depuis la publication de ce livre, Eric Laurent et
Catherine Graciet ne sont pas en grâce auprès du royaume. Le quotidien
espagnol El Pais avait même été interdit sur le territoire marocain, le jour où il avait diffusé les bonnes feuilles de cet essai.
Contactées par l’AFP, les éditions du Seuil ont confirmé que les deux
journalistes préparaient un livre sur le roi du Maroc Mohammed VI,
«pour une sortie en janvier-février». «Je suis sous le choc (…) Je
savais que Catherine avait ce projet (de livre). Si les faits sont
avérés, c’est très surprenant de la part de Catherine. Elle n’a pas le
profil pour ce type de délit», a réagi auprès de l’AFP le journaliste
Nicolas Beau, qui a écrit plusieurs ouvrages avec sa consœur.
Les deux auteurs ont publié, chacun de leur côté, plusieurs livres «coup de poing». En 2013, Catherine Graciet a écrit «Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison»
(Edition du Seuil), où un ancien responsable politique libyen donne du
crédit aux accusations de financement de la campagne de l’ancien
président de de droite Nicolas Sarkozy par le régime de Mouammar
Kadhafi. Co-auteur de La régente de Carthage, aux éditions La
Découverte en 2009, la journaliste indépendante spécialiste du Maghreb, a
dénoncé l’emprise mafieuse de Leila Trabelsi, l’épouse de
l’ex-président Ben Ali en Tunisie. La même année, Eric Laurent a publié La face cachée des banques. Scandales et révélations sur les milieux financiers,
aux éditions Plon, où il est question de falsifications des comptes, de
contournement des lois, de systèmes clandestins et d’enrichissement des
dirigeants.
Chantage sur le Maroc : les deux journalistes présentés à un juge
Soupçonnés d’avoir voulu faire chanter les autorités marocaines, les
deux journalistes français placés en garde à vue jeudi sont arrivés
vendredi soir au palais de justice de Paris pour être présentés à un
juge d’instruction en vue de leur éventuelle mise en examen.
28 Août 2015, 14h07 | MAJ : 28 Août 2015, 23h10
Le roi du Maroc, Mohammed VI. AFP/Alain Jocard
Un «deal financier»
a bien eu lieu entre le Maroc et les deux journalistes français
soupçonnés d’avoir fait chanter le royaume, qui ont été «piégés» par des
«enregistrements sauvages», a déclaré à l’AFP Eric Moutet, l’avocat de la journaliste Catherine Graciet.
Catherine Graciet et Eric Laurent sont soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le royaume du Maroc avec des informations supposées gênantes et d’avoir extorqué un acompte de 40 000 € chacun.
Leur garde à vue, qui a commencé jeudi après-midi s’est terminée
vendredi soir. Les deux journalistes ont été conduits au palais de justice
de Paris pour être présentés à un juge d’instruction en vue de leur
éventuelle mise en examen. Le parquet avait ouvert mercredi une
information judiciaire pour tentative d’extorsion de fonds et tentative
de chantage.
40 000 € lors d’un rendez-vous jeudi
Si l’avocat du Maroc a livré de nombreux détails sur cette affaire
singulière et rocambolesque, la version des journalistes incriminés n’a
pas filtré. Selon le récit de l’avocat du Maroc, Me Eric Dupond-Moretti,
l’affaire a commencé le 23 juillet, quand Eric Laurent contacte le
cabinet royal et sollicite une rencontre en disant qu’il prépare un
livre. Après l’appel d’Eric Laurent, un représentant du cabinet du roi,
un avocat marocain, a rencontré le journaliste. «Et là, surprise,
énorme, raconte Me Dupond-Moretti, Eric Laurent dit Ecoutez, je
prépare un livre avec Mme Graciet, co-auteure, et moyennant 3 millions
d’euros, il n’y a pas de polémique, on retire notre bouquin».
Le Maroc a déposé plainte à Paris, conduisant le parquet à ouvrir une
enquête. Dans ce cadre, des réunions sont organisées, «des rencontres
filmées, enregistrées, entre le représentant du roi» et les
journalistes, poursuit Me Dupond-Moretti. Selon l’avocat, les deux
journalistes sont sortis du dernier rendez-vous parisien, jeudi,
toujours sous surveillance policière, avec «un acompte substantiel de 40
000 € chacun». Une source proche du dossier a confirmé jeudi qu’«il y a
eu remise et acceptation d’une somme d’argent». Ils ont été arrêtés peu
après.
A ce stade, de nombreuses questions se posent, notamment sur les
motivations des deux journalistes, qui ont déjà publié chacun plusieurs
livres d’enquête. Jeudi, les Editions du Seuil ont confirmé qu’ils
préparaient un livre sur le roi du Maroc, «pour une sortie en
janvier-février». «C’est de la folie douce d’imaginer que leur chantage
aurait pu marcher», s’étonne une source proche du dossier.
Pour Me Moutet, «une logique de stratagème» s’est mise en place de la part du Maroc dans ce dossier.
Chantage : les journalistes s’étaient engagés à vie à ne plus publier sur le Maroc
Eric Laurent et Catherine Graciet, deux journalistes soupçonnés
d’avoir tenté de soutirer 2 M€ au roi du Maroc en échange d’un
engagement à ne plus rien écrire d’embarrassant sur lui, ont été mis en
examen dans la nuit de vendredi à samedi pour «chantage» et «extorsion
de fonds».
Geoffroy Tomasovitch | 28 Août 2015, 23h01 | MAJ : 29 Août 2015, 10h13
Info le Parisien Illustration. Deux journalistes français
sont soupçonnés d’avoir fait chanter le roi du Maroc, Mohammed VI, en
demandant 3 puis 2 millions d’euros pour ne pas publier un livre sur le
régime.
Leurs détracteurs les appellent, avec une pointe d’ironie bien
marquée, les « titulaires d’une carte de presse ». Il faut dire que ces
deux journalistes français expérimentés se retrouvent depuis jeudi au
cœur d’une affaire extravagante. Eric Laurent et Catherine Graciet,
coauteurs en 2012 d’un livre accusateur contre Mohammed VI, sont
soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc, en lui
réclamant d’abord 3, puis finalement 2 M€.
La contrepartie ? Renoncer à leur projet d’écrire plusieurs nouveaux brûlots contre le souverain de Rabat.
Mieux encore. Selon nos informations, les deux journalistes se sont
engagés, dans un document manuscrit rédigé, signé et remis jeudi à
l’émissaire du roi dans le cadre feutré d’un palace parisien, à ne plus
rien publier sur le Maroc. Et ce, à vie !
Arrêtés le jour même par les policiers qui les surveillaient
discrètement, Eric Laurent et Catherine Graciet ont été présentés tard
vendredi soir à une juge d’instruction à l’issue de leur garde à vue qui
avait été renouvelée, et à la suite de plusieurs perquisitions à Paris
et en province. Ils ont été mis en examen dans la nuit pour «chantage»
et «extorsion de fonds», et ont été remis en liberté sous contrôle
judiciaire.
Une première conversation enregistrée, les deux autres sous surveillance policière
Selon Me Eric Dupond-Moretti, l’un des avocats du royaume du Maroc,
cette incroyable affaire, révélée par RTL jeudi, a débuté par un coup de
téléphone d’Eric Laurent, le 23 juillet. Le journaliste d’investigation
chevronné cherche alors à contacter le secrétaire particulier de
Mohammed VI. Il va insister quelques jours plus tard et parvenir à
décrocher un rendez-vous à Paris avec un avocat marocain, homme de confiance du royaume.
Et le 11 août, le journaliste apprend à cet émissaire son projet de
livre à charge contre Mohammed VI. Selon Me Dupond-Moretti, Eric Laurent
a alors évalué à 3 M€ le prix de la non-publication de ce présumé futur
brûlot.
L’émissaire rentre au Maroc et rend compte au roi. « Devant des faits
aussi graves, nous avons de suite décidé de porter plainte », glisse un
proche du royaume. Le parquet de Paris ouvre aussitôt une information
judiciaire. La deuxième réunion, puis la dernière — la seule où
intervient Catherine Graciet — se feront sous « surveillance ». De plus,
selon nos informations, la toute première conversation entre Eric
Laurent et l’émissaire du roi a été enregistrée et remise à la justice
française.
Deux enveloppes contenant en tout 80.000€ comme avance
L’affaire éclate au grand jour avec l’interpellation des deux maîtres
chanteurs présumés. Jeudi, ils ont après une longue « négociation »
accepté de recevoir chacun une enveloppe contenant environ 40 000 €,
avance sur les 2 M€, prix de leur renoncement à écrire sur le Maroc.
« Le contexte du dossier est très troublant. Le royaume du Maroc a
des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet et un nouveau livre
sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal
financier se met en place », confiait hier soir Me Eric Moutet, avocat
de la journaliste qui admet avoir accepté les 40 000 €. « Par ailleurs,
c’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes
par des enregistrements sauvages. Dans ce dossier, il y a une logique
de stratagème », dénonce encore Me Moutet.
« Scandale clair et net » selon la partie civile, « affaire bien
trouble » pour d’autres, cette histoire n’a peut-être pas fini de
surprendre…
VIDEO. Chantage sur le Maroc. L’avocat de Graciet : «Ils ont été attirés dans un traquenard»
Chantage contre le Maroc : l’avocat de la journaliste évoque un « piège »
Un « deal financier » a bien eu lieu entre le Maroc et les deux
journalistes français soupçonnés d’avoir fait chanter le royaume. Ils se
disent « piégés ».
Source AFP
Publié le 28/08/2015 à 23:22 – Modifié le 29/08/2015 à 10:07 | Le Point.fr
Catherine Graciet et Éric Laurent, placés jeudi en garde à vue, sont arrivés vendredi soir au palais de justice de Paris
pour être présentés à un juge d’instruction en vue de leur éventuelle
mise en examen. L’avocat de la journaliste Catherine Graciet, Éric
Moutet, dénonce des « enregistrements sauvages ».
« Le contexte du dossier est très troublant : le royaume marocain a
des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet et un nouveau livre
sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal
financier se met en place », a estimé son avocat.
« Des enregistrements sauvages »
L’affaire, singulière et rocambolesque, a été révélée peu après
l’arrestation des deux journalistes, qui venaient de se faire remettre
de l’argent lors d’un rendez-vous organisé à Paris avec un représentant du Maroc. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le roi du Maroc, Mohammed VI, avec des informations supposées gênantes.
Pour Me Moutet, « c’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui
piège les journalistes par des enregistrements sauvages ». « Il y a dans
cette affaire une logique de stratagème qui s’est mise en place »,
a-t-il jugé. « L’instruction devra déterminer le rôle de chacun »,
a-t-il dit.
Les deux journalistes français soupçonnés d’avoir réclamé de l’argent afin de ne pas publier un livre à charge contre le roi
ont été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds dans la nuit
de vendredi à samedi. Eric Laurent et Catherine Graciet, accusés d’avoir
empoché de l’argent extorqué, étaient en garde à vue depuis jeudi
après-midi. Le parquet, qui s’était déjà saisi en enquête préliminaire,
avait ouvert mercredi une information judiciaire pour tentative
d’extorsion de fonds et tentative de chantage. Ils ont été mis en
liberté surveillée.
Selon Eric Dupont-Moretti, l’un des avocats du Maroc, l’un des
journalistes avait contacté le palais royal le 23 juillet dernier pour
annoncer la rédaction d’un livre et demander « des choses
importantes ». Lors d’une rencontre avec un représentant du roi, il
aurait demandé trois millions d’euros pour ne pas publier son ouvrage et
le souverain chérifien a déposé plainte auprès du procureur de la
République de Paris.
Lors d’une nouvelle réunion organisée jeudi à Paris sous le contrôle
de la police et du parquet français pour piéger le journaliste et son
co-auteur, ces derniers ont accepté de l’argent et signé un contrat, a
ajouté l’avocat du roi du Maroc. »Le contrat, c’est en réalité la
signature de leur culpabilité et la signature de ce chantage », a-t-il
dit.
Me Eric Moutet, l’avocat de Catherine Graciet a invité à la prudence
concernant les accusations formulées contre les deux journalistes. »Le
royaume du Maroc a des comptes extrêmement lourds et un passif à solder
avec Catherine Graciet. Ce dossier démarre, il y a des propos imprudents
surtout dans le contexte de risques d’attentats, parler de terrorisme
dans une affaire comme celle-là parait un petit peu avancé. Complot ou
pas complot, je n’en sais rien. Il est clair qu’ils ont été attirés dans
un traquenard », a-t-il dit.
Chantage contre le roi du Maroc : les deux journalistes mis en examen
Éric Laurent et Catherine Graciet ont été mis en examen pour
« chantage » et « extorsion de fonds » et ont été remis en liberté sous
contrôle judiciaire.
Source AFP
Publié le 29/08/2015 à 10:05 – Modifié le 29/08/2015 à 10:25 | Le Point.fr
Deux journalistes français soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter le royaume du Maroc
avec des informations supposées gênantes ont été mis en examen ce
samedi pour « chantage » et « extorsion de fonds » et ont été remis en
liberté sous contrôle judiciaire. Leur contrôle judiciaire leur impose
notamment de ne pas entrer en contact entre eux ni avec d’autres
protagonistes du dossier. Dans ce scénario rocambolesque, les deux
journalistes, Éric Laurent et Catherine Graciet, ont été arrêtés jeudi à
Paris à la sortie d’un
rendez-vous avec un représentant du Maroc au cours duquel « il y a eu
remise et acceptation d’une somme d’argent », a indiqué une source
proche du dossier. L’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a
confirmé vendredi soir l’existence d’un « deal financier » dans un
« contexte très troublant ». « Le royaume marocain a des comptes
évidents à solder avec Catherine Graciet et un nouveau livre sur
l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se
met en place », a-t-il déclaré à l’AFP.
Le parquet de Paris a ouvert mercredi une information judiciaire pour
tentative d’extorsion de fonds et tentative de chantage. Selon le récit
de l’avocat du Maroc, Me Éric Dupond-Moretti, l’affaire commence le 23
juillet, quand Éric Laurent contacte le cabinet royal et sollicite une
rencontre en disant qu’il prépare un livre. Le journaliste de 68 ans
n’est pas un inconnu au Maroc. Il a publié en 1993 un livre d’entretiens
avec l’ancien monarque Hassan II, père de l’actuel roi Mohammed VI.
Début 2012, il publie, avec Catherine Graciet cette fois, un livre
accusateur contre Mohammed VI, Le Roi prédateur. L’édition du journal espagnol El País
avait été interdite sur le territoire marocain le jour où le quotidien
avait publié les bonnes feuilles du livre. Après l’appel d’Eric Laurent,
un représentant du cabinet du roi, un avocat marocain, a rencontré le
journaliste. « Et là, surprise, énorme », raconte Me Dupond-Moretti,
« Eric Laurent dit écoutez, je prépare un livre avec Mme Graciet,
co-auteur, et, moyennant trois millions d’euros, il n’y a pas de
polémique, on retire notre bouquin« .
« Piège »
Le Maroc a déposé une plainte à Paris, conduisant le parquet à ouvrir
une enquête. Dans ce cadre, des réunions ont été organisées, « des
rencontres filmées, enregistrées entre le représentant du roi » et les
journalistes, poursuit Me Dupond-Moretti. « C’est précisément l’avocat
mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements
sauvages », a affirmé de son côté l’avocat de Catherine Graciet, jugeant
qu’ »il y a dans cette affaire une logique de stratagème ». Selon Me
Dupond-Moretti, les deux journalistes sont sortis du dernier rendez-vous
parisien, jeudi, sous surveillance policière, avec « un acompte
substantiel de 40 000 euros chacun ». Peu après, ils ont été arrêtés et
placés en garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la
délinquance contre la personne (BRDP).
Les deux journalistes ont publié plusieurs autres ouvrages (Bush, l’Iran et la bombe, La Face cachée du pétrole, La Face cachée du 11 Septembre pour Éric Laurent, La Régente de Carthage : main basse sur la Tunisie, Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison
pour Catherine Graciet). Jeudi, les éditions du Seuil ont confirmé à
l’AFP qu’ils préparaient un livre sur le roi du Maroc, « pour une sortie
en janvier-février ». « Si les faits sont avérés, c’est très surprenant
de la part de Catherine. Elle n’a pas le profil pour ce type de
délit », a réagi le journaliste Nicolas Beau, co-auteur de La Régente de Carthage.
L’affaire survient dans un contexte particulier entre Paris et Rabat,
qui se sont réconciliés début 2015 après une brouille d’un an à cause
de plaintes à Paris pour tortures contre le patron du contre-espionnage
marocain, Abdellatif Hammouchi. En février 2014, des policiers lui
avaient notifié directement à l’ambassade du Maroc à Paris, où il se
trouvait, une convocation d’un juge d’instruction, suscitant la colère
de Rabat.
Les journalistes soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le roi du Maroc mis en examen
Le Monde.fr avec AFP | 29.08.2015 à 00h11 • Mis à jour le 29.08.2015 à 10h17
Deux journalistes français soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc
ont été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds dans la nuit
de vendredi 28 à samedi 29 août, a-t-on appris de source judiciaire.
Selon une source proche du dossier, Eric Laurent a reconnu durant sa
garde à vue, entamée jeudi soir, avoir formulé une offre de 3 puis 2
millions d’euros au Maroc pour le renoncement de la publication d’un
livre compromettant pour le Palais royal, co-signé avec la journaliste
Catherine Graciet.
L’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a lui confirmé vendredi soir l’existence d’un « deal financier », dans un « contexte très troublant ». « Le
royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet
et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment
où le deal financier se met en place », a-t-il déclaré à l’AFP. Pour lui, « c’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages ». « Il y a dans cette affaire une logique de stratagème qui s’est mise en place », a-t-il jugé et « l’instruction devra déterminer le rôle de chacun ».
Selon Me Eric Dupond-Moretti, l’un des avocats de Rabat,
l’affaire a commencé le 23 juillet : ce jour-là, Eric Laurent aurait
contacté le secrétariat du Palais royal pour annoncer la sortie
prochaine d’un livre polémique contenant « des choses importantes ». « Un représentant du Palais a alors été envoyé à Paris où une première rencontre a eu lieu avec M. Laurent », explique l’avocat, joint jeudi soir par Le Monde.
« Moyennant 3 millions d’euros, je ne publie pas mon livre »
Au cours de cette rencontre, M. Laurent aurait déclaré être en train
de préparer un ouvrage compromettant pour le Palais. Selon lui, « Eric Laurent dit : “Ecoutez, moyennant 3 millions d’euros, je ne publie pas mon livre, un livre que je prépare avec Catherine Graciet” ».
« Le Palais a alors décidé de porter plainte auprès du parquet de Paris. Les policiers ont décidé d’organiser un flagrant délit», raconte Me
Dupond-Moretti, qui a révélé l’affaire jeudi après-midi sur l’antenne
de RTL. Dans la foulée, le parquet de Paris ouvre une enquête
préliminaire, puis saisira des juges d’instruction.
Un autre rendez-vous, écouté et surveillé par la police, aurait alors
été fixé. M. Laurent y aurait réitéré la même proposition. Enfin, un
troisième rendez-vous aurait été fixé au jeudi 27 août dans un
restaurant parisien. « Cette fois, Eric Laurent et Catherine Graciet
étaient tous les deux présents. Un contrat a été signé et un acompte de
80 000 euros leur a été remis », déclare l’avocat. Les deux
journalistes ont été interpellés à la sortie de ce rendez-vous, ils ont
passé la nuit en garde à vue.
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