Halte à la censure et la désinformation satanistes !
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mercredi 29 janvier 2020
Des rapports entre la Ligue du LOL et Gabriel Matzneff
L’affaire de la Ligue du LOL revient actuellement sur le
devant de la scène médiatique avec, d’une part, le témoignage complet
d’une de ses victimes, et d’autre part, les procédures prud’homales
engagées contre leur employeur par deux des principaux « loleurs »
licenciés à la suite des révélations du mois de février 2019. Ces
derniers nient toujours tout harcèlement et contestent les motifs de
leurs licenciements respectifs.
Je rappelle ici que le mythomane Pascal Edouard Cyprien Luraghi et sa
bande de cybercriminels dits « déconnologues », formée à compter de
l’année 2008 pour mener des raids sur les tout nouveaux sites
d’information participative Rue89 et Le Post, sont toujours actifs et
ont toujours fait preuve jusqu’à ce jour de violences que leurs pâles
imitateurs de la Ligue du LOL me semblent très loin d’avoir jamais
égalées.
Or, en dépit de multiples plaintes de leurs victimes pour des faits
d’une gravité considérable qui n’étaient et ne sont toujours pas
prescrits, ils n’ont jamais été inquiétés par la justice qui, au moins
pour celle de Brest, a toujours préféré sévir de manière totalement
insensée contre leurs victimes parce qu’elles tentaient de se défendre
ou de se protéger.
A la suite de ma condamnation de juin 2013 à Brest, qui fut
heureusement annulée de manière définitive en appel à Rennes le 2
décembre 2015, mon avocat pour ce procès m’avait ainsi dit avoir eu pour
échos du tribunal que les magistrats brestois avaient décidé de me
condamner, non pas pour les faits – inexistants ou non délictueux – qui
m’étaient reprochés de manière mensongère et calomnieuse par ma
harceleuse Josette Brenterch du NPA de Brest, laquelle aurait voulu
m’interdire de publier tout droit de réponse à la suite de ses violentes
campagnes de calomnies publiques à mon encontre, mais pour avoir déposé
plusieurs plaintes à raison de tous les harcèlements qu’elle organisait
sur la toile à mon encontre.
Dès l’année 2010, mes harceleurs avaient commencé à prolonger leurs
cyberharcèlements à mon encontre par du harcèlement procédural destiné à
me faire taire sur ma propre biographie dont ils publiaient une version
presque entièrement fausse, calomnieuse et particulièrement infamante.
Ils ont toujours continué, bénéficiant en cela de l’appui et de la
complicité de magistrats manifestement CORROMPUS.
Ma condamnation de 2013 n’est pas la seule de leurs décisions que
j’ai fait annuler par la cour d’appel de Rennes, il y en a eu une
multitude. Toujours illégales, elles sont toutes plus délirantes les
unes que les autres et tendent toujours à mettre à ma charge de très
grosses sommes d’argent, soit sous la forme d’amendes, soit sous la
forme de dommages et intérêts, soit sous la forme d’honoraires
totalement injustifiés, quand ce n’est pas le tout à la fois, soit
encore sous la forme d’honoraires correspondant à des travaux
parfaitement inutiles exigés de mes avocats dans le cadre de mes
procédures par des magistrats qui de toute façon m’ont déjà signifié
qu’ils se refusaient catégoriquement à poursuivre mes harceleurs. Mais
tous les procès qui me sont intentés ont aussi toujours ce but parmi
quelques autres, puisqu’ils sont tous totalement injustifiés et se sont
d’ailleurs jusqu’à ce jour toujours terminés par des annulations de
procédures.
Tout comme les poursuites ou condamnations dont je fais l’objet d’un
côté, et les refus d’informer auxquels je me heurte systématiquement de
l’autre, toutes ces décisions qui me sont très défavorables étant
toujours annulées en appel, les sommes en question sont totalement
hallucinantes : 10 000 euros d’amende par-ci, 10 000 euros d’amende par-là, 10 000 euros de dommages et intérêts à chacun des harceleurs qui en
réclament, et encore n fois 10 000 euros d’honoraires ici et là…
Je suis la plupart du temps obligée de me défendre seule, car mes avocats, qui tous se disent plus ou moins eux-mêmes harcelés par mes harceleurs ou leurs complices magistrats CORROMPUS, ont en conséquence tendance à me lâcher quand ils n’acceptent pas carrément de travailler contre mes intérêts.
Et bien entendu, durant tout ce temps, les viols continuels de
l’intimité de la vie privée dont je me plains, tout comme les campagnes
de calomnies associées, les harcèlements sexuels et autres dont je suis
aussi victime hors Internet, les menaces de mort et tentatives
d’assassinat contre mes proches et moi-même se poursuivent allègrement…
et perdurent à ce jour depuis douze ans, m’interdisant toute forme
d’emploi et perturbant continuellement les rares relations qui me
restent encore.
Quelles que soient leur violence ou leur intensité, les harcèlements
des « loleurs » qui sont tombés l’année dernière n’ont de toute façon
pas duré aussi longtemps et apparaissent à peu près tous prescrits, les
victimes éprouvant de plus bien des difficultés à exhiber des preuves
des harcèlements allégués.
Il semblerait que dans ces conditions, et ces seules conditions, le
déballage public qui a eu lieu l’année dernière soit possible.
Cette année, c’est au tour de Gabriel Matzneff de subir le même genre
d’hallali pour ses activités pédophiles passées et peut-être toutes
prescrites, tandis que des pédocriminels autrement plus redoutables, qui
n’hésitent pas à tuer pour garder secrètes toutes leurs activités
répréhensibles, continuent très certainement d’échapper à la justice
pour des faits beaucoup plus récents.
S’il est nécessaire de condamner tout acte de harcèlement ou de
pédophilie, il est toutefois regrettable que ces affaires très
médiatisées qui contrairement à d’autres ne semblent pas pouvoir
déboucher sur des condamnations judiciaires ne paraissent pas non plus
être les pires qui soient et puissent être utilisées pour masquer toutes
les autres : elles relèveraient d’époques révolues, de tels faits ne
seraient plus possibles aujourd’hui et les victimes qui soutiennent le
contraire ne seraient donc toutes que des menteuses, des affabulatrices
ou des malades mentales délirantes et/ou paranoïaques.
Constatons enfin que le Point, où Gabriel Matzneff avait encore sa
tribune jusqu’à très récemment, est l’un des rarissimes médias à avoir
publié une « contre-enquête » favorable aux « loleurs », au mois de
septembre dernier (voir ci-dessous).
Or, il fut aussi le premier à publier, le 4 janvier 2012, à la demande
de mes harceleurs et à leur gloire, un article me calomniant qu’il me
fut totalement interdit de commenter, seuls mes calomniateurs étant
autorisés à se livrer à cet exercice, et bien entendu, incités à me
calomnier dans leurs commentaires encore plus que je ne l’étais déjà
dans l’article de la journaliste.
Pas très différent, dans le fond, de celui d’Hélène Sergent du 28
janvier de l’année dernière sur le site 20minutes.fr, auquel j’ai
commencé à répondre ici, n’ayant pas davantage été autorisée à le
commenter par son autrice qui m’a refusé tout droit de réponse tandis
qu’elle accepte très largement les commentaires de mes harceleurs venant
encore me calomnier ou même me menacer de mort sous son article :
Je rappelle avoir toujours été harcelée à compter de l’année 2008 par
le pédophile et mythomane notoire Pascal Edouard Cyprien Luraghi et
toute sa bande de cybercriminels dits « déconnologues » en raison de
quelques commentaires parfaitement anonymes que j’avais postés sur le
site Rue89 et portant, les uns sur le problème du harcèlement moral en
entreprise, totalement nié par ces harceleurs professionnels, et les
autres sur l’affaire de l’ancien psychiatre brestois pédophile Serge
Rodallec, dont ils apparaîtront en définitive avoir été très proches.
Je suis aussi très dérangeante pour tous mes harceleurs du fait que
je suis ingénieur alors que je n’ai toujours été qu’une femme et ai
toujours refusé de me prostituer après avoir également refusé de
commettre des crimes et délits contre la Nation au profit d’une
organisation mafieuse à une époque où je travaillais sur des projets
classés Secret et Confidentiel Défense.
D’où l’extraordinaire matraquage d’ordre financier associé à
l’interdiction absolue de travailler et la privation de toute forme de
droit à un revenu de substitution, qui n’est pas en soi un fait
nouveau, puisque j’en étais déjà victime depuis très longtemps (les
années 1990) avec plus ou moins d’intensité selon les périodes et
toujours le même objectif : me contraindre à la prostitution par tous
les moyens, la criminelle et mère maquerelle Josette Brenterch du NPA de
Brest étant associée à l’intégralité de ces faits.
Iris Gaudin: «Il faut chercher la vérité sur la Ligue du LOL»
Cette semaine, l’ancienne journaliste Iris Gaudin publie «Face à la
Ligue du LOL», le premier livre qui revient sur «l’affaire» de
cyberharcèlement à l’origine d’un séisme. Un témoignage personnel,
preuves à l’appui, mais «sans désir de revanche» ni manichéisme
Il aura fallu près d’un an pour que soit publié le premier livre sur
l’«affaire». Le vendredi 8 février 2019, l’ancienne journaliste Iris
Gaudin apprend qu’un article de CheckNews, une plateforme de Libération, confirme
l’existence de la Ligue du LOL: un groupe Facebook privé composé d’une
trentaine de journalistes et communicants, dont certains sont accusés
d’avoir harcelé des internautes au début des années 2010. Internautes
dont elle-même faisait partie.
Le scandale, amplifié par les réseaux sociaux, est relayé par la
presse internationale. L’avalanche de témoignages, d’accusations,
d’articles, de réactions politiques la pousse à se replonger dans son
passé. Comment la journaliste qui tentait de se faire connaître sur
Twitter a-t-elle été prise dans l’engrenage de la haine et des insultes?
Plus largement, comment la société en est-elle arrivée là?
Iris Gaudin publie cette semaine Face à la Ligue du LOL, un
témoignage basé sur «des preuves, des e-mails» qui ne vise «ni à
déclarer la guerre ni à prendre une revanche» (les faits sont par
ailleurs prescrits au pénal) mais invite à la prise de conscience.
Le Temps: Après tout ce qui a été écrit sur la Ligue du LOL, pourquoi vous être lancée dans cet essai?
Iris Gaudin: Cette vague d’articles était
nécessaire. Mais elle a pris la forme d’un tsunami: tout le monde, au
sens propre du terme, voulait savoir au plus vite qui était dans cette
Ligue, qui en avait été victime, pourquoi les responsables n’avaient
rien vu, etc. Pourtant, l’affaire date d’il y a dix ans. Il est temps
aujourd’hui de s’y pencher à tête reposée.
Pourquoi, selon vous, le retentissement de l’affaire a été tel, des Etats-Unis à la Grande-Bretagne en passant par la Suisse?
Cette affaire de cyberharcèlement prend racine, entre autres, dans le
milieu du journalisme, censé être exemplaire et exercer son rôle de
«quatrième pouvoir». Il est logique que cela ait attisé l’attention des
médias de démocraties internationales. Comment peut-on accepter que des
journalistes balayent d’un revers de main leur charte d’éthique
professionnelle?
Votre récit est très personnel, pourquoi avoir choisi cette voix?
Pour comprendre les dégâts qu’ont occasionnés les membres de ce
groupe, il ne fallait pas en rester à un récit abstrait ou à un
témoignage trop superficiel. J’ai souhaité aller au bout de cette
démarche, en expliquant le plus précisément possible, sur la base des
preuves dont je disposais, ce qu’il s’était passé, pour que l’on
comprenne à quel moment tout a basculé. J’ai parlé de ces instants où
j’ai cru devenir folle en les contextualisant de la façon la plus
précise possible. Mon témoignage ne représente pas celui de toutes les
victimes, mais il est une illustration des blessures profondes qu’ont pu
causer ces agresseurs.
Vous notez que, lorsque le scandale a éclaté en 2019, les
textes de loi «auraient pu mettre un terme juridique à cette affaire.
Mais c’était sans compter sur le délai de prescription.»
Comment
expliquer que la loi qui existait n’ait pas été saisie à l’époque où
elle aurait pu l’être? Ne craignez-vous pas que la presse se substitue à
la justice dans ce type d’affaire prescrite?
C’est un problème épineux. En 2010, il existait bien en France une
loi sur le harcèlement moral, mais qui n’était pas spécifique à
internet. Avant la loi de 2016, il fallait faire soi-même son enquête,
présenter des éléments sans être sûr que cela aboutisse. Et il ne faut
pas oublier que le harcèlement spécifique sur internet n’existe que
depuis 2014… Imaginez que nous étions dans un tourbillon d’émotions à
lire cinq messages insultants avant de se coucher et en se réveillant
avec dix autres pour commencer la journée… Et nous pensions être seuls.
Dans ce cas, comment avoir l’énergie de constituer un dossier? J’ai de
mon côté demandé au printemps 2019 qu’une procédure au civil soit
engagée contre le fondateur du groupe Facebook, Vincent Glad, pour
pouvoir «clore» ce chapitre. [NDLR: procédure dont l'intéressé réfute
l'existence. Une «tentative de conciliation préalable à toute procédure
au civil» a été ouverte, celle-ci étant obligatoire avant toute
procédure au civil]. Un très mince recours.
Vous écrivez: «Avec internet, si votre harceleur fait partie
d’une «bande» […], vous risquez d’être jeté en pâture sur la place
publique.» Paradoxalement, n’est-ce pas précisément ce qui est arrivé
aux membres de la Ligue du LOL?
Cela pose la question du tribunal médiatique et elle est
fondamentale. Il n’y aura pas de procès au pénal, puisqu’il y a
prescription. Au moment où l’affaire est sortie, Marlène Schiappa, la
secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, avait parlé dans un tweet
«d’étudier l’allongement du délai de prescription». Aucune nouvelle
depuis. J’ai contacté son cabinet. Sans suite. Nous n’aurons donc jamais
accès à la vérité de la justice et les présumés agresseurs pourraient
bien n’être que des innocents victimes d’un procès populaire. C’est le
cas de Guillaume Ledit, journaliste à Usbek & Rica et présumé membre de la Ligue du LOL, qui «n’aurait pas dû être licencié», selon son rédacteur en chef Blaise Mao.
On peut conclure sur le paradoxe de cette affaire. Commençant par un
harcèlement massif de victimes (qui n’avaient rien demandé) et se
terminant par un acharnement d’anonymes sur les harceleurs d’il y a dix
ans. C’est un fait, mais il ne faut pas en rester là, il faut continuer
de chercher la vérité. C’est le but de mon livre: ouvrir le débat,
poursuivre le dialogue avec ceux qui le souhaitent, après un an de
colère et probablement d’injustices.
De quel mal ce «LOL», cet humour qui a longtemps servi de paravent au harcèlement, est-il selon vous le symptôme?
La violence à l’encontre des femmes est un continuum et l’humour
n’est pas anodin quand il s’agit de stigmatiser une catégorie de
population. Chaque mot que nous employons, même dans un cercle familial,
transforme la société. Il ne s’agit pas de se censurer, mais de parler
plus justement, de s’interroger peut-être sur la raison pour laquelle on
dit telle ou telle chose.
On a présenté la Ligue du LOL comme un groupe «boys’ club»
misogyne. Pourtant, le groupe était mixte et, parmi les victimes que
vous nommez, on trouve aussi bien des hommes que des femmes…
En recoupant les nombreux témoignages des victimes, on constate que
la Ligue du LOL était bien un groupe composé principalement d’hommes
harcelant en majorité des femmes. Quelques femmes se sont introduites
dans ce club toxique, c’est ce que Martine Delvaux, professeure de
littérature, appelle le «syndrome de la Schtroumpfette».
Des hommes ont aussi été harcelés, souvent des hommes appartenant à
une catégorie particulière qui faisaient d’eux des cibles: juifs,
homosexuels, etc. Le point commun de chacune des expériences relatées,
c’est ce «besoin» des agresseurs de s’attaquer aux faiblesses de leurs
proies.
Vous citez en conclusion Ivan Jablonka et son livre «Des
Hommes justes». Quel regard portez-vous sur les débats de société qui
ont explosé depuis deux ans?
C’est un progrès majeur. En libérant leur parole, les femmes sont
enfin entendues et le plafond de verre du patriarcat semble vibrer. Ivan
Jablonka porte un message essentiel: les hommes doivent s’interroger
sur leur masculinité. Qui suis-je en tant qu’homme? Comment puis-je
penser l’égalité femmes-hommes?
J’ajouterais que nous devons aussi, en tant que femme, nous
interroger. Quel avenir pour les femmes et les filles à l’heure où tout
peut changer? Comment puis-je contribuer au changement?
*Modification du 18 janvier 2020: ajout d’une réaction de Vincent Glad à propos de la procédure civile évoquée dans cette interview.
L’ancienne journaliste Iris Gaudin a publié «Face à la Ligue du LOL», le premier livre sur l’affaire révélée en février 2019.
Il aura fallu un an pour que le premier livre sur la Ligue du LOL
soit publié. L’ancienne journaliste Iris Gaudin est l’auteure de «Face à
la Ligue du LOL», où elle raconte avec beaucoup d’humanité le
harcèlement qu’elle a subi sur Twitter pendant de longs mois. Paris
Match l’a rencontrée.
Paris Match. Pourquoi avoir décidé d’écrire ce livre ?
Iris Gaudin. Au moment où l’affaire est sortie, des journalistes
m’ont assailli de demandes de témoignages sur à peine 3 jours. J’ai
répondu à certaines d’entre elles, parce que je voulais ajouter mon
témoignage à celui des autres, comme on apporte sa pierre à l’édifice.
Il fallait montrer l’ampleur des dégâts. Mais j’ai réalisé que tout
était allé très vite, trop vite. C’était il y a 10 ans et, malgré les
preuves restantes, se souvenir de ces quelques mois relève de l’exploit,
lorsqu’on ne vous donne que quelques jours pour le faire.
J’ai donc décidé d’écrire ce livre pour prendre du recul après ces
témoignages un peu précipités. J’ai pu retracer la chronologie des
événements. Mieux comprendre ce qu’il s’était joué au-delà de mon propre
récit. J’ai pris de la hauteur et j’ai saisi la dimension universelle
de ce que j’avais vécu et qu’ont vécu, vivent ou vivront peut-être
d’autres : la fascination, l’emprise, le harcèlement, le
cyberharcèlement, le sexisme ? Et puis… écrire, prendre son temps,
c’était comme une pirouette à l’instantanéité des réseaux sociaux qui
m’avaient fait tant souffrir.
Réalisiez-vous que vous étiez harcelée ?
Non, sur le moment, j’étais happée par ce fil Twitter. J’avais eu une
relation extra-conjugale avec le journaliste créateur de la page
Facebook de la Ligue du LOL [Iris Gaudin le nomme «VG» dans son essai],
dont personne ne connaissait l’existence. Je me sentais coupable. Je
savais qu’un compte anonyme, parmi les plus virulents à mon encontre,
était tenu par ce journaliste, car il mentionnait notamment des bribes
de conversations que nous avions eues. Mais quand j’en parlais à des
amies, elles me disaient que j’étais parano… Je pensais que c’était
peut-être de ma faute. A ce moment-là, je me sentais seule. Il y avait
une autre fille qui se faisait harceler par cette même bande toxique,
mais je pensais qu’à côté d’elle, moi, ce n’était rien.
« Celui qui me harcelait continuait de me fasciner »
Surtout, il y avait une dimension professionnelle à Twitter : c’est
sur ce réseau que des recruteurs potentiels venaient chercher de jeunes
journalistes. Comme ils ne réagissaient pas au harcèlement dont j’étais
l’objet, j’ai fini par me persuader que c’était un jeu. Mais à la fin,
j’ai complètement perdu la tête. Personne ne me croyait, personne ne
réagissait, je réagissais maladroitement… Je faisais mal mon travail de
journaliste pour une chaîne d’info que j’ai finie par quitter.
Vous citez de nombreux essais sur le harcèlement, soit dans votre
récit, soit à la fin de votre ouvrage. Ces lectures ont-elles été un
moyen de guérir après ce que vous avez subi ?
Oui, c’est certain. Je conseille à toutes celles et ceux qui sont
confrontés à de telles situations de savoir les identifier au plus vite.
C’est ce que je n’ai pas su faire, parce que j’étais sous emprise :
d’un côté, on ne me croyait pas et de l’autre, celui qui me harcelait,
continuait de me fasciner. Lorsqu’on a réalisé qu’on est bien victime de
harcèlement, se plonger dans la lecture de ces livres thérapeutiques
permet de voir qu’il y a une dynamique à l’oeuvre, presque toujours
identique. Grâce à ces lectures, j’ai pu rationaliser mon expérience. Je
n’étais plus passive, victime, mais actrice de ma guérison.
Pensez-vous qu’il est nécessaire de changer la façon d’enseigner le journalisme ?
Il n’est pas question de remodeler fondamentalement l’enseignement du
journalisme… Mais il est bon de rappeler qu’un élève qui a réussi un des
concours des écoles reconnues par la profession n’est pas
intrinsèquement un bon journaliste, un journaliste qui a des valeurs. Il
faut donc accorder une importance toute particulière aux grandes
chartes de déontologie de la profession. Cela peut paraître rébarbatif
certes, mais c’est essentiel pour éviter des cas comme celui de la Ligue
du LOL. Dans le Manifeste du journaliste libre, Albert Camus écrivait :
«Un journaliste libre [...] ne publie rien qui puisse exciter la haine
ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir».
Des « coups de poignard dans le dos des victimes »
Avant la parution de l’article de «CheckNews» en février 2019, aviez-vous conscience de l’ampleur de ce phénomène ? Saviez-vous, à l’époque, qu’il y avait autant de victimes ?
Je n’avais vraiment pas conscience de l’ampleur du phénomène ! Je ne
savais pas qu’il y avait eu autant de victimes. Il faut dire que nous
n’avons pas tous et toutes été ciblés à la même époque. Je suis rentrée
en contact avec plusieurs d’entre elles et je me suis rendue compte
qu’il y avait beaucoup de similitudes dans la façon dont chacune des
victimes avaient été harcelées. J’ai retranscrit d’ailleurs leurs
témoignages dans mon livre.
Que pensez-vous de la réaction de vos harceleurs, après la révélation de l’affaire?
Depuis que l’affaire a été révélée, d’anciens membres de la Ligue du LOL
se livrent à un combat acharné sur les réseaux sociaux. Ils dénoncent
la façon dont la Ligue du LOL a été traitée dans les médias. Ils se
livrent à d’intenses séances de «fact-checking» qui ne changent rien à
la gravité de leurs actes. Ils emploient le mot «storytelling
médiatique» pour remplacer celui de réalité. Autant de coups de poignard
dans le dos des victimes dont les témoignages sont, en plus, remis en
question…
Vincent Glad a tenu à réagir à cette article : «Contrairement à ce
qu’elle raconte dans son livre, et ce qu’elle répète aujourd’hui dans
les médias, je suis complètement étranger aux faits qu’elle dit avoir
subis».
Iris Gaudin figure parmi les victimes de la ligue du LOL.
Pendant près de 10 ans, elle n’a jamais imaginé que ce qu’elle avait
vécu pouvait être la cause de son mal-être. De son humiliation publique
sur les réseaux sociaux, Iris Gaudin en a tiré un livre Face à la ligue du LOL (Massot Éditions), où elle s’exprime, touchante et sans masque, sur le harcèlement qu’elle a connu sur Twitter.
« J’étais chez mes parents au Havre, le 8 février 2019, quand
l’affaire de la Ligue du LOL a éclaté. Mes parents m’ont dit que mon
téléphone n’arrêtait pas de sonner. Au bout du fil, mon mari, qui a
prononcé le nom de mon harceleur. J’étais dans un tourbillon, j’avais
conscience que ça me concernait mais je ne voulais pas y penser, et
moins j’y pensais, plus j’avais mal. Durant toutes ces années, j’étais
seule à savoir qui était à l’origine du harcèlement que j’avais subi.
Quand, en 2019, il a assumé être derrière le compte @foutlamerde, je
l’ai vécu comme une libération, je n’étais pas folle. Les souvenirs sont
remontés peu à peu.
J’ai respiré à nouveau et je me suis rappelée de tout ce
printemps-été en 2010. Je travaillais chez BFMTV et lui était
journaliste chez Slate. On était deux anciens de l’école de l’ESJ Lille
et on s’est revus deux ou trois ans après être entrés dans la vie
active. J’étais assez fascinée par lui car je savais qu’il était
vraiment en pointe sur Twitter, qui était, déjà, à l’époque, un réseau
social qui concentrait l’attention des journalistes. La profession était
elle aussi fascinée par ce garçon.
Parce que j’ai eu une relation intime avec lui, je lui raconté
beaucoup de choses sur ma vie. Je le trouvais sympa, je me suis laissée
avoir, l’une des pires erreurs de ma vie.
Les premières insultes à caractère sexiste, misogyne, obscène, sont
apparues très vite après mes premiers tweets. Evidemment, ces insultes
provenaient de comptes anonymes mais je n’y prêtais pas davantage
attention, jusqu’au moment où plusieurs comptes ont dévoilé des détails
sur moi, sur mon anatomie et des éléments de conversation que j’avais
eus avec mon harceleur. C’est alors que je me suis adressée à lui
directement sur son compte personnel pour lui demander si c’était lui
qui était derrière le compte @foutlamerde. Ça ne lui a pas plu du tout
et j’ai reçu durant deux mois une pluie d’insultes, plusieurs fois par
jour, comme « la petite coquine d’Iris Gaudin a un regard qui sent le
foutre à plein nez », « Iris Gaudin la putasserie t’as l’air de t’y
connaître », « une branlette sur ta photo me suffit ». C’était atroce.
Le top départ a bien été donné par lui puis d’autres personnes se sont
greffées autour de lui.
La descente aux enfers
Toutes ces insultes étaient pour moi un vrai miroir de la honte.
Quand il y a harcèlement d’un adulte par un autre, généralement,
personne n’est là pour regarder ce qu’il se passe, mais là, j’étais dans
une situation où tout le monde me regardait être harcelée. Tout le
monde et en particulier ma sphère professionnelle, le journalisme.
C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis restée sur Twitter :
j’avais envie d’intégrer des médias avec une plus grande liberté de
mouvement que chez BFMTV où je me sentais prisonnière de l’info en
continu.
Cette masculinité toxique a commencé à altérer la personne que
j’étais. J’ai voulu me défendre, j’avais donc les yeux rivés sur mon fil
Twitter. Ça a été la descente aux enfers professionnels, j’étais happée
par ce fil qui n’arrêtait pas de faire monter des insultes. Parce qu’un
tweet peut être retweeté et retweeté des dizaines et des centaines de
fois, cela peut durer pendant des heures et des heures, voire des jours
et des jours.
Chez BFMTV, je n’arrivais plus à suivre le fil de l’AFP (Agence
France-Presse) dans le cadre de mon travail. Petit à petit, j’ai perdu
confiance en mes compétences professionnelles notamment en tant que
jeune journaliste. J’avais tellement honte de me débattre comme ça sur
Twitter que j’en suis arrivée à me dire que c’est moi qui était folle.
Dans le processus de harcèlement, le harceleur fait croire que c’est
l’autre qui harcèle. J’ai ressenti ça, alors que je ne faisais que me
défendre. Je doutais de mes capacités. Pourtant, à aucun moment je n’ai
fait le lien entre mon travail et ce dont j’étais victime sur Twitter.
Je n’avais pas véritablement conscience d’être harcelée. C’est à ce
moment précis que je me suis dirigée vers la communication, délaissant
le journalisme, ma vocation initiale.
Ce harcèlement m’a également impactée au niveau de la vision que
j’avais de moi en tant que femme. J’étais une femme forte, avec du
caractère, et tout d’un coup, tout s’est écroulé. Je me sentais
horriblement coupable. Pendant des années, j’ai vécu avec cette image de
moi-même qui est devenue presque une seconde nature. Avant que
l’affaire n’éclate, en février 2019, je ne me posais même pas la
question d’où venait cette image, je l’avais intégrée. J’avais
totalement occulté ce traumatisme de mon esprit.
Un livre thérapeutique
Pour aller plus loin
Pour aller plus loin, découvrez le livre d’Iris Gaudin Face à la ligue du LOL (Massot Éditions)
J’ai vu un psychologue lors de mon départ de BFMTV. J’ai consulté en
disant que Twitter m’avait fait perdre la tête et que tout était de ma
faute. Je parlais de tout sauf du harcèlement que j’avais vécu. Cette
année 2019 m’a permis de comprendre ce qui m’est arrivé. Après la sortie
du scandale, j’ai intenté une action en justice. Aujourd’hui, pour
qu’une procédure au civil soit engagée, il faut passer par une tentative
de conciliation.
Il était prévu que la personne concernée reconnaisse publiquement les
dommages psychologiques et professionnels que j’avais subis. Cette
personne dont je ne peux vous citer le nom, puisque l’accord n’a pas été
conclu, a reconnu le préjudice, mais elle a souhaité le faire de
manière confidentielle.
J’ai choisi de refuser ce semblant de reconnaissance et de ne pas
poursuivre l’affaire au tribunal mais plutôt d’écrire ce livre pour que
la honte s’inverse. Si cette personne avait reconnu publiquement le mal
qu’il m’avait fait, comme les insultes l’étaient, j’aurais pu passer à
autre chose.
Je ne me suis pas épargnée dans le livre, j’ai dit toute la vérité et
ça a eu un effet thérapeutique. Mais j’avais envie également que
d’autres personnes se reconnaissent dans ce témoignage et comprennent la
mécanique du harcèlement et du cyber harcèlement dont beaucoup sont
victimes, aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux. »
Sidération, inhibition, malaise : le rapport des hommes à leur
sexualité est bouleversé depuis l’affaire Harvey Weinstein et le
mouvement #MeToo. Du mâle sortira-t-il un bien ? Sommes-nous à l’aube
d’un nouvel ordre amoureux ?
Sept mois après la divulgation de l’affaire de harcèlement et le
licenciement de journalistes, nous avons retrouvé les protagonistes. Ils
veulent faire entendre leur vérité.
« Ligue du LOL » : deux anciens journalistes de « Libération » contestent leur licenciement aux prud’hommes
Deux journalistes licenciés par « Libération » après l’affaire de la
« Ligue du LOL », Alexandre Hervaud et Vincent Glad, contestent leur
licenciement devant le conseil des prud’hommes de Paris.
La rédaction de « Libération », à Paris, le 3 septembre 2013. (FRED DUFOUR / AFP)
Deux journalistes licenciés par Libération après l’affaire de la « Ligue du LOL » contre-attaquent devant
le conseil des prud’hommes de Paris. L’avocate de Vincent Glad a
contesté, mardi 28 janvier, le licenciement du pigiste du quotidien pour
« atteinte à la marque ». Le journaliste, ancien du site Slate
et Canal+, avait été licencié en février 2019 après la parution de
nombreux articles sur un groupe Facebook qu’il avait fondé en 2010, la
« Ligue du LOL ».
De nombreux internautes avaient accusé plusieurs membres du groupe, et des personnes extérieures, de les avoir harcelés sur internet, ou d’avoir par leurs critiques publiques lancé des « meutes »
numériques sur eux. La séance de conciliation n’ayant pas été
concluante mardi devant les prud’hommes, le dossier sera examiné le
29 avril. Contactée par l’AFP, la direction de Libération n’a pas réagi.
Alexandre Hervaud, ex-chef du service web du quotidien, va également
contester son licenciement jeudi 30 janvier devant les prud’hommes. Il
souhaite « montrer que la raison invoquée par Libération« , soit un « trouble caractérisé au sein de l’entreprise », ne « tient pas ».
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