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jeudi 22 mai 2014
Procès Jamel Leulmi : plaidoieries et verdict
« jamel leulmi plaidoieries », me dit mon pirate de blog
dans le pavé intitulé « Recherchez aussi » qu’il a ajouté dans la
colonne de droite du « Petitcoucou » il y a quelques temps.
Ah oui, les plaidoieries de l’affaire du Barbe bleue de l’Essonne…
Elles ont eu lieu hier, et jusqu’à ce matin.
Le verdict est tombé ce soir, c’est 30 ans de prison. Jamel Leulmi fait appel.
Voici ce que rapportent des plaidoieries Le Point et Libération, avec
les distinguos qui différencient traditionnellement ces deux journaux
l’un de l’autre :
Jamel Leulmi a-t-il assassiné son épouse en 2007 lors d’un mystérieux
accident de la route et tenté de tuer une autre conquête au Maroc
en 2010 pour empocher des millions en assurances-décès ? La cour
d’assises de l’Essonne rend son verdict ce jeudi. Âgé de 36 ans, cet
insatiable amateur de femmes au physique de bodybuilder qui clame son
innocence encourt la réclusion criminelle à perpétuité, une peine que le
ministère public a d’ailleurs requise mercredi, assortie d’une peine de
sûreté de 22 ans, le maximum, lors d’un inhabituel réquisitoire à deux
voix.
Fustigeant une véritable « mécanique de la séduction » au service
d’une ambition criminelle, l’un des deux avocats généraux, Rémi Crosson
du Cormier, a cinglé : « Le moteur de tout cela est l’argent,
conditionné à la mise à mort des victimes (…) Leulmi utilisait ce
système d’assurances comme un mode de ressources et d’enrichissement. Il
a gagné une fois, et fait l’erreur de recommencer ».
Reste qu’après plus de trois semaines et demie de débats, le procès
de Leulmi, surnommé par une partie de la presse le « Barbe bleue de
l’Essonne », aura gardé une bonne part de son mystère à défaut d’avoir
tenu toutes ses promesses. À l’audience, chaque détail du dossier
d’instruction, lourd de 10 000 pages, a été discuté, décortiqué par les
parties, parfois âprement, tandis que des dizaines de témoins défilaient
à la barre.
Jamel Leulmi a tenté de présenter à l’audience le visage d’un veuf
éploré, victime d’une machination qui le dépasse, cherchant à
« comprendre » pourquoi il se trouvait dans le box des accusés.
Il est poursuivi pour l’assassinat de Kathlyn Vasseur, avec qui il
s’était marié seulement deux mois plus tôt, décédée après avoir été
percutée par une voiture, à vélo, une nuit de janvier 2007. La justice
lui reproche aussi d’avoir tenté d’assassiner ou de faire assassiner
Julie Derouette, une de ses très nombreuses conquêtes, agressée en marge
d’un mystérieux accident de voiture une nuit de décembre 2009 au Maroc.
Sa défense a plaidé la relaxe. Pour Me Éric Dupond-Moretti, « après
quatre ans d’instruction, on ne sait rien ! On peut tout envisager ».
La vérité jamais connue
Kathlyn Vasseur, Julie Derouette : deux jeunes femmes fragiles ou
naïves, dont la relation amoureuse avec l’accusé paraît avoir fait
l’objet d’un culte du secret. Un mariage ou une proposition de mariage
éclair. Des assurances-décès souscrites avec un luxe de précautions pour
des montants faramineux au seul bénéfice de M. Leulmi. Des accidents de
la route survenus dans des circonstances troubles.
« Il n’y a pas dans ce dossier un seul élément qui, pris isolément,
constitue une preuve suffisante, a relevé l’un des avocats des parties
civiles, Jean Boudot, lors de sa plaidoirie. Mais quand vous les reliez
les uns aux autres, quand vous faites un effort de logique, de raison
(…) alors là vous commencez à venir sur le terrain de la preuve. » À
l’audience, Jamel Leulmi, que les experts décrivent comme un
« manipulateur » hors pair, a multiplié les explications plus ou moins
convaincantes, semblant avoir réponse à tout.
Mais la cour d’assises a pu également apprécier le contraste lorsque
l’accusation se faisait trop mordante. Jamel Leulmi, faisant toujours
preuve d’une infinie politesse, savait alors se réfugier dans la
« confusion » de ses souvenirs pour des faits, il est vrai, vieux de
plus de six ans.
Ainsi, interrogé sur sa curieuse attitude lors de l’accident qui
coûta la vie à Kathlyn, son épouse sur laquelle il resta allongé au
moins dix minutes, l’intéressé s’est montré évasif: « C’est très confus
(…) Je ne sais pas quoi dire. » Était-ce pour « la protéger » comme il
l’affirme ou pour l’étouffer comme le croit l’accusation ? « Il ne sera
jamais possible de connaître l’entière vérité dans ce dossier », a
résumé la seconde avocate générale, Sophie Havard.
En effet, si Jamel Leulmi, qui doit s’exprimer une dernière fois
devant la cour jeudi matin, venait à être reconnu coupable, la question
des complicités et notamment le rôle de sa compagne Céline, que les
parties civiles regrettent de ne pas voir elle aussi dans le box des
accusés, resterait en suspens.
« J’ai tué ma femme non pas parce qu’elle me devait de l’argent, mais
parce qu’elle en valait : l’accusé n’aurait jamais pu dire cela. C’est
impossible d’avouer un tel crime. » Mercredi, devant la cour d’assises
de l’Essonne, l’avocat général Rémi Crosson du Cormier a tenté
d’expliquer le silence pesant de Jamel Leulmi, qui n’a pas relevé la
tête une seule fois de la journée, ne laissant voir de son visage que
son crâne. Cet homme de 36 ans, surnommé par la presse le « veuf noir »
ou le « barbe bleue de l’Essonne », est accusé d’avoir tué sa femme,
Kathlyn, pour toucher l’argent de son assurance-décès.
Il est également soupçonné d’avoir tenté d’assassiner une autre
femme, Julie Derouette, partie civile au procès, pour les mêmes raisons.
Selon l’avocat général, il n’y a aucun doute : Jamel est coupable. Et
le parquet de requérir une peine de réclusion à perpétuité assortie
d’une période de sûreté de 22 ans. Me Dupond-Moretti, qui défend
l’accusé, rugit : « L’absence de preuves a conduit l’accusation à
mépriser la justice. Ici, si vous n’avez pas les contrats d’assurance,
vous n’avez rien. »
Pourtant, cette fois-ci, même avec le talent qu’on lui
connaît, le célèbre pénaliste aura bien du mal à obtenir un énième
acquittement. Car, à défaut de preuves matérielles, il y a bien un
faisceau d’indices et de témoignages qui pèsent contre Leulmi. Durant
toute sa plaidoirie, Me Cathy Richard, avocate de Julie Derouette, n’a
cessé de le dépeindre en séducteur invétéré, en manipulateur de génie.
« Aujourd’hui, il existe des coaches en séduction. Jamel Leulmi aurait
pu se reconvertir là-dedans : charmeur, entreprenant, un corps qu’il
travaille comme une arme », a-t-elle lâché. Pour elle, l’accusé a usé de
tous ses atouts pour séduire Julie Derouette et la convaincre de signer
des assurances-décès d’un montant de plus de 6 millions d’euros. À la
mort de Kathlyn, sa première épouse, Jamel Leulmi avait déjà perçu
presque deux millions d’euros, qu’il avait réinvestis dans l’immobilier
et dans… des assurances-vie.
« Elle entend sa nuque craquer, se briser »
« Après s’être présenté comme un Casanova, Jamel Leulmi a joué la
carte du veuf éploré, décrit Cathy Richard. Jamel Leulmi est riche, mais
surtout généreux. Il va donner à Julie de l’argent pour ses filles, des
cadeaux. Il va la convaincre que ses enfants sont la prunelle de ses
yeux. Il s’y intéresse beaucoup, en prend soin. Il dit à Julie qu’elle
est sa princesse, qu’elle pourrait remplacer son épouse décédée. Le 18
décembre 2009, elle est persuadée qu’il est amoureux d’elle. »
Puis vient l’épisode du Maroc.
Ce fameux séjour durant lequel Julie Derouette a été rouée de coups et
laissée pour morte sur une route déserte. Elle affirme qu’elle y était
venue à la demande de Jamel. L’accusé nie, affirme qu’elle est folle et
mythomane. Qu’il était simplement là pour passer quelques jours avec sa
compagne, Céline David, dont le rôle n’a pu être éclairci à l’audience.
Jamel ne m’a jamais quittée une seule fois pendant le séjour,
affirme-t-elle. « Vous n’avez eu de cesse de présenter Céline David
comme coupable, alors qu’elle n’a même pas été mise en examen. Au mépris
de la présomption d’innocence, vous aviez besoin de la démolir, car
elle est l’alibi de Jamel Leulmi », s’est emporté Éric Dupond-Moretti.
Pourtant, l’hôtel dans lequel Julie Derouette a séjourné au Maroc est
bien connu de l’accusé. Lui-même y a résidé plusieurs fois, selon des
réceptionnistes qui affirment l’avoir reconnu. Dupond-Moretti peste :
« Pourriez-vous reconnaître, vous, dans quinze jours, tous les témoins
qui ont défilé à cette barre ? » À son arrivée au Maroc, Julie loue une
voiture, charge sa valise, puis s’engage sur une route « sans panneau
indicateur, sans lumière, au milieu du désert », pointe Cathy Richard.
Qui ajoute : « Elle a forcément été guidée. » Julie explique avoir suivi
Jamel Leulmi, puis l’avoir soudain perdu de vue. Elle est percutée par
d’autres véhicules et frappée violemment derrière le cou. « Elle entend
sa nuque craquer, se briser, puis perd connaissance. Ses agresseurs lui
feront ingurgiter de l’alcool, puis l’abandonneront dans le froid, dans
le désert », continue l’avocate de la partie civile.
« J’avais qu’à remplir et à signer »
Ce n’est que plus tard, lorsque son appartement sera visité, que
Julie Derouette dénoncera tout à la police. Les enquêteurs découvriront
avec stupeur que la première femme de Jamel était morte dans les mêmes
conditions. Un accident, durant lequel Kathlyn avait été fauchée lors
d’une promenade en vélo dans des circonstances troubles. L’accusé avait
été retrouvé dans le fossé, allongé sur le corps de sa femme, face
contre terre, l’empêchant ainsi de respirer. La défense parle d’ »état
de choc ». Les experts, eux, n’ont jamais pu déterminer les causes de la
mort.
Dans ce procès, il n’y aura eu ni preuve matérielle ni preuve
scientifique. Les géolocalisations se contredisent, les témoignages,
parfois peu crédibles, aussi. Les avocats de la défense se servent des
SMS qui figurent au dossier pour dire l’inverse de ce que l’accusation
vient d’affirmer. Tout est question d’interprétation. S’adressant aux
jurés, un des avocats de Jamel Leulmi résume : « Vous n’avez pas de quoi
vous rattacher à l’évidence. Pouvez-vous tendre les deux mains en
disant : Vous pouvez les couper, car je suis sûr ? »
Reste une constante que l’on retrouve dans tout le dossier : les
assurances-décès. Toujours, car une troisième femme, Karine, est
concernée. Alors qu’elle était à la barre, son témoignage avait été
accablant. « Déficiente », selon les mots de l’accusation, ne sachant
presque pas lire ni écrire, la jeune femme, très mal à l’aise, avait
expliqué : « Il m’a fait souscrire plusieurs assurances-vie à son nom.
Moi, je ne comprenais pas. J’avais qu’à remplir et à signer. » Cela a
suffi à l’accusation pour réclamer la perpétuité. Avec « sa politesse
offusquée », sa « maîtrise de lui-même », Jamel Leulmi a assouvi une
« odieuse domination d’un homme sur des femmes pour gagner de
l’argent », a lancé Rémi Crosson du Cormier. « Son image est le
principal moteur de son existence. Il s’en est servi pour mettre en
place un système utilisé comme mode de ressource et d’enrichissement »,
a-t-il poursuivi. Avant de conclure : « Kathlyn et Julie étaient deux
femmes irrémédiablement condamnées à mort. » « Je suis innocent et c’est
tout ce que j’aurai à ajouter », a répondu jeudi matin Jamel Leulmi. Le verdict est attendu dans la journée.
Procès Leulmi: l’accusé clame son innocence, verdict dans la journée
AFP 22 mai 2014 à 07:08 (Mis à jour : 22 mai 2014 à 10:22)
Vue extérieure en date du 26 novembre 2013 du tribunal d’Evry (Photo Bertrand Guay. AFP)
Jamel Leulmi a-t-il assassiné son épouse en 2007 lors d’un mystérieux
accident de la route et tenté de tuer une autre conquête au Maroc fin
2009 pour empocher des millions en assurances-décès? La cour d’assises
de l’Essonne rend son verdict ce jeudi.
«Je suis innocent. C’est tout ce que j’aurai à ajouter», a déclaré
l’accusé, visage fermé, avant que le jury ne parte délibérer vers 9h45.
Agé de 36 ans, cet insatiable amateur de femmes au physique de
bodybuilder qui clame son innocence, encourt la réclusion criminelle à
perpétuité, une peine que le ministère public a d’ailleurs requise
mercredi, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, le maximum.
Fustigeant une véritable «mécanique de la séduction» au service d’une
ambition criminelle, l’un des deux avocats généraux, Rémi Crosson du
Cormier, a cinglé: «Le moteur de tout cela est l’argent, conditionné à
la mise à mort des victimes (…) Leulmi utilisait ce système d’assurances
comme un mode de ressources et d’enrichissement. Il a gagné une fois,
et fait l’erreur de recommencer».
Reste qu’après plus de trois semaines et demie de débats, le procès
de Leulmi, surnommé par une partie de la presse le «Barbe bleue de
l’Essonne», aura gardé une bonne part de son mystère à défaut d’avoir
tenu toutes ses promesses.
A l’audience, chaque détail du dossier d’instruction, lourd de 10.000
pages, a été discuté, décortiqué par les parties, parfois âprement,
tandis que des dizaines de témoins défilaient à la barre.
Jamel Leulmi a tenté de présenter à l’audience le visage d’un veuf
éploré, victime d’une machination qui le dépasse, cherchant à
«comprendre» pourquoi il se trouvait dans le box des accusés.
Il est poursuivi pour l’assassinat de Kathlyn Vasseur, avec qui il
s’était marié seulement deux mois plus tôt, décédée après avoir été
percutée par une voiture, à vélo, une nuit de janvier 2007. La justice
lui reproche aussi d’avoir tenté d’assassiner ou de faire assassiner
Julie Derouette, une de ses très nombreuses conquêtes, agressée en marge
d’un mystérieux accident de voiture une nuit de décembre 2009 au Maroc.
Sa défense a plaidé la relaxe. Pour Me Eric Dupond-Moretti, «après
quatre ans d’instruction, on ne sait rien! On peut tout envisager».
- La vérité jamais connue -
Kathlyn Vasseur, Julie Derouette: deux jeunes femmes fragiles ou
naïves, dont la relation amoureuse avec l’accusé paraît avoir fait
l’objet d’un culte du secret. Un mariage ou une proposition de mariage
éclair. Des assurances-décès souscrites avec un luxe de précautions pour
des montants faramineux au seul bénéfice de M. Leulmi. Des accidents de
la route survenus dans des circonstances troubles.
«Il n’y a pas dans ce dossier un seul élément qui, pris isolément,
constitue une preuve suffisante, a relevé l’un des avocats des parties
civiles, Jean Boudot, lors de sa plaidoirie. Mais quand vous les reliez
les uns aux autres, quand vous faites un effort de logique, de raison
(…) alors là vous commencez à venir sur le terrain de la preuve».
A l’audience, Jamel Leulmi, que les experts décrivent comme un
«manipulateur» hors pair, a multiplié les explications plus ou moins
convaincantes, semblant avoir réponse à tout.
Mais la cour d’assises a pu également apprécier le contraste lorsque
l’accusation se faisait trop mordante. M. Leulmi, faisant toujours
preuve d’une infinie politesse, savait alors se réfugier dans la
«confusion» de ses souvenirs pour des faits, il est vrai, vieux de plus
de six ans.
Ainsi interrogé sur sa curieuse attitude lors de l’accident qui coûta
la vie à Kathlyn, son épouse sur laquelle il resta allongé au moins dix
minutes, l’intéressé s’est montré évasif: «C’est très confus (…) Je ne
sais pas quoi dire.»
Etait-ce pour «la protéger» comme il l’affirme ou pour l’étouffer comme le croit l’accusation?
«Il ne sera jamais possible de connaître l’entière vérité dans ce dossier», a résumé la seconde avocate générale, Sophie Havard.
En effet, si M. Leulmi venait à être reconnu coupable, la question
des complicités et notamment le rôle de sa compagne Céline, que les
parties civiles regrettent de ne pas voir elle aussi dans le box des
accusés, resterait en suspens.
L’homme a
été condamné pour s’être débarrassé d’une femme et avoir tenté d’en tuer
une autre après leur avoir fait soucrire une assurance-vie. Il fait
appel.
Jamel Leulmi a été condamné jeudi à 30 ans de prison par la cour
d’assises de l’Essonne. Ce Franco-Algérien de 36 ans, ex-professeur en
génie civil reconverti en chef d’entreprise, est reconnu coupable de
l‘assassinat de sa femme et d’avoir tenté d’assassiner une seconde
compagne afin de toucher plusieurs millions d’euros en assurance-vie. La
principale accusatrice Julie Derouette a été prise d’un malaise au
moment du verdict alors que Jamel Leulmi a gardé la tête basse et les
mains croisées. Jamel Leulmi a fait appel. «Je pense que le mobile qu’on
lui prête a balayé comme un tsunami le reste», a déclaré son avocat, en
mettant en avant l’absence de preuves selon lui.
Le parquet avait requis mercredi la réclusion criminelle à perpétuité
assortie d’une période de sûreté de 22 ans. «Jamel Leulmi est un être
cupide, calculateur, déterminé à gagner, y compris en supprimant la vie.
Il est un danger pour notre société», a déclaré l’avocat général. Selon
les psychologues, l’accusé a un «ego surdimensionné», un «narcissisme
sans faille» et chez lui «la séduction est utilisée comme une arme».
L’affaire commence en 2007, lorsque l’épouse de l’accusé, Kathlyn,
meurt dans un accident de vélo, fauchée par une voiture qui prend la
fuite. Selon des témoins, Jamel Leulmi aurait tout fait pour retarder
les secours. Il touche alors 1,2 million d’euros grâce aux contrats
d’assurance décès que la victime avait souscrit à son bénéfice. Trois
ans plus tard, une seconde femme, Julie Derouette, entre dans la vie de
Jamel Leulmi. Ils se marient en octobre 2009, un mois à peine après leur
rencontre. En décembre 2009, Julie Derouette est victime d’un grave
accident de la route au Maroc. Elle s’en sort avec la colonne vertébrale
fracturée et cinq mois d’incapacité temporaire totale de travail. Elle
avait également signé plusieurs polices d’assurance, avec en outre une
prime doublée en cas de mort accidentelle, portant la protection à 7
millions d’euros au profit de l’accusé.
«Un projet de mise à mort»
Pour l’avocat général, cela ne fait aucun doute, les deux femmes
étaient irrémédiablement condamnées à mort» une fois l’assurance signée.
Mais en survivant à son agression, Julie Derouette «a été le grain de
sable dans l’impeccable rouage de Jamel Leulmi», a ajouté une autre
représentante du parquet. En juin 2010, Julie Derouette alerte la police
après un cambriolage sans effraction où tous ses contrats
d’assurance-vie avaient disparu. Pour elle, tout est devenu clair, Jamel
Leulmi, qui avait ses clés, avait voulu faire disparaître des preuves.
Arrêté, le suspect est placé en détention provisoire.
Devant la cour d’assises de l’Essonne, la stratégie de la défense
était de décrédibiliser Julie Derouette mais aussi le travail des
enquêteurs. Me David-Olivier Kaminski, avocat de Jamel Leulmi, a
reproché à l’officier de gendarmerie en charge de l’enquête d’avoir
voulu «découdre» les faits pour «recoudre une autre histoire», qui
collerait à la thèse de la principale accusatrice. La famille de Jamel
Leulmi a dénoncé ses conditions d’audition par les gendarmes au cours
des investigations. «On est tombé sur une équipe d’enquêteurs vraiment
déloyale», a estimé sa soeur. «On a outrepassé mes droits», a-t-elle
ajouté, affirmant même que les enquêteurs avaient dissimulé des preuves.
La directrice de l’enquête a rejeté cette mise en cause, assurant que
«dans cette affaire, il y a des faits et des dossiers qui ne peuvent
être dissociés». «Le seul dénominateur commun, c’est Jamel Leulmi».
A la cour d’assises d’Evry, le 28 avril. Julie Derouette,
ancienne compagne et victime de Jamel Leulmi, arrive au procès
entourée de ses parents et de son avocate. (Photo Marc Chaumeil)
L’homme était jugé aux assises de l’Essonne pour l’assassinat de sa
femme Kathlyn, dans le but de toucher son assurance-décès. Il a
également été reconnu coupable de tentative d’assassinat sur une autre
de ses compagnes. Il fera appel.
La cour d’assises de l’Essonne a condamné jeudi Jamel Leulmi à 30 ans
de réclusion criminelle pour avoir tué sa femme et tenté de faire
assassiner une autre conquête afin d’empocher des millions d’euros
d’assurance-décès.
Jamel Leulmi a été reconnu coupable d’avoir assassiné son ex-femme,
Kathlyn Vasseur, en 2007 à Leudeville (Essonne), probablement en
l’étouffant après un accident de vélo, pour récupérer 2 millions
d’assurance-décès qu’elle avait souscrit à son nom.
Il est également reconnu coupable du chef de «complicité
d’assassinat» à l’encontre de Julie Derouette, une ancienne conquête,
agressée en décembre 2009 au Maroc et qui avait eu la colonne vertébrale
brisée. Cette dernière avait également souscrit des assurances-décès au
nom de Jamel Leulmi, à hauteur de 7 millions d’euros.
«Comment peut-on dire que cet homme est complice de gens qui n’ont pas été identifiés ?»
s’est interrogé Me Dupond-Moretti. L’accusé, qui clame son innocence, a
écouté le verdict tête baissé. Il va faire appel de cette décision, a
annoncé son avocat Me Eric Dupond-Moretti. «Il est sous le choc», a déclaré l’avocat. «Je pense que le mobile qu’on lui prête a balayé comme un tsunami le reste»,
a-t-il ajouté, en mettant en avant l’absence de preuves selon lui à
l’encontre de son client, qui a écouté l’énoncé du verdict tête basse,
les mains croisées.
Dans le même temps, sa principale accusatrice, Julie Derouette, prise
d’un malaise, a dû être allongée sur le banc des parties civiles, avant
de se redresser quelques minutes plus tard. «Je suis très fatiguée et je suis très soulagée», a-t-elle simplement déclaré à l’issue de l’audience.
La mère de Kathlyn Vasseur s’est elle déclarée «parfaitement contente» du verdict. Interrogée sur l’appel annoncé par les défenseurs de Jamel Leulmi, elle a simplement affirmé : «On repartira, on ira jusqu’au bout. C’est une première victoire qu’il soit reconnu coupable. Pour elle.»
L’avocat général avait requis mercredi la peine maximale, soit la
réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans
contre l’accusé, qu’il a qualifié d’«être cupide, calculateur, déterminé à gagner, y compris en supprimant la vie».
La défense avait, elle, plaidé l’acquittement. Jamel Leulmi a également
été reconnu coupable d’escroquerie aux assurances. Une audience civile
doit encore avoir lieu.
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