Cold case ou hot case, même solution à quelques heures d’intervalle, c’est la compagne qui a tué et découpé…
Les deux femmes sont actuellement « dans le Jubillar » (dixit le criminel Pascal Edouard Cyprien Luraghi), elles ont été écrouées quasi simultanément.
Depuis le temps que Luraghi exigeait qu'on accuse des femmes... cette fois, il est servi.
27 ans après la découverte d’un corps décapité à Busset (Allier), l’affaire Doire est relancée : notre grand format
Publié le 30/06/2022 à 11h03
Près de 27 ans après la découverte du corps du chasseur décapité à Busset (Allier), l’affaire Christophe Doire est relancée.
Deux mois après que le corps de Christophe Doire a été exhumé, une personne a été placée en garde à vue, mardi. Un rebondissement majeur 27 ans après la mort de cet homme retrouvé décapité dans un fossé sur la commune de Busset (Allier) le 25 décembre 1995.
27 ans après la découverte d’un corps décapité à Busset (Allier), une personne placée en garde à vue
Le parquet de Cusset, il y a deux ans, avait décidé de relancer ce « cold case » qui n’a jamais livré ses mystères, ni aucune réponse à cette question : qui a pu tuer Christophe Doire, ce Cussétois employé à la société alimentaire et diététique de Vichy, dont le corps avait été retrouvé sans tête dans un fossé de la commune de Busset, le matin du 25 décembre 1995 ?
Le parquet doit s’exprimer ce jeudi soir
Depuis ce mardi, une garde à vue est donc en cours, précise le parquet de Cusset qui, pour l’heure, ne divulgue pas davantage d’informations. Le parquet doit toutefois s’exprimer ce jeudi soir.
Affaire Christophe Doire dans l’Allier : la douleur d’un frère 24 ans après les faits
En 2019, deux journalistes de La Montagne, Sophie Leclanché et Stéphanie Delannes, avaient réalisé un long format sur cette affaire hors norme. Récit des faits, témoignages de proches, pistes explorées… Retrouvez ce long format en cliquant ici.
Affaire Christophe Doire: la veuve a été placée en détention provisoire mais continue de nier le meurtre
Alors que la veuve de Christophe Doire, un homme retrouvé décapité en 1995 à Busset, dans l’Allier, a été placée en garde à vue mardi, le procureur de la République de Cusset, Éric Neveu, annonce ce jeudi qu’elle a été mise en exament et placée en détention provisoire.
Le magistrat a expliqué que depuis novembre 2021, de nouvelles investigations ont été menées en secret, pour tenter de résoudre ce cas, classé à plusieurs reprises. Après l’exhumation du corps de Christophe Doire notamment, Éric Neveu estime avoir trouvé des « indices graves et concordants » mettant en avant le rôle de la femme dans la mort de son époux.
« Lors de son interrogatoire de première comparution, elle a continué à nier », a assuré le procureur de la République, ajoutant que sa version avait évolué avec le temps.
Aucun suspect réel jusque-là
Christophe Doire, un père de famille de 28 ans, amateur de chasse, a été vu vivant pour la dernière fois le 16 décembre 1995, partant de chez son frère, chez qui il avait passé la soirée. Avant de prendre la route, il indique à ce dernier qu’il compte aller chasser le lendemain. Il ne donne ensuite plus signe de vie.
Seule sa voiture est retrouvée, deux jours plus tard, à Cusset, non loin de Busset. Son corps finira par être découvert par un promeneur, le 25 décembre au matin. Sa tête est manquante; à la place gît l’une des bottes du chasseur.
Jusqu’ici, l’enquête n’avait pas permis d’identifier un réel suspect, tournant autour de l’hypothèse d’une vengeance entre chasseurs. Elle a cependant été rouverte sous l’impulsion du procureur Éric Neveu, en 2020.
Disparition dans les Pyrénées-Orientales : le corps du quinquagénaire retrouvé découpé dans des sacs poubelles
Le cadavre mutilé et démembré, retrouvé le 1er juin par un promeneur à Ille-sur-Têt, a été identifié. Il s’agit du quinquagénaire porté disparu depuis le 26 mai dernier. Une enquête criminelle pour meurtre a été ouverte par le parquet de Perpignan, elle est confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie des Pyrénées-Orientales et la section de recherches de Montpellier.
Trois semaines après la découverte du cadavre découpé, le mystère reste entier autour de cette macabre affaire. Seule certitude, le corps a pu être identifié, c’est bien celui de l’homme de 57 ans, disparu d’Ille-sur-Têt le 26 mai 2022.
Le corps a été découvert le 1er juin par un promeneur dans une zone escarpée, non loin du site touristique des Orgues d’Ille-sur-Têt.
Le parquet de Perpignan indique ce mercredi que le cadavre a été mutilé, découpé, puis placé dans deux sacs et abandonné en contrebas d’une route départementale au nord de la commune catalane.
On se sent mal. C’est l’horreur cette affaire pour notre village. Moi, je le connaissais peu. C’était quelqu’un de tranquille, un homme sans histoires sur la commune.
William Burghoffer, maire d’Ille-sur-Têt.
Le quinquagénaire porté disparu le 26 mai
Rapidement, la disparition de François Vigouroux est qualifiée d’inquiétante par les gendarmes des Pyrénées-Orientales. Un appel à témoins est d’ailleurs lancé dès le lendemain par la gendarmerie d’Ille-sur-Têt.
L’homme de 57 ans a quitté son domicile avec un vélo électrique vers 17h30, pour une promenade en direction de Thuir, à une quinzaine de kilomètres de là. Il n’est jamais arrivé.
Son corps est retrouvé le 1er juin, dans un fossé, à l’intersection des départementales 2 et 21.
Le parquet de Perpignan n’a pour l’instant pas donné d’indications sur les circonstances et causes du décès.
Pyrénées-Orientales : une femme de 58 ans interpellée dans l’enquête pour le meurtre du cycliste démembré retrouvé à Ille-sur-Têt
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Le 1er juin dernier, le corps d’un homme était découvert par un promeneur. L’enquête vient de connaître une avancée significative.
Le 1er juin, un promeneur faisait une macabre découverte, en contrebas de la route départementale D2. Le corps d’un homme, qui aurait été découpé au niveau du tronc, était retrouvé dans deux sacs. Une enquête pour « meurtre » était ouverte par le parquet de Perpignan. Il aura fallu trois semaines pour s’assurer de l’identité de la victime : François Vigouroux, un homme de 57 ans, parti faire du vélo une semaine plus tôt et qui n’est jamais rentré.
Ce mercredi 29 juin, une femme née en 1964 a été interpellée et placée en garde à vue, où elle était toujours ce jeudi, une information confirmée par le procureur de la République Jean-David Cavaillé.
À Ille-sur-Têt, l’émoi était vif après l’annonce de la découverte macabre puis de l’identité du corps, d’autant plus que François Vigouroux était un homme décrit comme sans histoires. Séparé de la mère de son fils, il avait depuis refait sa vie. Pour les Illois qui la connaissaient, la victime était une personne discrète : « Il était réservé. Sympathique oui, mais il ne parlait pas beaucoup », confiait l’un d’eux, au lendemain de l’identification du corps. Selon nos informations, François Vigouroux travaillait comme électricien sur la station de ski de Granvalira en Andorre.
On n’en sait pour l’heure pas beaucoup plus sur le profil de la suspecte âgée de 58 ans, si ce n’est qu’elle est jusque-là inconnue de la justice : s’agit-il d’une proche de François Vigouroux ? Que sait-elle de cette affaire ? À quel point est-elle impliquée ? Est-ce elle qui a tué et placé la victime dans des sacs ? Et si oui, pourquoi ? S’agit-il d’un mobile en lien avec l’argent ? Avec une affaire de cœur ? L’enquête se poursuit pour tenter de déterminer les réponses à ces questions.
Cycliste démembré à Ille-sur-Têt : la suspecte, une proche de la victime, mise en examen pour « meurtre »
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La femme, âgée de 58 ans, qui a été interpellée voilà deux jours pour le meurtre de François Vigouroux, a été déférée ce vendredi 1er juillet 2022 au palais de justice de Perpignan.
Le 26 mai dernier, les proches de François Vigouroux, un habitant d’Ille-sur-Têt âgé de 57 ans, signalaient sa disparition auprès des forces de l’ordre. Selon les premières déclarations, l’homme était parti de chez lui le jour même en fin d’après-midi pour une promenade à vélo en direction de Thuir et devait rentrer dîner avec son fils pour 19 h 30. Or, il n’était jamais réapparu à son domicile.
Malgré les recherches entreprises, François Vigouroux, décrit comme « sympathique » et « sans histoire », demeurait introuvable jusqu’à ce qu’une semaine plus tard, le 1er juin précisément, son cadavre était découvert par un promeneur en contrebas de la chaussée, au niveau de l’embranchement des routes D2 et D21 à proximité du site des Orgues d’Ille.
Son corps présentait alors des sévices graves et aurait été découpé au niveau du tronc avant d’être abandonné dans deux sacs distincts. Le mystère le plus épais entourait alors cette affaire et les investigations suivaient leurs cours, menées par les gendarmes de la section de recherches de Montpellier en quête d’une piste.
« Jamais condamnée par le passé »
Or, un mois après la macabre découverte, les enquêteurs sont parvenus à identifier une suspecte. Une femme, âgée de 58 ans, qui a été interpellée ce mercredi 29 juin et placée immédiatement en garde à vue.
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À l’issue de son audition, elle a été déférée au parquet de Perpignan ce vendredi 1er juillet au matin. Elle « a été mise en examen pour meurtre » confirme le procureur de la République de Perpignan Jean-David Cavaillé, puis aussitôt »écrouée« . Il s’agit d’une proche de la victime, « de l’entourage familial », ajoute le parquet sans vouloir fournir plus d’éléments qui pourraient nuire à la poursuite de l’enquête.
Car de nombreuses zones d’ombre et d’interrogations subsistent dans ce dossier. À commencer par le mobile de ce crime. Une affaire sentimentale ? Une vengeance ? Pourquoi cette femme, « jamais condamnée par le passé » précise le procureur, aurait-elle tué François Vigouroux avec un tel acharnement sur sa dépouille ? Quelle est la cause exacte du décès de François Vigouroux ? Aurait-elle pu avoir agi seule, notamment au vu de la forte corpulence de la victime ? Lui aurait-elle donné rendez-vous ou l’aurait-elle surpris sur son parcours ? Quel est le degré d’implication véritable de cette femme dans ce meurtre ? On est encore loin, semble-t-il de connaître toutes les réponses à cette multitude de questions.
Cold Case #4
L’affaire Doire
Par Sophie Leclanché & Stéphanie Delannes
Dans un fossé, un corps décapité
La départementale 121, cette petite route qui serpente au pied de la Montagne Bourbonnaise est déserte. Normal, nous sommes le 25 décembre au matin. Dans la nuit, il a neigeoté, il fait à peine 3 degrés, c’est un temps de saison mais qui n’invite pas particulièrement à la balade.
Comme la plupart des hommes du canton de Cusset, le jeune Romain*, un Bussétois d’une vingtaine d’années, est chasseur. Noël ou pas, il part inspecter les lieux où il sait pouvoir pister le gibier. D’ailleurs, la veille, d’autres chasseurs ont fait le pied dans le secteur ; ils sont même passés sur cette route.
Au lieu-dit Les Corres, un peu avant la menuiserie, en direction de Saint-Yorre, Romain connaît un passage emprunté par les animaux. Dans une courbe, à droite, il se gare à l’entrée d’un champ. Aussitôt il aperçoit une forme sombre dans le fossé.
C’est un corps. Il gît sur le ventre. Un corps décapité. L’horreur rentre en scène. Elle est à son paroxysme lorsque le jeune homme s’aperçoit qu’à la place de la tête qui a disparu, on a déposé une des bottes en caoutchouc de la victime.
La victime est identifiée mais le mystère reste entier
La victime de ce crime à l’effroyable mise en scène est rapidement identifiée. Il s’agit d’un jeune père de famille de 28 ans, Christophe Doire, très connu dans le secteur, et plus particulièrement dans le milieu de chasseurs. Il est diversement apprécié. Son côté tête-brûlée, irrespectueux des règles et son penchant pour l’alcool ont terni son image au point qu’il peut même faire peur à certains de ses concitoyens.
Sa mère est la présidente de la société de chasse du Vernet, le village voisin de Busset. Son père est boucher, il a travaillé aux abattoirs pendant plusieurs décennies. Dans la lignée familiale, Christophe est chasseur et… il travaille aussi aux abattoirs de Vichy.
La victime est en tenue de chasse. La veille de sa mort, le samedi soir 17 décembre, le jeune homme est allé regarder la télévision chez son frère cadet, à Vichy. Puis il a regagné sont domicile à Cusset.
Il s’est changé, a mangé une côtelette de porc ou de sanglier comme en attestera l’autopsie puis est ressorti de chez lui vers 4h30 du matin, selon son épouse. D’après les indications du légiste, sa mort serait survenue vers 5h.
Une sorte de rite macabre
Lorsque son corps a été découvert le matin de Noël, il ne portait aucune trace de violence mais il était, selon sa famille, totalement exsangue. Détail sordide évoqué par sa mère : le corps ne contenait plus une goutte de sang « comme si on l’avait pendu par les pieds pour qu’il se vide complètement ». Où et comment ailleurs que dans une chambre froide peut on opérer de la sorte ? D’ailleurs, la décollation, nette et précise, a été vraisemblablement été pratiquée par un professionnel…
Celui ou ceux qui l’ont tué n’ont pas cherché à empêcher ou à retarder son identification. Si la tête a disparu, c’est manifestement pour une tout autre raison : ne pas mettre les enquêteurs sur la piste balistique d’une arme à feu particulière.
A moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de rite macabre. Ou d’un avertissement. Pourquoi ? Pour qui ? Près d’un quart de siècle plus tard, le mystère reste entier.
Une plaie toujours ouverte
Françoise Doire est ce que l’on appelle une femme de caractère. Intelligente, le verbe précis, elle dépeint son fils, Christophe, celui dont elle est « la plus proche », avec lucidité. Christophe était « un excellent suiveur de chiens », il était souvent sollicité pour cela. Et c’est également cela qui avait excité « les jalousies ».
Parce que Mme Doire est affirmative : la mort de Christophe, c’est « une vengeance de chasse ». Ou pour le moins, une affaire liée à la chasse. Peut-être Christophe a-t-il participé à ces « chasses pas très catholiques » auxquelles participaient « des pontes » du côté de Vendat ? A moins qu’il ne s’agisse de ses faits de braconnage…
Certes, Christophe n’était pas un ange. Mais cela ne mérite pas la mort. Et encore moins la mise en scène macabre qui a l’a accompagnée. Une mère peut-elle jamais oublier cela ? La découverte du corps décapité de son fils le jour de Noël. Et sa tête disparue à jamais. « Cela fait 24 ans que je suis insomniaque », explique la mère endeuillée, « je n’ai pas pu reconnaître le corps de mon fils ; je ne sais pas ce qui a été enterré exactement ; est-ce que c’est bien lui ? ».
C’est à cause de la chienne Flora
Près d’un quart de siècle après les faits, Françoise Doire relate les faits comme s’ils s’étaient déroulés la veille. Le film de ce jour où elle a vu pour la dernière fois le second de ses trois enfants est intact. Il s’achève sur l’histoire de Flora, la chienne préférée de Christophe. C’est le 16 décembre, que ce griffon connu pour ses performances à la chasse, s’est volatilisé. Au Vernet, un témoin affirme avoir vu un homme embarquer l’animal dans son 4X4.
Françoise en est certaine, puisque c’est lui qui a volé l’animal, c’est lui qui a assassiné son fils. Parce que celui-ci l’avait démasqué. Le mobile est-il suffisant pour tuer ? Et mutiler ? Françoise Doire n’en démord pas.
Ce fameux chasseur qui restituera la chienne le 19 décembre selon Mme Doire, Christophe, exclu pour ses frasques de la société de chasse du Vernet, l’a rejoint pour mieux pratiquer son art. Entre eux, « ce n’est pas le grand amour ». Mais c’est grâce à lui que le fils Doire est régulièrement invité par ce groupement de chasseurs constitué en association pour avoir des bracelets supplémentaires.
Un mois après sa disparition, des centaines de personnes assistent aux obsèques du jeune père de famille. Dans la foule, de nombreux chasseurs, des proches de la famille éprouvée et des curieux attirés par le mystère. Le suspect numéro 1, ce quadragénaire plusieurs fois placé en garde-à-vue mais jamais mis en examen pour le crime, n’est pas présent. Car autour du zinc de chez Doudou, au Vernet et dans l’univers des chasseurs, la rumeur a fait son office. Se montrer aux funérailles, c’est le lynchage assuré…
Omerta dans le Bourbonnais
Et du côté des autorités judiciaires, « aucun souvenir intéressant » ne remonte à la surface, affirme le procureur de l’époque tandis que le juge d’instruction semble aux abonnés absents. Tout comme le patron du bar qui était à l’époque le rendez-vous des chasseurs au Vernet…
Un maire du secteur, qui parle sous couvert d’anonymat, plante le décor de cette période, au début des années 90. Il raconte que pour se faire admettre et ne pas se voir reprocher d’être un opposant, il avait dû passer son permis de chasse, un loisir auquel a priori il n’aurait jamais songé à s’adonner.
L’affaire de la SOBOVIDE
A Vichy et dans ces alentours, plusieurs affaires avaient défrayé la chronique. Il y avait eu cet important trafic de viandes à la SOBOVIDÉ au cours de laquelle un syndicaliste un peu trop zélé aux yeux de son employeur délinquant, avait échappé de peu à la mort frappé par des inconnus à coup de feuille de boucher.
Et aussi, celle de ce garde-chasse de la société privée Champoux-Lourdy, Georges Vigier, 42 ans, qui avait été retrouvé dans la forêt de Vendat, « suicidé de deux balles dans la tête ». Incroyable maladresse pour un garde-chasse dont « le fusil avait été retrouvé accroché à une branche d’arbre », selon la presse du moment. Plusieurs mois plus tard, l’enquête s’orientera vers un homicide dont le ou les auteurs ne seront pas identifiés.
Des chasses très particulières
Plane enfin l’ombre du président des chasses présidentielles, François de Grossouvre, l’ex- grand ami de François Mitterrand qui avait, qui plus est, une gentilhommière du côté de Lusigny au nord est de l’Allier.
Ce même François de Grossouvre qui s’était donné la mort dans son bureau élyséen quelques mois plus tôt. Non pas qu’on lui attribua ces méfaits mais le pouvoir nourrissant le fantasme, certains avaient imaginé que Georges Vigier ou Christophe Doire auraient pu être associés à des parties de chasse particulières, en présence de hautes personnalités…
La douleur d’un frère
Sauf peut-être cette journée du 11 décembre 1995, durant laquelle Christophe, qui avait dûment prévenu son employeur, a totalement disparu des radars. C’était 14 jours avant la découverte de son corps et nul ne sait où il était et ce qu’il a fait ce jour là.
Comme deux frères presque jumeaux, avec leur père, Daniel, Christophe et Olivier ont battu la campagne bourbonnaise. Et beaucoup chassé. Sauf en 1995. Cette année-là, Olivier n’a pas renouvelé ses cotisations. Christophe a chassé sans lui, avec d’autres parmi lesquels un certain Denis*.
« J’ai cherché mon frère, puis son assassin »
Ce Denis, 24 ans après les faits, Olivier ne le comprend toujours pas. Pourquoi, a-t-il nié avoir « emprunté » les chiens de la victime ? Alors même qu’il a été vu, dans le Cher, chassant avec l’un d’eux, la très réputée Flora, le lendemain de la disparition de Christophe ? Pourquoi a-t-il menti, alors que tout l’accusait dans ce vol ?
A ce moment-là, se souvient Olivier, « je cherchais mon frère disparu » car son corps n’avait pas été retrouvé. Denis, alors, ne pouvait pas être suspecté de ce crime. « Ce n’est qu’après, le 25 décembre, là j’ai commencé à chercher son assassin ».
Harcèlement
Ainsi est-il retourné voir Denis « sans aucune animosité » précise-t-il. Surprise : Denis a alors reconnu s’être emparé des chiens de Christophe.
Pourquoi un tel revirement ? Sinon la peur de se voir imputé le meurtre de Christophe Doire. Au cours de l’enquête, il a longtemps, souvent été question de ce Denis. Certains ont laissé entendre qu’il connaissait le meurtrier du jeune père de famille. Olivier, lui, assure encore qu’il « ne le voit pas faire ça ».
Qui, alors et pourquoi avec une telle sauvagerie ? Y a-t-il un lien avec toutes les femmes que Christophe importunait dans sa sphère professionnelle. Allant, dit l’enquête, jusqu’au harcèlement ?
« Cela a anéanti ma vie »
24 ans après les faits, Olivier Doire, jeune et sportif quinquagénaire, ne peut retenir son émotion à l’évocation de son frère. Malgré des années de suivi psychologique, la tragédie a « anéanti sa vie, détruit son couple ».
À la souffrance de la perte d’un proche est venue s’ajouter l’abyssale douleur de la plaie qui ne se refermera pas parce qu’aucune réponse n’a été apportée. Pour lui, partie civile depuis presque 25 ans, c’est aujourd’hui « le plus choquant ». Se dire qu’« il n’y a pas de coupable, pas de procès, et pas de deuil possible ».
Pourquoi ? Peut-être parce que « mon frère ce n’était pas une personnalité, c’était un fils de rien ».
Beaucoup ont cru, en 2014, que l’épilogue se profilait lorsque, le 23 mars, un crâne a été découvert par les nouveaux occupants d’une maison à Saint-Pourçain-sur-Sioule. Hélas, selon la médecine légale, l’ossement aurait appartenu à une personne décédée depuis plusieurs dizaines d’années.
En 2020, cela fera un quart de siècle qu’il attend des explications. Olivier Doire espère encore. Que « quelqu’un parle », qu’un juge reprenne l’affaire. « Avec les nouveaux moyens d’investigations on pourrait sans doute retrouver de l’ADN sur les scellés » argumente-t-il.
Le frère de la victime pourrait bien être entendu. Le parquet de Cusset vient de ressortir le dossier Doire. Une nouvelle enquête pourrait bien être ouverte. L’espoir, à nouveau, pour toute une famille de trouver la paix. Et pour la société, de savoir que le crime ne reste pas impuni.
Une mémoire à l’encre rouge
Il est des lieux marqués malgré eux à l’encre rouge.
D’un rouge sang qui tranche singulièrement avec la quiétude des paysages environnants. C’est le cas de Busset, dont on préfère garder l’image d’un village de pierre blonde ceinturant la majestueuse forteresse surplombant la vallée du Sichon, dans l’Allier.
C’est pourtant là qu’avait sévi l’un des premiers tueurs en série connu en France. Ce fameux Joseph Vacher surnommé le « Jack l’éventreur du Sud Est », auquel la justice avait attribué une trentaine de crimes tous plus violents les uns que les autres.
Dont celui, à l’orée de Busset, de la jeune Marie Loussier-Lorut. C’était en 1896 et contrairement aux autres victimes de Vacher, Marie, 19 ans, n’avait pas été mutilée.
Un siècle plus tard, le meurtre de Christophe Doire a lui aussi défrayé la chronique bien au-delà du Bourbonnais. Les Bussétois de longue date n’oublieront jamais ce jour de Noël 1995 où le corps mutilé de Christophe Doire a été découvert.
* Les prénoms ont été modifiés.
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