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samedi 19 août 2023

Cyberviolences : Franceinfo et France Télévisions "complotistes" ?

C'est une question que je pose à mes anciens avocats finistériens, puisqu'ils ont tous pris fait et cause pour les cybercriminels de la bande Luraghi / Donnadieu / Brenterch.

Mais entre le mâle et la femelle, ils choisissent toujours le premier, aussi - il est supérieur...

Lire ou relire :

http://satanistique.blogspot.com/2023/07/le-barreau-de-brest-la-star-quil-merite.html

 

https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-femmes/temoignages-j-etais-comme-une-bete-traquee-des-victimes-de-violences-conjugales-racontent-le-cyberharcelement-exerce-par-leur-conjoint_6005945.html

"J'étais comme une bête traquée" : des victimes de violences conjugales racontent le cyberharcèlement exercé par leur conjoint

 
Chaque année, 120 000 femmes portent plainte pour violences conjugales et, parmi elles, neuf sur dix sont victimes de cyberviolences. Six d'entre elles témoignent de cette surveillance sans répit.
Article rédigé par Marion Bothorel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min.
 
Les auteurs de violences conjugales utilisent parfois des logiciels espions pour traquer les moindres faits et gestes de leurs victimes. (JEREMIE LUCIANI / FRANCEINFO)

 

"Il était trop fort. Il savait tout sur moi, sur ce que je pensais. C'est comme s'il lisait dans ma tête. En fait, il lisait juste dans mon téléphone." Depuis 2016, et surtout depuis leur séparation en 2019, l'ex-conjoint de Lili* lui inflige violences physiques, psychologiques, mais aussi numériques.

Comme elle, chaque année, plus de 200 000 femmes sont victimes de violences conjugales en France. Parmi elles, neuf sur dix subissent des cyberviolences, selon une étude du centre Hubertine Auclert. Six femmes racontent à franceinfo comment leur compagnon ou ex-compagnon a pris le contrôle de leur smartphone pour les harceler.

>> Violences conjugales : que faire si vous soupçonnez votre conjoint de traquer vos activités sur votre smartphone ?

"Il a installé un logiciel espion dans mon téléphone, affirme Lili. Il avait accès à distance à mes messages, mes e-mails, mes conversations sur toutes les applications, avec quelques minutes seulement de décalage." Cette surveillance numérique se matérialise aussi dans le monde réel. "Je le découvrais à des endroits qu'il n'était pas censé connaître", témoigne cette trentenaire du nord de la France.

Un espion dans le téléphone ou sous la voiture

Après des mois de violences, Lili a trouvé la preuve que son ex-conjoint l'espionnait grâce à son smartphone : il avait renseigné le RIB de la jeune femme pour payer l'abonnement au logiciel espion. Derrière les prélèvements bancaires, Lili découvre l'une des multiples applications qui se présentent souvent comme des "outils de contrôle parental". En réalité, ces dizaines de logiciels servent à espionner son ou sa partenaire, en toute illégalité. Certains ne se cachent pas. "Ne restez pas sur une intuition, découvrez la vérité" pour "moins cher que votre café quotidien", vante l'un d'entre eux. Captation du micro du téléphone, blocage d'applications… Ces logiciels facilitent le contrôle coercitif exercé par les auteurs de violences conjugales grâce la cybersurveillance, l'une des formes de cyberviolences les plus fréquentes, selon le centre Hubertine Auclert.

Après des années de violences conjugales, Amélie* a fini par quitter son mari, car leur fille accusait son père d'inceste. Trois ans plus tard, un voisin alerte la quadragénaire : une nuit, alors qu'il fumait à sa fenêtre, il a aperçu deux hommes se glisser sous sa voiture.

"Mon ex-conjoint m'avait dit : 'J'entends tout, je vois tout, je sais tout. Tu as beau te débattre, tu es pendue.' Je ne pouvais pas y croire."

Amélie

à franceinfo

Après inspection du véhicule, ils découvrent un gros boîtier noir doté d'une puce téléphonique. "Sous le choc", Amélie fait le lien avec des propos tenus récemment par sa fille pendant leurs vacances : "Tu sais, maman, papa m'a dit qu'il a un copain qui lui raconte tout. Il lui dit où on va et ce qu'on fait toutes les deux." Amélie a porté plainte mais la carte SIM trouvée dans le boîtier, prépayée, n'a pas permis d'identifier formellement son propriétaire.

D'autres conjoints violents détournent les objets les plus anodins du quotidien. "Des petites caméras cachées dans une peluche" ou "dans un cadre", des enceintes connectées... Cette cybersurveillance extrême est "utilisée par les auteurs de violences pour faire croire à leur partenaire ou ex qu'elles deviennent folles", explique Laure Salmona, cofondatrice du collectif Féministes contre le cyberharcèlement et coautrice de Politiser les Cyberviolences. Jess*, elle-même ancienne victime devenue militante contre les violences conjugales, rapporte l'expérience d'une femme rencontrée dans une association. Son ex-mari "contrôle toute la domotique de la maison". A distance, il baisse les volets "à n'importe quel moment" et manipule "la caméra de vidéosurveillance" pour observer constamment son ex-conjointe.

Des victimes traquées sur Vinted ou Doctolib

Plusieurs victimes rapportent aussi des cyberviolences administratives, à travers le détournement de leurs comptes bancaires ou d'informations d'état civil, grâce à la numérisation croissante des services de l'Etat. "Qui pense à changer son mot de passe sur FranceConnect après une séparation ?, interroge Diane*, qui aide plusieurs femmes dans leurs procédures judiciaires. Pourtant, en y accédant, ils ont accès à presque tout."

Chaque détail compte. Quelques semaines après s'être débarrassée du logiciel espion, Lili découvre avec effroi que son ex-conjoint continue à accéder à ses messages, sa géolocalisation et son agenda, puisqu'il l'attend à la sortie de ses rendez-vous, raconte-t-elle. Il accède aussi à ses photos et efface les captures d'écran de ses menaces, qu'elle voulait conserver. Lili en déduit que son ex a piraté son compte Gmail. Elle change immédiatement ses mots de passe, dépose plainte et déménage à des centaines de kilomètres de lui. "J'étais comme une bête traquée, confie-t-elle. Parfois, je faisais des détours de 20 km pour ne laisser aucune trace."

Mais "un seul mot de passe" inchangé permet à son agresseur de localiser Lili et les enfants : "Celui de mon compte Vinted. Quand j'ai modifié mon point relais le plus proche, ça lui a permis d'identifier notre nouvelle adresse." L'homme la retrouve, la roue de coups et la laisse inconsciente. Pour ces faits, il a été condamné à douze ans de réclusion criminelle, mais une procédure en appel est en cours.

De façon similaire, l'agresseur de Diane l'a suivie en fouillant son compte Doctolib pour venir l'attendre devant la porte du praticien chez qui cette jeune femme de 29 ans avait rendez-vous. Grâce à Google Images, l'ex-mari parvenait aussi à trouver où les photos que Diane publiait sur les réseaux sociaux avaient été prises.

L'étau de l'emprise

Toutes racontent le même engrenage de l'emprise et un même point de départ : une scène de jalousie, parfois le besoin chez le conjoint de "vérifier qu'il n'est pas trompé". Céline* témoigne de l'escalade des violences. La trentenaire de la banlieue parisienne ne se doutait pas que les violences physiques succèderaient à des pluies de messages sur tous les canaux disponibles lorsqu'elle ne répondait pas à son compagnon dans le quart d'heure. "Même au travail, il a fini par me demander de sortir de réunion pour lui répondre", se souvient-elle.

Petit à petit, l'homme a resserré son étau. "Il regardait quand je m'étais connectée pour la dernière fois sur tous les réseaux sociaux", explique Céline. Si elle consultait les réseaux sociaux dans la nuit, il la questionnait d'un "tu dors pas ?" immédiat ou le lui reprochait au réveil : "Je pensais que tu voulais dormir parce que tu étais fatiguée, tu t'es bien foutue de moi." Elle s'est ensuite aperçue que son compagnon parvenait à déjouer le verrouillage biométrique de son téléphone. "Il posait mes doigts sur mon téléphone pendant que je dormais", décrit-elle. Il lui demandait ensuite des comptes sur des propos tenus dans des conversations privées avec ses amies, raconte-t-elle encore.

"J'ai eu des flashbacks où je le voyais tenir mon index appuyé sur mon portable. En somnolant, je lui demandais ce qu'il faisait et lui me disait de me rendormir."

Céline*

à franceinfo

Cette volonté de contrôle tend à se banaliser, selon l'association Féministes contre le cyberharcèlement. Dans une enquête réalisée par Ipsos en novembre 2021, une personne sur cinq déclare avoir déjà surveillé ou fouillé le téléphone de son ou sa partenaire sans son autorisation. Une sur dix admet même l'avoir fait à plusieurs reprises, sans forcément y voir une forme de cyberviolence.

L'ex-conjoint de Diane l'a ainsi obligée à connecter son compte Instagram sur son propre téléphone pour recevoir en même temps qu'elle ses notifications. "C'est une vie pleine d'angoisse en permanence, glisse la jeune mère. Dès que votre téléphone sonne, ça aggrave les violences, les coups et les insultes." Ces violences peuvent aussi avoir des conséquences lourdes en dehors du couple et menacer la santé des victimes. L'ancien conjoint de Jess a ainsi diffusé des vidéos intimes à tout son répertoire, y compris professionnel, alors qu'elle arrivait au bureau un matin. "Quand je me suis reconnue dans la vidéo, j'ai voulu sauter par la fenêtre", témoigne-t-elle.

Des violences peu condamnées

Au total, Lili a porté plainte à sept reprises contre son ex. "Pour les chefs d'accusation relatifs à la téléphonie ou aux réseaux sociaux, ça a été classé sans suite ou c'est resté sans nouvelle, rapporte-t-elle. On m'a répondu que les agents ne parvenaient pas à qualifier le fait qu'il m'ait retrouvé via Vinted." Si son ex a été condamné pour violences physiques, Céline regrette que ses plaintes pour violation de la vie numérique aient toutes été classées sans suite.

De son côté, la police nationale reconnaît devoir faire "des progrès", même si tous ses officiers sont désormais formés aux cyberviolences. Sa direction assure toutefois que, depuis 2019, la question du cyberharcèlement doit "automatiquement" être posée à chaque dépôt de plainte pour violences conjugales. Mais, pour l'avocate Nina Spotorno, "la justice ne semble pas être sensible à toutes les conséquences des cyberviolences", difficiles à qualifier juridiquement tant elles relèvent de différents textes de loi. Dans ses très nombreux dossiers de violences conjugales, l'avocate constate aussi qu'à "moins d'une preuve très claire, les cyberviolences vont se noyer" dans un tout, où les violences physiques objectivées par des incapacités totales de travail (ITT) sont davantage condamnées. "Cela minimise ces cyberviolences", déplore l'avocate.

Un sentiment d'impunité et de toute-puissance

Selon plusieurs victimes, l'absence de condamnation conforte les agresseurs dans un sentiment de toute-puissance derrière leur écran. Après avoir cessé toute activité en ligne, changé d'adresse e-mail, de numéro et de téléphone portable, Lili a fini par "abandonner les réseaux sociaux", deux ans après sa séparation. "Une centaine de faux comptes" la harcelaient, ainsi que des membres de son entourage. "Des sites permettent de créer des dizaines de faux avatars et chacun vous écrit une fois ou deux, explique-t-elle. Mon agresseur a bien compris que les forces de l'ordre n'allaient pas enquêter sur tous ces profils."

L'ancien mari de Valérie* a, lui, recommencé à la harceler dès sa sortie de prison, où il purgeait une peine pour violences conjugales. Malgré l'interdiction de l'approcher, de la contacter et deux rappels à la loi, Valérie est convaincue qu'il a créé des dizaines de faux comptes pour la menacer en ligne.

"Je recevais 'je sais où tu habites, ce que tu fais' et aussi 'tu vas payer les soixante jours de prison qu'il a fait par ta faute'."

Valérie*

à franceinfo

"Comme il parlait de lui à la troisième personne et que c'était souvent des profils féminins qui m'écrivaient, les forces de l'ordre m'ont dit que c'était sûrement des femmes jalouses", témoigne Valérie. "Ils n'ont jamais pris la peine de vérifier qui m'appelait jour et nuit", assure-t-elle encore.

Emilie confie être tout aussi épuisée par les contacts incessants du père de son fils, visé par une enquête pour violences conjugales. "Il m'appelle tout le temps et, quand je ne réponds pas, il m'accuse de couper le lien avec son enfant. Il exige que je sois tout le temps chez moi." "C'est toute une vie qu'on est obligées de baliser", confirme Valérie. Trois ans après la condamnation de son conjoint, elle a toujours en permanence sur elle un dispositif qui lui permet d'alerter les secours, au cas où il la retrouverait encore une fois. Constamment sur ses gardes, elle interdit à son compagnon actuel d'approcher son téléphone et à ses enfants d'aller sur internet. Pour les victimes, cette traque paraît sans limite. "Dans un film d'espionnage, il y a une fin. Moi, ça ne s'arrête jamais", soupire Amélie.

 * Les prénoms des témoins ont été modifiés pour préserver leur anonymat.

 

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